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Bram Stoker - Dracula, Part (54)

Part (54)

Si vous ne nous aidez pas dans les efforts que nous faisons pour trouver la meilleure solution, comment pourrons-nous accomplir ce que vous nous demandez ? Soyez raisonnable, et aidez-nous. Si c'est en notre pouvoir, alors nous vous aiderons. » Renfield secoua à nouveau la tête en disant : « Dr. Van Helsing, je n'ai rien à dire. Votre argumentation est sans faille, et si j'étais libre de parler je n'hésiterais pas un instant, mais je ne suis pas mon propre maître en cette matière. Je ne peux que vous demander de me faire confiance. Si j'essuie un refus, alors ce ne sera pas moi qui en porterai la responsabilité. » Je pensai qu'il était maintenant temps de mettre fin à cette scène, dont je ne savais si elle devenait trop grave ou trop comique. J'allai vers la porte, en disant tout simplement :

« Venez, mes amis. Nous avons du travail. Bonne nuit. » Toutefois, tandis que je me dirigeais vers la porte, un nouveau changement se produisit chez le patient. Il se déplaça vers moi si rapidement, que pendant un instant je craignis qu'il ne tentât à nouveau de me tuer. Mais mes peurs étaient sans fondement : il ne fit que joindre les deux mains d'un air implorant, et il me supplia à nouveau. Se rendant compte que ces émotions excessives le desservaient, car elles nous ramenaient plutôt à nos anciennes relations, il devint encore plus démonstratif. Je lançai un regard à Van Helsing, et lus dans ses yeux la confirmation de mes propres convictions. Alors, mes manières devinrent encore plus distantes, et même fermes, et je lui dis que ses efforts étaient tout à fait vains. J'avais déjà vu chez lui cette excitation croissante quand il faisait une demande à laquelle il avait auparavant beaucoup réfléchi, par exemple, quand il avait voulu un chat, et je m'attendais à le voir réagir de la même façon : une résignation maussade. Mais je me trompais : lorsqu'il comprit que sa demande était sans espoir, il fut pris d'une réelle frénésie. Il tomba à genoux, et leva les mains, les tordant en une plaintive supplication, puis se lança dans des argumentations sans fin, des larmes coulant sur ses joues, et tout son visage exprimant la plus vive émotion : « Je vous supplie, Dr. Seward, oh, je vous implore de me laisser sortir immédiatement. Envoyez-moi où vous voudrez et comme vous le voudrez, envoyez des surveillants avec moi avec des fouets et des chaînes, qu'ils m'enfilent une camisole de force, qu'ils me menottent, qu'ils me mettent des fers aux pieds, qu'on me jette même en prison, mais laissez-moi sortir d'ici. Vous ne savez pas ce que vous faites en me gardant ici. Du fond du cœur, du fond de mon âme, vous ne savez pas à qui vous faites du tort, ni comment, et je ne puis pas vous le dire. Malheur à moi ! Je ne puis le dire. Au nom de tout ce que vous avez de plus sacré, au nom de tout ce que vous aimez, au nom de votre amour perdu, au nom de votre espoir qui, lui, vit encore, au nom du Tout-Puissant, faites-moi sortir d'ici et sauvez mon âme du péché ! N'entendez-vous pas ? Ne comprenez-vous pas ? Comprendrez-vous un jour ? Ne voyez-vous pas que je suis sain d'esprit et que je vous parle sérieusement ? Que je ne suis pas un fou en pleine crise, mais un homme lucide qui lutte pour sauver son âme ? Oh, écoutez-moi ! Ecoutez-moi ! Laissez- moi partir ! Laissez-moi partir ! Laissez-moi partir ! » Je pensais que plus cette scène durerait longtemps, plus il s'exciterait, et que cela finirait par une nouvelle crise. Alors je le pris par la main pour le relever. « Venez » lui dis-je sévèrement. « Ca suffit, nous en avons assez entendu. Allez au lit et essayez de vous calmer. » Il s'arrêta soudain et me regarda intensément pendant quelques instants. Alors, sans un mot, il se leva et alla s'asseoir sur le bord de son lit. Comme les fois précédentes, il allait maintenant s'effondrer, comme je l'avais prédit. Quand, le dernier, je quittai la chambre, il me lança, d'une voix calme et posée : « J'espère, Dr. Seward, que vous me ferez au moins la justice de reconnaître, plus tard, que j'ai fait ce que j'ai pu pour vous convaincre, ce soir. » Chapitre 19 Journal de Jonathan Harker 1er octobre, cinq heures Je partis avec les autres pour notre expédition le cœur léger, car je crois que je n'avais jamais vu Mina si forte et si sereine. Je suis si heureux qu'elle ait consenti à rester en retrait et à nous laisser, nous les hommes, faire le travail. D'une certaine façon, c'était terrible pour moi qu'elle ait participé le moins du monde à cette terrible affaire, mais maintenant que sa tâche est accomplie, et que grâce à son énergie, à son intelligence et à ses capacités d'anticipation, tous les évènements ont été rassemblés de manière à être pleinement intelligibles, elle peut considérer qu'elle a fait ce qu'elle avait à faire, et qu'elle peut donc maintenant nous laisser agir. Nous étions tous, je crois, un peu perturbés par la scène avec Mr. Renfield. Quand nous sortîmes de sa chambre, nous restâmes silencieux. Une fois dans le bureau, Mr. Morris dit au Dr. Seward : « Dites donc, Jack, si cet homme n'essayait pas de nous faire un coup de bluff, alors c'est l'aliéné le plus sain d'esprit que j'aie jamais vu. Je n'en suis pas certain, mais je crois bien qu'il a en tête quelque chose de sérieux, et si c'est le cas, c'était un coup dur pour lui de ne pas avoir sa chance. » Lord Godalming et moi gardâmes le silence, mais le Dr. Van Helsing ajouta : « Ami John, vous connaissez mieux que moi les aliénés, et j'en suis heureux, car je crains bien que si ç'avait été à moi de décider, je l'aurais relâché, du moins avant qu'il ne fasse sa dernière crise d'hystérie. Mais nous en apprenons tous les jours, et dans notre tâche présente, nous ne devons rien laisser au hasard, comme dirait mon ami Quincey. Tout est donc pour le mieux. » Le Dr. Seward sembla leur répondre à tous deux, d'un ton rêveur : « Je ne sais pas, mais je suis d'accord avec vous… Si cet homme avait été un aliéné ordinaire, j'aurais pris le risque de lui faire confiance, mais il semble si inextricablement lié au Comte que je crains de mal faire en lui répondant favorablement. Je n'ai pas oublié qu'il m'avait supplié, avec la même ferveur, pour avoir un chat, et que peu après, il essayait de m'ouvrir la gorge avec ses dents. De plus, il appelle le Comte son « seigneur et maître », et peut-être veut-il sortir pour pouvoir l'aider de quelque façon diabolique. Ce monstre a déjà les loups et les rats, ainsi que ses semblables à ses côtés, alors je pense qu'il ne reculerait pas devant le fait d'utiliser un respectable aliéné. Sans doute, Renfield parlait sérieusement. J'espère simplement que nous avons fait au mieux. Ce genre de choses, qui vient s'ajouter à la besogne que nous avons commencée, aurait de quoi vous briser les nerfs. » Le Professeur s'avança, et, posant la main sur son épaule, lui dit de sa voix grave et amicale : « Ami John, n'ayez aucune crainte. Nous essayons de faire notre devoir dans cette terrible et triste affaire ; nous ne pouvons que faire ce qui nous paraît le mieux. Que pouvons-nous espérer de plus, si ce n'est la miséricorde du Seigneur ? » Lord Godalming avait disparu pendant quelques minutes, mais il était maintenant de retour. Il portait un sifflet d'argent et nous dit : « Cet endroit est peut-être plein de rats, et dans ce cas, voici qui nous protégera. » Après avoir franchi le mur, nous nous dirigeâmes vers la maison, prenant soin de rester dans l'ombre des arbres lorsque le clair de lune éclairait la pelouse. Quand nous atteignîmes le porche, le professeur ouvrit sa sacoche et en sortit de nombreux objets, qu'il déposa sur le seuil en quatre petits tas, à l'évidence un pour chacun d'entre nous. Puis il dit : « Mes amis, nous allons affronter un terrible danger, et nous allons avoir besoin d'armes de toutes sortes. Notre ennemi n'est pas seulement un esprit. Souvenez-vous qu'il a la force de vingt hommes, et que si nos propres nuques et nos propres gorges sont ordinaires, et donc peuvent être brisées ou écrasées, les siennes ne sont pas sensibles à la force brute. Un homme fort, ou un groupe d'hommes dont la force réunie surpasserait la sienne, peuvent dans certaines conditions le contenir, mais ne sauraient le blesser comme lui pourrait les blesser. Nous devons, en conséquence, nous protéger contre tout contact avec lui. Gardez ceci près de votre cœur – et tandis qu'il parlait, il montra un petit crucifix d'argent et me le tendis, car j'étais juste côté de lui. Passez ces fleurs autour de votre cou – et il me tendit un collier de fleurs d'ail séchées. Pour nos autres adversaires plus terrestres, utilisez ce revolver, et ce couteau, et, dans tous les cas, ces petites lampes électriques que vous pouvez attacher à votre veste, et par-dessus tout, ceci, que nous ne devrons pas désacraliser en vain. » C'était un morceau d'hostie, qu'il mit dans une enveloppe qu'il me donna. Tous les autres avaient reçu le même équipement. « Maintenant » dit-il, « Ami

John, où est le passe-partout ? Si nous pouvons ouvrir ainsi cette porte, nous n'aurons pas besoin de briser une fenêtre, comme ce fut le cas chez Miss Lucy. » Le Dr. Seward essaya un ou deux passe-partout, et sa dextérité de chirurgien lui fut très utile pour cette opération. Il en trouva un qui convenait, et après quelques manipulations, il put faire jouer le verrou, qui tourna dans un craquement rouillé. Nous poussâmes sur la porte, faisant craquer les gonds usés, et elle s'ouvrit lentement. Cela me rappela immédiatement le récit fait par le Dr. Seward de l'ouverture de la tombe de Miss Westenra ; et j'imagine que la même idée frappa mes compagnons, car tous se reculèrent. Le Professeur fut le premier à avancer, franchissant la porte. « In manus tuas, Domine ! » dit-il, se signant tandis qu'il franchissait le seuil. Nous refermâmes la porte derrière nous, de peur qu'après avoir allumé nos lampes, nous pûmes attirer l'attention depuis la route. Le Professeur vérifia la serrure avec attention, afin de s'assurer que nous ne pourrions l'ouvrir de l'intérieur si jamais nous devions sortir en urgence. Puis, nous allumâmes tous nos lampes, et commençâmes nos recherches. La lumière de nos petites lampes nous révélait toutes sortes de formes curieuses, quand elles projetaient aux murs les grandes ombres de nos corps, ou quand les faisceaux se croisaient. Je ne pouvais ôter de mon esprit l'impression qu'il y avait une présence parmi nous. Je suppose que c'était une réminiscence de ma terrible expérience en Transylvanie que ces lieux sinistres réveillaient en moi. Sans doute ce sentiment était-il partagé par mes compagnons : en effet je remarquai qu'ils se retournaient au moindre bruit et à chaque nouvelle ombre qu'ils apercevaient, comme je le faisais moi-même. Tout l'endroit était recouvert d'une couche de poussière qui semblait atteindre, sur le sol, plusieurs pouces d'épaisseur, sauf là où nous pouvions voir de récentes traces de pas laissées par des souliers cloutés. Les murs étaient couverts d'un duvet de poussière, et dans les coins s'accumulaient de grosses toiles d'araignées sur lesquelles la saleté s'était accumulée, et qui, déchirées sous leur propre poids, ressemblaient à des tentures en lambeaux. Sur une table dans le hall, se trouvait un gros trousseau de clés, portant chacune une étiquette jaunie par le temps. Elles avaient été utilisées plusieurs fois, car on pouvait voir sur la table des traces dans la couche de poussière, similaires à celles que laissa le Professeur en s'emparant du trousseau. Il se tourna vers moi et dit : « Vous connaissez cet endroit, Jonathan. Vous en avez copié les plans, et vous le connaissez en tout cas mieux que nous. Comment pouvons-nous nous rendre à la chapelle ? » J'avais une idée de la direction, même si lors de ma précédente visite, je n'avais pas pu y accéder.

Part (54) Anteil (54) Part (54) Parte (54)

Si vous ne nous aidez pas dans les efforts que nous faisons pour trouver la meilleure solution, comment pourrons-nous accomplir ce que vous nous demandez ? If you don't help us in our efforts to find the best solution, how can we accomplish what you ask of us? Soyez raisonnable, et aidez-nous. Be reasonable and help us. Si c'est en notre pouvoir, alors nous vous aiderons. If it's in our power, we'll help you. » Renfield secoua à nouveau la tête en disant : « Dr. Van Helsing, je n'ai rien à dire. Votre argumentation est sans faille, et si j'étais libre de parler je n'hésiterais pas un instant, mais je ne suis pas mon propre maître en cette matière. Je ne peux que vous demander de me faire confiance. Si j'essuie un refus, alors ce ne sera pas moi qui en porterai la responsabilité. » Je pensai qu'il était maintenant temps de mettre fin à cette scène, dont je ne savais si elle devenait trop grave ou trop comique. J'allai vers la porte, en disant tout simplement :

« Venez, mes amis. Nous avons du travail. Bonne nuit. » Toutefois, tandis que je me dirigeais vers la porte, un nouveau changement se produisit chez le patient. Il se déplaça vers moi si rapidement, que pendant un instant je craignis qu'il ne tentât à nouveau de me tuer. Mais mes peurs étaient sans fondement : il ne fit que joindre les deux mains d'un air implorant, et il me supplia à nouveau. Se rendant compte que ces émotions excessives le desservaient, car elles nous ramenaient plutôt à nos anciennes relations, il devint encore plus démonstratif. Je lançai un regard à Van Helsing, et lus dans ses yeux la confirmation de mes propres convictions. Alors, mes manières devinrent encore plus distantes, et même fermes, et je lui dis que ses efforts étaient tout à fait vains. J'avais déjà vu chez lui cette excitation croissante quand il faisait une demande à laquelle il avait auparavant beaucoup réfléchi, par exemple, quand il avait voulu un chat, et je m'attendais à le voir réagir de la même façon : une résignation maussade. Mais je me trompais : lorsqu'il comprit que sa demande était sans espoir, il fut pris d'une réelle frénésie. Il tomba à genoux, et leva les mains, les tordant en une plaintive supplication, puis se lança dans des argumentations sans fin, des larmes coulant sur ses joues, et tout son visage exprimant la plus vive émotion : « Je vous supplie, Dr. Seward, oh, je vous implore de me laisser sortir immédiatement. Envoyez-moi où vous voudrez et comme vous le voudrez, envoyez des surveillants avec moi avec des fouets et des chaînes, qu'ils m'enfilent une camisole de force, qu'ils me menottent, qu'ils me mettent des fers aux pieds, qu'on me jette même en prison, mais laissez-moi sortir d'ici. Vous ne savez pas ce que vous faites en me gardant ici. Du fond du cœur, du fond de mon âme, vous ne savez pas à qui vous faites du tort, ni comment, et je ne puis pas vous le dire. Malheur à moi ! Je ne puis le dire. Au nom de tout ce que vous avez de plus sacré, au nom de tout ce que vous aimez, au nom de votre amour perdu, au nom de votre espoir qui, lui, vit encore, au nom du Tout-Puissant, faites-moi sortir d'ici et sauvez mon âme du péché ! N'entendez-vous pas ? Ne comprenez-vous pas ? Comprendrez-vous un jour ? Ne voyez-vous pas que je suis sain d'esprit et que je vous parle sérieusement ? Que je ne suis pas un fou en pleine crise, mais un homme lucide qui lutte pour sauver son âme ? Oh, écoutez-moi ! Ecoutez-moi ! Laissez- moi partir ! Laissez-moi partir ! Laissez-moi partir ! » Je pensais que plus cette scène durerait longtemps, plus il s'exciterait, et que cela finirait par une nouvelle crise. Alors je le pris par la main pour le relever. « Venez » lui dis-je sévèrement. « Ca suffit, nous en avons assez entendu. Allez au lit et essayez de vous calmer. » Il s'arrêta soudain et me regarda intensément pendant quelques instants. Alors, sans un mot, il se leva et alla s'asseoir sur le bord de son lit. Comme les fois précédentes, il allait maintenant s'effondrer, comme je l'avais prédit. Quand, le dernier, je quittai la chambre, il me lança, d'une voix calme et posée : « J'espère, Dr. Seward, que vous me ferez au moins la justice de reconnaître, plus tard, que j'ai fait ce que j'ai pu pour vous convaincre, ce soir. » Chapitre 19 Journal de Jonathan Harker 1er octobre, cinq heures Je partis avec les autres pour notre expédition le cœur léger, car je crois que je n'avais jamais vu Mina si forte et si sereine. Je suis si heureux qu'elle ait consenti à rester en retrait et à nous laisser, nous les hommes, faire le travail. D'une certaine façon, c'était terrible pour moi qu'elle ait participé le moins du monde à cette terrible affaire, mais maintenant que sa tâche est accomplie, et que grâce à son énergie, à son intelligence et à ses capacités d'anticipation, tous les évènements ont été rassemblés de manière à être pleinement intelligibles, elle peut considérer qu'elle a fait ce qu'elle avait à faire, et qu'elle peut donc maintenant nous laisser agir. Nous étions tous, je crois, un peu perturbés par la scène avec Mr. Renfield. Quand nous sortîmes de sa chambre, nous restâmes silencieux. Une fois dans le bureau, Mr. Morris dit au Dr. Seward : « Dites donc, Jack, si cet homme n'essayait pas de nous faire un coup de bluff, alors c'est l'aliéné le plus sain d'esprit que j'aie jamais vu. Je n'en suis pas certain, mais je crois bien qu'il a en tête quelque chose de sérieux, et si c'est le cas, c'était un coup dur pour lui de ne pas avoir sa chance. » Lord Godalming et moi gardâmes le silence, mais le Dr. Van Helsing ajouta : « Ami John, vous connaissez mieux que moi les aliénés, et j'en suis heureux, car je crains bien que si ç'avait été à moi de décider, je l'aurais relâché, du moins avant qu'il ne fasse sa dernière crise d'hystérie. Mais nous en apprenons tous les jours, et dans notre tâche présente, nous ne devons rien laisser au hasard, comme dirait mon ami Quincey. Tout est donc pour le mieux. » Le Dr. Seward sembla leur répondre à tous deux, d'un ton rêveur : « Je ne sais pas, mais je suis d'accord avec vous… Si cet homme avait été un aliéné ordinaire, j'aurais pris le risque de lui faire confiance, mais il semble si inextricablement lié au Comte que je crains de mal faire en lui répondant favorablement. Je n'ai pas oublié qu'il m'avait supplié, avec la même ferveur, pour avoir un chat, et que peu après, il essayait de m'ouvrir la gorge avec ses dents. De plus, il appelle le Comte son « seigneur et maître », et peut-être veut-il sortir pour pouvoir l'aider de quelque façon diabolique. Ce monstre a déjà les loups et les rats, ainsi que ses semblables à ses côtés, alors je pense qu'il ne reculerait pas devant le fait d'utiliser un respectable aliéné. Sans doute, Renfield parlait sérieusement. J'espère simplement que nous avons fait au mieux. Ce genre de choses, qui vient s'ajouter à la besogne que nous avons commencée, aurait de quoi vous briser les nerfs. » Le Professeur s'avança, et, posant la main sur son épaule, lui dit de sa voix grave et amicale : « Ami John, n'ayez aucune crainte. Nous essayons de faire notre devoir dans cette terrible et triste affaire ; nous ne pouvons que faire ce qui nous paraît le mieux. Que pouvons-nous espérer de plus, si ce n'est la miséricorde du Seigneur ? » Lord Godalming avait disparu pendant quelques minutes, mais il était maintenant de retour. Il portait un sifflet d'argent et nous dit : « Cet endroit est peut-être plein de rats, et dans ce cas, voici qui nous protégera. » Après avoir franchi le mur, nous nous dirigeâmes vers la maison, prenant soin de rester dans l'ombre des arbres lorsque le clair de lune éclairait la pelouse. Quand nous atteignîmes le porche, le professeur ouvrit sa sacoche et en sortit de nombreux objets, qu'il déposa sur le seuil en quatre petits tas, à l'évidence un pour chacun d'entre nous. Puis il dit : « Mes amis, nous allons affronter un terrible danger, et nous allons avoir besoin d'armes de toutes sortes. Notre ennemi n'est pas seulement un esprit. Souvenez-vous qu'il a la force de vingt hommes, et que si nos propres nuques et nos propres gorges sont ordinaires, et donc peuvent être brisées ou écrasées, les siennes ne sont pas sensibles à la force brute. Un homme fort, ou un groupe d'hommes dont la force réunie surpasserait la sienne, peuvent dans certaines conditions le contenir, mais ne sauraient le blesser comme lui pourrait les blesser. Nous devons, en conséquence, nous protéger contre tout contact avec lui. Gardez ceci près de votre cœur – et tandis qu'il parlait, il montra un petit crucifix d'argent et me le tendis, car j'étais juste côté de lui. Passez ces fleurs autour de votre cou – et il me tendit un collier de fleurs d'ail séchées. Pour nos autres adversaires plus terrestres, utilisez ce revolver, et ce couteau, et, dans tous les cas, ces petites lampes électriques que vous pouvez attacher à votre veste, et par-dessus tout, ceci, que nous ne devrons pas désacraliser en vain. » C'était un morceau d'hostie, qu'il mit dans une enveloppe qu'il me donna. Tous les autres avaient reçu le même équipement. « Maintenant » dit-il, « Ami

John, où est le passe-partout ? Si nous pouvons ouvrir ainsi cette porte, nous n'aurons pas besoin de briser une fenêtre, comme ce fut le cas chez Miss Lucy. » Le Dr. Seward essaya un ou deux passe-partout, et sa dextérité de chirurgien lui fut très utile pour cette opération. Il en trouva un qui convenait, et après quelques manipulations, il put faire jouer le verrou, qui tourna dans un craquement rouillé. Nous poussâmes sur la porte, faisant craquer les gonds usés, et elle s'ouvrit lentement. Cela me rappela immédiatement le récit fait par le Dr. Seward de l'ouverture de la tombe de Miss Westenra ; et j'imagine que la même idée frappa mes compagnons, car tous se reculèrent. Le Professeur fut le premier à avancer, franchissant la porte. « In manus tuas, Domine ! » dit-il, se signant tandis qu'il franchissait le seuil. Nous refermâmes la porte derrière nous, de peur qu'après avoir allumé nos lampes, nous pûmes attirer l'attention depuis la route. Le Professeur vérifia la serrure avec attention, afin de s'assurer que nous ne pourrions l'ouvrir de l'intérieur si jamais nous devions sortir en urgence. Puis, nous allumâmes tous nos lampes, et commençâmes nos recherches. La lumière de nos petites lampes nous révélait toutes sortes de formes curieuses, quand elles projetaient aux murs les grandes ombres de nos corps, ou quand les faisceaux se croisaient. Je ne pouvais ôter de mon esprit l'impression qu'il y avait une présence parmi nous. Je suppose que c'était une réminiscence de ma terrible expérience en Transylvanie que ces lieux sinistres réveillaient en moi. Sans doute ce sentiment était-il partagé par mes compagnons : en effet je remarquai qu'ils se retournaient au moindre bruit et à chaque nouvelle ombre qu'ils apercevaient, comme je le faisais moi-même. Tout l'endroit était recouvert d'une couche de poussière qui semblait atteindre, sur le sol, plusieurs pouces d'épaisseur, sauf là où nous pouvions voir de récentes traces de pas laissées par des souliers cloutés. Les murs étaient couverts d'un duvet de poussière, et dans les coins s'accumulaient de grosses toiles d'araignées sur lesquelles la saleté s'était accumulée, et qui, déchirées sous leur propre poids, ressemblaient à des tentures en lambeaux. Sur une table dans le hall, se trouvait un gros trousseau de clés, portant chacune une étiquette jaunie par le temps. Elles avaient été utilisées plusieurs fois, car on pouvait voir sur la table des traces dans la couche de poussière, similaires à celles que laissa le Professeur en s'emparant du trousseau. Il se tourna vers moi et dit : « Vous connaissez cet endroit, Jonathan. Vous en avez copié les plans, et vous le connaissez en tout cas mieux que nous. Comment pouvons-nous nous rendre à la chapelle ? » J'avais une idée de la direction, même si lors de ma précédente visite, je n'avais pas pu y accéder.