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Little women ''Les quatre filles du docteur Marsch'', Une depêche et ses suites XV

Une depêche et ses suites XV

XV

Une depêche et ses suites

« Le mois de novembre est le plus désagréable de l'année, dit Marguerite, qui se tenait debout près de la fenêtre, pendant une triste après-midi de novembre, en regardant le jardin tout fripé par la gelée.

– C'est pourquoi je suis née dans ce mois-là, répondit pensivement Jo, qui ne se doutait nullement de la tache d'encre qu'elle avait sur le nez.

– Si quelque chose d'agréable nous arrivait maintenant, nous trouverions tout de même que c'est un mois charmant, fit remarquer Beth, qui prenait toujours le bon côté des choses.

– Jamais rien d'agréable n'arrive dans notre famille, dit Meg, qui avait mal dormi. Nous travaillons tous les jours, tous les jours, sans aucune amélioration dans notre destinée, et avec très peu d'amusement. Il vaudrait autant être attaché à une roue de moulin.

– Mon Dieu, que nous sommes donc de mauvaise humeur ! s'écria Jo. Oh ! si je pouvais arranger les choses pour vous comme je le fais pour mes héroïnes ! Vous, Meg, vous êtes assez jolie et bonne ; j'aurais un parent riche qui vous laisserait sa fortune ; alors, vous seriez une riche héritière qui irait dans le monde, pour éclipser ceux qui l'auraient d'abord abaissée. Après quoi, vous partiriez pour l'étranger d'où vous reviendriez Madame de quelque chose, au milieu d'un tourbillon de splendeur et d'élégance.

– J'aurais peur de la fortune pour moi, répondit vivement Meg ; elle me ferait peut-être tourner la tête. Dieu fait bien ce qu'il fait.

– Jo et moi, nous amènerons de la fortune à tous ; attendez seulement dix ans et vous verrez, dit Amy. Quand l'une de nous sera riche, toutes les autres le seront.

– Vous êtes une bonne fille, Amy ; il y a longtemps que je le sais. Je vous suis très reconnaissante de vos bonnes intentions, ma chérie. En attendant, travaillons, et travaillons sans cesse, prenons exemple sur notre mère et notre père. »

Meg soupira et se remit à regarder le jardin ; Jo posa ses coudes sur la table dans une attitude pleine d'énergie ; mais Amy continua à dessiner avec confiance son paysage, et Beth, qui était assise à l'autre fenêtre, dit en souriant :

« Voilà deux choses agréables qui vont arriver tout de suite : maman rentre et Laurie vient en courant, comme s'il avait quelque bonne nouvelle à nous apporter. »

Ils entrèrent tous deux ; Mme Marsch avec sa question habituelle : « Y a-t-il des nouvelles de votre père, enfants ? » et Laurie, en disant de sa manière persuasive :

« Voulez-vous venir vous promener en voiture avec moi ? J'ai pioché mes mathématiques jusqu'à en être tout étourdi, et je vais me rafraîchir au grand air. Le temps est sombre, mais l'air n'est pas froid. Je ramènerai M. Brooke ; ainsi ce sera gai à l'intérieur, sinon à l'extérieur.

-Venez, Jo. Vous et Beth viendrez, n'est-ce pas ?

– Naturellement, oui.

– Pour moi, je vous remercie, mais je suis occupée », dit Meg en ouvrant son panier à ouvrage.

– Jo, Beth et moi, nous serons prêtes dans une minute, s'écria Amy en courant se laver les mains.

– Puis-je faire quelque chose pour vous, madame maman ? demanda Laurie en se penchant sur le fauteuil de M me Marsch, avec le regard et le ton affectueux qu'il avait toujours avec elle.

– Non, merci ; cependant vous me feriez bien plaisir d'aller demander à la poste s'il n'y a rien pour nous. C'est notre jour d'avoir une lettre, et le facteur est déjà venu. Mon mari est pourtant aussi régulier que le soleil, mais il y a peut-être eu quelque retard en route. »

Un violent coup de sonnette l'interrompit, et, une minute après, Hannah entra avec un papier à la main.

« C'est une de ces terribles choses du télégraphe, madame », dit-elle en lui tendant le papier, comme si elle eût eu peur qu'il fit explosion.

Au mot « télégraphe », Mme Marsch arracha la dépêche des mains de Hannah, lut les deux lignes qu'elle contenait et retomba dans son fauteuil, aussi blanche que si le petit papier lui eût envoyé un boulet au coeur.

Laurie se précipita en bas pour aller chercher de l'eau ; Meg et Hannah la soutinrent, et Jo lut tout haut, d'une voix effrayée, le télégramme :

« Madame Marsch,

« Votre mari est très malade, venez tout de suite.

« S. HALE.

« Grand Hôpital – Washington. »

Comme la chambre était tranquille pendant que Jo lisait cela ! Mais comme subitement le jour leur parut à tous étrangement sombre ! Le monde entier était changé quand les jeunes filles se pressèrent autour de leur mère. Tout le bonheur et le soutien de leur vie était au moment de leur être enlevé.

Mme Marsch fut cependant la première remise ; elle relut la dépêche et tendit le bras à ses enfants, en disant d'un ton qu'elles n'oublièrent jamais :

« Je partirai immédiatement. Dieu veuille que je n'arrive pas trop tard ! Ô mes enfants ! Aidez- moi à supporter le coup qui nous menace. Mes seules forces n'y suffiraient pas. »

Pendant quelques minutes, on n'entendit plus dans la chambre que le bruit des sanglots, mêlé de quelques paroles d'encouragement, de tendres assurances d'aide mutuelle et de quelques mots d'espérance qui mouraient dans les larmes.

La pauvre Hannah, avec une sagesse dont elle ne se doutait pas, donna aux autres un bon exemple :

« Le bon Dieu gardera le cher homme. C'est dans sa main qu'est la vie et la mort. Je ne veux pas perdre mon temps à pleurer ; je vais tout de suite apprêter vos affaires, madame », dit-elle en s'essuyant les yeux avec son tablier.

Et, donnant à sa maîtresse une bonne poignée de main, elle alla travailler comme s'il y eût eu trois femmes en elle.

« Elle a raison, dit Mme Marsch, il ne s'agit pas de pleurer encore.

Reprenons courage, enfants. Soyez calmes et laissez-moi réfléchir.

« Où donc est Laurie ? demanda Mme Marsch, lorsque, ayant rassemblé ses pensées, elle eut décidé ce qu'elle devait faire d'abord.

– Ici, madame. Oh ! laissez-moi faire quelque chose pour vous ! » s'écria le brave garçon en rentrant dans la chambre.

Il s'était retiré dans la pièce à côté en se disant que leur douleur était trop sacrée pour que des yeux étrangers, même les siens, eussent le droit, dès le premier moment, de la partager.

« Répondez par un télégramme à M. Hale, à Washington, que je partirai demain matin par le premier train.

– Les chevaux sont attelés, répondit Laurie, je puis aller partout, faire tout promptement. »

Laurie aurait voulu pouvoir voler au bout du monde.

« Il faudra porter un billet chez tante Marsch, Jo. Donnez-moi cette plume et du papier. »

Jo déchira le côté blanc de l'une de ses pages nouvellement copiées, elle approcha la table de sa mère ; elle devina la dure nécessité où était M me Marsch d'emprunter de l'argent à sa tante pour subvenir aux dépenses inattendues de ce long voyage.

« Mais, moi, que ferai-je donc ? se disait-elle. Ou plutôt que ne ferais-je pas afin de pouvoir ajouter quelque chose à la somme nécessaire pour ces terribles dépenses ?

« Maintenant, cher Laurie, dit M me Marsch, allez au télégraphe, mais ne surmenez pas votre cheval. »

L'avertissement de Mme Marsch était jeté au vent, car, cinq minutes après, Laurie passait comme une flèche sur un cheval fringant.

« Jo, vous irez dire à Mme Kings de ne plus compter sur moi. En même temps, vous achèterez les médicaments dont je vous donne la liste ici ; les pharmacies des hôpitaux, dans ces temps de guerre, ne sont pas toujours bien montées. Beth, vous irez demander à M. Laurentz deux bouteilles de vin vieux pour votre père.

Amy, dites à Hannah de descendre la grande malle noire, et vous, Meg, venez m'aider à choisir ce que je dois emporter. »

Meg supplia sa mère de s'en rapporter à elles et de les laisser agir. Elles se dispersèrent toutes comme des feuilles devant un coup de vent. L'intérieur tranquille et heureux avait été aussi soudainement troublé que si la dépêche survenue eût été un talisman de malheur.

M. Laurentz vint presque aussitôt avec Beth, apportant toutes sortes de choses pour le malade. Il voulait que Mme Marsch n'eût aucune inquiétude sur ses filles pendant son absence et lui promit de veiller paternellement sur elles, aussi longtemps qu'il le faudrait. Ces assurances firent grand bien à Mme Marsch. Il n'y eut rien que le bon M. Laurentz n'offrît, depuis sa robe de chambre jusqu'à lui-même, si Mme Marsch voulait l'accepter pour compagnon de voyage. Mais cela était impossible ; Mme Marsch ne voulut pas entendre parler de laisser entreprendre ce long voyage au vieux monsieur ; cependant, lorsqu'il en parla, elle se dit qu'elle allait être bien seule en effet, pour une si longue route.

M. Laurentz devina sans doute ce qui se passait en elle, car on le vit tout à coup froncer les sourcils, puis se frotter les mains, et finalement sortir, en disant qu'il reviendrait immédiatement. Personne n'avait eu le temps de penser de nouveau à lui, quand Meg, passant devant la porte d'entrée avec une paire de caoutchoucs d'une main et une tasse de thé dans l'autre, se rencontra avec M. Brooke.

« Je suis très affligé d'apprendre votre peine, miss Marsch. Je voudrais bien ne pas vous être inutile dans cette circonstance, et je viens, d'accord avec M. Laurentz, offrir à votre mère de l'accompagner à Washington et d'y rester aussi longtemps que l'exigera la santé de votre père. Lui laisser faire un si douloureux voyage seule ne me paraît pas possible. M. Laurentz a précisément besoin que j'aille à Washington pour y soigner ses intérêts dans une affaire délicate, et il serait très heureux, ainsi que moi, que mon voyage, concordant, avec celui de M me Marsch, pût lui être de quelque utilité. »

Les caoutchoucs de Meg tombèrent par terre, et son thé était très près de les suivre.

Meg se trouva d'abord sans voix pour répondre à M. Brooke ; mais elle lui tendit la main avec une figure si pleine de reconnaissance, que M. Brooke se sentit payé au centuple.

« Que vous êtes bons, tous ! s'écriait-elle enfin. Mère acceptera, j'en suis sûre, monsieur Brooke, et nous serons si rassurées de savoir qu'elle a quelqu'un, et que ce quelqu'un est vous, pour prendre soin d'elle, que je ne sais comment vous remercier. »

Meg parlait de tout son coeur ; elle ne quitta pas la main de M. Brooke et le fit entrer au parloir, en lui disant qu'elle allait appeler sa mère.


Une depêche et ses suites XV A dispatch and its aftermath XV Un envío y sus secuelas XV

XV

Une depêche et ses suites A dispatch and its consequences

« Le mois de novembre est le plus désagréable de l'année, dit Marguerite, qui se tenait debout près de la fenêtre, pendant une triste après-midi de novembre, en regardant le jardin tout fripé par la gelée. "November is the most unpleasant month of the year," said Marguerite, as she stood by the window on a sad November afternoon, looking out over the garden all crumpled with frost. Noviembre es el mes más desagradable del año -dijo Marguerite, que estaba junto a la ventana en una lúgubre tarde de noviembre, contemplando el jardín arrugado por la escarcha.

– C'est pourquoi je suis née dans ce mois-là, répondit pensivement Jo, qui ne se doutait nullement de la tache d'encre qu'elle avait sur le nez. - That's why I was born in that month," Jo replied thoughtfully, unaware of the ink stain on her nose. - Por eso nací en ese mes", respondió Jo pensativo, sin darse cuenta de la mancha de tinta que tenía en la nariz.

– Si quelque chose d'agréable nous arrivait maintenant, nous trouverions tout de même que c'est un mois charmant, fit remarquer Beth, qui prenait toujours le bon côté des choses. - If something nice happened to us now, we'd still find it a lovely month," remarked Beth, who always looked on the bright side. - Si ahora nos pasara algo bonito, seguiríamos pensando que ha sido un mes precioso", dice Beth, que siempre ve el lado positivo de las cosas.

– Jamais rien d'agréable n'arrive dans notre famille, dit Meg, qui avait mal dormi. - Nothing pleasant ever happens in our family," said Meg, who had slept badly. Nous travaillons tous les jours, tous les jours, sans aucune amélioration dans notre destinée, et avec très peu d'amusement. We work every day, every day, without any improvement in our destiny, and with very little fun. Il vaudrait autant être attaché à une roue de moulin. It might as well be tied to a mill wheel. Bien podría estar atado a la rueda de un molino.

– Mon Dieu, que nous sommes donc de mauvaise humeur ! - My God, we are in a bad mood! s'écria Jo. Oh ! si je pouvais arranger les choses pour vous comme je le fais pour mes héroïnes ! if I could make things right for you like I do for my heroines! Vous, Meg, vous êtes assez jolie et bonne ; j'aurais un parent riche qui vous laisserait sa fortune ; alors, vous seriez une riche héritière qui irait dans le monde, pour éclipser ceux qui l'auraient d'abord abaissée. You, Meg, are pretty enough and good enough; I would have a rich relative who would leave his fortune to you; then you would be a rich heiress who would go out into the world, to outshine those who would have brought her down first. Tú, Meg, eres lo bastante guapa y buena; tendría un pariente rico que te dejaría su fortuna; entonces serías una rica heredera que saldría al mundo, para eclipsar a los que la habrían hundido en primer lugar. Après quoi, vous partiriez pour l'étranger d'où vous reviendriez Madame de quelque chose, au milieu d'un tourbillon de splendeur et d'élégance. After that, you would leave for abroad from where you would come back Mrs. of something, in the middle of a whirlwind of splendor and elegance.

– J'aurais peur de la fortune pour moi, répondit vivement Meg ; elle me ferait peut-être tourner la tête. - I would be afraid of fortune for me," answered Meg sharply; "it might turn my head. Dieu fait bien ce qu'il fait. God does what he does well.

– Jo et moi, nous amènerons de la fortune à tous ; attendez seulement dix ans et vous verrez, dit Amy. - Jo and I will bring fortune to all; just wait ten years and see," said Amy. Quand l'une de nous sera riche, toutes les autres le seront.

– Vous êtes une bonne fille, Amy ; il y a longtemps que je le sais. - You're a good girl, Amy; I've known that for a long time. Je vous suis très reconnaissante de vos bonnes intentions, ma chérie. I am very grateful for your good intentions, my dear. En attendant, travaillons, et travaillons sans cesse, prenons exemple sur notre mère et notre père. In the meantime, let us work, and work without ceasing, let us take example of our mother and father. »

Meg soupira et se remit à regarder le jardin ; Jo posa ses coudes sur la table dans une attitude pleine d'énergie ; mais Amy continua à dessiner avec confiance son paysage, et Beth, qui était assise à l'autre fenêtre, dit en souriant : Meg sighed and went back to looking at the garden; Jo rested her elbows on the table in an energetic attitude; but Amy continued to draw her landscape with confidence, and Beth, who was sitting at the other window, said with a smile:

« Voilà deux choses agréables qui vont arriver tout de suite : maman rentre et Laurie vient en courant, comme s'il avait quelque bonne nouvelle à nous apporter. "Here are two nice things that will happen right away: mom comes home and Laurie comes running, as if he has some good news to bring us. »

Ils entrèrent tous deux ; Mme Marsch avec sa question habituelle : « Y a-t-il des nouvelles de votre père, enfants ? They both entered; Mrs. Marsch with her usual question: "Is there any news of your father, children? » et Laurie, en disant de sa manière persuasive : " and Laurie, saying in her persuasive way:

« Voulez-vous venir vous promener en voiture avec moi ? "Would you like to come for a drive with me? J'ai pioché mes mathématiques jusqu'à en être tout étourdi, et je vais me rafraîchir au grand air. I've been picking at my math until I'm dizzy, and I'm going to cool off in the fresh air. He trabajado las matemáticas hasta marearme y voy a refrescarme al aire libre. Le temps est sombre, mais l'air n'est pas froid. The weather is gloomy, but the air is not cold. Je ramènerai M. Brooke ; ainsi ce sera gai à l'intérieur, sinon à l'extérieur. I will bring Mr. Brooke back; so it will be cheerful inside, if not outside. Traeré al Sr. Brooke de vuelta, así que estará alegre por dentro, si no por fuera.

-Venez, Jo. Vous et Beth viendrez, n'est-ce pas ?

– Naturellement, oui.

– Pour moi, je vous remercie, mais je suis occupée », dit Meg en ouvrant son panier à ouvrage. - As for me, thank you, but I'm busy," says Meg as she opens her work basket.

– Jo, Beth et moi, nous serons prêtes dans une minute, s'écria Amy en courant se laver les mains. - Jo, Beth and I will be ready in a minute," Amy exclaimed as she ran to wash her hands.

– Puis-je faire quelque chose pour vous, madame maman ? - Is there anything I can do for you, Mrs. Mom? demanda Laurie en se penchant sur le fauteuil de M me Marsch, avec le regard et le ton affectueux qu'il avait toujours avec elle. Laurie asked, leaning back in Mr. Marsch's chair with the look and tone of affection he always had for her. preguntó Laurie, reclinándose en la silla de la señora Marsch con la mirada y el tono cariñosos que siempre tenía para ella.

– Non, merci ; cependant vous me feriez bien plaisir d'aller demander à la poste s'il n'y a rien pour nous. - No, thank you; however, it would be a pleasure for me to go and ask at the post office if there is anything for us. C'est notre jour d'avoir une lettre, et le facteur est déjà venu. It's our day to get a letter, and the mailman has already come. Mon mari est pourtant aussi régulier que le soleil, mais il y a peut-être eu quelque retard en route. My husband is as regular as the sun, but there may have been some delay along the way. »

Un violent coup de sonnette l'interrompit, et, une minute après, Hannah entra avec un papier à la main. A loud ringing interrupted him, and a minute later Hannah entered with a paper in her hand.

« C'est une de ces terribles choses du télégraphe, madame », dit-elle en lui tendant le papier, comme si elle eût eu peur qu'il fit explosion. "It's one of those terrible telegraph things, ma'am," she said, handing him the paper, as if she were afraid it would explode.

Au mot « télégraphe », Mme Marsch arracha la dépêche des mains de Hannah, lut les deux lignes qu'elle contenait et retomba dans son fauteuil, aussi blanche que si le petit papier lui eût envoyé un boulet au coeur. At the word "telegraph," Mrs. Marsch snatched the dispatch from Hannah's hands, read the two lines it contained, and fell back into her chair, as white as if the little paper had sent a ball to her heart. Al oír la palabra "telégrafo", la señora Marsch arrebató el despacho de las manos de Hannah, leyó las dos líneas que contenía y cayó de espaldas en su silla, tan blanca como si el papelito le hubiera atravesado el corazón de un balazo.

Laurie se précipita en bas pour aller chercher de l'eau ; Meg et Hannah la soutinrent, et Jo lut tout haut, d'une voix effrayée, le télégramme : Laurie rushed downstairs to get water; Meg and Hannah supported her, and Jo read aloud, in a frightened voice, the telegram:

« Madame Marsch,

« Votre mari est très malade, venez tout de suite. "Your husband is very sick, come right away.

« S. HALE.

« Grand Hôpital – Washington. »

Comme la chambre était tranquille pendant que Jo lisait cela ! How quiet the room was while Jo was reading this! Mais comme subitement le jour leur parut à tous étrangement sombre ! But how suddenly the day seemed to them all strangely dark! Le monde entier était changé quand les jeunes filles se pressèrent autour de leur mère. The whole world was changed when the girls crowded around their mother. El mundo entero había cambiado cuando las niñas se apiñaron alrededor de su madre. Tout le bonheur et le soutien de leur vie était au moment de leur être enlevé. All the happiness and support in their lives was being taken away. Toda la felicidad y el apoyo de sus vidas estaban a punto de desaparecer.

Mme Marsch fut cependant la première remise ; elle relut la dépêche et tendit le bras à ses enfants, en disant d'un ton qu'elles n'oublièrent jamais : Mrs. Marsch, however, was the first to recover; she reread the dispatch and extended her arm to her children, saying in a tone they never forgot: Sin embargo, la señora Marsch fue la primera en recuperarse; releyó el despacho y tendió el brazo a sus hijos, diciéndoles en un tono que nunca olvidaron:

« Je partirai immédiatement. "I will leave immediately. Dieu veuille que je n'arrive pas trop tard ! God forbid I should be too late! Ô mes enfants ! Aidez- moi à supporter le coup qui nous menace. Help me to bear the blow that threatens us. Mes seules forces n'y suffiraient pas. My strength alone would not be enough. »

Pendant quelques minutes, on n'entendit plus dans la chambre que le bruit des sanglots, mêlé de quelques paroles d'encouragement, de tendres assurances d'aide mutuelle et de quelques mots d'espérance qui mouraient dans les larmes. For a few minutes, only the sound of sobbing could be heard in the room, mixed with a few words of encouragement, tender assurances of mutual help, and a few words of hope that died in the tears. Durante unos minutos, lo único que se oyó en la habitación fue el sonido de los sollozos, mezclado con algunas palabras de aliento, tiernas garantías de ayuda mutua y algunas palabras de esperanza que murieron entre las lágrimas.

La pauvre Hannah, avec une sagesse dont elle ne se doutait pas, donna aux autres un bon exemple : Poor Hannah, with unsuspected wisdom, set a good example for others:

« Le bon Dieu gardera le cher homme. "The good Lord will keep the dear man. C'est dans sa main qu'est la vie et la mort. It is in his hand that is life and death. Je ne veux pas perdre mon temps à pleurer ; je vais tout de suite apprêter vos affaires, madame », dit-elle en s'essuyant les yeux avec son tablier. I don't want to waste my time crying; I'll get your things ready right away, ma'am," she said, wiping her eyes with her apron. No quiero perder el tiempo llorando; enseguida prepararé sus cosas, señora", dijo, secándose los ojos con el delantal.

Et, donnant à sa maîtresse une bonne poignée de main, elle alla travailler comme s'il y eût eu trois femmes en elle. And, giving her mistress a good handshake, she went to work as if there were three women in her.

« Elle a raison, dit Mme Marsch, il ne s'agit pas de pleurer encore. "She's right," said Mrs. Marsch, "it's not about crying again.

Reprenons courage, enfants. Let's take courage, children. Soyez calmes et laissez-moi réfléchir. Be calm and let me think.

« Où donc est Laurie ? demanda Mme Marsch, lorsque, ayant rassemblé ses pensées, elle eut décidé ce qu'elle devait faire d'abord. Mrs. Marsch asked, when, having gathered her thoughts, she had decided what she should do first.

– Ici, madame. Oh ! laissez-moi faire quelque chose pour vous ! let me do something for you! » s'écria le brave garçon en rentrant dans la chambre. " exclaimed the brave boy as he entered the room.

Il s'était retiré dans la pièce à côté en se disant que leur douleur était trop sacrée pour que des yeux étrangers, même les siens, eussent le droit, dès le premier moment, de la partager. He had retreated to the next room, telling himself that their pain was too sacred for foreign eyes, even his own, to have the right, from the first moment, to share it.

« Répondez par un télégramme à M. Hale, à Washington, que je partirai demain matin par le premier train. "Reply by telegram to Mr. Hale at Washington, that I shall leave tomorrow morning by the first train.

– Les chevaux sont attelés, répondit Laurie, je puis aller partout, faire tout promptement. - The horses are harnessed," Laurie replied, "I can go anywhere, do anything quickly. - Los caballos están enjaezados -respondió Laurie-, puedo ir a cualquier parte y hacerlo todo rápidamente. »

Laurie aurait voulu pouvoir voler au bout du monde. Laurie would have liked to fly to the end of the world.

« Il faudra porter un billet chez tante Marsch, Jo. "You'll have to carry a bill to Aunt Marsch's, Jo. "Tendrás que llevarle una nota a la tía Marsch, Jo. Donnez-moi cette plume et du papier. Give me this pen and paper. »

Jo déchira le côté blanc de l'une de ses pages nouvellement copiées, elle approcha la table de sa mère ; elle devina la dure nécessité où était M me Marsch d'emprunter de l'argent à sa tante pour subvenir aux dépenses inattendues de ce long voyage. Jo tore off the blank side of one of her newly copied pages, she approached her mother's table; she guessed the hard necessity for Mrs. Marsch to borrow money from her aunt to meet the unexpected expenses of this long journey. Jo arrancó la cara en blanco de una de sus páginas recién copiadas y se acercó a la mesa de su madre; adivinó lo difícil que le resultaba a la señora Marsch pedir dinero prestado a su tía para hacer frente a los inesperados gastos de aquel largo viaje.

« Mais, moi, que ferai-je donc ? "But what will I do? se disait-elle. Ou plutôt que ne ferais-je pas afin de pouvoir ajouter quelque chose à la somme nécessaire pour ces terribles dépenses ? Or rather, what wouldn't I do to add to the amount needed for these terrible expenses?

« Maintenant, cher Laurie, dit M me Marsch, allez au télégraphe, mais ne surmenez pas votre cheval. "Now, dear Laurie," said Mrs. Marsch, "go to the telegraph, but don't overmount your horse. Ahora, querida Laurie -dijo la señora Marsch-, ve al telégrafo, pero no sobrecargues a tu caballo. »

L'avertissement de Mme Marsch était jeté au vent, car, cinq minutes après, Laurie passait comme une flèche sur un cheval fringant. Mrs. Marsch's warning was thrown to the wind, for within five minutes Laurie was passing like an arrow on a dashing horse. La advertencia de la señora Marsch fue lanzada al viento, pues cinco minutos después Laurie pasaba volando como una flecha sobre un caballo veloz.

« Jo, vous irez dire à Mme Kings de ne plus compter sur moi. "Jo, you will go and tell Mrs. Kings not to count on me anymore. "Jo, ve y dile a la Sra. Kings que no cuente más conmigo. En même temps, vous achèterez les médicaments dont je vous donne la liste ici ; les pharmacies des hôpitaux, dans ces temps de guerre, ne sont pas toujours bien montées. At the same time, you will buy the medicines I list here; hospital pharmacies, in these times of war, are not always well set up. Beth, vous irez demander à M. Laurentz deux bouteilles de vin vieux pour votre père. Beth, you will ask Mr. Laurentz for two bottles of old wine for your father. Beth, ve y pídele al Sr. Laurentz dos botellas de vino añejo para tu padre.

Amy, dites à Hannah de descendre la grande malle noire, et vous, Meg, venez m'aider à choisir ce que je dois emporter. Amy, tell Hannah to bring down the big black trunk, and you, Meg, come and help me pick out what to take. »

Meg supplia sa mère de s'en rapporter à elles et de les laisser agir. Meg begged her mother to defer to them and let them do their job. Meg rogó a su madre que confiara en ellos y les dejara actuar. Elles se dispersèrent toutes comme des feuilles devant un coup de vent. They all scattered like leaves before a gust of wind. L'intérieur tranquille et heureux avait été aussi soudainement troublé que si la dépêche survenue eût été un talisman de malheur. The quiet and happy interior had been as suddenly disturbed as if the dispatch had been a talisman of doom. El tranquilo y feliz interior se había visto tan súbitamente perturbado como si el despacho hubiera sido un talismán de infortunio.

M. Laurentz vint presque aussitôt avec Beth, apportant toutes sortes de choses pour le malade. Mr. Laurentz came almost immediately with Beth, bringing all sorts of things for the patient. Il voulait que Mme Marsch n'eût aucune inquiétude sur ses filles pendant son absence et lui promit de veiller paternellement sur elles, aussi longtemps qu'il le faudrait. He wanted Mrs. Marsch to have no worries about her daughters while he was away and promised to watch over them paternally for as long as it took. Ces assurances firent grand bien à Mme Marsch. These assurances did Mrs. Marsch a world of good. Il n'y eut rien que le bon M. Laurentz n'offrît, depuis sa robe de chambre jusqu'à lui-même, si Mme Marsch voulait l'accepter pour compagnon de voyage. There was nothing that the good Mr. Laurentz would not offer, from his robe to himself, if Mrs. Marsch would accept him as a traveling companion. No había nada que el buen señor Laurentz no ofreciera, desde su bata hasta su persona, si la señora Marsch lo aceptaba como compañero de viaje. Mais cela était impossible ; Mme Marsch ne voulut pas entendre parler de laisser entreprendre ce long voyage au vieux monsieur ; cependant, lorsqu'il en parla, elle se dit qu'elle allait être bien seule en effet, pour une si longue route. But this was impossible; Mrs. Marsch would not hear of letting the old man undertake this long journey; however, when he spoke of it, she thought that she would be quite alone indeed, for such a long journey.

M. Laurentz devina sans doute ce qui se passait en elle, car on le vit tout à coup froncer les sourcils, puis se frotter les mains, et finalement sortir, en disant qu'il reviendrait immédiatement. Mr. Laurentz must have guessed what was going on inside her, for he was suddenly seen to frown, then to rub his hands together, and finally to walk out, saying that he would return immediately. El Sr. Laurentz debió de adivinar lo que ocurría en su interior, porque de repente frunció el ceño, luego se frotó las manos y finalmente se marchó, diciendo que volvería inmediatamente. Personne n'avait eu le temps de penser de nouveau à lui, quand Meg, passant devant la porte d'entrée avec une paire de caoutchoucs d'une main et une tasse de thé dans l'autre, se rencontra avec M. Brooke. No one had had time to think of him again, when Meg, passing the front door with a pair of rubbers in one hand and a cup of tea in the other, met Mr. Brooke. Nadie había tenido tiempo de volver a pensar en él, cuando Meg, al pasar por la puerta principal con un par de gomas en una mano y una taza de té en la otra, se encontró con el señor Brooke.

« Je suis très affligé d'apprendre votre peine, miss Marsch. "I am very sorry to hear of your sorrow, Miss Marsch. Je voudrais bien ne pas vous être inutile dans cette circonstance, et je viens, d'accord avec M. Laurentz, offrir à votre mère de l'accompagner à Washington et d'y rester aussi longtemps que l'exigera la santé de votre père. I wish I were not useless to you in this circumstance, and I have come, in agreement with Mr. Laurentz, to offer to accompany your mother to Washington and to stay there as long as your father's health requires. Lui laisser faire un si douloureux voyage seule ne me paraît pas possible. To let her make such a painful journey alone does not seem possible to me. M. Laurentz a précisément besoin que j'aille à Washington pour y soigner ses intérêts dans une affaire délicate, et il serait très heureux, ainsi que moi, que mon voyage, concordant, avec celui de M me Marsch, pût lui être de quelque utilité. Mr. Laurentz needs me to go to Washington to look after his interests in a delicate matter, and he would be very happy, as would I, if my trip, concordant with that of Mr. Marsch, could be of some use to him. »

Les caoutchoucs de Meg tombèrent par terre, et son thé était très près de les suivre. Meg's rubbers fell to the floor, and her tea was very close to following them.

Meg se trouva d'abord sans voix pour répondre à M. Brooke ; mais elle lui tendit la main avec une figure si pleine de reconnaissance, que M. Brooke se sentit payé au centuple. Meg was at first speechless to answer Mr. Brooke; but she held out her hand with a face so full of gratitude, that Mr. Brooke felt himself paid a hundredfold. Meg se quedó muda al principio al responder al señor Brooke, pero le tendió la mano con una cara tan llena de gratitud que el señor Brooke sintió que le habían pagado el ciento por uno.

« Que vous êtes bons, tous ! "How good you all are! s'écriait-elle enfin. Mère acceptera, j'en suis sûre, monsieur Brooke, et nous serons si rassurées de savoir qu'elle a quelqu'un, et que ce quelqu'un est vous, pour prendre soin d'elle, que je ne sais comment vous remercier. Mother will accept, I am sure, Mr. Brooke, and we shall be so reassured to know that she has someone, and that someone is you, to take care of her, that I do not know how to thank you. »

Meg parlait de tout son coeur ; elle ne quitta pas la main de M. Brooke et le fit entrer au parloir, en lui disant qu'elle allait appeler sa mère. Meg spoke from her heart; she did not leave Mr. Brooke's hand and led him into the parlor, telling him she would call his mother.