Commencer à apprendre cette leçon maintenant

Lettres de mon moulin (Alphonse Daudet, 1887), LES VIEUX.

LES VIEUX.

Une lettre, père Azan ?

— Oui, monsieur… ça vient de Paris.

Il était tout fier que ça vînt de Paris, ce brave père Azan… Pas moi. Quelque chose me disait que cette Parisienne de la rue Jean-Jacques, tombant sur ma table à l'improviste et de si grand matin, allait me faire perdre toute ma journée. Je ne me trompais pas, voyez plutôt :

Il faut que tu me rendes un service, mon ami. Tu vas fermer ton moulin pour un jour et t'en aller tout de suite à Eyguières… Eyguières est un gros bourg à trois ou quatre lieues de chez toi, — une promenade. En arrivant, tu demanderas le couvent des Orphelines. La première maison après le couvent est une maison basse à volets gris avec un jardinet derrière. Tu entreras sans frapper, — la porte est toujours ouverte, — et, en entrant, tu crieras bien fort : « Bonjour, braves gens ! Je suis l'ami de Maurice… » Alors, tu verras deux petits vieux, oh ! mais vieux, vieux, archivieux, te tendre les bras du fond de leurs grands fauteuils, et tu les embrasseras de ma part, avec tout ton cœur, comme s'ils étaient à toi. Puis vous causerez ; ils te parleront de moi, rien que de moi ; ils te raconteront mille folies que tu écouteras sans rire… Tu ne riras pas, hein ?… Ce sont mes grands-parents, deux êtres dont je suis toute la vie et qui ne m'ont pas vu depuis dix ans… Dix ans, c'est long ! Mais que veux-tu ? moi, Paris me tient ; eux, c'est le grand âge… Ils sont si vieux, s'ils venaient me voir, ils se casseraient en route… Heureusement, tu es là-bas, mon cher meunier, et, en t'embrassant, les pauvres gens croiront m'embrasser un peu moi-même… Je leur ai si souvent parlé de nous et de cette bonne amitié dont… Le diable soit de l'amitié ! Justement ce matin-là il faisait un temps admirable, mais qui ne valait rien pour courir les routes : trop de mistral et trop de soleil, une vraie journée de Provence. Quand cette maudite lettre arriva, j'avais déjà choisi mon cagnard (abri) entre deux roches, et je rêvais de rester là tout le jour, comme un lézard, à boire de la lumière, en écoutant chanter les pins… Enfin, que voulez-vous faire ? Je fermai le moulin en maugréant, je mis la clef sous la chatière. Mon bâton, ma pipe, et me voilà parti.

J'arrivai à Eyguières vers deux heures. Le village était désert, tout le monde aux champs. Dans les ormes du cours, blancs de poussière, les cigales chantaient comme en pleine Crau. Il y avait bien sur la place de la mairie un âne qui prenait le soleil, un vol de pigeons sur la fontaine de l'église ; mais personne pour m'indiquer l'orphelinat. Par bonheur une vieille fée m'apparut tout à coup, accroupie et filant dans l'encoignure de sa porte ; je lui dis ce que je cherchais ; et comme cette fée était très puissante, elle n'eut qu'à lever sa quenouille : aussitôt le couvent des Orphelines se dressa devant moi comme par magie… C'était une grande maison maussade et noire, toute fière de montrer au-dessus de son portail en ogive une vieille croix de grès rouge avec un peu de latin autour. À côté de cette maison, j'en aperçus une autre plus petite. Des volets gris, le jardin derrière… Je la reconnus tout de suite, et j'entrai sans frapper. Je reverrai toute ma vie ce long corridor frais et calme, la muraille peinte en rose, le jardinet qui tremblait, au fond à travers un store de couleur claire, et sur tous les panneaux des fleurs et des violons fanés. Il me semblait que j'arrivais chez quelque vieux bailli du temps de Sedaine… Au bout du couloir, sur la gauche, par une porte entr'ouverte on entendait le tic tac d'une grosse horloge et une voix d'enfant, mais d'enfant à l'école, qui lisait en s'arrêtant à chaque syllabe : A… lors… saint… I… ré… née… s'é… cria… a… Je… suis… le… fro… ment… du… Seigneur… Il… faut… que… je… sois… mou… lu… par… la… dent… de… ces… a… ni… maux… Je m'approchai doucement de cette porte et je regardai. Dans le calme et le demi-jour d'une petite chambre, un bon vieux à pommettes roses, ridé jusqu'au bout des doigts, dormait au fond d'un fauteuil, la bouche ouverte, les mains sur ses genoux. À ses pieds, une fillette habillée de bleu, — grande pèlerine et petit béguin, le costume des orphelines, — lisait la Vie de saint Irénée dans un livre plus gros qu'elle… Cette lecture miraculeuse avait opéré sur toute la maison. Le vieux dormait dans son fauteuil, les mouches au plafond, les canaris dans leur cage, là-bas sur la fenêtre. La grosse horloge ronflait, tic tac, tic tac. Il n'y avait d'éveillé dans toute la chambre qu'une grande bande de lumière qui tombait droite et blanche entre les volets clos, pleine d'étincelles vivantes et de valses microscopiques… Au milieu de l'assoupissement général, l'enfant continuait sa lecture d'un air grave : Aus… si… tot… deux… lions… se… pré… ci… pi… tè… rent… sur… lui… et… le… dé… vo… rè… rent… C'est à ce moment que j'entrai… Les lions de saint Irénée se précipitant dans la chambre n'y auraient pas produit plus de stupeur que moi. Un vrai coup de théâtre ! La petite pousse un cri, le gros livre tombe, les canaris, les mouches se réveillent, la pendule sonne, le vieux se dresse en sursaut, tout effaré, et moi-même, un peu troublé, je m'arrête sur le seuil en criant bien fort : — Bonjour, braves gens ! je suis l'ami de Maurice. Oh ! alors, si vous l'aviez vu, le pauvre vieux, si vous l'aviez vu venir vers moi les bras tendus, m'embrasser, me serrer les mains, courir égaré dans la chambre, en faisant : — Mon Dieu ! mon Dieu !…

Toutes les rides de son visage riaient. Il était rouge. Il bégayait :

— Ah ! monsieur… ah ! monsieur…

Puis il allait vers le fond en appelant :

— Mamette !

Une porte qui s'ouvre, un trot de souris dans le couloir… c'était Mamette. Rien de joli comme cette petite vieille avec son bonnet à coque, sa robe carmélite, et son mouchoir brodé qu'elle tenait à la main pour me faire honneur, à l'ancienne mode… Chose attendrissante ! ils se ressemblaient. Avec un tour et des coques jaunes, il aurait pu s'appeler Mamette, lui aussi. Seulement la vraie Mamette avait dû beaucoup pleurer dans sa vie, et elle était encore plus ridée que l'autre. Comme l'autre aussi, elle avait près d'elle une enfant de l'orphelinat, petite garde en pèlerine bleue, qui ne la quittait jamais ; et de voir ces vieillards protégés par ces orphelines, c'était ce qu'on peut imaginer de plus touchant. En entrant, Mamette avait commencé par me faire une grande révérence, mais d'un mot le vieux lui coupa sa révérence en deux : — C'est l'ami de Maurice… Aussitôt la voilà qui tremble, qui pleure, perd son mouchoir, qui devient rouge, toute rouge, encore plus rouge que lui… Ces vieux ! ça n'a qu'une goutte de sang dans les veines, et à la moindre émotion elle leur saute au visage… — Vite, vite, une chaise… dit la vieille à sa petite.

— Ouvre les volets… crie le vieux à la sienne.

Et, me prenant chacun par une main, ils m'emmenèrent en trottinant jusqu'à la fenêtre, qu'on a ouverte toute grande pour mieux me voir. On approche les fauteuils, je m'installe entre les deux sur un pliant, les petites bleues derrière nous, et l'interrogatoire commence : — Comment va-t-il ? Qu'est-ce qu'il fait ? Pourquoi ne vient-il pas ? Est-ce qu'il est content ?… Et patati ! et patata ! Comme cela pendant des heures.

— Vraiment ? faisait la pauvre vieille attendrie ; et elle ajoutait en se tournant vers son mari : C'est un si brave enfant ! — Oh ! oui, c'est un brave enfant ! reprenait l'autre avec enthousiasme. Et, tout le temps que je parlais, c'étaient entre eux des hochements de tête, de petits rires fins, des clignements d'yeux, des airs entendus, ou bien encore le vieux qui se rapprochait pour me dire : — Parlez plus fort… Elle a l'oreille un peu dure. Et elle de son côté :

— Un peu plus haut, je vous prie !… Il n'entend pas très bien… Alors j'élevais la voix ; et tous deux me remerciaient d'un sourire ; et dans ces sourires fanés qui se penchaient vers moi, cherchant jusqu'au fond de mes yeux l'image de leur Maurice, moi, j'étais tout ému de la retrouver cette image, vague, voilée, presque insaisissable, comme si je voyais mon ami me sourire, très loin, dans un brouillard. Tout à coup le vieux se dresse sur son fauteuil :

— Mais j'y pense, Mamette…, il n'a peut-être pas déjeuné ! Et Mamette, effarée, les bras au ciel :

— Pas déjeuné !… Grand Dieu !

Je croyais qu'il s'agissait encore de Maurice, et j'allais répondre que ce brave enfant n'attendait jamais plus tard que midi pour se mettre à table. Mais non, c'était bien de moi qu'on parlait ; et il faut voir quel branle-bas quand j'avouai que j'étais encore à jeun : — Vite le couvert, petites bleues ! La table au milieu de la chambre, la nappe du dimanche, les assiettes à fleurs. Et ne rions pas tant, s'il vous plaît ! et dépêchons-nous…

Je crois bien qu'elles se dépêchaient. À peine le temps de casser trois assiettes le déjeuner se trouva servi.

— Un bon petit déjeuner ! me disait Mamette en me conduisant à table ; seulement vous serez tout seul… Nous autres, nous avons déjà mangé ce matin.

Ces pauvres vieux ! à quelque heure qu'on les prenne, ils ont toujours mangé le matin. Le bon petit déjeuner de Mamette, c'était deux doigts de lait, des dattes et une barquette, quelque chose comme un échaudé ; de quoi la nourrir elle et ses canaris au moins pendant huit jours… Et dire qu'à moi seul je vins à bout de toutes ces provisions !… Aussi quelle indignation autour de la table ! Comme les petites bleues chuchotaient en se poussant du coude, et là-bas, au fond de leur cage, comme les canaris avaient l'air de se dire : « Oh ! ce monsieur qui mange toute la barquette ! Je la mangeai toute, en effet, et presque sans m'en apercevoir, occupé que j'étais à regarder autour de moi dans cette chambre claire et paisible où flottait comme une odeur de choses anciennes… Il y avait surtout deux petits lits dont je ne pouvais pas détacher mes yeux. Ces lits, presque deux berceaux, je me les figurais le matin, au petit jour, quand ils sont encore enfouis sous leurs grands rideaux à franges. Trois heures sonnent. C'est l'heure où tous les vieux se réveillent : — Tu dors, Mamette ?

— Non, mon ami.

— N'est-ce pas que Maurice est un brave enfant ? — Oh ! oui c'est un brave enfant. Et j'imaginais comme cela toute une causerie, rien que pour avoir vu ces deux petits lits de vieux, dressés l'un à côté de l'autre… Pendant ce temps, un drame terrible se passait à l'autre bout de la chambre, devant l'armoire. Il s'agissait d'atteindre là-haut, sur le dernier rayon, certain bocal de cerises à l'eau-de-vie qui attendait Maurice depuis dix ans et dont on voulait me faire l'ouverture. Malgré les supplications de Mamette, le vieux avait tenu à aller chercher ses cerises lui-même ; et, monté sur une chaise au grand effroi de sa femme, il essayait d'arriver là-haut… Vous voyez le tableau d'ici, le vieux qui tremble et qui se hisse, les petites bleues cramponnées à sa chaise, Mamette derrière lui haletante, les bras tendus, et sur tout cela un léger parfum de bergamote qui s'exhale de l'armoire ouverte et des grandes piles de linge roux… C'était charmant. Enfin, après bien des efforts, on parvint à le tirer de l'armoire, ce fameux bocal, et avec lui une vieille timbale d'argent toute bosselée, la timbale de Maurice quand il était petit. On me la remplit de cerises jusqu'au bord ; Maurice les aimait tant, les cerises ! Et tout en me servant, le vieux me disait à l'oreille d'un air de gourmandise : — Vous êtes bien heureux, vous, de pouvoir en manger !… C'est ma femme qui les a faites… Vous allez goûter quelque chose de bon. Hélas sa femme les avait faites, mais elle avait oublié de les sucrer. Que voulez-vous ? on devient distrait en vieillissant. Elles étaient atroces, vos cerises, ma pauvre Mamette… Mais cela ne m'empêcha pas de les manger jusqu'au bout, sans sourciller. Le repas terminé, je me levai pour prendre congé de mes hôtes. Ils auraient bien voulu me garder encore un peu pour causer du brave enfant, mais le jour baissait, le moulin était loin, il fallait partir.

Le vieux s'était levé en même temps que moi. — Mamette, mon habit !… Je veux le conduire jusqu'à la place. Bien sûr qu'au fond d'elle-même Mamette trouvait qu'il faisait déjà un peu frais pour me conduire jusqu'à la place ; mais elle n'en laissa rien paraître. Seulement, pendant qu'elle l'aidait à passer les manches de son habit, un bel habit tabac d'Espagne à boutons de nacre, j'entendais la chère créature qui lui disait doucement : — Tu ne rentreras pas trop tard, n'est-ce pas ? Et lui, d'un petit air malin : — Hé ! hé !… je ne sais pas… peut-être…

Là-dessus, ils se regardaient en riant, et les petites bleues riaient de les voir rire, et dans leur coin les canaris riaient aussi à leur manière… Entre nous, je crois que l'odeur des cerises les avait tous un peu grisés. … La nuit tombait, quand nous sortîmes, le grand-père et moi. La petite bleue nous suivait de loin pour le ramener ; mais lui ne la voyait pas, et il était tout fier de marcher à mon bras, comme un homme. Mamette, rayonnante, voyait cela du pas de sa porte, et elle avait en nous regardant de jolis hochements de tête qui semblaient dire : « Tout de même, mon pauvre homme !… il marche encore.

LES VIEUX. THE|OLD THE OLD.

Une lettre, père Azan ? A|letter|father|Azan A letter, Father Azan?

Il était tout fier que ça vînt de Paris, ce brave père Azan… Pas moi. He|he was|all|proud|that|it|it came|from|Paris|this|good|father|Azan|Not|me Era molto orgoglioso che venisse da Parigi, quel buon padre Azan... Non io. He was so proud that it came from Paris, that good Father Azan... Not me. Quelque chose me disait que cette Parisienne de la rue Jean-Jacques, tombant sur ma table à l'improviste et de si grand matin, allait me faire perdre toute ma journée. Something|thing|to me|it was saying|that|this|Parisian|from|the|street|||falling|on|my|table|at|unexpectedly|and|of|such|big|morning|it was going to|to me|to make|to lose|all|my|day Something told me that this Parisian woman from rue Jean-Jacques, unexpectedly dropping onto my table so early in the morning, was going to make me lose my entire day. Je ne me trompais pas, voyez plutôt : I|not|to me|I was mistaken|not|you see|rather I was not mistaken, just look:

Il faut que tu me rendes un service, mon ami. It|it is necessary|that|you|to me|you give|a|favor|my|friend You have to do me a favor, my friend. Tu vas fermer ton moulin pour un jour et t'en aller tout de suite à Eyguières… Eyguières est un gros bourg à trois ou quatre lieues de chez toi, — une promenade. You|you are going|to close|your|mill|for|a|day|and|you|to go|all|of|immediately|to|Eyguières|Eyguières|it is|a|big|town|at|three|or|four|leagues|from|home|you|a|walk You are going to close your mill for a day and go straight to Eyguières... Eyguières is a large town three or four leagues from your place — a nice walk. En arrivant, tu demanderas le couvent des Orphelines. On|arriving|you|you will ask|the|convent|of the|Orphans Upon arriving, you will ask for the Orphanage. La première maison après le couvent est une maison basse à volets gris avec un jardinet derrière. The|first|house|after|the|convent|it is|a|house|low|with|shutters|gray|with|a|small garden|behind The first house after the convent is a low house with gray shutters and a small garden behind. Tu entreras sans frapper, — la porte est toujours ouverte, — et, en entrant, tu crieras bien fort : « Bonjour, braves gens ! You|you will enter|without|knocking|the|door|it is|always|open|and|while|entering|you|you will shout|very|loud|Hello|brave|people You will enter without knocking, — the door is always open, — and, upon entering, you will shout loudly: "Hello, good people!" Je suis l'ami de Maurice… » Alors, tu verras deux petits vieux, oh ! I|I am|the friend|of|Maurice|Then|you|you will see|two|little|old|oh I am Maurice's friend..." Then, you will see two little old folks, oh! mais vieux, vieux, archivieux, te tendre les bras du fond de leurs grands fauteuils, et tu les embrasseras de ma part, avec tout ton cœur, comme s'ils étaient à toi. but|old|old|archival|you|to stretch|them|arms|from the|bottom|of|their|big|armchairs|and|you|them|you will kiss|of|my|part|with|all|your||as|if they|they were|to|you but old, old, archival, reaching out to you from the depths of their large armchairs, and you will kiss them on my behalf, with all your heart, as if they were your own. Puis vous causerez ; ils te parleront de moi, rien que de moi ; ils te raconteront mille folies que tu écouteras sans rire… Tu ne riras pas, hein ?… Ce sont mes grands-parents, deux êtres dont je suis toute la vie et qui ne m'ont pas vu depuis dix ans… Dix ans, c'est long ! Then|you|you will talk|they|you|they will talk|of|me|nothing|but|of|me|they|you|they will tell|a thousand|follies|that|you|you will listen|without|laughing|You|not|you will laugh|not|right|This|they are|my|||two|beings|of whom|I|I am|all|the|life|and|who|not|they have||seen|for|ten|years|Ten|years|it's|long Then you will chat; they will talk to you about me, only about me; they will tell you a thousand silly things that you will listen to without laughing... You won't laugh, will you?... They are my grandparents, two beings of whom I am all of life and who haven't seen me for ten years... Ten years is a long time! Mais que veux-tu ? But|what|| But what do you want? moi, Paris me tient ; eux, c'est le grand âge… Ils sont si vieux, s'ils venaient me voir, ils se casseraient en route… Heureusement, tu es là-bas, mon cher meunier, et, en t'embrassant, les pauvres gens croiront m'embrasser un peu moi-même… Je leur ai si souvent parlé de nous et de cette bonne amitié dont… me|Paris|me|it holds|them|it's|the|great|age|They|they are|so|old|if they|they came|to me|to see|they|themselves|they would break|on|the way|Fortunately|you|you are|||my|dear|miller|and|while|kissing you|the|poor|people|they will believe|to kiss me|a|little|||I|to them|I have|so|often|talked|of|us|and|of|this|good|friendship|of which I, Paris holds me; them, it's old age... They are so old, if they came to see me, they would break down on the way... Fortunately, you are over there, my dear miller, and, by kissing you, the poor people will believe they are kissing me a little bit myself... I have spoken to them so often about us and this good friendship of... Le diable soit de l'amitié ! The|devil|let it be|of|friendship The devil take friendship! Justement ce matin-là il faisait un temps admirable, mais qui ne valait rien pour courir les routes : trop de mistral et trop de soleil, une vraie journée de Provence. Just|that|||it|it was|a|weather|admirable|but|which|not|it was worth|nothing|to|to run|the|roads|too|of|mistral|and|too|of|sun|a|true|day|of|Provence That morning it was wonderfully nice, but not suitable for running on the roads: too much mistral and too much sun, a true day in Provence. Quand cette maudite lettre arriva, j'avais déjà choisi mon cagnard (abri) entre deux roches, et je rêvais de rester là tout le jour, comme un lézard, à boire de la lumière, en écoutant chanter les pins… Enfin, que voulez-vous faire ? When|that|cursed|letter|it arrived|I had|already|chosen|my|shelter||between|two|rocks|and|I|I was dreaming|of|to stay|there|all|the|day|like|a|lizard|to|to drink|of|the|light|while|listening|to sing|the|pines|Finally|what|||to do When that cursed letter arrived, I had already chosen my sunbathing spot (shelter) between two rocks, and I dreamed of staying there all day, like a lizard, soaking up the light, listening to the pines sing… Well, what do you want to do? Je fermai le moulin en maugréant, je mis la clef sous la chatière. I|I closed|the|mill|while|grumbling|I|I put|the|key|under|the|cat flap I closed the mill grumbling, and I put the key under the cat flap. Mon bâton, ma pipe, et me voilà parti. My|stick|my|pipe|and|myself|here is|left My stick, my pipe, and off I go.

J'arrivai à Eyguières vers deux heures. I arrived|at|Eyguières|around|two|hours I arrived in Eyguières around two o'clock. Le village était désert, tout le monde aux champs. The|village|it was|deserted|all|the|world|in the|fields The village was deserted, everyone was in the fields. Dans les ormes du cours, blancs de poussière, les cigales chantaient comme en pleine Crau. In|the|elms|of the|course|white|of|dust|the|cicadas|they sang|like|in|full|Crau In the dust-covered elms along the way, the cicadas sang as if in the heart of Crau. Il y avait bien sur la place de la mairie un âne qui prenait le soleil, un vol de pigeons sur la fontaine de l'église ; mais personne pour m'indiquer l'orphelinat. There was indeed in the town hall square a donkey basking in the sun, a flock of pigeons on the church fountain; but no one to point me to the orphanage. Par bonheur une vieille fée m'apparut tout à coup, accroupie et filant dans l'encoignure de sa porte ; je lui dis ce que je cherchais ; et comme cette fée était très puissante, elle n'eut qu'à lever sa quenouille : aussitôt le couvent des Orphelines se dressa devant moi comme par magie… C'était une grande maison maussade et noire, toute fière de montrer au-dessus de son portail en ogive une vieille croix de grès rouge avec un peu de latin autour. Fortunately, an old fairy suddenly appeared to me, crouched and spinning in the corner of her door; I told her what I was looking for; and since this fairy was very powerful, she only had to raise her distaff: immediately the convent of the Orphan Girls stood before me as if by magic… It was a large gloomy and black house, proudly displaying above its pointed portal an old red sandstone cross with a bit of Latin around it. À côté de cette maison, j'en aperçus une autre plus petite. Next to this house, I spotted another smaller one. Des volets gris, le jardin derrière… Je la reconnus tout de suite, et j'entrai sans frapper. Gray shutters, the garden behind… I recognized it right away, and I entered without knocking. Je reverrai toute ma vie ce long corridor frais et calme, la muraille peinte en rose, le jardinet qui tremblait, au fond à travers un store de couleur claire, et sur tous les panneaux des fleurs et des violons fanés. I|I will see again|all|my|life|that|long|corridor|cool|and|calm|the|wall|painted|in|pink|the|little garden|which|it was trembling|at the|end|to|through|a|blind|of|color|light|and|on|all|the|panels|of|flowers|and|of|violins|wilted I will remember all my life this long, cool, and calm corridor, the wall painted pink, the little garden that trembled at the end through a light-colored curtain, and on all the panels, flowers and withered violins. Il me semblait que j'arrivais chez quelque vieux bailli du temps de Sedaine… Au bout du couloir, sur la gauche, par une porte entr'ouverte on entendait le tic tac d'une grosse horloge et une voix d'enfant, mais d'enfant à l'école, qui lisait en s'arrêtant à chaque syllabe : A… lors… saint… I… ré… née… s'é… cria… a… Je… suis… le… fro… ment… du… Seigneur… Il… faut… que… je… sois… mou… lu… par… la… dent… de… ces… a… ni… maux… Je m'approchai doucement de cette porte et je regardai. It|to me|it seemed|that|I was arriving|at the home of|some|old|bailiff|of the|time|of|Sedaine|At|end|of the|corridor|on|the|left|by|a|door|half-open|we|we could hear|the|tick|tock|of a|big|clock|and|a|voice|of a child|but|of a child|at|school|who|it was reading|while|stopping|at|each|syllable|A|then|holy|I|re|born|itself|it cried|it|I|I am|the|fro|ment|of the|Lord|He|it is necessary|that|I|I be|soft|read|by|the|tooth|of|these|a|ni|evils|I|I approached|gently|of|this|door|and|I|I looked It seemed to me that I was arriving at the home of some old bailiff from the time of Sedaine… At the end of the corridor, on the left, through a half-open door, one could hear the ticking of a large clock and a child's voice, but a school child's voice, reading and stopping at each syllable: A… then… saint… I… re… born… cried… I… am… the… fro… ment… of… the… Lord… I… must… be… ground… by… the… tooth… of… these… a… ni… mals… I gently approached this door and looked. Dans le calme et le demi-jour d'une petite chambre, un bon vieux à pommettes roses, ridé jusqu'au bout des doigts, dormait au fond d'un fauteuil, la bouche ouverte, les mains sur ses genoux. In|the|calm|and|the|||of a|small|room|a|good|old|with|cheeks|pink|wrinkled|to the|tip|of the|fingers|he was sleeping|in|back|of a|armchair|the|mouth|open|the|hands|on|his|knees In the calm and dim light of a small room, a good old man with rosy cheeks, wrinkled to the tips of his fingers, was sleeping in the depths of an armchair, his mouth open, his hands on his knees. À ses pieds, une fillette habillée de bleu, — grande pèlerine et petit béguin, le costume des orphelines, — lisait la Vie de saint Irénée dans un livre plus gros qu'elle… Cette lecture miraculeuse avait opéré sur toute la maison. At|her|feet|a|little girl|dressed|in|blue|large|cloak|and|small|bonnet|the|outfit|of|orphans|she was reading|the|Life|of|Saint|Irenaeus|in|a|book|more|big||This|reading|miraculous|it had|it had operated|on|all|the|house At his feet, a little girl dressed in blue, — large cape and small bonnet, the costume of orphans, — was reading the Life of Saint Irenaeus in a book bigger than she was… This miraculous reading had an effect on the whole house. Le vieux dormait dans son fauteuil, les mouches au plafond, les canaris dans leur cage, là-bas sur la fenêtre. The|old|he was sleeping|in|his|armchair|the|flies|on the|ceiling|the|canaries|in|their|cage|||on|the|window The old man was sleeping in his armchair, flies on the ceiling, canaries in their cage, over there by the window. La grosse horloge ronflait, tic tac, tic tac. The|big|clock|it was snoring|tick|tock|| The big clock was snoring, tick tock, tick tock. Il n'y avait d'éveillé dans toute la chambre qu'une grande bande de lumière qui tombait droite et blanche entre les volets clos, pleine d'étincelles vivantes et de valses microscopiques… Au milieu de l'assoupissement général, l'enfant continuait sa lecture d'un air grave : Aus… si… tot… deux… lions… se… pré… ci… pi… tè… rent… sur… lui… et… le… dé… vo… rè… rent… C'est à ce moment que j'entrai… Les lions de saint Irénée se précipitant dans la chambre n'y auraient pas produit plus de stupeur que moi. It|there|there was|awake|in|all|the|room|but a|large|band|of|light|which|it was falling|straight|and|white|between|the|shutters|closed|full|of sparks|living|and|of|waltzes|microscopic|In|midst|of|the drowsiness|general|the child|he was continuing|his|reading|with a|air|serious|As|if|soon|two|lions|themselves|pre|ci|pi|tè|they were|on|him|and|the|de|vo|rè|they were|It is|at|that|moment|that|I entered|The|lions|of|Saint|Irenaeus|themselves|rushing|into|the|room|there|they would have|not|produced|more|of|astonishment|than|me There was only one thing awake in the whole room, a large band of light that fell straight and white between the closed shutters, full of living sparks and microscopic waltzes… In the midst of the general drowsiness, the child continued his reading with a serious air: Aus… si… tot… two… lions… se… pré… ci… pi… tè… rent… sur… lui… and… the… de… vo… rè… rent… It was at that moment that I entered… The lions of Saint Irenaeus rushing into the room would not have produced more astonishment than I did. Un vrai coup de théâtre ! A|true|blow|of|theater A real coup de théâtre! La petite pousse un cri, le gros livre tombe, les canaris, les mouches se réveillent, la pendule sonne, le vieux se dresse en sursaut, tout effaré, et moi-même, un peu troublé, je m'arrête sur le seuil en criant bien fort : The|small|she lets out|a|cry|the|big|book|it falls|the|canaries|the|flies|themselves|they wake up|the|clock|it rings|the|old man|himself|he stands up|in|startle|all|startled|and|||a|little|troubled|I|I stop|on|the|threshold|in|shouting|very|loud The little one lets out a cry, the big book falls, the canaries, the flies wake up, the clock chimes, the old man jumps up startled, all flustered, and I myself, a bit troubled, stop at the threshold shouting very loudly: — Bonjour, braves gens ! Hello|brave|people — Hello, good people! je suis l'ami de Maurice. I|I am|the friend|of|Maurice I am Maurice's friend. Oh ! Oh Oh! alors, si vous l'aviez vu, le pauvre vieux, si vous l'aviez vu venir vers moi les bras tendus, m'embrasser, me serrer les mains, courir égaré dans la chambre, en faisant : so|if|you|you had it|seen|the|poor|old|if|you|you had it|seen|coming|towards|me|the|arms|outstretched|to kiss me|me|to shake|the|hands|to run|lost|in|the|room|while|doing So, if you had seen him, the poor old man, if you had seen him coming towards me with outstretched arms, hugging me, shaking my hands, running lost in the room, saying: — Mon Dieu ! My|God — My God! mon Dieu !… my|God My God!…

— Ah ! Ah — Ah! monsieur… ah ! sir|ah mister… ah! monsieur… sir mister…

— Mamette ! Mamette — Mamette!

— Ouvre les volets… crie le vieux à la sienne. Open|the|shutters|he shouts|the|old man|to|his|one — Open the shutters... shouted the old man to his.

Et, me prenant chacun par une main, ils m'emmenèrent en trottinant jusqu'à la fenêtre, qu'on a ouverte toute grande pour mieux me voir. And|me|taking|each|by|a|hand|they|they took me|in|trotting|to|the|window|that we|we have|opened|all|wide|to|better|me|to see And, taking each of my hands, they hurriedly led me to the window, which was opened wide to see me better. On approche les fauteuils, je m'installe entre les deux sur un pliant, les petites bleues derrière nous, et l'interrogatoire commence : We|we approach|the|chairs|I|I settle|between|the|two|on|a|folding chair|the|small|blue|behind|us|and|the interrogation|it begins We move the chairs closer, I sit down between the two on a folding chair, the little blue ones behind us, and the interrogation begins: — Comment va-t-il ? How||| — How is he doing? Qu'est-ce qu'il fait ? ||that he|he does What is he doing? Pourquoi ne vient-il pas ? Why|not||| Why isn't he coming? Est-ce qu'il est content ?… he is||||happy Is he happy?… Et patati ! And|blah blah And blah blah! et patata ! and|and so on and blah blah! Comme cela pendant des heures. Like|that|for|some|hours Like this for hours.

— Mais j'y pense, Mamette…, il n'a peut-être pas déjeuné ! But|I think about it|I think|Grandma|he|he has not|||not|eaten breakfast — But I just thought of it, Mamette..., he may not have had lunch! Et Mamette, effarée, les bras au ciel : And|Grandma|horrified|her|arms|in the|sky And Mamette, alarmed, arms raised to the sky:

— Pas déjeuné !… Grand Dieu ! Not|eaten breakfast|Great|God — Not had lunch!... Good God!

Je croyais qu'il s'agissait encore de Maurice, et j'allais répondre que ce brave enfant n'attendait jamais plus tard que midi pour se mettre à table. I|I believed|that it|it was about|still|of|Maurice|and|I was going to|to answer|that|this|good|child|he didn't wait|ever|later|late|than|noon|to|himself|to sit|at|table I thought it was still about Maurice, and I was going to reply that this good child never waited later than noon to sit at the table. Mais non, c'était bien de moi qu'on parlait ; et il faut voir quel branle-bas quand j'avouai que j'étais encore à jeun : But|no|it was|indeed|of|me|that we|we were talking|and|it|we must|to see|what|||when|I admitted|that|I was|still|at|fasting But no, they were indeed talking about me; and you should see the commotion when I admitted that I was still fasting: — Vite le couvert, petites bleues ! Quickly|the|table setting|little|blue — Quickly, the place settings, little blue ones! La table au milieu de la chambre, la nappe du dimanche, les assiettes à fleurs. The|table|in the|middle|of|the|room|the|tablecloth|of the|Sunday|the|plates|with|flowers The table in the middle of the room, the Sunday tablecloth, the flowered plates. Et ne rions pas tant, s'il vous plaît ! And|not|we laugh|not|so much|if it|you|please And let's not laugh so much, please! et dépêchons-nous… and|| and let's hurry up...

Ces pauvres vieux ! These|poor|old Those poor old folks! à quelque heure qu'on les prenne, ils ont toujours mangé le matin. at|some|hour|that we|them|we take|they|they have|always|eaten|the|morning At whatever hour you take them, they have always eaten in the morning. Le bon petit déjeuner de Mamette, c'était deux doigts de lait, des dattes et une barquette, quelque chose comme un échaudé ; de quoi la nourrir elle et ses canaris au moins pendant huit jours… Et dire qu'à moi seul je vins à bout de toutes ces provisions !… Aussi quelle indignation autour de la table ! The|good|small|breakfast|of|Mamette|it was|two|fingers|of|milk|some|dates|and|a|tray|something|thing|like|a|a type of pastry|of|what|her|to feed|her|and|her|canaries|for|at least|for|eight|days|And|to say|that to|me|alone|I|I came|to|end|of|all|these|provisions|So|what|indignation|around|of|the|table Mamette's good breakfast was two fingers of milk, dates, and a small cake, something like a soft pastry; enough to feed her and her canaries for at least eight days... And to think that I alone finished all that food!… What indignation there was around the table! Comme les petites bleues chuchotaient en se poussant du coude, et là-bas, au fond de leur cage, comme les canaris avaient l'air de se dire : « Oh ! As|the|small|blue|they were whispering|while|themselves|pushing|of the|elbow|and|||in the|back|of|their|cage|as|the|canaries|they had|the look|to|themselves|to say|Oh How the little blue ones whispered while nudging each other, and over there, at the back of their cage, how the canaries seemed to say: "Oh! ce monsieur qui mange toute la barquette ! that|gentleman|who|eats|all|the|tray this gentleman who is eating the whole cake! Je la mangeai toute, en effet, et presque sans m'en apercevoir, occupé que j'étais à regarder autour de moi dans cette chambre claire et paisible où flottait comme une odeur de choses anciennes… Il y avait surtout deux petits lits dont je ne pouvais pas détacher mes yeux. I|it|I ate|all|while|indeed|and|almost|without|of it|to notice|busy|that|I was|in|to look|around|of|myself|in|this|room|bright|and|peaceful|where|it was floating|like|a|smell|of|things|old|It|there|there was|especially|two|small|beds|of which|I|not|I could|not|to detach|my|eyes I did eat it all, indeed, and almost without realizing it, being busy looking around me in that bright and peaceful room where there floated a scent of old things… There were especially two small beds that I couldn't take my eyes off. Ces lits, presque deux berceaux, je me les figurais le matin, au petit jour, quand ils sont encore enfouis sous leurs grands rideaux à franges. These|beds|almost|two|cradles|I|myself|them|I imagined|the|morning|at the|small|day|when|they|they are|still|buried|under|their|large|curtains|with|fringes These beds, almost two cradles, I imagined them in the morning, at dawn, when they are still buried under their large fringed curtains. Trois heures sonnent. Three|hours|they ring Three o'clock strikes. C'est l'heure où tous les vieux se réveillent : It's|the hour|when|all|the|old people|themselves|they wake up It's the time when all the old people wake up: — Tu dors, Mamette ? You|you sleep|Grandma — Are you sleeping, Grandma?

— Non, mon ami. No|my|friend — No, my friend.

— N'est-ce pas que Maurice est un brave enfant ? ||not|that|Maurice|he is|a|good|child — Isn't Maurice a good boy? — Oh ! Oh — Oh! oui c'est un brave enfant. yes|it's|a|good|child yes, he is a good boy. Et j'imaginais comme cela toute une causerie, rien que pour avoir vu ces deux petits lits de vieux, dressés l'un à côté de l'autre… And|I imagined|like|that|all|a|chat|nothing|but|to|having|seen|those|two|small|beds|of|old|set up|one|to|side|of|the other And I imagined a whole conversation like that, just for having seen these two little old beds, set up next to each other... Pendant ce temps, un drame terrible se passait à l'autre bout de la chambre, devant l'armoire. During|this|time|a|drama|terrible|itself|it was happening|at|the other|end|of|the|room|in front of|the wardrobe Meanwhile, a terrible drama was unfolding at the other end of the room, in front of the wardrobe. Il s'agissait d'atteindre là-haut, sur le dernier rayon, certain bocal de cerises à l'eau-de-vie qui attendait Maurice depuis dix ans et dont on voulait me faire l'ouverture. It|it was about|to reach|||on|the|last|shelf|certain|jar|of|cherries|in||||which|it had been waiting|Maurice|for|ten|years|and|of which|we|we wanted|to me|to make|the opening It was about reaching up there, on the top shelf, a certain jar of cherries in brandy that had been waiting for Maurice for ten years and which they wanted me to open. Malgré les supplications de Mamette, le vieux avait tenu à aller chercher ses cerises lui-même ; et, monté sur une chaise au grand effroi de sa femme, il essayait d'arriver là-haut… Vous voyez le tableau d'ici, le vieux qui tremble et qui se hisse, les petites bleues cramponnées à sa chaise, Mamette derrière lui haletante, les bras tendus, et sur tout cela un léger parfum de bergamote qui s'exhale de l'armoire ouverte et des grandes piles de linge roux… C'était charmant. Despite|the|pleas|of|Mamette|the|old man|he had|insisted|on|to go|to fetch|his|cherries|him||and||on||||||of|||||||||||||||which||and|||||||||||||||||||||||||of||||||||||||laundry|red|It was|charming Despite Mamette's pleas, the old man insisted on getting his cherries himself; and, climbing onto a chair to the great fright of his wife, he was trying to reach up there... You can see the picture from here, the old man trembling and hoisting himself up, the little blue ones clinging to his chair, Mamette behind him panting, arms outstretched, and over all of this a light scent of bergamot wafting from the open wardrobe and the large piles of russet linen... It was charming. Enfin, après bien des efforts, on parvint à le tirer de l'armoire, ce fameux bocal, et avec lui une vieille timbale d'argent toute bosselée, la timbale de Maurice quand il était petit. Finally|after|many|some|efforts|we|we managed|to|it|to pull|from|the cupboard|that|famous|jar|and|with|it|a|old|cup|of silver|all|dented|the|cup|of|Maurice|when|he|he was|small Finally, after much effort, we managed to pull out of the cupboard that famous jar, and with it an old dented silver cup, Maurice's cup when he was little. On me la remplit de cerises jusqu'au bord ; Maurice les aimait tant, les cerises ! We|to me|it|we filled|with|cherries|to the|edge|Maurice|them|he liked|so much|the|cherries They filled it with cherries to the brim; Maurice loved cherries so much! Et tout en me servant, le vieux me disait à l'oreille d'un air de gourmandise : And|all|while|to me|serving|the|old man|to me|he said|to|the ear|with a|air|of|greed And while serving me, the old man whispered in my ear with a greedy look: — Vous êtes bien heureux, vous, de pouvoir en manger !… C'est ma femme qui les a faites… Vous allez goûter quelque chose de bon. You|you are|very|happy|you|to|to be able|of them|to eat|It's|my|wife|who|them|she has|made|You|you will|to taste|something||of|good — You are very lucky to be able to eat them!… It was my wife who made them… You are going to taste something good. Hélas sa femme les avait faites, mais elle avait oublié de les sucrer. Alas|his|wife|them|she had|made|but|she|she had|forgotten|to|them|to sweeten Alas, his wife had made them, but she had forgotten to sweeten them. Que voulez-vous ? What|| What do you want? on devient distrait en vieillissant. we|we become|distracted|in|aging One becomes forgetful with age. Elles étaient atroces, vos cerises, ma pauvre Mamette… Mais cela ne m'empêcha pas de les manger jusqu'au bout, sans sourciller. They|they were|atrocious|your|cherries|my|poor|Grandma|But|that|not|it prevented|not|to|them|to eat|until|end|without|flinching They were terrible, your cherries, my poor Mamette... But that didn't stop me from eating them all the way to the end, without flinching. Le repas terminé, je me levai pour prendre congé de mes hôtes. The|meal|finished|I|myself|I got up|to|to take|leave|from|my|hosts The meal finished, I got up to take leave of my hosts. Ils auraient bien voulu me garder encore un peu pour causer du brave enfant, mais le jour baissait, le moulin était loin, il fallait partir. They|they would have|well|wanted|me|to keep|still|a|little|to|to talk|of the|good|child|but|the|day|it was getting dark|the|mill|it was|far|it|it was necessary|to leave They would have liked to keep me a little longer to talk about the brave child, but the day was getting late, the mill was far away, I had to leave.

Le vieux s'était levé en même temps que moi. The|old man|he had|gotten up|at|the same|time|as|me The old man had gotten up at the same time as me. — Mamette, mon habit !… Je veux le conduire jusqu'à la place. Grandma|my|coat|I|I want|it|to take|to|the|square — Grandma, my coat!… I want to take him to the square. Bien sûr qu'au fond d'elle-même Mamette trouvait qu'il faisait déjà un peu frais pour me conduire jusqu'à la place ; mais elle n'en laissa rien paraître. Well|sure|that at|bottom|||Mamette|she found|that it|it was|already|a|little|cool|to|me|to drive|until|the|square|but|she|of it|she let|nothing|to show Of course, deep down, Mamette thought it was already a bit chilly to drive me to the square; but she didn't let on. Seulement, pendant qu'elle l'aidait à passer les manches de son habit, un bel habit tabac d'Espagne à boutons de nacre, j'entendais la chère créature qui lui disait doucement : Only|while|that she|she was helping him|to|to put on|the|sleeves|of|his|coat|a|beautiful|coat|tobacco|of Spain|with|buttons|of|mother-of-pearl|I was hearing|the|dear|creature|who|to him|she was saying|softly Only, while she was helping him put on the sleeves of his coat, a beautiful tobacco-colored Spanish coat with mother-of-pearl buttons, I heard the dear creature gently say to him: — Tu ne rentreras pas trop tard, n'est-ce pas ? You|not|you will come back|not|too|late|is|this|not — You won't be back too late, will you? Et lui, d'un petit air malin : And|to him|with a|little|air|sly And he, with a sly little look: — Hé ! Hey — Hey! hé !… je ne sais pas… peut-être… hey|I|not|I know|not|| hey!... I don't know... maybe...

Là-dessus, ils se regardaient en riant, et les petites bleues riaient de les voir rire, et dans leur coin les canaris riaient aussi à leur manière… Entre nous, je crois que l'odeur des cerises les avait tous un peu grisés. ||they|themselves|they were looking|in|laughing|and|them|small|blue|they were laughing|at|them|to see|to laugh|and|in|their|corner|them|canaries|they were laughing|also|in|their|way|Among|us|I|I believe|that|the smell|of the|cherries|them|it had|all|a|little|tipsy On that note, they looked at each other laughing, and the little blue ones laughed at seeing them laugh, and in their corner the canaries laughed too in their own way... Between us, I think the smell of cherries had slightly intoxicated them all. … La nuit tombait, quand nous sortîmes, le grand-père et moi. The|night|it was falling|when|we|we went out|the|||and|me ... Night was falling when my grandfather and I went out. La petite bleue nous suivait de loin pour le ramener ; mais lui ne la voyait pas, et il était tout fier de marcher à mon bras, comme un homme. The|little|blue|us|it was following|from|far|to|him|to bring back|but|him|not|her|he saw|not|and|he|he was|all|proud|to|to walk|at|my|arm|like|a|man The little blue one was following us from afar to bring him back; but he did not see her, and he was all proud to walk at my side, like a man. Mamette, rayonnante, voyait cela du pas de sa porte, et elle avait en nous regardant de jolis hochements de tête qui semblaient dire : « Tout de même, mon pauvre homme !… il marche encore. Grandma|radiant|she saw|that|from the|step|of|her|door|and|she|she had|while|us|looking|of|pretty|nods|of|head|which|they seemed|to say|All|of|even|my|poor|man|he|he walks|still Mamette, beaming, saw this from her doorstep, and she had pretty nods of her head while looking at us that seemed to say: "Still, my poor man!... he is still walking."

ai_request(all=70 err=1.43%) translation(all=138 err=0.00%) cwt(all=2366 err=10.82%) en:AufDIxMS:250509 openai.2025-02-07 PAR_TRANS:gpt-4o-mini=5.12 PAR_CWT:AufDIxMS=21.86