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InnerFrench - Vol. 2, #103 - Travailler avec les Français (2)

#103 - Travailler avec les Français (2)

Hugo : Et tu as évoqué la fameuse pause déjeuner, la pause déj des Français. Est-ce que justement, dans cette agence de tourisme dont le directeur était français, est-ce que vous faisiez la pause déj ? Est-ce qu'il avait réussi à imposer ça ou pas ? Ania : Nous, dans notre agence, on avait une pause de 30 minutes, donc un peu plus de ce qui est prévu normalement par la loi polonaise parce que dans notre loi, la pause déj dure seulement 15 minutes donc…

Hugo : On peut rien faire en 15 minutes !

Ania : On peut rien faire.

Hugo : On a même pas le temps d'acheter un sandwich. Ania : Exact. Donc 30 minutes me semble vraiment un minimum. Donc oui, donc, quand on faisait la pause déj plutôt à la polonaise, mais un peu plus longue. Oui, mais je sais… Je sais que c'est cette fameuse pause déj c'est quelque chose de très important dans la culture française. Et ça, il faut aussi prendre ça en considération quand on travaille avec des Français, que c'est impossible de les joindre à cette heure-là et voilà qu'il faut leur donner du temps et reprendre après, après la pause. Hugo : Effectivement. Donc la pause déj en général, c'est une heure entre 13h et 14h. Parfois, c'est même 1h30 dans certaines entreprises, de 12h30 à 14h. Et c'est vraiment quelque chose de sacré donc on ne peut pas mettre de réunion pendant la pause déj. N'essayez pas d'appeler quelqu'un parce que voilà … La personne ne sera pas joignable ou si vous arrivez à la joindre, ça veut dire qu'elle passe sa pause déj devant son ordinateur parce qu'elle a vraiment du retard au niveau de son travail et elle va pas être de bonne humeur. Dans tous les cas, c'est une mauvaise idée. Hugo : Et qu'est-ce que t'en penses, toi, de cette pause déj ? Est-ce que tu préfères… Donc 30 minutes pour toi c'est suffisant ou est-ce que tu préfères avoir une vraie pause qui divise ta journée en deux ? Ania : Pour moi, 30 minutes, c'était suffisant. Mais j'ai aussi l'impression que les Polonais, ils savent pas trop faire des pauses quand ils travaillent. 30 minutes, me semble suffisant. Une heure ? Je sais pas. J'ai peur que ce soit un peu… un peu trop et que je sais pas… je me déconcentre ou je… je sais pas. Je préfère aussi finir le travail, tu sais, un peu plus tôt que plus tard, donc vraiment… Manger quelque chose assez vite ou faire une petite promenade, ça me suffit pour retrouver mes forces et vraiment rentrer dans… rentrer au travail. Donc non, moi, j'aimerais pas avoir une pause d'une heure ou une heure et demie au travail. Hugo : Moi, j'ai l'impression que les Polonais, vous travaillez plutôt en un seul bloc quasiment. Vous arrivez assez tôt au travail et vous faites tout ce que vous avez à faire pour après ne pas finir trop tard.

Ania : Oui, ça, c'est l'autre extrême, donc il faudrait trouver le juste milieu entre, tu sais, 15 minutes et une heure de pause déjeuner. Il me semble que 30 minutes, c'est vraiment une bonne solution. Hugo : Ouais, c'est vrai que nous, on justifie ça en disant que ça permet de se remettre les idées au clair et l'après midi, on est plus efficace parce qu'on a vraiment eu une coupure entre le matin et l'après midi. Mais c'est vrai…. Moi, parfois, donc quand j'étais en stage par exemple, ou même quand j'ai commencé à travailler à Paris, on avait des pauses déj d'une heure, donc on allait au restaurant et c'était vraiment un repas avec entrée, plat, dessert. Ce qui fait qu'ensuite, quand on rentre de 14h à 15h, personne n'arrive vraiment à travailler parce qu'on est tous en train de digérer. Donc c'est pas toujours très… Hugo : Et le résultat, c'est qu'on finit plus tard en général. C'est vrai… À Paris en tout cas, et dans les grandes entreprises, c'est assez rare de finir avant 18h et même la règle, c'est plutôt de terminer vers 19h parce qu'on a cette pause. Et le matin, en général, nous, on arrive entre 9 et 10h. Donc, j'ai l'impression que c'est un peu la même chose en Pologne, non ? Ania : En Pologne, je dirais que c'est plutôt à partir de 8h, même 7h30 pour certaines entreprises. Moi, par exemple, dans mon entreprise, la première Capgemini, je pense que oui, on pouvait commencer à 8h, à partir de 8h, entre 8h et 9h.

Hugo : Ok, ok. Donc vous commencez plus tôt le matin. Et tu disais aussi que le relationnel est très important pour les Français. Donc c'est pas le cas pour les Polonais ? On traite les collègues seulement comme des robots et voilà on n'essaye pas d'en savoir plus sur eux ou de partager ? Ania : Non, non, pas du tout. Les relations au travail en Pologne sont aussi très, très importantes. Mais ce que je voulais dire, c'est que…C'est ce que j'ai remarqué un peu… Encore une fois, comme toi, comme tu as dit au début, c'est juste… on a juste un échantillon de clients français. Mais j'ai eu cette impression que les Français, ils sont quand-même un peu plus susceptibles de, par exemple, d'accepter des propositions de quelqu'un ou de… je sais pas, de faire du business avec une personne avec laquelle ils sont sur la même longueur d'onde, avec laquelle ils se comprennent très bien. Ania : Je sais pas si c'est une particularité des Français, mais bon… Quelqu'un pourrait dire que c'est pas très professionnel, qu'on peut faire du business avec chaque personne, que c'est pas… C'est pas important si on partage, si on a une passion en commun ou pas. Mais j'ai l'impression un peu que pour les Français, c'est assez important. Ils ne font… ils ne le font pas exprès, peut-être, mais oui.. Cette relation quand ils se sentent un peu plus proches de cette personne, ils sont… ils sont aussi voilà… plus susceptibles d'arriver à un compromis avec cette personne, par exemple. Hugo : Je suis assez d'accord. Et moi d'ailleurs, c'est quelque chose qui m'a un peu dégoûté du monde de l'entreprise parce que c'est très… On peut dire que c'est le relationnel, mais c'est un côté aussi assez politique, dans le sens où…je pense que c'est un peu le cas dans tous les pays, on ne va pas se mentir, mais pour monter dans la hiérarchie et obtenir une promotion, etc. ça aide d'avoir des bonnes relations avec son supérieur et si on a des points communs, des sujets de conversation, ça peut vraiment être bénéfique pour notre carrière. Donc on n'est pas toujours jugés seulement sur nos mérites et nos compétences, mais l'aspect relationnel, effectivement, est plutôt important. Je pense que c'est le cas, bon, c'est peut-être un stéréotype, mais dans les pays latins en général, c'est quelque chose d'assez répandu à mon avis. Ania : Oui, en parlant de la hiérarchie, c'est ce que j'ai remarqué, c'est que ce sentiment de la hiérarchie, justement, est très, très fort chez les Français. C'est très bien marqué, la position de la chef ou du chef dans l'entreprise ou dans l'équipe. J'ai remarqué ça, par exemple, bon moi, en tant que prof, je m'intéresse à la langue et j'ai remarqué ça même dans la façon dont on s'adresse au sein de l'entreprise. Ania : Donc, nous, par exemple, en polonais, on n'a que deux formes : on peut soit se tutoyer, soit se vouvoyer, et en français, il y a, on peut dire, une forme hybride. Donc, même si on a de bonnes relations avec quelqu'un, même si on travaille avec cette personne depuis longtemps, on utilise par exemple la forme…je sais pas : «Camille, est-ce que vous avez vu…?» Donc, on appelle cette personne par son prénom «Camille», comme si on était vraiment proches, mais après, on continue avec «vous» et ça met une certaine distance. Et ça, pour moi, c'était très, très étonnant cette forme que vraiment… On est proches, mais on garde une certaine distance parce qu'on respecte cette hiérarchie et ça, c'est bien particulier, mais c'est à cause de la langue. C'est la particularité de la langue qui est un peu voilà… un miroir des relations dans l'entreprise. Hugo : C'est vrai, c'est vrai. Non, complètement. Et cette dimension de hiérarchie, on la retrouve beaucoup dans les études, justement, qui analysent les différences de style managériaux d'un pays à l'autre. Et les managers français sont connus pour avoir un respect assez strict de la hiérarchie pour, comme tu l'as dit, vouloir garder une certaine distance avec leurs employés parce que, selon eux, c'est ça qui leur donne une autorité. Et ça peut être problématique dans certaines cultures où ces rapports sont moins marqués, où l'autorité du manager vient non pas de cette distance et de cette formalité, mais de son expertise ou de ses compétences. Hugo : Mais ça aussi, c'est quelque chose qui change, j'ai l'impression. Notamment parce que les managers maintenant, dont j'aurais pu faire partie, si j'avais continué ma carrière comme c'était prévu, ont eu des expériences à l'étranger, ont fait des stages à l'étranger, ont été exposés à différents types, justement, de management et se rendent compte que ça fonctionne mieux quand on implique les gens pour prendre des décisions plutôt que de le faire de manière unilatérale. En France, ce qu'on fait en général, c'est qu'on organise une réunion, le chef organise une réunion pour discuter de tout ça et puis après, il dit : «Voilà la décision que j'ai prise.» Les employés ont pas forcément leur mot à dire. C'est… voilà. Il y a eu un temps d'échange, mais au final, il y a une personne qui tranche, une personne qui décide, c'est le chef. Et il n'essaye pas vraiment de les convaincre avec des arguments. Mais l'argument ultime, c'est : «moi, je suis le chef.» Ania : Oui sa position est légitime donc il a tout son droit à annoncer des décisions. Mais oui, c'est vrai. Moi aussi, j'ai cette impression que les décisions sont plutôt prises de manière arbitraire. Il y a pas… C'est pas de vraies réunions du brainstorming où on essaye de voir plusieurs possibilités. Dans la plupart des cas, je pense que c'est comme ça. Et toi ? Parce que toi, tu as fait ton stage à Londres, n'est-ce pas ? Et quelles sont tes observations par rapport au style britannique du management ?

Hugo : Justement, j'ai trouvé que c'était beaucoup plus informel et que la structure hiérarchique était beaucoup plus plate ou plus horizontale, on va dire. Par exemple, je me souviens… Donc, moi, j'ai fait un stage pour un grand label de musique qui s'appelle EMI, qui n'existe plus maintenant, mais c'était vraiment une énorme entreprise. Et deux semaines après avoir commencé mon stage, il y avait une conférence interne organisée avec des équipes des filiales du monde entier. Et moi, petit stagiaire français, j'étais à la table avec un directeur de label, de label de musique country, je crois. Enfin, voilà, avec des personnes vraiment qui avaient beaucoup d'expérience. Et il y avait des exercices de brainstorming pour retrouver des nouvelles idées, etc.

Hugo : Et ce directeur me demandait mon avis, par exemple, et il savait très bien que j'étais seulement stagiaire, mais on… Voilà, il se disait : «Bah, peut-être que lui, il a un point de vue différent, il a quelque chose… Il peut nous apporter quelque chose.» Et ça, j'ai beaucoup de mal à imaginer une situation similaire dans une entreprise française où voilà… J'aurais même pas pu être assis à la table de cette personne déjà. Hugo : Et c'était pas quelque chose de complètement superficiel parce qu'ensuite je me souviens, il y avait une petite pause déjeuner aussi, même si on était à Londres, pendant cette pause déjeuner les… il y avait pas la table des directeurs, la table des stagiaires, etc. mais c'était plutôt par équipe. Et moi, j'étais avec mon équipe, avec aussi bien les directeurs que mes managers, etc. Alors que, en France, c'est vrai que quand on faisait un stage systématiquement, les stagiaires restaient avec les stagiaires des différentes équipes, se retrouvaient pour leur pause déjeuner, parce qu'on n'était pas vraiment invités à aller manger avec nos managers, par exemple. Ania : Ouais.

Hugo : Donc, ces rapports hiérarchiques sont assez marqués.

Ania : Ce que tu dis, ça me fait penser aussi à une autre étude assez intéressante qui a été publiée par une société qui s'appelle le Steelcase, il me semble (entreprise). C'est une entreprise qui est spécialisée dans le mobilier de bureau et aménagement d'espaces de travail. Et même eux, ils ont remarqué que dans des bureaux français, il y a pas vraiment beaucoup de salles de réunion pour toute l'équipe. Il y a seulement des salles de… pour les supérieurs, et que tous les espaces des travailleurs sont bien marqués, bien séparés et qu'il y a… il y a pas cette ambiance de partage, bah nulle part à vrai dire. Donc c'est même visible dans la… tu sais, dans l'aménagement des bureaux français qu'il y a une telle hiérarchie, une division. Hugo : C'est vrai. Et souvent une bonne pratique managériale pour un manager qui a un bureau, c'est d'avoir… de garder, de laisser sa porte ouverte pour montrer qu'il est ouvert à la discussion, etc. Mais j'ai remarqué qu'en France en général, les managers qui ont leur bureau, ont leur porte fermée pour montrer qu'ils font un travail important. C'est ça… On ne doit pas les déranger. Et c'est plus difficile, effectivement, de communiquer. Hugo : Ça veut pas dire qu'en France, il y a pas d'open space. Evidemment, il y a… l'open space s'est imposé aussi depuis une quinzaine d'années, donc il y a beaucoup d'entreprises où il y a des open space, mais souvent à partir d'un certain rang, d'un certain niveau hiérarchique, les managers ont leur propre bureau séparé et dans ce bureau, ils ont un petit espace de réunion, par exemple pour pouvoir organiser des réunions et les stagiaires sont rarement invités à ces réunions. Ania : C'est dommage, c'est bien dommage. Hugo : Mais c'est drôle parce que je pensais qu'avec votre histoire, parce que la hiérarchie, c'était aussi quelque chose de très important à l'époque du communisme en Pologne, que peut-être, ça serait un héritage, quelque chose qui serait resté. Mais bon, j'ai l'impression que ce n'est pas forcément le cas. Ania : Pas trop. Ou peut-être je sais pas, on veut réaliser un peu l'American dream, on a adopté un peu le style américain, je sais pas, ou vraiment… voilà donc le style des réunions ouvertes où chacun peut s'exprimer. Je sais pas, mais quand je pense… Quand je pense à la base de ces habitudes…je me…. je réfléchis aussi… Par exemple, je ne sais pas…. Est-ce qu'en France, tu travaillais beaucoup en groupe à l'école où ça se faisait pas ? Hugo : À l'université oui, pendant mes études supérieures. Mais c'est vrai qu'à l'école primaire, collège et lycée, très, très peu, c'était assez rare. Ania : Parce que je pense que j'ai lu une interview avec le cofondateur… C'était un cofondateur d'un cabinet de conseil, donc un cabinet qui accompagnait les entreprises dans leur développement, transformation, etc. Et il a dit que selon lui, c'est ce schéma scolaire qui est assez vertical, disons, qui est adopté aussi dans nos entreprises et que voilà.. Il y a souvent… il y a toujours cette… ce personnage d'un enseignant qui s'adresse à la classe et que les élèves, ils travaillent très peu et très rarement à l'école en groupe. Et je pense que ça se fait assez souvent en Pologne quand même. Donc, on a cette habitude de travailler en groupe, je sais pas. Peut-être ça, c'est… ça pourrait être la réponse à cette question. Hugo : C'est vrai. Je pense que ça doit être une des raisons. Et en France, en général, on valorise plus les mérites individuels. Donc, chacun est censé se développer et on croit plus qu'une personne plus intelligente ou plus douée que les autres va trouver la solution toute seule plutôt qu'un groupe entier voilà, en travaillant ou en faisant un brainstorming. Hugo : Donc ça, ça se retrouve aussi dans les réunions c'est… en fait, c'est très rare de faire des réunions pour faire des brainstorming. En général, c'est plutôt pour répartir les différentes tâches, pour voilà, organiser le travail, mais pas vraiment pour essayer de trouver une solution tous ensemble, etc. En général, on pense que le chef ou, voilà, il y a une personne qui est responsable de trouver une solution à ce problème et ensuite elle organise toute l'équipe pour mettre en place, pour implémenter cette solution. Mais bon, également en France, c'est vrai qu'on a aussi maintenant cette… on regarde vers les Etats-Unis, vers l'Allemagne, vers les pays nordiques pour le management donc on s'adapte aussi et c'est quelque chose qui est en train de changer. Hugo : Il y avait un point qui me semblait intéressant quand on a discuté pour préparer cet épisode, c'était un paradoxe que tu as évoqué entre d'un côté, la logique et de l'autre, les sentiments. Qu'est-ce que tu veux dire par là ? Ania : Je voulais dire que j'ai l'impression que les Français, ils sont très dans la logique, ça veut dire que pour présenter un projet, par exemple pour, je sais pas, ou pour qu'une décision soit prise, il faut vraiment présenter des arguments concrets, logiques. Il faut…il faut bien montrer quelles seraient les conséquences d'une telle ou telle action. Et ça m'étonne pas parce que toute cette philosophie du rationalisme est très, très bien… très fortement ancrée dans la culture française. Ania : Mais de l'autre côté, je me souviens d'avoir entendu plusieurs fois cette question… Donc, on discute, on discute d'un projet ou, je sais pas, d'une tâche à faire et puis, il y a cette question de la part d'un Français ou d'une Française : «Et toi, comment tu le sens, ce projet ? «Et toi, comment tu le sens ?» Et donc, tout d'un coup… moi, je…voilà on se réfère à nos sentiments, on fait référence à nos sentiments. Oui, et ça, ça m'a étonnée. Au début, ça, ça m'a vraiment étonnée. Et je sais pas, à vrai dire, quelle est la raison et pourquoi ils ont posé cette question. Mais c'est comme je sais pas… c'est comme s'ils recouraient à l'intuition ou… C'était bizarre. Hugo : Peut-être que ouais… On a tous ces arguments et tous ces plans, ces stratégies, mais on essaye aussi de laisser une place, peut-être à l'instinct, en particulier les personnes qui ont beaucoup d'expérience. Ça, je me rappelle que j'avais rencontré ce cas aussi à Londres où, en fait, moi, j'étais dans une équipe qui, donc c'était le Consumer Insight. Donc, en fait, on analysait comment tel artiste fonctionnait auprès de tel groupe, dans la population, auprès des jeunes, auprès des femmes célibataires donc, on avait différents segments comme ça.

Hugo : Et en fonction de ces données, de ces études, on essayait de choisir quel single… On essayait de choisir un titre qui serait le single principal d'un album, par exemple. Ou alors, comment faire la promotion ? Quels canaux de communication utiliser en fonction de nos cibles ? Donc, on avait toutes ces données, toutes ces études, mais en face, parfois, il y avait un directeur de label qui disait : «Oui, ok, c'est très bien tous ces chiffres, mais moi, ça fait 20 ans que je fais ce métier. Je sais quel single va fonctionner et j'ai pas besoin que vous me donniez de conseils». Donc ça aussi, je pense que c'est quelque chose qui vient avec l'âge, avec l'expérience, voilà. On est très confiant… on a énormément confiance en son instinct et on se réfère moins à la logique et à la rationalité peut-être.

Ania : Oui, les chiffres, c'est pas tout. Hugo : Ok. je pense qu'on a fait le tour des points qu'on voulait évoquer. Bon, en conclusion, travailler avec des Français, c'est cool, pas cool ? Qu'est-ce que t'en penses ? Ania : C'est trop cool ! C'est toujours cool de travailler avec des gens d'une autre culture. Donc oui !

Hugo : Ok, très bien. Si vous aussi, vous avez des témoignages, des expériences, des commentaires, des choses à partager sur ce sujet, n'hésitez pas à aller sur innerfrench.com et laisser un petit commentaire sur la page de l'épisode. Je suis sûr qu'il va y avoir des discussions et des débats enflammés. Et nous, on vous dit à bientôt et on se retrouve dans deux semaines pour un nouvel épisode. Ciao !

Ania : À bientôt !

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Hugo : Et tu as évoqué la fameuse pause déjeuner, la pause déj des Français. Hugo: And you mentioned the famous lunch break, the French lunch break. Est-ce que justement, dans cette agence de tourisme dont le directeur était français, est-ce que vous faisiez la pause déj ? In fact, in this tourist agency whose director was French, did you take a break already? Est-ce qu'il avait réussi à imposer ça ou pas ? Had he succeeded in imposing that or not? Ania : Nous, dans notre agence, on avait une pause de 30 minutes, donc un peu plus de ce qui est prévu normalement par la loi polonaise parce que dans notre loi, la pause déj dure seulement 15 minutes donc… Ania: We in our agency had a 30-minute break, so a little more than what is normally provided for by Polish law because in our law, the lunch break lasts only 15 minutes so ...

Hugo : On peut rien faire en 15 minutes ! Hugo: We can do nothing in 15 minutes!

Ania : On peut rien faire. Ania: We can't do anything.

Hugo : On a même pas le temps d'acheter un sandwich. Hugo: We don't even have time to buy a sandwich. Ania : Exact. Ania: Right. Donc 30 minutes me semble vraiment un minimum. So 30 minutes really seems like a minimum. Donc oui, donc, quand on faisait la pause déj plutôt à la polonaise, mais un peu plus longue. So yes, when we were already taking the Polish-style break, but a little longer. Oui, mais je sais… Je sais que c'est cette fameuse pause déj c'est quelque chose de très important dans la culture française. Yes, but I know… I know it's that famous lunch break that's something very important in French culture. Et ça, il faut aussi prendre ça en considération quand on travaille avec des Français, que c'est impossible de les joindre à cette heure-là et voilà qu'il faut leur donner du temps et reprendre après, après la pause. And that must also be taken into consideration when working with French people, that it is impossible to reach them at that time and now you have to give them time and resume after, after the break. Hugo : Effectivement. Hugo: Indeed. Donc la pause déj en général, c'est une heure entre 13h et 14h. So the lunch break is generally one hour between 1 p.m. and 2 p.m. Parfois, c'est même 1h30 dans certaines entreprises, de 12h30 à 14h. Sometimes it is even 1:30 in some companies, from 12:30 p.m. to 2 p.m. Et c'est vraiment quelque chose de sacré donc on ne peut pas mettre de réunion pendant la pause déj. And it's really something sacred so we can't put a meeting during lunch break. N'essayez pas d'appeler quelqu'un parce que voilà … La personne ne sera pas joignable ou si vous arrivez à la joindre, ça veut dire qu'elle passe sa pause déj devant son ordinateur parce qu'elle a vraiment du retard au niveau de son travail et elle va pas être de bonne humeur. Do not try to call someone because there you are… The person will not be reachable or if you manage to reach them, it means that they are already spending their break in front of their computer because they are really late. level of her work and she is not going to be in a good mood. Dans tous les cas, c'est une mauvaise idée. Either way, it's a bad idea. Hugo : Et qu'est-ce que t'en penses, toi, de cette pause déj ? Hugo: And what do you think of this break already? Est-ce que tu préfères… Donc 30 minutes pour toi c'est suffisant ou est-ce que tu préfères avoir une vraie pause qui divise ta journée en deux ? Do you prefer… So 30 minutes for you is enough or do you prefer to have a real break that divides your day in two? Ania : Pour moi, 30 minutes, c'était suffisant. Ania: For me, 30 minutes was enough. Mais j'ai aussi l'impression que les Polonais, ils savent pas trop faire des pauses quand ils travaillent. But I also have the impression that the Poles don't really know how to take breaks when they are working. 30 minutes, me semble suffisant. 30 minutes seems sufficient to me. Une heure ? One o'clock ? Je sais pas. I dunno. J'ai peur que ce soit un peu… un peu trop et que je sais pas… je me déconcentre ou je… je sais pas. I'm afraid it's a bit… a bit too much and that I don't know… I lose focus or I… I don't know. Je préfère aussi finir le travail, tu sais, un peu plus tôt que plus tard, donc vraiment… Manger quelque chose assez vite ou faire une petite promenade, ça me suffit pour retrouver mes forces et vraiment rentrer dans… rentrer au travail. I also prefer to finish work, you know, a little sooner than later, so really… Eat something fast enough or take a little walk, that's enough for me to regain my strength and really get into… back to work. Donc non, moi, j'aimerais pas avoir une pause d'une heure ou une heure et demie au travail. So no, I wouldn't like to have an hour or an hour and a half break from work. Hugo : Moi, j'ai l'impression que les Polonais, vous travaillez plutôt en un seul bloc quasiment. Hugo: Me, I have the impression that the Poles, you work rather in one block almost. Vous arrivez assez tôt au travail et vous faites tout ce que vous avez à faire pour après ne pas finir trop tard. You arrive at work early enough and you do whatever you need to do so that you don't end up too late afterwards.

Ania : Oui, ça, c'est l'autre extrême, donc il faudrait trouver le juste milieu entre, tu sais, 15 minutes et une heure de pause déjeuner. Ania: Yeah, that's the other extreme, so you have to strike a balance between, you know, 15 minutes and an hour for lunch. Il me semble que 30 minutes, c'est vraiment une bonne solution. It seems to me that 30 minutes is a really good solution. Hugo : Ouais, c'est vrai que nous, on justifie ça en disant que ça permet de se remettre les idées au clair et l'après midi, on est plus efficace parce qu'on a vraiment eu une coupure entre le matin et l'après midi. Hugo: Yeah, it's true that we justify that by saying that it allows us to get our ideas straight and in the afternoon, we are more efficient because we really had a break between the morning and the 'afternoon. Mais c'est vrai…. But it's true…. Moi, parfois, donc quand j'étais en stage par exemple, ou même quand j'ai commencé à travailler à Paris, on avait des pauses déj d'une heure, donc on allait au restaurant et c'était vraiment un repas avec entrée, plat, dessert. Me, sometimes, so when I was on an internship for example, or even when I started working in Paris, we had one-hour lunch breaks, so we went to the restaurant and it was really a meal with a starter. , main course, dessert. Ce qui fait qu'ensuite, quand on rentre de 14h à 15h, personne n'arrive vraiment à travailler parce qu'on est tous en train de digérer. So that afterwards, when we come back from 2 p.m. to 3 p.m., no one really manages to work because we are all digesting. Donc c'est pas toujours très… So it's not always very ... Hugo : Et le résultat, c'est qu'on finit plus tard en général. Hugo: And the result is that we usually finish later. C'est vrai… À Paris en tout cas, et dans les grandes entreprises, c'est assez rare de finir avant 18h et même la règle, c'est plutôt de terminer vers 19h parce qu'on a cette pause. It's true… In Paris anyway, and in large companies, it's quite rare to finish before 6 p.m. and even the rule is to finish around 7 p.m. because we have this break. Et le matin, en général, nous, on arrive entre 9 et 10h. And in the morning, generally, we arrive between 9 and 10 a.m. Donc, j'ai l'impression que c'est un peu la même chose en Pologne, non ? So, I have the impression that it's a bit the same in Poland, right? Ania : En Pologne, je dirais que c'est plutôt à partir de 8h, même 7h30 pour certaines entreprises. Ania: In Poland, I would say that it is more from 8 a.m., even 7:30 a.m. for some companies. Moi, par exemple, dans mon entreprise, la première Capgemini, je pense que oui, on pouvait commencer à 8h, à partir de 8h, entre 8h et 9h. Me, for example, in my company, the first Capgemini, I think so, we could start at 8 a.m., from 8 a.m., between 8 a.m. and 9 a.m.

Hugo : Ok, ok. Hugo: Ok, ok. Donc vous commencez plus tôt le matin. So you start earlier in the morning. Et tu disais aussi que le relationnel est très important pour les Français. And you also said that relationships are very important for the French. Donc c'est pas le cas pour les Polonais ? So this is not the case for the Poles? On traite les collègues seulement comme des robots et voilà on n'essaye pas d'en savoir plus sur eux ou de partager ? We treat our colleagues only like robots and here we are, we do not try to know more about them or to share? Ania : Non, non, pas du tout. Ania: No, no, not at all. Les relations au travail en Pologne sont aussi très, très importantes. Relations at work in Poland are also very, very important. Mais ce que je voulais dire, c'est que…C'est ce que j'ai remarqué un peu… Encore une fois, comme toi, comme tu as dit au début, c'est juste… on a juste un échantillon de clients français. But what I wanted to say is… That's what I noticed a bit… Again, like you, like you said at the start, it's just… we just have a sample of clients French. Mais j'ai eu cette impression que les Français, ils sont quand-même un peu plus susceptibles de, par exemple, d'accepter des propositions de quelqu'un ou de… je sais pas, de faire du business avec une personne avec laquelle ils sont sur la même longueur d'onde, avec laquelle ils se comprennent très bien. But I had the impression that the French, they are still a little more likely to, for example, accept proposals from someone or ... I don't know, to do business with someone with whom they are on the same wavelength, with which they understand each other very well. Ania : Je sais pas si c'est une particularité des Français, mais bon… Quelqu'un pourrait dire que c'est pas très professionnel, qu'on peut faire du business avec chaque personne, que c'est pas… C'est pas important si on partage, si on a une passion en commun ou pas. Ania: I don't know if it's a peculiarity of the French, but well... Someone might say that it's not very professional, that you can do business with each person, that it's not... It doesn't matter if you share, if you have a passion in common or not. Mais j'ai l'impression un peu que pour les Français, c'est assez important. But I have the impression that for the French, it's quite important. Ils ne font… ils ne le font pas exprès, peut-être, mais oui.. Cette relation quand ils se sentent un peu plus proches de cette personne, ils sont… ils sont aussi voilà… plus susceptibles d'arriver à un compromis avec cette personne, par exemple. They don't... they don't do it on purpose, maybe, but yes. This relationship when they feel a little closer to that person, they're... they're also more likely to come to a compromise with that person, for example. Hugo : Je suis assez d'accord. Hugo: I quite agree. Et moi d'ailleurs, c'est quelque chose qui m'a un peu dégoûté du monde de l'entreprise parce que c'est très… On peut dire que c'est le relationnel, mais c'est un côté aussi assez politique, dans le sens où…je pense que c'est un peu le cas dans tous les pays, on ne va pas se mentir, mais pour monter dans la hiérarchie et obtenir une promotion, etc. You could say it's the relationships, but it's also quite political, in the sense that... I think it's a bit the case in all countries, let's not lie, but to climb the hierarchy and get a promotion, etc., it's a bit of a political thing, in the sense that... I think it's a bit the case in all countries, let's not lie, but to climb the hierarchy and get a promotion, etc., it's quite political, in the sense that it's a political thing, in the sense that... I think it's a bit the case in all countries, let's not lie, but to climb the hierarchy and get a promotion, etc., it's quite political. ça aide d'avoir des bonnes relations avec son supérieur et si on a des points communs, des sujets de conversation, ça peut vraiment être bénéfique pour notre carrière. It helps to have a good relationship with your superior, and if you have things in common, things to talk about, it can really benefit your career. Donc on n'est pas toujours jugés seulement sur nos mérites et nos compétences, mais l'aspect relationnel, effectivement, est plutôt important. So we're not always judged solely on our merits and skills, but the relational aspect is actually rather important. Je pense que c'est le cas, bon, c'est peut-être un stéréotype, mais dans les pays latins en général, c'est quelque chose d'assez répandu à mon avis. I think that's the case, well, maybe it's a stereotype, but in Latin countries in general, it's something quite widespread in my opinion. Ania : Oui, en parlant de la hiérarchie, c'est ce que j'ai remarqué, c'est que ce sentiment de la hiérarchie, justement, est très, très fort chez les Français. Ania: Yes, speaking of hierarchy, that's what I've noticed, that this feeling of hierarchy is very, very strong among the French. C'est très bien marqué, la position de la chef ou du chef dans l'entreprise ou dans l'équipe. The leader's position in the company or in the team is very well marked. J'ai remarqué ça, par exemple, bon moi, en tant que prof, je m'intéresse à la langue et j'ai remarqué ça même dans la façon dont on s'adresse au sein de l'entreprise. I've noticed that, for example, well, as a teacher, I'm interested in language and I've noticed that even in the way we address each other within the company. Ania : Donc, nous, par exemple, en polonais, on n'a que deux formes : on peut soit se tutoyer, soit se vouvoyer, et en français, il y a, on peut dire, une forme hybride. Ania: So, for example, in Polish, we only have two forms: we can either be on familiar terms, or we can call each other "vouvoyer", and in French, there's a sort of hybrid form. Donc, même si on a de bonnes relations avec quelqu'un, même si on travaille avec cette personne depuis longtemps, on utilise par exemple la forme…je sais pas : «Camille, est-ce que vous avez vu…?» Donc, on appelle cette personne par son prénom «Camille», comme si on était vraiment proches, mais après, on continue avec «vous» et ça met une certaine distance. So, even if you've got a good relationship with someone, even if you've been working with them for a long time, you might use the...I don't know: "Camille, have you seen...?" form. So, we call this person by his first name "Camille", as if we were really close, but afterwards, we continue with "you" and that puts a certain distance. Et ça, pour moi, c'était très, très étonnant cette forme que vraiment… On est proches, mais on garde une certaine distance parce qu'on respecte cette hiérarchie et ça, c'est bien particulier, mais c'est à cause de la langue. We're close, but we keep a certain distance because we respect this hierarchy, and that's very particular, but that's because of the language. C'est la particularité de la langue qui est un peu voilà… un miroir des relations dans l'entreprise. It's the peculiarity of language that makes it a mirror of corporate relations. Hugo : C'est vrai, c'est vrai. Hugo: It's true, it's true. Non, complètement. No, completely. Et cette dimension de hiérarchie, on la retrouve beaucoup dans les études, justement, qui analysent les différences de style managériaux d'un pays à l'autre. And this dimension of hierarchy is often found in studies that analyze the differences in managerial styles from one country to another. Et les managers français sont connus pour avoir un respect assez strict de la hiérarchie pour, comme tu l'as dit, vouloir garder une certaine distance avec leurs employés parce que, selon eux, c'est ça qui leur donne une autorité. And French managers are known to have a rather strict respect for hierarchy and, as you said, want to keep a certain distance from their employees because, according to them, that's what gives them authority. Et ça peut être problématique dans certaines cultures où ces rapports sont moins marqués, où l'autorité du manager vient non pas de cette distance et de cette formalité, mais de son expertise ou de ses compétences. And this can be problematic in certain cultures where these relationships are less marked, where the manager's authority comes not from this distance and formality, but from his expertise or skills. Hugo : Mais ça aussi, c'est quelque chose qui change, j'ai l'impression. Hugo: But that's changing too, I think. Notamment parce que les managers maintenant, dont j'aurais pu faire partie, si j'avais continué ma carrière comme c'était prévu, ont eu des expériences à l'étranger, ont fait des stages à l'étranger, ont été exposés à différents types, justement, de management et se rendent compte que ça fonctionne mieux quand on implique les gens pour prendre des décisions plutôt que de le faire de manière unilatérale. Not least because managers now - and I could have been one of them, had I continued my career as planned - have had experience abroad, have done internships abroad, have been exposed to different types of management and realize that it works better when you involve people in decision-making rather than doing it unilaterally. En France, ce qu'on fait en général, c'est qu'on organise une réunion, le chef organise une réunion pour discuter de tout ça et puis après, il dit : «Voilà la décision que j'ai prise.» Les employés ont pas forcément leur mot à dire. In France, what we usually do is organize a meeting, the boss organizes a meeting to discuss all this and then afterwards, he says: "Here's the decision I've made." Employees don't necessarily have a say. C'est… voilà. This is it. Il y a eu un temps d'échange, mais au final, il y a une personne qui tranche, une personne qui décide, c'est le chef. There was time for discussion, but in the end, there's one person who makes the final decision, and that's the boss. Et il n'essaye pas vraiment de les convaincre avec des arguments. And he doesn't really try to convince them with arguments. Mais l'argument ultime, c'est : «moi, je suis le chef.» But the ultimate argument is: "I'm the boss." Ania : Oui sa position est légitime donc il a tout son droit à annoncer des décisions. Ania: Yes, his position is legitimate, so he has every right to announce decisions. Mais oui, c'est vrai. But yes, it's true. Moi aussi, j'ai cette impression que les décisions sont plutôt prises de manière arbitraire. I too have the impression that decisions are made rather arbitrarily. Il y a pas… C'est pas de vraies réunions du brainstorming où on essaye de voir plusieurs possibilités. There's no... It's not real brainstorming meetings where we try to see several possibilities. Dans la plupart des cas, je pense que c'est comme ça. In most cases, I think it's like that. Et toi ? What about you? Parce que toi, tu as fait ton stage à Londres, n'est-ce pas ? Because you did your internship in London, didn't you? Et quelles sont tes observations par rapport au style britannique du management ? And what are your observations on the British style of management?

Hugo : Justement, j'ai trouvé que c'était beaucoup plus informel et que la structure hiérarchique était beaucoup plus plate ou plus horizontale, on va dire. Hugo: Precisely, I found that it was much more informal and that the hierarchical structure was much flatter or more horizontal, so to speak. Par exemple, je me souviens… Donc, moi, j'ai fait un stage pour un grand label de musique qui s'appelle EMI, qui n'existe plus maintenant, mais c'était vraiment une énorme entreprise. For example, I remember... So, I did an internship for a big music label called EMI, which doesn't exist anymore, but it was really a huge company. Et deux semaines après avoir commencé mon stage, il y avait une conférence interne organisée avec des équipes des filiales du monde entier. And two weeks after I started my internship, there was an internal conference organized with teams from subsidiaries all over the world. Et moi, petit stagiaire français, j'étais à la table avec un directeur de label, de label de musique country, je crois. And I, a little French trainee, was at the table with a label director, from a country music label, I think. Enfin, voilà, avec des personnes vraiment qui avaient beaucoup d'expérience. Well, with people who really had a lot of experience. Et il y avait des exercices de brainstorming pour retrouver des nouvelles idées, etc. And there were brainstorming exercises to come up with new ideas and so on.

Hugo : Et ce directeur me demandait mon avis, par exemple, et il savait très bien que j'étais seulement stagiaire, mais on… Voilà, il se disait : «Bah, peut-être que lui, il a un point de vue différent, il a quelque chose… Il peut nous apporter quelque chose.» Et ça, j'ai beaucoup de mal à imaginer une situation similaire dans une entreprise française où voilà… J'aurais même pas pu être assis à la table de cette personne déjà. Hugo: And this manager would ask me for my opinion, for example, and he knew very well that I was only a trainee, but we... He'd say to himself: "Well, maybe he has a different point of view, he has something... He can bring us something." And I find it very hard to imagine a similar situation in a French company where... I wouldn't even have been able to sit at this person's table already. Hugo : Et c'était pas quelque chose de complètement superficiel parce qu'ensuite je me souviens, il y avait une petite pause déjeuner aussi, même si on était à Londres, pendant cette pause déjeuner les… il y avait pas la table des directeurs, la table des stagiaires, etc. Hugo: And it wasn't something completely superficial because then I remember, there was a little lunch break too, even though we were in London, during that lunch break the... there wasn't the directors' table, the trainees' table, etc., there was the lunch break. mais c'était plutôt par équipe. but it was more of a team thing. Et moi, j'étais avec mon équipe, avec aussi bien les directeurs que mes managers, etc. And I was with my team, with the directors, my managers and so on. Alors que, en France, c'est vrai que quand on faisait un stage systématiquement, les stagiaires restaient avec les stagiaires des différentes équipes, se retrouvaient pour leur pause déjeuner, parce qu'on n'était pas vraiment invités à aller manger avec nos managers, par exemple. Whereas, in France, it's true that when we did an internship systematically, trainees stayed with trainees from different teams, meeting up for their lunch break, because we weren't really invited to go and eat with our managers, for example. Ania : Ouais. Ania: Yeah.

Hugo : Donc, ces rapports hiérarchiques sont assez marqués. Hugo: So, these hierarchical relationships are quite marked.

Ania : Ce que tu dis, ça me fait penser aussi à une autre étude assez intéressante qui a été publiée par une société qui s'appelle le Steelcase, il me semble (entreprise). Ania: What you're saying reminds me of another interesting study published by a company called Steelcase. C'est une entreprise qui est spécialisée dans le mobilier de bureau et aménagement d'espaces de travail. The company specializes in office furniture and workspace design. Et même eux, ils ont remarqué que dans des bureaux français, il y a pas vraiment beaucoup de salles de réunion pour toute l'équipe. And even they have noticed that in French offices, there aren't really that many meeting rooms for the whole team. Il y a seulement des salles de… pour les supérieurs, et que tous les espaces des travailleurs sont bien marqués, bien séparés et qu'il y a… il y a pas cette ambiance de partage, bah nulle part à vrai dire. There are only rooms for... for the superiors, and that all the workers' spaces are well marked, well separated and that there's... there's not this atmosphere of sharing, well nowhere really. Donc c'est même visible dans la… tu sais, dans l'aménagement des bureaux français qu'il y a une telle hiérarchie, une division. So it's even visible in the... you know, in the layout of French offices that there's such a hierarchy, a division. Hugo : C'est vrai. Hugo: That's true. Et souvent une bonne pratique managériale pour un manager qui a un bureau, c'est d'avoir… de garder, de laisser sa porte ouverte pour montrer qu'il est ouvert à la discussion, etc. And often a good managerial practice for a manager who has an office is to have... to keep, to leave his door open to show that he's open to discussion, etc.... Mais j'ai remarqué qu'en France en général, les managers qui ont leur bureau, ont leur porte fermée pour montrer qu'ils font un travail important. But I've noticed that in France in general, managers who have their own office have their door closed to show that they're doing important work. C'est ça… On ne doit pas les déranger. That's it... We mustn't disturb them. Et c'est plus difficile, effectivement, de communiquer. And it's actually more difficult to communicate. Hugo : Ça veut pas dire qu'en France, il y a pas d'open space. Hugo: That doesn't mean there aren't any open spaces in France. Evidemment, il y a… l'open space s'est imposé aussi depuis une quinzaine d'années, donc il y a beaucoup d'entreprises où il y a des open space, mais souvent à partir d'un certain rang, d'un certain niveau hiérarchique, les managers ont leur propre bureau séparé et dans ce bureau, ils ont un petit espace de réunion, par exemple pour pouvoir organiser des réunions et les stagiaires sont rarement invités à ces réunions. Obviously, there's... open space has also become the norm over the last fifteen years or so, so there are a lot of companies where there's open space, but often from a certain rank, a certain hierarchical level, managers have their own separate office and in this office, they have a small meeting space, for example to be able to organize meetings and trainees are rarely invited to these meetings. Ania : C'est dommage, c'est bien dommage. Ania: It's a shame, it's a real shame. Hugo : Mais c'est drôle parce que je pensais qu'avec votre histoire, parce que la hiérarchie, c'était aussi quelque chose de très important à l'époque du communisme en Pologne, que peut-être, ça serait un héritage, quelque chose qui serait resté. Hugo: But it's funny because I thought that with your history, because hierarchy was also something very important during the Communist era in Poland, that maybe it would be a legacy, something that would have stuck. Mais bon, j'ai l'impression que ce n'est pas forcément le cas. But then, I have a feeling that's not necessarily the case. Ania : Pas trop. Ania: Not too much. Ou peut-être je sais pas, on veut réaliser un peu l'American dream, on a adopté un peu le style américain, je sais pas, ou vraiment… voilà donc le style des réunions ouvertes où chacun peut s'exprimer. Or maybe, I don't know, we want to realize a bit of the American dream, we've adopted a bit of the American style, I don't know, or really... so here's the style of open meetings where everyone can express themselves. Je sais pas, mais quand je pense… Quand je pense à la base de ces habitudes…je me…. I don't know, but when I think... When I think about the basis of these habits...I get.... je réfléchis aussi… Par exemple, je ne sais pas…. I'm thinking too... For example, I don't know.... Est-ce qu'en France, tu travaillais beaucoup en groupe à l'école où ça se faisait pas ? In France, did you work a lot in groups at school, or was that not the norm? Hugo : À l'université oui, pendant mes études supérieures. Hugo: At university, yes, during my post-graduate studies. Mais c'est vrai qu'à l'école primaire, collège et lycée, très, très peu, c'était assez rare. But it's true that in primary, middle and high school, very, very few, it was quite rare. Ania : Parce que je pense que j'ai lu une interview avec le cofondateur… C'était un cofondateur d'un cabinet de conseil, donc un cabinet qui accompagnait les entreprises dans leur développement, transformation, etc. Ania: Because I think I read an interview with the co-founder... He was a co-founder of a consulting firm, so a firm that supported companies in their development, transformation, etc... Et il a dit que selon lui, c'est ce schéma scolaire qui est assez vertical, disons, qui est adopté aussi dans nos entreprises et que voilà.. Il y a souvent… il y a toujours cette… ce personnage d'un enseignant qui s'adresse à la classe et que les élèves, ils travaillent très peu et très rarement à l'école en groupe. And he said that, in his opinion, it's this rather vertical schooling scheme, let's say, that's also adopted in our companies, and that there you have it. There's often... there's always this... this character of a teacher who addresses the class and that the students, they work very little and very rarely at school in groups. Et je pense que ça se fait assez souvent en Pologne quand même. And I think it's done quite often in Poland. Donc, on a cette habitude de travailler en groupe, je sais pas. So we're used to working in groups, I don't know. Peut-être ça, c'est… ça pourrait être la réponse à cette question. Maybe this is... this could be the answer to that question. Hugo : C'est vrai. Hugo: That's true. Je pense que ça doit être une des raisons. I think that must be one of the reasons. Et en France, en général, on valorise plus les mérites individuels. And in France, in general, we value individual merit more. Donc, chacun est censé se développer et on croit plus qu'une personne plus intelligente ou plus douée que les autres va trouver la solution toute seule plutôt qu'un groupe entier voilà, en travaillant ou en faisant un brainstorming. So everyone is expected to develop, and it's more likely that one person, smarter or more gifted than the others, will come up with the solution on his or her own, rather than a whole group doing the work or brainstorming. Hugo : Donc ça, ça se retrouve aussi dans les réunions c'est… en fait, c'est très rare de faire des réunions pour faire des brainstorming. Hugo: So that's what happens in meetings too, it's... in fact, it's very rare to have meetings to brainstorm. En général, c'est plutôt pour répartir les différentes tâches, pour voilà, organiser le travail, mais pas vraiment pour essayer de trouver une solution tous ensemble, etc. In general, it's more to divide up the various tasks, to organize the work, but not really to try to find a solution together, etc. En général, on pense que le chef ou, voilà, il y a une personne qui est responsable de trouver une solution à ce problème et ensuite elle organise toute l'équipe pour mettre en place, pour implémenter cette solution. In general, we think that the boss or, well, there's one person who's responsible for finding a solution to this problem, and then he or she organizes the whole team to implement this solution. Mais bon, également en France, c'est vrai qu'on a aussi maintenant cette… on regarde vers les Etats-Unis, vers l'Allemagne, vers les pays nordiques pour le management donc on s'adapte aussi et c'est quelque chose qui est en train de changer. But in France too, it's true that we now have this... we look to the United States, to Germany, to the Nordic countries for management, so we're also adapting and that's something that's changing. Hugo : Il y avait un point qui me semblait intéressant quand on a discuté pour préparer cet épisode, c'était un paradoxe que tu as évoqué entre d'un côté, la logique et de l'autre, les sentiments. Hugo: There was one point that struck me as interesting when we were discussing the preparation of this episode, and that was the paradox you mentioned between logic on the one hand and feelings on the other. Qu'est-ce que tu veux dire par là ? What do you mean by that? Ania : Je voulais dire que j'ai l'impression que les Français, ils sont très dans la logique, ça veut dire que pour présenter un projet, par exemple pour, je sais pas, ou pour qu'une décision soit prise, il faut vraiment présenter des arguments concrets, logiques. Ania: I wanted to say that I have the impression that the French are very logical, which means that to present a project, for example for, I don't know, or for a decision to be taken, you really have to present concrete, logical arguments. Il faut…il faut bien montrer quelles seraient les conséquences d'une telle ou telle action. You have to...you have to show what the consequences of such and such an action would be. Et ça m'étonne pas parce que toute cette philosophie du rationalisme est très, très bien… très fortement ancrée dans la culture française. And I'm not surprised, because this whole philosophy of rationalism is very, very well... very strongly rooted in French culture. Ania : Mais de l'autre côté, je me souviens d'avoir entendu plusieurs fois cette question… Donc, on discute, on discute d'un projet ou, je sais pas, d'une tâche à faire et puis, il y a cette question de la part d'un Français ou d'une Française : «Et toi, comment tu le sens, ce projet ? Ania: But on the other hand, I remember hearing this question several times... So, we're talking, we're discussing a project or, I don't know, a task to be done and then there's this question from a French person: "And how do you feel about this project? «Et toi, comment tu le sens ?» Et donc, tout d'un coup… moi, je…voilà on se réfère à nos sentiments, on fait référence à nos sentiments. "And you, how do you feel?" And so, all of a sudden...me, I...here we are referring to our feelings, we're referring to our feelings. Oui, et ça, ça m'a étonnée. Yes, and that surprised me. Au début, ça, ça m'a vraiment étonnée. That really surprised me at first. Et je sais pas, à vrai dire, quelle est la raison et pourquoi ils ont posé cette question. And I don't know, to tell you the truth, what the reason is and why they asked that question. Mais c'est comme je sais pas… c'est comme s'ils recouraient à l'intuition ou… C'était bizarre. But it's like I don't know... it's like they're using intuition or... It was weird. Hugo : Peut-être que ouais… On a tous ces arguments et tous ces plans, ces stratégies, mais on essaye aussi de laisser une place, peut-être à l'instinct, en particulier les personnes qui ont beaucoup d'expérience. Hugo: Maybe, yeah... We have all these arguments and all these plans, these strategies, but we also try to leave room, maybe for instinct, especially people with a lot of experience. Ça, je me rappelle que j'avais rencontré ce cas aussi à Londres où, en fait, moi, j'étais dans une équipe qui, donc c'était le Consumer Insight. I remember that I also came across this case in London where, in fact, I was part of a team that, so it was Consumer Insight. Donc, en fait, on analysait comment tel artiste fonctionnait auprès de tel groupe, dans la population, auprès des jeunes, auprès des femmes célibataires donc, on avait différents segments comme ça. So, in fact, we analyzed how such and such an artist worked with such and such a group, in the population, with young people, with single women, so we had different segments like that.

Hugo : Et en fonction de ces données, de ces études, on essayait de choisir quel single… On essayait de choisir un titre qui serait le single principal d'un album, par exemple. Hugo: And based on this data, these studies, we tried to choose which single... We tried to choose a track that would be the lead single of an album, for example. Ou alors, comment faire la promotion ? Or how do you promote it? Quels canaux de communication utiliser en fonction de nos cibles ? Which communication channels should we use to reach our target audiences? Donc, on avait toutes ces données, toutes ces études, mais en face, parfois, il y avait un directeur de label qui disait : «Oui, ok, c'est très bien tous ces chiffres, mais moi, ça fait 20 ans que je fais ce métier. So we had all these data, all these studies, but on the other side of the coin, sometimes a label manager would say: "Yes, okay, it's all very well to have all these figures, but I've been in this business for 20 years. Je sais quel single va fonctionner et j'ai pas besoin que vous me donniez de conseils». I know which single will work and I don't need any advice from you". Donc ça aussi, je pense que c'est quelque chose qui vient avec l'âge, avec l'expérience, voilà. So that too, I think, is something that comes with age and experience. On est très confiant… on a énormément confiance en son instinct et on se réfère moins à la logique et à la rationalité peut-être. We're very confident... we trust our instincts enormously, and rely less on logic and rationality perhaps.

Ania : Oui, les chiffres, c'est pas tout. Ania: Yes, numbers aren't everything. Hugo : Ok. je pense qu'on a fait le tour des points qu'on voulait évoquer. I think we've covered everything we wanted to talk about. Bon, en conclusion, travailler avec des Français, c'est cool, pas cool ? So, in conclusion, working with the French is cool, isn't it? Qu'est-ce que t'en penses ? What do you think? Ania : C'est trop cool ! Ania: That's so cool! C'est toujours cool de travailler avec des gens d'une autre culture. It's always cool to work with people from another culture. Donc oui ! So yes!

Hugo : Ok, très bien. Hugo: Okay, fine. Si vous aussi, vous avez des témoignages, des expériences, des commentaires, des choses à partager sur ce sujet, n'hésitez pas à aller sur innerfrench.com et laisser un petit commentaire sur la page de l'épisode. If you too have testimonials, experiences, comments, things to share on this subject, please go to innerfrench.com and leave a little comment on the episode page. Je suis sûr qu'il va y avoir des discussions et des débats enflammés. Et nous, on vous dit à bientôt et on se retrouve dans deux semaines pour un nouvel épisode. Ciao !

Ania : À bientôt !