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Le bouchon de cristal, Maurice Leblanc, III. — La vie privée d’Alexis Daubrecq. (3)

III. — La vie privée d'Alexis Daubrecq. (3)

— Oui, l'autre nuit, dans son hôtel… j'ai vu votre geste… Elle fit un mouvement pour s'enfuir. Il la retint et vivement :

— Il faut que je sache qui vous êtes… C'est pour le savoir que j'ai fait téléphoner à Daubrecq. Elle s'effara. — Comment, ce n'est donc pas le marquis d'Albufex ? — Non, c'est un de mes complices. — Alors, Daubrecq va revenir ?…

— Oui, mais nous avons le temps… Écoutez-moi… Il faut que nous nous retrouvions… Il est votre ennemi… Je vous sauverai de lui…

— Pourquoi ? Dans quel but ?

— Ne vous défiez pas de moi… Il est certain que notre intérêt est le même… Où puis-je vous retrouver ? Demain, n'est-ce pas ? À quelle heure ?… À quel endroit ? — Eh bien ?

Elle le regardait avec une hésitation visible, ne sachant que faire, sur le point de parler, et pourtant pleine d'inquiétude et de doute. Il la pressa.

— Oh ! je vous en supplie !… répondez… un moment seulement… et tout de suite… Il serait déplorable qu'on me trouvât ici… je vous en supplie. D'une voix nette, elle répliqua : — Mon nom… c'est inutile… Nous nous verrons d'abord, et vous m'expliquerez… Oui, nous nous verrons. Tenez demain, à trois heures de l'après-midi, au coin du boulevard… À ce moment précis, la porte de la baignoire s'ouvrit, d'un coup de poing pour ainsi dire, et Daubrecq parut. — Zut de zut ! marmotta Lupin, furieux d'être pincé avant d'avoir obtenu ce qu'il voulait. Daubrecq eut un ricanement.

— C'est bien cela… je me doutais de quelque chose… Ah ! le truc du téléphone, un peu démodé, monsieur. Je n'étais pas à moitié route que j'ai tourné bride. Il repoussa Lupin sur le devant de la loge, et s'asseyant à côté de la dame il dit : — Et alors, mon prince, qui sommes-nous ? Domestique à la préfecture, probablement ? Nous avons bien la gueule de l'emploi. Il dévisageait Lupin, qui ne sourcillait pas, et il cherchait à mettre un nom sur cette figure, mais il ne reconnut pas celui qu'il avait appelé Polonius. Lupin, sans le quitter des yeux non plus, réfléchissait. Pour rien au monde il n'eût voulu abandonner la partie au point où il l'avait menée, et renoncer à s'entendre, puisque l'occasion était si propice, avec la mortelle ennemie de Daubrecq. Elle, immobile en son coin, les observait tous deux.

Lupin prononça :

— Sortons, monsieur, l'entretien sera plus facile dehors. — Ici, mon prince, riposta le député, il aura lieu ici, tout à l'heure, pendant l'entr'acte. Comme cela, nous ne dérangerons personne.

— Mais…

— Pas la peine, mon bonhomme, tu ne bougeras pas.

Et il saisit Lupin au collet, avec l'intention évidente de ne plus le lâcher avant l'entr'acte. Geste imprudent… Comment Lupin eût-il consenti à rester dans une pareille attitude, et surtout devant une femme, une femme à laquelle il avait offert son alliance, une femme — et pour la première fois il pensait à cela — qui était belle et dont la beauté grave lui plaisait. Tout son orgueil d'homme se cabra. Pourtant il se tut. Il accepta sur son épaule la pesée lourde de la main, et même il se cassa en deux, comme vaincu, impuissant, presque peureux.

— Ah ! drôle, railla le député, il paraît qu'on ne crâne plus. Sur la scène les acteurs, en grand nombre, disputaient et faisaient du bruit.

Daubrecq ayant un peu desserré son étreinte, Lupin jugea le moment favorable.

Violemment, avec le coupant de la main, il le frappa au creux du bras, ainsi qu'il eût fait avec une hache. La douleur décontenança Daubrecq. Lupin acheva de se dégager et s'élança sur lui pour le prendre à la gorge. Mais Daubrecq, aussitôt sur la défensive, avait fait un mouvement de recul, et leurs quatre mains se saisirent.

Elles se saisirent avec une énergie surhumaine, toute la force des deux adversaires se concentrant en elles. Celles de Daubrecq étaient monstrueuses, et Lupin, happé par cet étau de fer, eut l'impression qu'il combattait, non pas avec un homme, mais avec quelque bête formidable, un gorille de taille colossale. Ils se tenaient contre la porte, courbés comme des lutteurs qui se tâtent et cherchent à s'empoigner. Des os craquèrent. À la première défaillance, le vaincu était pris à la gorge, étranglé. Et cela se passait dans un silence brusque, les acteurs sur la scène écoutant l'un d'eux qui parlait à voix basse. La femme, écrasée contre la cloison, terrifiée, les regardait. Que, par un geste, elle prît parti pour l'un ou pour l'autre, la victoire aussitôt se décidait pour celui-là. Mais qui soutiendrait-elle ? Qu'est-ce que Lupin pouvait représenter à ses yeux ? un ami ou un ennemi ?

Vivement, elle gagna le devant de la baignoire, enfonça l'écran, et, le buste penché, sembla faire un signe. Puis elle revint et tâcha de se glisser jusqu'à la porte. Lupin, comme s'il eût voulu l'aider, lui dit : — Enlevez donc la chaise.

Il parlait d'une lourde chaise qui était tombée, qui le séparait de Daubrecq, et par-dessus laquelle ils combattaient. La femme se baissa et tira la chaise. C'était ce que Lupin attendait. Délivré de l'obstacle, il allongea sur la jambe de Daubrecq un coup de pied sec avec la pointe de sa bottine. Le résultat fut le même que pour le coup qu'il avait donné sur le bras. La douleur provoqua une seconde d'effarement, de distraction, dont il profita aussitôt pour rabattre les mains tendues de Daubrecq, et pour lui planter ses dix doigts autour de la gorge et de la nuque. Daubrecq résista. Daubrecq essaya d'écarter les mains qui l'étouffaient, mais il suffoquait déjà et ses forces diminuaient. — Ah ! vieux singe ! grogna Lupin en le renversant. Pourquoi n'appelles-tu pas au secours ? Faut-il que tu aies peur du scandale !

Au bruit de la chute, on frappa contre la cloison, de l'autre côté. — Allez toujours, fit Lupin à mi-voix, le drame est sur la scène. Ici, c'est mon affaire, et jusqu'à ce que j'aie maté ce gorille-là… Ce ne fut pas long. Le député suffoquait. D'un coup sur la mâchoire, il l'étourdit. Il ne restait plus à Lupin qu'à entraîner la femme et à s'enfuir avec elle avant que l'alarme ne fût donnée. Mais, quand il se retourna, il s'aperçut que la femme était partie. Elle ne pouvait être loin. Ayant sauté hors de la loge, il se mit à courir, sans se soucier des ouvreuses et des contrôleurs.

De fait, arrivé à la rotonde du rez-de-chaussée, il l'aperçut, par une porte ouverte, qui traversait le trottoir de la Chaussée d'Antin. Elle montait en auto quand il la rejoignit.

La portière se referma sur elle.

Il saisit la poignée et voulut tirer.

Mais, de l'intérieur, un individu surgit, qui lui envoya son poing dans la figure, moins habilement, mais aussi violemment qu'il avait envoyé le sien dans la figure de Daubrecq. Si étourdi qu'il fût par le choc, il eut tout de même le temps, dans une vision effarée, de reconnaître cet individu, et de reconnaître aussi, sous son déguisement de chauffeur, l'individu qui conduisait l'automobile. C'étaient Grognard et Le Ballu, les deux hommes chargés des barques, le soir d'Enghien, deux amis de Gilbert et de Vaucheray, bref deux de ses complices à lui, Lupin. Quand il fut dans son logis de la rue Chateaubriand, Lupin, après avoir lavé son visage ensanglanté, resta plus d'une heure dans un fauteuil, comme assommé. Pour la première fois, il éprouvait la douleur d'être trahi. Pour la première fois, des camarades de combat se retournaient contre leur chef.

Machinalement, dans le but de se distraire, il prit son courrier du soir et déchira la bande d'un journal. Aux dernières nouvelles, il lut ces lignes :

« Affaire de la villa Marie-Thérèse. On a fini par découvrir la véritable identité de Vaucheray, un des assassins présumés du domestique Léonard. C'est un bandit de la pire espèce, un récidiviste, et deux fois, sous un autre nom, condamné par contumace pour assassinat. » Nul doute que l'on ne finisse par découvrir également le vrai nom de son complice Gilbert. Dans tous les cas le juge d'instruction est résolu à renvoyer l'affaire le plus vite possible devant la chambre des mises en accusation. » On ne se plaindra pas des lenteurs de la justice. Au milieu d'autres journaux et de prospectus, il y avait une lettre. Lupin, en l'apercevant, bondit. Elle était adressée à M. de Beaumont (Michel).

— Ah ! balbutia-t-il, une lettre de Gilbert.

Elle contenait ces quelques mots :

« Patron, au secours ! j'ai peur… j'ai peur… » Cette nuit-là encore fut pour Lupin une nuit d'insomnie et de cauchemars. Cette nuit-là encore, d'abominables, de terrifiantes visions le torturèrent.


III. — La vie privée d’Alexis Daubrecq. (3) III. - The private life of Alexis Daubrecq (3)

— Oui, l'autre nuit, dans son hôtel… j'ai vu votre geste… Elle fit un mouvement pour s'enfuir. Il la retint et vivement :

— Il faut que je sache qui vous êtes… C'est pour le savoir que j'ai fait téléphoner à Daubrecq. - I need to know who you are... That's why I had Daubrecq telephone. Elle s'effara. She was frightened. — Comment, ce n'est donc pas le marquis d'Albufex ? - What do you mean, it's not the Marquis d'Albufex? — Non, c'est un de mes complices. — Alors, Daubrecq va revenir ?…

— Oui, mais nous avons le temps… Écoutez-moi… Il faut que nous nous retrouvions… Il est votre ennemi… Je vous sauverai de lui… - Yes, but there's time... Listen to me... We have to find each other... He's your enemy... I'll save you from him...

— Pourquoi ? Dans quel but ?

— Ne vous défiez pas de moi… Il est certain que notre intérêt est le même… Où puis-je vous retrouver ? - Don't distrust me... It's certain that our interests are the same... Where can I find you? Demain, n'est-ce pas ? Tomorrow, right? À quelle heure ?… À quel endroit ? — Eh bien ?

Elle le regardait avec une hésitation visible, ne sachant que faire, sur le point de parler, et pourtant pleine d'inquiétude et de doute. She looked at him with visible hesitation, not knowing what to do, about to speak, and yet full of worry and doubt. Il la pressa.

— Oh ! je vous en supplie !… répondez… un moment seulement… et tout de suite… Il serait déplorable qu'on me trouvât ici… je vous en supplie. It would be deplorable if I were to be found here... I beg you! D'une voix nette, elle répliqua : — Mon nom… c'est inutile… Nous nous verrons d'abord, et vous m'expliquerez… Oui, nous nous verrons. - My name... it's useless... We'll meet first, and you'll explain... Yes, we'll meet. Tenez demain, à trois heures de l'après-midi, au coin du boulevard… À ce moment précis, la porte de la baignoire s'ouvrit, d'un coup de poing pour ainsi dire, et Daubrecq parut. — Zut de zut ! - Helvetti! marmotta Lupin, furieux d'être pincé avant d'avoir obtenu ce qu'il voulait. Lupin mutisi raivoissaan jäätyään kiinni ennen kuin sai haluamansa. Daubrecq eut un ricanement.

— C'est bien cela… je me doutais de quelque chose… Ah ! - That's right... I suspected something... Ah! le truc du téléphone, un peu démodé, monsieur. Je n'étais pas à moitié route que j'ai tourné bride. I wasn't halfway there when I turned around. En ollut vielä puolivälissäkään, kun käännyin ympäri. Il repoussa Lupin sur le devant de la loge, et s'asseyant à côté de la dame il dit : — Et alors, mon prince, qui sommes-nous ? - So, my prince, who are we? Domestique à la préfecture, probablement ? Nous avons bien la gueule de l'emploi. We've got the look of a job. Il dévisageait Lupin, qui ne sourcillait pas, et il cherchait à mettre un nom sur cette figure, mais il ne reconnut pas celui qu'il avait appelé Polonius. He stared at Lupin, who didn't bat an eyelid, and tried to put a name to this figure, but he didn't recognize the one he'd called Polonius. Lupin, sans le quitter des yeux non plus, réfléchissait. Lupin, without taking his eyes off him either, was thinking. Pour rien au monde il n'eût voulu abandonner la partie au point où il l'avait menée, et renoncer à s'entendre, puisque l'occasion était si propice, avec la mortelle ennemie de Daubrecq. For nothing in the world would he have wanted to abandon the game at the point at which he had brought it to a head, and forgo the opportunity to come to terms, since the occasion was so propitious, with Daubrecq's mortal enemy. Missään nimessä hän ei olisi halunnut hylätä peliä siinä vaiheessa, kun se oli kärjistynyt, ja luopua ajatuksesta päästä sopimukseen Daubrecqin kuolemanvihollisen kanssa, koska tilaisuus oli niin otollinen. Elle, immobile en son coin, les observait tous deux.

Lupin prononça :

— Sortons, monsieur, l'entretien sera plus facile dehors. - Let's get out of here, sir. It'll be easier to talk outside. — Ici, mon prince, riposta le député, il aura lieu ici, tout à l'heure, pendant l'entr'acte. - Here, my prince," retorted the deputy, "it will take place here, just now, during the entr'acte. Comme cela, nous ne dérangerons personne. That way, we won't disturb anyone.

— Mais…

— Pas la peine, mon bonhomme, tu ne bougeras pas. - Don't bother, my good man, you're not moving. - Älä vaivaudu, hyvä mies, et liiku.

Et il saisit Lupin au collet, avec l'intention évidente de ne plus le lâcher avant l'entr'acte. And he grabbed Lupin by the collar, clearly intending not to let go until the entr'acte. Geste imprudent… Comment Lupin eût-il consenti à rester dans une pareille attitude, et surtout devant une femme, une femme à laquelle il avait offert son alliance, une femme — et pour la première fois il pensait à cela — qui était belle et dont la beauté grave lui plaisait. An imprudent gesture... How could Lupin have consented to remain in such an attitude, especially in front of a woman, a woman to whom he had offered his wedding ring, a woman - and for the first time he thought about it - who was beautiful and whose grave beauty appealed to him. Tout son orgueil d'homme se cabra. All his manly pride reared its ugly head. Pourtant il se tut. Il accepta sur son épaule la pesée lourde de la main, et même il se cassa en deux, comme vaincu, impuissant, presque peureux. He accepted the heavy weight of the hand on his shoulder, and even broke in two, as if defeated, powerless, almost fearful.

— Ah ! drôle, railla le député, il paraît qu'on ne crâne plus. Funny," scoffed the deputy, "I hear we don't skull anymore. Hassua, naureskeli kansanedustaja, - olen kuullut, että ihmiset eivät enää leveile. Sur la scène les acteurs, en grand nombre, disputaient et faisaient du bruit.

Daubrecq ayant un peu desserré son étreinte, Lupin jugea le moment favorable.

Violemment, avec le coupant de la main, il le frappa au creux du bras, ainsi qu'il eût fait avec une hache. Er schlug ihm mit der Hand in die Armbeuge, wie mit einer Axt. Violently, with the cutting edge of his hand, he struck him in the crook of the arm, as he would have done with an axe. La douleur décontenança Daubrecq. The pain disconcerted Daubrecq. Lupin acheva de se dégager et s'élança sur lui pour le prendre à la gorge. Lupin finished freeing himself and lunged at him, grabbing him by the throat. Mais Daubrecq, aussitôt sur la défensive, avait fait un mouvement de recul, et leurs quatre mains se saisirent. But Daubrecq, immediately on the defensive, had stepped back, and their four hands clasped.

Elles se saisirent avec une énergie surhumaine, toute la force des deux adversaires se concentrant en elles. They seized each other with superhuman energy, all the strength of the two adversaries concentrated in them. Celles de Daubrecq étaient monstrueuses, et Lupin, happé par cet étau de fer, eut l'impression qu'il combattait, non pas avec un homme, mais avec quelque bête formidable, un gorille de taille colossale. Daubrecq's were monstrous, and Lupin, caught in this iron vise, felt as if he were fighting not a man, but some formidable beast, a gorilla of colossal size. Ils se tenaient contre la porte, courbés comme des lutteurs qui se tâtent et cherchent à s'empoigner. They stood against the door, bent over like wrestlers groping and reaching for each other. Des os craquèrent. Bones cracked. À la première défaillance, le vaincu était pris à la gorge, étranglé. Et cela se passait dans un silence brusque, les acteurs sur la scène écoutant l'un d'eux qui parlait à voix basse. And this happened in abrupt silence, the actors on stage listening to one of them speaking in a low voice. La femme, écrasée contre la cloison, terrifiée, les regardait. Que, par un geste, elle prît parti pour l'un ou pour l'autre, la victoire aussitôt se décidait pour celui-là. Whether she made a gesture in favor of one or the other, victory was immediately decided in favor of the former. Mais qui soutiendrait-elle ? But who would she support? Qu'est-ce que Lupin pouvait représenter à ses yeux ? What was Lupin to her? un ami ou un ennemi ?

Vivement, elle gagna le devant de la baignoire, enfonça l'écran, et, le buste penché, sembla faire un signe. Sie ging schnell zur Vorderseite der Badewanne, drückte den Bildschirm herunter und schien mit vorgebeugtem Oberkörper ein Zeichen zu geben. Quickly, she moved to the front of the bathtub, pushed in the screen and, with her chest bent, seemed to make a sign. Puis elle revint et tâcha de se glisser jusqu'à la porte. Dann kam sie zurück und versuchte, sich zur Tür zu schleichen. Then she came back and tried to slip out the door. Lupin, comme s'il eût voulu l'aider, lui dit : Lupin sagte, als ob er ihm hätte helfen wollen: Lupin, as if he wanted to help him, said: — Enlevez donc la chaise. - Entfernen Sie daher den Stuhl. - Remove the chair.

Il parlait d'une lourde chaise qui était tombée, qui le séparait de Daubrecq, et par-dessus laquelle ils combattaient. Er sprach von einem schweren Stuhl, der umgefallen war, der ihn von Daubrecq trennte und über den sie kämpften. He was talking about a heavy chair that had fallen, separating him from Daubrecq, and over which they were fighting. La femme se baissa et tira la chaise. Die Frau bückte sich und zog den Stuhl zurück. The woman bent down and pulled out the chair. C'était ce que Lupin attendait. This was what Lupin had been waiting for. Délivré de l'obstacle, il allongea sur la jambe de Daubrecq un coup de pied sec avec la pointe de sa bottine. Nachdem er sich von dem Hindernis befreit hatte, versetzte er Daubrecq mit der Spitze seines Stiefels einen kräftigen Tritt auf das Bein. Free of the obstacle, he gave Daubrecq's leg a sharp kick with the toe of his boot. Le résultat fut le même que pour le coup qu'il avait donné sur le bras. The result was the same as the blow to the arm. La douleur provoqua une seconde d'effarement, de distraction, dont il profita aussitôt pour rabattre les mains tendues de Daubrecq, et pour lui planter ses dix doigts autour de la gorge et de la nuque. The pain provoked a second of dismay, of distraction, which he immediately took advantage of to bring Daubrecq's outstretched hands down, and to plant his ten fingers around his throat and neck. Daubrecq résista. Daubrecq essaya d'écarter les mains qui l'étouffaient, mais il suffoquait déjà et ses forces diminuaient. — Ah ! vieux singe ! old monkey! grogna Lupin en le renversant. Lupin growled, knocking it over. Pourquoi n'appelles-tu pas au secours ? Why don't you call for help? Faut-il que tu aies peur du scandale !

Au bruit de la chute, on frappa contre la cloison, de l'autre côté. At the sound of the fall, someone knocked against the partition on the other side. — Allez toujours, fit Lupin à mi-voix, le drame est sur la scène. - Go on," Lupin said half-heartedly, "the drama's on stage. Ici, c'est mon affaire, et jusqu'à ce que j'aie maté ce gorille-là… This is my business, and until I've dealt with that gorilla... Tämä on minun asiani, ja ennen kuin olen paininut sen gorillan maahan, - Ce ne fut pas long. It didn't take long. Se ei kestänyt kauan. Le député suffoquait. D'un coup sur la mâchoire, il l'étourdit. With a blow to the jaw, he stunned her. Il ne restait plus à Lupin qu'à entraîner la femme et à s'enfuir avec elle avant que l'alarme ne fût donnée. All that remained was for Lupin to drag the woman away and escape with her before the alarm was raised. Mais, quand il se retourna, il s'aperçut que la femme était partie. But when he turned around, he saw that the woman had gone. Elle ne pouvait être loin. Ayant sauté hors de la loge, il se mit à courir, sans se soucier des ouvreuses et des contrôleurs. Having jumped out of the dressing room, he began to run, heedless of the ushers and controllers.

De fait, arrivé à la rotonde du rez-de-chaussée, il l'aperçut, par une porte ouverte, qui traversait le trottoir de la Chaussée d'Antin. In fact, when he reached the rotunda on the first floor, he saw her, through an open door, crossing the Chaussée d'Antin sidewalk. Elle montait en auto quand il la rejoignit. She was getting into the car when he joined her.

La portière se referma sur elle. The door closed on her.

Il saisit la poignée et voulut tirer. He grabbed the handle and pulled.

Mais, de l'intérieur, un individu surgit, qui lui envoya son poing dans la figure, moins habilement, mais aussi violemment qu'il avait envoyé le sien dans la figure de Daubrecq. Doch aus dem Inneren tauchte eine Person auf, die ihm seine Faust ins Gesicht schlug, weniger geschickt, aber genauso heftig, wie er seine eigene ins Gesicht von Daubrecq geschlagen hatte. But then, from inside, an individual appeared and thrust his fist into Daubrecq's face, less skillfully but just as violently as he had thrust his own into Daubrecq's face. Mutta sisältä ilmestyi henkilö, joka heitti nyrkkinsä Daubrecqin kasvoihin, vähemmän taitavasti mutta yhtä rajusti kuin hän oli heittänyt oman nyrkkinsä Daubrecqin kasvoihin. Si étourdi qu'il fût par le choc, il eut tout de même le temps, dans une vision effarée, de reconnaître cet individu, et de reconnaître aussi, sous son déguisement de chauffeur, l'individu qui conduisait l'automobile. Stunned as he was by the impact, he still had time to recognize the man in a frightened vision, and also, under his chauffeur's disguise, the person driving the car. C'étaient Grognard et Le Ballu, les deux hommes chargés des barques, le soir d'Enghien, deux amis de Gilbert et de Vaucheray, bref deux de ses complices à lui, Lupin. Quand il fut dans son logis de la rue Chateaubriand, Lupin, après avoir lavé son visage ensanglanté, resta plus d'une heure dans un fauteuil, comme assommé. When he arrived at his home in the rue Chateaubriand, Lupin washed his bloodied face and remained in an armchair for over an hour, as if stunned. Pour la première fois, il éprouvait la douleur d'être trahi. For the first time, he felt the pain of betrayal. Pour la première fois, des camarades de combat se retournaient contre leur chef. For the first time, fellow soldiers turned against their leader.

Machinalement, dans le but de se distraire, il prit son courrier du soir et déchira la bande d'un journal. Machinically, in an attempt to distract himself, he picked up his evening mail and tore off a newspaper strip. Aux dernières nouvelles, il lut ces lignes : Last he heard, he read these lines:

« Affaire de la villa Marie-Thérèse. "The Villa Marie-Thérèse affair. On a fini par découvrir la véritable identité de Vaucheray, un des assassins présumés du domestique Léonard. The true identity of Vaucheray, one of the alleged murderers of the servant Léonard, was finally discovered. C'est un bandit de la pire espèce, un récidiviste, et deux fois, sous un autre nom, condamné par contumace pour assassinat. He's a bandit of the worst kind, a repeat offender, and twice, under a different name, convicted in absentia of murder. » Nul doute que l'on ne finisse par découvrir également le vrai nom de son complice Gilbert. "No doubt we'll end up discovering his accomplice Gilbert's real name too. Dans tous les cas le juge d'instruction est résolu à renvoyer l'affaire le plus vite possible devant la chambre des mises en accusation. In all cases, the examining magistrate is determined to refer the case to the indictment division as quickly as possible. Kaikissa tapauksissa tutkintatuomari on päättänyt siirtää asian mahdollisimman nopeasti syyteosastolle. » On ne se plaindra pas des lenteurs de la justice. "We won't complain about the slowness of the justice system. Au milieu d'autres journaux et de prospectus, il y avait une lettre. Among other newspapers and flyers, there was a letter. Lupin, en l'apercevant, bondit. Lupin, catching sight of him, leapt to his feet. Elle était adressée à M. de Beaumont (Michel).

— Ah ! balbutia-t-il, une lettre de Gilbert.

Elle contenait ces quelques mots : It contained these few words:

« Patron, au secours ! j'ai peur… j'ai peur… » Cette nuit-là encore fut pour Lupin une nuit d'insomnie et de cauchemars. Cette nuit-là encore, d'abominables, de terrifiantes visions le torturèrent. That night again, abominable, terrifying visions tortured him.