×

Nous utilisons des cookies pour rendre LingQ meilleur. En visitant le site vous acceptez nos Politique des cookies.


image

Le bouchon de cristal, Maurice Leblanc, I — Arrestations (2)

I — Arrestations (2)

il était attaché…

— Il avait défait ses liens et repris son revolver.

— La canaille ! où est-il ?

Lupin saisit la lampe et passa dans l'office. Le domestique gisait sur le dos, les bras en croix, un poignard planté dans la gorge, la face livide. Un filet rouge coulait de sa bouche.

— Ah ! balbutia Lupin, après l'avoir examiné… il est mort !

— Vous croyez… Vous croyez… fit Gilbert, d'une voix tremblante.

— Mort, je te dis.

Gilbert bredouilla :

— C'est Vaucheray… qui l'a frappé…

Pâle de colère, Lupin l'empoigna.

— C'est Vaucheray… et toi aussi, gredin puisque tu étais là, et que tu as laissé faire… Du sang ! du sang ! vous savez bien que je n'en veux pas. On se laisse tuer plutôt. Ah ! tant pis pour vous, mes gaillards… vous paierez la casse s'il y a lieu. Et ça coûte cher… Gare la Veuve !

La vue du cadavre le bouleversait, et secouant brutalement Gilbert :

— Pourquoi ?… pourquoi Vaucheray l'a-t-il tué ?

— Il voulait le fouiller et lui prendre la clef du placard. Quand il s'est penché sur lui, il a vu que l'autre s'était délié les bras… Il a eu peur… et il a frappé…

— Mais le coup de revolver ?

— C'est Léonard… il avait l'arme à la main… Avant de mourir, il a encore eu la force de viser…

— Et la clef du placard ?

— Vaucheray l'a prise…

— Il a ouvert ?

— Oui.

— Et il a trouvé ?

— Oui.

— Et toi, tu as voulu lui arracher l'objet… Quel objet ?… Le reliquaire ? Non, c'était plus petit… Alors, quoi ? réponds donc…

Au silence, à l'expression résolue de Gilbert, il comprit qu'il n'obtiendrait pas de réponse. Avec un geste de menace, il articula :

— Tu causeras, mon bonhomme. Foi de Lupin, je te ferai cracher ta confession. Mais pour l'instant il s'agit de déguerpir. Tiens, aide-moi… nous allons embarquer Vaucheray…

Ils étaient revenus vers la salle, et Gilbert se penchait au-dessus du blessé, quand Lupin l'arrêta :

— Écoute !

Ils échangèrent un même regard d'inquiétude… On parlait dans l'office… une voix très basse, étrange, très lointaine… Pourtant, ils s'en assurèrent aussitôt, il n'y avait personne dans la pièce, personne que le mort, dont ils voyaient la silhouette sombre.

Et la voix parla de nouveau, tour à tour aiguë, étouffée, chevrotante, inégale, criarde, terrifiante. Elle prononçait des mots indistincts, des syllabes interrompues.

Lupin sentit que son crâne se couvrait de sueur. Qu'était-ce que cette voix incohérente, mystérieuse comme une voix d'outre-tombe ?

Il s'était baissé sur le domestique. La voix se tut, puis recommença.

— Éclaire-nous mieux, dit-il à Gilbert.

Il tremblait un peu, agité par une peur nerveuse qu'il ne pouvait dominer, car aucun doute n'était possible : Gilbert ayant enlevé l'abat-jour, il constata que la voix sortait du cadavre même, sans qu'un soubresaut en remuât la masse inerte, sans que la bouche sanglante eût un frémissement.

— Patron, j'ai la frousse, bégaya Gilbert.

Le même bruit encore, le même chuchotement nasillard.

Lupin éclata de rire, et rapidement il saisit le cadavre et le déplaça.

— Parfait ! dit-il en apercevant un objet de métal brillant. Parfait ! nous y sommes… Eh bien, vrai, j'y ai mis le temps !

C'était, à la place même qu'il avait découverte, le cornet récepteur d'un appareil téléphonique dont le fil remontait jusqu'au poste fixé dans le mur, à la hauteur habituelle.

Lupin appliqua ce récepteur contre son oreille. Presque aussitôt le bruit recommença, mais un bruit multiple, composé d'appels divers, d'interjections, de clameurs entre-croisées, le bruit que font plusieurs personnes qui s'interpellent.

« Êtes-vous là ?… Il ne répond plus… C'est horrible… On l'aura tué… Êtes-vous là ?… Qu'y a t-il ?… Du courage… Le secours est en marche… des agents… des soldats… »

— Crédieu ! fit Lupin, qui lâcha le récepteur.

En une vision effrayante, la vérité lui apparaissait. Tout au début, et tandis que le déménagement s'effectuait, Léonard, dont les liens n'étaient pas rigides, avait réussi à se dresser, à décrocher le récepteur, probablement avec ses dents, à le faire tomber et à demander du secours au bureau téléphonique d'Enghien.

Et c'était là les paroles que Lupin avait surprises une fois déjà, après le départ de la première barque « Au secours… à l'assassin ! On va me tuer… »

Et c'était là maintenant la réponse du bureau téléphonique. La police accourait. Et Lupin se rappelait les rumeurs qu'il avait perçues du jardin, quatre ou cinq minutes auparavant tout au plus.

— La police… sauve qui peut, proféra-t-il en se ruant à travers la salle à manger.

Gilbert objecta :

— Et Vaucheray ?

— Tant pis pour lui.

Mais Vaucheray, sorti de sa torpeur, le supplia au passage :

— Patron, vous n'allez pas me lâcher comme ça !

Lupin s'arrêta, malgré le péril, et, avec l'assistance de Gilbert, il soulevait le blessé, quand un tumulte se produisit dehors.

— Trop tard dit-il.

À ce moment, des coups ébranlèrent la porte du vestibule qui donnait sur la façade postérieure. Il courut à la porte du perron : des hommes avaient déjà contourné la maison et se précipitaient. Peut-être aurait-il réussi à prendre de l'avance et à gagner le bord de l'eau ainsi que Gilbert. Mais comment s'embarquer et fuir sous le feu de l'ennemi ?

Il ferma et mit le verrou.

— Nous sommes cernés… fichus… bredouilla Gilbert.

— Tais-toi, dit Lupin.

— Mais ils nous ont vus, patron. Tenez les voilà qui frappent.

— Tais-toi, répéta Lupin… Pas un mot… Pas un geste.

Lui-même demeurait impassible, le visage absolument calme, l'attitude pensive de quelqu'un qui a tous les loisirs nécessaires pour examiner une situation délicate sous toutes ses faces. Il se trouvait à l'un de ces instants qu'il appelait les minutes supérieures de la vie, celles qui seulement donnent à l'existence sa valeur et son prix. En cette occurrence, et quelle que fût la menace du danger, il commençait toujours par compter en lui-même et lentement : « un… deux… trois… quatre… cinq… six… », jusqu'à ce que le battement de son cœur redevînt normal et régulier. Alors seulement, il réfléchissait, mais avec quelle acuité ! avec quelle puissance formidable ! avec quelle intuition profonde des événements possibles ! Toutes les données du problème se présentaient à son esprit. Il prévoyait tout, il admettait tout. Et il prenait sa résolution en toute logique et en toute certitude.

Après trente ou quarante secondes, tandis que l'on cognait aux portes et que l'on crochetait les serrures, il dit à son compagnon :

— Suis-moi.

Il rentra dans le salon et poussa doucement la croisée et les persiennes d'une fenêtre qui s'ouvrait sur le côté. Des gens allaient et venaient, rendant la fuite impraticable. Alors il se mit à crier de toutes ses forces et d'une voix essoufflée :

— Par ici !… À l'aide !… Je les tiens… Par ici !

Il braqua son revolver et tira deux coups dans les branches des arbres. Puis il revint à Vaucheray, se pencha sur lui et se barbouilla les mains et le visage avec le sang de la blessure. Enfin se retournant contre Gilbert brutalement, il le saisit aux épaules et le renversa.

— Qu'est-ce que vous voulez, patron ? En voilà une idée !

— Laisse-toi faire, scanda Lupin d'un ton impérieux, je réponds de tout… je réponds de vous deux… Laisse-toi faire… Je vous sortirai de prison… Mais, pour cela, il faut que je sois libre.

On s'agitait, on appelait au-dessous de la fenêtre ouverte.

— Par ici, cria-t-il… je les tiens ! à l'aide !

Et, tout bas, tranquillement :

— Réfléchis bien… As-tu quelque chose à me dire ?… une communication qui puisse nous être utile…

Gilbert se débattait, furieux, trop bouleversé pour comprendre le plan de Lupin. Vaucheray, plus perspicace, et qui d'ailleurs à cause de sa blessure avait abandonné tout espoir de fuite, Vaucheray ricana :

— Laisse-toi faire, idiot… Pourvu que le patron se tire des pattes… c'est-i pas l'essentiel ?

Brusquement, Lupin se rappela l'objet que Gilbert avait mis dans sa poche après l'avoir repris à Vaucheray. À son tour, il voulut s'en saisir.

— Ah ! ça, jamais ! grinça Gilbert qui parvint à se dégager.

Lupin le terrassa de nouveau. Mais subitement, comme deux hommes surgissaient à la fenêtre, Gilbert céda et, passant l'objet à Lupin qui l'empocha sans le regarder, murmura :

— Tenez, patron, voilà… je vous expliquerai… vous pouvez être sûr que…

Il n'eut pas le temps d'achever… Deux agents, et d'autres qui les suivaient, et des soldats qui pénétraient par toutes les issues, arrivaient au secours de Lupin.

Gilbert fut aussitôt maintenu et lié solidement. Lupin se releva.

— Ce n'est pas dommage, dit-il, le bougre m'a donné assez de mal j'ai blessé l'autre, mais celui-là…

En hâte le commissaire de police lui demanda :

— Vous avez vu le domestique ? est-ce qu'ils l'ont tué ?

— Je ne sais pas, répliqua-t-il.

— Vous ne savez pas ?…

— Dame ! je suis venu d'Enghien avec vous tous, à la nouvelle du meurtre. Seulement, tandis que vous faisiez le tour à gauche de la maison, moi je faisais le tour à droite. Il y avait une fenêtre ouverte. J'y suis monté au moment même où ces deux bandits voulaient descendre. J'ai tiré sur celui-ci — il désigna Vaucheray — et j'ai empoigné son camarade.

Comment eût-on pu le soupçonner ? Il était couvert de sang. C'est lui qui livrait les assassins du domestique. Dix personnes avaient vu le dénouement du combat héroïque livré par lui.

D'ailleurs le tumulte était trop grand pour qu'on prît la peine de raisonner ou qu'on perdît son temps à concevoir des doutes. Dans le premier désarroi, les gens du pays envahissaient la villa. Tout le monde s'affolait. On courait de tous côtés, en haut, en bas, jusqu'à la cave. On s'interpellait. On criait, et nul ne songeait à contrôler les affirmations si vraisemblables de Lupin.

Cependant, la découverte du cadavre, dans l'office, rendit au commissaire le sentiment de sa responsabilité. Il donna des ordres, fit évacuer la maison et placer des agents à la grille afin que personne ne pût entrer ou sortir. Puis, sans plus tarder, il examina les lieux et commença l'enquête.

Vaucheray donna son nom ; Gilbert refusa de donner le sien, sous prétexte qu'il ne parlerait qu'en présence d'un avocat. Mais, comme on l'accusait du crime il dénonça Vaucheray, lequel se défendit en l'attaquant, et tous deux péroraient à la fois, avec le désir évident d'accaparer l'attention du commissaire. Lorsque celui-ci se retourna vers Lupin pour invoquer son témoignage, il constata que l'inconnu n'était plus là.

Sans aucune défiance, il dit à l'un des agents :

— Prévenez donc ce monsieur que je désire lui poser quelques questions.

On chercha le monsieur. Quelqu'un l'avait vu sur le perron allumant une cigarette. On sut alors qu'il avait offert des cigarettes à un groupe de soldats et qu'il s'était éloigné vers le lac en disant qu'on l'appelât en cas de besoin.

On l'appela, personne ne répondit.

Mais un soldat accourut. Le monsieur venait de monter dans une barque et faisait force de rames.

Le commissaire regarda Gilbert et comprit qu'il avait été roulé.

— Qu'on l'arrête cria-t-il… Qu'on tire dessus ! C'est un complice…

Lui-même s'élança, suivi de deux agents, tandis que les autres demeuraient auprès des captifs. De la berge, il aperçut, à une centaine de mètres, le monsieur qui dans l'ombre faisait des salutations avec son chapeau.

Vainement un des agents déchargea son revolver.

La brise apporta un bruit de paroles. Le monsieur chantait, tout en ramant :

Va petit mousse Le vent te pousse… Mais le commissaire avisa une barque, attachée au môle de la propriété voisine. On réussit à franchir la haie qui séparait les deux jardins et, après avoir prescrit aux soldats de surveiller les rives du lac et d'appréhender le fugitif s'il cherchait à atterrir, le commissaire et deux de ses hommes se mirent à sa poursuite.

C'était chose assez facile, car, à la clarté intermittente de la lune, on pouvait discerner ses évolutions, et se rendre compte qu'il essayait de traverser le lac en obliquant toutefois vers la droite, c'est-à-dire vers le village de Saint-Gratien.

Aussitôt, d'ailleurs, le commissaire constata que, avec l'aide de ses hommes, et grâce peut-être à la légèreté de son embarcation, il gagnait de vitesse.


I — Arrestations (2) I - Arrests (2) I - Detenciones (2) I - Detenções (2)

il était attaché… he was tied... ele estava amarrado...

— Il avait défait ses liens et repris son revolver.

— La canaille ! où est-il ?

Lupin saisit la lampe et passa dans l'office. Le domestique gisait sur le dos, les bras en croix, un poignard planté dans la gorge, la face livide. O criado estava deitado de costas, com os braços cruzados, um punhal espetado na garganta, o rosto lívido. Un filet rouge coulait de sa bouche. A red stream flowed from his mouth. Uma gota vermelha escorreu-lhe da boca.

— Ah ! balbutia Lupin, après l'avoir examiné… il est mort !

— Vous croyez… Vous croyez… fit Gilbert, d'une voix tremblante. - You think... You think..." said Gilbert, his voice trembling.

— Mort, je te dis.

Gilbert bredouilla : Gilbert stammered:

— C'est Vaucheray… qui l'a frappé…

Pâle de colère, Lupin l'empoigna. Pale with anger, Lupin grabbed him.

— C'est Vaucheray… et toi aussi, gredin puisque tu étais là, et que tu as laissé faire… Du sang ! - It's Vaucheray... and you too, you scoundrel, since you were there and let it happen... Blood! - É Vaucheray... e tu também, seu canalha, porque estavas lá e deixaste que isso acontecesse... Sangue! du sang ! vous savez bien que je n'en veux pas. you know I don't want it. sabes que eu não quero nenhum. On se laisse tuer plutôt. We'd rather let ourselves be killed. É melhor deixar-se matar. Ah ! tant pis pour vous, mes gaillards… vous paierez la casse s'il y a lieu. too bad for you, my lads... you'll pay for the damage if need be. que pena para vocês, meus rapazes... pagarão os danos se for necessário. Et ça coûte cher… Gare la Veuve ! Und das ist teuer... Gare la Veuve! And it's expensive... Gare la Veuve! E é caro... Cuidado com a viúva!

La vue du cadavre le bouleversait, et secouant brutalement Gilbert : The sight of the corpse upset him, and shaking Gilbert brutally:

— Pourquoi ?… pourquoi Vaucheray l'a-t-il tué ?

— Il voulait le fouiller et lui prendre la clef du placard. - He wanted to search him and get the key to the closet. Quand il s'est penché sur lui, il a vu que l'autre s'était délié les bras… Il a eu peur… et il a frappé… Quando se inclinou sobre ele, viu que o outro lhe tinha desatado os braços... Teve medo... e bateu...

— Mais le coup de revolver ? - Mas o tiro?

— C'est Léonard… il avait l'arme à la main… Avant de mourir, il a encore eu la force de viser… - It's Leonard... he had the gun in his hand... Before he died, he still had the strength to aim...

— Et la clef du placard ?

— Vaucheray l'a prise… - Vaucheray tomou-o...

— Il a ouvert ? - Abriu-se?

— Oui.

— Et il a trouvé ? - E ele encontrou-a?

— Oui.

— Et toi, tu as voulu lui arracher l'objet… Quel objet ?… Le reliquaire ? - And you wanted to snatch the object... What object?... The reliquary? Non, c'était plus petit… Alors, quoi ? No, it was smaller... So, what? réponds donc…

Au silence, à l'expression résolue de Gilbert, il comprit qu'il n'obtiendrait pas de réponse. From Gilbert's silence and resolute expression, he knew he wasn't going to get an answer. Avec un geste de menace, il articula : With a threatening gesture, he articulated:

— Tu causeras, mon bonhomme. - You'll talk, my good man. - Sinä puhut, hyvä mies. - Vais falar, meu bom amigo. Foi de Lupin, je te ferai cracher ta confession. For Lupin's sake, I'll make you spit out your confession. Mais pour l'instant il s'agit de déguerpir. But for now, it's time to move on. Tiens, aide-moi… nous allons embarquer Vaucheray… Here, help me... we're going to take Vaucheray on board...

Ils étaient revenus vers la salle, et Gilbert se penchait au-dessus du blessé, quand Lupin l'arrêta : They had returned to the room, and Gilbert was bending over the wounded man, when Lupin stopped him:

— Écoute !

Ils échangèrent un même regard d'inquiétude… On parlait dans l'office… une voix très basse, étrange, très lointaine… Pourtant, ils s'en assurèrent aussitôt, il n'y avait personne dans la pièce, personne que le mort, dont ils voyaient la silhouette sombre. They shared a look of concern... Someone was talking in the pantry... a very low, strange, distant voice... Yet, they immediately ascertained, there was no one in the room, no one but the dead man, whose dark silhouette they could see.

Et la voix parla de nouveau, tour à tour aiguë, étouffée, chevrotante, inégale, criarde, terrifiante. And the voice spoke again, alternately high-pitched, muffled, quavering, uneven, shrill, terrifying. Elle prononçait des mots indistincts, des syllabes interrompues. She spoke indistinct words, interrupted syllables.

Lupin sentit que son crâne se couvrait de sueur. Lupine felt that his skull was covered with sweat. Qu'était-ce que cette voix incohérente, mystérieuse comme une voix d'outre-tombe ? What was that incoherent voice, mysterious as a voice from beyond the grave? O que era aquela voz incoerente, misteriosa como uma voz do além-túmulo?

Il s'était baissé sur le domestique. He had stooped over the servant. Inclinou-se sobre o criado. La voix se tut, puis recommença.

— Éclaire-nous mieux, dit-il à Gilbert. - Enlighten us better," he said to Gilbert.

Il tremblait un peu, agité par une peur nerveuse qu'il ne pouvait dominer, car aucun doute n'était possible : Gilbert ayant enlevé l'abat-jour, il constata que la voix sortait du cadavre même, sans qu'un soubresaut en remuât la masse inerte, sans que la bouche sanglante eût un frémissement. Gilbert removed the lampshade and saw that the voice came from the corpse itself, without a tremor stirring the inert mass, without a quiver from the bloody mouth.

— Patron, j'ai la frousse, bégaya Gilbert. - Boss, I'm scared," Gilbert stammered.

Le même bruit encore, le même chuchotement nasillard. The same noise again, the same nasal whisper.

Lupin éclata de rire, et rapidement il saisit le cadavre et le déplaça. Lupin burst out laughing, and quickly grabbed the corpse and moved it. Lupin desatou a rir e, rapidamente, agarrou no cadáver e moveu-o.

— Parfait ! dit-il en apercevant un objet de métal brillant. Parfait ! nous y sommes… Eh bien, vrai, j'y ai mis le temps ! Here we are... Well, it took me a while! Tässä sitä ollaan... No, se vei minulta ikuisuuden! Cá estamos... Bem, demorei imenso tempo!

C'était, à la place même qu'il avait découverte, le cornet récepteur d'un appareil téléphonique dont le fil remontait jusqu'au poste fixé dans le mur, à la hauteur habituelle. Se oli juuri siinä paikassa, jonka hän oli löytänyt, puhelinlaitteen vastaanottimen torvi, jonka johto kulki ylös seinään tavanomaiselle korkeudelle kiinnitettyyn laitteeseen.

Lupin appliqua ce récepteur contre son oreille. Presque aussitôt le bruit recommença, mais un bruit multiple, composé d'appels divers, d'interjections, de clameurs entre-croisées, le bruit que font plusieurs personnes qui s'interpellent. Almost immediately the noise started up again, but a multiple noise, made up of various calls, interjections, interweaving clamors, the noise made by several people calling out to each other. Melkein välittömästi melu alkoi taas, mutta se oli moninkertainen melu, joka koostui erilaisista huudoista, välihuudoista, toisiinsa kietoutuneesta huutelusta, useiden ihmisten toisilleen huutelemasta äänestä.

« Êtes-vous là ?… Il ne répond plus… C'est horrible… On l'aura tué… Êtes-vous là ?… Qu'y a t-il ?… Du courage… Le secours est en marche… des agents… des soldats… » "Are you there?... He doesn't answer anymore... It's horrible... He'll be killed... Are you there?... What is it?... Courage... Help is on the way... Officers... Soldiers..." "Estás aí?... Ele já não responde... É horrível... Ele vai ser morto... Estás aí?... O que é?... Coragem... A ajuda vem a caminho... Oficiais... Soldados..."

— Crédieu ! - Crédieu! - Crédieu! - Crédieu! fit Lupin, qui lâcha le récepteur. sanoi Lupin pudottaen luurin.

En une vision effrayante, la vérité lui apparaissait. Tout au début, et tandis que le déménagement s'effectuait, Léonard, dont les liens n'étaient pas rigides, avait réussi à se dresser, à décrocher le récepteur, probablement avec ses dents, à le faire tomber et à demander du secours au bureau téléphonique d'Enghien. At the very beginning, and while the move was taking place, Léonard, whose bonds were not rigid, had managed to stand up, unhook the receiver, probably with his teeth, drop it and call for help at the Enghien telephone office.

Et c'était là les paroles que Lupin avait surprises une fois déjà, après le départ de la première barque « Au secours… à l'assassin ! And these were the words that Lupin had caught once before, after the departure of the first boat: "Help... the assassin! Ja nämä olivat ne sanat, jotka Lupin oli kuullut kerran aiemmin, ensimmäisen laivan lähdön jälkeen: "Apua... murhaaja!". On va me tuer… » Vou ser morto..."

Et c'était là maintenant la réponse du bureau téléphonique. And that was now the answer from the telephone office. La police accourait. The police came running. Et Lupin se rappelait les rumeurs qu'il avait perçues du jardin, quatre ou cinq minutes auparavant tout au plus. And Lupin recalled the rumors he'd heard from the garden, four or five minutes earlier at most.

— La police… sauve qui peut, proféra-t-il en se ruant à travers la salle à manger. - The police... save who can," he proclaimed, rushing across the dining room. - Poliisi... pelastamaan päivän", hän huusi rynnätessään ruokasalin läpi.

Gilbert objecta :

— Et Vaucheray ?

— Tant pis pour lui.

Mais Vaucheray, sorti de sa torpeur, le supplia au passage : But Vaucheray, roused from his torpor, begged him in passing:

— Patron, vous n'allez pas me lâcher comme ça ! - Boss, you're not going to let me go like this!

Lupin s'arrêta, malgré le péril, et, avec l'assistance de Gilbert, il soulevait le blessé, quand un tumulte se produisit dehors. Lupin stopped, despite the peril, and, with Gilbert's assistance, was lifting the wounded man, when a commotion broke out outside.

— Trop tard dit-il.

À ce moment, des coups ébranlèrent la porte du vestibule qui donnait sur la façade postérieure. Il courut à la porte du perron : des hommes avaient déjà contourné la maison et se précipitaient. He ran to the stoop door: men had already rounded the house and were rushing in. Hän juoksi rappukäytävän ovelle: miehet olivat jo kiertäneet talon ja ryntäsivät sisään. Peut-être aurait-il réussi à prendre de l'avance et à gagner le bord de l'eau ainsi que Gilbert. Maybe he'd have managed to get ahead and reach the water's edge, along with Gilbert. Mais comment s'embarquer et fuir sous le feu de l'ennemi ? But how to get on board and escape under enemy fire?

Il ferma et mit le verrou. He closed the door and locked it.

— Nous sommes cernés… fichus… bredouilla Gilbert. - We're surrounded... finished... Gilbert stammered.

— Tais-toi, dit Lupin.

— Mais ils nous ont vus, patron. Tenez les voilà qui frappent. Here they come, knocking.

— Tais-toi, répéta Lupin… Pas un mot… Pas un geste.

Lui-même demeurait impassible, le visage absolument calme, l'attitude pensive de quelqu'un qui a tous les loisirs nécessaires pour examiner une situation délicate sous toutes ses faces. Hän itse pysytteli välinpitämättömänä, hänen kasvonsa olivat täysin tyynen rauhalliset, ja hänen asenteensa oli sen henkilön mietteliäs, jolla on kaikki maailman aika tutkia arkaluonteista tilannetta kaikista näkökulmista. Il se trouvait à l'un de ces instants qu'il appelait les minutes supérieures de la vie, celles qui seulement donnent à l'existence sa valeur et son prix. He was in one of those moments that he called the superior minutes of life, the ones that alone give existence its value and price. Hän oli yhdessä niistä hetkistä, joita hän kutsui elämän ylivoimaisiksi minuuteiksi, jotka yksin antavat olemassaololle sen arvon ja hinnan. En cette occurrence, et quelle que fût la menace du danger, il commençait toujours par compter en lui-même et lentement : « un… deux… trois… quatre… cinq… six… », jusqu'à ce que le battement de son cœur redevînt normal et régulier. Whatever the threat of danger, he always began by counting slowly within himself: "one... two... three... four... five... six...", until his heartbeat returned to normal. Alors seulement, il réfléchissait, mais avec quelle acuité ! Only then did he think, but with what acuity! Vasta sitten hän ajattelisi, mutta niin terävästi! avec quelle puissance formidable ! avec quelle intuition profonde des événements possibles ! with a deep intuition of possible events! Toutes les données du problème se présentaient à son esprit. Kaikki ongelmaan liittyvät tosiasiat tulivat hänen mieleensä. Il prévoyait tout, il admettait tout. He foresaw everything, admitted everything. Et il prenait sa résolution en toute logique et en toute certitude. Ja hän teki päätöksensä täysin loogisesti ja varmasti.

Après trente ou quarante secondes, tandis que l'on cognait aux portes et que l'on crochetait les serrures, il dit à son compagnon : After thirty or forty seconds, as doors were banged and locks picked, he said to his companion:

— Suis-moi.

Il rentra dans le salon et poussa doucement la croisée et les persiennes d'une fenêtre qui s'ouvrait sur le côté. Hän meni olohuoneeseen ja työnsi varovasti sivulle avautuvan ikkunan säleikön ja ikkunaluukut auki. Des gens allaient et venaient, rendant la fuite impraticable. Ihmisiä tuli ja meni, mikä teki pakenemisesta mahdotonta. Alors il se mit à crier de toutes ses forces et d'une voix essoufflée : Then he began to shout with all his might and in a breathless voice: Sitten hän alkoi huutaa kovalla äänellä, hengästyneenä:

— Par ici !… À l'aide !… Je les tiens… Par ici !

Il braqua son revolver et tira deux coups dans les branches des arbres. He drew his revolver and fired two shots into the branches of the trees. Hän veti revolverinsa esiin ja ampui kaksi laukausta puiden oksiin. Puis il revint à Vaucheray, se pencha sur lui et se barbouilla les mains et le visage avec le sang de la blessure. Then he returned to Vaucheray, bent over him and smeared his hands and face with the blood from the wound. Sitten hän palasi Vaucherayn luokse, kumartui hänen ylleen ja sotki hänen kätensä ja kasvonsa haavasta peräisin olevalla verellä. Enfin se retournant contre Gilbert brutalement, il le saisit aux épaules et le renversa. Lopulta hän kääntyi Gilbertin kimppuun, tarttui tätä olkapäistä ja kaatoi hänet.

— Qu'est-ce que vous voulez, patron ? - What do you want, boss? En voilà une idée !

— Laisse-toi faire, scanda Lupin d'un ton impérieux, je réponds de tout… je réponds de vous deux… Laisse-toi faire… Je vous sortirai de prison… Mais, pour cela, il faut que je sois libre. - Let it go, screeched Lupine imperiously, I answer for everything… I answer for you two… Let it go… I will get you out of prison… But, for that, I must be free.

On s'agitait, on appelait au-dessous de la fenêtre ouverte. We were moving, calling out from under the open window.

— Par ici, cria-t-il… je les tiens ! - This way," he shouted, "I've got them! à l'aide !

Et, tout bas, tranquillement : And, softly, quietly:

— Réfléchis bien… As-tu quelque chose à me dire ?… une communication qui puisse nous être utile… - Think carefully... do you have something to tell me... some communication that could be useful to us...

Gilbert se débattait, furieux, trop bouleversé pour comprendre le plan de Lupin. Gilbert struggled furiously, too upset to understand Lupin's plan. Gilbert kamppaili raivokkaasti, liian järkyttyneenä ymmärtääkseen Lupinin suunnitelmaa. Vaucheray, plus perspicace, et qui d'ailleurs à cause de sa blessure avait abandonné tout espoir de fuite, Vaucheray ricana : Vaucheray, more perceptive, and who moreover because of his wound had given up all hope of escape, Vaucheray sneered:

— Laisse-toi faire, idiot… Pourvu que le patron se tire des pattes… c'est-i pas l'essentiel ? - Let yourself go, you idiot... As long as the boss gets off my back... isn't that the main thing?

Brusquement, Lupin se rappela l'objet que Gilbert avait mis dans sa poche après l'avoir repris à Vaucheray. Suddenly, Lupin remembered the object Gilbert had put in his pocket after taking it back from Vaucheray. À son tour, il voulut s'en saisir. In turn, he wanted to grab it.

— Ah ! ça, jamais ! ei koskaan! grinça Gilbert qui parvint à se dégager. squeaked Gilbert, who managed to free himself.

Lupin le terrassa de nouveau. Lupin struck him down again. Mais subitement, comme deux hommes surgissaient à la fenêtre, Gilbert céda et, passant l'objet à Lupin qui l'empocha sans le regarder, murmura : But suddenly, as two men appeared at the window, Gilbert gave in and, passing the object to Lupin who pocketed it without looking at it, murmured:

— Tenez, patron, voilà… je vous expliquerai… vous pouvez être sûr que… - Here, boss, here... I'll explain... you can be sure that...

Il n'eut pas le temps d'achever… Deux agents, et d'autres qui les suivaient, et des soldats qui pénétraient par toutes les issues, arrivaient au secours de Lupin. He had no time to finish... Two agents, and others following them, and soldiers entering from every exit, came to Lupin's rescue.

Gilbert fut aussitôt maintenu et lié solidement. Lupin se releva.

— Ce n'est pas dommage, dit-il, le bougre m'a donné assez de mal j'ai blessé l'autre, mais celui-là… - It's no shame," he says, "the bugger gave me enough trouble I wounded the other one, but this one... - Se ei ole sääli", hän sanoi, "se paskiainen aiheutti minulle tarpeeksi harmia, satutin toista, mutta tämä...

En hâte le commissaire de police lui demanda :

— Vous avez vu le domestique ? est-ce qu'ils l'ont tué ?

— Je ne sais pas, répliqua-t-il.

— Vous ne savez pas ?…

— Dame ! je suis venu d'Enghien avec vous tous, à la nouvelle du meurtre. I came from Enghien with all of you, to hear the news of the murder. Tulin Enghienistä teidän kaikkien kanssa kuultuani uutisen murhasta. Seulement, tandis que vous faisiez le tour à gauche de la maison, moi je faisais le tour à droite. Only, while you were going around to the left of the house, I was going around to the right. Il y avait une fenêtre ouverte. J'y suis monté au moment même où ces deux bandits voulaient descendre. J'ai tiré sur celui-ci — il désigna Vaucheray — et j'ai empoigné son camarade. I shot this one - he pointed at Vaucheray - and grabbed his comrade. Ammuin tämän - hän osoitti Vaucherayta - ja nappasin hänen kaverinsa.

Comment eût-on pu le soupçonner ? How could anyone have suspected him? Il était couvert de sang. C'est lui qui livrait les assassins du domestique. Hän oli se, joka luovutti palvelijan murhaajat. Dix personnes avaient vu le dénouement du combat héroïque livré par lui. Kymmenen ihmistä oli nähnyt hänen sankarillisen taistelunsa tuloksen.

D'ailleurs le tumulte était trop grand pour qu'on prît la peine de raisonner ou qu'on perdît son temps à concevoir des doutes. Besides, the uproar was too great to bother with reasoning, or to waste time on doubts. Joka tapauksessa kuohunta oli liian suuri, jotta olisi voitu vaivautua järkeilemään tai tuhlaamaan aikaa epäilyihin. Dans le premier désarroi, les gens du pays envahissaient la villa. Tout le monde s'affolait. Everyone was in a panic. On courait de tous côtés, en haut, en bas, jusqu'à la cave. On s'interpellait. We called out to each other. On criait, et nul ne songeait à contrôler les affirmations si vraisemblables de Lupin. People were shouting, and no one thought to check Lupin's plausible assertions. Ihmiset huusivat, eikä kukaan ajatellut tarkistaa Lupinin hyvin uskottavia väitteitä.

Cependant, la découverte du cadavre, dans l'office, rendit au commissaire le sentiment de sa responsabilité. However, the discovery of the corpse in the pantry restored the superintendent's sense of responsibility. Il donna des ordres, fit évacuer la maison et placer des agents à la grille afin que personne ne pût entrer ou sortir. Puis, sans plus tarder, il examina les lieux et commença l'enquête.

Vaucheray donna son nom ; Gilbert refusa de donner le sien, sous prétexte qu'il ne parlerait qu'en présence d'un avocat. Mais, comme on l'accusait du crime il dénonça Vaucheray, lequel se défendit en l'attaquant, et tous deux péroraient à la fois, avec le désir évident d'accaparer l'attention du commissaire. But, as he was accused of the crime, he denounced Vaucheray, who defended himself by attacking him, and both perorated at the same time, with the obvious desire to capture the commissioner's attention. Mutta kun häntä syytettiin rikoksesta, hän ilmiantoi Vaucherayn, joka puolustautui hyökkäämällä hänen kimppuunsa, ja molemmat puhuivat samaan aikaan, ilmeisenä pyrkimyksenä kiinnittää ylitarkastajan huomio. Lorsque celui-ci se retourna vers Lupin pour invoquer son témoignage, il constata que l'inconnu n'était plus là. Kun hän kääntyi takaisin Lupinin puoleen kysyäkseen tämän todistusta, hän näki, ettei muukalainen ollut enää paikalla.

Sans aucune défiance, il dit à l'un des agents : Undaunted, he said to one of the agents: Hän sanoi eräälle agentille:

— Prévenez donc ce monsieur que je désire lui poser quelques questions. - Please tell the gentleman I'd like to ask him a few questions. - Kertokaa herralle, että haluaisin esittää hänelle muutaman kysymyksen.

On chercha le monsieur. Quelqu'un l'avait vu sur le perron allumant une cigarette. Someone had seen him on the stoop lighting a cigarette. On sut alors qu'il avait offert des cigarettes à un groupe de soldats et qu'il s'était éloigné vers le lac en disant qu'on l'appelât en cas de besoin. It was then known that he had offered cigarettes to a group of soldiers and had wandered off toward the lake, saying that he would be called if needed.

On l'appela, personne ne répondit.

Mais un soldat accourut. Le monsieur venait de monter dans une barque et faisait force de rames. The gentleman had just climbed into a boat and was rowing hard.

Le commissaire regarda Gilbert et comprit qu'il avait été roulé. The superintendent looked at Gilbert and realized he'd been tricked.

— Qu'on l'arrête cria-t-il… Qu'on tire dessus ! - Arrest him," he shouted, "shoot him! C'est un complice…

Lui-même s'élança, suivi de deux agents, tandis que les autres demeuraient auprès des captifs. Hän itse syöksyi pois kahden agentin seurassa, kun taas muut jäivät vangittujen luo. De la berge, il aperçut, à une centaine de mètres, le monsieur qui dans l'ombre faisait des salutations avec son chapeau.

Vainement un des agents déchargea son revolver.

La brise apporta un bruit de paroles. The breeze brought a sound of words. Le monsieur chantait, tout en ramant : Der Mann sang, während er ruderte: The gentleman sang as he rowed: Mies lauloi soutamalla:

Va petit mousse Le vent te pousse…   Mais le commissaire avisa une barque, attachée au môle de la propriété voisine. Aber der Kommissar sah ein Boot, das an der Mole des Nachbargrundstücks befestigt war. On réussit à franchir la haie qui séparait les deux jardins et, après avoir prescrit aux soldats de surveiller les rives du lac et d'appréhender le fugitif s'il cherchait à atterrir, le commissaire et deux de ses hommes se mirent à sa poursuite. Puutarhat erottava pensasaita ylitettiin, ja kun komissaari ja kaksi hänen miestään olivat käskeneet sotilaita vahtimaan järven rantaa ja ottamaan karkurin kiinni, jos tämä yrittäisi laskeutua maihin, hän lähti takaa-ajoon.

C'était chose assez facile, car, à la clarté intermittente de la lune, on pouvait discerner ses évolutions, et se rendre compte qu'il essayait de traverser le lac en obliquant toutefois vers la droite, c'est-à-dire vers le village de Saint-Gratien. This was easy enough, for in the intermittent light of the moon, we could make out his movements, and realize that he was trying to cross the lake, albeit at an angle to the right, i.e. towards the village of Saint-Gratien. Se oli helppoa, sillä kuun ajoittaisessa valossa sen liikkeistä saattoi erottaa, että se yritti ylittää järven, vaikkakin vinosti oikealle eli kohti Saint-Gratienin kylää.

Aussitôt, d'ailleurs, le commissaire constata que, avec l'aide de ses hommes, et grâce peut-être à la légèreté de son embarcation, il gagnait de vitesse. Immediately, moreover, the superintendent noticed that, with the help of his men, and thanks perhaps to the lightness of his boat, he was gaining speed. Päällikkö huomasi heti, että hänen miehistönsä avulla ja ehkä veneen keveyden ansiosta hän pääsi vauhtiin.