Les morts EPIQUES de l'Histoire - Nota Bene #35 (3)
et d'autres. Et cette guerre se fait aussi en mer, surtout à une période où l'on
tire beaucoup de ressources et de richesses des colonies et du commerce extérieur. Les
marins deviennent alors indispensables : on en engage beaucoup, on améliore un peu leurs
conditions de vie, comme le salaire, la nourriture, bref, on les chouchoute. S'accommodant du
coup fort bien de ce retournement de situation, beaucoup y voient l'occasion d'entamer
une carrière de corsaire, c'est à dire de marin sur un navire qui a le droit de taper,
au nom d'une couronne, sur ses ennemis.
Une vocation hautement encouragée par les pouvoirs en place donc qui y voient une merveilleuse
main d'oeuvre à bas prix pour aller emmerder le voisin. Mais toutes les « bonnes choses
» ont une fin.
Ainsi, en 1713, les deux traités d'Utrecht mettent fin à cette guerre, et si beaucoup
s'en réjouissent, notamment les propriétaires et les marchands, les marins et les corsaires,
eux, le voient d'un mauvais oeil. Et ils ont de quoi : pour eux, les conséquences
sont dramatiques. Leurs salaires baissent, parfois de moitié, leurs portions de nourriture
aussi, on les maltraite plus qu'avant puisqu'on a moins besoin de leur aide, et leurs effectifs
en prennent aussi un sacré coup.
Dites-vous qu'en 1712, il y avait 49 860 marins dans la Royal Navy,2 ans plus tard,
en 1714, ils ne sont que 13 47, presque trois fois moins.
Autant vous dire que tous trouvaient la guerre plus confortable et plus douce. Et puisque
la plupart d'entre eux n'ont connu que celle-ci la majeure partie de leur vie, ils
sont bien décidés à la continuer. Après tout, comme certains le disent, cette paix
n'est pas valable puisqu'on ne leur a pas demandé leur avis !
Dans un premier temps, on se retrouve donc avec des corsaires au « chômage forcé » qui
continuent à attaquer malgré la paix leurs anciens ennemis, mais attention : ils n'attaquent
jamais le pays pour lequel ils se battaient. Ils se disent encore corsaires, pas pirates.
Ils ont des principes, quand même !
Et c'est dans cette période qu'on entend pour la première fois parler d'Ed Thatch.
Comme beaucoup de pirates, on sait peu de choses de lui avant ses éclats en tant que
forban. Certains disent qu'il est né à Bristol, d'autres en Caroline du Sud, voire
éventuellement en Jamaïque, vers 1680.
Peut-être même d'une famille un peu aisée, d'ailleurs, vu qu'il savait lire et écrire
- ce qui était pas des plus courants à l'époque.
Arrivé dans les Caraïbes à la fin du XVIIème, il s'est fait corsaire pendant la guerre
de Succession d'Espagne, où il semble déjà faire ses preuves, avant, comme tant d'autres,
de refuser d'entrer dans la Navy ou la marine marchande pour un salaire de misère. C'est
donc là qu'il se fait pirate.
Et au début du XVIIIe siècle, il n'y a pas meilleur endroit pour un pirate que l'île
de New Providence, aux Bahamas, avec sa capitale Nassau, dont on dit qu'elle compte jusqu'à
800 forbans. Thatch rejoint donc l'île peu après 1713, et en 1716, fait la connaissance
de Benjamin Hornigold, pirate déjà renommé, qui le prend à son bord et dont il devient
vite le second. Ensemble, ils écument les mers, et Hornigold lui confie rapidement un
sloop, c'est à dire un petit navire, à bord duquel il se fait remarquer. Peu après,
ils capturent ensemble en novembre 1716 la Concorde, un gros navire négrier dont Thatch
est fait capitaine :
l'énorme vaisseau, le plus grand de toute la flotille pirate, est renommé le Queen
Ann's Revenge, et à ses 20 canons, on en rajoute 20 autres, ce qui lui procure une
incroyable puissance de feu pour un navire pirate, que les Anglais ne parviennent pas
à arrêter.
C'est à cette même période que Thatch quitte Hornigold, jugé pas assez pirate par
son équipage puisqu'il refuse d'attaquer les navires britanniques pleins de richesses,
sous prétexte qu'il est lui-même britannique. D'ailleurs, Hornigold, pour l'anecdote,
acceptera une grâce royale et se mettra même à chasser les pirates par la suite… Un
vrai social traitre.
Thatch se trouve un autre partenaire, avec qui il capturera près de 18 navires : Stede
Bonnet, qu'on surnomme “le gentleman”. C'est aussi dans ces eaux-là qu'il commence
à cultiver son apparence : Thatch n'est, d'après les sources qu'on en a, pas très
porté sur la violence, en tout cas on sait qu'il maltraitait pas ses prisonniers par
exemple. Mais ça ne l'empêche pas de le laisser supposer afin de persuader l'ennemi
de se rendre sans combattre, comme beaucoup de pirates le préféraient.
Déjà très grand et large d'épaules, avec une barbe longue et hirsute qui monte
jusque sous ses yeux, il l'entortille de rubans et de mèches qu'il allume parfois,
se coiffe d'un grand chapeau noir sous lequel il met des allumettes enflammées, porte de
grandes bottes montant jusqu'aux genoux et un grand manteau, souvent rouge.
On commence ainsi à l'appeler Barbe-Noire. Et sa réputation le précède de plus en
plus, lui prêtant des atrocités qu'il n'a sans doute jamais commises, et comme
prévu, avec tout cet attirail, beaucoup de ses proies se rendent sans combattre. Comme
quoi tout est dans la mise en scène !
Il écumera ainsi les mers, réunissant une forte flotille avec laquelle notamment il
assiège en mai 1718 Charleston, à l'époque Charles Town, pour obtenir entre autres des
médicaments et ainsi guérir son équipage - et éventuellement d'autres forbans, selon
certaines sources.
On lui donnerait presque le bon dieu en confession à ce garçon.
Bref, à l'apogée de sa puissance, il finit par faire échouer la Queen Ann's Revenge
sur un banc de sable, volontairement semble-t-il, car tout comme certains membres d'équipage
qu'il abandonne sur de petites îles, elle est devenue un peu trop encombrante pour quelqu'un
souhaitant faire profil bas. Car oui, il y a un moment où notre célèbre pirate se
range et accepte le pardon royal. C'est pas bon pour la légende, c'est
sûr… Mais ça a pas duré longtemps, rassurez-vous ! Et puis bon, moins on est nombreux… plus
les parts sont juteuses. Eh, je vous avais dit que ça allait être vénal !
Il reprend donc bien vite ses activités, avec un plus petit équipage, mais cette fois-ci
plus ou moins légalement. Charles Eden, le gouverneur de la Caroline du Nord, région
moins riche que ses voisines de la Caroline du Sud ou de la Virginie, est moins regardant
sur la provenance des marchandises et n'hésite pas à faire affaires avec les pirates. Thatch
fait son petit bonhomme de chemin, conduisant ses expéditions depuis la petite île d'Ocracoke,
épousant même la fille d'un planteur, qui avait 16 ans, soit 20 ans de moins que
lui.
On a du mal à imaginer comment pépère Barbe Noire peut alors s'offrir une mort épique.
Rassurez-vous, ses exactions, couvertes par le gouverneur et le juge de Caroline du Nord,
sont trop dérangeantes.
Certains colons vont directement se plaindre au gouverneur de Virginie Alexander Spotswood,
qui entend bien mettre un terme à tout ça. Il va donc profiter du passage de deux frégates,
le Lyme et le Pearl, pour en prendre les meilleurs hommes, avec à leur tête le lieutenant Maynard,
et les envoyer capturer ou tuer les forbans à Ocracoke :
ce qui dépasse totalement sa juridiction, puisqu'il n'en est pas gouverneur mais
ça ne l'arrête pas !
Devant cette nouvelle menace, Barbe-Noire ne semble pas s'inquiéter, faisant toujours
la fête sur la plage d'Ocracoke avec son équipage assez réduit, ne cherchant même
pas à s'enfuir. Mais le 21 novembre 1718 au matin, ils sont surpris par les deux petits
sloops confiés à Maynard, sur lequel ils ouvrent le feu : une bordée est tout particulièrement
meurtrière puisque Maynard y perd apparemment une vingtaine d'hommes, soit le tiers de
ses effectifs. Mais malgré ça, Thatch, lui, n'en a avec lui qu'une vingtaine, vingt-cinq
tout au plus. L'abordage, inévitable puisque Maynard rattrape le pirate, sera donc sanglant.
Barbe-Noire, à bord de son navire, l'Adventure, préfère prendre les devants et aborde le
sloop de Maynard, jetant au préalable des grenades et s'y précipitant avec ses derniers
fidèles. Mais arrivé à bord, d'autres hommes surgissent de la cale et encerclent
les pirates. Tombés dans leur piège, voyant venir la fin, tous se battent comme des lions,
Thatch le premier, sa barbe et son chapeau fumant grâce aux allumettes et aux mèches
qu'il y dissimule, tirant des nombreux pistolets qu'il porte avec lui au combat, sabrant
et poignardant à tour de bras, brisant même le sabre de Maynard de son poignard.
Blessé de nombreuses fois, il ne semble pas s'affaiblir pour autant, jurant comme un
démon, jusqu'à ce qu'un sabre lui perce la gorge. Il se bat alors encore un peu, mais
assailli de toute part, il s'effondre enfin.
Maynard le fait décapiter pour suspendre sa tête au beaupré de son navire, mais avant
de jeter le corps du satané pirate à la mer, il constate les blessures : le terrible
Barbe-Noire aura reçu 5 balles, et entre 20 et 30 coupures plus ou moins graves.
Une sorte de Chuck Norris de l'époque quoi. Sauf que Chuck lui, il mourra jamais.
Et voilà les amis, c'est la fin de cet épisode, ça change un peu des morts à la
con même si parfois, on flirte avec la limite entre épique et absurde. Quoi qu'il en
soit, j'ai encore de quoi faire au moins un épisode mais si vous avez des suggestions,
mettez les en commentaire et je verrai ce que je peux faire ! N'oubliez pas de vous
abonner et d'activer la petite cloche pour ne pas louper les prochains épisodes mais
avant de se quitter, je voulais vous reparler, encore une fois, du partenaire de l'émission
depuis quelques mois maintenant NordVPN.
Alors un VPN ça sert à quoi ? On l'a déjà dit dans d'autres épisodes mais en ce moment
c'est plus pertinent que jamais. Un VPN ça vous permet de chiffrer vos données pour
protéger votre connexion et renforcer votre anonymat sur le net. Vous l'avez peut être
entendu, en Chine, Wikipédia a été totalement censuré. Avec un VPN, un utilisateur en chine
peut contourner cette interdiction en y accédant. Alors vous allez me dire, ok Ben, mais moi
je suis pas en Chine ! Et bien oui, mais l'exemple reste valable dans nos pays occidentaux aussi
car certains sites d'utilité publique sont aussi censurés par les états. En France
par exemple, c'est le site sci-hub qui a été visé. Vous n'êtes peut être pas
sans savoir qu'il existe un système bien mafieux d'accès et de revente d'articles
scientifiques, si ce n'est pas le cas, je vous invite à voir la vidéo de Dirty biology
à ce sujet que je vous mets en description. Et bien Sci-Hub permet à de nombreux scientifiques,
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Encore merci à vous tous pour votre soutien, on se retrouve très bientôt sur Nota Bene