Les conflits les plus meurtriers de l'Histoire (2)
L'idée, au delà de l'intérêt militaire d'avoir un maximum d'hommes, a une portée
symbolique : la Nation a besoin de l'ensemble de ses citoyens pour se défendre et ce ne
sont plus des sujets qui vont se battre pour un roi.
En pratique, alors que sous Louis XIV les effectifs de l'armée plafonnent à 400.000
hommes, un siècle plus tard, au minimum on double les effectifs.
Les premières batailles de la révolutions comme Valmy impliquent moins de 100.000 soldats,
les deux camps confondus.
La célèbre bataille d'Austerlitz, le 2 décembre 1805, voit 150.000 bonhommes se
mettre joyeusement sur la tronche.
Mais les effectifs continuent d'augmenter.
Ce sont plus de 600.000 hommes qui se lancent à l'assaut de la Russie en 1812, et il
n'est pas rare d'y voir des batailles regroupant plus de 250.000 hommes, puis après
la retraite de Russie, de 500.000 comme à Leipzig en 1813…
En effet pour suivre le rythme mais aussi parce que le sentiment d'appartenance national
va commencer à prendre de l'ampleur et que la révolution industrielle va permettre
une production de masse des armes, les autres pays européens mettront également en place
des systèmes de services militaires généraux, et des conscriptions obligatoires en période
de conflit, aboutissant à une explosion des effectifs pour les conflits qui suivront.
Proportionnellement à la population totale, les effectifs levés en France durant la Première
Guerre Mondiale seront trois fois plus élevées que sous Napoléon.
Avec les conséquences que j'ai mentionnée en début de vidéo sur le nombre total de
victimes…
On comprend mieux comment on en est arrivé là...
Alors pour les puristes de l'art militaire, vous pourriez m'objecter qu'il y a une
autre guerre, même en mettant les conflits mondiaux à part, qui en fonction des estimations
pourrait avoir fait un nombre supérieur de victimes ; la guerre de trente ans.
C'est pas faux, mais la chaîne “Sur le Champ” en a déjà parlé et c'était
vachement bien, donc si vous souhaitez plus d'information sur le sujet, allez la voir,
je vous la met en description et ça fera pas de mal aux camarades de gagner quelques
abonnés supplémentaires pour sa super chaîne ! Mais pas tout de suite hein, allez y après
mon épisode, parce qu'il y a encore quelques conflits à traiter, et notamment de l'autre
côté de l'Atlantique...
Si on excepte la colonisation des Amériques, qui s'étend sur plusieurs siècles et rend
toute estimation très compliquée, on peut se demander quel est le conflit le plus meurtrier
du continent américain.
Parce que oui déjà, il y a eu plusieurs conflits en dehors de la guerre de Sécession
qui doit sans doute être le plus connu ; de nombreuses luttes pour l'indépendance,
des guerres frontalières dans les années ‘30 et même une guerre qui a eut comme
élément déclencheur… des match de foot.
On y reviendra peut être un jour...
La “palme” du plus meurtrier revient à une période de l'histoire mexicaine qu'on
qualifie globalement de Révolution mexicaine, une succession de coups d'état et de guerres
civiles surtout entre 1910 et 1920.
Indépendant depuis 1821, le Mexique au début du XXe siècle est gouverné par un régime
autoritaire depuis quarante ans, sous la présidence de Porforio Diaz.
On dirait le cousine de Staline sur cette photo mais c'est juste la moustache.
Cette période autoritaire de stabilité politique va permettre au pays de se développer économiquement
mais au prix d'inégalités sociales criantes, conduisant à de nombreux mouvements sociaux
réprimés dans la violence.
A ces troubles sociaux s'ajoutent des revendications d'une classe moyenne de plus en plus nombreuse
mais privée de relai politique.
Les “élections” qui ont lieu sont suspectées d'être truquées et Francisco Madero,le
dernier opposant à Diaz, aux élections de 1910, est par exemple emprisonné par le pouvoir
quelques jours avant le scrutin et obtient malgré une campagne populaire moins de 10%
des voix...
Pas ouf...
Une fois libéré, Madero s'enfuit aux Etats-Unis et entreprend d'organiser un coup d'état
contre le président Diaz qui commence en février 1911.
Ses mots d'ordre sont pour certains les mêmes qui ont permis à Diaz de se hisser
au pouvoir 40 ans plus tôt.
Assez cocasse donc…
Il tente en tout cas de s'alliers divers mouvements en promettant la redistribution
des terres agricoles et des mesures sociales.
Et oui, il y a d'autres opposants à Diaz qui existent et qui peuvent faire de précieux
alliés, notamment ceux d'inspirations anarchistes avec les frères Magon ou qui réclament d
es terres comme Emiliano Zapata.
Malgré une campagne militaire aux succès plus que relatifs, Madero finit par chasser
Diaz du pouvoir.
Et Diaz, il a pas beaucoup le choix.
Il sait que s'il résiste, ça sera la guerre civile.
D'autant que le puissant voisin américain ne voit pas d'un mauvais oeil qu'il se
fasse remplacer et peut donc intervenir.
Du coup, il s'exile en Europe.
Bon clairement, quand on connaît la suite, ça n'a pas vraiment évité les troubles
internes… mais au moins il a pu profiter de quatre années d'exil avant de mourir
à Paris en 1915.
Bref, Diaz c'est fini et le Mexique du coup ?
Madero arrive au pouvoir en prenant garde à se donner un maximum de garanties légales,
voulant maintenir la légitimité de l'état mexicain.
Il se montre également très conciliant envers les anciens supports de Diaz, même quand
certains organisent des soulèvements, et se montre frileux sur les mesures sociales
et économiques.
Ce qui conduit ses alliés d'hier à vouloir poursuivre leurs luttes...quitte à le faire
contre Madero !
Le soulèvement anarchiste en Basse-Californie des frères Magon reprend, et Madero doit
donner l'ordre d'achever le mouvement.
Les nombreuses rébellions obligent Madero à compter sur l'armée, et donc permet
aux généraux, la plupart d'anciens partisans du président Diaz, de prendre une importance…
dangereuse.
Tiens, un militaire qui pourrait prendre avantage d'une situation tendue face au pouvoir civil…
ça me rappelle Napoléon en fait...
Sans grande surprise donc, c'est un général, Victoriano Huerta, qui va faire arrêter puis
exécuter Madero en février 1913, un peu plus d'un an après son accession au pouvoir.
Reprenant les anciennes méthodes, il lance une répression violente basée sur l'intimidation,
les assassinats politiques, tout en s'appuyant sur l'Eglise et l'armée.
Ce qui, vous vous en doutez, va accroître la volonté des factions, que ce soit les
anarchistes ou les troupes de Zapata, à continuer.
Mais attendez, le bordel est pas fini !
Parce qu'à ça, il faut ajouter l'armée constitutionnaliste, qui reproche à Huerta
un coup d'état illégal et veut rétablir un pouvoir légitime mais sans revendications
sociales… Et c'est toujours pas fini ! Parce qu'il y a aussi le célèbre Pancho Villa,
un ancien soutien de Madero qui a lancé une révolution depuis le nord du pays.
Vous avez l'impression que c'est compliqué ? C'est normal, c'est le cas et pour le
coup, ça va pas aller en s'arrangeant car un nouvel acteur va brièvement faire son
apparition ; les Etats-Unis.
Prenant prétexte de marins américains arrêtés à Tampico, les Etats-Unis, qui ne souhaitent
pas le maintien du général Huerta au pouvoir, envoient une armada de 44 navires bloquer
le port de Veracruz, par lequel devait transiter des livraisons d'armes.
Le navire qui les transporte, un paquebot allemand, peut finalement décharger suite
aux pressions diplomatiques du gouvernement allemand, mais les troupes américaines maintiennent
l'occupation de Veracruz et font pression pour hâter le départ de Huerta.
Ce dernier, cerné d'adversaires, ne pouvant plus compter sur les soutiens de pays européens
qui vont bientôt être légèrement occupés de leur côté, je rappelle qu'on est en
été 1914, décide de fuir en Europe.
Dans un sens, c'est vraiment le digne successeur de Diaz...
Pendant ce temps là, une tentative d'établir un accord entre les différentes factions
révolutionnaires échoue lamentablement puisque les différences de conceptions politiques
sont importantes et il ne faut pas sous-estimer l'importance de l'ego des différents
chefs de factions qui veulent leur part du gâteau.
La situation se simplifie cependant à partir de 1915 ; deux camps se forment : d'un côté
une alliance de circonstance entre Zapata, concentré dans le sud du Mexique, et Villa,
dont les bases principales sont plutôt au nord et de l'autre Carranza, chef des constitutionnalistes
et de son principal commandant militaire Obregon.
Malgré une situation de départ favorable à Pancho Villa, l'habileté stratégique
d'Obregon, qui a étudié les premières batailles de la Première Guerre Mondiale
et entreprend en premier de séparer Zapata et Villa, retourne la situation.
L'année 1915 voit de sanglantes batailles se dérouler.
Pancho Villa, trop confiant en sa victoire et dans ses habitudes, continue de multiplier
des charges frontales, parfois même à cheval, face à des troupes d'Obregon qui, copiant
ce qui se fait en Europe, s'enterre dans des tranchées et font un usage intensif de
la mitrailleuse.
Villa perd peu à peu du soutien, est coupé de son approvisionnement en armes et munitions
tandis que Zapata reste cantonné dans la province de Morelos.
Pancho Villa doit alors abandonner la lutte frontale pour reprendre la guérilla, s'attirant
les foudres des Américains par des incursions sur leurs territoires.
Carranza tente de maintenir son pouvoir mais ne parvient pas à pacifier le Mexique qui
subit encore plusieurs années de conflits larvés et de révoltes éparses.
Et il faut attendre 1920 pour que la situation semble se stabiliser.
Zapata a été assassiné l'année précédente, mettant fin à sa révolte, les principaux
groupes réactionnaires sont vaincus et Pancho Villa passe un accord pour arrêter la lutte
armée.
Un dernier coup d'état viendra… d'Obregon, l'ancien bras droit de Carraza !
Comme quoi, on est jamais mieux trahi que par ses alliés.
Bon Carraza l'a un peu provoqué en faisant tout pour l'empêcher de se présenter aux
élections, allant jusqu'à l'accuser de trahison.
Pas vraiment un super plan non plus, et d'ailleurs ça se retournera contre lui car il finira
assassiné en tentant de fuir Mexico, en mai 1920.
Rien n'empêche plus Obregon de se présenter légalement aux élections, qu'il remporte,
bien évidemment.
Mine de rien sur ces dix ans de conflits, ce sont près de 2 millions d'hommes qui
perdent la vie sur une population de 15 millions, laissant le pays exsangue, dépourvu d'infrastructures
lourdes et traversé par de profonds ressentiments.
Allez, si vous n'êtes toujours pas dépressif, je vais tenter de vous y aider un peu en partant
du côté de l'Asie...
C'était bien obligé en parlant de conflits meurtriers, il est maintenant temps de passer
par la Chine.
Et pour tout vous dire tant mieux car c'est finalement une histoire qu'on connaît peu,
a part une vague image d'ensemble d'une Chine plus symbolique qu'autre chose.
Du coup, c'est une bonne occasion de démêler tout ça !
Depuis la fin du XVIIe siècle, les territoires de la Chine actuelle sont globalement tous
sous l'autorité d'une même dynastie ; la dynastie des Qing, avec un Q.
Originaire de Mandchourie, une région au nord de la Chine, les Qing gardent la ville
de Pékin comme centre de leur pouvoir.
A la tête d'un empire puissant, doté d'une administration avancée fonctionnant principalement
au mérite, les Qing ouvrent la voie à une période de prospérité durant le XVIIIe
siècle, en parallèle d'une fermeture envers le monde extérieur.
Le commerce est fortement limité et doit se dérouler uniquement dans certains lieux
précis comme le port de Macao, un comptoir commercial que les Portugais occupent en échange
d'un loyer versé à la Chine.
Malgré la volonté du pouvoir central d'isolation, allant jusqu'à l'exclusion de tout missionnaire,
le christianisme se répand petit à petit en Chine, dont les pratiques religieuses mêlent
alors taoïsme, bouddhisme et confucianisme.
L'importance des cultes n'est pas négligeable car la légitimité même de la dynastie est
liée au Mandat Céleste, une forme de royauté de droit divin mais qui peut se révéler
fragile car de nombreux signes comme des catastrophes ou des défaites militaires peuvent être
interprétés comme une perte de ce mandat divin.
Et justement, des catastrophes et des défaites, il va y en avoir…
Au XVIIIe sicèle Puissance économique, la Chine attire en effet la convoitise des nations
occidentales, alors en pleine croissance coloniale et cherchant des débouchés commerciaux.
Sauf que les échanges avec la Chine sont soumis à de fortes taxes par l'administration
impériale et ne se font que contre monnaies d'argent, alors que la plupart des pays