Hymne à la "gayté" contre l'homophobie - Aliette de Laleu
*Saskia : Bonjour Aliette de Laleu !* Bonjour Saskia !
*Saskia : Ce matin Aliette vous nous parlez d'une hausse inquiétante ?
Oui ! Celle des actes homophobes, c'est à dire des agressions physiques ou verbales,
envers les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, etc.
Depuis le début de l'année, une agression homophobe a lieu tous les trois jours en France
et en 2017, ces actes de violence ont augmenté de 15%.
*Saskia : Vous nous proposez donc, ce matin, un hymne à la gayté !*
Oui, une chronique "gay-friendly" comme on dit !
Nous avons 3 minutes pour célébrer quelques grandes figures homosexuelles de la musique,
alors on va dire qu'on se fiche de leur orientation sexuelle
et que le plus important c'est de parler de leur musique,
oui mais non.
Dans un processus de création, ignorer l'orientation sexuelle et tout ce que ça peut impliquer
quand on est un homme qui aime un homme au XIXe siècle par exemple, c'est passer à côté
d'une interprétation ou d'une analyse juste de l'œuvre et de la personnalité de celui ou celle qui compose.
Et puis c'est essentiel de rappeler que notre culture est en partie constituée de gays.
*Tchaïkovski - Concerto pour Piano N°1*
On commence avec Tchaïkovski, 1840-1893, compositeur russe et homosexuel.
Sa correspondance a longtemps été censurée par les autorités de son pays qui refusaient
d'admettre que leur trésor national aimait les hommes.
*Francis Poulenc - Le Portrait*
On poursuit avec un trésor national français cette fois, Francis Poulenc, 1899-1963, lui aussi était gay,
ici, il met en musique un poème de Colette, écrivaine française bisexuelle et aussi trésor national.
*Reynaldo Hahn - Chanson d'automne*
*Reynaldo Hahn - Chanson d'automne* Un autre français, Reynaldo Hahn, 1874-1947,
Proust et lui ont entretenu une relation amoureuse,
l'écrivain et le compositeur se sont envoyés près de 200 lettres dont il ne reste que celles écrites par Proust.
“Malheureux, vous ne comprenez donc pas ces luttes de tous les jours et de tous les soirs,"
"où la seule crainte de vous faire de la peine m'arrête."
Dans cette musique on entendait Reynaldo Hahn reprendre un poème de Paul Verlaine,
qui avait une histoire d'amour avec un autre poète gay, Rimbaud.
*Benjamin Britten - "Being Beauteous" Illuminations*
Restons sur Rimbaud avec son poème mis en musique par Benjamin Britten, 1913-1976,
compositeur britannique et homosexuel et puis on va finir, évidemment, avec une femme :
"Ethel Smyth - Kyrie de sa Messe en ré"
On écoute un extrait de Kyrie de la Messe d'Ethel Smyth, 1858-1944,
britannique elle aussi, et compositrice lesbienne,
Elle a vécu avec des hommes mais ça c'était surtout pour la forme,
j'en oublie, par manque de temps mais aussi par méconnaissance,
il était parfois impensable pour la plupart des ces génies
de faire leur coming-out, de révéler qui ils aimaient,
j'aimerais dire qu'aujourd'hui ce n'est plus le cas sauf qu'en 2018 on continue d'être
insulté, tabassé, pénalisé ou tué pour oser dire ou montrer qu'on aime quelqu'un
du même sexe et ça fait mal au cœur...
*Saskia : Merci beaucoup Aliette et moi j'aimerais ajouter surtout que je pense que le jour*
*de la vraie victoire sera celui où on ne devra tout simplement plus définir*
*une personne par son orientation sexuelle. Merci beaucoup Aliette, bonne journée*
et on réécoute cette chronique sur francemusique.fr