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InnerFrench - Vol. 1, #81 - Expatrié ou immigré ? (1)

#81 - Expatrié ou immigré ? (1)

Salut à toutes et à tous ! C'est Hugo et je suis ravi de vous retrouver pour faire un peu de français ensemble !

Pour commencer, j'ai une annonce à faire. Lundi, je vais rouvrir les inscriptions pour mon cours intermédiaire – Build a Strong Core. Comme son nom l'indique, l'objectif de ce cours, c'est de vous aider à construire une base solide en français, d'acquérir les compétences et les connaissances nécessaires pour dépasser le niveau intermédiaire.

Alors, vous me demandez souvent quelle est la différence entre mes cours et mon podcast. En fait, dans mes cours, vous avez accès à une méthode complète pour apprendre le français. Bien sûr, le podcast est une très bonne ressource et, pour certaines personnes, c'est suffisant. Mais si vous sentez que vous avez besoin d'une approche plus structurée avec des leçons, des exercices et des activités pour vous entraînez, le cours est fait pour ça.

Attention, c'est plus intensif que le podcast, il y a plus de travail à faire. Mais vous pouvez prendre votre temps pour faire les leçons parce qu'une fois que vous avez acheté le cours, vous avez un accès à vie. Donc vous pouvez même le refaire plusieurs fois pour réviser les leçons (il y a beaucoup d'élèves qui le font).

Alors, si vos plans pour les vacances sont tombés à l'eau, autrement dit si vos plans ont été annulés (oui, «tomber à l'eau», c'est une expression qui signifie «être annulé» ou «échouer», «ne pas réussir»), si vos plans pour les vacances sont tombés à l'eau et que vous voulez en profiter pour améliorer votre français, vous pourrez vous inscrire à Build a Strong Core à partir de lundi prochain. Comme d'habitude, les inscriptions seront ouvertes pour une semaine, c'est-à-dire jusqu'au dimanche 12 juillet.

Maintenant, avant de s'attaquer à notre sujet du jour, on va écouter le message que m'a envoyé un auditeur brésilien.

Salut Hugo,

Je m'appelle George. Je viens du Brésil. J'habite plus précisément à Brasilia, la capitale du pays. Je veux te remercier de nous aider à apprendre le français. Ça fait presque trois mois que je t'écoute, et j'ai déjà appris beaucoup. Ton contenu est très intéressant et je peux comprendre presque tout ce que tu dis.

Je parle le portugais (ma langue maternelle), l'espagnol, l'anglais et maintenant je veux apprendre à parler le français pour de bon. Je dis «pour de bon» parce qu'il y a quelques années que j'ai commencé. Mais au début, je n'étais pas assez motivé et mon apprentissage n'était pas régulier.

Maintenant, c'est différent. J'organise ma routine d'apprentissage pour réussir à parler français couramment. Je peux mieux comprendre les livres, les articles et les francophones. Ça me motive à continuer. Je ne vais jamais m'arrêter parce que découvrir cette belle langue est devenu une véritable passion.

Comme on dit en français : les petits ruisseaux font les grandes rivières. Chaque jour, je pense qu'on doit découvrir la langue : de nouveaux mots, de nouvelles structures, etc. C'est un apprentissage qui dure toute la vie.

Actuellement, j'étudie le commerce à l'université. Mes deux objectifs principaux pour l'apprentissage d'une langue étrangère sont d'obtenir de meilleures opportunités d'emploi et aussi de voyager beaucoup et d'être capable de m'exprimer efficacement dans différents pays.

Alors merci beaucoup Hugo de nous donner un coup de main.

À bientôt !

Merci pour ton message, George ! Je ne connaissais pas l'expression «les petits ruisseaux font les grandes rivières» donc tu m'as appris quelque chose ! Pour ceux qui ne connaissent pas le mot «ruisseau», c'est tout simplement un cours d'eau qui n'est pas profond, un peu comme une toute petite rivière. Et justement, quand plusieurs ruisseaux se rejoignent, ça forme une rivière. Donc cette expression, «les petits ruisseaux forment les grandes rivières», c'est une métaphore pour dire qu'une accumulation de petites choses peut avoir des grands effets. Par exemple, quand on étudie un peu chaque jour, on n'a pas l'impression de beaucoup progresser. Mais au bout d'un an, la différence de niveau saute aux yeux, elle est évidente !

C'est pour ça qu'à la fin de chaque épisode, je vous dis de faire un peu de français tous les jours. Je crois que je ne le répète plus aussi souvent maintenant, mais c'est bien de faire un rappel de temps en temps. Donc vous pouvez remercier George pour ce rappel !

Dimanche dernier, en Pologne, c'était le 1er tour des élections présidentielles. Comme vous le savez, j'habite en Pologne depuis plusieurs années. En fait, j'étais déjà là lors des dernières élections présidentielles il y a 5 ans, en 2015. Pour être honnête, à l'époque, je ne m'y étais pas trop intéressé parce que je connaissais mal la scène politique et je ne parlais même pas polonais. Mais cette fois, j'étais beaucoup plus impliqué. J'ai suivi la campagne, j'ai lu les programmes des principaux candidats (enfin, pas en détails, seulement les grandes lignes, les grandes orientations). Et dimanche soir, j'attendais les résultats avec impatience. J'étais sur un site d'infos et je rafraîchissais la page toutes les deux minutes.

C'est drôle parce que, d'un autre côté, je suis de moins en moins l'actualité politique en France. Ah oui, faites attention au verbe «suivre», par exemple «suivre l'actualité» (autrement dit «s'informer sur ce qui se passe dans le monde») ou «suivre quelqu'un sur Instagram». Faites-y attention parce que la conjugaison pour «je», c'est «je suis», exactement comme le verbe «être». Le seul moyen de les différencier, c'est avec le contexte. Là par exemple, j'ai dit : «je suis de moins en moins l'actualité politique française», c'est évidemment le verbe «suivre» et pas le verbe «être», sinon ça n'aurait aucun sens.

Tout ça pour dire qu'aujourd'hui, j'ai l'impression de plus m'intéresser à la politique en Pologne qu'en France. Non pas parce que je préfère la politique du gouvernement polonais, loin de là (je suis en désaccord total avec le parti politique qui est au pouvoir depuis 5 ans). Mais parce que ça me concerne plus directement. C'est un peu bête vu que je n'ai pas le droit de vote en Pologne, mais bon.

Bref, à cause de ces élections, j'ai commencé à me poser des questions sur ma place dans la société polonaise.

À l'époque actuelle, vivre dans un pays qui n'est pas notre pays d'origine, ça peut sembler anodin, trivial. Par exemple, je sais que beaucoup d'entre vous vivent à l'étranger. Il y en a qui font leurs études ou qui travaillent dans un pays francophone. Si vous êtes anglais, peut-être que vous avez acheté une maison en France pour prendre votre retraite au soleil ! Et si ça n'est pas le cas, vous avez sûrement des amis ou des gens de votre famille qui vivent à l'étranger.

Avant de quitter la France pour la Pologne, je ne me suis pas posé de grandes questions philosophiques. J'étais plutôt concentré sur la logistique : trouver un appartement, créer mon entreprise, découvrir la ville, rencontrer des gens. À aucun moment, je me suis demandé comment les Polonais allaient m'accueillir, si j'allais pouvoir m'intégrer facilement, quelle serait ma place, quelle serait ma relation avec la Pologne.

Mais aujourd'hui, après 6 années passées en Pologne, je me rends compte à quel point ces questions sont plus importantes que les problèmes logistiques. Je comprends aussi pourquoi je ne me les suis pas posées plus tôt.

Si vous êtes nés dans un pays occidental, un pays de l'ouest, c'est relativement facile de partir vivre où vous voulez. Vous êtes les bienvenus partout. Vous êtes ce qu'on appelle des «expats» (des expatriés), des personnes avec un bon diplôme et/ou une situation économique confortable. Vous pouvez profiter de ce que le pays a de meilleur à offrir. On n'attend même pas de vous que vous appreniez la langue locale car on sait que vous repartirez dès qu'une meilleure opportunité se présentera ailleurs.

Mais pour les autres, les moins chanceux, ceux dont le passeport n'ouvre pas toutes les frontières, les choses sont plus compliquées. Eux, on les appelle des «immigrés». On les laisse entrer pour faire le travail dont les locaux ne veulent pas. Mais en même temps, on leur rappelle régulièrement qu'ils ne sont pas les bienvenus et qu'ils devront rentrer chez eux dès que l'économie n'aura plus besoin d'eux. Malgré ça, on veut qu'ils apprennent la langue locale, sinon c'est un manque de respect pour leur pays d'accueil.

Moi, en tant que français, je suis forcément un «expat‘». Si j'avais été ukrainien, j'aurais été un «immigré» et je me serais sûrement posé des questions sur ma place en Pologne plus tôt.

C'est ce dont je vous propose de parler dans cet épisode. On va voir que l'expatrié et l'immigré sont des archétypes qui illustrent deux facettes très différentes de la mondialisation.

Dans une tribune publiée en 2015 dans le Guardian, le blogueur togolais Mawuna Remarque Koutonin écrivait : «Les Africains sont des immigrés. Les Arabes sont des immigrés. Les Asiatiques sont des immigrés. Les Européens, eux, sont des “expats”. […] “Immigrés” est une façon de dire “races inférieures”» (fin de la citation). Selon lui, cette différence entre «immigrés» et «expats'» est un héritage du colonialisme. Je pense qu'il y a une part de vérité là-dedans, mais qu'il faut nuancer cette affirmation.

Si vous avez écouté l'épisode 38 sur l'immigration en France, vous savez que jusqu'à la 2nde guerre mondiale, les immigrés qui venaient s'installer dans l'hexagone étaient principalement d'origine européenne : des Italiens, des Espagnols, des Portugais et des Polonais. D'un autre côté, aujourd'hui, quand on croise un Américain noir en France ou en Pologne, on dit que c'est un «expat», pas un «immigré». Pareil pour un Japonais. Les Japonais sont forcément des expats.

À mon avis, plutôt que la «race» ou la couleur de peau, ce qui va nous placer dans la 1ère ou la 2nde catégorie, c'est d'abord la place de notre pays dans le classement mondial des puissances économiques. Si vous venez d'un pays riche, on imagine que vous êtes riches. Donc vous êtes automatiquement un “expat”. Au contraire, si vous venez d'un pays pauvre, vous êtes un immigré, même si vous êtes médecin, architecte ou ingénieur.

Le 2d facteur déterminant, c'est le nombre de vos compatriotes qui vivent aussi dans le pays. Plus vous êtes nombreux, plus il y a de chances qu'on vous considère comme des immigrés.

Avec ces deux facteurs, on comprend mieux pourquoi les Français qui vivent au Royaume-Uni sont considérés comme des «expats», alors que les Polonais sont des «immigrés».

Moi, quand j'ai déménagé en Pologne, je n'avais pas beaucoup d'argent. Je venais de terminer mes études, d'ailleurs j'avais un emprunt, une dette à rembourser à la banque. J'avais juste assez d'argent pour vivre trois ou quatre mois. Au début, mon projet, c'était de créer une entreprise avec mon meilleur ami, mais on s'est complètement plantés. Ah oui, «se planter», c'est un verbe familier pour dire «se tromper», «rater», «échouer». Pour simplifier, mon ami et moi, on voulait organiser des concerts electro à Varsovie, avec des DJs internationaux, mais ça n'a pas marché du tout. Du coup, j'ai été obligé de vite trouver un autre moyen de gagner ma vie.

J'ai eu de la chance parce qu'au même moment, la mère de mon ami était en train d'ouvrir une boulangerie française à Varsovie. Et elle avait besoin de quelqu'un pour faire des sandwiches donc j'ai sauté sur l'occasion. C'est comme ça qu'avec mon Master d'une grande école de commerce parisienne, je me suis retrouvé à me lever à 5h du matin pour faire des sandwiches dans une boulangerie en Pologne. Mais honnêtement, c'était une super expérience. Ça m'a remis les pieds sur terre, comme on dit, c'était un retour à la réalité.

Donc pendant ces quelques mois, j'avais plus le profil d'un immigré que d'un expatrié. Je n'avais pas beaucoup d'argent, je faisais un travail peu qualifié. Mais je savais que c'était temporaire. Et surtout, je savais que si je voulais, je pouvais facilement trouver un poste bien payé en marketing dans une grande entreprise française présente sur le marché polonais. Donc dans ma tête, j'étais un expat'.

En parlant de grandes entreprises, il faut savoir que ce sont justement elles qui sont à l'origine du concept d'«expat'». Depuis le début du capitalisme, les grandes entreprises essayent de conquérir les marchés au-delà de leurs frontières nationales. Pour ça, elles ont besoin d'envoyer leurs meilleurs cadres ouvrir des filiales, des branches, à l'étranger. Ces cadres, ces managers ont donc été les premiers expats.

C'est aussi ça, ce qui différence les expats des immigrés : les raisons du départ. Les expats déménagent dans un nouveau pays parce que leur entreprise leur offre un poste attractif, avec plus de responsabilités, un meilleur salaire ou d'autres avantages. C'est une opportunité.

C'était aussi le cas pour moi quand j'ai décidé de déménager en Pologne. Je pensais que le marché était moins compétitif à Varsovie qu'à Paris, et donc que ça serait plus simple d'organiser des événements là-bas. Ça me donnait aussi le luxe de pouvoir tester ce projet pendant plusieurs mois sans la pression du coût de la vie parisienne. Avec mes économies, j'aurais pu vivre un mois à Paris sans travailler. À Varsovie, j'ai tenu trois mois sans me priver de quoi que ce soit : en vivant dans un bel appartement, en allant au resto et en faisant la fête tous les weekends. Oui, j'étais jeune et insouciant à l'époque.

Pour les immigrés, c'est aussi une décision liée à des facteurs économiques, mais c'est plutôt une nécessité, soit parce que les salaires dans leur pays d'origine ne leur permettent pas de vivre décemment, soit parce qu'il n'y a pas de travail du tout. Les expatriés veulent un meilleur travail, les immigrés veulent juste un travail.

De plus en plus souvent, ce sont d'autres raisons encore plus terribles qui forcent les gens à émigrer : une guerre, un régime politique liberticide, une catastrophe naturelle ou le réchauffement climatique qui rend des régions entières inhabitables.

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