#32 - Le plus grand rockeur français est mort
Bienvenue dans l'épisode 32. Aujourd'hui je vous parle du plus grand rockeur français.
Salut, c'est Hugo ! Je suis très content de vous retrouver, ça fait longtemps qu'on ne s'est pas parlé. Ça fait deux semaines. Heureusement, certains d'entre vous m'ont envoyé des emails pendant ce temps-là. Manuel, Axel, Harry, Kathryn, Michele… J'en profite pour vous saluer et pour vous remercier. Comme je vous le répète souvent, je fais ce podcast, pour aider un maximum de personnes à apprendre le français. Moi, j'ai une petite idée de comment m'y prendre, comment le faire. Mais c'est encore mieux quand vous m'écrivez pour me dire ce que vous aimez, ce qui vous plaît. C'est pour ça que je suis toujours très content quand vous m'écrivez pour me le dire, ça m'aide énormément. Par exemple, j'ai compris que vous avez beaucoup apprécié l'épisode du Petit Prince. Pour moi c'était une surprise, parce que je ne savais pas si cette histoire vous intéresserait. Je pensais que vous voudriez m'entendre présenter des sujets concrets sur la psychologie ou l'économie. Mais apparemment vous préférez les épisodes où je vous raconte une histoire (celui sur le Horla de Maupassant est un des plus populaires aussi). Maintenant que je sais ça, je vais faire plus d'épisodes dans ce style.
Avant de commencer, je vous rappelle que si ce podcast est un peu difficile pour vous, il y a la transcription complète sur le site innerfrench.com. Elle vous aidera à tout comprendre !
Aujourd'hui, je vais encore vous raconter une histoire. Mais pas une histoire imaginaire, celle de la plus grande rockstar française. Si vous suivez l'actualité dans les médias français, vous avez sûrement entendu parler de lui car il est mort la semaine dernière, le 6 décembre. Il s'appelait Johnny Hallyday. Il est mort d'un cancer du poumon à l'âge de 74 ans, après 60 ans de carrière. 60 ans, vous vous rendez compte ?! C'est énorme ! Pendant sa carrière, il a sorti plus de 1000 chansons et fait encore plus de concerts. Quand on connaît la durée de vie des artistes actuels, qui disparaissent après deux morceaux, on a du mal à imaginer ça. Johnny Hallyday a eu une place tellement importante dans la culture française que le Président de la République, Emmanuel Macron, a organisé une journée d'hommage nationale en son honneur.
Personnellement, je ne suis pas un grand fan de sa musique. Mais je pense qu'il a eu une vie passionnante qui nous apprend beaucoup de choses sur l'évolution récente de la France. C'est pour ça que j'ai décidé de vous raconter son histoire. On écoutera aussi quelques-unes de ses chansons, comme ça vous pourrez vous faire votre propre avis sur sa musique.
Vous êtes prêts ? Alors, on y va !
Johnny Hallyday, ça ne sonne pas très français non ? Évidemment, ça n'était pas son vrai nom. C'était son nom de scène, un nom qu'il s'était choisi, son personnage. En réalité, l'homme dont nous allons parler aujourd'hui s'appelait Jean-Philippe Smet. Il est né en 1943 à Paris, pendant la Seconde Guerre Mondiale. À cette époque, en France, c'est le début du baby boom, une période où le nombre des naissances explose ; autrement dit les Français font plein de bébés ! Si vous vous rappelez de vos cours d'Histoire, vous savez qu'en 1943, la France est occupée par l'armée Nazie. Oui, les Français n'ont pas été très courageux et ils ont laissé l'ennemi s'installer tranquillement chez eux. On peut imaginer qu'ils s'ennuyaient pendant cette occupation, alors ils se sont mis à faire des bébés. « Se mettre à », c'est une expression qu'on utilise très souvent pour dire « commencer à faire quelque chose ». Par exemple : « je me suis mis à la peinture » ou « je me suis mis au yoga ». Donc vers la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les Français retrouvent de l'espoir et se mettent à faire des enfants. Jean-Philippe est l'un d'entre eux, un de ces bébés du baby boom.
Malheureusement, sa vie commence plutôt mal puisque son père, qui est belge, les abandonne, sa mère et lui, à la naissance. Sa mère est très jeune et elle ne se sent pas capable de s'occuper de lui, alors elle le confie à sa sœur, la tante de Jean-Philippe, qui a déjà deux filles. Le jeune Jean-Philippe grandit entouré d'artistes, car dans cette partie de la famille, il y a des danseuses et des musiciens. Pendant son enfance, il voyage avec sa tante et ses cousines qui font des tournées européennes dans les cabarets. Donc vous voyez que très tôt, il vit dans le monde du spectacle. À cause de ces voyages, il ne peut pas aller à l'école. Mais il prend des cours de violon, de guitare et de chant. Il apprend à chanter. Après ces tournées, la famille de Jean-Philippe revient s'installer à Paris. C'est à ce moment-là qu'il va découvrir sa vraie vocation, ce qu'il veut faire de sa vie.
Il a 14 ans quand il se rend au cinéma pour voir un Western. Mais il se trompe de salle et il arrive à la séance d'un autre film d'un style très différent. Sur l'écran, il voit pour la première fois la star américaine Elvis Presley. C'est le film Loving You. Au début, ça ne lui plaît pas vraiment. Mais quand Elvis commence à chanter, toutes les filles de la salle crient et se mettent à danser. Le jeune Jean-Philippe comprend alors le pouvoir du rock'n'roll et il décide immédiatement de devenir la première rockstar française.
Il rentre chez lui et il s'entraîne à imiter Elvis devant son miroir, à bouger et à chanter comme lui. Les gens de sa famille se moquent un peu de lui mais ils décident de le soutenir. Ils se cotisent pour lui acheter une guitare électrique. « Se cotiser », ça veut dire réunir de l'argent pour offrir un cadeau à quelqu'un. Le jeune homme décide de changer de nom, de prendre un nom qui sonne américain. Il choisit Johnny Hallyday.
Le rock devient sa passion. Il achète tous les vinyles des grands rockeurs américains et apprend à jouer leurs chansons. Il répète dans sa chambre pendant des heures et des heures. Ses amis du quartier le soutiennent, ils pensent que leur ami, Johnny, a le potentiel pour réaliser son rêve.
Johnny donne ses premiers petits concerts dans des cafés qui acceptent de le laisser jouer. Malheureusement, personne n'écoute de rock à cette époque en France. Aux Etats-Unis et en Angleterre, c'est un genre qui est déjà très populaire, mais en France ça n'est pas la même histoire. Les clients des cafés qui entendent le jeune Johnny ne comprennent pas ce qu'il chante, ils n'aiment pas sa façon de bouger à la Elvis. En plus, Johnny a le trac. « Avoir le trac », c'est une expression pour dire « avoir peur avant de faire quelque chose en public » comme chanter par exemple. Donc le jeune Johnny a le trac, il est stressé et ses performances ne sont pas très bonnes.
Johnny commence à douter. Il est encore jeune, il n'a pas confiance en lui. Le rock est sa passion, mais il n'arrive pas à la partager avec le public français. Heureusement, il rencontre d'autres jeunes qui partagent son amour du rock et qui le poussent à continuer. Ils lui disent de s'accrocher, de ne pas abandonner. Alors, Johnny continue de répéter, d'imiter ses idoles américaines et d'améliorer sa technique.
Le contexte commence à changer en France car nous sommes au moment des Trente Glorieuses. Les Trente Glorieuses, c'est le nom qu'on a donné aux 30 années qui ont suivi la Seconde Guerre Mondiale, pendant laquelle les principaux pays développés ont connu une croissance économique très forte et rapide. C'est un moment où l'économie s'est beaucoup développée, avec du travail pour tous et l'accès à un certain confort matériel.
Dans ce contexte, les jeunes commencent à rêver d'un nouveau monde. Ils s'affirment comme un groupe, différent des enfants et des adultes. Ils ont leurs propres modes, leurs propres codes, leur propre musique. Et justement, le rock devient un de leurs styles préférés. Les premiers clubs rocks apparaissent à Paris et évidemment le jeune Johnny y donne ses concerts. Là, le public apprécie enfin ses performances et il prend confiance en lui.
À 17 ans, il est invité dans sa première émission de radio et quelques mois plus tard, on lui propose d'enregistrer ses premiers titres. On est en 1960. Le premier vinyle de Johnny Hallyday sort avec 4 morceaux, dont un qui s'appelle « Laisse les filles ».
Ma mère me dit régulièrement
Tu ne fais rien tu perds ton temps
Tu ferais mieux de travailler
Au lieu de t'en aller traîner
Han han han, laisse les filles
Han han han, oui, laisse les filles
Tu as bien le temps
D'avoir des milliers d'embêtements crois-moi
Oui laisse donc un peu les filles
J'ai beau penser à ses conseils
A la fenêtre je m'émerveille
Et je regarde passer ces demoiselles
Pendant que ma mère crie de plus belle :
Han han han, laisse les filles
Han han han, oui, laisse les filles
Tu as bien le temps
D'avoir des milliers d'embêtements crois-moi
Oui laisse donc un peu les filles
Vous voyez dans ce morceau, on comprend quelle est la préoccupation principale du jeune Johnny : les filles ! C'est en partie pour elles qu'il s'est plongé dans le rock'n'roll et grâce à ses premiers succès, il a enfin des arguments pour les séduire !
Après son premier vinyle, la carrière de Johnny Hallyday est lancée. Il joue à l'Olympia, la salle de concerts la plus mythique de Paris, et il devient officiellement l'idole de sa génération. C'est le début d'une longue carrière qui va durer plus de 50 ans.
On peut dire que Johnny Hallyday a vraiment eu une vie rock'n'roll avec sexe, drogues et alcool. Il a profité de sa célébrité pour goûter à toutes les tentations !
Comme beaucoup de rockers, Johnny était un amoureux de motos, surtout des Harley Davidson. Il en a collectionné plusieurs, et il a fait des milliers de kilomètres avec elles. Parfois, il arrivait même sur scène en moto ! Mais il aimait aussi les grosses voitures, les voitures rapides. Ah, je vais en profiter pour vous poser une petite question : connaissez-vous la différence entre « rapide» et « vite » ? Souvent, mes élèves ne la connaissent pas, mais elle est très importante ! « Rapide » est un adjectif, on l'utilise avec un nom. Par exemple : « une voiture rapide ». « Vite », ça n'est pas un adjectif, c'est un adverbe ! On ne peut pas dire « la voiture vite » car il n'y a pas de verbe. « Vite », il faut l'utiliser avec un verbe comme : « la voiture va vite ». « Rapidement », c'est aussi un adverbe que vous pouvez utiliser à la place de « vite ». Donc Johnny n'avait pas peur de rouler vite, très vite.
Dans sa vie privée aussi, il n'avait pas peur des excès. C'était un gros fêtard. Un fêtard, c'est quelqu'un qui aime faire la fête. Et Johnny, faire la fête, il adorait ça. Après ses concerts, il trouvait toujours un bar ou un club qui restait ouvert jusqu'au matin. À ces fêtes, il y avait toujours beaucoup d'alcool et de drogues. Johnny a avoué plusieurs fois qu'il consommait de la cocaïne. Avec un tel style de vie, personne n'a été surpris quand Johnny a commencé à avoir des problèmes de santé. Mais vivre jusqu'à 74 ans avec un tel style de vie, personnellement je trouve que c'est une belle performance !
Comme vous pouvez l'imaginer, sa vie sentimentale a été très agitée elle aussi. Il s'est marié pour la première fois quand il avait 22 ans avec une jeune chanteuse très populaire : Sylvie Vartan. Ensemble, ils sont devenus un des premiers couples « people ». Oui, je sais que c'est un peu bizarre, mais en français on utilise le mot « people » pour parler des personnes connues, des célébrités. Il y a par exemple les magazines « people » qui publient des photos de paparazzi, des articles sur la vie privée des chanteurs, des acteurs, etc. Donc quand Johnny Hallyday et Sylvie Vartan se marient, c'est un peu le début de la presse people en France. Les médias publient des photos du couple et ensuite de leur premier enfant, David. Les Français sont très curieux, ils veulent tout savoir sur ce jeune couple beau, riche et célèbre. Mais assez rapidement, les ennuis arrivent. Les disputes se multiplient dans le couple. Sylvie comprend que vivre avec un rockeur, ça n'est pas facile tous les jours. Johnny a des problèmes d'argent car il dépense sans compter. Les médias publient des rumeurs qui aggravent encore la situation. Johnny fait même une tentative de suicide. Finalement en 1980, le couple divorce. Après ça, Johnny aura trois autres femmes dont la dernière Laeticia, avec qui il est resté de 1996 jusqu'à sa mort.
Donc vous voyez, la vie sentimentale de Johnny a été assez compliquée. C'était quelqu'un qui se posait beaucoup de questions. Malgré les apparences, il n'avait pas toujours confiance en lui, il doutait beaucoup. Il a fait plusieurs dépressions pendant sa carrière, mais il a toujours trouvé la force de continuer, même après les moments difficiles.
Il parle de ce désir de vivre dans une de ses chansons les plus célèbres : « Quelque chose de Tennessee ». C'est une chanson qui fait référence à un de ses auteurs préférés, Tennessee Williams, qui a écrit la célèbre pièce de théâtre Un tramway nommé Désir. Ce dramaturge américain avait lui aussi des problèmes d'addiction avec l'alcool et les drogues, il était accro. « Être accro », vous comprenez, ça veut dire « avoir une addiction à quelque chose ». Mais dans les œuvres de Tennessee Williams, on trouvait toujours une grande force de vie. Johnny a voulu lui rendre hommage dans sa chanson. Il explique dans ces paroles que nous avons tous cette force en nous, cette envie de vivre.
Quelque chose de Tennessee
On a tous quelque chose en nous de Tennessee
Cette volonté de prolonger la nuit
Ce désir fou de vivre une autre vie
Ce rêve en nous avec ses mots à lui
Quelque chose de Tennessee
Cette force qui nous pousse vers l'infini
Y a peu d'amour avec tellement d'envie
Si peu d'amour avec tellement de bruit
Quelque chose en nous de Tennessee
Absolument tous les Français connaissent cette chanson ! Si vous voulez l'écouter en entier, je vais mettre un lien dans la description du podcast. Vous pouvez aussi lire les paroles, elles ne sont pas très compliquées et ça sera un bon entraînement.
Mais revenons à Johnny. Pendant sa carrière, il a sorti beaucoup d'albums. Ah oui, quand quelque chose de nouveau arrive sur le marché, on utilise le verbe « sortir ». Par exemple : « le nouvel iPhone sort cette semaine » ou alors : « le nouveau film de Woody Allen vient de sortir au cinéma ». Donc je vous disais que Johnny a sorti énormément d'albums pendant sa carrière, il en a sorti 80 ! Des albums studios et d'autres enregistrés en live pendant ses concerts.
En tout, il en a vendu 110 millions. C'est pas mal, non ? D'ailleurs, c'est l'artiste français qui a vendu le plus d'albums, et de loin !
Forcément tous ses albums n'ont pas eu le même succès. Certains étaient même très mauvais ! Mais la grande force de Johnny Hallyday, c'est qu'il a réussi à s'adapter, à évoluer. Il était très ouvert aux nouveaux styles musicaux et il n'avait pas peur d'expérimenter. Par exemple en 1966, il a invité Jimi Hendrix à faire les premières parties de ses concerts en France. C'est assez drôle d'imaginer ça. À cette époque, Jimi Hendrix n'était pas encore connu. Mais Johnny Hallyday venait de découvrir le rock psychédélique et il avait envie de faire connaître Jimi Hendrix aux Français. Sur Youtube vous pouvez trouver une vidéo filmée dans les coulisses d'un de ces concerts. Les coulisses, c'est l'endroit où les artistes se préparent pour un spectacle. On utilise souvent l'expression « en coulisse » quand quelque chose se prépare et est caché au public. Bref, on peut dire que Johnny a gardé le goût du rock toute sa carrière, mais qu'il a essayé des genres différents.
D'ailleurs, Johnny a aussi essayé différents domaines artistiques car il a fait du cinéma, comme son idole Elvis ! Il a joué dans 23 films avec des grands réalisateurs comme Jean-Luc Godard ou Claude Lelouche. Avec son charisme et son physique, c'était un très bon acteur ! Il a même fait un peu de théâtre à la fin de sa carrière.
Cependant, s'il est aussi célèbre en France, c'est surtout grâce à ses concerts. On disait que Johnny était une bête de scène. Une bête de scène, c'est un artiste qui est très charismatique et qui enflamme son public avec ses spectacles. Et c'est vrai que les concerts de Johnny étaient toujours des moments extraordinaires pour ses fans. Même si les billets étaient chers, ses fans faisaient tout pour venir à chacun de ses concerts, car c'était toujours des shows incroyables. Par exemple, Johnny adorait faire des entrées spectaculaires, en moto ou en hélicoptère. On peut dire qu'il a été un des premiers à accorder tellement d'importance à la scénographie. Pour lui, ses spectacles devaient être plus que des concerts, ils devaient être des expériences inoubliables. En tout, il en a donné plus de 3200 ! Il s'est même produit aux Etats-Unis, à Las Vegas, en 1996 où il a fait venir 5000 fans en avion. Et c'est un des rares artistes français à avoir rempli le Stade de France ou donné un concert au pied de la Tour Eiffel. D'ailleurs, ça a été le plus grand concert en plein air, en extérieur, donné dans la capitale. Imaginez un peu l'ambiance avec des titres comme « Allumer le feu ».
Allumer le feu, 1998
Tourner le temps à l'orage
Revenir à l'état sauvage
Forcer les portes, les barrages
Sortir le loup de sa cage
Sentir le vent qui se déchaîne
Battre le sang dans nos veines
Monter le son des guitares
Et le bruit des motos qui démarrent
Il suffira d'une étincelle
Oui, d'un rien, oui, d'un geste
Il suffira d'une étincelle
Et d'un mot d'amour, oui pour
Allumer le feu, allumer le feu
Et faire danser les diables et les dieux
Allumer le feu, allumer le feu
Et voir grandir la flamme dans vos yeux
Allumer le feu
Malgré tous ces succès, la relation de Johnny Hallyday avec le public français n'a pas toujours été facile. Tout le monde aimait son histoire, celle d'un enfant abandonné par ses parents qui est devenu un des artistes les plus célèbres du pays. Mais quand il s'est mis à dépenser son argent dans des villas et des voitures de luxe, certains de ses fans lui ont tourné le dos. « Tourner le dos à quelqu'un», c'est une expression qui veut dire « ignorer une personne », « faire comme si elle n'existait pas ». Dans les années 70, Johnny a commencé à avoir des problèmes avec le Fisc, l'institution chargée de collecter les impôts, les taxes. Une partie des Français a commencé à penser que Johnny ne respectait pas la loi, qu'il ne respectait pas le système. La situation s'est encore aggravée quand il a décidé de déménager en Suisse pour payer moins d'impôts. À ce moment-là, il a été très critiqué, même par le Président Jacques Chirac qui était au pouvoir.
Mais le phénomène Johnny Hallyday est aussi intéressant car il illustre la division entre deux catégories de Français. D'un côté, ses fans qui viennent souvent de milieux populaires, qui vivent dans les petites villes ou à la campagne. Ah faites attention, l'adjectif « populaire » a plusieurs significations en français. Vous savez que « populaire » peut vouloir dire « apprécié par beaucoup de personnes ». Comme par exemple un film populaire, un film qui a été vu par beaucoup de spectateurs. Mais « populaire » fait aussi référence au milieu social des personnes qui n'ont pas beaucoup d'argent, des personnes pauvres. Donc ici, je veux dire que les fans de Johnny Hallyday appartiennent souvent à ce groupe social. De l'autre côté, il y a les membres de l'élite qui préfèrent écouter de la musique classique. Ils trouvent que la musique de Johnny Hallyday n'a rien d'intéressant. Donc pendant longtemps, Johnny Hallyday n'était pas apprécié des élites.
Mais le 6 décembre, quand il est mort, la situation a changé. De nombreux artistes lui ont rendu hommage, ils ont insisté sur l'influence qu'a eue Johnny sur la musique française. Une cérémonie nationale a même été organisée par le Président de la République. C'était samedi dernier, à Paris. Des dizaines de milliers de personnes sont venues, et le Président, Emmanuel Macron, a fait un discours.
Johnny était à son public. Johnny était au pays. Parce que Johnny était beaucoup plus qu'un chanteur, c'était la vie, la vie dans ce qu'elle a de souverain, d'éblouissant, de généreux. Et c'était une part de nous-mêmes. C'était une part de la France. Que ce jeune Belge, décidant de prendre un nom de scène anglo-saxon, soit allé chercher très loin le blues de l'âme noire américaine, le rock'n'roll de Nashville, pour le faire aimer aux quatre coins du pays, était hautement improbable. Et pourtant, c'est un destin français. Dix fois, dix fois il s'est réinventé, changeant les textes, les musiques, s'entourant des meilleurs, mais toujours il a été ce destin, et toujours vous étiez au rendez-vous. Il a été ce que Victor Hugo appelait « une force qui va ». Il a traversé à peu près tout sur son chemin. Il a connu les épreuves, les échecs. Il a traversé le temps, les époques, les générations et tout ce qui divise la société. Et c'est aussi pour cela, que nous sommes ensemble aujourd'hui. C'est aussi pour cela, que je m'exprime devant vous. Parce que nous sommes une nation, qui dit sa reconnaissance. Parce que nous sommes un peuple uni, autour d'un de ses fils prodigues.
Je pense que ce discours résume bien le rôle qu'a joué Johnny Hallyday. Il fait partie du patrimoine culturel français, c'est un des fils prodigues de la France. Et maintenant, les Français lui sont reconnaissants pour sa musique.
On arrive à la fin de ce podcast. J'espère qu'il vous a donné envie d'écouter quelques chansons de notre Johnny national. Si vous voulez des suggestions de musique française un peu plus modernes, vous pouvez aussi aller sur la chaîne Youtube d'innerFrench. Vous trouverez une playlist avec plein de bons artistes !
Et pour finir, si vous voulez m'aider moi, si vous voulez m'encourager, vous pouvez laisser une évaluation sur iTunes ou sur Facebook. D'ailleurs merci à toutes les personnes qui l'ont déjà fait ! Je lis tous vos commentaires et ils me motivent à continuer mes efforts.
Maintenant je vous dis rendez-vous dans deux semaines pour un nouvel épisode, et en attendant n'oubliez pas de faire un peu de français chaque jour. Bye bye !