Pratiques sexuelles des comédiens du XVIIIe - Nota Bene #31
Mes chers camarades bien le bonjour. Allez, avouez le. Vous avez cliqué sur ce lien juste pour voir du cul.
C'est pas grave je commence à vous connaître. Et puis bon, je vous en veux pas hein ! c'est normal.
En tout cas il y en a un autre aussi qui aime le cul, c'est Laurent Turcot.
Il aime bien en parler. C'est avec lui que j'avais fait le vidéo "sexe au moyen-âge" d'ailleurs.
Vu que la première vidéo vous a plu et bien on s'est dit qu'on allait remettre ça.
Et d'ailleurs on n'a pas attendu puisque on a refait une vidéo sur sa chaîne, sur l'homosexualité durant la renaissance.
Donc techniquement c'est notre troisième collaboration autour du sexe.
Et je tiens à dire que c'est toujours Laurent qui vient proposer ces thématiques.
Moi je n'y suis absolument pour rien.
Hey ! Salut tout le monde comment ça va ?
En fait oui, voilà, c'est que ben, ce sujet est tiré de mon mémoire de maîtrise
et j'avoue que je ne suis pas peu fier de dire que ma première contribution dans le monde universitaire
donc sérieux, enfin bon c'est ce qu'on dit mais faudra en reparler, date de 2003 et avait pour titre :
"sexe, débauche, orgies et parties fines chez les acteurs populaires du XVIIIe siècle à Paris".
Qu'est ce que vous voulez, on ne se réforme pas.
non !
Aujourd'hui on va donc vous parler des pratiques sexuelles des acteurs de boulevards à Paris au XVIIIe siècle.
Et si ça se trouve on doit faire un petit B-A -BA des orgies ou des parties fines.
Ou pas à vous de voir. hein !
Allez, c'est parti !
Au XVIII siècle c'est pas super cool d'être comédien.
Dès qu'ils mettent le pied sur la scène, ils sont automatiquement excommuniés par la sainte église catholique.
Et oui car en France, et plus particulièrement à Paris,
l'église considère que celui dont la profession est de jouer un rôle, de faire semblant,
en gros, de mentir est un être nocif pour la société.
Pour résumer, on les met un peu sur le même pied d'égalité que les prostituées.
Le comédien ne peut pas, en principe, se marier, faire enregistrer la naissance de ses enfants
ni recevoir la communion et l'extrême onction.
Et par conséquent se voit refuser le privilège d'être enterré dans un cimetière.
Oui, je sais que ça peut paraître petit là, mais à l'époque c'est énorme !
C'est quand même super lourds comme sanction et un type comme Molière a, lui aussi, eu des problèmes avec ça.
Le curé et qui s'occupait de lui à sa mort a refusé de lui donner les derniers sacrement
et c'est seulement par l'intervention de louis XIV lui même,
parce que Molière avait eu un impact non négligeable durant son vivant
qu'on autorisa son corps a reposer dans un cimetière.
Et encore, il a fallu transporter son corps de nuit et sans faire de cérémonies.
Parce qu'il faut pas déconner non plus.
On va lever ces interdits dès que le comédien répudie sa vocation et abandonne son métier.
L'excommunication en France entraîne également des sanctions civiles.
L'infamie civile qui pèse sur le dos des comédiens est lourde.
Ils n'ont pas le droit de se constituer en corporations ce qui leur permettrait d'avoir certains droits devant la loi.
La profession de comédien est donc laissée pour compte dans l'organisation administrative
et religieuse de l'ancien régime.
Et quand tu es mis de côté dans la société, tout de suite la réputation de dépravé ne tarde pas à venir.
D'autant que parfois c'est assez vrai.
A la fin du XVIII siècle, à Paris, deux auteurs vont s'atteler à la tâche de décrire
et de "trasher" la vie des acteurs et principalement ceux de boulevard.
Le boulevard c'est le boulevard du temple. C'est le lieu où s'installent principalement les théâtres populaires.
Ces deux auteurs, François Marie Mayer de Saint-Paul et le compère Mathieu vont décrire avec le plus d'insistance
ces dépravations sexuelles des acteurs populaires.
Le premier auteur, Mayer, va s'attacher à décrire, souvent avec une sensibilité très odorante et tactile,
l'organisation des plaisirs collectifs et individuels mais dans les limites permises
pour un ouvrage qui ne se veut pas libertin mais pamphlétaire.
Il va donc évoquer les différents endroits où prennent place les débauches sexuelles des acteurs.
Et c'est chez les traiteurs et les cafés que l'on organise les parties fines et les orgies.
On engage alors des musiciennes qui chantent quelques couplets entraînants
pour les jeunes moisons en quête de virilité dont, et bien oui, voici quelques extraits ! vous êtes prêts ? Allez !
Décharger votre pot de lait, La laitière charmante, Et si la danse vous plait,
que le plaisir vous tente, J'ai mon violon tout prêt,
Qui vous rendra
contente.
vive le cabaret ! En y buvant sa chopinnette,
sans façon sur un tabouret, On y baise sa claudinette et souvent pour un quart d'écu de l'une et
l'autre on voit le … ...
Il affirme également que ces endroits sont des réceptacles de tribades et de sodomites.
Toujours selon Mayer, Talons un acteur du célèbre directeur de théâtre Jean Baptiste Nicolet,
réalise ses fantasmes sodomites sur des petits garçons.
Et Rivières, un autre acteur, fait fonctionner son sexe à voile et à vapeur.
Une image assez évocatrice.
Pour enfoncer le clou, Mayer souligne que l'homosexualité féminine et masculine,
considérée à cette époque comme une déviance, est répandue chez ces acteurs.
Là où il y a plaisirs, il y a acteurs. Les relations entre acteurs et actrices du même théâtre sont fréquentes.
Mayer décrit avec verve les relations sexuelles de ces derniers.
Un exemple ? Allez !
Elle Forêt, actrice de Nicolet, resta un an avec ce vieux débauché (un marquis quelconque) qui, dit-on,
prenait tout son plaisir à caresser la jolie coquille avec la partie la plus élastique de sa bouche.
Les thèmes qui sont utilisés pour les acteurs de Nicolet sont les mêmes pour ceux de Nicolas Médard Audineau
du théâtre des associés, ou encore des variétés.
C'est sensiblement les mêmes choses que l'on va dire de tous les grands théâtres à l'époque.
Théâtres de boulevard bien sûr. À ne pas confondre avec la comédie italienne,
comédie française et académie royale de musique. Ça c'est les théâtres privilégiés à l'époque.
De l'orgie au concubinage,
saluant au passage la tendance fortement répandue chez les directeurs de vérifier si telle ou telle actrice
dansaient aussi bien au lit qu'au théâtre,
Mayer utilise les mêmes formules pour caractériser la vie sexuelle de cette profession.
Le libertinage pourrait servir à décrire l'intégralité des arguments de l'auteur.
La sodomie, l'homosexualité, les orgies et les relations particulières entre les artisans de la scène
sont monnaie courante. Et ces thèmes servent de base à tout l'argumentaire de Mayer.
Mais le texte le plus jouissif arrive, rassurez vous !
Publier en1791 "Les pantins des boulevards" d'un auteur nommé le Compère Mathieu, dépasse la période étudiée.
L'ouvrage est entièrement dédié aux moeurs sexuelles des acteurs.
L'auteur utilise le style théâtral pour son pamphlet
et pénètre très profondément à l'intérieur de ces bordels de Thalie
pour en décrire les multiples aventures sexuelles des acteurs.
D'ailleurs le sous titre du livre, pour mieux vous le vendre, c'est :
"Confessions paillardes des trybades et catins des tréteaux du boulevard"
Ce qui donne quand même vachement envie de le lire.
Dans cet ouvrage il a cru bon d'imager ses dires en agrémentant son livre de quelques gravures,
pour le moins… obscènes, on va dire.
Prenons l'exemple de ce qu'on dit sur ceux qui composent la troupe de Nicolet.
La plus connue et la plus populaire.
Pour comprendre la manière dont il conçoit la sexualité chez ces acteurs.
Dans la gravure qui ouvre le chapitre sur Nicolet, on voit apparaître le titre suivant :
"Obscénités triviales des danseurs de cordes". La gravure qui suit est loin d'être au delà de tout soupçon.
On peut même dire "c'est voilà vous voyez tout".
Les légendes nous fournient l'explication de ce qui est représenté:
Ribier, en habit de golo, foutera Forest l'aînée, en habit de Sophie de Brabant.
Nicolet, dont elle est la maîtresse, en robe de chambre, les prends sur le fait.
et Mayeur, en habit de paysan niais, la queue de ses cheveux haute et retroussée,
semblera dire à Nicolet: "regarde gros cochon, ta putain ferme et leste,
en fameux coup de cul, n'étant jamais en reste"
Le style est vulgaire et trivial, volontairement agressif.
Nicolet est le premier à passer au fil de l'épée du compère Mathieu.
On assiste à la longue liste des maîtresses de Nicolet.
Mathieu décrit également avec minutie les débauches de la femme de Nicolet
car elle attend de son amant qu'il glisse son index libertin dans son clitoris,
de baiser avec ivresse toutes les parties de son corps, des torrents de foutre inondaient le théâtre
de nos caresses lubriques et nous nagions l'un et l'autre dans une mer de délices.
Tout ça, me direz vous, c'est de la diffamation.
On n'a pas de réelles preuves que tout ça s'est réellement passé. Non ?
non?!
Ben oui ! Y-en a!
Pour ça il faut aller regarder dans les rapports de police, à la police parisienne bien sûr, et c'est ce que j'ai fait.
De 1752 à 1789, j'en ai dénombré une dizaine qui touchent aux moeurs sexuelles des acteurs populaires.
Les relations parfois conflictuelles entre les directeurs et les acteurs et les actrices
permettent à la police de jeter un oeil sur la dimension sexuelle qui règne dans ces spectacles.
D'ailleurs il n'est pas rare de retrouver des filles qui viennent se plaindre chez le commissaire
d'avoir été mise enceinte par les comédiens.
Ces derniers, selon les dires des jeunes filles, ont abusé d'elle en promettant de se marier.
Truc assez classique au XVIIIe siècle.
On trouve aussi des arrestations de comédiens sous la rubrique générale de "libertinage".
Un exemple : samedi 24 juillet 1784, 9 heures et demie du soir.
Nicolas Touret, acteur du spectacle de l'ambigu comique,
arrêté par Martin Tellier caporal à la réquisition de Thérèse Couvreur.
Sa mère, femme de Jean-Louis Tourrain, concierge du-dit spectacle.
Pour libertinage et inconduite.
Les contemporains parlent beaucoup des parties fines et des orgies auxquelles les acteurs s'adonnent
et les informations sont souvent très générales dans les rapports de police.
Sauf dans un! Dans un seul cas la police constate de ses propres yeux les dépravations des acteurs.
Elle est témoin d'une de ces parties de plaisir en collectivité à l'intérieur même du théâtre.
À ça, ils savaient s'amuser !
Cette mise en scène, digne du portier des chartreux (les textes pornographiques de l'époque)
frappe l'imagination, pour ceux en quête d'indices sur la vie sexuelle tant décriée.
Les informations sont presque trop belles pour y croire.
Qui sont ces Mayer et Gougi ? Nul ne le sait.
D'ailleurs l'historien Emile Campardon, au XIX e siècle, qui peut se vanter d'avoir daté la naissance et la mort
de la plupart des acteurs de boulevard, reste muet sur ces deux personnages.
Ils sortent littéralement des profondeurs de l'enfer.
Qui est Sodomme, qui est Gomorre ?
Toujours est-il que la seule pluie de souffre et de feu qui tombe sur ces deux individus est celle de la police
qui les envoie en prison.
Quand on lit ce genre de rapport, on peut être tenté de croire qu'ils attestent des mœurs déréglées de l'époque
et pourtant, nous l'avons dit, il n'y a qu'une seule trace de ce témoignage.
On ne doit donc pas prendre ce document et en tirer des lois générales
sur les comportements des comédiens à l'époque.
Mais ça restait assez amusant à évoquer.
De même, François Marie Meyer dont nous avons parlé tout à l'heure,
il est connu pour être un auteur particulièrement prolifique
qui relaie sans état d'âme toutes les rumeurs de l'époque.
Alors bien évidemment ça peut être des rumeurs qui parfois puisent dans ce qui doit être vrai,
mais c'est des rumeurs quand même.
Enfin bon le bougre faisait aussi partie pendant pas mal de temps
des troupes de Jean-Baptiste Nicolet en tant qu'acteur. Donc on se doute qu'il a dû voir des trucs.
Merci à tous d'avoir suivi cet épisode consacré une fois de plus au cul.
On espère vraiment que ça vous a plu.
Je remercie bien évidemment Laurent Turcot de m'avoir accompagné sur cet épisode
et d'avoir bossé pour retrouver ces rapports.
Et merci Ben, à force de parler de sexe, les gens vont commencer à se dire qu'on est intéressé que par ça.
Faudrait peut-être évoluer dans nos sujets.
Tu sais, passer du stade de l'enfance à ce stade d'adolescents
pour éventuellement devenir adulte. Éventuellement! Pas tout de suite! Éventuellement!
Vous pouvez retrouver Laurent sur sa chaîne " L'histoire nous le dira".
Je vous mets le lien de notre dernière collaboration en descriptions et à la fin de la vidéo en suggestions.
On compte sur vos partages, vos pouces, vos commentaires...
Abonnez-vous à nos deux chaînes si c'est pas déjà fait.
Moi je vous dis à la prochaine pour un nouvel épisode, de cul, ou pas ! Salut!
Au revoir