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Alice au pays des merveilles - Alice in Wonderland, Part (10,11,12)

Part (10,11,12)

CHAPITRE X.

LE QUADRILLE DE HOMARDS.

La Fausse-Tortue soupira profondément et passa le dos d'une de ses nageoires sur ses yeux.

Elle regarda Alice et s'efforça de parler, mais les sanglots étouffèrent sa voix pendant une ou deux minutes. « On dirait qu'elle a un os dans le gosier, » dit le Griffon, et il se mit à la secouer et à lui taper dans le dos. Enfin la Fausse-Tortue retrouva la voix, et, tandis que de grosses larmes coulaient le long de ses joues, elle continua :

« Peut-être n'avez-vous pas beaucoup vécu au fond de la mer ?

» — ( « Non, » dit Alice) — « et peut-être ne vous a-t-on jamais présentée à un homard ? » (Alice allait dire : « J'en ai goûté une fois — » mais elle se reprit vivement, et dit : « Non, jamais. ») « De sorte que vous ne pouvez pas du tout vous figurer quelle chose délicieuse c'est qu'un quadrille de homards. » « Non, vraiment, » dit Alice. « Qu'est-ce que c'est que cette danse-là ? » « D'abord, » dit le Griffon, « on se met en rang le long des bords de la mer — » « On forme deux rangs, » cria la Fausse-Tortue : « des phoques, des tortues et des saumons, et ainsi de suite.

Puis lorsqu'on a débarrassé la côte des gelées de mer — »

« Cela prend ordinairement longtemps, » dit le Griffon.

« — on avance deux fois — »

« Chacun ayant un homard pour danseur, » cria le Griffon.

« Cela va sans dire, » dit la Fausse-Tortue.

« Avancez deux fois et balancez — »

« Changez de homards, et revenez dans le même ordre, » continua le Griffon.

« Et puis, vous comprenez, » continua la Fausse-Tortue, « vous jetez les — »

« Les homards !

» cria le Griffon, en faisant un bond en l'air.

« — aussi loin à la mer que vous le pouvez — »

« Vous nagez à leur poursuite !

! » cria le Griffon. « — vous faites une cabriole dans la mer ! ! ! » cria la Fausse-Tortue, en cabriolant de tous côtés comme une folle.

« Changez encore de homards !!

! ! » hurla le Griffon de toutes ses forces.

« — revenez à terre ; et — c'est là la première figure, » dit la Fausse-Tortue, baissant tout à coup la voix ; et ces deux êtres, qui pendant tout ce temps avaient bondi de tous côtés comme des fous, se rassirent bien tristement et bien posément, puis regardèrent Alice.

« Cela doit être une très-jolie danse, » dit timidement Alice.

« Voudriez-vous voir un peu comment ça se danse ?

» dit la Fausse-Tortue. « Cela me ferait grand plaisir, » dit Alice.

« Allons, essayons la première figure, » dit la Fausse-Tortue au Griffon ; « nous pouvons la faire sans homards, vous comprenez.

Qui va chanter ? » « Oh ! chantez, vous, » dit le Griffon ; « moi j'ai oublié les paroles. » Ils se mirent donc à danser gravement tout autour d'Alice, lui marchant de temps à autre sur les pieds quand ils approchaient trop près, et remuant leurs pattes de devant pour marquer la mesure, tandis que la Fausse-Tortue chantait très-lentement et très-tristement : « Nous n'irons plus à l'eau, Si tu n'avances tôt ; Ce Marsouin trop pressé Va tous nous écraser.

Colimaçon danse, Entre dans la danse ; Sautons, dansons, Avant de faire un plongeon.

» « Je ne veux pas danser, Je me f'rais fracasser. » « Oh ! » reprend le Merlan, « C'est pourtant bien plaisant. » Colimaçon danse, Entre dans la danse ; Sautons, dansons, Avant de faire un plongeon.

« Je ne veux pas plonger, Je ne sais pas nager.

» — « Le Homard et l'bateau D'sauv'tag' te tir'ront d'l'eau. » Colimaçon danse, Entre dans la danse ; Sautons, dansons, Avant de faire un plongeon. « Merci ; c'est une danse très-intéressante à voir danser, » dit Alice, enchantée que ce fût enfin fini ; « et je trouve cette curieuse chanson du merlan si agréable ! » « Oh ! quant aux merlans, » dit la Fausse-Tortue, « ils — vous les avez vus, sans doute ? » « Oui, » dit Alice, « je les ai souvent vus à dî— » elle s'arrêta tout court. « Je ne sais pas où est Di, » reprit la Fausse Tortue ; « mais, puisque vous les avez vus si souvent, vous devez savoir l'air qu'ils ont ?

» « Je le crois, » répliqua Alice, en se recueillant. « Ils ont la queue dans la bouche — et sont tout couverts de mie de pain. » « Vous vous trompez à l'endroit de la mie de pain, » dit la Fausse-Tortue : « la mie serait enlevée dans la mer, mais ils ont bien la queue dans la bouche, et la raison en est que — » Ici la Fausse-Tortue bâilla et ferma les yeux. « Dites-lui-en la raison et tout ce qui s'ensuit, » dit-elle au Griffon.

« La raison, c'est que les merlans, » dit le Griffon, « voulurent absolument aller à la danse avec les homards.

Alors on les jeta à la mer. Alors ils eurent à tomber bien loin, bien loin. Alors ils s'entrèrent la queue fortement dans la bouche. Alors ils ne purent plus l'en retirer. Voilà tout. » « Merci, » dit Alice, « c'est très-intéressant ; je n'en avais jamais tant appris sur le compte des merlans. » « Je propose donc, » dit le Griffon, « que vous nous racontiez quelques-unes de vos aventures. » « Je pourrais vous conter mes aventures à partir de ce matin, » dit Alice un peu timidement ; « mais il est inutile de parler de la journée d'hier, car j'étais une personne tout à fait différente alors. » « Expliquez-nous cela, » dit la Fausse-Tortue. « Non, non, les aventures d'abord, » dit le Griffon d'un ton d'impatience ; « les explications prennent tant de temps.

» Alice commença donc à leur conter ses aventures depuis le moment où elle avait vu le Lapin Blanc pour la première fois. Elle fut d'abord un peu troublée dans le commencement ; les deux créatures se tenaient si près d'elle, une de chaque côté, et ouvraient de si grands yeux et une si grande bouche ! Mais elle reprenait courage à mesure qu'elle parlait. Les auditeurs restèrent fort tranquilles jusqu'à ce qu'elle arrivât au moment de son histoire où elle avait eu à répéter à la chenille : « Vous êtes vieux, Père Guillaume, » et où les mots lui étaient venus tout de travers, et alors la Fausse-Tortue poussa un long soupir et dit : « C'est bien singulier. » « Tout cela est on ne peut plus singulier, » dit le Griffon. « Tout de travers, » répéta la Fausse-Tortue d'un air rêveur.

« Je voudrais bien l'entendre réciter quelque chose à présent. Dites-lui de s'y mettre. » Elle regardait le Griffon comme si elle lui croyait de l'autorité sur Alice.

« Debout, et récitez : « C'est la voix du canon, » » dit le Griffon.

« Comme ces êtres-là vous commandent et vous font répéter des leçons !

» pensa Alice ; « autant vaudrait être à l'école. » Cependant elle se leva et se mit à réciter ; mais elle avait la tête si pleine du Quadrille de Homards, qu'elle savait à peine ce qu'elle disait, et que les mots lui venaient tout drôlement : —

« C'est la voix du homard grondant comme la foudre : « On m'a trop fait bouillir, il faut que je me poudre !

» Puis, les pieds en dehors, prenant la brosse en main, De se faire bien beau vite il se met en train. » « C'est tout différent de ce que je récitais quand j'étais petit, moi, » dit le Griffon. « Je ne l'avais pas encore entendu réciter, » dit la Fausse-Tortue ; « mais cela me fait l'effet d'un fameux galimatias.

» Alice ne dit rien ; elle s'était rassise, la figure dans ses mains, se demandant avec étonnement si jamais les choses reprendraient leur cours naturel. « Je voudrais bien qu'on m'expliquât cela, » dit la Fausse-Tortue.

« Elle ne peut pas l'expliquer, » dit le Griffon vivement.

« Continuez, récitez les vers suivants. » « Mais, les pieds en dehors, » continua opiniâtrement la Fausse-Tortue. « Pourquoi dire qu'il avait les pieds en dehors ? » « C'est la première position lorsqu'on apprend à danser, » dit Alice ; tout cela l'embarrassait fort, et il lui tardait de changer la conversation. « Récitez les vers suivants, » répéta le Griffon avec impatience ; « ça commence : « Passant près de chez lui — » »

Alice n'osa pas désobéir, bien qu'elle fût sûre que les mots allaient lui venir tout de travers.

Elle continua donc d'une voix tremblante :

« Passant près de chez lui, j'ai vu, ne vous déplaise, Une huître et un hibou qui dînaient fort à l'aise.

» « À quoi bon répéter tout ce galimatias, » interrompit la Fausse-Tortue, « si vous ne l'expliquez pas à mesure que vous le dites ? C'est, de beaucoup, ce que j'ai entendu de plus embrouillant. » « Oui, je crois que vous feriez bien d'en rester là, » dit le Griffon ; et Alice ne demanda pas mieux. « Essaierons-nous une autre figure du Quadrille de Homards ?

» continua le Griffon. « Ou bien, préférez-vous que la Fausse-Tortue vous chante quelque chose ? » « Oh ! une chanson, je vous prie ; si la Fausse-Tortue veut bien avoir cette obligeance, » répondit Alice, avec tant d'empressement que le Griffon dit d'un air un peu offensé : « Hum ! Chacun son goût. Chantez-lui « La Soupe à la Tortue, » hé ! camarade ! » La Fausse-Tortue poussa un profond soupir et commença, d'une voix de temps en temps étouffée par les sanglots : « Ô doux potage, Ô mets délicieux !

Ah ! pour partage, Quoi de plus précieux ? Plonger dans ma soupière Cette vaste cuillère Est un bonheur Qui me réjouit le cœur.

« Gibier, volaille, Lièvres, dindes, perdreaux, Rien qui te vaille, — Pas même les pruneaux !

Plonger dans ma soupière Cette vaste cuillère Est un bonheur Qui me réjouit le cœur. » « Bis au refrain ! » cria le Griffon ; et la Fausse-Tortue venait de le reprendre, quand un cri, « Le procès va commencer ! » se fit entendre au loin.

« Venez donc !

» cria le Griffon ; et, prenant Alice par la main, il se mit à courir sans attendre la fin de la chanson.

« Qu'est-ce que c'est que ce procès ?

» demanda Alice hors d'haleine ; mais le Griffon se contenta de répondre : « Venez donc ! » en courant de plus belle, tandis que leur parvenaient, de plus en plus faibles, apportées par la brise qui les poursuivait, ces paroles pleines de mélancolie :

« Plonger dans ma soupière Cette vaste cuillère Est un bonheur Qui me réjouit le cœur.

» CHAPITRE XI. QUI A VOLÉ LES TARTES ? Le Roi et la Reine de Cœur étaient assis sur leur trône, entourés d'une nombreuse assemblée : toutes sortes de petits oiseaux et d'autres bêtes, ainsi que le paquet de cartes tout entier. Le Valet, chargé de chaînes, gardé de chaque côté par un soldat, se tenait debout devant le trône, et près du roi se trouvait le Lapin Blanc, tenant d'une main une trompette et de l'autre un rouleau de parchemin. Au beau milieu de la salle était une table sur laquelle on voyait un grand plat de tartes ; ces tartes semblaient si bonnes que cela donna faim à Alice, rien que de les regarder. « Je voudrais bien qu'on se dépêchât de finir le procès, » pensa-t-elle, « et qu'on fît passer les rafraîchissements, » mais cela ne paraissait guère probable, aussi se mit-elle à regarder tout autour d'elle pour passer le temps. C'était la première fois qu'Alice se trouvait dans une cour de justice, mais elle en avait lu des descriptions dans les livres, et elle fut toute contente de voir qu'elle savait le nom de presque tout ce qu'il y avait là. « Ça, c'est le juge, » se dit-elle ; « je le reconnais à sa grande perruque. » Le juge, disons-le en passant, était le Roi, et, comme il portait sa couronne par-dessus sa perruque (regardez le frontispice, si vous voulez savoir comment il s'était arrangé) il n'avait pas du tout l'air d'être à son aise, et cela ne lui allait pas bien du tout. « Et ça, c'est le banc du jury, » pensa Alice ; « et ces douze créatures » (elle était forcée de dire « créatures, » vous comprenez, car quelques-uns étaient des bêtes et quelques autres des oiseaux), « je suppose que ce sont les jurés ; » elle se répéta ce dernier mot deux ou trois fois, car elle en était assez fière : pensant avec raison que bien peu de petites filles de son âge savent ce que cela veut dire. Les douze jurés étaient tous très-occupés à écrire sur des ardoises. « Qu'est-ce qu'ils font là ? » dit Alice à l'oreille du Griffon. « Ils ne peuvent rien avoir à écrire avant que le procès soit commencé. » « Ils inscrivent leur nom, » répondit de même le Griffon, « de peur de l'oublier avant la fin du procès. » « Les niais ! » s'écria Alice d'un ton indigné, mais elle se retint bien vite, car le Lapin Blanc cria : « Silence dans l'auditoire ! » Et le Roi, mettant ses lunettes, regarda vivement autour de lui pour voir qui parlait. Alice pouvait voir, aussi clairement que si elle eût regardé par-dessus leurs épaules, que tous les jurés étaient en train d'écrire « les niais » sur leurs ardoises, et elle pouvait même distinguer que l'un d'eux ne savait pas écrire « niais » et qu'il était obligé de le demander à son voisin. « Leurs ardoises seront dans un bel état avant la fin du procès ! » pensa Alice. Un des jurés avait un crayon qui grinçait ; Alice, vous le pensez bien, ne pouvait pas souffrir cela ; elle fit le tour de la salle, arriva derrière lui, et trouva bientôt l'occasion d'enlever le crayon. Ce fut si tôt fait que le pauvre petit juré (c'était Jacques, le lézard) ne pouvait pas s'imaginer ce qu’il était devenu. Après avoir cherché partout, il fut obligé d’écrire avec un doigt tout le reste du jour, et cela était fort inutile, puisque son doigt ne laissait aucune marque sur l’ardoise. « Héraut, lisez l’acte d’accusation ! » dit le Roi. Sur ce, le Lapin Blanc sonna trois fois de la trompette, et puis, déroulant le parchemin, lut ainsi qu’il suit : « La Reine de Cœur fit des tartes, Un beau jour de printemps ; Le Valet de Cœur prit les tartes, Et s’en fut tout content ! » « Délibérez, » dit le Roi aux jurés. « Pas encore, pas encore, » interrompit vivement le Lapin ; « il y a bien des choses à faire auparavant ! » « Appelez les témoins, » dit le Roi ; et le Lapin Blanc sonna trois fois de la trompette, et cria : « Le premier témoin ! » Le premier témoin était le Chapelier. Il entra, tenant d’une main une tasse de thé et de l’autre une tartine de beurre. « Pardon, Votre Majesté, » dit il, « si j’apporte cela ici ; je n’avais pas tout à fait fini de prendre mon thé lorsqu’on est venu me chercher. » « Vous auriez dû avoir fini, » dit le Roi ; « quand avez-vous commencé ? » Le Chapelier regarda le Lièvre qui l’avait suivi dans la salle, bras dessus bras dessous avec le Loir. « Le Quatorze Mars, je crois bien, » dit-il. « Le Quinze ! » dit le Lièvre. « Le Seize ! » ajouta le Loir. « Notez cela, » dit le Roi aux jurés. Et les jurés s’empressèrent d’écrire les trois dates sur leurs ardoises ; puis en firent l’addition, dont ils cherchèrent à réduire le total en francs et centimes. « Ôtez votre chapeau, » dit le Roi au Chapelier. « Il n’est pas à moi, » dit le Chapelier. « Volé ! » s’écria le Roi en se tournant du côté des jurés, qui s’empressèrent de prendre note du fait. « Je les tiens en vente, » ajouta le Chapelier, comme explication. « Je n’en ai pas à moi ; je suis chapelier. » Ici la Reine mit ses lunettes, et se prit à regarder fixement le Chapelier, qui devint pâle et tremblant. « Faites votre déposition, » dit le Roi ; « et ne soyez pas agité ; sans cela je vous fais exécuter sur-le-champ. » Cela ne parut pas du tout encourager le témoin ; il ne cessait de passer d’un pied sur l’autre en regardant la Reine d’un air inquiet, et, dans son trouble, il mordit dans la tasse et en enleva un grand morceau, au lieu de mordre dans la tartine de beurre. Juste à ce moment-là, Alice éprouva une étrange sensation qui l’embarrassa beaucoup, jusqu’à ce qu’elle se fût rendu compte de ce que c’était. Elle recommençait à grandir, et elle pensa d’abord à se lever et à quitter la cour : mais, toute réflexion faite, elle se décida à rester où elle était, tant qu’il y aurait de la place pour elle. « Ne poussez donc pas comme ça, » dit le Loir ; « je puis à peine respirer. » « Ce n’est pas de ma faute, » dit Alice doucement ; « je grandis. » « Vous n’avez pas le droit de grandir ici, » dit le Loir. « Ne dites pas de sottises, » répliqua Alice plus hardiment ; « vous savez bien que vous aussi vous grandissez. » « Oui, mais je grandis raisonnablement, moi, » dit le Loir ; « et non de cette façon ridicule. » Il se leva en faisant la mine, et passa de l’autre côté de la salle. Pendant tout ce temps-là, la Reine n’avait pas cessé de fixer les yeux sur le Chapelier, et, comme le Loir traversait la salle, elle dit à un des officiers du tribunal : « Apportez-moi la liste des chanteurs du dernier concert. » Sur quoi, le malheureux Chapelier se mit à trembler si fortement qu’il en perdit ses deux souliers. « Faites votre déposition, » répéta le Roi en colère ; « ou bien je vous fais exécuter, que vous soyez troublé ou non ! » « Je suis un pauvre homme, Votre Majesté, » fit le Chapelier d’une voix tremblante ; « et il n’y avait guère qu’une semaine ou deux que j’avais commencé à prendre mon thé, et avec ça les tartines devenaient si minces et les dragéesdu thé — » « Les dragées de quoi ? » dit le Roi. « Ça a commencé par le thé, » répondit le Chapelier. « Je vous dis que dragée commence par un d ! » cria le Roi vivement. « Me prenez-vous pour un âne ? Continuez ! » « Je suis un pauvre homme, » continua le Chapelier ; « et les dragées et les autres choses me firent perdre la tête. Mais le Lièvre dit — » « C’est faux ! » s’écria le Lièvre se dépêchant de l’interrompre. « C’est vrai ! » cria le Chapelier. « Je le nie ! » cria le Lièvre. « Il le nie ! » dit le Roi. « Passez là-dessus. » « Eh bien ! dans tous les cas, le Loir dit — » continua le Chapelier, regardant autour de lui pour voir s’il nierait aussi ; mais le Loir ne nia rien, car il dormait profondément. « Après cela, » continua le Chapelier, « je me coupai d’autres tartines de beurre. » « Mais, que dit le Loir ? » demanda un des jurés. « C’est ce que je ne peux pas me rappeler, » dit le Chapelier. « Il faut absolument que vous vous le rappeliez, » fit observer le Roi ; « ou bien je vous fais exécuter. » Le malheureux Chapelier laissa tomber sa tasse et sa tartine de beurre, et mit un genou en terre. « Je suis un pauvre homme, Votre Majesté ! » commença-t-il. « Vous êtes un très-pauvre orateur, » dit le Roi. Ici un des cochons d’Inde applaudit, et fut immédiatement réprimé par un des huissiers. (Comme ce mot est assez difficile, je vais vous expliquer comment cela se fit. Ils avaient un grand sac de toile qui se fermait à l’aide de deux ficelles attachées à l’ouverture ; dans ce sac ils firent glisser le cochon d’Inde la tête la première, puis ils s’assirent dessus.) « Je suis contente d’avoir vu cela, » pensa Alice. « J’ai souvent lu dans les journaux, à la fin des procès : « Il se fit quelques tentatives d’applaudissements qui furent bientôt réprimées par les huissiers, » et je n’avais jamais compris jusqu’à présent ce que cela voulait dire. » « Si c’est là tout ce que vous savez de l’affaire, vous pouvez vous prosterner, » continua le Roi. « Je ne puis pas me prosterner plus bas que cela, » dit le Chapelier ; « je suis déjà par terre. » « Alors asseyez-vous, » répondit le Roi. Ici l’autre cochon d’Inde applaudit et fut réprimé. « Bon, cela met fin aux cochons d’Inde ! » pensa Alice. « Maintenant ça va mieux aller. » « J’aimerais bien aller finir de prendre mon thé, » dit le Chapelier, en lançant un regard inquiet sur la Reine, qui lisait la liste des chanteurs. « Vous pouvez vous retirer, » dit le Roi ; et le Chapelier se hâta de quitter la cour, sans même prendre le temps de mettre ses souliers. « Et coupez-lui la tête dehors, » ajouta la Reine, s’adressant à un des huissiers ; mais le Chapelier était déjà bien loin avant que l’huissier arrivât à la porte. « Appelez un autre témoin, » dit le Roi. L’autre témoin, c’était la cuisinière de la Duchesse ; elle tenait la poivrière à la main, et Alice devina qui c’était, même avant qu’elle entrât dans la salle, en voyant éternuer, tout à coup et tous à la fois, les gens qui se trouvaient près de la porte. « Faites votre déposition, » dit le Roi. « Non ! » dit la cuisinière. Le Roi regarda d’un air inquiet le Lapin Blanc, qui lui dit à voix basse : « Il faut que Votre Majesté interroge ce témoin-là contradictoirement. » « Puisqu’il le faut, il le faut, » dit le Roi, d’un air triste ; et, après avoir croisé les bras et froncé les sourcils en regardant la cuisinière, au point que les yeux lui étaient presque complètement rentrés dans la tête, il dit d’une voix creuse : « De quoi les tartes sont-elles faites ? » « De poivre principalement ! » dit la cuisinière. « De mélasse, » dit une voix endormie derrière elle. « Saisissez ce Loir au collet ! » cria la Reine. « Coupez la tête à ce Loir ! Mettez ce Loir à la porte ! Réprimez-le, pincez-le, arrachez-lui ses moustaches ! » Pendant quelques instants, toute la cour fut sens dessus dessous pour mettre le Loir à la porte ; et, quand le calme fut rétabli, la cuisinière avait disparu. « Cela ne fait rien, » dit le Roi, comme soulagé d’un grand poids. « Appelez le troisième témoin ; » et il ajouta à voix basse en s’adressant à la Reine : « Vraiment, mon amie, il faut que vous interrogiez cet autre témoin ; cela me fait trop mal au front ! » Alice regardait le Lapin Blanc tandis qu’il tournait la liste dans ses doigts, curieuse de savoir quel serait l’autre témoin. « Car les dépositions ne prouvent pas grand’chose jusqu’à présent, » se dit-elle. Imaginez sa surprise quand le Lapin Blanc cria, du plus fort de sa petite voix criarde : « Alice ! » CHAPITRE XII. DÉPOSITION D’ALICE. « Voilà ! » cria Alice, oubliant tout à fait dans le trouble du moment combien elle avait grandi depuis quelques instants, et elle se leva si brusquement qu’elle accrocha le banc des jurés avec le bord de sa robe, et le renversa, avec tous ses occupants, sur la tête de la foule qui se trouvait au-dessous, et on les vit se débattant de tous côtés, comme les poissons rouges du vase qu’elle se rappelait avoir renversé par accident la semaine précédente. « Oh ! je vous demande bien pardon ! » s’écria-t-elle toute confuse, et elle se mit à les ramasser bien vite, car l’accident arrivé aux poissons rouges lui trottait dans la tête, et elle avait une idée vague qu’il fallait les ramasser tout de suite et les remettre sur les bancs, sans quoi ils mourraient. « Le procès ne peut continuer, » dit le Roi d’une voix grave, « avant que les jurés soient tous à leurs places ; tous ! » répéta-t-il avec emphase en regardant fixement Alice. Alice regarda le banc des jurés, et vit que dans son empressement elle y avait placé le Lézard la tête en bas, et le pauvre petit être remuait la queue d’une triste façon, dans l’impossibilité de se redresser ; elle l’eut bientôt retourné et replacé convenablement. « Non que cela soit bien important, » se dit-elle, « car je pense qu’il serait tout aussi utile au procès la tête en bas qu’autrement. » Sitôt que les jurés se furent un peu remis de la secousse, qu’on eut retrouvé et qu’on leur eut rendu leurs ardoises et leurs crayons, ils se mirent fort diligemment à écrire l’histoire de l’accident, à l’exception du Lézard, qui paraissait trop accablé pour faire autre chose que demeurer la bouche ouverte, les yeux fixés sur le plafond de la salle. « Que savez-vous de cette affaire-là ? » demanda le Roi à Alice. « Rien, » répondit-elle. « Rien absolument ? » insista le Roi. « Rien absolument, » dit Alice. « Voilà qui est très-important, » dit le Roi, se tournant vers les jurés. Ils allaient écrire cela sur leurs ardoises quand le Lapin Blanc interrompant : « Peu important, veut dire Votre Majesté, sans doute, » dit-il d’un ton très-respectueux, mais en fronçant les sourcils et en lui faisant des grimaces. « Peu important, bien entendu, c’est ce que je voulais dire, » répliqua le Roi avec empressement. Et il continua de répéter à demi-voix : « Très-important, peu important, peu important, très-important ; » comme pour essayer lequel des deux était le mieux sonnant. Quelques-uns des jurés écrivirent « très-important, » d’autres, « peu important. » Alice voyait tout cela, car elle était assez près d’eux pour regarder sur leurs ardoises. « Mais cela ne fait absolument rien, » pensa-t-elle. À ce moment-là, le Roi, qui pendant quelque temps avait été fort occupé à écrire dans son carnet, cria : « Silence ! » et lut sur son carnet : « Règle Quarante-deux : Toute personne ayant une taille de plus d’un mille de haut devra quitter la cour. » Tout le monde regarda Alice. « Je n’ai pas un mille de haut, » dit-elle. « Si fait, » dit le Roi. « Près de deux milles, » ajouta la Reine. « Eh bien ! je ne sortirai pas quand même ; d’ailleurs cette règle n’est pas d’usage, vous venez de l’inventer. » « C’est la règle la plus ancienne qu’il y ait dans le livre, » dit le Roi. « Alors elle devrait porter le numéro Un. » Le Roi devint pâle et ferma vivement son carnet. « Délibérez, » dit-il aux jurés d’une voix faible et tremblante. « Il y a d’autres dépositions à recevoir, s’il plaît à Votre Majesté, » dit le Lapin, se levant précipitamment ; « on vient de ramasser ce papier. » « Qu’est-ce qu’il y a dedans ? » dit la Reine. « Je ne l’ai pas encore ouvert, » dit le Lapin Blanc ; « mais on dirait que c’est une lettre écrite par l’accusé à — à quelqu’un. » « Cela doit être ainsi, » dit le Roi, « à moins qu’elle ne soit écrite à personne, ce qui n’est pas ordinaire, vous comprenez. » « À qui est-elle adressée ? » dit un des jurés. « Elle n’est pas adressée du tout, » dit le Lapin Blanc ; « au fait, il n’y a rien d’écrit à l’extérieur. » Il déplia le papier tout en parlant et ajouta : « Ce n’est pas une lettre, après tout ; c’est une pièce de vers. » « Est-ce l’écriture de l’accusé ? » demanda un autre juré. « Non, » dit le Lapin Blanc, « et c’est ce qu’il y a de plus drôle. » (Les jurés eurent tous l’air fort embarrassé.) « Il faut qu’il ait imité l’écriture d’un autre, » dit le Roi. (Les jurés reprirent l’air serein.) « Pardon, Votre Majesté, » dit le Valet, « ce n’est pas moi qui ai écrit cette lettre, et on ne peut pas prouver que ce soit moi ; il n’y a pas de signature. » « Si vous n’avez pas signé, » dit le Roi, « cela ne fait qu’empirer la chose ; il faut absolument que vous ayez eu de mauvaises intentions, sans cela vous auriez signé, comme un honnête homme. » Là-dessus tout le monde battit des mains ; c’était la première réflexion vraiment bonne que le Roi eût faite ce jour-là. « Cela prouve sa culpabilité, » dit la Reine. « Cela ne prouve rien, » dit Alice. « Vous ne savez même pas ce dont il s’agit. » « Lisez ces vers, » dit le Roi. Le Lapin Blanc mit ses lunettes. « Par où commencerai-je, s’il plaît à Votre Majesté ? » demanda-t-il. « Commencez par le commencement, » dit gravement le Roi, « et continuez jusqu’à ce que vous arriviez à la fin ; là, vous vous arrêterez. » Voici les vers que lut le Lapin Blanc : « On m’a dit que tu fus chez elle Afin de lui pouvoir parler, Et qu’elle assura, la cruelle, Que je ne savais pas nager ! Bientôt il leur envoya dire (Nous savons fort bien que c’est vrai !) Qu’il ne faudrait pas en médire, Ou gare les coups de balai ! J’en donnai trois, elle en prit une ; Combien donc en recevrons-nous ? (Il y a là quelque lacune.) Toutes revinrent d’eux à vous. Si vous ou moi, dans cette affaire, Étions par trop embarrassés, Prions qu’il nous laisse, confrère, Tous deux comme il nous a trouvés. Vous les avez, j’en suis certaine, (Avant que de ses nerfs l’accès Ne bouleversât l’inhumaine,) Trompés tous trois avec succès. Cachez-lui qu’elle les préfère ; Car ce doit être, par ma foi, (Et sera toujours, je l’espère) Un secret entre vous et moi. » « Voilà la pièce de conviction la plus importante que nous ayons eue jusqu’à présent, » dit le Roi en se frottant les mains ; « ainsi, que le jury maintenant — — » « S’il y a un seul des jurés qui puisse l’expliquer, » dit Alice (elle était devenue si grande dans ces derniers instants qu’elle n’avait plus du tout peur de l’interrompre), « je lui donne une pièce de dix sous. Je ne crois pas qu’il y ait un atome de sens commun là-dedans. » Tous les jurés écrivirent sur leurs ardoises : « Elle ne croit pas qu’il y ait un atome de sens commun là-dedans, » mais aucun d’eux ne tenta d’expliquer la pièce de vers. « Si elle ne signifie rien, » dit le Roi, « cela nous épargne un monde d’ennuis, vous comprenez ; car il est inutile d’en chercher l’explication ; et cependant je ne sais pas trop, » continua-t-il en étalant la pièce de vers sur ses genoux et les regardant d’un œil ; « il me semble que j’y vois quelque chose, après tout. « Que je ne savais pas nager ! » Vous ne savez pas nager, n’est-ce pas ? » ajouta-t-il en se tournant vers le Valet. Le Valet secoua la tête tristement. « En ai-je l’air, » dit-il. (Non, certainement, il n’en avait pas l’air, étant fait tout entier de carton.) « Jusqu’ici c’est bien, » dit le Roi ; et il continua de marmotter tout bas, « « Nous savons fort bien que c’est vrai. » C’est le jury qui dit cela, bien sûr ! « J’en donnai trois, elle en prit une ; » justement, c’est là ce qu’il fit des tartes, vous comprenez. » « Mais vient ensuite : « Toutes revinrent d’eux à vous, » » dit Alice. « Tiens, mais les voici ! » dit le Roi d’un air de triomphe, montrant du doigt les tartes qui étaient sur la table. « Il n’y a rien de plus clair que cela ; et encore : « Avant que de ses nerfs l’accès. » Vous n’avez jamais eu d’attaques de nerfs, je crois, mon épouse ? » dit-il à la Reine. « Jamais ! » dit la Reine d’un air furieux en jetant un encrier à la tête du Lézard. (Le malheureux Jacques avait cessé d’écrire sur son ardoise avec un doigt, car il s’était aperçu que cela ne faisait aucune marque ; mais il se remit bien vite à l’ouvrage en se servant de l’encre qui lui découlait le long de la figure, aussi longtemps qu’il y en eut.) « Non, mon épouse, vous avez trop bon air, » dit le Roi, promenant son regard tout autour de la salle et souriant. Il se fit un silence de mort. « C’est un calembour, » ajouta le Roi d’un ton de colère ; et tout le monde se mit à rire. « Que le jury délibère, » ajouta le Roi, pour à peu près la vingtième fois ce jour-là. « Non, non, » dit la Reine, « l’arrêt d’abord, on délibérera après. » « Cela n’a pas de bon sens ! » dit tout haut Alice. « Quelle idée de vouloir prononcer l’arrêt d’abord ! » « Taisez-vous, » dit la Reine, devenant pourpre de colère. « Je ne me tairai pas, » dit Alice. « Qu’on lui coupe la tête ! » hurla la Reine de toutes ses forces. Personne ne bougea. « On se moque bien de vous, » dit Alice (elle avait alors atteint toute sa grandeur naturelle). « Vous n’êtes qu’un paquet de cartes ! » Là-dessus tout le paquet sauta en l’air et retomba en tourbillonnant sur elle ; Alice poussa un petit cri, moitié de peur, moitié de colère, et essaya de les repousser ; elle se trouva étendue sur le gazon, la tête sur les genoux de sa sœur, qui écartait doucement de sa figure les feuilles mortes tombées en voltigeant du haut des arbres. « Réveillez-vous, chère Alice ! » lui dit sa sœur. « Quel long somme vous venez de faire ! » « Oh ! j’ai fait un si drôle de rêve, » dit Alice ; et elle raconta à sa sœur, autant qu’elle put s’en souvenir, toutes les étranges aventures que vous venez de lire ; et, quand elle eut fini son récit, sa sœur lui dit en l’embrassant : « Certes, c’est un bien drôle de rêve ; mais maintenant courez à la maison prendre le thé ; il se fait tard. » Alice se leva donc et s’éloigna en courant, pensant le long du chemin, et avec raison, quel rêve merveilleux elle venait de faire. Mais sa sœur demeura assise tranquillement, tout comme elle l’avait laissée, la tête appuyée sur la main, contemplant le coucher du soleil et pensant à la petite Alice et à ses merveilleuses aventures ; si bien qu’elle aussi se mit à rêver, en quelque sorte ; et voici son rêve : — D’abord elle rêva de la petite Alice personnellement : — les petites mains de l’enfant étaient encore jointes sur ses genoux, et ses yeux vifs et brillants plongeaient leur regard dans les siens. Elle entendait jusqu’au son de sa voix ; elle voyait ce singulier petit mouvement de tête par lequel elle rejetait en arrière les cheveux vagabonds qui sans cesse lui revenaient dans les yeux ; et, comme elle écoutait ou paraissait écouter, tout s’anima autour d’elle et se peupla des étranges créatures du rêve de sa jeune sœur. Les longues herbes bruissaient à ses pieds sous les pas précipités du Lapin Blanc ; la Souris effrayée faisait clapoter l’eau en traversant la mare voisine ; elle entendait le bruit des tasses, tandis que le Lièvre et ses amis prenaient leur repas qui ne finissait jamais, et la voix perçante de la Reine envoyant à la mort ses malheureux invités. Une fois encore l’enfant-porc éternuait sur les genoux de la Duchesse, tandis que les assiettes et les plats se brisaient autour de lui ; une fois encore la voix criarde du Griffon, le grincement du crayon d’ardoise du Lézard, et les cris étouffés des cochons d’Inde mis dans le sac par ordre de la cour, remplissaient les airs, en se mêlant aux sanglots que poussait au loin la malheureuse Fausse-Tortue. C’est ainsi qu’elle demeura assise, les yeux fermés, et se croyant presque dans le Pays des Merveilles, bien qu’elle sût qu’elle n’avait qu’à rouvrir les yeux pour que tout fût changé en une triste réalité : les herbes ne bruiraient plus alors que sous le souffle du vent, et l’eau de la mare ne murmurerait plus qu’au balancement des roseaux ; le bruit des tasses deviendrait le tintement des clochettes au cou des moutons, et elle reconnaîtrait les cris aigus de la Reine dans la voix perçante du petit berger ; l’éternuement du bébé, le cri du Griffon et tous les autres bruits étranges ne seraient plus, elle le savait bien, que les clameurs confuses d’une cour de ferme, tandis que le beuglement des bestiaux dans le lointain remplacerait les lourds sanglots de la Fausse-Tortue. Enfin elle se représenta cette même petite sœur, dans l’avenir, devenue elle aussi une grande personne ; elle se la représenta conservant, jusque dans l’âge mûr, le cœur simple et aimant de son enfance, et réunissant autour d’elle d’autres petits enfants dont elle ferait briller les yeux vifs et curieux au récit de bien des aventures étranges, et peut-être même en leur contant le songe du Pays des Merveilles du temps jadis : elle la voyait partager leurs petits chagrins et trouver plaisir à leurs innocentes joies, se rappelant sa propre enfance et les heureux jours d’été. FIN.

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CHAPITRE X. ГЛАВА(1)| CHAPITRE(1)|X chapter|X CHAPTER X.

LE QUADRILLE DE HOMARDS. ЛЕ||| |quadrille||HOMARDS the|quadrille|of|lobsters el|cuadrilla||LANGOSTAS Ο Αστακός QUARILLE. КВАДРИЛЬ С ОМАРАМИ. КВАРИЛЬ ОМАРА. THE LOBSTER QUADRILLE.

La Fausse-Tortue soupira profondément et passa le dos d’une de ses nageoires sur ses yeux. |Ложная||вздохнула|глубоко||провела||спиной||||плавник||| the|||sighed|deeply|and|she passed|the|back|of a|of|her|fins|on|her|eyes |Falsa|Tortuga|suspiró|profundamente||pasó||lado|una||su|navegadoras|sobre|sus|ojos Черепаха-медведица глубоко вздохнула и провела тыльной стороной ласты по глазам. Помилкова черепаха глибоко зітхнула й провела тильною стороною одного зі своїх ласт по очах. The Mock Turtle sighed deeply and wiped one of its fins across its eyes.

Elle regarda Alice et s’efforça de parler, mais les sanglots étouffèrent sa voix pendant une ou deux minutes. she|she looked|Alice|and|she tried|to|to speak|but|the|sobs|they stifled|her|voice|for|a|or|two|minutes Она посмотрела на Элис и попыталась заговорить, но рыдания заглушили ее голос на минуту или две. Вона подивилася на Алісу й спробувала заговорити, але ридання заглушили її голос на хвилину чи дві. It looked at Alice and tried to speak, but sobs choked its voice for a minute or two. « On dirait qu’elle a un os dans le gosier, » dit le Griffon, et il se mit à la secouer et à lui taper dans le dos. it|it would seem|that she|has|a|bone|in|the|throat|said|the|Griffin|and|he|he|he started|to|her|to shake|and|to|her|to hit|in|the|back "Она выглядит так, будто у нее в глотке кость", - сказал Гриффин и принялся трясти ее и гладить по спине. «Схоже, у неї кістка в горлі», — сказав Грифон і почав трясти її та поплескувати по спині. "It looks like she has a bone in her throat," said the Griffin, and he started shaking her and patting her on the back. Enfin la Fausse-Tortue retrouva la voix, et, tandis que de grosses larmes coulaient le long de ses joues, elle continua : finally|the|||she found|the|voice|and|while|that|some|big|tears|they were flowing|||of|her|cheeks|she|she continued Наконец Черепаха вновь обрела голос и, со слезами, текущими по щекам, продолжила: Нарешті Фальшива Черепаха знайшла свій голос і, поки великі сльози текли по її щоках, вона продовжила: Finally, the Mock Turtle found her voice, and, while big tears rolled down her cheeks, she continued:

« Peut-être n’avez-vous pas beaucoup vécu au fond de la mer ? ||you have not|you|not|much|lived|at|bottom|of|the|sea "Возможно, вы недолго жили на дне моря? «Може, ви мало жили на дні моря? "Maybe you haven't lived much at the bottom of the sea?

» — ( « Non, » dit Alice) — « et peut-être ne vous a-t-on jamais présentée à un homard ? no|said|Alice|and|||not|you||||ever|introduced|to|a|lobster "Нет, - сказала Алиса, - и, возможно, вас никогда не знакомили с омаром? — («Ні, — сказала Аліса) — і, можливо, вас ніколи не знайомили з омаром?» " — ("No," said Alice) — "and maybe you've never been introduced to a lobster? » (Alice allait dire : « J’en ai goûté une fois — » mais elle se reprit vivement, et dit : « Non, jamais. Alice|was going to|to say|I have tasted it|I have|tasted|one|time|but|she|herself|she caught herself|quickly|and|she said|No|never "Алиса хотела сказать: "Я пробовала его однажды...", но взяла себя в руки и сказала: "Нет, никогда. (Аліса збиралася сказати: «Я куштувала це одного разу…», але швидко схопилася й сказала: «Ні, ніколи. " (Alice was going to say: "I tasted one once —" but she quickly corrected herself and said: "No, never. ») « De sorte que vous ne pouvez pas du tout vous figurer quelle chose délicieuse c’est qu’un quadrille de homards. so that|sort|that|you|not|you can|at all|of|all|you|to imagine|what|thing|delicious|it is|that a|quadrille|of|lobsters "Вы не можете себе представить, какая вкусная штука - квадрильи из лобстеров. — Тож ви взагалі не уявляєте, яка смакота кадриль із омарів. ») « So you can't even imagine what a delicious thing a quadrille of lobsters is. » « Non, vraiment, » dit Alice. no|really|said|Alice "Нет, правда, - сказала Элис. » « No, really, » said Alice. « Qu’est-ce que c’est que cette danse-là ? ||that|it is|that|this|dance|there "Что это за танец? «Що це за танець? « What kind of dance is that? » « D’abord, » dit le Griffon, « on se met en rang le long des bords de la mer — » first|said|the|Griffin|we|ourselves|we put|in|line|||the|shores|of|the|sea "Сначала, - сказал Грифон, - мы выстроимся вдоль берега моря..." — Спочатку, — сказав Грифон, — ми шикуємося вздовж узбережжя… » « First, » said the Griffin, « you line up along the edges of the sea — « On forme deux rangs, » cria la Fausse-Tortue : « des phoques, des tortues et des saumons, et ainsi de suite. we|we form|two|ranks|she cried|the|||some|seals|some|turtles|and|some|salmon|and|so|of|continuation "Мы формируем два ряда, - крикнула Ложная Черепаха, - тюлени, черепахи, лосось и так далее. «Ми стаємо в два ряди, — вигукнула Фальшива Черепаха: — тюлені, черепахи, лосось і так далі. « You form two lines, » cried the Mock Turtle: « seals, turtles, and salmon, and so on.

Puis lorsqu’on a débarrassé la côte des gelées de mer — » then|when we|has|cleared|the|coast|of|frosts|of|sea Затем, как только побережье очистилось от морского инея - " Потім, коли ми очистили узбережжя від морської желе… Then when we have cleared the coast of the sea frosts —

« Cela prend ordinairement longtemps, » dit le Griffon. it|it takes|ordinarily|a long time|said|the|Griffin "Обычно это занимает много времени, - говорит Гриффин. — Зазвичай це займає багато часу, — сказав Грифон. "That usually takes a long time," said the Griffin.

« — on avance deux fois — » we|we move|two|times " - мы идем вперед дважды - " "— we move forward twice —

« Chacun ayant un homard pour danseur, » cria le Griffon. each one|having|a|lobster|for|dancer|he shouted|the|Griffin "Всем по омару для танца", - крикнул Гриффин. «У кожного є омар замість танцюриста», — вигукнув Грифон. "Everyone having a lobster for a dancer," shouted the Griffin.

« Cela va sans dire, » dit la Fausse-Tortue. it|it goes|without|to say|said|the|| "Это само собой разумеется, - сказала Ложная Черепаха. — Це само собою зрозуміло, — сказала Фальшива Черепаха. "That goes without saying," said the Mock Turtle.

« Avancez deux fois et balancez — » advance|two|times|and|swing "Шаг вперед дважды и замах - ". «Крок двічі та гойдайся…» "Move forward twice and swing — "},{

« Changez de homards, et revenez dans le même ordre, » continua le Griffon. change|of|lobsters|and|come back|in|the|same|order|he continued|the|Griffin "Change lobsters, and come back in the same order," continued the Griffon. "Меняйте омаров и возвращайтесь в том же порядке, - продолжал Гриффин. — Поміняй лобстерів і повертайся в тому ж порядку, — продовжив Грифон.

« Et puis, vous comprenez, » continua la Fausse-Tortue, « vous jetez les — » and|then|you|you understand|she continued|the|||you|you throw|the "And then, you understand," continued the False Turtle, "you throw the -" "А потом, понимаете, - продолжала Ложная Черепаха, - вы бросаете..." — А потім, розумієш, — продовжувала Фальшива Черепаха, — ти кидаєш...

« Les homards ! the|lobsters «Омари!

» cria le Griffon, en faisant un bond en l’air. he/she/it created|the|Griffin|by|making|a|jump|in|the air The Griffon shouted, jumping up and down.

« — aussi loin à la mer que vous le pouvez — » as|far|to|the|sea|as|you|it|you can «— якомога далі в море...» "— as far out to sea as you can —"

« Vous nagez à leur poursuite ! you|you swim|at|their|pursuit «Пливи за ними! "You are swimming after them!"

! » cria le Griffon. « — vous faites une cabriole dans la mer ! he/she/it created|the|Griffin|you|you make|a|somersault|in|the|sea ! — скрикнув Грифон. «Ти капрієш у морі! !" shouted the Griffin. "— you are doing a somersault in the sea!" ! ! » cria la Fausse-Tortue, en cabriolant de tous côtés comme une folle. she shouted|the|||while|capering|from|all|sides|like|a|mad ! ! — скрикнула Фальшива Черепаха, хитаючись, як божевільна. ! !" shouted the Mock Turtle, somersaulting all around like a madwoman.

« Changez encore de homards !! change|again|of|lobsters “Знову змініть лобстерів!! "Change lobsters again!!"

! ! » hurla le Griffon de toutes ses forces. he shouted|the|Griffin|of|all|his|forces "! ! " shouted the Griffin with all his might.

« — revenez à terre ; et — c’est là la première figure, » dit la Fausse-Tortue, baissant tout à coup la voix ; et ces deux êtres, qui pendant tout ce temps avaient bondi de tous côtés comme des fous, se rassirent bien tristement et bien posément, puis regardèrent Alice. come back|to|land|and|it's|there|the|first|figure|said|the|||lowering|all|at|once|the|voice|and|these|two|beings|who|during|all|this|time|they had|jumped|from|all|sides|like|some|crazy|they|they sat down|very|sadly|and|very|calmly|then|they looked|Alice «—вийти на берег; і... це перша цифра, — сказала Фальшива Черепаха, раптом стишивши голос; і ці дві істоти, які весь цей час стрибали, як божевільні, сіли дуже сумно й спокійно, а потім поглянули на Алісу. "— come back to the ground; and — that's the first figure," said the Mock Turtle, suddenly lowering his voice; and these two beings, who had been jumping around like mad for all this time, sat down very sadly and very calmly, then looked at Alice.

« Cela doit être une très-jolie danse, » dit timidement Alice. it|it must|to be|a|||dance|she said|timidly|Alice — Мабуть, дуже гарний танець, — боязко сказала Аліса. "That must be a very pretty dance," said Alice timidly.

« Voudriez-vous voir un peu comment ça se danse ? ||to see|a|a little|how|it|to|to dance «Хочеш трохи подивитися, як це танцюють? "Would you like to see a little how it's danced?" said the Mock Turtle.

» dit la Fausse-Tortue. « Cela me ferait grand plaisir, » dit Alice. said|the|||It|me|it would make|great|pleasure|said|Alice "I would be very pleased to," said Alice.

« Allons, essayons la première figure, » dit la Fausse-Tortue au Griffon ; « nous pouvons la faire sans homards, vous comprenez. let's go|let's try|the|first|figure|said|the|||to the|Gryphon|we|we can|it|to make|without|lobsters|you|you understand «Ну, давай спробуємо першу фігуру», — сказала Фальшива Черепаха Грифону; «Знаєте, ми можемо зробити це без лобстерів. "Come on, let's try the first figure," said the Mock Turtle to the Gryphon; "we can do it without lobsters, you understand.

Qui va chanter ? who|is going to|to sing Who will sing? » « Oh ! Oh "Oh! chantez, vous, » dit le Griffon ; « moi j’ai oublié les paroles. sing|you|said|the|Griffin|me|I have|forgotten|the|lyrics співай ти, — сказав Грифон; «Я забув текст. you sing," said the Gryphon; "I've forgotten the words. » Ils se mirent donc à danser gravement tout autour d’Alice, lui marchant de temps à autre sur les pieds quand ils approchaient trop près, et remuant leurs pattes de devant pour marquer la mesure, tandis que la Fausse-Tortue chantait très-lentement et très-tristement : they|themselves|they began|therefore|to|to dance|seriously|all|around|of Alice|her|walking|on|time|at|other|on|the|feet|when|they|they approached|too|close|and|moving|their|paws|of|front|to|to mark|the|measure|while|that|the|||she sang|||and|| Тож вони почали серйозно танцювати навколо Аліси, час від часу наступаючи їй на ноги, коли підходили надто близько, і ворушили передніми лапами, щоб відзначити час, а Фальшива Черепаха співала дуже повільно... і дуже сумно: "So they began to dance gravely all around Alice, stepping on her feet from time to time when they got too close, and moving their front paws to mark the beat, while the Mock Turtle sang very slowly and very sadly: « Nous n’irons plus à l’eau, Si tu n’avances tôt ; Ce Marsouin trop pressé Va tous nous écraser. we|we will not go|more|to|the water|if|you|you do not advance|early|this|porpoise|too|rushed|he will go|all|us|to crush «Більше не підемо до води, Як раненько не прийдеш; Ця морська свиня надто поспішає, Розчавить нас усіх. "We will no longer go to the water, If you don't move early; This eager Porpoise Will crush us all."

Colimaçon danse, Entre dans la danse ; Sautons, dansons, Avant de faire un plongeon. snail|dance|enter|in|the|dance|let's jump|let's dance|before|to|to make|a|dive Колимасон танцює, Увійдіть у танок; Пострибаємо, потанцюємо, Перш ніж пірнути. Snail dances, Join the dance; Let's jump, let's dance, Before taking a plunge.

» « Je ne veux pas danser, Je me f’rais fracasser. I|not|I want|not|to dance|I|I|I would get|smashed «Я не хочу танцювати, мене розіб’ють». "I don't want to dance, I would get smashed." » « Oh ! Oh "Oh!" » reprend le Merlan, « C’est pourtant bien plaisant. takes back|the|Merlan|it's|yet|quite|pleasant продовжує Вайтінг, «Однак це дуже приємно. "" says the Whiting, "It is quite enjoyable after all." » Colimaçon danse, Entre dans la danse ; Sautons, dansons, Avant de faire un plongeon. snail|dance|enter|in|the|dance|let's jump|let's dance|before|to|to make|a|dive Колимасон танцює, Увійдіть у танок; Пострибаємо, потанцюємо, Перш ніж пірнути. " Snail dances, Join the dance; Let's jump, let's dance, Before taking a plunge.

« Je ne veux pas plonger, Je ne sais pas nager. I|not|I want|not|to dive|I|not|I know|not|to swim " I don't want to dive, I don't know how to swim.

» — « Le Homard et l’bateau D’sauv’tag' te tir’ront d’l’eau. the|lobster|and|the boat|of rescue|you|they will pull|from the water » — « Лобстер і човен D'sauv'tag' витягнуть вас із води. " — " The Lobster and the rescue boat Will pull you out of the water. » Colimaçon danse, Entre dans la danse ; Sautons, dansons, Avant de faire un plongeon. « Merci ; c’est une danse très-intéressante à voir danser, » dit Alice, enchantée que ce fût enfin fini ; « et je trouve cette curieuse chanson du merlan si agréable ! snail|dance|enter|in|the|dance|let's jump|let's dance|before|to|to make|a|dive|thank you|it's|a|dance|||to|to see|to dance|said|Alice|delighted|that|||finally|finished|and|I|I find|this|curious|song|of|whiting|so|pleasant Colimaçon танцює, Увійдіть у танок; Пострибаємо, потанцюємо, Перш ніж пірнути. " Спасибі ; Це дуже цікавий танець, — сказала Аліса, радіючи, що він нарешті закінчився; «І я вважаю цю цікаву пісню мерсала такою приємною! " Snail dances, Join the dance; Let's jump, let's dance, Before taking a plunge. " Thank you; it's a very interesting dance to watch, " said Alice, delighted that it was finally over; " and I find this curious song of the whiting so pleasant! » « Oh ! quant aux merlans, » dit la Fausse-Tortue, « ils — vous les avez vus, sans doute ? Oh|as for|the|whiting|said|the|||they|you|them|you have|seen|without|doubt "" Ой! Щодо путасу, — сказала Помилкова Черепаха, — то вони... ти їх, мабуть, бачив? " " Oh! as for the whitings, " said the Mock Turtle, " you have seen them, no doubt? » « Oui, » dit Alice, « je les ai souvent vus à dî— » elle s’arrêta tout court. yes|said|Alice|I|them|I have|often|seen|at|din|she|she stopped|completely|short «Так, — сказала Аліса, — я часто бачила їх у ді…» вона різко зупинилася. "Yes," said Alice, "I have often seen them at di—" she stopped short. « Je ne sais pas où est Di, » reprit la Fausse Tortue ; « mais, puisque vous les avez vus si souvent, vous devez savoir l’air qu’ils ont ? I|not|I know|not|where|is|Di|she said|the|False|Turtle|but|since|you|them|you have|seen|so|often|you|you must|to know|the look|that they|they have — Я не знаю, де Ді, — продовжила Фальшива Черепаха. "Але, оскільки ви бачили їх так часто, ви повинні знати, як вони виглядають?" "I don't know where Di is," replied the Mock Turtle; "but since you have seen them so often, you must know what they look like?

» « Je le crois, » répliqua Alice, en se recueillant. I|him|I believe|she replied|Alice|in|herself|gathering — Думаю, так, — відповіла Аліса, отямившись. "I believe so," replied Alice, gathering her thoughts. « Ils ont la queue dans la bouche — et sont tout couverts de mie de pain. they|they have|the|tail|in|the|mouth|and|they are|all|covered|with|crumb|of|bread «У них хвости в роті — і всі вони в сухарях. "They have their tails in their mouths — and are all covered in breadcrumbs. » « Vous vous trompez à l’endroit de la mie de pain, » dit la Fausse-Tortue : « la mie serait enlevée dans la mer, mais ils ont bien la queue dans la bouche, et la raison en est que — » Ici la Fausse-Tortue bâilla et ferma les yeux. you|you|you are mistaken|at|the place|of|the|crumb|of|bread|said|the|||the|crumb|it would be|removed|in|the|sea|but|they|they have|well|the|tail|in|the|mouth|and|the|reason|in|is|that|Here|the|||yawned|and|closed|the|eyes «Ти помиляєшся щодо крихти хліба, — сказала Фальшива Черепаха, — крихту змило б морем, але вони мають хвости в роті, і причина в тому…» Тут Фальшива Черепаха позіхнула і закрила очі. "You are mistaken about the breadcrumbs," said the Mock Turtle: "the crumbs would be washed away in the sea, but they do have their tails in their mouths, and the reason is that —" Here the Mock Turtle yawned and closed his eyes. « Dites-lui-en la raison et tout ce qui s’ensuit, » dit-elle au Griffon. |||the|reason|and|everything|that|which|follows|||to the|Griffin «Скажи йому причину і все, що з цього випливає», — сказала вона Грифону. "Tell him the reason and everything that follows," she said to the Griffin.

« La raison, c’est que les merlans, » dit le Griffon, « voulurent absolument aller à la danse avec les homards. the|reason|it's|that|the|whiting|said|the|Griffin|they wanted|absolutely|to go|to|the|dance|with|the|lobsters "The reason is that the whiting," said the Griffin, "absolutely wanted to go to the dance with the lobsters.

Alors on les jeta à la mer. so|we|them|we threw|to|the|sea So they were thrown into the sea. Alors ils eurent à tomber bien loin, bien loin. so|they|they had|to|to fall|well|far|well|far Then they had to fall very far, very far. Alors ils s’entrèrent la queue fortement dans la bouche. so|they|they entered|the|tail|strongly|in|the|mouth Потім вони сильно ввели хвіст в рот. Then they stuck their tails firmly in their mouths. Alors ils ne purent plus l’en retirer. so|they|not|they could|more|it from it|to remove Тому вони не змогли його витягнути. So they could no longer take it away from him. Voilà tout. here is|everything That's all. » « Merci, » dit Alice, « c’est très-intéressant ; je n’en avais jamais tant appris sur le compte des merlans. thank you|she said|Alice|it's|||I|I have never|I had|ever|so much|learned|about|the|account|of|whiting — Дякую, — сказала Аліса, — це дуже цікаво; Я ніколи не дізнався стільки про білуху. "Thank you," said Alice, "that's very interesting; I had never learned so much about the account of whiting. » « Je propose donc, » dit le Griffon, « que vous nous racontiez quelques-unes de vos aventures. I|I propose|therefore|he says|the|Griffin|that|you|us|you tell|||of|your|adventures — Тоді я пропоную, — сказав Грифон, — розповісти нам про свої пригоди. "I propose then," said the Griffin, "that you tell us some of your adventures. » « Je pourrais vous conter mes aventures à partir de ce matin, » dit Alice un peu timidement ; « mais il est inutile de parler de la journée d’hier, car j’étais une personne tout à fait différente alors. I|I could|you|to tell|my|adventures|at|starting|from|this|morning|said|Alice|a|a little|timidly|but|it|it is|useless|to|to talk|of|the|day|of yesterday|because|I was|a|person|quite|||different|then «Я могла б розповісти вам про свої пригоди сьогоднішнього ранку», — сказала Аліса трохи сором’язливо. «Але про вчорашній день говорити не варто, тому що я тоді був зовсім іншою людиною. "I could tell you about my adventures starting from this morning," said Alice a little shyly; "but it is unnecessary to talk about yesterday, as I was a completely different person then. » « Expliquez-nous cela, » dit la Fausse-Tortue. ||that|said|the|| "Explain that to us," said the Mock Turtle. « Non, non, les aventures d’abord, » dit le Griffon d’un ton d’impatience ; « les explications prennent tant de temps. no|no|the|adventures|first|said|the|Griffin|in a|tone|of impatience|the|explanations|they take|so much|of|time — Ні, ні, спочатку пригоди, — нетерпляче сказав Грифон. «Пояснення тривають дуже довго. "No, no, the adventures first," said the Griffin impatiently; "explanations take so much time.

» Alice commença donc à leur conter ses aventures depuis le moment où elle avait vu le Lapin Blanc pour la première fois. Alice|she began|so|to|to them|to tell|her|adventures|since|the|moment|where|she|she had|seen|the|Rabbit|White|for|the|first|time "Alice then began to recount her adventures from the moment she had first seen the White Rabbit. Elle fut d’abord un peu troublée dans le commencement ; les deux créatures se tenaient si près d’elle, une de chaque côté, et ouvraient de si grands yeux et une si grande bouche ! she|she was|at first|a|a little|troubled|in|the|beginning|the|two|creatures|themselves|they were holding|so|close|to her|one|of|each|side|and|they were opening|of|such|big|eyes|and|a|such|big|mouth At first, she was a bit flustered at the beginning; the two creatures were standing so close to her, one on each side, and they had such wide eyes and such a big mouth! Mais elle reprenait courage à mesure qu’elle parlait. but|she|she was regaining|courage|as|measure|that she|she was speaking Але вона знову набралася сміливості, коли говорила. But she gained courage as she spoke. Les auditeurs restèrent fort tranquilles jusqu’à ce qu’elle arrivât au moment de son histoire où elle avait eu à répéter à la chenille : « Vous êtes vieux, Père Guillaume, » et où les mots lui étaient venus tout de travers, et alors la Fausse-Tortue poussa un long soupir et dit : « C’est bien singulier. the|listeners|they remained|very|quiet|until|that|she|she arrived|at|moment|of|her|story|where|she|she had|had|to|to repeat|to|the|caterpillar|You|you are|old|Father|William|and|where|the|words|to her|they were|come|all|of|wrong|and|then|the|||she let out|a|long|sigh|and|she said|It's|quite|singular Слухачі залишалися дуже тихими, доки вона не дійшла до моменту своєї розповіді, коли їй довелося повторити гусениці: «Ви старі, отче Гійоме», і коли слова прийшли до неї зовсім неправильно, і тоді Фальшива черепаха піднялася. довго зітхнув і сказав: «Це дуже незвичайно». The listeners remained very quiet until she reached the part of her story where she had to repeat to the caterpillar: "You are old, Father William," and where the words had come out all wrong, and then the Mock Turtle let out a long sigh and said: "That's very strange. » « Tout cela est on ne peut plus singulier, » dit le Griffon. all|that|is|we|not|can|more|singular|said|the|Griffin «Усе це не може бути більш незвичайним», — сказав Грифон. " "All of this is nothing but strange," said the Griffin. « Tout de travers, » répéta la Fausse-Tortue d’un air rêveur. all|of|across|she repeated|the|||with a|air|dreamy — Все не так, — замріяно повторила Фальшива Черепаха. "All wrong," repeated the Mock Turtle dreamily.

« Je voudrais bien l’entendre réciter quelque chose à présent. I|I would like|well|to hear it|to recite|something|something|at|present «Я хотів би почути, як він зараз щось продекламує. "I would like to hear her recite something now. Dites-lui de s’y mettre. ||to|to get to it|to put Tell her to get on with it. » Elle regardait le Griffon comme si elle lui croyait de l’autorité sur Alice. she|she was looking|the|Griffin|as|if|she|him|she believed|of|the authority|over|Alice Вона подивилася на Грифона так, наче думала, що він має владу над Алісою. " She looked at the Griffin as if she believed it had authority over Alice."},{

« Debout, et récitez : « C’est la voix du canon, » » dit le Griffon. stand|and|recite|it's|the|voice|of|cannon|said|the|Griffin «Встаньте і продекламуйте: «Це голос гармати», — сказав Грифон.

« Comme ces êtres-là vous commandent et vous font répéter des leçons ! as|those|||you|they command|and|you|they make|to repeat|some|lessons "As these beings command you and make you repeat lessons! «Як ці істоти командують тобою і змушують повторювати уроки!

» pensa Alice ; « autant vaudrait être à l’école. she thought|Alice|it would be just as good|it would be worth|to be|at|school Alice thought; "It would be good to be at school. » Cependant elle se leva et se mit à réciter ; mais elle avait la tête si pleine du Quadrille de Homards, qu’elle savait à peine ce qu’elle disait, et que les mots lui venaient tout drôlement : — however|she|herself|she got up|and|she|she started|to|recite|but|she|she had|the|head|so|full|of the|Quadrille|of|Lobsters|that she|she knew|barely|pain|what|that she|she was saying|and|that|the|words|to her|they came|all|funny Meanwhile she got up and began to recite; but she was so full of the Lobster Quadrille, that she hardly knew what she was saying, and that the words came to her quite oddly: Проте вона встала й почала декламувати; але її голова була настільки повна Кадрилі омарів, що вона ледь розуміла, що каже, і слова прийшли до неї досить дивно:

« C’est la voix du homard grondant comme la foudre : « On m’a trop fait bouillir, il faut que je me poudre ! it's|the|voice|of|lobster|rumbling|like|the|lightning|they|they have made me|too much|made|to boil|it|it is necessary|that|I|myself|to powder «Це голос омара, як блискавка, бурчить: «Мене забагато зварили, треба припудритися!» "It's the voice of the lobster rumbling like thunder: 'I've been boiled too much, I need to powder myself!"

» Puis, les pieds en dehors, prenant la brosse en main, De se faire bien beau vite il se met en train. then|the|feet|in|outside|taking|the|brush|in|hand|to|himself|to make|very|handsome|quickly|he|he|he gets|in|started Потім, ноги нарізно, взявши в руки кисть, Щоб швидко виглядати гарно, він рушає. "Then, with his feet sticking out, taking the brush in hand, he quickly gets to making himself look good. » « C’est tout différent de ce que je récitais quand j’étais petit, moi, » dit le Griffon. it's|all|different|from|what|that|I|I was reciting|when|I was|small|me|said|the|Griffin — Це зовсім інше, ніж те, що я розповідав, коли був маленьким, — сказав Грифон. "It's completely different from what I recited when I was little," said the Griffin. « Je ne l’avais pas encore entendu réciter, » dit la Fausse-Tortue ; « mais cela me fait l’effet d’un fameux galimatias. I|not|I had it|not|yet|heard|to recite|said|the|||but|it|to me|it makes|the effect|of a|famous|gibberish — Я ще не чула, як він декламує, — сказала Фальшива Черепаха; «але це вражає мене як відомий фальш. "I hadn't heard it recited yet," said the Mock Turtle; "but it strikes me as a famous jumble.

» Alice ne dit rien ; elle s’était rassise, la figure dans ses mains, se demandant avec étonnement si jamais les choses reprendraient leur cours naturel. Alice|not|she says|nothing|she|she had|seated|her|face|in|her|hands|herself|asking|with|astonishment|if|ever|the|things|they would resume|their|course|natural Аліса нічого не сказала; вона знову сіла, затуливши обличчя долонями, з подивом розмірковуючи, чи все колись повернеться своїм природним шляхом. "Alice said nothing; she had sat back down, her face in her hands, wondering in astonishment if things would ever return to their natural course. « Je voudrais bien qu’on m’expliquât cela, » dit la Fausse-Tortue. I|I would like|well|that one|he/she/it explained to me|that|said|the|| «Мені б хотілося, щоб хтось мені це пояснив», — сказала Фальшива Черепаха. "I would like someone to explain that to me," said the Mock Turtle.

« Elle ne peut pas l’expliquer, » dit le Griffon vivement. she|not|she can|not|to explain it|says|the|Griffin|sharply — Вона не може цього пояснити, — жваво сказав Грифон. "She can't explain it," said the Griffin sharply.

« Continuez, récitez les vers suivants. continue|recite|the|verses|following «Продовжуйте, продекламуйте наступні вірші. "Continue, recite the following verses. » « Mais, les pieds en dehors, » continua opiniâtrement la Fausse-Tortue. but|the|feet|in|outside|she continued|obstinately|the|| — Але ноги нарізно, — уперто продовжувала Фальшива Черепаха. "But, with his feet sticking out," the Mock Turtle insisted stubbornly. « Pourquoi dire qu’il avait les pieds en dehors ? why|to say|that he|he had|the|feet|in|outside «Чому говорити, що він висунув ноги? "Why say that he had his feet sticking out?" » « C’est la première position lorsqu’on apprend à danser, » dit Alice ; tout cela l’embarrassait fort, et il lui tardait de changer la conversation. it's|the|first|position|when one|learns|to|dance|said|Alice|all|it|it embarrassed her|a lot|and|it|her|she was eager|to|change|the|conversation — Це перша позиція, коли вчитися танцювати, — сказала Аліса; усе це його дуже збентежило, і він захотів змінити розмову. "It's the first position when learning to dance," said Alice; all of this embarrassed her greatly, and she was eager to change the subject. « Récitez les vers suivants, » répéta le Griffon avec impatience ; « ça commence : « Passant près de chez lui — » » recite|the|verses|following|he repeated|the|Griffin|with|impatience|it|it starts|Passing|near|of|at|him — Продекламуйте наступні вірші, — нетерпляче повторив Грифон. "починається: "Проходячи повз його будинок..." "Recite the following verses," the Griffin repeated impatiently; "it starts: 'Passing by his house —'"

Alice n’osa pas désobéir, bien qu’elle fût sûre que les mots allaient lui venir tout de travers. Alice|she did not dare|not|to disobey|although|that she|she was|sure|that|the|words|they were going to|to her|to come|all|of|wrong Аліса не наважилася не послухатися, хоча була впевнена, що слова дійдуть до неї. Alice did not dare to disobey, although she was sure the words would come out all wrong.

Elle continua donc d’une voix tremblante : she|she continued|so|in a|voice|trembling Тому тремтячим голосом вона продовжувала: So she continued in a trembling voice:

« Passant près de chez lui, j’ai vu, ne vous déplaise, Une huître et un hibou qui dînaient fort à l’aise. passing|near|of|at|him|I have|seen|not|you|displease|a|oyster|and|a|owl|who|they were dining|very|at|ease «Проходячи біля його будинку, я побачив, якщо ви не заперечуєте, устрицю і сову, які дуже зручно обідали. "Passing by his house, I saw, if you don't mind, An oyster and an owl dining very comfortably."

» « À quoi bon répéter tout ce galimatias, » interrompit la Fausse-Tortue, « si vous ne l’expliquez pas à mesure que vous le dites ? to|what|good|to repeat|all|this|gibberish|she interrupted|the|||if|you|not|you explain it|not|as|measure|that|you|it| — Який сенс повторювати всі ці нісенітниці, — перебила Фальшива Черепаха, — якщо ти не пояснюєш, як говориш? "What's the point of repeating all this nonsense," interrupted the Mock Turtle, "if you don't explain it as you go along?" C’est, de beaucoup, ce que j’ai entendu de plus embrouillant. it is|of|much|that|what|I have|heard|of|more|confusing Αυτό είναι μακράν το πιο μπερδεμένο πράγμα που έχω ακούσει. Це, безумовно, найбільш заплутане, що я чув. "This is by far the most confusing thing I've heard." » « Oui, je crois que vous feriez bien d’en rester là, » dit le Griffon ; et Alice ne demanda pas mieux. yes|I|I believe|that|you|you would do|well|to stay there|to stay|there|said|the|Griffin|and|Alice|not|she asked|not|better «Ναι, νομίζω ότι καλύτερα να το αφήσεις έτσι», είπε ο Γκρίφιν. και η Άλις δεν ρώτησε τίποτα καλύτερο. «Так, я думаю, вам краще залишити це на цьому», — сказав Грифон; і Аліса не запитала нічого кращого. "Yes, I think you would do well to leave it at that," said the Griffin; and Alice was more than happy to comply. « Essaierons-nous une autre figure du Quadrille de Homards ? ||a|another|figure|of|Quadrille|of|lobsters «Може, ми спробуємо ще одну фігуру з Кадрилі «Омари»? "Shall we try another figure of the Lobster Quadrille?"

» continua le Griffon. « Ou bien, préférez-vous que la Fausse-Tortue vous chante quelque chose ? continued|the|Griffin|Or|well||you||||||she sings|something|thing — продовжував Грифон. — Або ти краще, щоб Фальшива Черепаха заспівала тобі щось? "continued the Griffin. "Or would you prefer that the Mock Turtle sing you something?" » « Oh ! une chanson, je vous prie ; si la Fausse-Tortue veut bien avoir cette obligeance, » répondit Alice, avec tant d’empressement que le Griffon dit d’un air un peu offensé : « Hum ! Oh|a|song|I|you|I beg|if|the|||she wants|well|to have|this|kindness|she replied|Alice|with|so much|eagerness|that|the|Gryphon|he said|in a|tone|||offended|Hum "" Ой! пісню, будь ласка; якщо Фальшива Черепаха буде достатньо люб’язною, — відповіла Аліса з таким запалом, що Грифон сказав злегка ображеним виглядом: — Хм! "Oh! a song, please; if the Mock Turtle would be so kind," replied Alice, with such eagerness that the Gryphon said a bit offended: "Hum!" Chacun son goût. each one|his/her|taste У кожного свій смак. To each their own. Chantez-lui « La Soupe à la Tortue, » hé ! ||the|soup|with|the|turtle|hey Заспівай йому "Черепахачий суп", агов! Sing to her "The Turtle Soup," hey! camarade ! comrade buddy! » La Fausse-Tortue poussa un profond soupir et commença, d’une voix de temps en temps étouffée par les sanglots : the|||she let out|a|deep|sigh|and|she began|in a|voice|of|time|in|time|muffled|by|the|sobs Фальшива Черепаха глибоко зітхнула й почала, час від часу здавленим риданням голосом: " The Mock Turtle let out a deep sigh and began, in a voice occasionally choked by sobs: « Ô doux potage, Ô mets délicieux ! O|sweet|soup|O|dishes|delicious «О солодкий суп, о смачна їжа! "Oh sweet soup, oh delicious dish!"},{

Ah ! Ah pour partage, Quoi de plus précieux ? for|sharing|What|of|more|precious для обміну, що може бути дорожчим? Plonger dans ma soupière Cette vaste cuillère Est un bonheur Qui me réjouit le cœur. to dive|in|my|soup pot|this|vast|spoon|is|a|happiness|that|me|it delights|the| Занурюючись у мою супницю, Ця величезна ложка — це щастя, Що радує моє серце.

« Gibier, volaille, Lièvres, dindes, perdreaux, Rien qui te vaille, — Pas même les pruneaux ! game|poultry|hares|turkeys|partridges|nothing|that|you|be worth|not|even|the|prunes «Θήραμα, πουλερικά, Λαγοί, γαλοπούλες, πέρδικες, Τίποτα που σου ταιριάζει, — Ούτε δαμάσκηνα! «Дичину, птицю, Зайців, індиків, куріпок, Нічого, що вам годиться, — Навіть чорносливу!

Plonger dans ma soupière Cette vaste cuillère Est un bonheur Qui me réjouit le cœur. » « Bis au refrain ! to dive|in|my|soup pot|this|vast|spoon|is|a|happiness|that|me|it delights|the||repeat|at|refrain Занурюючись у мою супницю, Ця величезна ложка — це щастя, Що радує моє серце. «Біс на хор!» Diving into my soup pot This vast spoon Is a happiness That delights my heart. » "Repeat the chorus! » cria le Griffon ; et la Fausse-Tortue venait de le reprendre, quand un cri, « Le procès va commencer ! he/she/it created|the|Griffin|and|the|||she was|to|it|to take back|when|a|cry|The|trial|it is going to|to start — скрикнув Грифон; і Фальшива Черепаха щойно підняла його знову, коли пролунав крик: «Суд ось-ось розпочнеться!» " shouted the Griffin; and the Mock Turtle had just started again when a cry, "The trial is about to begin! » se fit entendre au loin. oneself|he/she/it made|to hear|at|far " was heard from afar.

« Venez donc ! come|then " Come on!

» cria le Griffon ; et, prenant Alice par la main, il se mit à courir sans attendre la fin de la chanson. he shouted|the|Griffin|and|taking|Alice|by|the|hand|he|he|he started|to|run|without|waiting|the|end|of|the|song — скрикнув Грифон; і, взявши Алісу за руку, почав бігти, не чекаючи кінця пісні. " shouted the Griffin; and, taking Alice by the hand, he began to run without waiting for the end of the song.

« Qu’est-ce que c’est que ce procès ? |this|||||trial «Що це за суд? "What is this trial about?"

» demanda Alice hors d’haleine ; mais le Griffon se contenta de répondre : « Venez donc ! запитала Аліса, задихаючись; але Грифон задовольнився відповіддю: «Давай!» " asked Alice breathlessly; but the Griffin simply replied, "Come on!" » en courant de plus belle, tandis que leur parvenaient, de plus en plus faibles, apportées par la brise qui les poursuivait, ces paroles pleines de mélancolie : in|running|of|more|beautiful|while|that|to them|they were reaching|of|more|in|more|weak|brought|by|the|breeze|that|them|it was pursuing|these|words|full|of|melancholy біжачи швидше, досягаючи їх, усе слабших і слабших, несені вітерцем, що їх переслідував, ці слова, сповнені меланхолії: " running faster than ever, while they heard, growing fainter and fainter, carried by the breeze that pursued them, these melancholy words:

« Plonger dans ma soupière Cette vaste cuillère Est un bonheur Qui me réjouit le cœur. to dive|in|my|soup tureen|this|vast|spoon|is|a|happiness|that|me|it delights|the| "Diving into my soup pot This vast spoon Is a happiness That delights my heart."

» CHAPITRE XI. QUI A VOLÉ LES TARTES ? Le Roi et la Reine de Cœur étaient assis sur leur trône, entourés d’une nombreuse assemblée : toutes sortes de petits oiseaux et d’autres bêtes, ainsi que le paquet de cartes tout entier. Le Valet, chargé de chaînes, gardé de chaque côté par un soldat, se tenait debout devant le trône, et près du roi se trouvait le Lapin Blanc, tenant d’une main une trompette et de l’autre un rouleau de parchemin. Au beau milieu de la salle était une table sur laquelle on voyait un grand plat de tartes ; ces tartes semblaient si bonnes que cela donna faim à Alice, rien que de les regarder. « Je voudrais bien qu’on se dépêchât de finir le procès, » pensa-t-elle, « et qu’on fît passer les rafraîchissements, » mais cela ne paraissait guère probable, aussi se mit-elle à regarder tout autour d’elle pour passer le temps. C’était la première fois qu’Alice se trouvait dans une cour de justice, mais elle en avait lu des descriptions dans les livres, et elle fut toute contente de voir qu’elle savait le nom de presque tout ce qu’il y avait là. « Ça, c’est le juge, » se dit-elle ; « je le reconnais à sa grande perruque. » Le juge, disons-le en passant, était le Roi, et, comme il portait sa couronne par-dessus sa perruque (regardez le frontispice, si vous voulez savoir comment il s’était arrangé) il n’avait pas du tout l’air d’être à son aise, et cela ne lui allait pas bien du tout. « Et ça, c’est le banc du jury, » pensa Alice ; « et ces douze créatures » (elle était forcée de dire « créatures, » vous comprenez, car quelques-uns étaient des bêtes et quelques autres des oiseaux), « je suppose que ce sont les jurés ; » elle se répéta ce dernier mot deux ou trois fois, car elle en était assez fière : pensant avec raison que bien peu de petites filles de son âge savent ce que cela veut dire. Les douze jurés étaient tous très-occupés à écrire sur des ardoises. « Qu’est-ce qu’ils font là ? » dit Alice à l’oreille du Griffon. « Ils ne peuvent rien avoir à écrire avant que le procès soit commencé. » « Ils inscrivent leur nom, » répondit de même le Griffon, « de peur de l’oublier avant la fin du procès. » « Les niais ! » s’écria Alice d’un ton indigné, mais elle se retint bien vite, car le Lapin Blanc cria : « Silence dans l’auditoire ! » Et le Roi, mettant ses lunettes, regarda vivement autour de lui pour voir qui parlait. Alice pouvait voir, aussi clairement que si elle eût regardé par-dessus leurs épaules, que tous les jurés étaient en train d’écrire « les niais » sur leurs ardoises, et elle pouvait même distinguer que l’un d’eux ne savait pas écrire « niais » et qu’il était obligé de le demander à son voisin. « Leurs ardoises seront dans un bel état avant la fin du procès ! » pensa Alice. Un des jurés avait un crayon qui grinçait ; Alice, vous le pensez bien, ne pouvait pas souffrir cela ; elle fit le tour de la salle, arriva derrière lui, et trouva bientôt l’occasion d’enlever le crayon. Ce fut si tôt fait que le pauvre petit juré (c’était Jacques, le lézard) ne pouvait pas s’imaginer ce qu’il était devenu. Après avoir cherché partout, il fut obligé d’écrire avec un doigt tout le reste du jour, et cela était fort inutile, puisque son doigt ne laissait aucune marque sur l’ardoise. « Héraut, lisez l’acte d’accusation ! » dit le Roi. Sur ce, le Lapin Blanc sonna trois fois de la trompette, et puis, déroulant le parchemin, lut ainsi qu’il suit : « La Reine de Cœur fit des tartes, Un beau jour de printemps ; Le Valet de Cœur prit les tartes, Et s’en fut tout content ! » « Délibérez, » dit le Roi aux jurés. « Pas encore, pas encore, » interrompit vivement le Lapin ; « il y a bien des choses à faire auparavant ! » « Appelez les témoins, » dit le Roi ; et le Lapin Blanc sonna trois fois de la trompette, et cria : « Le premier témoin ! » Le premier témoin était le Chapelier. Il entra, tenant d’une main une tasse de thé et de l’autre une tartine de beurre. « Pardon, Votre Majesté, » dit il, « si j’apporte cela ici ; je n’avais pas tout à fait fini de prendre mon thé lorsqu’on est venu me chercher. » « Vous auriez dû avoir fini, » dit le Roi ; « quand avez-vous commencé ? » Le Chapelier regarda le Lièvre qui l’avait suivi dans la salle, bras dessus bras dessous avec le Loir. « Le Quatorze Mars, je crois bien, » dit-il. « Le Quinze ! » dit le Lièvre. « Le Seize ! » ajouta le Loir. « Notez cela, » dit le Roi aux jurés. Et les jurés s’empressèrent d’écrire les trois dates sur leurs ardoises ; puis en firent l’addition, dont ils cherchèrent à réduire le total en francs et centimes. « Ôtez votre chapeau, » dit le Roi au Chapelier. « Il n’est pas à moi, » dit le Chapelier. « Volé ! » s’écria le Roi en se tournant du côté des jurés, qui s’empressèrent de prendre note du fait. « Je les tiens en vente, » ajouta le Chapelier, comme explication. « Je n’en ai pas à moi ; je suis chapelier. » Ici la Reine mit ses lunettes, et se prit à regarder fixement le Chapelier, qui devint pâle et tremblant. « Faites votre déposition, » dit le Roi ; « et ne soyez pas agité ; sans cela je vous fais exécuter sur-le-champ. » Cela ne parut pas du tout encourager le témoin ; il ne cessait de passer d’un pied sur l’autre en regardant la Reine d’un air inquiet, et, dans son trouble, il mordit dans la tasse et en enleva un grand morceau, au lieu de mordre dans la tartine de beurre. Juste à ce moment-là, Alice éprouva une étrange sensation qui l’embarrassa beaucoup, jusqu’à ce qu’elle se fût rendu compte de ce que c’était. Elle recommençait à grandir, et elle pensa d’abord à se lever et à quitter la cour : mais, toute réflexion faite, elle se décida à rester où elle était, tant qu’il y aurait de la place pour elle. « Ne poussez donc pas comme ça, » dit le Loir ; « je puis à peine respirer. » « Ce n’est pas de ma faute, » dit Alice doucement ; « je grandis. » « Vous n’avez pas le droit de grandir ici, » dit le Loir. « Ne dites pas de sottises, » répliqua Alice plus hardiment ; « vous savez bien que vous aussi vous grandissez. » « Oui, mais je grandis raisonnablement, moi, » dit le Loir ; « et non de cette façon ridicule. » Il se leva en faisant la mine, et passa de l’autre côté de la salle. Pendant tout ce temps-là, la Reine n’avait pas cessé de fixer les yeux sur le Chapelier, et, comme le Loir traversait la salle, elle dit à un des officiers du tribunal : « Apportez-moi la liste des chanteurs du dernier concert. » Sur quoi, le malheureux Chapelier se mit à trembler si fortement qu’il en perdit ses deux souliers. « Faites votre déposition, » répéta le Roi en colère ; « ou bien je vous fais exécuter, que vous soyez troublé ou non ! » « Je suis un pauvre homme, Votre Majesté, » fit le Chapelier d’une voix tremblante ; « et il n’y avait guère qu’une semaine ou deux que j’avais commencé à prendre mon thé, et avec ça les tartines devenaient si minces et les dragéesdu thé — » « Les dragées de quoi ? » dit le Roi. « Ça a commencé par le thé, » répondit le Chapelier. « Je vous dis que dragée commence par un d ! » cria le Roi vivement. « Me prenez-vous pour un âne ? Continuez ! » « Je suis un pauvre homme, » continua le Chapelier ; « et les dragées et les autres choses me firent perdre la tête. Mais le Lièvre dit — » « C’est faux ! » s’écria le Lièvre se dépêchant de l’interrompre. « C’est vrai ! » cria le Chapelier. « Je le nie ! » cria le Lièvre. « Il le nie ! » dit le Roi. « Passez là-dessus. » « Eh bien ! dans tous les cas, le Loir dit — » continua le Chapelier, regardant autour de lui pour voir s’il nierait aussi ; mais le Loir ne nia rien, car il dormait profondément. « Après cela, » continua le Chapelier, « je me coupai d’autres tartines de beurre. » « Mais, que dit le Loir ? » demanda un des jurés. « C’est ce que je ne peux pas me rappeler, » dit le Chapelier. « Il faut absolument que vous vous le rappeliez, » fit observer le Roi ; « ou bien je vous fais exécuter. » Le malheureux Chapelier laissa tomber sa tasse et sa tartine de beurre, et mit un genou en terre. « Je suis un pauvre homme, Votre Majesté ! » commença-t-il. « Vous êtes un très-pauvre orateur, » dit le Roi. Ici un des cochons d’Inde applaudit, et fut immédiatement réprimé par un des huissiers. (Comme ce mot est assez difficile, je vais vous expliquer comment cela se fit. Ils avaient un grand sac de toile qui se fermait à l’aide de deux ficelles attachées à l’ouverture ; dans ce sac ils firent glisser le cochon d’Inde la tête la première, puis ils s’assirent dessus.) « Je suis contente d’avoir vu cela, » pensa Alice. « J’ai souvent lu dans les journaux, à la fin des procès : « Il se fit quelques tentatives d’applaudissements qui furent bientôt réprimées par les huissiers, » et je n’avais jamais compris jusqu’à présent ce que cela voulait dire. » « Si c’est là tout ce que vous savez de l’affaire, vous pouvez vous prosterner, » continua le Roi. « Je ne puis pas me prosterner plus bas que cela, » dit le Chapelier ; « je suis déjà par terre. » « Alors asseyez-vous, » répondit le Roi. Ici l’autre cochon d’Inde applaudit et fut réprimé. « Bon, cela met fin aux cochons d’Inde ! » pensa Alice. « Maintenant ça va mieux aller. » « J’aimerais bien aller finir de prendre mon thé, » dit le Chapelier, en lançant un regard inquiet sur la Reine, qui lisait la liste des chanteurs. « Vous pouvez vous retirer, » dit le Roi ; et le Chapelier se hâta de quitter la cour, sans même prendre le temps de mettre ses souliers. « Et coupez-lui la tête dehors, » ajouta la Reine, s’adressant à un des huissiers ; mais le Chapelier était déjà bien loin avant que l’huissier arrivât à la porte. « Appelez un autre témoin, » dit le Roi. L’autre témoin, c’était la cuisinière de la Duchesse ; elle tenait la poivrière à la main, et Alice devina qui c’était, même avant qu’elle entrât dans la salle, en voyant éternuer, tout à coup et tous à la fois, les gens qui se trouvaient près de la porte. « Faites votre déposition, » dit le Roi. « Non ! » dit la cuisinière. Le Roi regarda d’un air inquiet le Lapin Blanc, qui lui dit à voix basse : « Il faut que Votre Majesté interroge ce témoin-là contradictoirement. » « Puisqu’il le faut, il le faut, » dit le Roi, d’un air triste ; et, après avoir croisé les bras et froncé les sourcils en regardant la cuisinière, au point que les yeux lui étaient presque complètement rentrés dans la tête, il dit d’une voix creuse : « De quoi les tartes sont-elles faites ? » « De poivre principalement ! » dit la cuisinière. « De mélasse, » dit une voix endormie derrière elle. « Saisissez ce Loir au collet ! » cria la Reine. « Coupez la tête à ce Loir ! Mettez ce Loir à la porte ! Réprimez-le, pincez-le, arrachez-lui ses moustaches ! » Pendant quelques instants, toute la cour fut sens dessus dessous pour mettre le Loir à la porte ; et, quand le calme fut rétabli, la cuisinière avait disparu. « Cela ne fait rien, » dit le Roi, comme soulagé d’un grand poids. « Appelez le troisième témoin ; » et il ajouta à voix basse en s’adressant à la Reine : « Vraiment, mon amie, il faut que vous interrogiez cet autre témoin ; cela me fait trop mal au front ! » Alice regardait le Lapin Blanc tandis qu’il tournait la liste dans ses doigts, curieuse de savoir quel serait l’autre témoin. « Car les dépositions ne prouvent pas grand’chose jusqu’à présent, » se dit-elle. Imaginez sa surprise quand le Lapin Blanc cria, du plus fort de sa petite voix criarde : « Alice ! » CHAPITRE XII. DÉPOSITION D’ALICE. « Voilà ! » cria Alice, oubliant tout à fait dans le trouble du moment combien elle avait grandi depuis quelques instants, et elle se leva si brusquement qu’elle accrocha le banc des jurés avec le bord de sa robe, et le renversa, avec tous ses occupants, sur la tête de la foule qui se trouvait au-dessous, et on les vit se débattant de tous côtés, comme les poissons rouges du vase qu’elle se rappelait avoir renversé par accident la semaine précédente. « Oh ! je vous demande bien pardon ! » s’écria-t-elle toute confuse, et elle se mit à les ramasser bien vite, car l’accident arrivé aux poissons rouges lui trottait dans la tête, et elle avait une idée vague qu’il fallait les ramasser tout de suite et les remettre sur les bancs, sans quoi ils mourraient. « Le procès ne peut continuer, » dit le Roi d’une voix grave, « avant que les jurés soient tous à leurs places ; tous ! » répéta-t-il avec emphase en regardant fixement Alice. Alice regarda le banc des jurés, et vit que dans son empressement elle y avait placé le Lézard la tête en bas, et le pauvre petit être remuait la queue d’une triste façon, dans l’impossibilité de se redresser ; elle l’eut bientôt retourné et replacé convenablement. « Non que cela soit bien important, » se dit-elle, « car je pense qu’il serait tout aussi utile au procès la tête en bas qu’autrement. » Sitôt que les jurés se furent un peu remis de la secousse, qu’on eut retrouvé et qu’on leur eut rendu leurs ardoises et leurs crayons, ils se mirent fort diligemment à écrire l’histoire de l’accident, à l’exception du Lézard, qui paraissait trop accablé pour faire autre chose que demeurer la bouche ouverte, les yeux fixés sur le plafond de la salle. « Que savez-vous de cette affaire-là ? » demanda le Roi à Alice. « Rien, » répondit-elle. « Rien absolument ? » insista le Roi. « Rien absolument, » dit Alice. « Voilà qui est très-important, » dit le Roi, se tournant vers les jurés. Ils allaient écrire cela sur leurs ardoises quand le Lapin Blanc interrompant : « Peu important, veut dire Votre Majesté, sans doute, » dit-il d’un ton très-respectueux, mais en fronçant les sourcils et en lui faisant des grimaces. « Peu important, bien entendu, c’est ce que je voulais dire, » répliqua le Roi avec empressement. Et il continua de répéter à demi-voix : « Très-important, peu important, peu important, très-important ; » comme pour essayer lequel des deux était le mieux sonnant. Quelques-uns des jurés écrivirent « très-important, » d’autres, « peu important. » Alice voyait tout cela, car elle était assez près d’eux pour regarder sur leurs ardoises. « Mais cela ne fait absolument rien, » pensa-t-elle. À ce moment-là, le Roi, qui pendant quelque temps avait été fort occupé à écrire dans son carnet, cria : « Silence ! » et lut sur son carnet : « Règle Quarante-deux : Toute personne ayant une taille de plus d’un mille de haut devra quitter la cour. » Tout le monde regarda Alice. « Je n’ai pas un mille de haut, » dit-elle. « Si fait, » dit le Roi. « Près de deux milles, » ajouta la Reine. « Eh bien ! je ne sortirai pas quand même ; d’ailleurs cette règle n’est pas d’usage, vous venez de l’inventer. » « C’est la règle la plus ancienne qu’il y ait dans le livre, » dit le Roi. « Alors elle devrait porter le numéro Un. » Le Roi devint pâle et ferma vivement son carnet. « Délibérez, » dit-il aux jurés d’une voix faible et tremblante. « Il y a d’autres dépositions à recevoir, s’il plaît à Votre Majesté, » dit le Lapin, se levant précipitamment ; « on vient de ramasser ce papier. » « Qu’est-ce qu’il y a dedans ? » dit la Reine. « Je ne l’ai pas encore ouvert, » dit le Lapin Blanc ; « mais on dirait que c’est une lettre écrite par l’accusé à — à quelqu’un. » « Cela doit être ainsi, » dit le Roi, « à moins qu’elle ne soit écrite à personne, ce qui n’est pas ordinaire, vous comprenez. » « À qui est-elle adressée ? » dit un des jurés. « Elle n’est pas adressée du tout, » dit le Lapin Blanc ; « au fait, il n’y a rien d’écrit à l’extérieur. » Il déplia le papier tout en parlant et ajouta : « Ce n’est pas une lettre, après tout ; c’est une pièce de vers. » « Est-ce l’écriture de l’accusé ? » demanda un autre juré. « Non, » dit le Lapin Blanc, « et c’est ce qu’il y a de plus drôle. » (Les jurés eurent tous l’air fort embarrassé.) « Il faut qu’il ait imité l’écriture d’un autre, » dit le Roi. (Les jurés reprirent l’air serein.) « Pardon, Votre Majesté, » dit le Valet, « ce n’est pas moi qui ai écrit cette lettre, et on ne peut pas prouver que ce soit moi ; il n’y a pas de signature. » « Si vous n’avez pas signé, » dit le Roi, « cela ne fait qu’empirer la chose ; il faut absolument que vous ayez eu de mauvaises intentions, sans cela vous auriez signé, comme un honnête homme. » Là-dessus tout le monde battit des mains ; c’était la première réflexion vraiment bonne que le Roi eût faite ce jour-là. « Cela prouve sa culpabilité, » dit la Reine. « Cela ne prouve rien, » dit Alice. « Vous ne savez même pas ce dont il s’agit. » « Lisez ces vers, » dit le Roi. Le Lapin Blanc mit ses lunettes. « Par où commencerai-je, s’il plaît à Votre Majesté ? » demanda-t-il. « Commencez par le commencement, » dit gravement le Roi, « et continuez jusqu’à ce que vous arriviez à la fin ; là, vous vous arrêterez. » Voici les vers que lut le Lapin Blanc : « On m’a dit que tu fus chez elle Afin de lui pouvoir parler, Et qu’elle assura, la cruelle, Que je ne savais pas nager ! Bientôt il leur envoya dire (Nous savons fort bien que c’est vrai !) Qu’il ne faudrait pas en médire, Ou gare les coups de balai ! J’en donnai trois, elle en prit une ; Combien donc en recevrons-nous ? (Il y a là quelque lacune.) Toutes revinrent d’eux à vous. Si vous ou moi, dans cette affaire, Étions par trop embarrassés, Prions qu’il nous laisse, confrère, Tous deux comme il nous a trouvés. Vous les avez, j’en suis certaine, (Avant que de ses nerfs l’accès Ne bouleversât l’inhumaine,) Trompés tous trois avec succès. Cachez-lui qu’elle les préfère ; Car ce doit être, par ma foi, (Et sera toujours, je l’espère) Un secret entre vous et moi. » « Voilà la pièce de conviction la plus importante que nous ayons eue jusqu’à présent, » dit le Roi en se frottant les mains ; « ainsi, que le jury maintenant — — » « S’il y a un seul des jurés qui puisse l’expliquer, » dit Alice (elle était devenue si grande dans ces derniers instants qu’elle n’avait plus du tout peur de l’interrompre), « je lui donne une pièce de dix sous. Je ne crois pas qu’il y ait un atome de sens commun là-dedans. » Tous les jurés écrivirent sur leurs ardoises : « Elle ne croit pas qu’il y ait un atome de sens commun là-dedans, » mais aucun d’eux ne tenta d’expliquer la pièce de vers. « Si elle ne signifie rien, » dit le Roi, « cela nous épargne un monde d’ennuis, vous comprenez ; car il est inutile d’en chercher l’explication ; et cependant je ne sais pas trop, » continua-t-il en étalant la pièce de vers sur ses genoux et les regardant d’un œil ; « il me semble que j’y vois quelque chose, après tout. « Que je ne savais pas nager ! » Vous ne savez pas nager, n’est-ce pas ? » ajouta-t-il en se tournant vers le Valet. Le Valet secoua la tête tristement. « En ai-je l’air, » dit-il. (Non, certainement, il n’en avait pas l’air, étant fait tout entier de carton.) « Jusqu’ici c’est bien, » dit le Roi ; et il continua de marmotter tout bas, « « Nous savons fort bien que c’est vrai. » C’est le jury qui dit cela, bien sûr ! « J’en donnai trois, elle en prit une ;  » justement, c’est là ce qu’il fit des tartes, vous comprenez. » « Mais vient ensuite : « Toutes revinrent d’eux à vous, » » dit Alice. « Tiens, mais les voici ! » dit le Roi d’un air de triomphe, montrant du doigt les tartes qui étaient sur la table. « Il n’y a rien de plus clair que cela ; et encore : « Avant que de ses nerfs l’accès. » Vous n’avez jamais eu d’attaques de nerfs, je crois, mon épouse ? » dit-il à la Reine. « Jamais ! » dit la Reine d’un air furieux en jetant un encrier à la tête du Lézard. (Le malheureux Jacques avait cessé d’écrire sur son ardoise avec un doigt, car il s’était aperçu que cela ne faisait aucune marque ; mais il se remit bien vite à l’ouvrage en se servant de l’encre qui lui découlait le long de la figure, aussi longtemps qu’il y en eut.) « Non, mon épouse, vous avez trop bon air, » dit le Roi, promenant son regard tout autour de la salle et souriant. Il se fit un silence de mort. « C’est un calembour, » ajouta le Roi d’un ton de colère ; et tout le monde se mit à rire. « Que le jury délibère, » ajouta le Roi, pour à peu près la vingtième fois ce jour-là. « Non, non, » dit la Reine, « l’arrêt d’abord, on délibérera après. » « Cela n’a pas de bon sens ! » dit tout haut Alice. « Quelle idée de vouloir prononcer l’arrêt d’abord ! » « Taisez-vous, » dit la Reine, devenant pourpre de colère. « Je ne me tairai pas, » dit Alice. « Qu’on lui coupe la tête ! » hurla la Reine de toutes ses forces. Personne ne bougea. « On se moque bien de vous, » dit Alice (elle avait alors atteint toute sa grandeur naturelle). « Vous n’êtes qu’un paquet de cartes ! » Là-dessus tout le paquet sauta en l’air et retomba en tourbillonnant sur elle ; Alice poussa un petit cri, moitié de peur, moitié de colère, et essaya de les repousser ; elle se trouva étendue sur le gazon, la tête sur les genoux de sa sœur, qui écartait doucement de sa figure les feuilles mortes tombées en voltigeant du haut des arbres. « Réveillez-vous, chère Alice ! » lui dit sa sœur. « Quel long somme vous venez de faire ! » « Oh ! j’ai fait un si drôle de rêve, » dit Alice ; et elle raconta à sa sœur, autant qu’elle put s’en souvenir, toutes les étranges aventures que vous venez de lire ; et, quand elle eut fini son récit, sa sœur lui dit en l’embrassant : « Certes, c’est un bien drôle de rêve ; mais maintenant courez à la maison prendre le thé ; il se fait tard. » Alice se leva donc et s’éloigna en courant, pensant le long du chemin, et avec raison, quel rêve merveilleux elle venait de faire. Mais sa sœur demeura assise tranquillement, tout comme elle l’avait laissée, la tête appuyée sur la main, contemplant le coucher du soleil et pensant à la petite Alice et à ses merveilleuses aventures ; si bien qu’elle aussi se mit à rêver, en quelque sorte ; et voici son rêve : — D’abord elle rêva de la petite Alice personnellement : — les petites mains de l’enfant étaient encore jointes sur ses genoux, et ses yeux vifs et brillants plongeaient leur regard dans les siens. Elle entendait jusqu’au son de sa voix ; elle voyait ce singulier petit mouvement de tête par lequel elle rejetait en arrière les cheveux vagabonds qui sans cesse lui revenaient dans les yeux ; et, comme elle écoutait ou paraissait écouter, tout s’anima autour d’elle et se peupla des étranges créatures du rêve de sa jeune sœur. Les longues herbes bruissaient à ses pieds sous les pas précipités du Lapin Blanc ; la Souris effrayée faisait clapoter l’eau en traversant la mare voisine ; elle entendait le bruit des tasses, tandis que le Lièvre et ses amis prenaient leur repas qui ne finissait jamais, et la voix perçante de la Reine envoyant à la mort ses malheureux invités. Une fois encore l’enfant-porc éternuait sur les genoux de la Duchesse, tandis que les assiettes et les plats se brisaient autour de lui ; une fois encore la voix criarde du Griffon, le grincement du crayon d’ardoise du Lézard, et les cris étouffés des cochons d’Inde mis dans le sac par ordre de la cour, remplissaient les airs, en se mêlant aux sanglots que poussait au loin la malheureuse Fausse-Tortue. C’est ainsi qu’elle demeura assise, les yeux fermés, et se croyant presque dans le Pays des Merveilles, bien qu’elle sût qu’elle n’avait qu’à rouvrir les yeux pour que tout fût changé en une triste réalité : les herbes ne bruiraient plus alors que sous le souffle du vent, et l’eau de la mare ne murmurerait plus qu’au balancement des roseaux ; le bruit des tasses deviendrait le tintement des clochettes au cou des moutons, et elle reconnaîtrait les cris aigus de la Reine dans la voix perçante du petit berger ; l’éternuement du bébé, le cri du Griffon et tous les autres bruits étranges ne seraient plus, elle le savait bien, que les clameurs confuses d’une cour de ferme, tandis que le beuglement des bestiaux dans le lointain remplacerait les lourds sanglots de la Fausse-Tortue. Enfin elle se représenta cette même petite sœur, dans l’avenir, devenue elle aussi une grande personne ; elle se la représenta conservant, jusque dans l’âge mûr, le cœur simple et aimant de son enfance, et réunissant autour d’elle d’autres petits enfants dont elle ferait briller les yeux vifs et curieux au récit de bien des aventures étranges, et peut-être même en leur contant le songe du Pays des Merveilles du temps jadis : elle la voyait partager leurs petits chagrins et trouver plaisir à leurs innocentes joies, se rappelant sa propre enfance et les heureux jours d’été. FIN. chapter|eleven|who|has|stolen|the|pies|The|King|and|the|Queen|of||they were|seated|on|their|throne|surrounded|by a|numerous|assembly|all|kinds|of|small|birds|and|other|beasts|as well as|that|the|pack|of|cards|all|entire|The|Knave|loaded|with|chains|guarded|by|each|side|by|a|soldier|he|he was standing|standing|in front of|the|throne|and|near|of the|king|he|he was|the|Rabbit|White|holding|with one|hand|a|trumpet|and|with|the other|a|scroll|of|parchment|In the|beautiful|middle|of|the|room|there was|a|table|on|which|one|one could see|a|large|plate|of|pies|these|pies|they seemed|so|good|that|it|it made|hunger|to|Alice|nothing|just|to|them|to look|I|I would like|well|that one|we|we hurry|to|to finish|the|trial|||she|and|||||||||||||she said|||by|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||his|large|||||||||||||||||||||||frontispiece||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||slates||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||silly||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||silly|||slates|||||||||||||||||||||||||slates|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||unfolding||||||||||||||||||||||||took|||||||||Deliberate||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||slates||||||||||||||||cents|Remove||||||||||||||||Hatter|Stolen||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||nonsense||||boldly|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||tarts||||||candies|||candies|||||||||||||||||||||||||||||||||don||||||||||||||||||||||||||||||shouted|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||would deny||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||reminded||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||repressed||||||||||||||||||||||||||||||||||strings||||||||||||||||||||||were||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||arrived||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||sneeze||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||collar||||||||||||||||Suppress||pinch||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||depositions|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||slates|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||eagerness||||||||||||||||||||||||||ring||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||Deliberate|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||Were|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||rubbing||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||spreading||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||card|||||||||||||mutter||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||will deliberate||||||||||||||||||||||||||||||||||will silence||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||reeds|||||||tinkling||bells||||||||||||||||||||shepherd||||||||||||||||||||||||||||||||||||beasts||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| " CHAPTER XI. WHO STOLE THE PIES? The King and Queen of Hearts were sitting on their throne, surrounded by a large assembly: all sorts of little birds and other beasts, as well as the entire pack of cards. The Knave, loaded with chains, guarded on each side by a soldier, stood before the throne, and near the king was the White Rabbit, holding a trumpet in one hand and a scroll of parchment in the other. In the middle of the hall was a table on which was a large plate of pies; these pies looked so good that they made Alice hungry just by looking at them. "I wish they would hurry up and finish the trial," she thought, "and bring in the refreshments," but that seemed very unlikely, so she began to look around to pass the time. It was the first time Alice had been in a courtroom, but she had read descriptions of them in books, and she was quite pleased to see that she knew the name of almost everything there. "That’s the judge," she said to herself; "I recognize him by his big wig." The judge, let’s say in passing, was the King, and since he wore his crown over his wig (look at the frontispiece if you want to know how he arranged it) he did not look at all comfortable, and it did not suit him at all. "And that’s the jury box," thought Alice; "and those twelve creatures" (she was forced to say "creatures," you see, because some were beasts and some were birds), "I suppose they are the jurors;" she repeated this last word two or three times, for she was quite proud of it: thinking rightly that very few little girls her age know what it means. The twelve jurors were all very busy writing on slates. "What are they doing there?" said Alice to the Griffin. "They can’t have anything to write before the trial has started." "They are writing their names," replied the Griffin, "for fear of forgetting them before the end of the trial." "Fools!" cried Alice indignantly, but she quickly held her tongue, for the White Rabbit shouted, "Silence in the court!" And the King, putting on his glasses, looked eagerly around to see who was talking. Alice could see, as clearly as if she were looking over their shoulders, that all the jurors were writing "fools" on their slates, and she could even distinguish that one of them did not know how to write "fools" and had to ask his neighbor. "Their slates will be in a fine state before the end of the trial!" thought Alice. One of the jurors had a pencil that squeaked; Alice, as you can imagine, could not stand that; she went around the room, came up behind him, and soon found the opportunity to take the pencil away. It was done so quickly that the poor little juror (it was Bill the lizard) could not imagine what had become of it. After searching everywhere, he was forced to write with a finger for the rest of the day, and that was very useless, since his finger left no mark on the slate. "Herald, read the indictment!" said the King. Upon this, the White Rabbit sounded the trumpet three times, and then, unrolling the parchment, read as follows: "The Queen of Hearts made some tarts, One fine day in spring; The Knave of Hearts took the tarts, And went away quite pleased!" "Deliberate," said the King to the jurors. "Not yet, not yet," interrupted the Rabbit quickly; "there are many things to do first!" "Call the witnesses," said the King; and the White Rabbit sounded the trumpet three times, and cried, "The first witness!" The first witness was the Mad Hatter. He entered, holding a teacup in one hand and a buttered toast in the other. "Pardon, Your Majesty," he said, "if I bring this here; I hadn’t quite finished my tea when I was sent for." "You should have finished," said the King; "when did you begin?" The Hatter looked at the March Hare who had followed him into the hall, arm in arm with the Dormouse. "On the Fourteenth of March, I believe," he said. "The Fifteenth!" said the March Hare. "The Sixteenth!" added the Dormouse. "Note that," said the King to the jurors. And the jurors hurried to write the three dates on their slates; then they tried to reduce the total into francs and cents. "Take off your hat," said the King to the Hatter. "It doesn’t belong to me," said the Hatter. "Stolen!" cried the King, turning to the jurors, who hurried to note the fact. "I have them for sale," added the Hatter, as an explanation. "I don’t have any of my own; I’m a hatter." Here the Queen put on her glasses and began to stare at the Hatter, who turned pale and trembled. "Make your deposition," said the King; "and don’t be agitated; otherwise, I’ll have you executed at once." This did not seem to encourage the witness at all; he kept shifting from one foot to the other, looking at the Queen with a worried expression, and, in his confusion, he bit into the teacup and took a large piece out of it, instead of biting into the buttered toast. Just at that moment, Alice felt a strange sensation that embarrassed her greatly, until she realized what it was. She was beginning to grow again, and she first thought of getting up and leaving the court: but, upon reflection, she decided to stay where she was, as long as there was room for her. "Don’t push like that," said the Dormouse; "I can hardly breathe." "It’s not my fault," said Alice gently; "I’m growing." "You don’t have the right to grow here," said the Dormouse. "Don’t talk nonsense," replied Alice more boldly; "you know very well that you are growing too." "Yes, but I’m growing reasonably," said the Dormouse; "and not in that ridiculous way." He got up with a frown and went to the other side of the hall. All this time, the Queen had not stopped staring at the Hatter, and as the Dormouse crossed the hall, she said to one of the court officers: "Bring me the list of singers from the last concert." Upon which, the unfortunate Hatter began to tremble so violently that he lost both his shoes. "Make your deposition," repeated the King angrily; "or I’ll have you executed, whether you are disturbed or not!" "I’m a poor man, Your Majesty," said the Hatter in a trembling voice; "and it was hardly a week or two since I had started taking my tea, and with that the toasts became so thin and the tea candies —" "The tea candies of what?" said the King. "It started with the tea," replied the Hatter. "I tell you that candy starts with a d!" cried the King sharply. "Do you take me for a donkey? Continue!" "I’m a poor man," continued the Hatter; "and the candies and other things made me lose my mind. But the Hare said —" "That’s false!" cried the Hare, hastening to interrupt him. "That’s true!" shouted the Hatter. "I deny it!" shouted the Hare. "He denies it!" said the King. "Pass over that." "Well! in any case, the Dormouse said —" continued the Hatter, looking around to see if he would deny it too; but the Dormouse denied nothing, for he was fast asleep. "After that," continued the Hatter, "I cut myself some more buttered toasts." "But what did the Dormouse say?" asked one of the jurors. "That’s what I can’t remember," said the Hatter. "You absolutely must remember it," observed the King; "or I’ll have you executed." The unfortunate Hatter dropped his teacup and buttered toast, and knelt down. "I’m a poor man, Your Majesty!" he began. "You are a very poor speaker," said the King. Here one of the guinea pigs applauded, and was immediately reprimanded by one of the ushers. (As this word is quite difficult, I will explain how this happened. They had a large canvas bag that closed with two strings tied at the opening; into this bag they slid the guinea pig headfirst, then they sat on it.) "I’m glad to have seen that," thought Alice. "I have often read in the newspapers, at the end of trials: "There were some attempts at applause that were soon suppressed by the ushers," and I had never understood until now what that meant." "If that’s all you know about the matter, you may bow down," continued the King. "I can’t bow down any lower than this," said the Hatter; "I’m already on the ground." "Then sit down," replied the King. Here the other guinea pig applauded and was reprimanded. "Well, that puts an end to the guinea pigs!" thought Alice. "Now it will go better." "I would like to go finish my tea," said the Hatter, casting a worried glance at the Queen, who was reading the list of singers. "You may leave," said the King; and the Hatter hurried to leave the court, without even taking the time to put on his shoes. "And cut off his head outside," added the Queen, addressing one of the ushers; but the Hatter was already far away before the usher reached the door. "Call another witness," said the King. The other witness was the cook of the Duchess; she was holding the pepper shaker in her hand, and Alice guessed who it was, even before she entered the hall, upon seeing the people near the door suddenly sneeze all at once. "Make your deposition," said the King. "No!" said the cook. The King looked anxiously at the White Rabbit, who said to him in a low voice: "Your Majesty must interrogate this witness contradictorily." "If it must be, it must be," said the King sadly; and, after crossing his arms and frowning while looking at the cook, to the point that his eyes were almost completely sunk into his head, he said in a hollow voice: "What are the tarts made of?" "Of pepper mainly!" said the cook. "Of molasses," said a sleepy voice behind her. "Seize that Dormouse by the collar!" cried the Queen. "Cut off that Dormouse’s head! Put that Dormouse out! Suppress him, pinch him, pull out his whiskers!" For a few moments, the whole court was in an uproar to get the Dormouse out; and when calm was restored, the cook had disappeared. "That doesn’t matter," said the King, as if relieved of a great weight. "Call the third witness;" and he added in a low voice to the Queen: "Really, my dear, you must interrogate this other witness; it hurts my head too much!" Alice was watching the White Rabbit as he turned the list in his fingers, curious to know who the other witness would be. "For the depositions haven’t proven much so far," she said to herself. Imagine her surprise when the White Rabbit shouted, in the loudest of his little squeaky voice: "Alice!" CHAPTER XII. ALICE'S DEPOSITION. "Here!" cried Alice, completely forgetting in the moment's confusion how much she had grown in the last few moments, and she got up so abruptly that she caught the jury box with the edge of her dress, and overturned it, with all its occupants, onto the heads of the crowd below, and they were seen struggling in all directions, like the goldfish from the bowl that she remembered having accidentally knocked over the previous week. "Oh! I’m so sorry!" she exclaimed all confused, and she began to pick them up quickly, for the accident that had happened to the goldfish was running through her mind, and she had a vague idea that they needed to be picked up immediately and put back on the benches, otherwise they would die. "The trial cannot continue," said the King in a grave voice, "until all the jurors are back in their places; all!" he repeated emphatically, staring fixedly at Alice. Alice looked at the jury box and saw that in her haste she had placed the Lizard upside down, and the poor little creature was wagging its tail in a sad way, unable to right itself; she soon turned it over and placed it properly. "Not that it matters much," she said to herself, "for I think it would be just as useful to the trial upside down as otherwise." As soon as the jurors had somewhat recovered from the jolt, and their slates and pencils had been found and returned to them, they set to work diligently writing the story of the accident, except for the Lizard, who seemed too overwhelmed to do anything but keep his mouth open, staring at the ceiling of the hall. "What do you know about this matter?" asked the King of Alice. "Nothing," she replied. "Nothing at all?" insisted the King. "Nothing at all," said Alice. "That is very important," said the King, turning to the jurors. They were about to write that on their slates when the White Rabbit interrupted: "Not important, means Your Majesty, no doubt," he said in a very respectful tone, but frowning and making faces at him. "Not important, of course, that’s what I meant to say," replied the King eagerly. And he continued to repeat in a low voice: "Very important, not important, not important, very important;" as if trying to see which of the two sounded best. Some of the jurors wrote "very important," others, "not important." Alice saw all this, for she was close enough to look at their slates. "But that doesn’t matter at all," she thought. At that moment, the King, who had been very busy writing in his notebook for some time, shouted: "Silence!" and read from his notebook: "Rule Forty-two: All persons over a mile high must leave the court." Everyone looked at Alice. "I’m not a mile high," she said. "Indeed you are," said the King. "Almost two miles," added the Queen. "Well! I won’t leave anyway; besides, this rule is not in use, you just invented it." "It’s the oldest rule in the book," said the King. "Then it should be number One." The King turned pale and quickly closed his notebook. "Deliberate," he said to the jurors in a weak and trembling voice. "There are other depositions to receive, if it pleases Your Majesty," said the Rabbit, rising hastily; "this paper has just been picked up." "What’s in it?" said the Queen. "I haven’t opened it yet," said the White Rabbit; "but it looks like a letter written by the accused to — to someone." "It must be so," said the King, "unless it’s written to no one, which is not ordinary, you understand." "To whom is it addressed?" said one of the jurors. "It’s not addressed at all," said the White Rabbit; "in fact, there’s nothing written on the outside." He unfolded the paper as he spoke and added: "It’s not a letter after all; it’s a piece of verse." "Is it the handwriting of the accused?" asked another juror. "No," said the White Rabbit, "and that’s the funniest part." (The jurors all looked very puzzled.) "He must have imitated someone else’s handwriting," said the King. (The jurors resumed their serene expressions.) "Pardon, Your Majesty," said the Knave, "I didn’t write this letter, and you can’t prove it was me; there’s no signature." "If you didn’t sign it," said the King, "that only makes it worse; you must have had bad intentions, otherwise you would have signed, like an honest man." Upon this, everyone clapped their hands; it was the first truly good remark the King had made that day. "That proves his guilt," said the Queen. "That proves nothing," said Alice. "You don’t even know what it’s about." "Read this verse," said the King. The White Rabbit put on his glasses. "Where shall I begin, if it pleases Your Majesty?" he asked. "Begin at the beginning," said the King gravely, "and go on until you come to the end; then you stop." Here are the verses that the White Rabbit read: "I was told that you went to her To be able to speak to her, And she assured, the cruel one, That I did not know how to swim! Soon he sent word to them (We know very well that it’s true!) That they should not speak ill of it, Or beware of the broomsticks! I gave three, she took one; How many then shall we receive? (There is some gap there.) All returned from them to you. If you or I, in this matter, Were too embarrassed, Let us pray that he leaves us, brother, Both as he found us. You have them, I’m sure, (Before his nerves’ access Disturbed the inhumane,) Deceived all three successfully. Hide from him that she prefers them; For it must be, by my faith, (And will always be, I hope) A secret between you and me." "That’s the most important piece of evidence we’ve had so far," said the King, rubbing his hands; "so, let the jury now — —" "If there is a single juror who can explain it," said Alice (she had grown so large in these last moments that she was no longer afraid to interrupt him), "I’ll give him a ten-penny piece. I don’t believe there’s an atom of common sense in it." All the jurors wrote on their slates: "She doesn’t believe there’s an atom of common sense in it," but none of them attempted to explain the piece of verse. "If it means nothing," said the King, "that saves us a world of trouble, you see; for it’s useless to look for an explanation; and yet I don’t know," he continued, spreading the piece of verse on his knees and looking at it with one eye; "it seems to me that I see something in it, after all. "That I did not know how to swim!" You don’t know how to swim, do you?" he added, turning to the Knave. The Knave shook his head sadly. "Do I look like it," he said. (No, certainly, he did not look like it, being made entirely of cardboard.) "So far, so good," said the King; and he continued to mutter to himself, ""We know very well that it’s true." That’s what the jury says, of course! "I gave three, she took one;" just so, that’s what he did with the tarts, you see." "But then comes: "All returned from them to you,"" said Alice. "Look, here they are!" said the King triumphantly, pointing to the tarts that were on the table. "There’s nothing clearer than that; and again: "Before his nerves’ access." You’ve never had nervous attacks, I believe, my dear?" he said to the Queen. "Never!" said the Queen furiously, throwing an inkstand at the Lizard’s head. (The unfortunate Bill had stopped writing on his slate with a finger, for he had realized that it made no mark; but he quickly resumed work using the ink that was running down his face, as long as there was any.) "No, my dear, you look too good," said the King, looking around the room and smiling. There was a dead silence. "It’s a pun," added the King in an angry tone; and everyone began to laugh. "Let the jury deliberate," added the King, for about the twentieth time that day. "No, no," said the Queen, "the verdict first, we’ll deliberate afterward." "That doesn’t make sense!" said Alice loudly. "What an idea to want to pronounce the verdict first!" "Silence!" said the Queen, turning purple with anger. "I won’t be silent," said Alice. "Off with her head!" screamed the Queen at the top of her voice. No one moved. "You’re all a pack of cards!" said Alice (she had then reached her full natural size). Upon this, the whole pack jumped up in the air and fell down swirling around her; Alice let out a little scream, half of fear, half of anger, and tried to push them away; she found herself lying on the grass, her head on her sister’s lap, who was gently brushing the fallen leaves from her face that had fluttered down from the trees. "Wake up, dear Alice!" her sister said. "What a long nap you’ve had!" "Oh! I had such a funny dream," said Alice; and she told her sister, as well as she could remember, all the strange adventures that you have just read; and when she had finished her story, her sister said, hugging her: "Indeed, it’s a very funny dream; but now run home and have tea; it’s getting late." Alice got up and ran away, thinking along the way, and rightly so, what a wonderful dream she had just had. But her sister remained sitting quietly, just as she had left her, her head resting on her hand, gazing at the sunset and thinking of little Alice and her wonderful adventures; so much so that she too began to dream, in a way; and here is her dream: — First, she dreamed of little Alice personally: — the child’s little hands were still clasped on her knees, and her bright, shining eyes were gazing into hers. She could even hear the sound of her voice; she saw that peculiar little head movement by which she tossed back the stray hairs that kept coming into her eyes; and, as she listened or seemed to listen, everything around her came to life and was populated with the strange creatures from her young sister’s dream. The long grasses rustled at her feet under the hurried steps of the White Rabbit; the frightened Mouse made the water splash as it crossed the nearby pond; she heard the sound of teacups, while the Hare and his friends were having their never-ending meal, and the piercing voice of the Queen sending her unfortunate guests to their deaths. Once again the pig-baby was sneezing on the Duchess’s lap, while the plates and dishes were breaking around him; once again the shrill voice of the Griffin, the squeaking of the Hatter’s slate pencil, and the muffled cries of the guinea pigs put in the bag by order of the court filled the air, mingling with the sobs that the unfortunate Mock Turtle was giving in the distance. Thus she remained sitting, her eyes closed, and almost believing herself in Wonderland, although she knew that she only had to reopen her eyes for everything to change into a sad reality: the grasses would then rustle only under the breath of the wind, and the water of the pond would murmur only at the swaying of the reeds; the sound of the teacups would become the tinkling of bells around the sheep’s necks, and she would recognize the sharp cries of the Queen in the piercing voice of the little shepherd; the sneezing of the baby, the cry of the Griffin, and all the other strange noises would no longer be, she knew well, but the confused shouts of a farmyard, while the lowing of cattle in the distance would replace the heavy sobs of the Mock Turtle. Finally, she pictured that same little sister, in the future, also grown up; she pictured her keeping, even in middle age, the simple and loving heart of her childhood, and gathering around her other little children whose bright and curious eyes she would make shine with the telling of many strange adventures, and perhaps even telling them the dream of Wonderland of long ago: she saw her sharing their little sorrows and finding pleasure in their innocent joys, remembering her own childhood and the happy summer days. THE END.

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