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Little women ''Les quatre filles du docteur Marsch'', Des jours de bonheur XXII

Des jours de bonheur XXII

XXII

Des jours de bonheur

Les semaines paisibles qui suivirent furent comme le soleil après l'orage ; les malades entraient rapidement en convalescence. La guerre funeste, qui déchirait la patrie, semblait devoir bientôt arriver à sa fin ; M. Marsch avait, dans sa dernière lettre, commencé à parler de son retour ; il le faisait espérer pour les premiers jours de l'année, et Beth, de son côté, put bientôt rester étendue sur le canapé et s'amuser d'abord avec ses chats bien aimés, puis avec ses poupées dont les vêtements, restés tristement en arrière, avaient grand besoin de réparation. Ses membres, autrefois si actifs, étaient encore raides et si faibles que Jo était obligée de la porter pour lui faire faire chaque jour son petit tour de jardin. Meg noircissait et brûlait avec joie ses mains

blanches pour faire des plats délicats à la « petite chérie ». Amy, loyale esclave de la bague, célébra sa rentrée dans la famille en donnant à ses soeurs tous les trésors qu'elle put leur faire accepter.

Comme Noël approchait, les mystères commencèrent à hanter la maison. Jo faisait rire toute la maison, même Hannah, en proposant des cérémonies complètement impossibles et magnifiquement absurdes en l'honneur de ce jour de fête. Laurie avait des idées également impraticables ; s'il avait pu agir à sa guise, il aurait fait des feux d'artifice en chambre et des arcs de triomphe dans tous les escaliers et sur chaque palier. Après beaucoup d'escarmouches et de querelles, les deux ambitieux consentirent à se montrer raisonnables et à se calmer. Cependant je ne répondrais pas qu'ils eussent renoncé à tous leurs beaux projets. Lorsqu'ils étaient seuls, leurs figures reprenaient une singulière animation. Que méditaient-ils ?

Plusieurs jours de très beau temps précédèrent un splendide jour de Noël. Hannah sentit dans sesos que ce Noël serait « un jour extraordinaire », et elle fut en cela une vraie prophétesse. D'abord, M. Marsch écrivit encore qu'il reviendrait, et bientôt ; puis, Beth se trouva très bien, et, ayant mis une jolie robe de mérinos bleu, – le cadeau de sa mère, – elle fut portée en triomphe à la fenêtre pour contempler une surprise que lui avaient préparée Jo et Laurie. Les deux infatigables avaient fait tous leurs efforts pour être au niveau de leur réputation ; comme des elfes, ils avaient travaillé la nuit et pétri, construit, élevé, édifié, devant les fenêtres, ce qu'ils appelaient un monument, symbole de leur affection pour Beth. Une grande et belle dame, une noble statue de neige, à faire concurrence aux marbres de Phidias, apparut à Beth au milieu du jardin ; la perfection du visage stupéfia non seulement Beth, mais tout le monde. M. Laurie avait emprunté au cabinet de son grand-père un surmoulage en plâtre qui faisait un effet étonnant. On l'avait drapée d'étoffes aux longs plis. Elle était couronnée de houx. D'une main elle tenait une lyre enguirlandée de fleurs, et de l'autre un grand rouleau de musique nouvelle à l'usage de Beth. Une longue écharpe de soie brune aux reflets changeants s'enroulait gracieusement autour de ses épaules glacées, et de ses lèvres, qu'on croyait être de neige, s'échappait un chant de Noël qui fut remis à Beth sur une admirable feuille de papier vélin. Chaque strophe en caractères majuscules, était tracée avec une encre de couleur différente.

LA MUSE DE NEIGE

Dieu vous bénisse, petite reine Beth, que rien ne vous trouble plus jamais, et que la santé, la paix et le bonheur vous arrivent ce jour de Noël !

Cette superbe lyre, qui nous a bien embarrassés à faire, est l'emblème de votre goût pour la musique, les fleurs qui l'entourent réjouissent la vue de notre abeille ; ce rouleau de musique bien choisie est destinée à son piano, et cette écharpe magnifique protégera son petit cou frileux, pendant qu'elle nous charmera par son jeu et ses chants.

Voyez cette copie étonnante d'un des chefs- d'oeuvre de Raphaël lui-même, votre soeur Amy s'est donné bien de la peine pour la faire digne du maître et digne de vous.

Acceptez un délicieux collier rouge à grelots pour le cou de votre favorite Ronron, et de la crème à la vanille faite par la charmante Meg à votre intention à vous : un vrai mont Blanc dans un plat, dont vous nous donnerez un petit peu, parce que vous êtes généreuse.

Cette poésie est l'oeuvre entièrement inédite de Jo et de Laurie ; excusez les fautes des auteurs et gardez-leur-en le secret.

Combien Beth se récria en voyant cette magnifique déesse de neige ! Combien de voyages dut faire Laurie pour aller chercher successivement les cadeaux qu'elle offrait à la convalescente, et quels bons rires sortirent des lèvres de celle-ci à la lecture de chacune des strophes de la jeune Muse de neige, et enfin de quels discours Jo accompagna chaque objet en le présentant à sa soeur !

« Je suis si heureuse que, si père était seulement ici, je ne pourrais pas contenir une goutte de bonheur de plus, dit Beth en soupirant de contentement lorsque Jo la porta dans le bureau pour se reposer de son excitation.

– Et moi aussi, dit Jo en tapant sur sa poche où reposaient deux volumes longtemps désirés par elle, présent de sa mère chérie.

– Moi aussi, répéta Amy, qui était absorbée dans la contemplation d'une gravure représentant le beau tableau de la Vierge à la chaise, que sa mère lui avait donnée richement encadrée.

– Et moi aussi, certes ! s'écria Meg en passant la main sur les beaux plis de la première robe de soie qu'elle eût encore possédée et que M. Laurentz avait voulu à toute force lui faire accepter.

– Comment ne le serais-je pas à mon tour, si vous l'êtes toutes, mes chéries ? » dit Mme Marsch. Ses yeux allaient de la lettre qu'elle avait reçue de son mari à la figure souriante de Beth, et sa main caressait la jolie chaîne de cheveux gris, dorés, châtains et bruns, spécimen des cheveux de chacun des membres de la famille, que ses filles venaient de lui mettre au cou. »

Il se réalise de temps en temps dans ce monde des choses inattendues et secrètement espérées, comme il est si agréable d'en rencontrer dans les livres dont l'auteur attentif sait prévoir le désir de son lecteur. Une demi-heure après que chacune d'elles eut dit, après Beth, qu'elle ne pourrait contenir qu'une goutte de bonheur de plus, cette goutte arriva ; que dis-je ? une goutte ? c'était mieux que cela, car c'était à la fois vaste et profond comme un océan. Laurie, sans crier gare, passa sa tête à la porte du parloir, et son visage était illuminé d'une telle joie, bien qu'il s'efforçât de la contenir, et sa voix était tellement émue que, bien qu'il se fût borné à dire : « Je vous annonce un autre présent de Noël pour la famille Marsch », tout le monde se précipita vers lui. Mais il n'avait fait que paraître et disparaître. À sa place on vit entrer un grand monsieur emmitouflé jusqu'aux oreilles, appuyé sur le bras d'un beau jeune homme. Pour cette fois tout le monde, sans en excepter Mme Marsch, sembla être fou dans la maison. Pendant plusieurs minutes personne ne dit une parole, et les choses les plus étranges furent faites sans même qu'on s'en doutât. C'est ainsi que M. Brooke se trouva avoir embrassé Meg, complètement par erreur, comme il l'expliqua d'une manière quelque peu incohérente. M. Marsch devint soudainement invisible au milieu de quatre paires de bras ; Jo, l'intrépide, faillit perdre son renom de vaillance en s'évanouissant à moitié, et Amy, la digne Amy, se laissa tomber sur un tabouret, et, prenant les jambes de son père entre ses bras, elle pleura sur ses bottines de la manière la plus touchante.

Mme Marsch fut cependant la première à se remettre. Elle étendit la main vers la chambre où reposait Beth en disant :

« Chut ! Prenons tous garde à Beth ! »

Mais il était trop tard, la porte venait de s'ouvrir, la petite convalescente avait paru sur le seuil.

Le bonheur avait mis de la force dans ses faibles membres, et Beth en eut assez pour se laisser tomber dans les bras de son père. En voyant réunis ces deux êtres qu'on avait cru perdre, chacun éclata en sanglots. Mais ces larmes-là font du bien. Dois-je dire, bien que l'incident ne semble guère à sa place, comment un subit éclat de rire put succéder sans transition à cet attendrissement général ? Je crois pouvoir l'oser. Un sanglot, ou, pour être vrai, une sorte de gloussement, un cri si bizarre s'était fait entendre derrière la porte qui conduisait à l'escalier, que Jo, dans sa surprise, n'avait pu se retenir de l'ouvrir brusquement, et, derrière cette porte, elle avait mis à jour la pauvre Hannah qui, se croyant bien cachée, s'en donnait dans l'ombre à coeur joie de pleurer à sa façon, et sa façon était singulière.

Certes les larmes de l'excellente Hannah n'étaient pour faire rire personne dans la maison ; mais la pauvre femme pleurait étrangement ; de plus, elle pleurait, sans s'en douter, sur un énorme dindon que, faute de mieux sans doute, elle serrait sur son coeur. Sortie précipitamment de sa cuisine au bruit de l'entrée de M. Marsch, elle avait oublié de se séparer de son rôti, qu'elle était en train de dresser, et attendait son tour de se présenter à son maître. M. Marsch l'embrassa sur les deux joues et lui fit grand plaisir en lui disant que son dindon n'était pas de trop dans la circonstance, attendu que M. Brooke et lui rapportaient un énorme appétit.

Lorsque l'incident fut clos, M me Marsch remercia M. Brooke du soin qu'il avait pris de son mari ; chacune des enfants en fit autant, Jo comme les autres ; Meg, sans parler, lui avait serré les deux mains. M. Brooke, intimidé, se rappela alors que M. Marsch avait besoin de repos, et, prenant Laurie par le bras, il disparut. On conseilla alors à M. Marsch et à Beth – aux deux convalescents – de se reposer ; ils le firent en s'asseyant tous deux dans le même fauteuil.

M. Marsch raconta alors comment il avait cédé à l'envie de les surprendre pour la fête de Noël ; le beau temps étant venu et sa santé s'étant affermie, le médecin, son confrère, qui l'avait soigné jusque-là, lui avait dit qu'il pouvait sans imprudence se mettre en route. Il dit à sa femme que c'était un devoir de reconnaissance pour lui de recommander M. Brooke à leur amitié. « C'est en grande partie à ses veilles, dit-il, que vous devez la vie de votre père. »

M. Marsch s'arrêta juste à ce moment-là et, regardant Meg qui tisonnait violemment le feu, il jeta à sa femme un regard auquel elle ne répondit qu'en lui demandant vivement s'il ne voulait pas prendre avant le dîner une tasse de bouillon, que Jo irait lui chercher. Jo comprit sans doute pourquoi sa mère l'envoyait de préférence à la cuisine ; en y allant elle ferma vivement la porte, et, si quelqu'un avait été dans le corridor, on eût pu l'entendre murmurer :

« Les estimables jeunes gens, moi, je les hais ! Et personne n'obtiendra de moi de les aimer ! »

Il n'y eut jamais un dîner de Noël comme celui de la famille Marsch. Le dindon était splendide et cuit à point lorsque Hannah l'apporta truffé, doré et magistralement servi dans un beau plat ; on le trouva tendre comme un poulet. Le plum-pudding fondait dans la bouche et, à la vue des gelées, Amy bourdonna comme une mouche devant un pot de miel. Tout était parfait. « Et c'est bien étonnant, dit Hannah, car j'avais l'esprit tellement à l'envers que c'est un miracle que je n'aie pas rôti le plum-pudding, et mis des raisins dans le dindon. »

M. Laurentz et son petit-fils étaient de la fête, ainsi que M. Brooke auquel Jo s'efforçait, à la grande joie de Laurie, d'envoyer des regards qu'elle croyait furibonds et qui n'étaient que divertissants. Deux fauteuils, au haut bout de la table, étaient occupés par Beth et son père qui festoyaient plus modestement que les autres convives avec du poulet et du raisin. On porta des toasts, on raconta des histoires ; « on se souvint », comme disent les vieilles gens, et on s'amusa complètement. On avait projeté une promenade en traîneau ; mais les jeunes filles ne voulurent pas quitter leur père, et leurs hôtes étant partis de bonne heure pour les laisser à eux-mêmes, l'heureuse famille se réunit autour du feu.

« Il y a juste un an que nous maudissions presque notre triste Noël, vous le rappelez-vous ? dit Jo, brisant une courte pause qui avait suivi une longue conversation sur beaucoup de sujets.

– Eh bien, cette année a passé, après tout, et, à côté des peines, elle nous a laissé plus d'un bon souvenir, dit Meg en souriant au feu, et se félicitant d'avoir su traiter M. Brooke avec convenance et dignité.

– Je trouve qu'elle a été encore assez difficile, dit Amy d'un air pensif en regardant le feu briller sur sa bague.

– Je suis contente qu'elle soit finie, parce que vous nous êtes revenu, murmura Beth qui était assise sur les genoux de son père.

– La route a été dure à monter pour vous, mes chers petits pèlerins, et surtout la dernière partie, mais vous vous en êtes bien tirés, je le vois, dit le docteur, en regardant avec une satisfaction paternelle les quatre jeunes figures réunies autour de lui.

– Comment le voyez-vous, père ? demanda Jo.

– Mais, la paille montre de quel côté souffle le vent, et j'ai fait aujourd'hui plusieurs découvertes.

– Oh ! dites-les-nous, s'écria Meg, qui était assise à côté de lui.

– Et d'abord, en voici une. »

Prenant la main de Meg, M. Marsch lui montra de nombreuses piqûres d'aiguille qui marquaient l'extrémité d'un de ses doigts.

« Meg, ma chère, lui dit-il, je suis fier de toucher cette travailleuse petite main. »

Si Meg avait eu besoin d'une récompense pour ses heures de travail patient, elle l'aurait reçue dans le sourire d'approbation et l'affectueux regard de son père.

« Et pour Jo ! dites quelque chose de très agréable à Jo, père, car elle a fait tous ses efforts et a été si bonne pour moi », murmura Beth à l'oreille de son père.

Il sourit en regardant la grande fille qui, assise en face de lui, avait, sur sa bonne figure, une expression de douceur peu habituelle.

« Malgré ses cheveux courts, je ne vois plus le « fils Jo », que j'avais laissé ici, il y a un an, dit M. Marsch ; je vois à sa place une jeune fille qui met son col droit, lace bien ses bottines, ne siffle pas, et ne se couche plus sur le paillasson comme autrefois. Sa figure est un peu maigre et pâlie par les veilles et l'anxiété, mais j'aime à la voir ainsi. En prenant un soin maternel d'une certaine petite personne que ses brusqueries d'autrefois auraient agitée, elle s'est transformée. J'aimais certes ma fille sauvage ; mais je crois que, si j'ai bientôt à sa place une jeune fille tendre, dévouée, forte encore, mais civilisée, j'aurai gagné au change. Je sais déjà que, dans tout Washington, je n'aurais rien pu trouver qui valût les vingt-cinq dollars que cette chère tête ronde m'a envoyés. »

Les yeux perçants de Jo devinrent humides, et le rose monta à son visage quand, en recevant les louanges de son père, elle put se dire qu'elle en méritait une partie.

« À Beth, maintenant, dit Amy, qui aurait bien voulu que son tour arrivât, mais qui était toute prête à l'attendre.

– De Beth je n'ai rien à dire ; ne parlons pas d'elle, pour ne pas l'embarrasser et pour ne pas la gâter. Elle n'est pas sage quand elle est malade, mais sitôt qu'elle se portera bien, elle nous paraîtra parfaite.

– Oh ! dit Beth, père me traite en malade encore. J'ai d'autres défauts que ma faible santé ; je les lui dirai quand lui-même sera tout à fait guéri. »

Après une minute de silence, M. Marsch regarda Amy qui était assise à ses pieds, et dit, en caressant ses cheveux soyeux :

« J'ai remarqué qu'Amy a pris, à diner, les morceaux que les autres n'aimaient pas, qu'elle a fait des commissions pour sa mère toute l'après- midi, qu'elle a donné ce soir sa place à Meg, et qu'elle a servi tout le monde avec patience et bonne humeur. J'ai observé aussi qu'elle est plus patiente, qu'elle ne s'est pas regardée dans la glace et qu'elle n'a pas même parlé d'une très jolie bague qu'elle a au doigt ; d'où je conclus qu'elle a appris à moins s'occuper d'elle-même et plus des autres, et qu'elle s'est mise à modeler son caractère aussi soigneusement que ses petites figures en argile, j'en suis content, je serai très fier certainement de voir un jour de jolies oeuvres de sculpture et de peinture faites par elle ; mais je serai encore bien plus fier d'avoir une aimable fille, possédant le talent de rendre la vie belle aux autres comme à elle-même.

– À quoi pensez-vous, Beth ? demanda Jo, lorsque Amy eut remercié son père et raconté l'histoire de la bague.

– Je pense, répondit Beth en se laissant glisser par terre et en allant lentement à son cher piano, que c'est l'heure de reprendre notre chère habitude de la prière en commun. Je serai assez forte ce soir pour la chanter comme avant ma maladie. Je vais essayer de dire : « La prière du berger, autour duquel Dieu a rassemblé son troupeau tout entier. » J'ai commencé la musique pour père, parce qu'il en aime les paroles.

Et Beth, s'asseyant devant son piano bien- aimé, chanta doucement de sa jolie voix ce chant pieux, dont nous regrettons de ne pouvoir donner les paroles. On croit qu'elles étaient de M me Marsch, qui avait toujours défendu à ses filles de les écrire.


Des jours de bonheur XXII Days of happiness XXII

XXII

Des jours de bonheur

Les semaines paisibles qui suivirent furent comme le soleil après l'orage ; les malades entraient rapidement en convalescence. The peaceful weeks that followed were like sunshine after a storm; the sick were rapidly recovering. La guerre funeste, qui déchirait la patrie, semblait devoir bientôt arriver à sa fin ; M. Marsch avait, dans sa dernière lettre, commencé à parler de son retour ; il le faisait espérer pour les premiers jours de l'année, et Beth, de son côté, put bientôt rester étendue sur le canapé et s'amuser d'abord avec ses chats bien aimés, puis avec ses poupées dont les vêtements, restés tristement en arrière, avaient grand besoin de réparation. Mr. Marsch had, in his last letter, begun to speak of his return, which he hoped would take place in the first days of the year, and Beth, for her part, was soon able to lie on the sofa and amuse herself first with her beloved cats, then with her dolls, whose clothes, sadly left behind, were in great need of repair. Ses membres, autrefois si actifs, étaient encore raides et si faibles que Jo était obligée de la porter pour lui faire faire chaque jour son petit tour de jardin. Her limbs, once so active, were still so stiff and weak that Jo had to carry her around the garden every day. Meg noircissait et brûlait avec joie ses mains Meg blackened and burned her hands with joy Meg ennegreció y quemó sus manos de alegría

blanches pour faire des plats délicats à la « petite chérie ». to make delicate dishes for the "little darling". Amy, loyale esclave de la bague, célébra sa rentrée dans la famille en donnant à ses soeurs tous les trésors qu'elle put leur faire accepter. Amy, loyal slave to the ring, celebrated her re-entry into the family by giving her sisters all the treasures she could get them to accept. Amy, fiel esclava del anillo, celebró su regreso a la familia regalando a sus hermanas todos los tesoros que consiguió que aceptaran.

Comme Noël approchait, les mystères commencèrent à hanter la maison. As Christmas approached, mysteries began to haunt the house. A medida que se acercaba la Navidad, los misterios empezaron a rondar la casa. Jo faisait rire toute la maison, même Hannah, en proposant des cérémonies complètement impossibles et magnifiquement absurdes en l'honneur de ce jour de fête. Jo made the whole house laugh, even Hannah, by proposing completely impossible and magnificently absurd ceremonies in honor of the holiday. Laurie avait des idées également impraticables ; s'il avait pu agir à sa guise, il aurait fait des feux d'artifice en chambre et des arcs de triomphe dans tous les escaliers et sur chaque palier. Laurie had equally impractical ideas; if he'd had his way, he'd have made fireworks in the room and triumphal arches on every staircase and landing. Après beaucoup d'escarmouches et de querelles, les deux ambitieux consentirent à se montrer raisonnables et à se calmer. After many skirmishes and quarrels, the two ambitious men agreed to be reasonable and calm down. Cependant je ne répondrais pas qu'ils eussent renoncé à tous leurs beaux projets. But I wouldn't say they'd given up all their fine plans. Lorsqu'ils étaient seuls, leurs figures reprenaient une singulière animation. When they were alone, their faces took on a singular animation. Que méditaient-ils ? What were they pondering?

Plusieurs jours de très beau temps précédèrent un splendide jour de Noël. Several days of fine weather preceded a splendid Christmas Day. Hannah sentit dans sesos que ce Noël serait « un jour extraordinaire », et elle fut en cela une vraie prophétesse. Hannah sensed in her bones that this Christmas would be "an extraordinary day", and in this she was a true prophetess. Ana sintió en sus huesos que esta Navidad sería "un día extraordinario", y en esto fue una verdadera profetisa. D'abord, M. Marsch écrivit encore qu'il reviendrait, et bientôt ; puis, Beth se trouva très bien, et, ayant mis une jolie robe de mérinos bleu, – le cadeau de sa mère, – elle fut portée en triomphe à la fenêtre pour contempler une surprise que lui avaient préparée Jo et Laurie. First, Mr. Marsch wrote again that he would be back, and soon; then, Beth found herself very well, and, having put on a pretty blue merino dress, - her mother's gift, - she was carried in triumph to the window to contemplate a surprise that Jo and Laurie had prepared for her. Primero el señor Marsch volvió a escribir que volvería, y pronto; luego Beth se sintió muy bien, y, habiéndose puesto un bonito vestido azul de merino, -regalo de su madre-, fue llevada triunfante a la ventana para ver una sorpresa que Jo y Laurie le habían preparado. Les deux infatigables avaient fait tous leurs efforts pour être au niveau de leur réputation ; comme des elfes, ils avaient travaillé la nuit et pétri, construit, élevé, édifié, devant les fenêtres, ce qu'ils appelaient un monument, symbole de leur affection pour Beth. The two tireless workers had made every effort to live up to their reputation; like elves, they had worked through the night and kneaded, built, raised, edified, in front of the windows, what they called a monument, a symbol of their affection for Beth. Une grande et belle dame, une noble statue de neige, à faire concurrence aux marbres de Phidias, apparut à Beth au milieu du jardin ; la perfection du visage stupéfia non seulement Beth, mais tout le monde. A tall, beautiful lady, a noble snow statue to rival the marbles of Phidias, appeared to Beth in the middle of the garden; the perfection of the face stunned not only Beth, but everyone. M. Laurie avait emprunté au cabinet de son grand-père un surmoulage en plâtre qui faisait un effet étonnant. Mr. Laurie had borrowed a plaster overmould from his grandfather's cabinet, and the effect was astonishing. El Sr. Laurie había tomado prestado un sobremolde de escayola del armario de su abuelo, que creaba un efecto impresionante. On l'avait drapée d'étoffes aux longs plis. She was draped in long-folded fabrics. Estaba envuelta en largas telas plegadas. Elle était couronnée de houx. D'une main elle tenait une lyre enguirlandée de fleurs, et de l'autre un grand rouleau de musique nouvelle à l'usage de Beth. In one hand she held a lyre adorned with flowers, and in the other a large scroll of new music for Beth's use. Une longue écharpe de soie brune aux reflets changeants s'enroulait gracieusement autour de ses épaules glacées, et de ses lèvres, qu'on croyait être de neige, s'échappait un chant de Noël qui fut remis à Beth sur une admirable feuille de papier vélin. A long scarf of shimmering brown silk wrapped gracefully around her icy shoulders, and from her lips, which were thought to be of snow, escaped a Christmas carol that was handed to Beth on an admirable sheet of vellum paper. Una larga bufanda de reluciente seda marrón envolvía graciosamente sus gélidos hombros, y de sus labios, que parecían hechos de nieve, salió un villancico que le entregaron a Beth en una hermosa hoja de papel vitela. Chaque strophe en caractères majuscules, était tracée avec une encre de couleur différente. Each stanza, in capital letters, was drawn with a different colored ink.

LA MUSE DE NEIGE THE SNOW MUSE LA MUSA DE LA NIEVE

Dieu vous bénisse, petite reine Beth, que rien ne vous trouble plus jamais, et que la santé, la paix et le bonheur vous arrivent ce jour de Noël ! God bless you, little Queen Beth, may nothing ever trouble you again, and may health, peace and happiness come to you this Christmas Day!

Cette superbe lyre, qui nous a bien embarrassés à faire, est l'emblème de votre goût pour la musique, les fleurs qui l'entourent réjouissent la vue de notre abeille ; ce rouleau de musique bien choisie est destinée à son piano, et cette écharpe magnifique protégera son petit cou frileux, pendant qu'elle nous charmera par son jeu et ses chants. This superb lyre, which we found so difficult to make, is the emblem of your taste for music, and the flowers that surround it delight our bee's sight; this roll of well-chosen music is destined for her piano, and this magnificent scarf will protect her chilly little neck, while she charms us with her playing and singing. Esta magnífica lira, que tanto nos costó hacer, es el emblema de tu amor por la música; las flores que la rodean deleitan los ojos de nuestra abeja; este rollo de música bien elegida es para su piano, y esta magnífica bufanda protegerá su pequeño y frío cuello mientras nos encanta con su forma de tocar y cantar.

Voyez cette copie étonnante d'un des chefs- d'oeuvre de Raphaël lui-même, votre soeur Amy s'est donné bien de la peine pour la faire digne du maître et digne de vous. Look at this astonishing copy of one of Raphael's masterpieces. Your sister Amy has taken great pains to make it worthy of the master and worthy of you. Mira esta asombrosa copia de una de las obras maestras de Rafael. Tu hermana Amy se ha esforzado mucho para hacerla digna del maestro y digna de ti.

Acceptez un délicieux collier rouge à grelots pour le cou de votre favorite Ronron, et de la crème à la vanille faite par la charmante Meg à votre intention à vous : un vrai mont Blanc dans un plat, dont vous nous donnerez un petit peu, parce que vous êtes généreuse. Accept a delicious red necklace with bells for your favorite Ronron's neck, and vanilla cream made by the lovely Meg for you: a real Mont Blanc in a dish, which you'll give us a little bit of, because you're generous. Acepta un delicioso collar rojo con cascabeles para el cuello de tu Ronron favorito, y crema de vainilla hecha por la encantadora Meg para ti: un auténtico Mont Blanc en un plato, del que nos darás un poco, porque eres generoso.

Cette poésie est l'oeuvre entièrement inédite de Jo et de Laurie ; excusez les fautes des auteurs et gardez-leur-en le secret. This poetry is the entirely unpublished work of Jo and Laurie; please excuse the authors' mistakes and keep them a secret.

Combien Beth se récria en voyant cette magnifique déesse de neige ! How Beth cried when she saw this magnificent snow goddess! ¡Cómo gritó Beth cuando vio a esta magnífica diosa de las nieves! Combien de voyages dut faire Laurie pour aller chercher successivement les cadeaux qu'elle offrait à la convalescente, et quels bons rires sortirent des lèvres de celle-ci à la lecture de chacune des strophes de la jeune Muse de neige, et enfin de quels discours Jo accompagna chaque objet en le présentant à sa soeur ! How many journeys Laurie had to make to fetch the gifts she presented to the convalescent, and what good laughter came from her lips as she read each of the young Snow Muse's stanzas, and finally what speeches Jo accompanied each object as she presented it to her sister!

« Je suis si heureuse que, si père était seulement ici, je ne pourrais pas contenir une goutte de bonheur de plus, dit Beth en soupirant de contentement lorsque Jo la porta dans le bureau pour se reposer de son excitation. "I'm so happy that, if Father were only here, I couldn't contain another drop of happiness," said Beth, sighing with contentment as Jo carried her into the study to rest from her excitement.

– Et moi aussi, dit Jo en tapant sur sa poche où reposaient deux volumes longtemps désirés par elle, présent de sa mère chérie. - And so am I," said Jo, tapping her pocket where two long-sought volumes, a gift from her beloved mother, lay. - Y yo también -dijo Jo, dándose un golpecito en el bolsillo donde tenía dos volúmenes que llevaba mucho tiempo buscando, regalo de su querida madre-.

– Moi aussi, répéta Amy, qui était absorbée dans la contemplation d'une gravure représentant le beau tableau de la Vierge à la chaise, que sa mère lui avait donnée richement encadrée. - Me too," repeated Amy, who was absorbed in the contemplation of an engraving depicting the beautiful painting of the Madonna in the Chair, which her mother had given her richly framed. - Yo también -repitió Amy, que estaba absorta contemplando un grabado del hermoso cuadro de la Virgen y la Silla, que su madre le había regalado ricamente enmarcado.

– Et moi aussi, certes ! s'écria Meg en passant la main sur les beaux plis de la première robe de soie qu'elle eût encore possédée et que M. Laurentz avait voulu à toute force lui faire accepter. exclaimed Meg, running her hand over the beautiful folds of the first silk dress she had ever owned, which Mr. Laurentz had tried so hard to make her accept.

– Comment ne le serais-je pas à mon tour, si vous l'êtes toutes, mes chéries ? - How could I not be in turn, if you all are, my darlings? » dit Mme Marsch. Ses yeux allaient de la lettre qu'elle avait reçue de son mari à la figure souriante de Beth, et sa main caressait la jolie chaîne de cheveux gris, dorés, châtains et bruns, spécimen des cheveux de chacun des membres de la famille, que ses filles venaient de lui mettre au cou. Her eyes went from the letter she'd received from her husband to Beth's smiling face, and her hand caressed the pretty chain of gray, gold, chestnut and brown hair, a specimen of each family member's hair, that her daughters had just put around her neck. Sus ojos pasaron de la carta que había recibido de su marido al rostro sonriente de Beth, y su mano acarició la bonita cadena de cabellos grises, dorados, castaños y castaños, una muestra del cabello de cada miembro de la familia, que sus hijas acababan de colocarle alrededor del cuello. »

Il se réalise de temps en temps dans ce monde des choses inattendues et secrètement espérées, comme il est si agréable d'en rencontrer dans les livres dont l'auteur attentif sait prévoir le désir de son lecteur. From time to time, unexpected and secretly hoped-for things happen in this world, as is so pleasant to encounter in books whose attentive author knows how to anticipate his reader's desire. Une demi-heure après que chacune d'elles eut dit, après Beth, qu'elle ne pourrait contenir qu'une goutte de bonheur de plus, cette goutte arriva ; que dis-je ? Half an hour after each of them had said, after Beth, that she could only contain one more drop of happiness, that drop arrived; what shall I say? une goutte ? a drop? c'était mieux que cela, car c'était à la fois vaste et profond comme un océan. it was better than that, for it was as vast and deep as an ocean. Laurie, sans crier gare, passa sa tête à la porte du parloir, et son visage était illuminé d'une telle joie, bien qu'il s'efforçât de la contenir, et sa voix était tellement émue que, bien qu'il se fût borné à dire : « Je vous annonce un autre présent de Noël pour la famille Marsch », tout le monde se précipita vers lui. Laurie, without warning, poked his head through the parlor door, and his face was lit up with such joy, though he tried hard to contain it, and his voice was so moved that, though he had merely said, "I'm announcing another Christmas present for the Marsch family," everyone rushed to him. Mais il n'avait fait que paraître et disparaître. But he had only appeared and disappeared. À sa place on vit entrer un grand monsieur emmitouflé jusqu'aux oreilles, appuyé sur le bras d'un beau jeune homme. In his place entered a tall gentleman, wrapped up to the ears, leaning on the arm of a handsome young man. Pour cette fois tout le monde, sans en excepter Mme Marsch, sembla être fou dans la maison. On this occasion, everyone in the house, with the exception of Mrs. Marsch, seemed to be crazy. Pendant plusieurs minutes personne ne dit une parole, et les choses les plus étranges furent faites sans même qu'on s'en doutât. For several minutes no one said a word, and the strangest things were done without anyone even noticing. Durante varios minutos nadie dijo una palabra, y se hicieron las cosas más extrañas sin que nadie se diera cuenta. C'est ainsi que M. Brooke se trouva avoir embrassé Meg, complètement par erreur, comme il l'expliqua d'une manière quelque peu incohérente. And so Mr. Brooke found himself having kissed Meg, completely by mistake, as he explained somewhat incoherently. Y así fue como el señor Brooke se encontró con que había besado a Meg, completamente por error, como explicó de forma un tanto incoherente. M. Marsch devint soudainement invisible au milieu de quatre paires de bras ; Jo, l'intrépide, faillit perdre son renom de vaillance en s'évanouissant à moitié, et Amy, la digne Amy, se laissa tomber sur un tabouret, et, prenant les jambes de son père entre ses bras, elle pleura sur ses bottines de la manière la plus touchante. Mr. Marsch suddenly became invisible in the midst of four pairs of arms; intrepid Jo almost lost her reputation for valour by half-fainting, and Amy, worthy Amy, dropped onto a stool, and, taking her father's legs between her arms, wept over his boots in the most touching manner. El señor Marsch se hizo de pronto invisible en medio de cuatro pares de brazos; el intrépido Jo casi perdió su reputación de valiente al medio desmayarse, y Amy, la digna Amy, se dejó caer sobre un taburete y, tomando las piernas de su padre entre los brazos, lloró sobre sus botas de la manera más conmovedora.

Mme Marsch fut cependant la première à se remettre. Mrs Marsch, however, was the first to recover. Elle étendit la main vers la chambre où reposait Beth en disant : She stretched out her hand towards the room where Beth lay, saying:

« Chut ! "Hush! Prenons tous garde à Beth ! Let's all watch out for Beth! ¡Tengamos todos cuidado con Beth! »

Mais il était trop tard, la porte venait de s'ouvrir, la petite convalescente avait paru sur le seuil. But it was too late, the door had just opened and the little convalescent girl had appeared on the threshold. Pero era demasiado tarde, la puerta acababa de abrirse y la pequeña convaleciente había aparecido en el umbral.

Le bonheur avait mis de la force dans ses faibles membres, et Beth en eut assez pour se laisser tomber dans les bras de son père. Happiness had put strength into her weak limbs, and Beth had enough to let herself fall into her father's arms. En voyant réunis ces deux êtres qu'on avait cru perdre, chacun éclata en sanglots. Seeing these two people reunited, everyone burst into tears. Mais ces larmes-là font du bien. But those tears feel good. Dois-je dire, bien que l'incident ne semble guère à sa place, comment un subit éclat de rire put succéder sans transition à cet attendrissement général ? Shall I say, although the incident hardly seems in its place, how a sudden burst of laughter could follow without transition from this general tenderness? Je crois pouvoir l'oser. I think I dare. Creo que me atrevo. Un sanglot, ou, pour être vrai, une sorte de gloussement, un cri si bizarre s'était fait entendre derrière la porte qui conduisait à l'escalier, que Jo, dans sa surprise, n'avait pu se retenir de l'ouvrir brusquement, et, derrière cette porte, elle avait mis à jour la pauvre Hannah qui, se croyant bien cachée, s'en donnait dans l'ombre à coeur joie de pleurer à sa façon, et sa façon était singulière. A sob, or, to be truthful, a sort of cackle, a cry so bizarre had been heard behind the door that led to the staircase, that Jo, in her surprise, had been unable to restrain herself from opening it abruptly, and, behind this door, she had uncovered poor Hannah who, believing herself well hidden, was giving herself in the shadows to the joy of crying in her own way, and her way was singular. Un sollozo, o, a decir verdad, una especie de cacareo, un grito tan extraño se había oído detrás de la puerta que daba a la escalera, que Jo, en su sorpresa, no pudo abstenerse de abrirla bruscamente, y, detrás de esta puerta, había descubierto a la pobre Hannah que, creyéndose bien escondida, se deleitaba llorando en las sombras a su manera, y su manera era singular.

Certes les larmes de l'excellente Hannah n'étaient pour faire rire personne dans la maison ; mais la pauvre femme pleurait étrangement ; de plus, elle pleurait, sans s'en douter, sur un énorme dindon que, faute de mieux sans doute, elle serrait sur son coeur. Of course, Hannah's tears were no laughing matter for anyone in the house; but the poor woman was crying strangely; moreover, she was crying, unsuspectingly, over a huge turkey that, for want of anything better, she was clutching to her heart. Por supuesto, las lágrimas de Hannah no eran cosa de risa para nadie en la casa, pero la pobre mujer lloraba de una forma muy extraña. Es más, lloraba, sin darse cuenta, por un enorme pavo que, a falta de algo mejor, se agarraba al corazón. Sortie précipitamment de sa cuisine au bruit de l'entrée de M. Marsch, elle avait oublié de se séparer de son rôti, qu'elle était en train de dresser, et attendait son tour de se présenter à son maître. She had rushed out of her kitchen at the sound of Mr. Marsch's entrance, forgotten to part with her roast, which she had been preparing, and was waiting her turn to present herself to her master. Había salido apresuradamente de la cocina al oír la entrada del señor Marsch, había olvidado separarse de su asado, que estaba preparando, y esperaba su turno para presentarse a su amo. M. Marsch l'embrassa sur les deux joues et lui fit grand plaisir en lui disant que son dindon n'était pas de trop dans la circonstance, attendu que M. Brooke et lui rapportaient un énorme appétit. Mr. Marsch kissed him on both cheeks and delighted him by telling him that his turkey was not too much in the circumstances, since he and Mr. Brooke brought back a huge appetite.

Lorsque l'incident fut clos, M me Marsch remercia M. Brooke du soin qu'il avait pris de son mari ; chacune des enfants en fit autant, Jo comme les autres ; Meg, sans parler, lui avait serré les deux mains. When the incident was over, Mrs. Marsch thanked Mr. Brooke for the care he had taken of her husband; each of the children did the same, Jo as well as the others; Meg, without speaking, had shaken both his hands. M. Brooke, intimidé, se rappela alors que M. Marsch avait besoin de repos, et, prenant Laurie par le bras, il disparut. Mr. Brooke, intimidated, then remembered that Mr. Marsch needed a rest, and, taking Laurie by the arm, he disappeared. On conseilla alors à M. Marsch et à Beth – aux deux convalescents – de se reposer ; ils le firent en s'asseyant tous deux dans le même fauteuil. Mr. Marsch and Beth - the two convalescents - were advised to rest, which they did by sitting in the same chair.

M. Marsch raconta alors comment il avait cédé à l'envie de les surprendre pour la fête de Noël ; le beau temps étant venu et sa santé s'étant affermie, le médecin, son confrère, qui l'avait soigné jusque-là, lui avait dit qu'il pouvait sans imprudence se mettre en route. Mr. Marsch then recounted how he had given in to the urge to surprise them for Christmas; the fine weather having come and his health having strengthened, the doctor, his colleague, who had looked after him until then, had told him that he could safely set off on his journey. Il dit à sa femme que c'était un devoir de reconnaissance pour lui de recommander M. Brooke à leur amitié. He told his wife that it was a duty of gratitude for him to recommend Mr. Brooke to their friendship. « C'est en grande partie à ses veilles, dit-il, que vous devez la vie de votre père. You owe your father's life in large part to his vigil," he says. »

M. Marsch s'arrêta juste à ce moment-là et, regardant Meg qui tisonnait violemment le feu, il jeta à sa femme un regard auquel elle ne répondit qu'en lui demandant vivement s'il ne voulait pas prendre avant le dîner une tasse de bouillon, que Jo irait lui chercher. Mr. Marsch stopped just then and, looking at Meg who was violently stoking the fire, gave his wife a look to which she responded only by asking him sharply if he wouldn't like to have a cup of broth before dinner, which Jo would fetch for him. El señor Marsch se detuvo en ese momento y, mirando a Meg que atizaba violentamente el fuego, dirigió a su mujer una mirada a la que ella sólo respondió preguntándole si no le apetecía tomar una taza de caldo antes de cenar, que Jo le traería. Jo comprit sans doute pourquoi sa mère l'envoyait de préférence à la cuisine ; en y allant elle ferma vivement la porte, et, si quelqu'un avait été dans le corridor, on eût pu l'entendre murmurer : Jo no doubt understood why her mother preferred to send her to the kitchen; as she went, she shut the door quickly, and if anyone had been in the corridor, they could have heard her whisper:

« Les estimables jeunes gens, moi, je les hais ! "I hate estimable young people! "¡Odio a los jóvenes! Et personne n'obtiendra de moi de les aimer ! And no one will get me to love them! ¡Y nadie conseguirá que me encanten! »

Il n'y eut jamais un dîner de Noël comme celui de la famille Marsch. There's never been a Christmas dinner quite like the Marsch family's. Le dindon était splendide et cuit à point lorsque Hannah l'apporta truffé, doré et magistralement servi dans un beau plat ; on le trouva tendre comme un poulet. The turkey was splendid and cooked to perfection when Hannah brought it truffled, golden and masterfully served in a beautiful dish; it was found tender as a chicken. El pavo estaba espléndido y cocinado a la perfección cuando Hannah lo trajo trufado, dorado y magistralmente servido en un plato precioso; estaba tierno como un pollo. Le plum-pudding fondait dans la bouche et, à la vue des gelées, Amy bourdonna comme une mouche devant un pot de miel. The plum pudding melted in her mouth and, at the sight of jelly, Amy buzzed like a fly in front of a honey pot. El pudin de ciruelas se deshizo en su boca y, a la vista de las gelatinas, Amy zumbó como una mosca ante un tarro de miel. Tout était parfait. « Et c'est bien étonnant, dit Hannah, car j'avais l'esprit tellement à l'envers que c'est un miracle que je n'aie pas rôti le plum-pudding, et mis des raisins dans le dindon. "And it's quite amazing," says Hannah, "because my mind was so upside down that it's a wonder I didn't roast the plum pudding, and put grapes in the turkey. Y es una maravilla", dice Hannah, "porque mi mente estaba tan al revés que es un milagro que no asara el budín de ciruelas y pusiera uvas en el pavo. »

M. Laurentz et son petit-fils étaient de la fête, ainsi que M. Brooke auquel Jo s'efforçait, à la grande joie de Laurie, d'envoyer des regards qu'elle croyait furibonds et qui n'étaient que divertissants. Mr. Laurentz and his grandson were at the party, as was Mr. Brooke, to whom Jo endeavored, much to Laurie's delight, to send glances that she thought were furious and that were merely entertaining. El señor Laurentz y su nieto estaban en la fiesta, así como el señor Brooke, a quien Jo intentaba, para regocijo de Laurie, enviar miradas que ella creía furiosas y que eran meramente divertidas. Deux fauteuils, au haut bout de la table, étaient occupés par Beth et son père qui festoyaient plus modestement que les autres convives avec du poulet et du raisin. Two armchairs at the far end of the table were occupied by Beth and her father, who were feasting more modestly than the other guests on chicken and grapes. Dos sillones en la cabecera de la mesa estaban ocupados por Beth y su padre, que se daban un festín más modesto que los demás invitados a base de pollo y uvas. On porta des toasts, on raconta des histoires ; « on se souvint », comme disent les vieilles gens, et on s'amusa complètement. Toasts were made, stories were told; "we remembered", as the old folks say, and had a great time. Se hicieron brindis, se contaron historias; "nos acordamos", como dicen los viejos, y lo pasamos muy bien. On avait projeté une promenade en traîneau ; mais les jeunes filles ne voulurent pas quitter leur père, et leurs hôtes étant partis de bonne heure pour les laisser à eux-mêmes, l'heureuse famille se réunit autour du feu. A sleigh ride was planned, but the girls didn't want to leave their father, and their hosts having left early to leave them to their own devices, the happy family gathered around the fire. Se había planeado un paseo en trineo, pero las niñas no querían separarse de su padre, y como sus anfitriones se habían marchado temprano para dejarlas a su aire, la feliz familia se reunió alrededor del fuego.

« Il y a juste un an que nous maudissions presque notre triste Noël, vous le rappelez-vous ? "It was just a year ago that we were almost cursing our sad Christmas, do you remember? "Hace justo un año casi maldijimos nuestras tristes Navidades, ¿te acuerdas? dit Jo, brisant une courte pause qui avait suivi une longue conversation sur beaucoup de sujets. said Jo, breaking a short pause that had followed a long conversation on many subjects.

– Eh bien, cette année a passé, après tout, et, à côté des peines, elle nous a laissé plus d'un bon souvenir, dit Meg en souriant au feu, et se félicitant d'avoir su traiter M. Brooke avec convenance et dignité. - Well, this year has passed, after all, and, next to the sorrows, it has left us with more than one good memory, says Meg, smiling at the fire, and congratulating herself on having treated Mr. Brooke with propriety and dignity.

– Je trouve qu'elle a été encore assez difficile, dit Amy d'un air pensif en regardant le feu briller sur sa bague. - I think she's been pretty tough again," Amy said thoughtfully, watching the fire glow on her ring.

– Je suis contente qu'elle soit finie, parce que vous nous êtes revenu, murmura Beth qui était assise sur les genoux de son père. - I'm glad it's over, because you've come back to us," murmured Beth, who was sitting on her father's lap.

– La route a été dure à monter pour vous, mes chers petits pèlerins, et surtout la dernière partie, mais vous vous en êtes bien tirés, je le vois, dit le docteur, en regardant avec une satisfaction paternelle les quatre jeunes figures réunies autour de lui. - It's been a tough road for you, my dear little pilgrims, especially the last part, but you've done well, I see," said the doctor, looking with paternal satisfaction at the four young figures gathered around him. - El camino ha sido duro para vosotros, mis queridos peregrinos, sobre todo la última parte, pero veo que lo habéis hecho bien -dijo el doctor, mirando con paternal satisfacción a las cuatro jóvenes figuras reunidas a su alrededor-.

– Comment le voyez-vous, père ? - How do you see it, Father? - ¿Cómo lo ve, Padre? demanda Jo.

– Mais, la paille montre de quel côté souffle le vent, et j'ai fait aujourd'hui plusieurs découvertes. - But the straw shows which way the wind is blowing, and I made several discoveries today. - Pero la paja muestra en qué dirección sopla el viento, y hoy he hecho varios descubrimientos.

– Oh ! dites-les-nous, s'écria Meg, qui était assise à côté de lui. tell us," exclaimed Meg, who was sitting next to him.

– Et d'abord, en voici une. - And first, here's one. »

Prenant la main de Meg, M. Marsch lui montra de nombreuses piqûres d'aiguille qui marquaient l'extrémité d'un de ses doigts. Taking Meg's hand, Mr. Marsch showed her numerous needle punctures marking the tips of one of her fingers. Cogiendo la mano de Meg, el Sr. Marsch le mostró los numerosos pinchazos de aguja que marcaban la punta de uno de sus dedos.

« Meg, ma chère, lui dit-il, je suis fier de toucher cette travailleuse petite main. "Meg, my dear," he told her, "I'm proud to touch this hard-working little hand. Meg, querida -dijo-, estoy orgulloso de tocar esa manita trabajadora. »

Si Meg avait eu besoin d'une récompense pour ses heures de travail patient, elle l'aurait reçue dans le sourire d'approbation et l'affectueux regard de son père. If Meg had needed a reward for her hours of patient work, she would have received it in her father's approving smile and affectionate gaze.

« Et pour Jo ! dites quelque chose de très agréable à Jo, père, car elle a fait tous ses efforts et a été si bonne pour moi », murmura Beth à l'oreille de son père. say something very nice to Jo, Father, because she's gone out of her way and been so good to me," Beth whispered in her father's ear.

Il sourit en regardant la grande fille qui, assise en face de lui, avait, sur sa bonne figure, une expression de douceur peu habituelle. He smiled as he looked at the tall girl who, sitting opposite him, had an uncharacteristically gentle expression on her good figure. Sonrió al mirar a la chica alta que, sentada frente a él, tenía una expresión inusualmente amable en su buena cara.

« Malgré ses cheveux courts, je ne vois plus le « fils Jo », que j'avais laissé ici, il y a un an, dit M. Marsch ; je vois à sa place une jeune fille qui met son col droit, lace bien ses bottines, ne siffle pas, et ne se couche plus sur le paillasson comme autrefois. "Despite his short hair, I no longer see the 'Jo son' I left here a year ago," says Mr. Marsch, "I see in his place a young girl who wears her collar straight, laces her boots well, doesn't whistle, and doesn't lie on the doormat as she used to. "A pesar de su pelo corto, ya no veo al 'Jo boy' que dejé aquí hace un año", dice el Sr. Marsch, "veo en su lugar a una joven que lleva el cuello recto, se ata bien las botas, no silba y no se tumba en el felpudo como antes. Sa figure est un peu maigre et pâlie par les veilles et l'anxiété, mais j'aime à la voir ainsi. Her face is a little gaunt and paled with wakefulness and anxiety, but I like to see her like this. En prenant un soin maternel d'une certaine petite personne que ses brusqueries d'autrefois auraient agitée, elle s'est transformée. By taking maternal care of a certain little person whom her earlier brusqueness would have agitated, she transformed herself. Al ocuparse maternalmente de cierta personita a la que su brusquedad anterior habría agitado, se ha transformado. J'aimais certes ma fille sauvage ; mais je crois que, si j'ai bientôt à sa place une jeune fille tendre, dévouée, forte encore, mais civilisée, j'aurai gagné au change. I certainly loved my wild daughter, but I think that if I soon have in her place a young girl, tender, devoted, still strong, but civilized, I'll have made up for lost time. Je sais déjà que, dans tout Washington, je n'aurais rien pu trouver qui valût les vingt-cinq dollars que cette chère tête ronde m'a envoyés. I already know that, in all of Washington, I couldn't have found anything worth the twenty-five dollars this dear round head sent me. »

Les yeux perçants de Jo devinrent humides, et le rose monta à son visage quand, en recevant les louanges de son père, elle put se dire qu'elle en méritait une partie. Jo's piercing eyes became moist, and pink rose to her face when, on receiving her father's praise, she was able to tell herself that she deserved some of it.

« À Beth, maintenant, dit Amy, qui aurait bien voulu que son tour arrivât, mais qui était toute prête à l'attendre. "Now it's Beth's turn," said Amy, who wished her turn had come, but was ready and waiting.

– De Beth je n'ai rien à dire ; ne parlons pas d'elle, pour ne pas l'embarrasser et pour ne pas la gâter. - I have nothing to say about Beth; let's not talk about her, so as not to embarrass or spoil her. - No tengo nada que decir sobre Beth; no hablemos de ella, para no avergonzarla ni estropearla. Elle n'est pas sage quand elle est malade, mais sitôt qu'elle se portera bien, elle nous paraîtra parfaite. She's not wise when she's sick, but as soon as she's well, she'll seem perfect. No es sabia cuando está enferma, pero en cuanto se recupere, parecerá perfecta.

– Oh ! dit Beth, père me traite en malade encore. says Beth, Father's treating me like a sick man again. J'ai d'autres défauts que ma faible santé ; je les lui dirai quand lui-même sera tout à fait guéri. I have other faults besides my poor health; I'll tell him when he's fully recovered. »

Après une minute de silence, M. Marsch regarda Amy qui était assise à ses pieds, et dit, en caressant ses cheveux soyeux : After a minute's silence, Mr. Marsch looked at Amy, who was sitting at his feet, and said, stroking her silky hair:

« J'ai remarqué qu'Amy a pris, à diner, les morceaux que les autres n'aimaient pas, qu'elle a fait des commissions pour sa mère toute l'après- midi, qu'elle a donné ce soir sa place à Meg, et qu'elle a servi tout le monde avec patience et bonne humeur. "I noticed that Amy took the pieces at dinner that the others didn't like, that she ran errands for her mother all afternoon, that she gave Meg her place tonight, and that she served everyone with patience and good humor. J'ai observé aussi qu'elle est plus patiente, qu'elle ne s'est pas regardée dans la glace et qu'elle n'a pas même parlé d'une très jolie bague qu'elle a au doigt ; d'où je conclus qu'elle a appris à moins s'occuper d'elle-même et plus des autres, et qu'elle s'est mise à modeler son caractère aussi soigneusement que ses petites figures en argile, j'en suis content, je serai très fier certainement de voir un jour de jolies oeuvres de sculpture et de peinture faites par elle ; mais je serai encore bien plus fier d'avoir une aimable fille, possédant le talent de rendre la vie belle aux autres comme à elle-même. I've also noticed that she's more patient, that she hasn't looked at herself in the mirror and that she hasn't even talked about a very pretty ring she has on her finger ; from which I conclude that she has learned to care less for herself and more for others, and that she has begun to model her character as carefully as her little clay figures. I'm happy about this, and I'll certainly be very proud to see one day some beautiful works of sculpture and painting made by her; but I'll be even prouder to have a lovely daughter, with the talent to make life beautiful for others as well as for herself.

– À quoi pensez-vous, Beth ? - What's on your mind, Beth? demanda Jo, lorsque Amy eut remercié son père et raconté l'histoire de la bague. Jo asked, when Amy had thanked her father and told the story of the ring.

– Je pense, répondit Beth en se laissant glisser par terre et en allant lentement à son cher piano, que c'est l'heure de reprendre notre chère habitude de la prière en commun. - I think," Beth replied, dropping to the floor and walking slowly to her beloved piano, "it's time to resume our beloved habit of praying together. Je serai assez forte ce soir pour la chanter comme avant ma maladie. I'll be strong enough tonight to sing it as I did before my illness. Je vais essayer de dire : « La prière du berger, autour duquel Dieu a rassemblé son troupeau tout entier. I'll try to say: "The prayer of the shepherd, around whom God has gathered his entire flock. Intentaré decir: "La oración del pastor, en torno al cual Dios ha reunido a todo su rebaño. » J'ai commencé la musique pour père, parce qu'il en aime les paroles. "I started playing music for my father, because he likes the lyrics.

Et Beth, s'asseyant devant son piano bien- aimé, chanta doucement de sa jolie voix ce chant pieux, dont nous regrettons de ne pouvoir donner les paroles. And Beth, sitting down in front of her beloved piano, sang softly in her lovely voice this pious song, the words of which we regret not being able to give. Y Beth, sentada frente a su querido piano, entonó suavemente con su bonita voz esta piadosa canción, cuya letra lamentamos no poder dar. On croit qu'elles étaient de M me Marsch, qui avait toujours défendu à ses filles de les écrire. We believe they were written by Mrs. Marsch, who had always forbidden her daughters to write them.