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TEDx Talks, Dépasser ses peurs, c'est oser être soi même | Paul-Henri de Le Rue | TEDxValenciennes (2)

Dépasser ses peurs, c'est oser être soi même | Paul-Henri de Le Rue | TEDxValenciennes (2)

« État des lieux : OK, triple fracture du plancher orbital, oedème pulmonaire.

Vous allez cracher du sang pendant 3 semaines,

vous ne contrôlerez pas vos yeux pendant un moment,

et c'est surtout vos maux de tête, votre concentration. »

Bon bref, j'en passe ; en gros, c'était la merde.

Et donc, là, je le regarde

et puis je me répète dans ma tête de manière instinctive :

« Pour atteindre la Lune, il faut viser les étoiles. »

C'est ma pensée motivante.

Et je lui dis : « Très bien docteur, ai-je une hémorragie cérébrale ? »

Il me dit que non.

Je lui dis : « Très bien mais soyez bon, car dans 34 jours, il y a les JO.

Il faut que vous me remettiez sur pieds. »

Et donc, il part, je l'entends glousser dans le couloir.

Mais moi j'ai une toute petite fenêtre et il faut que je la saisisse.

Je vais mettre toutes les chances de mon côté.

C'est l'élaboration de la stratégie.

Quels sont mes forces, mes faiblesses, mon environnement actuel ?

Mon objectif précis, je sais ce que c'est.

Pendant 10 jours, je vais dormir 18 heures par jour.

Je vais m'entourer des meilleurs,

aller à Cap Breton au CERS, au meilleur centre de rééducation.

Je connais ces gens, j'ai l'habitude de travailler avec eux.

Mais il y a une angoisse qui me tétanise et qui m'habite sans cesse.

C'est : est-ce que je serai prêt le jour J ?

Je ne sais pas, pour vous tous, vous avez déjà tous géré

ou en tout cas organisé des projets.

À chaque fois, on se pose la question :

« Est-ce que ce que je fais est la meilleure des solutions ?

Est-ce cela qu'il faut que je fasse ? »

Et en fait, vous vous dites plutôt :

« Est-ce que je serai vraiment prêt ? »

Un ancien entraineur est venu me voir et m'a dit :

« Polo, remets le doute à sa place.

Tu as assez douté durant ta stratégie et tu sais ce que tu dois faire.

Maintenant, sois dans l'instant présent.

Savoir si tu seras prêt ? Tu te poseras la question en temps et en heure,

la veille de la compétition. »

Et donc à partir du moment où il me dit ça,

mes épaules descendent de 10 cm.

Je suis beaucoup plus serein, et je suis dans l'instant.

J'avance micro pas après micro pas.

Quand je dois faire mes tractions, je fais mes tractions.

Quand je dois faire mes étirements, je les fais et je les fais bien.

La veille de la course, j'arrive devant mon docteur et mon entraineur,

et c'est l'état des lieux :

neurologiquement, ça passe,

mais si jamais tu te blesses, tu sais que ça peut t'être fatal.

Et donc mon entraineur me dit : « Pas question. »

Personne ne voulait prendre la responsabilité que je parte.

Et donc en fait, les écouter, c'était encore 50 raisons d'avoir peur.

Si on m'avait dit formellement : « Non, tu n'y vas pas »,

je n'y serais pas allé.

Mais j'étais capable d'être fidèle à une stratégie

tout en étant à l'écoute de la conjoncture.

Je l'avais déjà démontré dans le passé.

Et je savais que j'allais le montrer encore une fois.

Du coup, mon entraineur me dit :

« OK, mais si tu fais la moindre faute entre les entrainements et la demi-finale,

je te sors. »

Très bien, donc du coup, petit pas après petit pas,

je suis en finale. Je suis contre les 5 meilleurs mondiaux.

Pour eux la course commence,

et moi je suis assis, j'ai plus d'énergie, j'ai la tête qui tourne,

je suis au bout de ma vie, mais ça va quand même.

On est en finale olympique , allez !

Je suis le plus éloigné de la ligne la plus rapide.

Je n'ai aucune chance d'être devant donc je suis dans le troupeau.

Je respecte un minimum de distance entre mes adversaires et moi,

je ne fais rien d'idiot, je suis bien concentré.

Je laisse glisser ma planche.

Je suis quatrième.

Vous savez que dans ma préparation, je n'ai pas pu travailler physiquement

sur le plan de la force, ni sur l'endurance, ni sur l'explosivité.

Mais j'avais une vraie force.

C'était ma proprioception, une finesse musculaire.

Et donc c'est ce que j'arrivais à faire entre le 2e virage et le 3e virage, ici.

À chaque run, j'ai réussi à redoubler mes adversaires.

Je passe de quatrième à troisième.

Et je me dis: « Oh mon dieu, Polo, tu revis Turin,

Oh mon dieu, c'est maintenant.

Non Polo, te laisse pas déconcentrer.

T'as le Russe devant toi, tu vas te le faire.

Tu vas faire la première place avec Pierrette.

Allez, prends la trajectoire extérieure,

Souffle, souffle, surtout, mets-toi à l'aspiration.

Joue, non, mais allez Polo, t'es en finale.

Non, non, non enlève cette pensée parasite.

Continue, continue, bats-toi. »

Là, je suis dans les rollers, Et attention, c'est maintenant.

(Rires) (Applaudissements)

Est-ce que vous savez ce qu'il se passe à ce moment précis ?

Je suis en l'air, et c'est la lutte entre le conscient et l'inconscient.

L'inconscient qui dit : « Vas-y Polo, t'es un dingue, tu vas te le faire. »

Et à côté : « Mais ouais, t'as pas envie de crever quand même. »

(Rires)

C'est bon tu peux relancer.

Et donc j'absorbe mal mon saut, et je fais une petite faute.

Je me retrouve de 3e à 4e.

Je serre les dents, et je me dis : « Oh putain, j'en peux plus !

Allez , glisse et sois concentré. »

Regardez ma position en l'air :

je suis tout tendu, j'ai plus de jus et je dois tomber sur mes pieds.

Je franchis la ligne, et je me dis « Pierrette a gagné,

et moi je suis allé le plus loin possible. »

Je suis tellement content pour mon pote.

Vous savez, notre sport peut paraître aléatoire, mais finalement,

il n'est pas si aléatoire que ça.

En trois Olympiades, j'en ai réussi deux.

Même si la deuxième fois, je ne suis pas médaillé olympique.

Par contre dans mon travail d'introspection,

vous vous rappelez, la pensée motivante qui m'a tiré si souvent ?

C'était ma résilience.

C'était également une pensée limitante.

Je me suis rendu compte que deux fois dans ma vie,

j'étais à deux doigts de me battre pour le titre de champion olympique,

et deux fois dans ma vie, j'ai renoncé avant même d'avoir essayé.

Pour atteindre la Lune, il faut viser les étoiles.

À trop relativiser vos objectifs, finalement, vous acceptez l'échec.

Et en en discutant autour de moi, tous les gens qui ont identifié

leur pensée motivante ont tous dans celle-ci une pensée limitante.

Donc, quelle est la première de vos pensées motivantes

qui vous a amené jusqu'à aujourd'hui, jusqu'ici ?

Et quelle est la pensée limitante qui se cache derrière elle ?

J'ai donc trois clés.

La première, c'est la pensée magique.

La pensée magique est celle qui vous conditionne.

C'est celle qui vous porte et qui vous rappelle qui vous êtes.

La deuxième clé, c'est la pensée motivante.

C'est celle qui vous tire, du plus profond des abysses,

qui vous remet en action, qui vous donne de l'énergie,

qui vous permet de ne jamais oublier où est-ce que vous allez.

Et enfin, la troisième de mes clés : eh bien, l'instant présent,

qui vous ancre, ici et maintenant,

qui vous permet de vivre pleinement votre vie,

qui vous permet de ne pas réfléchir à la peur de la peur de demain.

Vous savez, quand j'étais enfant, le monde pour moi était magique.

Aujourd'hui il est encore plus que magique.

Je suis père de deux enfants, je m'éclate.

Vous savez pourquoi ?

Parce que je n'ai jamais renoncé à ma capacité à vivre mes rêves.

Hier, comme aujourd'hui, comme demain.

C'est ce qui me définit, c'est mon identité.

Et vous, quels sont vos rêves ?

Merci beaucoup.

(Applaudissements).


Dépasser ses peurs, c'est oser être soi même | Paul-Henri de Le Rue | TEDxValenciennes (2) Paul-Henri de Le Rue | TEDxValenciennes (2)

« État des lieux : OK, triple fracture du plancher orbital, oedème pulmonaire.

Vous allez cracher du sang pendant 3 semaines,

vous ne contrôlerez pas vos yeux pendant un moment,

et c'est surtout vos maux de tête, votre concentration. »

Bon bref, j'en passe ; en gros, c'était la merde.

Et donc, là, je le regarde

et puis je me répète dans ma tête de manière instinctive :

« Pour atteindre la Lune, il faut viser les étoiles. »

C'est ma pensée motivante.

Et je lui dis : « Très bien docteur, ai-je une hémorragie cérébrale ? »

Il me dit que non.

Je lui dis : « Très bien mais soyez bon, car dans 34 jours, il y a les JO.

Il faut que vous me remettiez sur pieds. »

Et donc, il part, je l'entends glousser dans le couloir.

Mais moi j'ai une toute petite fenêtre et il faut que je la saisisse.

Je vais mettre toutes les chances de mon côté.

C'est l'élaboration de la stratégie.

Quels sont mes forces, mes faiblesses, mon environnement actuel ?

Mon objectif précis, je sais ce que c'est.

Pendant 10 jours, je vais dormir 18 heures par jour.

Je vais m'entourer des meilleurs,

aller à Cap Breton au CERS, au meilleur centre de rééducation.

Je connais ces gens, j'ai l'habitude de travailler avec eux.

Mais il y a une angoisse qui me tétanise et qui m'habite sans cesse.

C'est : est-ce que je serai prêt le jour J ?

Je ne sais pas, pour vous tous, vous avez déjà tous géré

ou en tout cas organisé des projets.

À chaque fois, on se pose la question :

« Est-ce que ce que je fais est la meilleure des solutions ?

Est-ce cela qu'il faut que je fasse ? »

Et en fait, vous vous dites plutôt :

« Est-ce que je serai vraiment prêt ? »

Un ancien entraineur est venu me voir et m'a dit :

« Polo, remets le doute à sa place.

Tu as assez douté durant ta stratégie et tu sais ce que tu dois faire.

Maintenant, sois dans l'instant présent.

Savoir si tu seras prêt ? Tu te poseras la question en temps et en heure,

la veille de la compétition. »

Et donc à partir du moment où il me dit ça,

mes épaules descendent de 10 cm.

Je suis beaucoup plus serein, et je suis dans l'instant.

J'avance micro pas après micro pas.

Quand je dois faire mes tractions, je fais mes tractions.

Quand je dois faire mes étirements, je les fais et je les fais bien.

La veille de la course, j'arrive devant mon docteur et mon entraineur,

et c'est l'état des lieux :

neurologiquement, ça passe,

mais si jamais tu te blesses, tu sais que ça peut t'être fatal.

Et donc mon entraineur me dit : « Pas question. »

Personne ne voulait prendre la responsabilité que je parte.

Et donc en fait, les écouter, c'était encore 50 raisons d'avoir peur.

Si on m'avait dit formellement : « Non, tu n'y vas pas »,

je n'y serais pas allé.

Mais j'étais capable d'être fidèle à une stratégie

tout en étant à l'écoute de la conjoncture.

Je l'avais déjà démontré dans le passé.

Et je savais que j'allais le montrer encore une fois.

Du coup, mon entraineur me dit :

« OK, mais si tu fais la moindre faute entre les entrainements et la demi-finale,

je te sors. »

Très bien, donc du coup, petit pas après petit pas,

je suis en finale. Je suis contre les 5 meilleurs mondiaux.

Pour eux la course commence,

et moi je suis assis, j'ai plus d'énergie, j'ai la tête qui tourne,

je suis au bout de ma vie, mais ça va quand même.

On est en finale olympique , allez !

Je suis le plus éloigné de la ligne la plus rapide.

Je n'ai aucune chance d'être devant donc je suis dans le troupeau.

Je respecte un minimum de distance entre mes adversaires et moi,

je ne fais rien d'idiot, je suis bien concentré.

Je laisse glisser ma planche.

Je suis quatrième.

Vous savez que dans ma préparation, je n'ai pas pu travailler physiquement

sur le plan de la force, ni sur l'endurance, ni sur l'explosivité.

Mais j'avais une vraie force.

C'était ma proprioception, une finesse musculaire.

Et donc c'est ce que j'arrivais à faire entre le 2e virage et le 3e virage, ici.

À chaque run, j'ai réussi à redoubler mes adversaires.

Je passe de quatrième à troisième.

Et je me dis: « Oh mon dieu, Polo, tu revis Turin,

Oh mon dieu, c'est maintenant.

Non Polo, te laisse pas déconcentrer.

T'as le Russe devant toi, tu vas te le faire.

Tu vas faire la première place avec Pierrette.

Allez, prends la trajectoire extérieure,

Souffle, souffle, surtout, mets-toi à l'aspiration.

Joue, non, mais allez Polo, t'es en finale.

Non, non, non enlève cette pensée parasite.

Continue, continue, bats-toi. »

Là, je suis dans les rollers, Et attention, c'est maintenant.

(Rires) (Applaudissements)

Est-ce que vous savez ce qu'il se passe à ce moment précis ?

Je suis en l'air, et c'est la lutte entre le conscient et l'inconscient.

L'inconscient qui dit : « Vas-y Polo, t'es un dingue, tu vas te le faire. »

Et à côté : « Mais ouais, t'as pas envie de crever quand même. »

(Rires)

C'est bon tu peux relancer.

Et donc j'absorbe mal mon saut, et je fais une petite faute.

Je me retrouve de 3e à 4e.

Je serre les dents, et je me dis : « Oh putain, j'en peux plus !

Allez , glisse et sois concentré. »

Regardez ma position en l'air :

je suis tout tendu, j'ai plus de jus et je dois tomber sur mes pieds.

Je franchis la ligne, et je me dis « Pierrette a gagné,

et moi je suis allé le plus loin possible. »

Je suis tellement content pour mon pote.

Vous savez, notre sport peut paraître aléatoire, mais finalement,

il n'est pas si aléatoire que ça.

En trois Olympiades, j'en ai réussi deux.

Même si la deuxième fois, je ne suis pas médaillé olympique.

Par contre dans mon travail d'introspection,

vous vous rappelez, la pensée motivante qui m'a tiré si souvent ?

C'était ma résilience.

C'était également une pensée limitante.

Je me suis rendu compte que deux fois dans ma vie,

j'étais à deux doigts de me battre pour le titre de champion olympique,

et deux fois dans ma vie, j'ai renoncé avant même d'avoir essayé.

Pour atteindre la Lune, il faut viser les étoiles.

À trop relativiser vos objectifs, finalement, vous acceptez l'échec.

Et en en discutant autour de moi, tous les gens qui ont identifié

leur pensée motivante ont tous dans celle-ci une pensée limitante.

Donc, quelle est la première de vos pensées motivantes

qui vous a amené jusqu'à aujourd'hui, jusqu'ici ?

Et quelle est la pensée limitante qui se cache derrière elle ?

J'ai donc trois clés.

La première, c'est la pensée magique.

La pensée magique est celle qui vous conditionne.

C'est celle qui vous porte et qui vous rappelle qui vous êtes.

La deuxième clé, c'est la pensée motivante.

C'est celle qui vous tire, du plus profond des abysses,

qui vous remet en action, qui vous donne de l'énergie,

qui vous permet de ne jamais oublier où est-ce que vous allez.

Et enfin, la troisième de mes clés : eh bien, l'instant présent,

qui vous ancre, ici et maintenant,

qui vous permet de vivre pleinement votre vie,

qui vous permet de ne pas réfléchir à la peur de la peur de demain.

Vous savez, quand j'étais enfant, le monde pour moi était magique.

Aujourd'hui il est encore plus que magique.

Je suis père de deux enfants, je m'éclate.

Vous savez pourquoi ?

Parce que je n'ai jamais renoncé à ma capacité à vivre mes rêves.

Hier, comme aujourd'hui, comme demain.

C'est ce qui me définit, c'est mon identité.

Et vous, quels sont vos rêves ?

Merci beaucoup.

(Applaudissements).