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Introduction to French Poetry, Louis Aragon (1897-1982) : Les lilas et les roses

Louis Aragon (1897-1982) : Les lilas et les roses

Amour de mon pays, 1940 juillet. Les lilas et les roses.

O mois des floraisons mois des métamorphoses Mai qui fut sans nuage et Juin poignardé Je n'oublierai jamais les lilas ni les roses Ni ceux que le printemps dans les plis a gardés

Je n'oublierai jamais l'illusion tragique Le cortège les cris la foule et le soleil Les chars chargés d'amour les dons de la Belgique L'air qui tremble et la route à ce bourdon d'abeilles Le triomphe imprudent qui prime la querelle Le sang que préfigure en carmin le baiser Et ceux qui vont mourir debout dans les tourelles Entourés de lilas par un peuple grisé

Je n'oublierai jamais les jardins de la France Semblables aux missels des siècles disparus Ni le trouble des soirs l'énigme du silence Les roses tout le long du chemin parcouru Le démenti des fleurs au vent de la panique Aux soldats qui passaient sur l'aile de la peur Aux vélos délirants aux canons ironiques Au pitoyable accoutrement des faux campeurs

Mais je ne sais pourquoi ce tourbillon d'images Me ramène toujours au même point d'arrêt A Sainte-Marthe Un général De noirs ramages Une villa normande au bord de la forêt Tout se tait L'ennemi dans l'ombre se repose On nous a dit ce soir que Paris s'est rendu Je n'oublierai jamais les lilas ni les roses Et ni les deux amours que nous avons perdus

Bouquets du premier jour lilas lilas des Flandres Douceur de l'ombre dont la mort farde les joues Et vous bouquets de la retraite roses tendres Couleur de l'incendie au loin roses d'Anjou


Louis Aragon (1897-1982) : Les lilas et les roses Louis Aragon (1897-1982) : Flieder und Rosen Louis Aragon (1897-1982): Lilacs and roses Louis Aragon (1897-1982) : Lilases e rosas

Amour de mon pays, 1940 juillet. Love from my country, 1940 July. Les lilas  et les roses. Lilacs and roses.

O mois des floraisons mois des métamorphoses Mai qui fut sans nuage et Juin poignardé Je n'oublierai jamais les lilas ni les roses Ni ceux que le printemps dans les plis a gardés O month of blooms month of metamorphoses May which was cloudless and stabbed June I will never forget the lilacs nor the roses Nor those that spring in the folds has kept О місяць квітучий, місяць метаморфоз, травень безхмарний і колючий, червень, я ніколи не забуду ні бузку, ні троянд, ні тих, що весна в складках зберегла.

Je n'oublierai jamais l'illusion tragique Le cortège les cris la foule et le soleil Les chars chargés d'amour les dons de la Belgique L'air qui tremble et la route à ce bourdon d'abeilles Le triomphe imprudent qui prime la querelle Le sang que préfigure en carmin le baiser Et ceux qui vont mourir debout dans les tourelles Entourés de lilas par un peuple grisé Я ніколи не забуду трагічну ілюзію. Процесію, крики натовпу й сонця. Пливе, наповнене любов’ю, дари Бельгії. Повітря, яке тремтить, і дорогу до цього джмеля з бджіл. Безрозсудний тріумф, який бере гору над сваркою. поцілунок віщує в багряні І тих, хто вмирає стоять на баштах В оточенні бузку сірим народом

Je n'oublierai jamais les jardins de la France Semblables aux missels des siècles disparus Ni le trouble des soirs l'énigme du silence Les roses tout le long du chemin parcouru Le démenti des fleurs au vent de la panique Aux soldats qui passaient sur l'aile de la peur Aux vélos délirants aux canons ironiques Au pitoyable accoutrement des faux campeurs Я ніколи не забуду сади Франції, схожі на місали зниклих століть, ані безлад вечорів, загадку тиші, троянди вздовж пройденого шляху, заперечення квітів на вітрі паніки, для солдатів, які пройшли на крилі. від страху До безумних велосипедів із іронічними пістолетами До жалюгідного одягу фальшивих кемперів

Mais je ne sais pourquoi ce tourbillon d'images Me ramène toujours au même point d'arrêt A Sainte-Marthe Un général De noirs ramages Une villa normande au bord de la forêt Tout se tait L'ennemi dans l'ombre se repose On nous a dit ce soir que Paris s'est rendu Je n'oublierai jamais les lilas ni les roses Et ni les deux amours que nous avons perdus Але я не знаю, чому цей вихор образів Завжди повертає мене до тієї самої зупинки На Сент-Марті Генерал чорної люті Норманська вілла на узліссі Все мовчить Ворог у тіні спочиває Ми сказав сьогодні ввечері, що Париж здався, я ніколи не забуду ні бузок, ні троянди, ані два кохання, які ми втратили

Bouquets du premier jour lilas lilas des Flandres Douceur de l'ombre dont la mort farde les joues Et vous bouquets de la retraite roses tendres Couleur de l'incendie au loin roses d'Anjou