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Bram Stoker - Dracula, Part (83)

Part (83)

Le chef se tourna vers eux pour leur donner un ordre, et chacun des bohémiens tira l'arme qu'il portait, couteau ou pistolet, et se tint prêt à essuyer notre attaque, qui ne tarda pas à éclater. Le chef, avec un rapide mouvement de sa bride, lança son cheval en avant, et, désignant d'abord le soleil - maintenant très proche du sommet des collines - et ensuite le château, il dit quelque chose que je ne compris pas. En guise de réponse, nos quatre compagnons sautèrent de leur cheval et se jetèrent vers le chariot. J'aurais dû ressentir une peur immense en voyant Jonathan en si grand péril, mais la fièvre du combat avait dû me gagner comme les autres; je ne ressentais aucune peur, mais seulement un désir ardent, pressant, de faire quelque chose. Voyant les mouvements rapides de ses adversaires, le chef des bohémiens donna encore un ordre; ses hommes se mirent instantanément en formation autour du chariot dans une sorte d'effort désordonné, chacun bousculant et poussant les autres dans son ardeur à répondre à la consigne. Au milieu de cette mêlée, je pouvais voir que Jonathan, d'un côté du cercle des bohémiens, et Quincey, de l'autre, étaient en train de forcer le passage vers le chariot; il était évident qu'ils avaient à cœur de finir leur tâche avant que le soleil ne fût couché. Rien ne semblait les arrêter ou même leur faire obstacle. Ni les armes lancées ni les couteaux étincelants en face, ni le hurlement des loups derrière, ne semblaient même retenir leur attention. L'impétuosité de Jonathan, et le caractère presque obsessionnel de son entreprise , semblaient intimider ceux qui lui faisaient face; instinctivement, ils s'écartèrent de son chemin et le laissèrent passer. En un instant il avait sauté sur le chariot, et, avec une force qui semblait incroyable, il avait soulevé la grande caisse, et l'avait projetée à terre. Dans le même temps, Mr Morris avait eu à user de la force pour se frayer un chemin à travers le cercle des Bohémiens. Tout le temps que j'étais restée à fixer Jonathan, le souffle coupé, j'avais vu Mr Morris, du coin de l'oeil, exercer sa poussée désespérée en avant, et j'avais vu les couteaux des gitans jaillir pour l'atteindre, comme il forçait son chemin parmi eux. Il avait paré avec son grand couteau Bowie, et au début j'avais cru qu'il s'en était sorti indemne, mais tandis qu'il bondissait à côté de Jonathan, qui avait maintenant sauté hors du chariot, je pus voir qu'il se tenait le flanc gauche, et que du sang coulait à travers ses doigts. Il ne perdit pas de temps, cependant, pour s'en occuper, car lorsque Jonathan, avec une énergie désespérée, attaqua un bout de la caisse, en essayant d'en arracher le couvercle avec son grand couteau Kukri, lui s'attaqua frénétiquement à l'autre côté avec son Bowie. Le couvercle commença à céder aux efforts conjugués des deux hommes; les clous sautèrent avec un petit crissement, et le dessus de la boîte fut retiré. A ce moment les Bohémiens, se voyant cernés par les Winchesters, et à la merci de Lord Godalming et du Dr Seward, avaient abandonné toute résistance. Le soleil était presque couché, derrière le sommet des montagnes, et les ombres de tout le groupe s'allongeaient sur la neige. Je vis le Comte gisant dans la caisse, sur la terre, dont la chute brutale du chariot avait répandu quelques poignées sur lui. Il était mortellement pâle, et ses yeux rouges luisaient de l'horrible flamme vindicative que je connaissais trop bien. Comme je le regardais, ses yeux virent le soleil en train de sombrer, et le regard de haine se mua en regard de triomphe. Mais, au même moment, le grand couteau de Jonathan fendit l'air et jaillit. Je poussai un cri perçant quand je le vis trancher la gorge; pendant que, d'un même mouvement, le couteau Bowie de Mr Morris plongeait dans le coeur.

Ce fut comme un miracle; car devant nos yeux, et presque en l'espace d'un souffle, le corps entier tomba en poussière et disparut à notre vue. Je serai heureuse aussi longtemps que je vivrai, car à ce moment suprême de dissolution finale, il y avait sur les traits du Comte une expression de paix, telle que je n'en aurais jamais imaginée sur son visage. Le Château de Dracula se dressait maintenant contre le ciel rouge, et chaque pierre de ses créneaux brisés se découpait dans la lumière du soleil couchant. Les Bohémiens, nous considérant d'une manière ou d'une autre comme responsables de la disparition du cadavre, se tournèrent, sans un mot, et s'enfuirent au galop comme si leur vie en dépendait. Ceux qui n'étaient pas à cheval sautèrent sur leur charette et crièrent aux cavaliers de ne pas les abandonner. Les loups, qui s'étaient arrêtés à bonne distance, suivirent leurs traces, et nous laissèrent tranquilles. Mr Morris, qui s'était effondré par terre, se tenait sur son coude, pressant toujours sa main contre son flanc; le sang sourdait toujours à travers ses doigts. Je m'élançai vers lui, car le cercle Sacré ne me retenait plus; et les deux Docteurs s'élancèrent avec moi. Jonathan s'agenouilla près de lui et le blessé put appuyer sa tête contre son épaule. Avec un soupir il prit, dans sa faiblesse, ma main dans celle qui lui restait libre. Il devait avoir vu l'angoisse qui tordait mon coeur apparaître sur mon visage, car il me sourit et me dit : « Je ne suis que trop heureux d'avoir pu me rendre utile! Oh Dieu! cria-t-il soudain, se débattant pour s'asseoir, et me désignant du doigt : « Ceci valait la peine que l'on meure ! Regardez! Regardez! » Le soleil était maintenant descendu derrière la montagne, et des lueurs rouges tombaient sur mon visage, de sorte qu'il était nimbé d'une lumière rosée. D'un seul élan, les hommes tombèrent à genoux et un « Amen » passionné et profond sortit de leurs lèvres, lorsque leurs yeux suivirent le doigt qui pointait dans ma direction. Le mourant s'exprima : « Que Dieu soit loué, tout cela n'a pas été vain! La neige n'est pas plus immaculée que son front ! La malédiction est levée ! » Et, à notre profonde douleur, il mourut, en silence, et avec un sourire, en parfait gentleman. NOTE (de Jonathan Harker) Il y a sept ans maintenant, que nous avons franchi les flammes, et notre bonheur à tous depuis lors valait bien, je crois, les souffrances que nous avons endurées. C'est une joie supplémentaire pour Mina et moi que l'anniversaire de notre garçon tombe le jour de la mort de Quincey Morris. Sa mère, je le sais, caresse le secret espoir qu'un peu de l'esprit de notre brave ami est passé en lui. Il porte les noms de toute notre petite bande d'hommes, mais c'est Quincey que nous l'appelons. Cet été, nous avons fait un voyage en Transylvanie, et avons traversé ce vieux pays qui était, et reste pour nous tellement plein de terribles souvenirs. Il était presque impossible de croire que toutes ces choses que nous avions vues de nos yeux et entendues de nos oreilles étaient la pure vérité. Toutes les traces en avaient disparu. Mais le château se tenait toujours là, dominant une vaste étendue désolée. Une fois rentrés à la maison, nous avons parlé de l'ancien temps – que nous pouvons tous évoquer sans désespoir, car Godalming et Seward ont fait depuis des mariages heureux. J'ai sorti les papiers du coffre où je les avais déposés à notre retour, il y a si longtemps. Nous fûmes frappés par le fait que, de tous les documents dont le dossier était composé, il n'y en avait pas beaucoup qui fussent des originaux ; à part les derniers carnets de notes de Mina, de Seward, ainsi que le mien et le mémorandum de VanHelsing, tout le reste n'était qu'une masse de documents dactylographiés. Même si nous l'avions voulu,

nous ne pouvions pas espérer que quiconque puisse les accepter comme preuves d'une histoire aussi incroyable. Van Helsing rassembla le tout et dit, notre garçon sur les genoux : « Nous n'avons pas besoin de preuves ; nous ne demandons à personne de nous croire ! Un jour, ce jeune garçon saura quelle vaillante et courageuse femme est sa mère. Il connaît déjà sa douceur et les soins attentionnés dont elle l'entoure. Plus tard, il comprendra que quelques hommes l'ont tellement aimée, que pour son salut, ils ont tout osé. » Jonathan Harker. FIN

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Le chef se tourna vers eux pour leur donner un ordre, et chacun des bohémiens tira l'arme qu'il portait, couteau ou pistolet, et se tint prêt à essuyer notre attaque, qui ne tarda pas à éclater. Le chef, avec un rapide mouvement de sa bride, lança son cheval en avant, et, désignant d'abord le soleil - maintenant très proche du sommet des collines - et ensuite le château, il dit quelque chose que je ne compris pas. En guise de réponse, nos quatre compagnons sautèrent de leur cheval et se jetèrent vers le chariot. J'aurais dû ressentir une peur immense en voyant Jonathan en si grand péril, mais la fièvre du combat avait dû me gagner comme les autres; je ne ressentais aucune peur, mais seulement un désir ardent, pressant, de faire quelque chose. Voyant les mouvements rapides de ses adversaires, le chef des bohémiens donna encore un ordre; ses hommes se mirent instantanément en formation autour du chariot dans une sorte d'effort désordonné, chacun bousculant et poussant les autres dans son ardeur à répondre à la consigne. Au milieu de cette mêlée, je pouvais voir que Jonathan, d'un côté du cercle des bohémiens, et Quincey, de l'autre, étaient en train de forcer le passage vers le chariot; il était évident qu'ils avaient à cœur de finir leur tâche avant que le soleil ne fût couché. Rien ne semblait les arrêter ou même leur faire obstacle. Ni les armes lancées ni les couteaux étincelants en face, ni le hurlement des loups derrière, ne semblaient même retenir leur attention. L'impétuosité de Jonathan, et le caractère presque obsessionnel de son entreprise , semblaient intimider ceux qui lui faisaient face; instinctivement, ils s'écartèrent de son chemin et le laissèrent passer. En un instant il avait sauté sur le chariot, et, avec une force qui semblait incroyable, il avait soulevé la grande caisse, et l'avait projetée à terre. Dans le même temps, Mr Morris avait eu à user de la force pour se frayer un chemin à travers le cercle des Bohémiens. Tout le temps que j'étais restée à fixer Jonathan, le souffle coupé, j'avais vu Mr Morris, du coin de l'oeil, exercer sa poussée désespérée en avant, et j'avais vu les couteaux des gitans jaillir pour l'atteindre, comme il forçait son chemin parmi eux. Il avait paré avec son grand couteau Bowie, et au début j'avais cru qu'il s'en était sorti indemne, mais tandis qu'il bondissait à côté de Jonathan, qui avait maintenant sauté hors du chariot, je pus voir qu'il se tenait le flanc gauche, et que du sang coulait à travers ses doigts. Il ne perdit pas de temps, cependant, pour s'en occuper, car lorsque Jonathan, avec une énergie désespérée, attaqua un bout de la caisse, en essayant d'en arracher le couvercle avec son grand couteau Kukri, lui s'attaqua frénétiquement à l'autre côté avec son Bowie. Le couvercle commença à céder aux efforts conjugués des deux hommes; les clous sautèrent avec un petit crissement, et le dessus de la boîte fut retiré. A ce moment les Bohémiens, se voyant cernés par les Winchesters, et à la merci de Lord Godalming et du Dr Seward, avaient abandonné toute résistance. Le soleil était presque couché, derrière le sommet des montagnes, et les ombres de tout le groupe s'allongeaient sur la neige. Je vis le Comte gisant dans la caisse, sur la terre, dont la chute brutale du chariot avait répandu quelques poignées sur lui. Il était mortellement pâle, et ses yeux rouges luisaient de l'horrible flamme vindicative que je connaissais trop bien. Comme je le regardais, ses yeux virent le soleil en train de sombrer, et le regard de haine se mua en regard de triomphe. Mais, au même moment, le grand couteau de Jonathan fendit l'air et jaillit. Je poussai un cri perçant quand je le vis trancher la gorge; pendant que, d'un même mouvement, le couteau Bowie de Mr Morris plongeait dans le coeur.

Ce fut comme un miracle; car devant nos yeux, et presque en l'espace d'un souffle, le corps entier tomba en poussière et disparut à notre vue. Je serai heureuse aussi longtemps que je vivrai, car à ce moment suprême de dissolution finale, il y avait sur les traits du Comte une expression de paix, telle que je n'en aurais jamais imaginée sur son visage. Le Château de Dracula se dressait maintenant contre le ciel rouge, et chaque pierre de ses créneaux brisés se découpait dans la lumière du soleil couchant. Les Bohémiens, nous considérant d'une manière ou d'une autre comme responsables de la disparition du cadavre, se tournèrent, sans un mot, et s'enfuirent au galop comme si leur vie en dépendait. Ceux qui n'étaient pas à cheval sautèrent sur leur charette et crièrent aux cavaliers de ne pas les abandonner. Les loups, qui s'étaient arrêtés à bonne distance, suivirent leurs traces, et nous laissèrent tranquilles. Mr Morris, qui s'était effondré par terre, se tenait sur son coude, pressant toujours sa main contre son flanc; le sang sourdait toujours à travers ses doigts. Je m'élançai vers lui, car le cercle Sacré ne me retenait plus; et les deux Docteurs s'élancèrent avec moi. Jonathan s'agenouilla près de lui et le blessé put appuyer sa tête contre son épaule. Avec un soupir il prit, dans sa faiblesse, ma main dans celle qui lui restait libre. Il devait avoir vu l'angoisse qui tordait mon coeur apparaître sur mon visage, car il me sourit et me dit : « Je ne suis que trop heureux d'avoir pu me rendre utile! Oh Dieu! cria-t-il soudain, se débattant pour s'asseoir, et me désignant du doigt : « Ceci valait la peine que l'on meure ! Regardez! Regardez! » Le soleil était maintenant descendu derrière la montagne, et des lueurs rouges tombaient sur mon visage, de sorte qu'il était nimbé d'une lumière rosée. D'un seul élan, les hommes tombèrent à genoux et un « Amen » passionné et profond sortit de leurs lèvres, lorsque leurs yeux suivirent le doigt qui pointait dans ma direction. Le mourant s'exprima : « Que Dieu soit loué, tout cela n'a pas été vain! La neige n'est pas plus immaculée que son front ! La malédiction est levée ! » Et, à notre profonde douleur, il mourut, en silence, et avec un sourire, en parfait gentleman. NOTE (de Jonathan Harker) Il y a sept ans maintenant, que nous avons franchi les flammes, et notre bonheur à tous depuis lors valait bien, je crois, les souffrances que nous avons endurées. C'est une joie supplémentaire pour Mina et moi que l'anniversaire de notre garçon tombe le jour de la mort de Quincey Morris. Sa mère, je le sais, caresse le secret espoir qu'un peu de l'esprit de notre brave ami est passé en lui. Il porte les noms de toute notre petite bande d'hommes, mais c'est Quincey que nous l'appelons. Cet été, nous avons fait un voyage en Transylvanie, et avons traversé ce vieux pays qui était, et reste pour nous tellement plein de terribles souvenirs. Il était presque impossible de croire que toutes ces choses que nous avions vues de nos yeux et entendues de nos oreilles étaient la pure vérité. Toutes les traces en avaient disparu. Mais le château se tenait toujours là, dominant une vaste étendue désolée. Une fois rentrés à la maison, nous avons parlé de l'ancien temps – que nous pouvons tous évoquer sans désespoir, car Godalming et Seward ont fait depuis des mariages heureux. J'ai sorti les papiers du coffre où je les avais déposés à notre retour, il y a si longtemps. Nous fûmes frappés par le fait que, de tous les documents dont le dossier était composé, il n'y en avait pas beaucoup qui fussent des originaux ; à part les derniers carnets de notes de Mina, de Seward, ainsi que le mien et le mémorandum de VanHelsing, tout le reste n'était qu'une masse de documents dactylographiés. Même si nous l'avions voulu,

nous ne pouvions pas espérer que quiconque puisse les accepter comme preuves d'une histoire aussi incroyable. Van Helsing rassembla le tout et dit, notre garçon sur les genoux : « Nous n'avons pas besoin de preuves ; nous ne demandons à personne de nous croire ! Un jour, ce jeune garçon saura quelle vaillante et courageuse femme est sa mère. Il connaît déjà sa douceur et les soins attentionnés dont elle l'entoure. Plus tard, il comprendra que quelques hommes l'ont tellement aimée, que pour son salut, ils ont tout osé. » Jonathan Harker. FIN