5 minutes pour décrypter le conflit Taxi-VTC - YouTube
Vous en avez forcement entendu parler, ces dernières semaines, taxis et VTC ont manifesté dans Paris.
Mais, qu'est-ce qu'un taxi par rapport à un VTC, pourquoi entend-on de plus en plus parler de véhicules LOTI et que dit la loi ?
C'est ce que l'on va essayer de voir, et on va voir que c'est bien plus qu'une histoire de bonbons et de bouteilles d'eau dans une berline.
Les premiers taxis parisiens apparaissent au début du XXème siècle,
Vous avez sûrement entendu parler des taxis de la Marne, qui acheminaient les soldats vers le front.
Eh bien, ces taxis appartenaient à la Compagnie Française des Automobiles de place,
ancêtre des Taxis G7 que l'on connait aujourd'hui et dans lequel je me trouve d'ailleurs actuellement.
Pendant longtemps, Taxis G7 a disposé d'un quasi-monopole, et encore aujourd'hui, près de 65% des taxis appartiennent au groupe.
Mais à partir de 2009, les choses vont changer. La loi du 22 juillet 2009 donne ainsi naissance aux Voitures de Tourisme avec Chauffeur, les fameux VTC.
Commençons donc par voir le point de vue des taxis, qui dénoncent une concurrence déloyale.
Concurrence déloyale parce que devenir chauffeur de taxi demande beaucoup plus de temps et d'argent.
De base gratuite, les licences obligatoires pour être taxi vont rapidement devenir payantes du fait de leur rareté,
et due marché d'achat et de vente de licences qui va se mettre en place.
Cette rareté s'explique par le numerus clausus, à savoir le fait que le nombre de taxis Parisiens en circulation est contrôlé par l'Etat.
Les prix vont donc exploser, jusqu'à atteindre près de 235 000 euros à Paris, selon un rapport de la commission Thévenoud en 2014.
Ce problème, les VTC ne le connaissent pas, puisqu'il ne leur faut qu'une simple carte qui coute 170 euros pour pratiquer le métier.
Selon les taxis, c'est complètement injuste, puisque certains d'entre eux ont du mettre des moyens colossaux pour pratiquer leur métier.
La formation pour devenir chauffeur est aussi beaucoup plus difficile que pour les VTC.
Pour être chauffeur de taxi, certains ont du passer un examen très difficile,
alors que pour être chauffeur de VTC il n'y a pas d'examens, simplement une formation de 250 heures.
La maraude, c'est à dire le droit de stationner et de prendre les clients à la volée, n'est autorisé qu'aux taxis.
De la même façon, ils sont les seuls à pouvoir circuler dans les couloirs de bus.
Mais selon eux, certains de ses privilèges sont injustement volés par les VTC.
Pour la maraude par exemple, elle est interdite pour les VTC,
puisqu'en théorie les VTC doivent revenir à leur parking privé (leur base) entre deux courses.
La réalité, c'est que ce n'est pas vraiment le cas, et c'est justement la raison pour laquelle les taxis ont manifesté il y a quelques jours,
ils souhaitent l'application réelle de la loi Thévenoud, loi qui interdit justement cette maraude.
Mais si les taxis ont fait beaucoup de bruit ces derniers jours, c'est aussi contre une nouvelle menace, les LOTI.
Issus d'une autre loi, pour devenir chauffeur LOTI, il ne faut que 140 heures de formation,
bref, c'est encore plus simple que pour devenir VTC.
Impossible d'avoir des chiffres exacts, mais les chauffeurs LOTI comptent pour une part très importante
du nombre de chauffeurs des applications comme Uber ou Chauffeur Privé.
Or, en théorie, les LOTI doivent transporter au moins deux passagers,
et les taxis considèrent que cette condition n'est pas respectée par les chauffeurs.
Et là on peut dire que c'est une victoire très claire pour les taxis, puisque le gouvernement a tout simplement demandé
à retirer tous les LOTI des applications comme Uber.
On a donc vu ce qui rendait mécontent les taxis, mais qu'en est-il des chauffeurs VTC/LOTI ?
On se trouve maintenant dans un Uber, pour voir ce qu'il en est du point de vue des VTC et des LOTI.
D'abord, ils ont fait grève contre l'interdiction des LOTI, argumentant par le fait que cela détruirait des milliers d'emplois.
Aussi, ils expliquent qu'une telle mesure serait mauvaise pour les clients, qui verraient le nombre de chauffeurs baisser
et donc des majorations tarifaires apparaître plus fréquemment du fait de la rareté des chauffeurs
D'une manière générale, et c'est un constat qui est partagé par beaucoup de monde,
les taxis ont jouis pendant très longtemps d'un monopole monstrueux.
Et, plus que les taxis, c'est le Groupe G7 qui est pointé du doigt.
L'enquête très complète de Dominique Nora dans l'Obs, que je vous invite d'ailleurs à lire,
explique ainsi que G7 a construit son business sur un déséquilibre offre-demande, avec très peu de taxis pour une forte demande, ce qui a fait gonfler les prix.
Aussi, le groupe contrôle tout le système des taxis, de la formation des chauffeurs à la centrale radio, en passant par la location des licences.
Enfin, il a tissé des liens très forts avec le ministère de l'intérieur et la Préfecture de Police.
Bref, le groupe G7 s'est construit une forteresse pour protéger sa rente, et ça agace beaucoup ceux qui arrivent sur le marché.
Ces compagnies, Uber, Chauffeur Privé, etc.. sont en général portées par des entrepreneurs libéraux qui voient d'un très mauvais œil ces monopoles,
et eux souhaitent donc apporter innovation et progrès, alors que selon eux, les taxis profitent seulement de leur rente.
Mais il ne faut pas prendre ce conflit comme un conflit qui opposerait deux blocs, avec au bout du compte un seul bloc qui devrait survivre.
En fait, des deux côtés, on trouve des syndicats et des chauffeurs, qui cherchent à ce que les trois statuts coexistent ensemble.
Un médiateur a d'ailleurs été nommé, et il a formulé il y a quelques jours plusieurs propositions.
Il évoque notamment des possibilités d'indemnisation des taxis, le rétablissement des LOTI,
mais aussi l'idée d'une formation commune pour les taxis, les VTC et les LOTI.
On verra ce qu'il en est dans les semaines à venir.
C'est tout pour cette vidéo, j'espère qu'elle vous aura plu, si c'est le cas n'hésitez pas à mettre un petit pouce bleu et à vous abonner.
Vous retrouverez dans la description de la vidéo un document avec l'ensemble des liens que j'ai utilisé pour la réaliser,
et d'ici là on se dit à très vite.