CAUTION 2009-04-20
La conférence Durban II, qui malgré son nom se tient à Genève, est mal partie. Elle est censée faire le point sur l'antiracisme, mobiliser les énergies, tenter de mettre sur pied des actions qui pourraient contrer les attitudes, les manifestations, les idéologies racistes. Mais elle est très mise en cause, comme si les thèses de l'antiracisme étaient susceptibles d'être dénaturées. Un certain nombre de gens se demandent donc s'il faut y participer ou pas, la soutenir, la mettre en cause. En un mot, on se demande si on doit cautionner Durban II.
Ce n'est pas un verbe si fréquent que « cautionner ». Il est un peu synonyme de « légitimer ». C'est-à-dire, non seulement accepter, mais avoir une attitude qui donne l'impression qu'on soutient quelque chose. Ou qu'au moins on n'est pas contre. C'est-à-dire que par ce qu'on dit ou qu'on ne dit pas, par ce qu'on écrit, ou justement par ce qu'on écrit pas, on donne l'impression qu'on accepte l'existence de quelque chose. On ne la récuse pas ; on ne mobilise pas son énergie pour faire savoir qu'on y est opposé, et donc, a contrario, c'est comme si on soutenait le processus en question. C'est donc une aide indirecte, mais qui peut être importante et dont les bénéficiaires peuvent se prévaloir : ils peuvent donc s'appuyer dessus. « Cautionner » veut littéralement dire « donner sa caution ». Et une caution c'est d'abord une garantie : on « se porte caution » pour quelqu'un quand on donne sa parole que cette personne est fiable, sincère, que ce qu'elle dit est vrai, quelle est digne de confiance. Mais la caution va plus loin que ça : si l'on donne sa caution à quelqu'un cela signifie aussi qu'on fera à sa place ce qu'elle doit faire, si elle ne le fait pas. Par exemple, on demande souvent la caution de quelqu'un de fiable quand on veut louer un appartement : le propriétaire est ainsi presque sûr d'être payé si le locataire est dans l'impossibilité de le faire, s'il est mauvais payeur ou comme on dit insolvable, c'est-à-dire qu'il n'a plus rien, quelqu'un d'autre paye à sa place. On accepte donc que quelqu'un donne sa caution si lui-même est fiable, si l'on considère qu'il est sûr, financièrement solide. La caution est également la somme d'argent qu'on peut laisser en dépôt, comme gage : si on loue un appartement, on laisse une caution qui couvrira les loyers qu'on ne peut pas payer, le cas échéant, ou qui paiera les travaux, si l'on rend l'appartement dans un mauvais état. Mais ce mot de « caution » se retrouve dans des expressions toutes différentes. Il est de la même famille que « précaution », ce qui explique mieux le sens qu'il peut avoir quand on dit que quelque chose est « sujet à caution ». C'est-à-dire que ce n'est pas certain, qu'on n'est pas sûr que ce soit vrai. Et quand on emploie l'expression, c'est même qu'on commence à se méfier sérieusement : « telle information est sujette à caution », comprenez « il faut la prendre avec précaution, prudemment ; il ne faut pas la croire sans la vérifier ; elle est même douteuse », pour tout dire. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/