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Little women ''Les quatre filles du docteur Marsch'', Le testament d'Amy XIX

Le testament d'Amy XIX

XIX

Le testament d'Amy

Pendant que toutes ces choses arrivaient, Amy passait des journées bien tristes chez tante Marsch. Elle sentait profondément son exil, et voyait, pour la première fois de sa vie, combien elle avait été aimée et gâtée chez elle. Tante Marsch ne gâtait jamais personne ; elle n'approuvait pas cette manière d'élever les enfants, mais elle s'efforçait d'être bonne avec Amy, car les gentilles manières de la petite fille lui plaisaient, et, quoiqu'elle ne jugeât pas convenable de l'avouer, elle gardait dans son vieux coeur une bonne place aux enfants de son beau-frère.

Elle faisait réellement tout son possible pour rendre Amy heureuse ; mais, mon Dieu, que de bévues elle commit ! Certaines vieilles personnes, restées jeunes malgré les rides et les cheveux gris, sympathisent avec les petits besoins et les petites joies des enfants, les mettent à leur aise, et savent cacher de sages leçons sous des jeux agréables, donnant et recevant ainsi l'amitié la plus douce. Mais la pauvre tante Marsch n'avait pas ce don, et elle ennuyait Amy à mourir avec ses manières raides et ses longues exhortations qui ne s'appliquaient à rien à force de vouloir s'appliquer à tout. La vieille dame trouvait l'enfant plus docile et plus aimable que sa soeur Jo, et pensait que c'était de son devoir d'essayer de contrebalancer, autant que possible, les mauvais effets de la trop grande liberté qu'on lui accordait chez elle.

Elle entreprit donc de refaire Amy et de l'élever comme elle-même avait été élevée, soixante ans auparavant. Ce régime, si peu approprié à sa nature, porta le malheur dans l'âme d'Amy. En présence de sa tante, elle ressemblait à une mouche prise dans la toile d'une araignée.

Elle devait laver, tous les matins, les tasses et les assiettes du déjeuner et frotter les vieilles cuillers, la grande théière d'argent et les verres, jusqu'à ce qu'ils fussent très brillants. Puis elle devait épousseter la chambre, et quelle tâche c'était ! Pas un grain de poussière n'échappait à l'oeil de tante Marsch, et les meubles étaient ornés de sculptures si compliquées qu'ils ne pouvaient jamais être complètement essuyés. Puis elle devait nourrir Polly, peigner le chien, et faire une douzaine de voyages, soit en haut, soit en bas, pour donner des ordres, car la vieille dame marchait très difficilement et quittait rarement son grand fauteuil. Lorsqu'elle avait fait ces minutieux travaux, il fallait qu'elle répétât ses leçons, ce qui mettait à l'épreuve toutes les vertus qu'elle possédait. On lui accordait alors une heure pour se promener, et elle en profitait toutes les fois que c'était possible. Laurie, fidèle à sa promesse, venait tous les jours voir Amy, et souvent persuadait à tante Marsch de lui permettre de faire faire à Amy une promenade, soit à pied, soit en voiture ; c'était un repos nécessaire pour elle. Après le dîner, Amy devait lire à haute voix, alors même que la vieille dame dormait, ce qu'elle faisait très habituellement dès la première page.

Des ourlets et des surjets apparaissaient dès son réveil. Alors Amy cousait avec une grande douceur extérieure et une non moins grande révolte intérieure, jusqu'à ce qu'on ne vit plus assez clair pour travailler. Il est juste de dire qu'après cela elle avait la permission de s'amuser à sa guise jusqu'au thé. Les soirées étaient encore le pire de tout, car la vieille dame se mettait à raconter des histoires de son jeune temps, qui, étant toujours les mêmes, paraissaient si profondément ennuyeuses à Amy, qu'elle allait toujours se coucher avec l'intention de pleurer longuement sur son triste sort. Heureusement que le sommeil, si facile à son âge, lui venait presque toujours avant qu'elle eût pu verser plus de trois ou quatre larmes.

Elle sentait que, si elle n'avait pas eu Laurie et la vieille Esther, la femme de chambre, elle n'aurait jamais pu passer ce temps-là loin de Beth, loin des siens. Le perroquet, à lui tout seul, aurait suffi à la rendre folle ; il avait bientôt découvert qu'elle ne l'admirait pas, et se vengeait en étant pour elle aussi méchant que possible. Il lui tirait les cheveux toutes les fois qu'elle s'approchait de lui ; l'ingrat renversait son pain et son lait lorsqu'elle venait de nettoyer sa cage ; il donnait des coups de bec à Mop pour le faire aboyer, dès que sa maîtresse s'endormait, privant ainsi Amy des instants de répit que lui donnaient les sommeils de sa tante. La vieille dame, réveillée en sursaut, s'en prenait à sa nièce : « Qu'as-tu fait à Mop ? » s'écriait-elle très fâchée. Impossible de lui faire comprendre que ce maître cafard de perroquet avait tout fait. Le méchant drôle, dès qu'il avait fait son coup, faisait semblant de dormir lui-même profondément. Immobile, les yeux fermés, on l'eût cru empaillé.

Tante Marsch ne voulait pas croire à tant de noirceur. Alors Amy était grondée. Et savez-vous ce que faisait alors cet abominable oiseau ? Il joignait ses injures à celles de sa maîtresse ; il l'appelait « grande bête et petite sotte ». Ce n'est pas tout : arrivait-il des visites, il redoublait d'invectives contre l'infortunée Amy, et ne manquait aucune occasion de se conduire avec elle comme un désagréable vieil oiseau. Pour comble de misère, et bien qu'elle aimât les chiens, Amy ne pouvait pas supporter le chien Mop, une vieille bête grasse et égoïste, qui ne cessait de grogner et d'aboyer, et même d'essayer de la mordre, pendant qu'elle lui faisait sa toilette. La seule gentillesse de ce quinteux animal consistait à se coucher sur le dos d'un air idiot, toutes les fois qu'il voulait manger, et, comme il était très gourmand, cela lui arrivait bien vingt fois par jour. Vingt fois alors la vieille dame se pâmait d'aise, et il fallait qu'on courût chercher du sucre ou un biscuit à ce bijou. Ajoutez à cela que la cuisinière n'avait pas un bon caractère, et que le cocher était sourd. Bref, Esther était la seule qui fit attention à la jeune fille.

Esther était une Française qui vivait avec madame, comme elle appelait sa maîtresse, depuis bien des années, et dominait un peu la vieille dame qui ne pouvait se passer d'elle. Son vrai nom était Estelle, mais tante Marsch lui avait ordonné de le changer. Mademoiselle Amy lui plaisait beaucoup, et elle faisait tout son possible pour l'amuser en lui racontant sa vie quand elle était en France, et en la laissant rôder dans toute la maison et examiner toutes les jolies choses curieuses emmagasinées dans les grandes armoires, les nombreux coffrets et les mille tiroirs, où tante Marsch serrait précieusement ses trésors. L'endroit où Amy trouvait le plus de plaisir était une grande armoire chinoise pleine de cachettes bizarres, dans lesquelles étaient toutes sortes de choses, les unes précieuses, d'autres simplement curieuses, et toutes plus ou moins antiques.

Amy s'amusait beaucoup à arranger et à examiner tous ces objets, et spécialement les écrins à bijoux, dans lesquels reposaient, sur des coussins de velours, les parures qui avaient fait la gloire de sa tante quarante ans auparavant. Il y avait la parure de grenats dont la tante Marsch s'était parée le jour de son entrée dans le monde ; les perles qu'elle avait reçues de son père la veille de son mariage ; les diamants, cadeau de son fiancé ; des bagues et des broches de deuil ; de petits cadres renfermant le portrait d'amis morts, entourés de saules pleureurs en cheveux ; les petits bracelets que portait sa fille unique, morte il y avait bien longtemps ; la grosse montre d'oncle Marsch et le gros cachet rouge accroché à la chaîne, avec lequel des mains d'enfant avaient si souvent joué ; puis, dans une boîte d'agate, reposait toute seule la bague d'alliance de tante Marsch, trop petite maintenant pour son gros doigt, mais mise soigneusement de côté, comme le plus précieux de tous ses bijoux.

« Qu'est-ce que mademoiselle prendrait si on lui donnait la permission de choisir ? demanda un jour Esther qui restait toujours à côté d'Amy, afin de fermer le meuble à clef, lorsque la petite fille aurait fini.

– J'aime mieux les diamants que toute autre chose, mais il n'y a pas de collier, et j'aime tant les colliers, cela va si bien ! Je préférerais ceci, si je pouvais choisir, répondit Amy en regardant avec admiration un grand chapelet en or et en nacre.

– Moi aussi, non pas comme collier, mais comme chapelet, dit Esther en regardant attentivement le beau rosaire.

– Est-ce afin de vous en servir comme vous vous servez du collier de perles en bois de santal qui est à côté de votre lit ?

– Oui, mademoiselle.

– Vous semblez trouver de grandes consolations dans vos prières, Esther, et vous paraissez toujours tranquille et satisfaite. Je voudrais pouvoir faire comme vous.

– Mademoiselle pourrait faire comme la bonne maîtresse que je servais avant madame ; elle avait une petite chapelle dans laquelle elle allait tous les jours prier et méditer seule, et elle y trouvait du soulagement à bien des douleurs.

– Si je faisais comme elle ? demanda Amy, qui, dans son isolement, sentait le besoin d'être aidée, et trouvait qu'elle oubliait souvent son petit livre du matin, maintenant que Beth n'était plus là pour le lui rappeler.

– Ce serait excellent et charmant ; et, si cela peut vous plaire, j'arrangerai très volontiers une petite chambre où, quand votre tante dormira, vous pourrez aller vous asseoir un peu seule, pour penser à de bonnes choses et demander à Dieu de vous conserver votre soeur. »

Esther était vraiment pieuse et tout à fait sincère dans son conseil, car elle avait un coeur affectueux, et compatissait beaucoup à la douleur de la petite fille. L'idée plut à Amy, et elle demanda à Esther de lui arranger le petit cabinet qui était à côté de la chambre où elle couchait.

« Que deviendront toutes ces jolies choses quand tante Marsch ne sera plus ? dit Amy en replaçant lentement les bijoux dans leurs écrins.

– Elles reviendront à vous et à vos soeurs. Je le sais, Madame me l'a confié, et j'ai signé son testament, dit Esther en souriant.

– Non, non, qu'elle ne meure pas ! dit Amy. Que personne ne meure !

– Je m'imagine, dit Esther, que la petite bague de turquoises sera pour vous, lorsque vous rentrerez chez votre mère, car Madame est contente de votre conduite et de vos jolies manières.

– Vous croyez ? Oh ! je serai douce comme un agneau si je puis avoir cette charmante bague. Elle est bien plus jolie que celle de Kitty Bryant. J'aime bien tante Marsch, après tout. »

Et Amy essaya la bague bleue d'un air ravi en prenant la ferme résolution de la gagner.

Le testament d'Amy XIX Amy's Will XIX Testamento de Amy XIX

XIX

Le testament d'Amy Amy's will

Pendant que toutes ces choses arrivaient, Amy passait des journées bien tristes chez tante Marsch. While all this was happening, Amy was having a very sad time at Aunt Marsch's house. Elle sentait profondément son exil, et voyait, pour la première fois de sa vie, combien elle avait été aimée et gâtée chez elle. She felt deeply her exile, and saw, for the first time in her life, how much she had been loved and spoiled back home. Tante Marsch ne gâtait jamais personne ; elle n'approuvait pas cette manière d'élever les enfants, mais elle s'efforçait d'être bonne avec Amy, car les gentilles manières de la petite fille lui plaisaient, et, quoiqu'elle ne jugeât pas convenable de l'avouer, elle gardait dans son vieux coeur une bonne place aux enfants de son beau-frère. Aunt Marsch never spoiled anyone; she didn't approve of this way of bringing up children, but she tried to be good to Amy, for the little girl's kind ways pleased her, and, though she didn't think it proper to admit it, she kept a good place in her old heart for her brother-in-law's children. La tía Marsch nunca mimaba a nadie; no aprobaba ese modo de educar a los niños, pero procuraba ser buena con Amy, porque le gustaban las maneras amables de la niña y, aunque no le pareciera bien admitirlo, guardaba un buen lugar en su viejo corazón para los hijos de su cuñado.

Elle faisait réellement tout son possible pour rendre Amy heureuse ; mais, mon Dieu, que de bévues elle commit ! She was really doing everything she could to make Amy happy, but, my God, what blunders she made! Realmente estaba haciendo todo lo que podía para hacer feliz a Amy, pero, Dios mío, ¡qué meteduras de pata cometía! Certaines vieilles personnes, restées jeunes malgré les rides et les cheveux gris, sympathisent avec les petits besoins et les petites joies des enfants, les mettent à leur aise, et savent cacher de sages leçons sous des jeux agréables, donnant et recevant ainsi l'amitié la plus douce. Some old people, remaining young despite wrinkles and gray hair, sympathize with the little needs and joys of children, putting them at their ease, and know how to hide wise lessons under pleasant games, thus giving and receiving the sweetest friendship. Mais la pauvre tante Marsch n'avait pas ce don, et elle ennuyait Amy à mourir avec ses manières raides et ses longues exhortations qui ne s'appliquaient à rien à force de vouloir s'appliquer à tout. But poor Aunt Marsch had no such gift, and she bored Amy to death with her stiff manner and long exhortations that applied to nothing by dint of trying to apply to everything. La vieille dame trouvait l'enfant plus docile et plus aimable que sa soeur Jo, et pensait que c'était de son devoir d'essayer de contrebalancer, autant que possible, les mauvais effets de la trop grande liberté qu'on lui accordait chez elle. The old lady found the child more docile and amiable than her sister Jo, and thought it her duty to try to counterbalance, as far as possible, the bad effects of the too great freedom she was allowed at home. La anciana encontró a la niña más dócil y amable que su hermana Jo, y pensó que era su deber tratar de contrarrestar, en la medida de lo posible, los malos efectos de la excesiva libertad que se le permitía en su casa.

Elle entreprit donc de refaire Amy et de l'élever comme elle-même avait été élevée, soixante ans auparavant. So she set about remaking Amy and raising her as she herself had been raised, sixty years before. Ce régime, si peu approprié à sa nature, porta le malheur dans l'âme d'Amy. This regime, so unsuited to her nature, brought unhappiness to Amy's soul. En présence de sa tante, elle ressemblait à une mouche prise dans la toile d'une araignée. In her aunt's presence, she looked like a fly caught in a spider's web. En presencia de su tía, parecía una mosca atrapada en una tela de araña.

Elle devait laver, tous les matins, les tasses et les assiettes du déjeuner et frotter les vieilles cuillers, la grande théière d'argent et les verres, jusqu'à ce qu'ils fussent très brillants. Every morning, she had to wash the breakfast cups and plates and scrub the old spoons, the big silver teapot and the glasses until they were all shiny. Puis elle devait épousseter la chambre, et quelle tâche c'était ! Then she had to dust the room, and what a task that was! Pas un grain de poussière n'échappait à l'oeil de tante Marsch, et les meubles étaient ornés de sculptures si compliquées qu'ils ne pouvaient jamais être complètement essuyés. Not a speck of dust escaped Aunt Marsch's eye, and the furniture was so intricately carved that it could never be completely wiped clean. Puis elle devait nourrir Polly, peigner le chien, et faire une douzaine de voyages, soit en haut, soit en bas, pour donner des ordres, car la vieille dame marchait très difficilement et quittait rarement son grand fauteuil. Then she had to feed Polly, comb the dog, and make a dozen trips, either upstairs or downstairs, to give orders, as the old lady walked with great difficulty and rarely left her big armchair. Lorsqu'elle avait fait ces minutieux travaux, il fallait qu'elle répétât ses leçons, ce qui mettait à l'épreuve toutes les vertus qu'elle possédait. When she had done this painstaking work, she had to repeat her lessons, which put all the virtues she possessed to the test. On lui accordait alors une heure pour se promener, et elle en profitait toutes les fois que c'était possible. She was then given an hour for a walk, and took advantage of it whenever possible. Laurie, fidèle à sa promesse, venait tous les jours voir Amy, et souvent persuadait à tante Marsch de lui permettre de faire faire à Amy une promenade, soit à pied, soit en voiture ; c'était un repos nécessaire pour elle. Laurie, true to her promise, came every day to see Amy, and often persuaded Aunt Marsch to allow her to take Amy for a walk or a drive; it was a necessary rest for her. Après le dîner, Amy devait lire à haute voix, alors même que la vieille dame dormait, ce qu'elle faisait très habituellement dès la première page. After dinner, Amy had to read aloud, even while the old lady was asleep, which she usually did from the very first page.

Des ourlets et des surjets apparaissaient dès son réveil. Hemstitching and overlocking appeared as soon as she woke up. El dobladillo y el sobrehilado aparecieron en cuanto se despertó. Alors Amy cousait avec une grande douceur extérieure et une non moins grande révolte intérieure, jusqu'à ce qu'on ne vit plus assez clair pour travailler. So Amy sewed with great outward gentleness and no less inner revolt, until it was no longer light enough to work. Así pues, Amy cosió con gran delicadeza exterior y no menos rebeldía interior, hasta que dejó de ser lo bastante ligera para trabajar. Il est juste de dire qu'après cela elle avait la permission de s'amuser à sa guise jusqu'au thé. It's fair to say that after that she was allowed to enjoy herself to her heart's content until tea. Es justo decir que después de eso se le permitió divertirse a su antojo hasta el té. Les soirées étaient encore le pire de tout, car la vieille dame se mettait à raconter des histoires de son jeune temps, qui, étant toujours les mêmes, paraissaient si profondément ennuyeuses à Amy, qu'elle allait toujours se coucher avec l'intention de pleurer longuement sur son triste sort. Evenings were still the worst of all, for the old lady would start telling stories of her younger days, which, being always the same, seemed so deeply boring to Amy, that she always went to bed intending to weep at length over her sad fate. Heureusement que le sommeil, si facile à son âge, lui venait presque toujours avant qu'elle eût pu verser plus de trois ou quatre larmes. Fortunately, sleep, so easy at her age, almost always came before she could shed more than three or four tears.

Elle sentait que, si elle n'avait pas eu Laurie et la vieille Esther, la femme de chambre, elle n'aurait jamais pu passer ce temps-là loin de Beth, loin des siens. She felt that, if it hadn't been for Laurie and old Esther, the maid, she'd never have been able to spend that time away from Beth, away from her people. Le perroquet, à lui tout seul, aurait suffi à la rendre folle ; il avait bientôt découvert qu'elle ne l'admirait pas, et se vengeait en étant pour elle aussi méchant que possible. The parrot alone would have been enough to drive her mad; he'd soon discovered that she didn't admire him, and retaliated by being as mean to her as possible. El loro por sí solo habría bastado para volverla loca; pronto había descubierto que ella no le admiraba, y se vengó siendo todo lo malo que pudo con ella. Il lui tirait les cheveux toutes les fois qu'elle s'approchait de lui ; l'ingrat renversait son pain et son lait lorsqu'elle venait de nettoyer sa cage ; il donnait des coups de bec à Mop pour le faire aboyer, dès que sa maîtresse s'endormait, privant ainsi Amy des instants de répit que lui donnaient les sommeils de sa tante. He pulled her hair every time she came near him; the ingrate spilled her bread and milk when she'd just cleaned her cage; he pecked Mop to make him bark as soon as his mistress fell asleep, thus depriving Amy of the moments of respite her aunt's slumbers gave her. Le tiraba del pelo cada vez que se le acercaba; el ingrato le derramaba el pan y la leche cuando acababa de limpiar su jaula; picoteaba a Mop para que ladrara en cuanto su ama se dormía, privando así a Amy de los momentos de respiro que le proporcionaba el sueño de su tía. La vieille dame, réveillée en sursaut, s'en prenait à sa nièce : « Qu'as-tu fait à Mop ? The old lady woke up with a start and snapped at her niece: "What have you done to Mop? La anciana se despertó sobresaltada y gritó a su sobrina: "¿Qué le has hecho a Mop? » s'écriait-elle très fâchée. ", gritó enfadada. Impossible de lui faire comprendre que ce maître cafard de perroquet avait tout fait. It was impossible to make him understand that this master cockroach parrot had done it all. Era imposible hacerle comprender que este loro maestro de cucarachas lo había hecho todo. Le méchant drôle, dès qu'il avait fait son coup, faisait semblant de dormir lui-même profondément. As soon as he'd made his move, the wickedly funny man pretended to be fast asleep himself. En cuanto terminó su trabajo, el malvado embaucador se hizo el dormido. Immobile, les yeux fermés, on l'eût cru empaillé. Motionless, eyes closed, he looked like a stuffed animal. Inmóvil, con los ojos cerrados, parecía un peluche.

Tante Marsch ne voulait pas croire à tant de noirceur. Aunt Marsch didn't want to believe such darkness. La tía Marsch no quería creer toda la oscuridad. Alors Amy était grondée. Así que Amy fue regañada. Et savez-vous ce que faisait alors cet abominable oiseau ? And do you know what this abominable bird was doing then? Il joignait ses injures à celles de sa maîtresse ; il l'appelait « grande bête et petite sotte ». He added his own insults to those of his mistress, calling her "a great beast and a little fool". Añadió sus propios insultos a los de su amante, llamándola "gran bestia y pequeña tonta". Ce n'est pas tout : arrivait-il des visites, il redoublait d'invectives contre l'infortunée Amy, et ne manquait aucune occasion de se conduire avec elle comme un désagréable vieil oiseau. And that's not all: when visitors arrived, he redoubled his invective against the unfortunate Amy, and missed no opportunity to behave like an unpleasant old bird with her. Pour comble de misère, et bien qu'elle aimât les chiens, Amy ne pouvait pas supporter le chien Mop, une vieille bête grasse et égoïste, qui ne cessait de grogner et d'aboyer, et même d'essayer de la mordre, pendant qu'elle lui faisait sa toilette. To make matters worse, although she loved dogs, Amy couldn't stand Mop, a fat, selfish old beast who was always growling and barking, and even trying to bite her, while she groomed him. La seule gentillesse de ce quinteux animal consistait à se coucher sur le dos d'un air idiot, toutes les fois qu'il voulait manger, et, comme il était très gourmand, cela lui arrivait bien vingt fois par jour. This quintet's only kindness consisted in lying on his back with a silly look on his face whenever he wanted to eat, and as he was very greedy, this happened to him a good twenty times a day. Vingt fois alors la vieille dame se pâmait d'aise, et il fallait qu'on courût chercher du sucre ou un biscuit à ce bijou. Twenty times over, the old lady would swoon with delight, and we'd have to run and get sugar or a cookie for this jewel. Veinte veces la anciana se desmayaba de placer, y teníamos que correr a buscar azúcar o una galleta para esta joya. Ajoutez à cela que la cuisinière n'avait pas un bon caractère, et que le cocher était sourd. Add to this the fact that the cook wasn't very good-natured, and the coachman was deaf. Bref, Esther était la seule qui fit attention à la jeune fille. In short, Esther was the only one who paid any attention to the young girl.

Esther était une Française qui vivait avec madame, comme elle appelait sa maîtresse, depuis bien des années, et dominait un peu la vieille dame qui ne pouvait se passer d'elle. Esther was a Frenchwoman who had lived with Madame, as she called her mistress, for many years, and dominated the old lady who couldn't do without her. Son vrai nom était Estelle, mais tante Marsch lui avait ordonné de le changer. Her real name was Estelle, but Aunt Marsch had ordered her to change it. Mademoiselle Amy lui plaisait beaucoup, et elle faisait tout son possible pour l'amuser en lui racontant sa vie quand elle était en France, et en la laissant rôder dans toute la maison et examiner toutes les jolies choses curieuses emmagasinées dans les grandes armoires, les nombreux coffrets et les mille tiroirs, où tante Marsch serrait précieusement ses trésors. She liked Mademoiselle Amy very much, and did her utmost to amuse her by telling her about her life when she was in France, and by letting her prowl all over the house and examine all the pretty, curious things stored in the large cupboards, numerous chests and thousand drawers, where Aunt Marsch preciously kept her treasures. L'endroit où Amy trouvait le plus de plaisir était une grande armoire chinoise pleine de cachettes bizarres, dans lesquelles étaient toutes sortes de choses, les unes précieuses, d'autres simplement curieuses, et toutes plus ou moins antiques. The place where Amy found most pleasure was a large Chinese cupboard full of bizarre hiding places, in which were all sorts of things, some precious, some merely curious, and all more or less antique.

Amy s'amusait beaucoup à arranger et à examiner tous ces objets, et spécialement les écrins à bijoux, dans lesquels reposaient, sur des coussins de velours, les parures qui avaient fait la gloire de sa tante quarante ans auparavant. Amy was having great fun arranging and examining all these objects, especially the jewel cases, in which rested, on velvet cushions, the finery that had made her aunt famous forty years before. Amy se divertía mucho ordenando y examinando todos aquellos objetos, especialmente los joyeros, en los que yacían, sobre cojines de terciopelo, las galas que habían hecho famosa a su tía cuarenta años atrás. Il y avait la parure de grenats dont la tante Marsch s'était parée le jour de son entrée dans le monde ; les perles qu'elle avait reçues de son père la veille de son mariage ; les diamants, cadeau de son fiancé ; des bagues et des broches de deuil ; de petits cadres renfermant le portrait d'amis morts, entourés de saules pleureurs en cheveux ; les petits bracelets que portait sa fille unique, morte il y avait bien longtemps ; la grosse montre d'oncle Marsch et le gros cachet rouge accroché à la chaîne, avec lequel des mains d'enfant avaient si souvent joué ; puis, dans une boîte d'agate, reposait toute seule la bague d'alliance de tante Marsch, trop petite maintenant pour son gros doigt, mais mise soigneusement de côté, comme le plus précieux de tous ses bijoux. There was the set of garnets that Aunt Marsch had adorned herself with on the day she entered the world; the pearls she had received from her father on the eve of her wedding; the diamonds, a gift from her fiancé; mourning rings and brooches; small frames containing portraits of dead friends, surrounded by weeping willows in hair ; the little bracelets worn by her only daughter, who had died long ago; Uncle Marsch's big watch and the big red seal hanging from the chain, with which children's hands had so often played; then, in an agate box, lay all alone Aunt Marsch's wedding ring, too small now for her fat finger, but carefully set aside as the most precious of all her jewels. Allí estaba el juego de granates que la tía Marsch había llevado el día que vino al mundo; las perlas que había recibido de su padre la víspera de su boda; los diamantes, regalo de su prometido; anillos y broches de luto; pequeños marcos que contenían retratos de amigos muertos, rodeados de sauces llorones en el pelo; las pulseritas que llevaba su única hija, muerta hacía mucho tiempo; el gran reloj del tío Marsch y el gran sello rojo que colgaba de la cadena, con el que tantas veces habían jugado las manos de los niños; y luego, en una caja de ágata, el anillo de boda de la tía Marsch, demasiado pequeño ahora para su dedo gordo, pero cuidadosamente guardado como la más preciosa de todas sus joyas.

« Qu'est-ce que mademoiselle prendrait si on lui donnait la permission de choisir ? "What would mademoiselle take if given permission to choose? demanda un jour Esther qui restait toujours à côté d'Amy, afin de fermer le meuble à clef, lorsque la petite fille aurait fini. asked Esther, who always stayed by Amy's side to lock the cabinet when the little girl had finished.

– J'aime mieux les diamants que toute autre chose, mais il n'y a pas de collier, et j'aime tant les colliers, cela va si bien ! - I like diamonds better than anything else, but there's no necklace, and I love necklaces so much, it goes so well! Je préférerais ceci, si je pouvais choisir, répondit Amy en regardant avec admiration un grand chapelet en or et en nacre. I'd prefer this, if I could choose," Amy replied, gazing admiringly at a large gold and mother-of-pearl rosary. Preferiría esto, si pudiera elegir -respondió Amy, mirando con admiración un gran rosario de oro y nácar.

– Moi aussi, non pas comme collier, mais comme chapelet, dit Esther en regardant attentivement le beau rosaire. - Me too, not as a necklace, but as a rosary," said Esther, looking intently at the beautiful rosary.

– Est-ce afin de vous en servir comme vous vous servez du collier de perles en bois de santal qui est à côté de votre lit ? - Is it so that you can use it like you use the sandalwood bead necklace next to your bed? - ¿Debe utilizarse del mismo modo que el collar de perlas de sándalo que hay junto a la cama?

– Oui, mademoiselle.

– Vous semblez trouver de grandes consolations dans vos prières, Esther, et vous paraissez toujours tranquille et satisfaite. - You seem to find great consolation in your prayers, Esther, and you always seem calm and content. Je voudrais pouvoir faire comme vous.

– Mademoiselle pourrait faire comme la bonne maîtresse que je servais avant madame ; elle avait une petite chapelle dans laquelle elle allait tous les jours prier et méditer seule, et elle y trouvait du soulagement à bien des douleurs. - Mademoiselle could do as the good mistress I served before Madame; she had a little chapel where she went every day to pray and meditate alone, and there she found relief from many a pain.

– Si je faisais comme elle ? - What if I did what she did? demanda Amy, qui, dans son isolement, sentait le besoin d'être aidée, et trouvait qu'elle oubliait souvent son petit livre du matin, maintenant que Beth n'était plus là pour le lui rappeler. asked Amy, who, in her isolation, felt the need for help, and found that she often forgot her little morning book, now that Beth was no longer there to remind her.

– Ce serait excellent et charmant ; et, si cela peut vous plaire, j'arrangerai très volontiers une petite chambre où, quand votre tante dormira, vous pourrez aller vous asseoir un peu seule, pour penser à de bonnes choses et demander à Dieu de vous conserver votre soeur. - That would be excellent and charming; and, if it would please you, I'd be very happy to arrange a little room where, when your aunt is asleep, you can go and sit alone for a while, to think about good things and ask God to keep your sister for you. »

Esther était vraiment pieuse et tout à fait sincère dans son conseil, car elle avait un coeur affectueux, et compatissait beaucoup à la douleur de la petite fille. Esther was truly pious and quite sincere in her advice, for she had an affectionate heart, and sympathized greatly with the little girl's pain. L'idée plut à Amy, et elle demanda à Esther de lui arranger le petit cabinet qui était à côté de la chambre où elle couchait. The idea appealed to Amy, and she asked Esther to arrange for her the little cabinet next to the room where she slept. A Amy le gustó la idea y pidió a Esther que le arreglara el pequeño estudio que había junto a la habitación donde dormía.

« Que deviendront toutes ces jolies choses quand tante Marsch ne sera plus ? "What will become of all these pretty things when Aunt Marsch is no more? dit Amy en replaçant lentement les bijoux dans leurs écrins. dijo Amy, volviendo a colocar lentamente las joyas en sus estuches.

– Elles reviendront à vous et à vos soeurs. - They'll come back to you and your sisters. Je le sais, Madame me l'a confié, et j'ai signé son testament, dit Esther en souriant. I know, Madame entrusted it to me, and I signed her will," says Esther, smiling. Lo sé, Madame me lo confió y yo firmé su testamento -dijo Esther sonriendo-.

– Non, non, qu'elle ne meure pas ! dit Amy. Que personne ne meure ! Don't let anyone die!

– Je m'imagine, dit Esther, que la petite bague de turquoises sera pour vous, lorsque vous rentrerez chez votre mère, car Madame est contente de votre conduite et de vos jolies manières. - I imagine," says Esther, "that the little turquoise ring will be for you when you go home to your mother, for Madame is pleased with your conduct and your lovely manners.

– Vous croyez ? Oh ! je serai douce comme un agneau si je puis avoir cette charmante bague. I'll be as gentle as a lamb if I can have this lovely ring. Elle est bien plus jolie que celle de Kitty Bryant. It's much prettier than Kitty Bryant's. J'aime bien tante Marsch, après tout. »

Et Amy essaya la bague bleue d'un air ravi en prenant la ferme résolution de la gagner. And Amy tried on the blue ring with a delighted air, resolving to win it.