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TEDx Talks, L'écritothérapie | Bernard Werber | TEDxMarseille (2)

L'écritothérapie | Bernard Werber | TEDxMarseille (2)

je ne peux pas te l'expliquer maintenant,

mais je te le dirai un jour, tu comprendras.

C'est assez surprenant mais pour moi, c'est vraiment important :

plutôt qu'une moto, je préfère une balle de tennis noire. »

Le père offre la balle tennis noire, [le fils] grandit,

il passe son BEPC...

il passe son examen en faculté de droit,

il est le premier de sa promotion,

le père lui dit :

« Bon, maintenant je vais t'acheter une voiture. »

« Écoute, papa, plutôt qu'une voiture,

ce que je préférerais, c'est - » je vous le donne en mille -

Public : « Une balle de tennis noire. »

C'est ça ! Je vois qu'il y en a qui suivent.

Et là-dessus, il se marie,

et le père lui dit :

« Pour ton mariage, j'aimerais bien t'offrir un truc extraordinaire :

un appartement ! »

« Plutôt qu'un appartement, si tu veux vraiment me faire plaisir,

je préfèrerais avoir une balle de tennis noire. »

Le père offre encore une balle de tennis noire.

Le fils part en vacances.

Alors qu'il roule sur la corniche, près de Marseille,

il ne voit pas un virage, il le rate, il tombe,

il est complètement abîmé par l'accident,

il arrive à l'hôpital,

on lui signale qu'il n'a pas longtemps à vivre.

Son père arrive, on lui dit :

« Écoutez, votre fils ne va pas tenir longtemps. »

Le père [va voir son fils] :

« Mon fils, qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? »

Le fils dit :

« Je sais pourquoi tu es là :

tu veux savoir pourquoi je t'ai toujours demandé une balle de tennis noire. »

« Mais non, ce n'est pas pour ça. »

« Si, papa, tu as le droit. Il y a en fait une raison vraiment très précise,

tu vas comprendre que c'était vraiment important pour moi.

Si je voulais une balle de tennis noire...

Approche-toi, papa, je vais te le révéler.

Si je voulais tout le temps une balle de tennis noire, c'est parce que... ahhh ! »

Et il meurt.

Alors,

on était en montagne,

on avait froid.

(Rires)

Il y a une partie du groupe qui s'est acharnée sur ce garçon.

(Rires)

L'humour, c'est subjectif.

(Rires)

Je vous ai fait la version courte,

(Rires)

Lui le faisait année par année.

(Rires)

Je me suis dit :

« Bon sang ! On avait froid, on a frôlé plein de catastrophes,

et le mec, avec sa blague,

il est arrivé à créer autre chose,

une forme de diversion qui a fait que, tout d'un coup,

on est joyeux, on est bien,

et en plus, on a complètement oublié tous les problèmes autour.

Et je me suis dit :

« C'est ça qui manque à mon manuscrit des fourmis,

un truc qui fasse avancer les gens

et qui les frustre.

J'ai découvert deux choses dans cette blague :

un : la frustration, et deux : le foutage de gueule,

(Rires)

qui sont les deux principes du bon roman.

(Rires)

A partir de là, j'ai fabriqué ce que j'appellerais une locomotive,

c'est-à-dire une histoire

avec une cave,

une cave mystérieuse dans laquelle il y avait un trésor caché.

Et cette histoire, je l'ai greffée à mon histoire de fourmis,

j'ai mélangé un peu de cave et un peu de fourmis,

et là tout le monde disait

que j'avais enfin découvert le principe de la frustration,

le principe de l'avancée,

mais sans le foutage de gueule -

à la fin il y a une vraie découverte -

et mon manuscrit fonctionnait enfin.

A partir de là, plus je me suis mis à écrire, plus mes crises se sont espacées -

mes crises de spondylarthrite -

et j'ai trouvé un éditeur.

Et quand le livre est sorti,

c'est comme si ce qui devait être fait [avait été] fait,

au lieu d'avoir un sentiment de joie,

j'avais un sentiment de « Maintenant, il faut disparaître. »

J'avais pondu mon oeuvre, mis 12 ans à écrire ce roman -

pendant 12 ans, je l'ai porté -

enfin il sortait !

Et quand j'ai eu l'objet dans les mains,

j'ai eu un énorme sentiment de vide.

Comme j'avais étudié la criminologie, je me renseignais pour m'éliminer moi-même.

J'ai réalisé que c'était un peu compliqué.

J'ai passé la première nuit,

et quand j'ai eu les premiers feedbacks,

j'ai vu que personne n'avait rien compris.

Ils croyaient que je parlais de fourmis, alors que je parlais de notre place,

de ce que pourrait voir des humains des fourmis.

Je me suis fixé, à partir de là, une règle -

j'ai fait la suite, « Le jour des fourmis » -

la règle est :

tous les ans, je vais faire un nouvel exemplaire, un nouveau roman,

et, chaque fois, essayer d'aller plus loin

dans la découverte de ce qu'est l'homme, l'expérience de la conscience,

et d'aller plus loin dans la manière de tenir les gens

pour qu'ils aient envie de tourner les pages.

J'ai 56 ans, j'ai écrit 23 romans,

et je n'ai plus du tout de crise de spondylarthrite ankylosante.

C'est comme si le fait d'écrire des livres,

le fait d'avoir trouvé mon mode d'expression,

le fait d'avoir permis à mon esprit de sortir

pour pouvoir créer une zone de jeu externe

m'avait entièrement soigné.

C'est le message que j'ai envie de transmettre :

on a tous une possibilité de se soigner le corps

en se débrouillant pour trouver son mode d'expression

dans le sens de faire sortir la pression à l'extérieur.

Et quand ce mode peut faire en plus du bien aux autres,

que ça peut le réveiller chez les autres,

c'est encore mieux.

Voilà. Maintenant, je ne me pose plus la question « assis ou couché »,

je me tiens debout devant vous,

je voulais dire merci à papa de m'avoir donné le goût des histoires

et en même temps, il m'a permis de lutter contre la maladie.

Merci à vous.

(Applaudissements)


L'écritothérapie | Bernard Werber | TEDxMarseille (2) Die Schreibtherapie | Bernard Werber | TEDxMarseille (2) L'écritothérapie | Bernard Werber | TEDxMarseille (2) 写作治疗|伯纳德·韦伯 | TEDx马赛 (2)

je ne peux pas te l'expliquer maintenant,

mais je te le dirai un jour, tu comprendras.

C'est assez surprenant mais pour moi, c'est vraiment important :

plutôt qu'une moto, je préfère une balle de tennis noire. »

Le père offre la balle tennis noire, [le fils] grandit,

il passe son BEPC...

il passe son examen en faculté de droit,

il est le premier de sa promotion,

le père lui dit :

« Bon, maintenant je vais t'acheter une voiture. »

« Écoute, papa, plutôt qu'une voiture,

ce que je préférerais, c'est - » je vous le donne en mille -

Public : « Une balle de tennis noire. »

C'est ça ! Je vois qu'il y en a qui suivent.

Et là-dessus, il se marie,

et le père lui dit :

« Pour ton mariage, j'aimerais bien t'offrir un truc extraordinaire :

un appartement ! »

« Plutôt qu'un appartement, si tu veux vraiment me faire plaisir,

je préfèrerais avoir une balle de tennis noire. »

Le père offre encore une balle de tennis noire.

Le fils part en vacances.

Alors qu'il roule sur la corniche, près de Marseille,

il ne voit pas un virage, il le rate, il tombe,

il est complètement abîmé par l'accident,

il arrive à l'hôpital,

on lui signale qu'il n'a pas longtemps à vivre.

Son père arrive, on lui dit :

« Écoutez, votre fils ne va pas tenir longtemps. »

Le père [va voir son fils] :

« Mon fils, qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? »

Le fils dit :

« Je sais pourquoi tu es là :

tu veux savoir pourquoi je t'ai toujours demandé une balle de tennis noire. »

« Mais non, ce n'est pas pour ça. »

« Si, papa, tu as le droit. Il y a en fait une raison vraiment très précise,

tu vas comprendre que c'était vraiment important pour moi.

Si je voulais une balle de tennis noire...

Approche-toi, papa, je vais te le révéler.

Si je voulais tout le temps une balle de tennis noire, c'est parce que... ahhh ! »

Et il meurt.

Alors,

on était en montagne,

on avait froid.

(Rires)

Il y a une partie du groupe qui s'est acharnée sur ce garçon.

(Rires)

L'humour, c'est subjectif.

(Rires)

Je vous ai fait la version courte,

(Rires)

Lui le faisait année par année.

(Rires)

Je me suis dit :

« Bon sang ! On avait froid, on a frôlé plein de catastrophes,

et le mec, avec sa blague,

il est arrivé à créer autre chose,

une forme de diversion qui a fait que, tout d'un coup,

on est joyeux, on est bien,

et en plus, on a complètement oublié tous les problèmes autour.

Et je me suis dit :

« C'est ça qui manque à mon manuscrit des fourmis,

un truc qui fasse avancer les gens

et qui les frustre.

J'ai découvert deux choses dans cette blague :

un : la frustration, et deux : le foutage de gueule,

(Rires)

qui sont les deux principes du bon roman.

(Rires)

A partir de là, j'ai fabriqué ce que j'appellerais une locomotive,

c'est-à-dire une histoire

avec une cave,

une cave mystérieuse dans laquelle il y avait un trésor caché.

Et cette histoire, je l'ai greffée à mon histoire de fourmis,

j'ai mélangé un peu de cave et un peu de fourmis,

et là tout le monde disait

que j'avais enfin découvert le principe de la frustration,

le principe de l'avancée,

mais sans le foutage de gueule -

à la fin il y a une vraie découverte -

et mon manuscrit fonctionnait enfin.

A partir de là, plus je me suis mis à écrire, plus mes crises se sont espacées -

mes crises de spondylarthrite -

et j'ai trouvé un éditeur.

Et quand le livre est sorti,

c'est comme si ce qui devait être fait [avait été] fait,

au lieu d'avoir un sentiment de joie,

j'avais un sentiment de « Maintenant, il faut disparaître. »

J'avais pondu mon oeuvre, mis 12 ans à écrire ce roman -

pendant 12 ans, je l'ai porté -

enfin il sortait !

Et quand j'ai eu l'objet dans les mains,

j'ai eu un énorme sentiment de vide.

Comme j'avais étudié la criminologie, je me renseignais pour m'éliminer moi-même.

J'ai réalisé que c'était un peu compliqué.

J'ai passé la première nuit,

et quand j'ai eu les premiers feedbacks,

j'ai vu que personne n'avait rien compris.

Ils croyaient que je parlais de fourmis, alors que je parlais de notre place,

de ce que pourrait voir des humains des fourmis.

Je me suis fixé, à partir de là, une règle -

j'ai fait la suite, « Le jour des fourmis » -

la règle est :

tous les ans, je vais faire un nouvel exemplaire, un nouveau roman,

et, chaque fois, essayer d'aller plus loin

dans la découverte de ce qu'est l'homme, l'expérience de la conscience,

et d'aller plus loin dans la manière de tenir les gens

pour qu'ils aient envie de tourner les pages.

J'ai 56 ans, j'ai écrit 23 romans,

et je n'ai plus du tout de crise de spondylarthrite ankylosante.

C'est comme si le fait d'écrire des livres,

le fait d'avoir trouvé mon mode d'expression,

le fait d'avoir permis à mon esprit de sortir

pour pouvoir créer une zone de jeu externe

m'avait entièrement soigné.

C'est le message que j'ai envie de transmettre :

on a tous une possibilité de se soigner le corps

en se débrouillant pour trouver son mode d'expression

dans le sens de faire sortir la pression à l'extérieur.

Et quand ce mode peut faire en plus du bien aux autres,

que ça peut le réveiller chez les autres,

c'est encore mieux.

Voilà. Maintenant, je ne me pose plus la question « assis ou couché »,

je me tiens debout devant vous,

je voulais dire merci à papa de m'avoir donné le goût des histoires

et en même temps, il m'a permis de lutter contre la maladie.

Merci à vous.

(Applaudissements)