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Les mots de l'actualité (2009), S'AUTOPROCLAMER   2009-02-02

S'AUTOPROCLAMER 2009-02-02

Le maire d'Antananarivo vient de s'autoproclamer responsable des affaires publiques. À la suite des mouvements qui ont secoué l'île, il se pose en chef, en leader qui déclare assurer le pouvoir. Comme on l'a entendu, il prend les rênes. Mais le président Ravalomanana est toujours officiellement à son poste, aucune élection n'est venue installer Andry Rajoelina à cette place du pouvoir. On entend donc dire qu'il s'est autoproclamé en charge de la gestion des affaires nationales. Le sens du mot est clair. Il a proclamé – c'est-à-dire qu'il a annoncé publiquement, comme un fait solennellement acquis – qu'il était l'homme fort du pays. Et c'est lui qui l'a proclamé. En général, on proclame quelque chose qu'on n'a pas décidé soi-même, qu'on n'a pas décidé tout seul. Mais on s'autoproclame ceci ou cela si l'on décide qu'on occupera telle fonction. Logiquement, on devrait être élu ou nommé. Mais si on s'autoproclame, on se nomme soi-même. En effet, ce préfixe « auto- » signifie « soi-même » en grec. Et on l'utilise souvent pour former des mots qui indiquent une décision prise par une personne, et qui impliquent cette même personne. On s'attend à ce que cette action soit faite par d'autres. Eh bien non, on la fait tout seul ! Et on peut d'ailleurs agir pour ou contre son intérêt. Le préfixe peut être employé dans le cas d'une action négative, que l'on tient à s'infliger à soi-même pour éviter qu'elle ne vous soit infligée par autrui. On parle ainsi d'autoaccusation. Le mot n'est pas fréquent. Il évoque une pratique un peu masochiste.

Mais plus fréquemment, on parlera d'autocritique. Le mot a été très employé, notamment à propos de la Chine, lorsque le régime maoïste obligeait les anciens bourgeois, ou même les dignitaires à faire leur autocritique, sorte de confession publique de leurs erreurs – qu'ils étaient d'ailleurs obligés de faire. C'était donc une fausse autocritique, dont les termes et le contenu étaient dictés par les autorités. Ce terme d'autocritique est encore employé à propos de quelqu'un qui reconnaît publiquement ses erreurs. Le terme « autocensure » est plus insidieux. Le mot s'utilise souvent dans un contexte journalistique : si un journaliste, pour éviter de se faire explicitement censurer, évite de tenir des propos qui fâchent et se retient de dire ou d'écrire ce qu'il sait ou ce qu'il pense. Ça ne va pas jusqu'à l'autodestruction, mais la liberté de la presse en prend un coup. Maintenant, ce type de pratique peut être bien plus positive. L'autodiscipline, par exemple, est un mot qu'on entend souvent dans les établissements scolaires, où l'on aimerait bien que les élèves s'imposent à eux-mêmes ce qu'on n' aurait plus à leur imposer, et développent ainsi leur sens des responsabilités. De même, l'autogestion a été un mot d'ordre assez à la mode il y a une vingtaine d'années. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/


S'AUTOPROCLAMER   2009-02-02

Le maire d'Antananarivo vient de s'autoproclamer responsable des affaires publiques. À la suite des mouvements qui ont secoué l'île, il se pose en chef, en leader qui déclare assurer le pouvoir. Comme on l'a entendu, il prend les rênes. Mais le président Ravalomanana est toujours officiellement à son poste, aucune élection n'est venue installer Andry Rajoelina à cette place du pouvoir. On entend donc dire qu'il s'est autoproclamé en charge de la gestion des affaires nationales. Le sens du mot est clair. Il a proclamé – c'est-à-dire qu'il a annoncé publiquement, comme un fait solennellement acquis – qu'il était l'homme fort du pays. Et c'est lui qui l'a proclamé. En général, on proclame quelque chose qu'on n'a pas décidé soi-même, qu'on n'a pas décidé tout seul. Mais on s'autoproclame ceci ou cela si l'on décide qu'on occupera telle fonction. Logiquement, on devrait être élu ou nommé. Mais si on s'autoproclame, on se nomme soi-même. En effet, ce préfixe « auto- » signifie « soi-même » en grec. Et on l'utilise souvent pour former des mots qui indiquent une décision prise par une personne, et qui impliquent cette même personne. On s'attend à ce que cette action soit faite par d'autres. Eh bien non, on la fait tout seul ! Et on peut d'ailleurs agir pour ou contre son intérêt. Le préfixe peut être employé dans le cas d'une action négative, que l'on tient à s'infliger à soi-même pour éviter qu'elle ne vous soit infligée par autrui. On parle ainsi d'autoaccusation. Le mot n'est pas fréquent. Il évoque une pratique un peu masochiste.

Mais plus fréquemment, on parlera d'autocritique. Le mot a été très employé, notamment à propos de la Chine, lorsque le régime maoïste obligeait les anciens bourgeois, ou même les dignitaires à faire leur autocritique, sorte de confession publique de leurs erreurs – qu'ils étaient d'ailleurs obligés de faire. C'était donc une fausse autocritique, dont les termes et le contenu étaient dictés par les autorités. Ce terme d'autocritique est encore employé à propos de quelqu'un qui reconnaît publiquement ses erreurs. Le terme « autocensure » est plus insidieux. Le mot s'utilise souvent dans un contexte journalistique : si un journaliste, pour éviter de se faire explicitement censurer, évite de tenir des propos qui fâchent et se retient de dire ou d'écrire ce qu'il sait ou ce qu'il pense. Ça ne va pas jusqu'à l'autodestruction, mais la liberté de la presse en prend un coup. Maintenant, ce type de pratique peut être bien plus positive. L'autodiscipline, par exemple, est un mot qu'on entend souvent dans les établissements scolaires, où l'on aimerait bien que les élèves s'imposent à eux-mêmes ce qu'on n' aurait plus à leur imposer, et développent ainsi leur sens des responsabilités. De même, l'autogestion a été un mot d'ordre assez à la mode il y a une vingtaine d'années. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/