Journal en français facile 23/04/2020 20h00 GMT
Jérome Bastion : Bienvenue sur Radio France internationale, il est 22h à Paris, 20h en temps universel, et c'est l'heure de votre Journal en français facile ! Dans l'actualité de ce jeudi 23 avril, la pandémie de Covid-19 qui a désormais fait quelque 186 500 victimes dans le monde, et moins de décès en 24h que la veille – 4 600 au lieu de 5 600 : - en raison de cette épidémie qui frappe en premier les États-Unis, le chômage flambe dans ce pays à un niveau sans précédent; même si le rythme ralentit, le taux des sans-emploi devrait dépasser 10 % de la masse salariale.
- la pandémie ne suffit pas à souder la communauté internationale autour d'une coordination de la réponse au Covid-19, notamment pour mettre fin aux conflits en cours, comme y avait appelé le secrétaire général de l'ONU, où les tractations piétinent. - pour mettre fin aux persécutions, y compris des attaques physiques, dont sont victimes les médecins et le personnel soignant en Inde, New-Delhi décrète de lourdes peines à l'encontre de leurs agresseurs durant la crise sanitaire. -----
JB : La pandémie du nouveau coronavirus a fait près de 188 000 morts dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine, selon un dernier décompte. Et le nombre total des cas d'infection approche les 2 millions 650 000. Les États-Unis sont le pays le plus touché tant en nombre de morts que de cas, avec près de 48 000 décès et près de 850 000 cas. Mais il y a un bilan qui grimpe encore plus vite dans le pays de Donald Trump, c'est celui du chômage, conséquence d'une situation économique de plus en plus dégradée. Les nouveaux chiffres viennent de tomber avec presque 4 millions et demi de demandeurs d'emploi supplémentaires. Cela porte à plus de 26 millions le total de personnes en 5 semaines, Loubna Anaki.
C'est désormais un rappel permanent de l'ampleur de la crise qui touche les États-Unis depuis le début de l'épidémie. Pour la 5e semaine consécutive, le chômage augmente et toucherait aujourd'hui 16 % de la population active du pays. Au total, près de 26 millions et demi de personnes ont perdu leur emploi. Un chiffre record. Selon les experts, les États-Unis aurait perdu tous les emplois créés depuis la crise de 2008.Une forte demande que le système a du mal à gérer. Partout, les plateformes d'allocations sont dépassées par les appels téléphoniques. Certains demandeurs attendent toujours leur premier chèque d'aide financière un mois après leur inscription. L'enveloppe financière votée par le congrès il y a quelques semaines devait justement soutenir ces familles touchées par la perte d'emploi ainsi que les petits commerces et petites entreprises pour leur permettre de garder leurs employés. Une partie de cette aide avait fini chez de grands groupes provoquant de nombreuses critiques. Une autre aide financière de 484 milliards de dollars est aujourd'hui en discussion à la Chambre des représentants et devrait être votée cette semaine. Une situation critique qui va sans doute augmenter les tensions déjà très fortes autour de la levée des mesures de confinement et la relance de l'économie. JB : Plus d'un New-Yorkais sur cinq (21,2 %) a déjà été infecté par le coronavirus, selon les résultats préliminaires d'une étude réalisée sur un échantillon de 3 000 personnes, a indiqué jeudi le gouverneur de New York Andrew Cuomo. Après le désengagement américain, la Chine vole au secours de l'OMS : Pékin annonce le versement de 30 millions de dollars supplémentaires à l'Organisation onusienne. De l'argent qui servira notamment à la prévention et au contrôle de l'épidémie de Covid-19, explique Pékin. En début de semaine dernière, Washington a suspendu son financement de l'OMS, dénonçant en particulier ses prises de position à ses yeux trop favorables à la Chine . La pandémie de Covid-19 peut-elle inciter la communauté internationale à une coordination renforcée, voire à une cessation des hostilités dans les pays en conflit ? Rien n'est moins sûr, on le voit aux Nations unies, où les pays du Conseil de Sécurité peinent à s'entendre sur une résolution en ce sens. Nicolas Falez.
Il existe aujourd'hui un projet de texte porté par la France et la Tunisie qui appelle à plus de coordination pour combattre la pandémie et à une cessation générale et immédiate des hostilités, ce qui fait suite à l'appel lancé par le Secrétaire Général de l'ONU Antonio Guterres. Ne sont pas concernées par ce projet les opérations de lutte contre les organisations considérées comme terroristes par l'ONU, comme le groupe État islamique ou Al Qaïda. Mais après un mois de discussions à l'ONU, on constate que la crise sanitaire inédite ne balaye pas les oppositions traditionnelles, notamment entre Washington et Pékin ou Washington et Moscou. Une visio-conférence entre membres permanents du Conseil de Sécurité est envisagée en cette fin de semaine pour tenter de surmonter les blocages. Parallèlement, c'est à l'Assemblée générale de l'ONU (qui représente les 193 États membres) que les divisions ont montré hier à quel point elles résistaient au virus. La Syrie et l'Iran ont bloqué un projet de résolution sur la pandémie présenté par l'Arabie Saoudite alors que les ֤Etats-Unis et l'Union européenne faisaient obstacle à un texte russe sur le même thème. JB : En Inde, le gouvernement vient de passer un décret qui crée une peine de 7 ans de prison maximum pour toute personne qui attaque un docteur ou un professionnel de santé pendant cette période de pandémie. Réponse stricte après de nombreuses attaques et actes de discrimination contre les médecins indiens dans les hôpitaux ou sur le terrain. L'association des médecins indiens, qui avait menacé de grève si des mesures n'étaient pas prises, est relativement rassurée par cette mesure. Correspondance en Inde, Sébastien Farcis.
Depuis deux mois, les médecins indiens sont assaillis dans les hôpitaux, renvoyés de leur logement par peur de contagion et parfois caillassés quand ils vont prélever des échantillons de malades potentiels. Le dernier outrage fut, mardi, quand une foule a refusé qu'un chirurgien mort du coronavirus soit enterré dans un cimetière de Madras, dans le sud. Le Dr Laila Asokan est le secrétaire général de l'association indienne de médecins. « Cela nous a profondément choqué, dit-il. Ce genre d'événements pousse les docteurs à se demander s'ils ont bien fait de choisir cette profession. Les jeunes, surtout, sont démoralisés. » Le nouveau décret prévoit une amende de 6 000 euros maximum, et une peine de prison de 3 mois à 7 ans en cas de telles attaques. Un 1er geste qui peut dissuader, selon le Dr Asokan. « Les gens n'attaquent pas un policier, par exemple, car ils savent que c'est un crime grave. Donc cette loi doit avoir le même effet dissuasif. Nous comprenons que ces attaques sont le résultat d'une colère soudaine, souvent en cas de décès d'un proche, et nous ne voulons punir personne. Le problème est plus large mais cette loi est une première étape pour protéger les docteurs. » Ce décret ne s'appliquera que pendant la période de pandémie, mais les médecins aimeraient que ces punitions soient pérennisées, afin de créer un vrai changement dans les mentalités des patients indiens. JB : En Allemagne le procès de deux anciens membres des services de renseignement syriens accusés de crime contre l'humanité pour les sévices subis par des opposants du régime de Bachar el Assad alors emprisonnés. Ils avaient été arrêtés l'an dernier après avoir gagné l'Allemagne, où ils avaient été reconnus par des compatriotes. Certaines des victimes sont parties civiles au procès dont elles attendent beaucoup. Pascal Thibaut.
Neuf mètres carrés pour vingt personnes obligées d'être en permanence debout y compris pour dormir ; une nourriture insuffisante et pas de soins médicaux. Et des tortures systématiques pour arracher aux détenus des informations aux opposants du régime Assad. Le procureur du tribunal de Coblence a estimé que l'accusé principal Anwar Raslan connaissait l'ampleur des sévices subis par les prisonniers dans le centre de détention dont il avait la responsabilité. Le quinquagénaire arrivé en Allemagne en 2014 est accusé de crime contre l'humanité, plus précisément de la mort de 58 personnes et de tortures subies par 4 000 détenus. Anwar Raslan est resté muet lors de ce premier jour d'audience mais son avocat a annoncé qu'il ferait bientôt une déclaration écrite. L'autre accusé, Eyad al-Gharib est jugé pour complicité de crime contre l'humanité pour son rôle dans l'arrestation de trente personnes en 2011 à Damas. Le procès prévu pour durer jusqu'au mois d'août a été qualifié « d'historique » par la ministre de la Justice allemande. Christine Lambrecht a ajouté : « il s'agit d'un signal d'espoir et de justice, avant tout pour les victimes de ces terribles crimes dont beaucoup ont trouvé refuge dans notre pays ».