Les Morts épiques de l'Histoire : : Etienne II de Blois, le boulet...
En des temps lointain, le chevalier Norvay parcourait le monde pour protéger les faibles
et les anonymes. Norvay, le chevalier qui sauvegarde la Paix et repousse la Haine ! Oui,
cet épisode est sponsorisé par...NordVPN ! Et en fin d'épisode, tu trouveras plus
d'informations laissées par ce preux chevalier que je me ferai une joie de te partager. Bon
visionnage !
Mes chers camarades bien le bonjour ! On peut avoir une mort badass alors que tout le monde
est persuadé qu'on est trop une poule mouillée pour ne jamais en avoir une !
C'est typiquement l'histoire d'Etienne de Blois, non, pas le roi qui louche, Etienne
II de Blois, donc, un véritable François Pignon médiéval, un baron qui a participé
à la première croisade… pour faire plaisir à sa femme...deux fois...ouais...
Depuis le IIIè siècle, les Chrétiens d'Orient et d'Occident ont pris l'habitude de faire
des pèlerinages. Le plus important, évidemment, redécouvert par Hélène, la mère de l'empereur
Constantin, est le Saint Sépulcre, à Jerusalem : le tombeau où a été déposé le corps
du Christ avant sa résurrection. Le pèlerinage y va donc bon train, d'autant plus que Jerusalem
est alors byzantine, même son invasion par les Arabes musulmans entre 635 et 638 n'interrompt
pas le flux des pèlerins.
L'occupation musulmane n'est en effet pas un problème pour les pèlerins, et ce
pendant plusieurs siècles, à deux ou trois exceptions près, comme les tribus bédouines
attaquant les convois, ou le calife fatimide al Hakim, un peu dérangé, qui fait détruire
le Saint Sépulcre…
...avant de le faire reconstruire !
En revanche, le vrai problème, c'est que la géopolitique locale vire très vite à
la pagaille, notamment avec l'invasion de la Syrie et de la Palestine par les Seljukides
aux X et XIè siècle. Une situation qui conduit à l'interruption du pèlerinage, puisqu'ils
demandent des sommes exorbitantes aux pèlerins.
Ainsi, en Europe, on voit, le 27 novembre 1095, le pape Urbain II, un énergique moine
clunisien, prêcher à Clermont un concept nouveau : la croisade.
Le principe peut être résumé assez simplement : venir en aide aux Chrétiens d'Orient,
notamment les Byzantins qui se prennent les Seljukides en pleine face, et libérer Jerusalem
afin de faire reprendre le pèlerinage.
C'est très résumé mais en gros c'est ça...
Ce concept connaît immédiatement un merveilleux succès, que ce soit auprès du peuple, qui
organise ses propres croisades populaires dans la foulée, ou auprès des barons, qui
s'organisent un peu mieux et partent un peu plus tard.
C'est parmi ces barons qu'on trouve notre Etienne, comte de Blois, de Chartres et de
plein d'autres patelins, qui, à plus de cinquante ans, est l'un des plus riches
barons de France, très cultivé, très généreux… et pas si chaud à l'idée de partir en
croisade.
S'il répond à l'appel du pape, c'est notamment pour faire plaisir à sa femme,
la bouillante Adèle, fille de Guillaume le Conquérant... le beau-père qui met pas la
barre trop haut, quoi.
Tandis que d'autres croisades se forment, autour notamment de Godefroi de Bouillon,
duc de Basse- Lotharingie, Raymond de Saint Gilles, comte de Toulouse, ou Bohémond, prince
de Tarente, Etienne part en septembre 1096, avec son beau-frère Robert de Normandie,
et le duc Robert de Flandres.
En chemin, Etienne est un vrai touriste : il s'arrête à Rome pour visiter le tombeau
de Saint-Pierre, passe ensuite l'hiver en Calabre plutôt que de se presser, et s'émerveille
du luxueux accueil que leur fait Alexis Ier, l'empereur byzantin, à Constantinople.
Et tout ça, il le raconte dans des lettres qu'il envoie à sa femme - où il lui dit
carrément que l'empereur est encore plus généreux que son père, Guillaume le Conquérant.
Il est chaud le type, il a pas peur !
A Constantinople, Alexis, voyant débarquer tous ses barons venus, en partie, à son secours
face aux Turcs, leur demande par sécurité de lui prêter serment : ils s'engageraient
ainsi à lui restituer chaque ville ou forteresse libérés en Anatolie et dans le Nord de la
Syrie, anciennes provinces byzantines conquises par les Turcs. Certains résistent, voulant
déjà fonder des principautés indépendantes en Terre Sainte puis cèdent, d'autres disent
oui tout de suite :
Etienne, évidemment, bonne pâte, n'y voit pas d'inconvénient.
La croisade ainsi réunie traverse ensuite l'Anatolie pendant l'été 1097 : ils
assiègent d'abord Nicée, capitale des Seljûkides de Rum, et la libèrent grâce
aux Byzantins. La croisade commence bien ! Etienne écrit même à sa femme que s'il n'y
a pas de souci, ils seront à Jerusalem en cinq semaines.
En réalité, ils y seront bien… mais deux ans plus tard.
L'Anatolie leur réserve de sacrées difficultés : ils affrontent une cohalition turque à
Dorylée, mais surtout souffrent de la faim, de la soif et de la chaleur. C'est donc
avec soulagement qu'ils arrivent au Nord de la Syrie en octobre 1097, et qu'ils commencent
à assiéger la formidable ville d'Antioche, clé de la voie vers Jerusalem.
Pourtant, si vous me passez l'expression, ce n'est que le début de leurs emmerdes.
Antioche est en effet une énorme ville, puissamment fortifiée, et bien défendue par les Turcs.
Les croisés ne sont même pas assez nombreux pour l'assiéger entièrement, mais c'est
pourtant ce qu'ils font. Autant vous dire que le siège est un gruyère, qui va durer
7 mois et sera un enfer pour eux : renforts ennemis inattendus, inefficacité du siège,
manque cruel de nourriture, désertion, épidémie, et en plus de tout ça, la pluie et le froid.
Etienne, dans ses “cartes postales”, se plaint carrément que la Syrie, c'est pas
aussi chaud qu'on le dit.
Tout va donc mal pour les croisés, dont en plus les chefs se chamaillent quant au sort
d'Antioche : qui la possèdera ? Leur serment veut qu'elle revienne à Alexis Ier, qui
en échange a promis de les rejoindre avec une armée et de descendre avec eux à Jerusalem.
D'autres, comme Bohémond, la veulent pour eux, rappelant que les Byzantins ne les ont
guère aidés, ce qui est plutôt de mauvaise foi, et ne semblent pas venir à leur secours
avec l'armée promise. Mais la ville, elle, tient bon, et pire encore, en mai 1098, on
apprend que l'atabeg de Mossoul, un certain Kirbogha, arrive avec une énorme armée pour
les massacrer.
Cumulé avec le reste, ça achève de démoraliser les croisés, qui fuient de plus en plus vers
les ports de la côte qu'ils ont occupés pour ensuite rentrer en Europe. D'autres,
malades, reculent simplement vers ces mêmes ports, pour s'y reposer avant de reprendre
le siège.
On a une trace d'Etienne par exemple qui annonce le 2 juin qu'il est malade et qu'il
se retire avec son armée vers Alexandrette. Déserteur, ou vraiment malade, on ne le saura
jamais, car le soir-même, les croisés entrent dans Antioche grâce à la trahison d'un
officier arménien soudoyé par Bohémond.
Bonne nouvelle ! Sauf que dès le lendemain, les troupes de Kirbogha assiègent à leur
tour la ville. Mauvaise nouvelle ! Comme quoi tout est une histoire de timing !
Etienne, vaillant, s'approche discrètement de la ville le 5 juin pour voir ce qu'il
peut faire pour ses potes croisés, mais en voyant l'immensité des troupes turques,
pas fou, il recule : et pour ça, tous les chroniqueurs l'ont traité de lâche.
Et j'ai envie de fou dire, c'est pas pour prendre la défense du pauvre Etienne mais
vous auriez fait quoi, vous ?
Le problème dans tout ça, c'est la suite de l'aventure et la confusion qui va en
découler.
Sur le chemin du retour, avec d'autres véritables déserteurs ayant réussi à fuir Antioche
assiégée, il croise Alexis Ier, venu honorer sa promesse avec son armée. Etienne, toujours
honnête, lui dit ce qu'il pense : à l'heure qu'il est, Antioche doit être turque à
nouveau, et la croisade bel et bien massacrée.
Alexis lui fait confiance, et rentre donc à Constantinople, avec Etienne : on ne le
pardonnera jamais ni à l'un, ni à l'autre.
Car contre toute attente, la croisade défait Kirbogha, Antioche demeure à Bohémond, et
les autres descendent vers Jerusalem qu'ils libèrent un an plus tard, le 15 juillet 1099.
ça, on l'avait pas vu venir ! Etienne, qui s'est tapé le chemin du retour jusqu'à
chez lui, trouve sa femme furieuse : elle a épousé un lâche qui non seulement a foutu
ses copains dans la mouise mais en plus n'a même pas honoré son voeu de croisé ! Autant
vous dire qu'il n'a aucun moyen d'argumenter : il doit repartir en Terre Sainte.
Or justement, même si Jerusalem est prise, gouvernée par Godefroi de Bouillon puis par
son jeune frère ambitieux Baudouin qui prend le titre de roi de Jerusalem, les renforts
seraient les bienvenus : entourés d'innombrables ennemis, les croisés ne sont qu'une poignée,
d'autant plus que la plupart sont rentrés au pays. D'autres croisades s'ébranlent
donc en 1100-1101 pour aller soutenir la création de ce qu'on appelle les Etats Latins d'Orient.
C'est évidemment à eux que se joint Etienne au printemps 1101, enguirlandé par sa femme.
Il arrive à nouveau à Constantinople, où il retrouve par hasard Raymond de Saint Gilles,
et ensemble, ils guident la croisade à travers l'Anatolie. Suivant malgré eux la volonté
populaire d'aller sauver Bohémond alors prisonnier des Turcs, ils s'égarent vers
le Nord-est de l'Anatolie et s'y font décimer. Ils réussissent à rentrer à Constantinople…
d'où cette fois-ci ils partent en bateau pour Antioche.
Pas question pour Etienne de rentrer chez sa femme sans avoir vu Jerusalem !
Arrivé à Antioche début 1102, après quelques péripéties, il descend vers le Sud, aide
son compagnon Raymond de Saint Gilles à assiéger un port, puis est finalement accueilli par
le roi Baudouin Ier. Il passe Pâques à Jerusalem, honorant ses voeux, et s'apprête enfin
à rentrer la conscience tranquille, prêt à rendre sa femme fière.
Il embarque donc sur un navire… qui s'échoue sur la côte. Pas de bol...
Dans le même temps, on apprend à Baudouin Ier l'arrivée d'une armée Fatimide,
les Fatimides étant des musulmans chiites régnant sur l'Egypte et autrefois la Palestine,
dont Jerusalem, qu'ils veulent récupérer. Pourtant bon tacticien d'ordinaire, Baudouin
y va cette fois-ci totalement à l'arrache : pensant qu'en face il n'y aura qu'un
millier d'hommes, il n'envoie pas d'éclaireurs, et prend avec lui 500 cavaliers, dont 200
chevaliers.
Parmi eux, Etienne essaye de suggérer à Baudouin que cette attaque est peut-être
un poil mal organisé : mais vu sa réputation de lâche, Baudouin lui dit de la boucler.
Dommage!
En face, ils sont pas mille, mais 20 000! Autant dire qu'ils dérouillent…
Baudouin et ses chevaliers se réfugient in extremis dans le petit bled de Ramla, sans
muraille, avec une petite tour indéfendable, à la tombée du jour. La situation est désespérée.
Mais dans la nuit, un chef arabe, se souvenant que Baudouin avait sauvé sa femme un an plus
tôt, quitte l'armée fatimide et vient prévenir celui-ci de l'attaque à venir.
Sachant que le royaume repose sur ses épaules, poussé par ses chevaliers à fuir, Baudouin
quitte donc Ramla, avec deux trois compagnons à peine pour ne pas se faire repérer, tandis
que les autres se sacrifieront pour attirer les Fatimides. Baudouin parviendra seul à
Jerusalem, ses compagnons tués en chemin, ne devant sa vie qu'à la vitesse de son
cheval arabe…
oui, tout ça est extrêmement romantique et cucul, mais c'est comme ça...
En attendant, à l'aube, le 19 mai 1102, les Fatimides mettent le feu à la tour où
sont réfugiés les croisés : plutôt que de mourir asphyxiés, ils sortent vaillamment
dans une ultime charge, l'épée à la main, forçant le respect de leurs adversaires,
à 300 ou 400 contre 20 000.
Si quelques-uns seront capturés, la plupart meurent, dont notre vaillant Etienne, qui
finalement n'a jamais eu de bol... et qui par ce geste a, on l'espère, enfin rendu
sa femme fière de lui.
Merci à Frédéric Louarn de la chaîne Herodot'com pour la préparation de cette émission, merci
à vous de l'avoir suivi jusqu'au bout, n'hésitez pas à le partager et à le commenter,
si vous voulez d'autres morts épiques, y'a surement moyen de s'arranger !
Une fois de plus cet épisode est sponsorisé par NORD VPN alors je vais prendre quelques
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Sur ce, je vous souhaite à tous de bonnes aventures sur le net en attendant la prochaine
émission à la prochaine !