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Les mots de l'actualité (2009), RECADRER   2009-02-12

RECADRER 2009-02-12

« Recadré » à Paris, M. Jégo est de retour aux Antilles. C'est l'un des titres de la une du Monde d'aujourd'hui, et malgré les guillemets qui entourent, qui encadrent, ce mot « recadré », on sent bien que ce n'est pas très aimable. Cela implique qu'Yves Jégo, ministre de l'Outre-mer, qui avait passé quelque temps en Guadeloupe pour tenter de désamorcer le mécontentement populaire, de trouver une issue à la grève générale – pour régler la crise, en somme – n'a pas été félicité par ses chefs. Et pour un ministre, il s'agit donc du chef du gouvernement, du Premier ministre. Comment comprendre cette phrase ? Recadrer M. Jégo, c'est probablement l'aiguiller dans une direction différente de celle qu'il avait prise, l'orienter différemment. C'est donc une façon de dire qu'il s'est trompé, que les options qu'il a choisies ne satisfont pas le gouvernement. Tout cela avec un vocabulaire politique en apparence lisse, mais en fait assez cinglant, car plus le niveau de responsabilité de quelqu'un est élevé, plus la critique de ses supérieurs sera vivement ressentie. Recadrer quelqu'un est donc une façon à peine aimable de lui faire comprendre qu'il fait fausse route. Mais plus souvent, on peut recadrer une action, ce qui revient à dire qu'on change de direction, comme si on déplaçait un angle de vue. On vise autre chose, on a déplacé la visée.

Mais le verbe « cadrer » lui-même est assez employé pour indiquer une idée de contrôle. « Cette jeune recrue est pleine d'idées, mais il faut encore la cadrer un peu » ; c'est-à-dire qu'il faut encore lui indiquer où aller, quoi faire, et même comment ne pas en faire trop. On a l'idée de quelqu'un dont l'enthousiasme n'est pas toujours absolument maîtrisé, un peu chien fou, dont il faut canaliser l'énergie et guider le travail. Il est bon d'être énergique, mais il ne faut pas que ça déborde. De toute façon, le verbe « encadrer », très utilisé dans le monde de l'entreprise, par exemple, donne l'idée d'un pouvoir hiérarchique. On encadre quelqu'un quand il est sous vos ordres. Il s'agit bien d'un rapport de pouvoir. Et ceux qu'on appelle les « cadres » sont ceux qui organisent la production, sans concrètement produire eux-mêmes. C'est en tout cas le sens de départ du mot dans le vocabulaire du monde du travail, même si, par la suite, le mot n'a plus désigné qu'un certain type de responsabilité et de salaire. On distingue d'ailleurs les cadres moyens et les cadres supérieurs qui, eux, sont plutôt des adjoints de la direction assez haut placés. Ce mot de « cadre » est d'ailleurs bien représentatif du langage officiel, un peu sec et abstrait, qu'on emploie dans des circonstances bureaucratiques : « dans le cadre de vos fonctions, de votre mission, vous serez amené à … ». Ça évoque les limites de votre métier (toujours cette obsession de ne pas déborder, de ne pas dépasser la mesure ou passer les bornes), mais ça évoque aussi une langue extrêmement contrôlée et un peu grise, qui n'expose pas trop celui qui l'utilise. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/


RECADRER   2009-02-12 REFRAME 2009-02-12

« Recadré » à Paris, M. Jégo est de retour aux Antilles. C'est l'un des titres de la une du Monde d'aujourd'hui, et malgré les guillemets qui entourent, qui encadrent, ce mot « recadré », on sent bien que ce n'est pas très aimable. Cela implique qu'Yves Jégo, ministre de l'Outre-mer, qui avait passé quelque temps en Guadeloupe pour tenter de désamorcer le mécontentement populaire, de trouver une issue à la grève générale – pour régler la crise, en somme – n'a pas été félicité par ses chefs. Et pour un ministre, il s'agit donc du chef du gouvernement, du Premier ministre. Comment comprendre cette phrase ? Recadrer M. Jégo, c'est probablement l'aiguiller dans une direction différente de celle qu'il avait prise, l'orienter différemment. C'est donc une façon de dire qu'il s'est trompé, que les options qu'il a choisies ne satisfont pas le gouvernement. Tout cela avec un vocabulaire politique en apparence lisse, mais en fait assez cinglant, car plus le niveau de responsabilité de quelqu'un est élevé, plus la critique de ses supérieurs sera vivement ressentie. Recadrer quelqu'un est donc une façon à peine aimable de lui faire comprendre qu'il fait fausse route. Mais plus souvent, on peut recadrer une action, ce qui revient à dire qu'on change de direction, comme si on déplaçait un angle de vue. On vise autre chose, on a déplacé la visée.

Mais le verbe « cadrer » lui-même est assez employé pour indiquer une idée de contrôle. « Cette jeune recrue est pleine d'idées, mais il faut encore la cadrer un peu » ; c'est-à-dire qu'il faut encore lui indiquer où aller, quoi faire, et même comment ne pas en faire trop. On a l'idée de quelqu'un dont l'enthousiasme n'est pas toujours absolument maîtrisé, un peu chien fou, dont il faut canaliser l'énergie et guider le travail. Il est bon d'être énergique, mais il ne faut pas que ça déborde. De toute façon, le verbe « encadrer », très utilisé dans le monde de l'entreprise, par exemple, donne l'idée d'un pouvoir hiérarchique. On encadre quelqu'un quand il est sous vos ordres. Il s'agit bien d'un rapport de pouvoir. Et ceux qu'on appelle les « cadres » sont ceux qui organisent la production, sans concrètement produire eux-mêmes. C'est en tout cas le sens de départ du mot dans le vocabulaire du monde du travail, même si, par la suite, le mot n'a plus désigné qu'un certain type de responsabilité et de salaire. On distingue d'ailleurs les cadres moyens et les cadres supérieurs qui, eux, sont plutôt des adjoints de la direction assez haut placés. Ce mot de « cadre » est d'ailleurs bien représentatif du langage officiel, un peu sec et abstrait, qu'on emploie dans des circonstances bureaucratiques : « dans le cadre de vos fonctions, de votre mission, vous serez amené à … ». Ça évoque les limites de votre métier (toujours cette obsession de ne pas déborder, de ne pas dépasser la mesure ou passer les bornes), mais ça évoque aussi une langue extrêmement contrôlée et un peu grise, qui n'expose pas trop celui qui l'utilise. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/