JEANNE D'ARC épisode 1 : La Foi de Jeanne (1)
[Musique]
Nous sommes au début du XVème siècle, à Domremy appelé aujourd'hui Domrémy-la-Pucelle.
Ce village est situé dans l'actuel département
des Vosges, dans l'arrondissement de Neufchâteau et le canton de Coussey.
Il est niché dans une vallée traversée par la Meuse entourée de colline,
de bois, de vignes et de vergers.
Domremy est un village très ancien qui existe depuis l'époque romaine.
Le nom fait référence au célèbre Saint Rémi, l'évêque de Reims qui a baptisé
notre premier Roy Clovis en l'an 496 et qui est le Saint Patron du village,
dont la mémoire est célébrée par le prêtre chaque premier dimanche d'octobre,
comme celui à qui l'on doit la conversion et le baptême des Francs.
A proximité de Domremy se trouvait une place forte, le château de l'Isle.
De là le secteur de Domremy, les récoltes et le bétail étaient protégés.
Cette place forte appartenait à la famille du seigneur Pierre de Bourlémont.
Mais au moment où commence notre histoire, les Bourlémont ne sont plus longtemps les seigneurs
de Domremy faute de descendance, car dans le cours de l'année 1412,
la seigneurie est alors passée au chambellan et bailli du duc de Lorraine, Henri d'Ogévillers,
par son épouse Jeanne de Joinville Nièce de Pierre Bourlémont, mort sans enfant.
Domremy est coupé en deux par le passage du ruisseau des Trois-Fontaines qui marque
une frontière, ainsi la rive droite Champenoise
appartient à la France et la rive gauche Lorraine appartient l'empire germanique.
Le village de Domremy est également traversé par une route commerciale très fréquentée,
une ancienne voie romaine, qui passe entre autres par Neufchâteau, jusqu'à Saint-Mihiel.
Par cette route transite, vins et autres marchandises de qualité.
Le village comprend une église évidemment dédiée à saint Rémi
et un four ordinaire entourés par une quarantaine de foyers de cultivateurs.
C'est dans une maison de la rive gauche accolée à la route commerciale,
à proximité de l'église qu'une petite fille vient d'arriver au monde.
La tradition rapporte que nous serions le 6 janvier de l'année 1412, jour de l'Épiphanie,
un jour de fête pour tous les chrétiens qui rappel la visite des Roy mages à l'enfant Jésus.
Dès le troisième jour suivant la naissance on emmène faire baptiser cet enfant,
par le curé du village qui est alors le père Jean Minet,
à l'église Saint-Rémy située juste à côté de la maison.
L'église Saint-Rémy comprend entre autres une statue de la Vierge Marie et aux autres
saints à qui l'on rend un culte : sainte Marguerite d'Antioche,
sainte Catherine d'Alexandrie et bien sûr saint Rémi.
Dans l'église on trouve aussi entre autres, un bénitier pour se signer et la cuve baptismale,
l'enfant y est porté par ses marraines afin d'y être baptiser.
On donne bien évidement un prénom chrétien à
cet enfant car on est attaché à la tradition et à l'église.
On prénomme ainsi l'enfant "Jehanne", prénom alors excessivement courant à l'époque,
mais tout le monde l'appellera affectueusement "Jeannette ".
Jehanne : "dans mon pays on m'appel Jeannette,
c'est depuis ma venue en France que l'on m'appel Jehanne ".
C'est ainsi que commence l'histoire vraie de celle qui deviendra notre sainte est héroïne nationale,
dans la vie simple des paysans, rythmée par les traditions catholiques romaine,
socle des bonnes moeurs et de la morale qui a uni la nation française depuis le baptême de Clovis.
On ne perdait pas de temps à l'époque pour faire baptiser les enfants, car on n'était pas forcément
entre autres à l'abri des maladies, qui pouvaient parfois emporter 2 enfants sur 3 en bas âge.
La mortalité infantile était donc à prendre très au sérieux et on craint
qu'un enfant puisse mourir sans avoir été lavé du péché originel.
On n'hésite pas non plus à leur donner de nombreux parrains et marraines.
On a ainsi donné à Jehanne au moins 6 parrains et marraines.
Les parents de ce nouveau-né fraichement baptisé
sont Isabelle Romée sa mère, et Jacques d'Arc son père.
Le nombre important de parrains et marraines donnés à Jehanne démontre
sans doute que Jacques d'Arc et Isabelle Romée sont appréciés.
En effet les parents de Jehanne ont bonne réputation, ils font partie de l'un des
trois états de la société : les laboratores, c'est-à-dire les laboureurs qui sont toujours
bien considérés car ils font vivre la population, parmi lesquels les clercs et les seigneurs.
Jacques d'Arc est né à Ceffonds, il a probablement plus de la cinquantaine lorsque Jehanne né.
Il a déjà des enfants avec son épouse Isabelle avec laquelle il est marié depuis 1405.
Jehanne a en effet trois frères, Jacquemin, Jehan et Pierre et une soeur Catherine.
Jacques d'Arc est probablement un cerf et sans pour autant être riche,
il est relativement aisé compte tenu de son statut de laboureur.
Il possède un train de culture entre trois à sept hectares de terre.
Jacques participe à la gestion du village et il sera même doyen de Domremy entre 1425 et 1427,
c'est-à-dire la troisième personne la plus importante après le maire et l'échevin.
Isabelle, dite Romée, la mère de Jehanne est native de Vouthon à peu de distance de Domremy,
elle viendrait d'une famille plus aisée que son époux.
Elle a entre 32 et 37 ans lorsqu'elle met au monde Jehanne, c'est une femme
pieuse qui s'occupe du foyer et se charge de donner l'instruction religieuse à ses enfants.
Son nom "Romée" témoigne de sa foi, c'est un nom que l'on donne généralement aux chrétiens
qui sont allés en pèlerinage à Rome, ou bien à ceux qui pèlerinent fréquemment par vocation.
En effet les parents de Jehanne sont très pieux,
chaque mois ils font même offrir deux messes pour le salut des leurs.
Jean Morel : "ils sont de bons et fidèles catholiques,
de bons laboureurs, de bonne renommée et d'honnête conduite,
ils n'avaient qu'une fortune modeste, tout en possédant un foyer patrimonial, un jardinet,
une culture et des moissons pour lesquelles Jehanne aidait son père, des bestiaux et des
chevaux souvent confiés à sa garde ; ils secouraient charitablement les pauvres ".
Jehanne arrive dans un contexte très difficile de l'histoire de France.
Depuis le 7 octobre 1337, date à laquelle le Roy Edouard III
d'Angleterre a revendiqué la couronne de France, la dynastie des Plantagenets
s'oppose à celles des Valois dans une guerre interrompues par quelques trêves.
L'Angleterre a remporté de nombreuses victoires dont Crécy en 1346 où la cavalerie française est
défaite, et Poitiers en 1356 où le Roy de France Jean II le Bon est fait prisonnier.
Les Anglais ont ainsi conquis un grand territoire.
Mais ils sont finalement repoussés par le Roy Charles V et Bertrand du Guesclin à partir de
1370, à ce moment, la couronne d'Angleterre ne possède alors plus que quelques villes en France.
La situation de la France ne s'améliore pas pour autant, car à partir de 1380 Charles VI monte
sur le trône de France, mais il est incapable de gouverner, car il est atteint de folie et
de plus une crise économique majeure touche l'Europe depuis le début du XIVème siècle.
L'Angleterre va se relever la première de cette crise et pour reprendre l'invasion
du royaume de France, elle va profiter de l'affaiblissement de la couronne de France,
dû à la folie de Charles VI et de la guerre civile qui continue entre Bourguignons et Armagnacs.
Ces deux partis s'opposent sur le
modèle économique et religieux à suivre : les Bourguignons suivent le modèle Anglais,
alors que les Armagnacs sont fidèles à la couronne de France.
La haine monte entre les deux partis lorsque Jean
sans Peur, le duc de Bourgogne, fait assassiner le duc d'Orléans en 1407.
Jehanne est encore petite lorsqu'en 1415 on apprend
dans son village qu'une terrible bataille a eu lieue à Azincourt.
Le 25 octobre, les troupes françaises ont subi une terrible défaite en cherchant à
barrer la route à 10 000 Anglais fraichement débarquées et qui ont pris le port d'Harfleur.
Pour échapper à l'armée française, les troupes ennemies ont tenté de
rejoindre Calais demeurée anglaise depuis 1347.
Mais les Français bien que largement supérieur en nombre avec pas moins de 18000 hommes ont
été vaincu, en grande partie à cause des archers Anglais qui avec leurs arcs longs,
ont massacré la chevalerie et la cavalerie lourde ralentie dans un terrain particulièrement boueux.
En 1418, le duc de Bourgogne étend aussi son territoire et prend Paris,
d'où Charles VII doit s'enfuir péniblement.
Le successeur de Charles VI est alors obligé de déplacer sa cour à Bourges.
Et la situation s'aggrave encore, lors d'une réunion diplomatique avec Charles VII,
où le duc de bourgogne Jean sans Peur est à son tour assassiné le 10 septembre 1419,
sur le pont de Montereau, par des hommes de mains des Armagnacs qui
craignent un rapprochement du dauphin, avec les vues politiques bourguignonnes.
Comme le dauphin Charles semble consentir à ce crime dont il est directement témoin,
Phillipe III de Bourgogne, dit "le Bon", l'héritier de Jean,
décide alors de se rallier définitivement aux Anglais.
Le 21 mai 1420, alors que Jehanne a 8 ans,
une terrible nouvelle vient encore s'ajouter au désastre que subie la France et son peuple.
Le royaume se trouve alors en effet profondément scandalisé par le Traité
de Troyes : Charles VI atteint de folie signe en effet un traité qui déshérite
Charles VII son successeur légitime, en faveur du roi d'Angleterre Henry V.
Et par ce traité le roi d'Angleterre veut
ensuite remettre la couronne de France à son fils Henry VI.
Le Traité de Troyes st signé avec le soutien et l'influence de la reine
de France Isabeau de Bavière à qui l'on a attribué les pleins
pouvoir puisque son époux atteint de démence est incapable de gouverner.
Elle s'est aussi rapprochée du duc de Bourgogne.
Philippe de Bourgogne, dont l'intention était de venger l'assassinat de son père, scelle aussi par
ce traité son alliance avec l'Angleterre et les Anglais lui donnent secrètement son indépendance.
Afin de renforcer le traité,
Charles VI donne aussi la main de sa fille Catherine au prétendant Anglais.
Charles VII déshérité, moqué par ses ennemies, on le surnomme : "le petit roi de Bourges ".
Mais d'après la loi salique, puisque Charles VI n'avait pas toute ces facultés intellectuelles,
il ne pouvait pas déshériter son fils sans même avoir consulté les états généraux du royaume.
On trouve aussi que le ralliement du duc de Bourgogne à la couronne
d'Angleterre est proprement scandaleux et humiliant.
On considère que ce traité n'a aucune valeur.
Les signataires du traité mettent alors tout en oeuvre pour le faire légitimer.
Pour les Armagnacs les Français ayant prêté
serment sont considérés comme des traitres et des « Français reniés ».
La situation demeure donc très tendue mais le peuple c'est spirituellement associé aux
souffrances de la vie misérable de Charles VI, que l'on considère avoir été manipulé.
Lorsqu'il décède il est appelé "Charles le bien aimé".
Les Anglais semblent alors dominer
la situation et possèdent presque la moitié du territoire Français.
Le peuple de France c'est alors particulièrement attaché aux principes monarchiques.
Une vague de soutien dans la population française à l'égard
de Charles VII c'est aussi levé ; outré par la trahison du Traité de Troyes et
par les raids incessants des Anglais, des Bourguignons et des bandes armées,
de grandes familles soutiennent le dauphin comme les Orléans et les Anjous-Provence.
Charles VII peut aussi toujours compter sur les fidèles écossais qui
viennent toujours grossir les rangs de son armée.
Mais le peuple est fatigué des injustices commises par les Anglo-Bourguignons et l'amertume monte.
On commence alors d'autant plus à rappeler un dicton populaire qui circule dans le
royaume : "la France désolée par une femme, sera sauvée par une vierge" !
Dans la région de Jehanne,
le Traité de Troyes eu pour effet que les Anglais occupèrent la Champagne.
Le baillage de Chaumont leur fit allégeance et les
Anglo-bourguignons se conduisaient brutalement avec les populations.
Jehanne grandit ainsi dans un pays déchiré par la guerre et les différends politique.
C'est néanmoins dans une atmosphère aimante qu'elle vit et travaille avec sa famille
entre les champs et les activités domestiques de la maison familiale.
Cette maison de pierres à un étage comprend une