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l'histoire de France, La révolution de 1789 – la patrie en danger

La révolution de 1789 – la patrie en danger

C'est à la tribune de la Convention qu'un jeune député a un jour bondi.

Il est taillé en athlète, mais ce qui frappe, c'est son visage d'une laideur écrasante: quand il était petit, un taureau lui a arraché d'un coup de corne la lèvre supérieure; un autre taureau lui a écrasé le nez. La petite vérole est venue ensuite labourer ce visage déjà si éprouvé. Élu député de Paris, ce jeune homme s'appelle Danton.

Il ne prend pas la parole, il la conquiert.

Il gronde, il tonne, il rugit. Tous ceux qui l'ont approché ont été frappés par sa fabuleuse énergie, sa façon de parler âpre et pleine de fougue.

Ce jour-là, ce qu'il réclame de la Convention, pour faire face au danger mortel que court la patrie, ce sont des mesures radicales.

Il hurle:

- De l'audace!

Encore de l'audace! Toujours de l'audace et la France est sauvée!

C'est que les Prussiens, alliés aux Autrichiens, sont entrés eux aussi en France.

Ils ont pris Verdun. La route de Paris est ouverte. À cette nouvelle, d'ailleurs, les Parisiens ont envahi les prisons où sont incarcérés de nombreux prisonniers, soupçonnés d'être des adversaires de la Révolution.

- Les ennemis, s'écrie-t-on, vont les délivrer dès qu'ils seront à Paris!

Alors, pour qu'ils ne soient pas libérés, une foule irresponsable va s'adonner à d'impitoyables massacres.

Aux prisons de l'Abbaye, des Carmes, de la Force, du Châtelet, de la Conciergerie, de Bicêtre, de la Salpêtrière, on tue aveuglément, sans jugement, et n'importe qui. Des femmes aussi bien que des hommes. Des pauvres comme des riches. Des jeunes gens et des vieillards. On assomme, on égorge, on poignarde. Vous devez vous souvenir que de tels excès, même s'ils s'expliquent, ne peuvent être excusés. Tous les hommes, même coupables, ont droit à la justice. Les victimes des massacres de septembre n'ont pas eu droit aux juges qui, à n'en pas douter, auraient découvert beaucoup d'innocents parmi elles.

Danton, en tout cas, a été écouté.

Pour arrêter l'ennemi, la nation tout entière se mobilise. Sur les places publiques, à l'ombre du drapeau tricolore, on ouvre des bureaux de recrutement pour l'armée où des milliers de jeunes gens viennent se faire inscrire. Ce sont les volontaires de 1792.

Assis devant une table bien garnie et entouré d'une cour d'officiers à sa dévotion, un général prussien est secoué par un rire dont il semble qu'il ne s'arrêtera pas.

Il a grande allure, il faut le reconnaître, le duc de Brunswick qui commande l'armée du roi de Prusse. Ce qui le réjouit tant, c'est que l'armée française - on vient de le lui annoncer - marche contre lui.

- L'armée française!

Pauvres Français!

Ils ont déjà été battus à plate couture par les Autrichiens. Pour Brunswick, il ne s'agit que d'une armée de savetiers et de loqueteux.

Il est vrai qu'en ce qui concerne l'habillement, il voit juste : ce n'est pas par leur tenue que brillent les Français.

Brunswick se taille auprès des officiers un dernier succès en jurant que la nouvelle devise des Français est vaincre ou courir!

Vraiment?

Le 20 septembre 1792, Brunswick va se voir administrer la preuve du contraire. C'est à Valmy, auprès d'une colline que domine un moulin à vent, qu'il va rencontrer ces « pauvres Français ».

L'artillerie des Prussiens ouvre le feu mais - ô surprise !

- les canons des « loqueteux» leur répondent. Et ils se révèlent supérieurs à l'artillerie prussienne. Le général français Kellermann ôte son chapeau surmonté d'un panache bleu, blanc, rouge. Il le pique au bout de son épée et le brandit. Il s'élance en avant de ses troupes en hurlant :

- Vive la nation!

Les Prussiens refluent en désordre.

Brunswick, qui ne rit plus, reconnaît sa défaite.

Il ordonne le soir même la retraite.

Un grand écrivain allemand, Goethe, qui avait suivi les troupes de Brunswick un peu comme le ferait aujourd'hui un correspondant de guerre, va écrire: De ce lieu et de ce jour date une nouvelle époque de l'histoire du monde.

Il a voulu dire par là que, pour la première fois, l'armée d'un peuple avait vaincu l'armée d'un roi.

La neige tombe dru sur Paris.

Le jour n'est pas encore levé et déjà une longue file d'attente s'allonge aux portes de la boucherie.

Ces gens vont rester là, tremblant de froid, pendant des heures.

Lorsque leur tour viendra d'entrer dans la boutique, le boucher ne leur vendra, lorsqu'ils lui auront remis un « bon» délivré par la municipalité, qu'une toute petite part de viande.

Après quoi, ces mêmes gens iront faire une autre queue, aussi longue, aussi pénible, à la porte d'une boulangerie.

Un autre « bon» et ils emporteront un bien léger morceau de pain.

C'est un fait, les Français ont faim.

Les prix montent. Ceux qui possèdent du blé aiment mieux le cacher que le vendre. Les paysans refusent la nouvelle monnaie, les assignats qui perdent chaque mois de leur valeur. Pourquoi? Parce que la France est en guerre. Après des victoires qui ont permis à nos armées d'occuper la Belgique, d'entrer à Nice et en Savoie et d'envisager, avec Danton, que la France occupe bientôt ses « frontières naturelles» sur les Alpes et le Rhin, la chance a tourné. La mort de Louis XVI a exaspéré les rois contre la France révolutionnaire. L'Angleterre, les États allemands et italiens, l'Espagne, le Portugal, la Hollande ont pris les armes contre nous: presque toute l'Europe!

Comment un seul pays, la France, va-t-il pouvoir faire face à tant d'ennemis à la fois ?

Au cri de La liberté ou la mort, la France entière se mobilise. Ce qui se produit, c'est peut-être l'effort le plus gigantesque de toute notre Histoire. Sans cesse il faut trouver de nouveaux soldats. Au mois de février 1793, on mobilise 300000 hommes. Au mois d'août on procède à la levée en masse, appelant tous les Français en âge de se battre à sauver la patrie.

En Vendée et en Bretagne éclate en même temps une formidable révolte contre le gouvernement de la République.

Les paysans refusent d'aller se battre aux frontières. Ils mettent des nobles comme Charette à leur tête et forment une armée rebelle.

La Convention doit donc se battre à la fois contre les étrangers qui nous attaquent de toutes parts et contre ceux que l'on appelle les Vendéens au sud de la Loire, les Chouans au nord de la Loire ou, d'une façon générale, les Blancs.

Contre ceux-ci la Convention va devoir envoyer des armées - les Bleus - qui vont manquer cruellement aux frontières.

Vendéens et Chouans vont affronter les Bleus en des combats sans merci.

Les Bleus vont parfois se livrer à des massacres inexcusables - les colonnes infernales - cependant que leurs adversaires procéderont à des vengeances impitoyables. Souvenez-vous qu'une guerre civile est la pire de toutes. On dit à juste titre qu'elle est fratricide parce qu'elle se livre entre ces frères que sont les citoyens d'un même pays.

Désormais, ce qui prime, c'est la guerre.

On arrache les grilles des monuments et on s'empare des cloches des églises pour les fondre et en faire des canons. On enlève aux particuliers leurs chevaux, leurs manteaux - et même leurs chaussures - pour équiper la troupe. Les moyens de transport sont réquisitionnés pour les besoins des armées. C'est pour cela que les denrées ne circulent plus, que le pain et la viande sont si rares.

Ce qui sévit, c'est le marché noir: les bouchers vendent officiellement les maigres parts prévues par la loi et cèdent en secret à un prix énorme les meilleurs morceaux à ceux qui peuvent les payer.

Dans les rangs du peuple, contre les fraudeurs, la colère monte.

Partout on exige contre eux des mesures extrêmes. Le journaliste Hébert, qui édite le Père Duchesne, tonne contre « les voleurs »,

Quand on apprend que les défenses françaises sont presque partout enfoncées, que Valenciennes est prise, que Toulon est livrée aux Anglais, la colère du peuple grandit encore.

Elle devient de l'exaspération. On accuse les royalistes de faire le jeu de nos ennemis. On réclame « des têtes », c'est-à-dire la mort pour les traîtres.

La Convention va répondre par quelque chose de terrible: la Terreur.

La révolution de 1789 – la patrie en danger Die Revolution von 1789 – die Heimat in Gefahr The revolution of 1789 - the fatherland in danger La revolución de 1789: la patria en peligro La rivoluzione del 1789: la patria in pericolo De revolutie van 1789 - het vaderland in gevaar A revolução de 1789 - a pátria em perigo Революция 1789 года - отечество в опасности 1789 Devrimi - Anavatan Tehlikede 1789 年的革命——祖国处于危险之中

C'est à la tribune de la Convention qu'un jeune député a un jour bondi. Von der Tribüne des Konvents sprang eines Tages ein junger Abgeordneter auf. It is at the platform of the Convention that a young MP has one day jumped. É na plataforma da Convenção que um jovem deputado tem um dia saltou. Именно на полу Конвента молодой член парламента однажды вскочил на ноги.

Il est taillé en athlète, mais ce qui frappe, c'est son visage d'une laideur écrasante: quand il était petit, un taureau lui a arraché d'un coup de corne la lèvre supérieure; un autre taureau lui a écrasé le nez. Er ist geschnitten wie ein Athlet, aber was auffällt, ist sein überwiegend hässliches Gesicht: Als er klein war, riss sich ein Stier mit einem Horn die Oberlippe ab; Ein anderer Bulle drückte sich die Nase. He is an athlete, but what strikes him is his face of overwhelming ugliness: when he was little, a bull tore off his upper lip with a blow of the horn; another bull crushed his nose. La petite vérole est venue ensuite labourer ce visage déjà si éprouvé. Die Pocken kamen dann, um dieses bereits so erprobte Gesicht zu pflügen. The smallpox came then to plow this face already so tried. Затем оспа нанесла свой удар по этому и без того болезненному лицу. Élu député de Paris, ce jeune homme s'appelle Danton. Elected MP for Paris, this young man is called Danton.

Il ne prend pas la parole, il la conquiert. He does not speak, he conquers it. Он не берет пол, а завоевывает его.

Il gronde, il tonne, il rugit. He roars, he thunders, he roars. Ele ruge, ele troveja, ele ruge. Tous ceux qui l'ont approché ont été frappés par sa fabuleuse énergie, sa façon de parler âpre et pleine de fougue. All who approached him were struck by his fabulous energy, his fierce and fiery manner of speaking.

Ce jour-là, ce qu'il réclame de la Convention, pour faire face au danger mortel que court la patrie, ce sont des mesures radicales. That day, what he claims of the Convention, to face the mortal danger that the country runs, are radical measures.

Il hurle: He yells:

- De l'audace! - Audacity! - Дерзко!

Encore de l'audace! Still daring! Toujours de l'audace et la France est sauvée! Always daring and France is saved!

C'est que les Prussiens, alliés aux Autrichiens, sont entrés eux aussi en France. Dies liegt daran, dass die mit den Österreichern verbündeten Preußen auch nach Frankreich eingereist sind. This is because the Prussians, allied with the Austrians, also entered France.

Ils ont pris Verdun. They took Verdun. La route de Paris est ouverte. The road to Paris is open. À cette nouvelle, d'ailleurs, les Parisiens ont envahi les prisons où sont incarcérés de nombreux prisonniers, soupçonnés d'être des adversaires de la Révolution. Bei dieser Nachricht fielen die Pariser außerdem in die Gefängnisse ein, in denen viele Gefangene inhaftiert sind, die verdächtigt werden, Gegner der Revolution zu sein. At this news, moreover, the Parisians invaded the prisons where are imprisoned many prisoners, suspected of being adversaries of the Revolution.

- Les ennemis, s'écrie-t-on, vont les délivrer dès qu'ils seront à Paris! "The enemies," they exclaim, "will deliver them as soon as they are in Paris!

Alors, pour qu'ils ne soient pas libérés, une foule irresponsable va s'adonner à d'impitoyables massacres. So, for them not to be released, an irresponsible crowd will indulge in ruthless massacres. Чтобы предотвратить их освобождение, безответственная толпа отправилась на безжалостное убийство.

Aux prisons de l'Abbaye, des Carmes, de la Force, du Châtelet, de la Conciergerie, de Bicêtre, de la Salpêtrière, on tue aveuglément, sans jugement, et n'importe qui. In the prisons of the Abbey, the Carmelites, the Force, the Chatelet, the Conciergerie, Bicetre, the Salpetriere, one kills blindly, without judgment, and anybody. Des femmes aussi bien que des hommes. Women as well as men. Des pauvres comme des riches. Poor and rich alike. Des jeunes gens et des vieillards. Young men and old people. On assomme, on égorge, on poignarde. Wir schlagen aus, wir schneiden uns die Kehle durch, wir stechen. We knead, we slaughter, we stab. Они вырубают людей, перерезают горло и режут ножом. Vous devez vous souvenir que de tels excès, même s'ils s'expliquent, ne peuvent être excusés. Sie müssen sich daran erinnern, dass solche Exzesse, auch wenn sie erklärt werden, nicht entschuldigt werden können. You must remember that such excesses, even if they are explained, can not be excused. Você deve lembrar que tais excessos, mesmo se explicados, não podem ser desculpados. Вы должны помнить, что подобные эксцессы, даже если их можно объяснить, не могут быть оправданы. Tous les hommes, même coupables, ont droit à la justice. All men, even guilty, have the right to justice. Les victimes des massacres de septembre n'ont pas eu droit aux juges qui, à n'en pas douter, auraient découvert beaucoup d'innocents parmi elles. The victims of the September massacres did not have the right to judges who, no doubt, would have discovered many innocent people among them. Жертвы сентябрьской резни не имели права на судей, которые, без сомнения, нашли бы среди них много невинных людей.

Danton, en tout cas, a été écouté. Danton, in any case, was listened to. К Дантону, как бы то ни было, прислушались.

Pour arrêter l'ennemi, la nation tout entière se mobilise. To stop the enemy, the whole nation is mobilized. Sur les places publiques, à l'ombre du drapeau tricolore, on ouvre des bureaux de recrutement pour l'armée où des milliers de jeunes gens viennent se faire inscrire. In the public squares, under the shadow of the tricolor flag, recruiting offices are opened for the army, where thousands of young people come to register. Ce sont les volontaires de 1792. These are the volunteers of 1792.

Assis devant une table bien garnie et entouré d'une cour d'officiers à sa dévotion, un général prussien est secoué par un rire dont il semble qu'il ne s'arrêtera pas. Ein preußischer General sitzt vor einem gut bestückten Tisch und ist von einem Gericht frommer Offiziere umgeben. Er wird von einem Lachen erschüttert, das anscheinend nicht aufhören wird. Seated before a well-furnished table and surrounded by a court of officers to his devotion, a Prussian general is shaken by a laugh which it seems he will not stop.

Il a grande allure, il faut le reconnaître, le duc de Brunswick qui commande l'armée du roi de Prusse. Es muss zugegeben werden, dass er großartig aussieht, der Herzog von Braunschweig, der die Armee des Königs von Preußen befehligt. He has a great bearing, it must be admitted, the Duke of Brunswick, who commands the army of the King of Prussia. Ce qui le réjouit tant, c'est que l'armée française - on vient de le lui annoncer - marche contre lui. What pleases him so much is that the French army, as has just been announced to him, is marching against him.

- L'armée française! - The French army!

Pauvres Français! Poor French people!

Ils ont déjà été battus à plate couture par les Autrichiens. Sie wurden bereits von den Österreichern gründlich geschlagen. They have already been beaten by the Austrians. Pour Brunswick, il ne s'agit que d'une armée de savetiers et de loqueteux. For Brunswick, it is only an army of cobbler and ragged.

Il est vrai qu'en ce qui concerne l'habillement, il voit juste : ce n'est pas par leur tenue que brillent les Français. Es ist wahr, dass er in Bezug auf Kleidung richtig sieht: Nicht durch ihre Kleidung glänzen die Franzosen. It is true that with regard to clothing, he sees just: it is not by their dress that the French shine.

Brunswick se taille auprès des officiers un dernier succès en jurant que la nouvelle devise des Français est vaincre ou courir! Braunschweig erzielt einen letzten Erfolg unter den Offizieren, indem es schwört, dass das neue Motto der Franzosen lautet, zu gewinnen oder zu rennen! Brunswick is one of the last success of the officers, swearing that the new motto of the French is to conquer or run!

Vraiment? Really?

Le 20 septembre 1792, Brunswick va se voir administrer la preuve du contraire. On September 20, 1792, Brunswick will be given evidence to the contrary. C'est à Valmy, auprès d'une colline que domine un moulin à vent, qu'il va rencontrer ces « pauvres Français ». It is in Valmy, near a hill dominated by a windmill, that he will meet these "poor French".

L'artillerie des Prussiens ouvre le feu mais - ô surprise ! The artillery of the Prussians opens fire but - oh surprise!

- les canons des « loqueteux» leur répondent. - the guns of the "ragged" answer them. Et ils se révèlent supérieurs à l'artillerie prussienne. And they are superior to the Prussian artillery. Le général français Kellermann ôte son chapeau surmonté d'un panache bleu, blanc, rouge. Der französische General Kellermann nimmt seinen Hut mit einer blauen, weißen und roten Feder ab. The French general Kellermann takes off his hat surmounted by a blue, white, red plume. Il le pique au bout de son épée et le brandit. Er sticht es am Ende seines Schwertes und schwenkt es. He stings at the end of his sword and brandishes it. Ele pica no final de sua espada e brande. Il s'élance en avant de ses troupes en hurlant : Er eilt seinen Truppen voraus und schreit: He rushes ahead of his troops, screaming:

- Vive la nation! - Long live the nation!

Les Prussiens refluent en désordre. Die Preußen zogen sich in Unordnung zurück. The Prussians return in disorder. Os prussianos retornam em desordem.

Brunswick, qui ne rit plus, reconnaît sa défaite. Brunswick, who no longer laughs, acknowledges his defeat.

Il ordonne le soir même la retraite. He orders the same evening the retreat.

Un grand écrivain allemand, Goethe, qui avait suivi les troupes de Brunswick un peu comme le ferait aujourd'hui un correspondant de guerre, va écrire: De ce lieu et de ce jour date une nouvelle époque de l'histoire du monde. Ein großer deutscher Schriftsteller, Goethe, der Brunswicks Truppen so gefolgt war, wie es ein Kriegskorrespondent heute tun würde, wird schreiben: Von diesem Ort und diesem Tag an datiert eine neue Epoche in der Geschichte der Welt. A great German writer, Goethe, who had followed Brunswick's troops a little like a war correspondent today, is going to write: From this place and from this day there is a new epoch of the history of the world. Великий немецкий писатель Гете, следивший за войсками Брунсвика примерно так же, как сегодня военный корреспондент, должен был написать: С этого места и этого дня начинается новая эпоха в истории мира.

Il a voulu dire par là que, pour la première fois, l'armée d'un peuple avait vaincu l'armée d'un roi. By this he meant that for the first time the army of a people had conquered the army of a king.

La neige tombe dru sur Paris. The snow falls hard on Paris.

Le jour n'est pas encore levé et déjà une longue file d'attente s'allonge aux portes de la boucherie. Der Tag ist noch nicht angebrochen und schon steht eine lange Schlange vor den Türen der Metzgerei. The day is not yet up and already a long queue is lying at the doors of the butcher's shop. Еще не рассвело, а к дверям мясной лавки уже выстроилась длинная очередь.

Ces gens vont rester là, tremblant de froid, pendant des heures. These people will stay there, shaking with cold, for hours.

Lorsque leur tour viendra d'entrer dans la boutique, le boucher ne leur vendra, lorsqu'ils lui auront remis un « bon» délivré par la municipalité, qu'une toute petite part de viande. Wenn sie an der Reihe sind, den Laden zu betreten, verkauft der Metzger sie nur, wenn sie ihm einen von der Gemeinde ausgestellten "Gutschein" gegeben haben, eine sehr kleine Portion Fleisch. When their turn comes to enter the shop, the butcher will sell them, when they have given him a "voucher" issued by the municipality, a very small share of meat. Quando chega a vez de entrar na loja, o açougueiro vai vendê-los, quando eles lhe derem um "vale" emitido pelo município, uma parcela muito pequena de carne. Когда приходит их очередь зайти в магазин, мясник продаст им крошечную порцию мяса, только после того как они дадут ему "ваучер", выданный местным советом. När det är deras tur att komma in i butiken säljer slaktaren bara en liten bit kött till dem om de har gett honom en "kupong" som utfärdats av kommunfullmäktige.

Après quoi, ces mêmes gens iront faire une autre queue, aussi longue, aussi pénible, à la porte d'une boulangerie. After that, these same people will go to make another tail, as long, as painful, at the door of a bakery.

Un autre « bon» et ils emporteront un bien léger morceau de pain. Noch ein "gut" und sie werden ein sehr leichtes Stück Brot nehmen. Another "good" and they will carry a good little piece of bread. Еще один "бон", и они заберут домой очень маленький кусочек хлеба. Ett "bon" till och de får med sig en mycket liten bit bröd hem.

C'est un fait, les Français ont faim. It's a fact, the French are hungry.

Les prix montent. Prices go up. Os preços sobem. Ceux qui possèdent du blé aiment mieux le cacher que le vendre. Those who own wheat prefer to hide it rather than sell it. Les paysans refusent la nouvelle monnaie, les assignats qui perdent chaque mois de leur valeur. The peasants refuse the new money, the assignats which lose each month of their value. Os camponeses recusam o dinheiro novo, os assignats que perdem cada mês do seu valor. Pourquoi? Parce que la France est en guerre. Because France is at war. Après des victoires qui ont permis à nos armées d'occuper la Belgique, d'entrer à Nice et en Savoie et d'envisager, avec Danton, que la France occupe bientôt ses « frontières naturelles» sur les Alpes et le Rhin, la chance a tourné. After victories that allowed our armies to occupy Belgium, to enter Nice and Savoy and to consider, with Danton, that France soon occupies its "natural borders" on the Alps and the Rhine, the chance has turned. La mort de Louis XVI a exaspéré les rois contre la France révolutionnaire. The death of Louis XVI exasperated kings against revolutionary France. L'Angleterre, les États allemands et italiens, l'Espagne, le Portugal, la Hollande ont pris les armes contre nous: presque toute l'Europe! England, the German and Italian states, Spain, Portugal, Holland have taken up arms against us: almost all Europe!

Comment un seul pays, la France, va-t-il pouvoir faire face à tant d'ennemis à la fois ? How will a single country, France, be able to face so many enemies at once? Hur kan ett land, Frankrike, hantera så många fiender på en gång?

Au cri de La liberté ou la mort, la France entière se mobilise. At the cry of Liberty or Death, the whole of France is mobilized. Ce qui se produit, c'est peut-être l'effort le plus gigantesque de toute notre Histoire. What is happening is perhaps the most gigantic effort in our history. Sans cesse il faut trouver de nouveaux soldats. Wir müssen ständig neue Soldaten finden. We must constantly find new soldiers. Au mois de février 1793, on mobilise 300000 hommes. In February 1793, 300,000 men were mobilized. Au mois d'août on procède à la levée en masse, appelant tous les Français en âge de se battre à sauver la patrie. In the month of August the mass levy is called, calling on all Frenchmen of age to fight to save their country. В августе был проведен массовый призыв, призвавший всех французов боевого возраста спасти свою страну.

En Vendée et en Bretagne éclate en même temps une formidable révolte contre le gouvernement de la République. In Vendée and Brittany, at the same time, there is a tremendous revolt against the government of the Republic.

Les paysans refusent d'aller se battre aux frontières. The peasants refuse to fight at the borders. Ils mettent des nobles comme Charette à leur tête et forment une armée rebelle. Sie setzen Adlige wie Charette an ihre Spitze und bilden eine Rebellenarmee. They put nobles like Charette at their head and form a rebel army.

La Convention doit donc se battre à la fois contre les étrangers qui nous attaquent de toutes parts et contre ceux que l'on appelle les Vendéens au sud de la Loire, les Chouans au nord de la Loire ou, d'une façon générale, les Blancs. Der Konvent muss daher sowohl gegen Ausländer kämpfen, die uns von allen Seiten angreifen, als auch gegen diejenigen, die wir die Vendeaner südlich der Loire, die Chouans nördlich der Loire oder allgemein die Weißen nennen. The Convention must therefore fight both against foreigners who attack us from all sides and against those we call the Vendeans south of the Loire, the Chouans north of the Loire or, in general, the Whites.

Contre ceux-ci la Convention va devoir envoyer des armées - les Bleus - qui vont manquer cruellement aux frontières. Against them, the Convention will have to send armies - the Blues - who will cruelly miss the frontiers.

Vendéens et Chouans vont affronter les Bleus en des combats sans merci. Vendéens and Chouans will face the Blues in fighting without mercy.

Les Bleus vont parfois se livrer à des massacres inexcusables - les colonnes infernales - cependant que leurs adversaires procéderont à des vengeances impitoyables. The Blues will sometimes engage in inexcusable massacres - the infernal columns - while their opponents will carry out ruthless revenge. Иногда блеяне устраивали непростительные бойни - адские колонны, - а их противники безжалостно мстили. Souvenez-vous qu'une guerre civile est la pire de toutes. Denken Sie daran, dass ein Bürgerkrieg der schlimmste von allen ist. Remember that a civil war is the worst of all. On dit à juste titre qu'elle est fratricide parce qu'elle se livre entre ces frères que sont les citoyens d'un même pays. Es wird zu Recht gesagt, dass es brüderlich ist, weil es zwischen diesen Brüdern, die die Bürger desselben Landes sind, ausgeliefert wird. It is rightly said to be fratricidal because it is between those brothers who are the citizens of the same country.

Désormais, ce qui prime, c'est la guerre. From now on, what matters is the war.

On arrache les grilles des monuments et on s'empare des cloches des églises pour les fondre et en faire des canons. The gates of the monuments are torn off and the bells of the churches are taken to melt them and make them canons. On enlève aux particuliers leurs chevaux, leurs manteaux - et même leurs chaussures - pour équiper la troupe. Individuals are deprived of their horses, their coats - and even their shoes - to equip the troop. Les moyens de transport sont réquisitionnés pour les besoins des armées. The means of transport are requisitioned for the needs of the armies. C'est pour cela que les denrées ne circulent plus, que le pain et la viande sont si rares. This is why food is no longer circulating, and bread and meat are so scarce.

Ce qui sévit, c'est le marché noir: les bouchers vendent officiellement les maigres parts prévues par la loi et cèdent en secret à un prix énorme les meilleurs morceaux à ceux qui peuvent les payer. What is rampant is the black market: butchers officially sell the meager parts of the law and secretly sell the best pieces to those who can afford them. O que é desenfreado é o mercado negro: os açougueiros vendem oficialmente as partes magras da lei e secretamente vendem as melhores peças àqueles que podem pagar por elas. Широко распространен черный рынок: мясники официально продают скудные порции, предусмотренные законом, и тайно продают лучшие куски по огромным ценам тем, кто может себе это позволить.

Dans les rangs du peuple, contre les fraudeurs, la colère monte. In the ranks of the people, against the fraudsters, anger rises.

Partout on exige contre eux des mesures extrêmes. Everywhere one demands extreme measures against them. Le journaliste Hébert, qui édite le Père Duchesne, tonne contre « les voleurs », Journalist Hébert, who publishes Father Duchesne, thunders against "thieves",

Quand on apprend que les défenses françaises sont presque partout enfoncées, que Valenciennes est prise, que Toulon est livrée aux Anglais, la colère du peuple grandit encore. Wenn wir erfahren, dass die französische Verteidigung fast überall gebrochen ist, dass Valenciennes genommen wird, dass Toulon an die Engländer geliefert wird, wächst der Zorn des Volkes immer noch. When we learn that the French defenses are almost everywhere sunken, that Valenciennes is taken, that Toulon is delivered to the English, the anger of the people is still growing.

Elle devient de l'exaspération. Es wird Ärger. She becomes exasperated. On accuse les royalistes de faire le jeu de nos ennemis. The royalists are accused of playing the game of our enemies. On réclame « des têtes », c'est-à-dire la mort pour les traîtres. They claim "heads", that is death for traitors.

La Convention va répondre par quelque chose de terrible: la Terreur. The Convention will respond with something terrible: the Terror.