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Little women ''Les quatre filles du docteur Marsch'', Double choc VIII

Double choc VIII

Le lendemain, Amy, qui avait cru pouvoir être très blessée de ce que ses ouvertures avaient été repoussées, commença à regretter de s'être humiliée, et, se trouvant à son tour l'offensée, elle se mit à se glorifier de sa vertu d'une manière particulièrement exaspérante. Jo était d'une humeur peu agréable, et rien n'allait bien ce jour- là : il faisait très froid ; le précieux petit pâté chaud tomba dans la boue ; tante Marsch était encore plus grondeuse que d'habitude, et, lorsque Jo revint à la maison, elle trouva Meg toute pensive, Beth tout attristée, et Amy qui faisait beaucoup de remarques sur les personnes qui parlaient toujours d'être sages, et cependant ne voulaient pas essayer, lorsque d'autres leur donnaient l'exemple de la vertu. C'était absurde...

« Que tout le monde est donc détestable ! s'écria Jo. Je vais aller demander à Laurie de venir patiner avec moi ; il est toujours convenable et gai, il me remettra peut-être dans mon assiette habituelle. »

Et elle sortit de la chambre.

Amy, entendant le bruit des patins, regarda dans la rue en poussant une exclamation d'impatience.

« Là ! elle m'avait promis de m'emmener, la première fois qu'elle irait patiner ; l'hiver va bientôt finir, et c'est aujourd'hui la dernière fois qu'on pourra se fier à la glace, puisqu'il commence à dégeler ; mais il est inutile de demander à une personne de si méchante humeur de m'emmener avec elle !

– Ne dites pas cela, Amy, lui répondit Meg. Vous avez été très méchante pour Jo. Comprenez donc à la fin qu'il lui est difficile de vous pardonner la perte de son précieux petit livre, et que ses regrets peuvent être sans fin, puisque rien ne pourra lui remplacer ce que votre vilaine action lui a fait perdre. Cependant je suppose qu'elle le pourrait aujourd'hui mieux qu'hier, si, vous rendant compte de votre fâcheuse situation vis-à-vis d'elle, qui est peut-être la meilleure de nous toutes, vous saviez choisir un moment convenable pour lui demander pardon, non du bout des lèvres, mais du fond du coeur. Courez après elle, mais ne lui dites rien jusqu'à ce qu'elle se soit calmée avec Laurie, et alors embrassez-la tendrement, qu'elle vous sente repentante et chagrine, et je suis sûre que, si vous choisissez un bon moment, elle vous pardonnera de tout son coeur. »

Amy, qui sentait bien que ce conseil était bon, se dépêcha de s'apprêter, et courut après les deux amis, qui étaient prêts à patiner lorsqu'elle les rejoignit. Jo lui tourna le dos dès qu'elle la vit venir ; mais Laurie, très occupé à sonder la glace, laquelle ne paraissait pas très solide, ne la vit pas arriver.

Amy entendit qu'il disait en s'éloignant :

« Avant que nous commencions, je vais aller jusqu'au tournant, afin d'être bien sûr que la glace est solide. »

Elle le regarda s'en aller, en pensant qu'il avait l'air d'un jeune Russe avec son chapeau et son manteau garnis de fourrures.

Jo entendit bien Amy arriver tout essoufflée de sa course, et souffler dans ses mains, afin de se réchauffer, en essayant de mettre ses patins ; mais elle ne se retourna pas une seule fois. Elle se mit à marcher en zigzag le long de la rivière, trouvant une espèce de satisfaction amère et malheureuse dans sa brouille avec sa soeur.

Lorsque Laurie fut arrivé au tournant, il lui cria :

« Restez près du bord ; la glace n'est pas sûre au milieu. »

Jo l'entendit très bien ; mais Amy, qui était très occupée à mettre ses patins, ne saisit pas une seule de ses paroles. Jo regarda par-dessus son épaule, et le petit démon de la rancune qu'elle abritait dans son coeur lui dit à l'oreille : « Elle m'a ôté le droit de prendre soin d'elle ! »

Laurie avait disparu derrière le tournant ; Jo y arrivait alors, et Amy, loin derrière elle, s'avançait sur la glace plus faible du milieu de la rivière. Pendant une minute, Jo, inquiète sans vouloir le paraître, resta immobile ; elle hésita un instant, puis, son bon coeur l'emportant, elle se retourna vivement pour avertir enfin Amy du danger qu'elle courait. Il était trop tard ! Amy, les bras encore en l'air, venait de disparaître dans l'eau en jetant un cri qui pétrifia Jo de terreur. Elle essaya d'appeler Laurie, mais elle n'avait plus de voix ; elle essaya de courir au secours de sa soeur, mais ses jambes ne lui obéissaient pas ; et, pendant une seconde, elle ne put que regarder, avec une figure bouleversée, le petit capuchon bleu qui seul paraissait encore au-dessus de l'eau. Quelqu'un passa alors comme une flèche à côté d'elle, lui criant :

« Apportez vite, vite une planche ; arrachez-en une de la barrière. »

Jo ne sut jamais comment elle s'y était prise ; mais, obéissant aveuglément à Laurie, qui avait conservé tout son sang-froid, elle travailla avec une force incroyable, arracha une planche en un clin d'oeil et la porta à Laurie, qui, couché à plat ventre sur la glace, parvint d'abord à attraper Amy par le bras ; puis, avec l'aide de Jo et de la planche jetée en travers du trou, à la retirer de l'eau.

L'enfant avait eu plus de peur que de mal.

« Enveloppons-la dans nos vêtements, dit Jo, redevenue elle-même ; débarrassons-nous de ces maudits patins, et portons-la à la maison. »

Elle s'était emparée d'Amy évanouie, et, tout en courant, couvrait de baisers son pauvre petit visage, plus blanc que le marbre.

Laurie avait peine à la suivre ; Amy s'était ranimée sous les caresses, sur le coeur de sa soeur. Quand, arrivée à la maison, sa mère et Jo l'eurent roulée dans des couvertures devant un bon feu, elle fondit en larmes et s'endormit presque subitement, à la grande terreur de Jo. Jo n'avait pas dit un mot pendant tout ce bouleversement ; ses vêtements étaient à moitié défaits, sa robe déchirée, et ses mains coupées et meurtries par la glace et les clous de la planche. Mais elle ne s'en apercevait pas. Lorsque Amy, bien endormie, mais d'un sommeil réparateur, eut été déposée dans son lit et que la maison fut tranquille, M me Marsch, assise à côté du lit, s'occupa de Jo, et, l'attirant vers elle, se mit à bander ses mains abîmées.

« Êtes-vous sûre, mère, bien sûre qu'elle est saine et sauve ? murmura Jo en regardant avec remords la tête blonde qui aurait pu disparaître pour toujours au milieu de la perfide glace.

– Tout à fait, mon enfant, répondit sa mère ; elle n'est pas blessée et n'aura même pas un rhume, tant vous l'avez bien couverte et vite ramenée ici.

– C'est Laurie qui a tout fait ! Moi, j'ai seulement su la laisser aller là où elle pouvait mourir. Oh ! mère, si elle était morte, le savez- vous, ce serait ma faute ! »

Et Jo, se laissant tomber près de sa mère, lui confessa avec un déluge de larmes tout ce qui était arrivé, condamnant amèrement sa dureté de coeur et remerciant Dieu de lui avoir épargné un éternel remords.

« Cela, dit-elle, était dû à mon abominable caractère ! J'essaie de le corriger, mais, quand je pense que j'y suis arrivée, il reparaît pire que jamais ! Ô mère, que dois-je faire ? s'écria la pauvre Jo toute désespérée.

– Veiller sur vous-même et prier, ma chérie ; n'être jamais fatiguée de faire des efforts, et ne jamais penser qu'il vous est impossible de vaincre votre grand défaut, répondit M me Marsch eu attirant la tête de Jo sur son épaule, et en embrassant si tendrement sa joue humide de larmes que Jo pleura plus fort que jamais.

– Vous ne savez pas, vous ne pouvez pas deviner combien je suis méchante ! Je crois que je pourrais tout faire quand je suis en colère ; je deviens si sauvage ! J'ai peur de commettre un jour quelque action horrible, de gâter ma vie et de me faire haïr de tout le monde. Ô mère, aidez- moi ! aidez-moi !

– Oui, mon enfant, oui ! Je vous aiderai, mais ne pleurez pas si amèrement ; souvenez-vous

toujours de ce qui vous est arrivé aujourd'hui, et prenez de tout votre coeur la résolution de ne jamais revoir un jour pareil. Nous avons, tous et toutes, nos tentations, Jo, ma chérie ; il y en a de bien plus grandes que les vôtres, et souvent il faut toute une vie pour les vaincre. Vous pensez que vous avez le plus mauvais caractère du monde, mais le mien était autrefois tout pareil au vôtre.

– Le vôtre, mère ! Comment ! Mais vous n'êtes jamais en colère ! »

Et Jo oublia un moment ses remords dans sa surprise.

« Il y a cependant quarante ans que j'essaie de corriger mon impatience naturelle, ma chérie, et je suis seulement arrivée à la contrôler. Je me mets en colère presque tous les jours, Jo, mais j'ai appris à ne pas le laisser voir et à souffrir seule de mon défaut. »

L'humilité de la personne qu'elle aimait tant était une meilleure leçon pour Jo que les reproches les plus durs. Elle se sentit tout de suite soulagée par la confiance que lui montrait sa mère ; savoir que sa chère maman avait eu le même défaut qu'elle, et qu'elle croyait encore avoir des efforts à faire pour s'en corriger tout à fait, lui rendait le sien plus facile à supporter et augmentait sa résolution de devenir douce comme un agneau.

« Mère, est-ce que peut-être vous êtes en colère quand vous serrez vos lèvres l'une contre l'autre et que vous sortez ainsi sans rien dire de la chambre : par exemple, lorsque tante Marsch n'est pas juste ou qu'on vous a affligée ou fâchée ? demanda Jo, qui se sentait plus rapprochée que jamais de sa mère.

– Oui, mon enfant, je ne suis parvenue encore qu'à réprimer ainsi les paroles vives qui me viennent aux lèvres, et, quand je sens qu'elles veulent sortir contre ma volonté, je m'éloigne un instant et me gronde moi-même d'être toujours si faible et si méchante, répondit M me Marsch avec un soupir et un sourire, en se mettant à peigner les cheveux ébouriffés de Jo.

– Et comment avez-vous appris à ne rien dire ? C'est ce qui me coûte le plus ; les paroles désagréables sortent à flots de ma bouche avant que j'y aie fait attention, et plus j'en dis, plus je suis en colère, jusqu'à ce que ce soit comme un vilain plaisir pour moi de faire de la peine aux autres et de dire des choses terribles. Dites-moi comment vous avez fait, chère petite maman ?

– Ma bonne mère m'aidait.

– Comme vous m'aidez, interrompit Jo avec un baiser de reconnaissance.

– Mais je l'ai perdue lorsque j'étais à peine plus âgée que vous, et, pendant bien des années, il m'a fallu combattre seule, car j'étais trop orgueilleuse pour confesser ma faiblesse à d'autres après ma mère. Cela a été un temps difficile, Jo, et j'ai versé bien des larmes sur mes défauts ; car, malgré mes efforts, il me semblait que je n'avançais pas. C'est alors que j'ai épousé votre père, et j'ai, par lui, été si heureuse, que je trouvai facile de devenir meilleure ; mais, plus tard, lorsque j'ai eu quatre petites filles autour de moi et que nous sommes devenus pauvres, le vieil ennemi s'est réveillé. Je vous l'ai dit, je ne suis pas patiente par nature, et j'étais souvent irritée de voir mes enfants manquer du bien-être dont j'aurais voulu les entourer.

– Pauvre mère ! Qui est-ce qui vous a aidée, alors ?

– La pensée de Dieu, Jo, et aussi l'exemple de votre père, de votre admirable père, chère fille. Que de fois il m'a fait comprendre que je devais essayer de pratiquer toutes les vertus que je voulais voir à mes filles, puisque je devais être, moi aussi, leur exemple vivant ! C'était plus facile d'essayer pour vous que pour moi ; le regard surpris de l'une de vous lorsque je disais une parole un peu vive me corrigeait plus que tous les reproches qu'on aurait pu me faire. Chère Jo, l'amour, le respect et la confiance de mes enfants sont la plus douce récompense que je puisse recevoir de mes efforts pour être la femme que je voudrais leur offrir comme modèle.

– Oh ! mère, s'écria Jo très touchée, que je serais fière si je pouvais jamais devenir la moitié aussi bonne que vous !

– J'espère que vous serez bien meilleure, ma chérie ; mais il faut que vous veilliez constamment sur votre ennemi intérieur, car sans cela vous assombrirez votre vie, si vous ne la gâtez pas complètement. Vous avez eu un avertissement, rappelez-vous-le. Essayez donc de tout votre coeur et de toute votre âme à vous rendre maîtresse de votre caractère, avant qu'il vous ait apporté une plus grande douleur encore et un plus grand regret qu'aujourd'hui.

– J'essaierai, mère ; j'essaierai réellement ; mais il faut que vous m'aidiez et que vous me rappeliez de faire attention à ce que je vais dire. J'ai vu quelquefois papa mettre son doigt sur ses lèvres et vous regarder d'un air très bon, mais très sérieux, et toujours aussitôt vous serriez vos lèvres l'une contre l'autre ou vous vous en alliez. Vous avertissait-il alors ? demanda doucement Jo.

– Oui, je le lui avais demandé, et il ne l'a jamais oublié ; par ce petit geste et ce bon regard, il m'a empêchée de prononcer bien des paroles vives. »

Jo vit les yeux de sa mère se remplir de larmes et ses lèvres trembler en parlant ; et, craignant d'être allée trop loin, elle demanda anxieusement :

« Était-ce mal à moi de vous observer, mère bien-aimée, et est-ce mal encore de vous en parler aujourd'hui ? Mais c'est si bon de vous dire tout ce que je pense et d'être si heureuse auprès de vous !

– Ma chérie, vous pouvez tout dire à votre mère, et mon plus grand bonheur est de sentir que mes enfants ont confiance en moi et savent combien je les aime.

– Je craignais de vous avoir fait de la peine.

– Non, ma chère Jo ; mais, en vous parlant de votre père, j'ai pensé combien il me manquait, combien je lui devais, et combien j'ai à travailler pour lui rendre à son retour ses petites filles aussi bonnes qu'il les désire.

– Cependant vous avez eu le courage de lui dire de partir, mère, et vous n'avez pas pleuré quand il nous a quittées ; vous ne vous plaignez jamais et vous ne paraissez jamais avoir besoin d'aide.

– J'ai donné à ma patrie ce que je lui devais, c'est-à-dire ce que j'avais de meilleur, et j'ai gardé mes larmes pour le moment où il ne serait plus là, Jo. Pourquoi me plaindrais-je quand nous avons fait seulement notre devoir ?

« Grâce à sa profession de médecin, plus heureux que d'autres, votre père n'est, lui, au milieu des combats que pour guérir, que pour secourir. Les blessés des deux camps peuvent compter sur lui. Ah ! c'est un beau rôle que celui du médecin, ma fille, dans des temps comme ceux-ci, plus encore qu'en temps ordinaire, et je me sens forte de tout le bien que fait votre père en notre nom à tous. »

La seule réponse de Jo fut de tenir sa mère plus étroitement serrée, et, dans le silence qui suivit, elle pria du fond du coeur plus sincèrement qu'elle ne l'avait jamais fait. Dans une heure triste et cependant heureuse, elle avait appris non seulement l'amertume du remords et du désespoir, mais encore la douceur de l'abnégation et du renoncement.

Amy remua et soupira dans son sommeil, et Jo, comme si elle voulait réparer sans retard sa faute, la regarda avec une expression que personne n'avait jamais vue sur sa figure.

« J'ai laissé le soleil se coucher sur ma colère, je n'ai pas voulu lui pardonner, et aujourd'hui, sans Laurie, il aurait pu être trop tard. Comment ai-je pu être si méchante ? » dit à demi voix Jo en se penchant vers sa soeur et caressant doucement les cheveux encore un peu humides qui étaient épars sur l'oreiller.

Amy ouvrit les yeux comme si elle eût entendu ces bonnes paroles, et tendit les bras à sa soeur avec un sourire qui alla droit au coeur de Jo. Aucune d'elles ne parla, mais tout fut pardonné et oublié dans un baiser plein d'affection.

Double choc VIII Double shock VIII Doppio shock VIII 더블 쇼크 VIII Çifte şok VIII

Le lendemain, Amy, qui avait cru pouvoir être très blessée de ce que ses ouvertures avaient été repoussées, commença à regretter de s'être humiliée, et, se trouvant à son tour l'offensée, elle se mit à se glorifier de sa vertu d'une manière particulièrement exaspérante. The next day, Amy, who had thought she could be very hurt that her overtures had been rejected, began to regret having humiliated herself, and, finding herself the offended one, she began to glory in her virtue in a particularly exasperating manner. Al día siguiente, Amy, que había pensado que le dolería mucho que sus insinuaciones hubieran sido desairadas, empezó a arrepentirse de haberse humillado y, encontrándose la parte ofendida, empezó a gloriarse de su virtud de un modo particularmente exasperante. Jo était d'une humeur peu agréable, et rien n'allait bien ce jour- là : il faisait très froid ; le précieux petit pâté chaud tomba dans la boue ; tante Marsch était encore plus grondeuse que d'habitude, et, lorsque Jo revint à la maison, elle trouva Meg toute pensive, Beth tout attristée, et Amy qui faisait beaucoup de remarques sur les personnes qui parlaient toujours d'être sages, et cependant ne voulaient pas essayer, lorsque d'autres leur donnaient l'exemple de la vertu. Jo was not in a very pleasant mood, and nothing was going well that day: it was very cold; the precious little hot pie fell into the mud; Aunt Marsch was even more scolding than usual, and when Jo came home she found Meg all pensive, Beth all saddened, and Amy making a lot of remarks about people who were always talking about being good, and yet would not try, when others gave them the example of virtue. Jo no estaba de muy buen humor, y nada salió bien aquel día: hizo mucho frío; el precioso pastelito caliente se cayó al barro; la tía Marsch estuvo aún más regañona que de costumbre, y cuando Jo llegó a casa encontró a Meg pensativa, a Beth entristecida y a Amy haciendo un montón de comentarios sobre la gente que siempre hablaba de ser sabia y, sin embargo, no lo intentaba, cuando los demás les daban ejemplo de virtud. C'était absurde...

« Que tout le monde est donc détestable ! "¡Qué odiosos son todos! s'écria Jo. Je vais aller demander à Laurie de venir patiner avec moi ; il est toujours convenable et gai, il me remettra peut-être dans mon assiette habituelle. Voy a pedirle a Laurie que venga a patinar conmigo; siempre es decente y alegre, así que quizá me devuelva mi humor habitual. »

Et elle sortit de la chambre.

Amy, entendant le bruit des patins, regarda dans la rue en poussant une exclamation d'impatience.

« Là ! elle m'avait promis de m'emmener, la première fois qu'elle irait patiner ; l'hiver va bientôt finir, et c'est aujourd'hui la dernière fois qu'on pourra se fier à la glace, puisqu'il commence à dégeler ; mais il est inutile de demander à une personne de si méchante humeur de m'emmener avec elle ! She promised to take me with her the first time she went skating; winter's almost over, and today's the last time we'll be able to rely on the ice, as it's starting to thaw; but there's no point in asking someone in such a bad mood to take me with her! Me prometió que me llevaría con ella la primera vez que fuera a patinar sobre hielo; el invierno está a punto de terminar, y hoy es la última vez que podremos confiar en el hielo, ya que está empezando a descongelarse; ¡pero no tiene sentido pedirle a alguien de tan mal humor que me lleve con ella!

– Ne dites pas cela, Amy, lui répondit Meg. - Don't say that, Amy," Meg replied. - No digas eso, Amy", replicó Meg. Vous avez été très méchante pour Jo. Comprenez donc à la fin qu'il lui est difficile de vous pardonner la perte de son précieux petit livre, et que ses regrets peuvent être sans fin, puisque rien ne pourra lui remplacer ce que votre vilaine action lui a fait perdre. Understand, then, that it is difficult for him to forgive you for the loss of his precious little book, and that his regrets may be endless, since nothing can replace what he has lost through your wicked action. Al final, debes darte cuenta de que será difícil que te perdone por la pérdida de su precioso librito, y que sus remordimientos pueden ser interminables, ya que nada podrá reemplazar lo que ha perdido como resultado de tu traviesa acción. Cependant je suppose qu'elle le pourrait aujourd'hui mieux qu'hier, si, vous rendant compte de votre fâcheuse situation vis-à-vis d'elle, qui est peut-être la meilleure de nous toutes, vous saviez choisir un moment convenable pour lui demander pardon, non du bout des lèvres, mais du fond du coeur. However, I suppose that she could do it today better than yesterday, if, realizing your unfortunate situation with her, who is perhaps the best of us all, you knew how to choose a suitable moment to ask her forgiveness, not with your lips, but from the bottom of your heart. Sin embargo, supongo que podría hacerlo hoy mejor que ayer, si, dándose cuenta de su desafortunada situación con ella, que es quizá la mejor de todos nosotros, supiera elegir un momento adecuado para pedirle perdón, no con los labios, sino desde el fondo de su corazón. Courez après elle, mais ne lui dites rien jusqu'à ce qu'elle se soit calmée avec Laurie, et alors embrassez-la tendrement, qu'elle vous sente repentante et chagrine, et je suis sûre que, si vous choisissez un bon moment, elle vous pardonnera de tout son coeur. Corre tras ella, pero no digas nada hasta que se haya calmado con Laurie, y entonces bésala tiernamente, deja que sienta que te arrepientes y te afliges, y estoy segura de que, si eliges un buen momento, te perdonará de todo corazón. »

Amy, qui sentait bien que ce conseil était bon, se dépêcha de s'apprêter, et courut après les deux amis, qui étaient prêts à patiner lorsqu'elle les rejoignit. Amy, que intuía que era un buen consejo, se apresuró a prepararse y corrió tras las dos amigas, que estaban listas para patinar cuando ella se les unió. Jo lui tourna le dos dès qu'elle la vit venir ; mais Laurie, très occupé à sonder la glace, laquelle ne paraissait pas très solide, ne la vit pas arriver. Jo turned her back as soon as she saw her coming; but Laurie, busy probing the ice, which didn't look very solid, didn't see her coming.

Amy entendit qu'il disait en s'éloignant :

« Avant que nous commencions, je vais aller jusqu'au tournant, afin d'être bien sûr que la glace est solide. "Before we start, I'm going to go around the bend to make sure the ice is solid. »

Elle le regarda s'en aller, en pensant qu'il avait l'air d'un jeune Russe avec son chapeau et son manteau garnis de fourrures. She watched him go, thinking he looked like a young Russian with his fur-trimmed hat and coat. Lo miró irse, pensando que parecía un joven ruso con su sombrero y abrigo de piel.

Jo entendit bien Amy arriver tout essoufflée de sa course, et souffler dans ses mains, afin de se réchauffer, en essayant de mettre ses patins ; mais elle ne se retourna pas une seule fois. Elle se mit à marcher en zigzag le long de la rivière, trouvant une espèce de satisfaction amère et malheureuse dans sa brouille avec sa soeur. She zigzagged along the river, finding a kind of bitter, unhappy satisfaction in her falling out with her sister. Zigzagueó a lo largo del río, encontrando una especie de amarga e infeliz satisfacción en su disputa con su hermana.

Lorsque Laurie fut arrivé au tournant, il lui cria :

« Restez près du bord ; la glace n'est pas sûre au milieu. »

Jo l'entendit très bien ; mais Amy, qui était très occupée à mettre ses patins, ne saisit pas une seule de ses paroles. Jo heard him clearly, but Amy, who was busy putting on her skates, didn't catch a word he said. Jo regarda par-dessus son épaule, et le petit démon de la rancune qu'elle abritait dans son coeur lui dit à l'oreille : « Elle m'a ôté le droit de prendre soin d'elle ! Jo looked over her shoulder, and the little demon of resentment in her heart said in her ear, "She took away my right to care for her! Jo miró por encima del hombro, y el pequeño demonio de resentimiento de su corazón le dijo al oído: "¡Me ha quitado el derecho a cuidarla! »

Laurie avait disparu derrière le tournant ; Jo y arrivait alors, et Amy, loin derrière elle, s'avançait sur la glace plus faible du milieu de la rivière. Laurie had disappeared behind the bend; Jo was now reaching it, and Amy, far behind her, was moving onto the weaker ice in the middle of the river. Pendant une minute, Jo, inquiète sans vouloir le paraître, resta immobile ; elle hésita un instant, puis, son bon coeur l'emportant, elle se retourna vivement pour avertir enfin Amy du danger qu'elle courait. For a minute, Jo, worried without wanting to appear so, remained motionless; she hesitated for a moment, then, her good heart prevailing, she turned sharply to warn Amy at last of the danger she was in. Durante un minuto, Jo, preocupada sin querer parecerlo, permaneció inmóvil; vaciló un momento, luego, prevaleciendo su buen corazón, se volvió bruscamente para advertir por fin a Amy del peligro que corría. Il était trop tard ! It was too late! Amy, les bras encore en l'air, venait de disparaître dans l'eau en jetant un cri qui pétrifia Jo de terreur. Amy, her arms still in the air, had just disappeared into the water with a scream that petrified Jo with terror. Elle essaya d'appeler Laurie, mais elle n'avait plus de voix ; elle essaya de courir au secours de sa soeur, mais ses jambes ne lui obéissaient pas ; et, pendant une seconde, elle ne put que regarder, avec une figure bouleversée, le petit capuchon bleu qui seul paraissait encore au-dessus de l'eau. Quelqu'un passa alors comme une flèche à côté d'elle, lui criant : Then someone shot past her like an arrow, shouting:

« Apportez vite, vite une planche ; arrachez-en une de la barrière. "Bring quickly, quickly a board; tear one off the fence. »

Jo ne sut jamais comment elle s'y était prise ; mais, obéissant aveuglément à Laurie, qui avait conservé tout son sang-froid, elle travailla avec une force incroyable, arracha une planche en un clin d'oeil et la porta à Laurie, qui, couché à plat ventre sur la glace, parvint d'abord à attraper Amy par le bras ; puis, avec l'aide de Jo et de la planche jetée en travers du trou, à la retirer de l'eau. Jo never knew how she did it; but, blindly obeying Laurie, who had retained all her composure, she worked with incredible strength, snatched a plank in the twinkling of an eye, and carried it to Laurie, who, lying flat on the ice, managed first to catch Amy by the arm; then, with the help of Jo and the plank thrown across the hole, to pull her out of the water. Jo nunca supo cómo lo hizo, pero obedeciendo ciegamente a Laurie, que la había mantenido fría, trabajó con una fuerza increíble, arrebatando un tablón en un abrir y cerrar de ojos y llevándolo hasta Laurie, que, tumbada boca abajo sobre el hielo, consiguió primero agarrar a Amy por el brazo y luego, con la ayuda de Jo y del tablón lanzado a través del agujero, sacarla del agua.

L'enfant avait eu plus de peur que de mal. The child was more frightened than hurt.

« Enveloppons-la dans nos vêtements, dit Jo, redevenue elle-même ; débarrassons-nous de ces maudits patins, et portons-la à la maison. "Let's wrap her up in our clothes," said Jo, back to her old self; let's get rid of those damned skates, and carry her home. Envolvámosla en nuestra ropa -dijo Jo, volviendo a ser la de antes-, deshagámonos de estos malditos patines y llevémosla a casa. »

Elle s'était emparée d'Amy évanouie, et, tout en courant, couvrait de baisers son pauvre petit visage, plus blanc que le marbre. She had seized the fainting Amy, and as she ran, covered her poor little face, whiter than marble, with kisses. Había agarrado a Amy, que se había desmayado, y mientras corría cubría de besos su pobre carita, más blanca que el mármol.

Laurie avait peine à la suivre ; Amy s'était ranimée sous les caresses, sur le coeur de sa soeur. Laurie could hardly keep up with her; Amy had revived under the caresses, on her sister's heart. Laurie apenas podía seguirle el ritmo; Amy se había reanimado con las caricias de su hermana. Quand, arrivée à la maison, sa mère et Jo l'eurent roulée dans des couvertures devant un bon feu, elle fondit en larmes et s'endormit presque subitement, à la grande terreur de Jo. When her mother and Jo got her home and rolled her up in blankets in front of a roaring fire, she burst into tears and fell asleep almost suddenly, much to Jo's terror. Cuando su madre y Jo la llevaron a casa y la envolvieron en mantas frente a un fuego crepitante, rompió a llorar y casi de repente se quedó dormida, para terror de Jo. Jo n'avait pas dit un mot pendant tout ce bouleversement ; ses vêtements étaient à moitié défaits, sa robe déchirée, et ses mains coupées et meurtries par la glace et les clous de la planche. Jo hadn't said a word during the whole upheaval; her clothes were half undone, her dress torn, and her hands cut and bruised by ice and board nails. Jo no había dicho una palabra en todo el alboroto; tenía la ropa medio desabrochada, el vestido roto y las manos cortadas y magulladas por el hielo y los clavos de la tabla. Mais elle ne s'en apercevait pas. But she didn't notice. Lorsque Amy, bien endormie, mais d'un sommeil réparateur, eut été déposée dans son lit et que la maison fut tranquille, M me Marsch, assise à côté du lit, s'occupa de Jo, et, l'attirant vers elle, se mit à bander ses mains abîmées. When Amy, sound asleep, had been put to bed and the house was quiet, Mrs. Marsch, sitting beside the bed, attended to Jo, and, drawing her to her, began to bandage her damaged hands. Cuando Amy, profundamente dormida, se hubo acostado y la casa quedó en silencio, la señora Marsch, sentada junto a la cama, se ocupó de Jo y, atrayéndola hacia sí, empezó a vendarle las manos dañadas.

« Êtes-vous sûre, mère, bien sûre qu'elle est saine et sauve ? "Are you sure, Mother, quite sure that she's safe and sound? murmura Jo en regardant avec remords la tête blonde qui aurait pu disparaître pour toujours au milieu de la perfide glace. Jo murmured, looking remorsefully at the blond head that could have disappeared forever in the treacherous ice.

– Tout à fait, mon enfant, répondit sa mère ; elle n'est pas blessée et n'aura même pas un rhume, tant vous l'avez bien couverte et vite ramenée ici. - Absolutely, my child," replied her mother. "She's not hurt, and she won't even catch a cold, since you've covered her up so well and brought her here so quickly.

– C'est Laurie qui a tout fait ! - Laurie did it all! Moi, j'ai seulement su la laisser aller là où elle pouvait mourir. I only knew how to let her go where she could die. Todo lo que hice fue dejarla ir donde pudiera morir. Oh ! mère, si elle était morte, le savez- vous, ce serait ma faute ! mother, if she died, you know, it would be my fault! »

Et Jo, se laissant tomber près de sa mère, lui confessa avec un déluge de larmes tout ce qui était arrivé, condamnant amèrement sa dureté de coeur et remerciant Dieu de lui avoir épargné un éternel remords. And Jo, dropping down beside her mother, confessed to her with a flood of tears all that had happened, bitterly condemning her hardness of heart and thanking God for sparing her eternal remorse. Y Jo, dejándose caer al lado de su madre, le confesó con un torrente de lágrimas todo lo que había sucedido, condenando amargamente su dureza de corazón y dando gracias a Dios por haberla librado de remordimientos eternos.

« Cela, dit-elle, était dû à mon abominable caractère ! This," she said, "was due to my abominable character! J'essaie de le corriger, mais, quand je pense que j'y suis arrivée, il reparaît pire que jamais ! I try to correct it, but just when I think I've done it, it comes back worse than ever! Intento corregirlo, pero justo cuando creo que lo he conseguido, ¡vuelve peor que nunca! Ô mère, que dois-je faire ? O mother, what should I do? s'écria la pauvre Jo toute désespérée. cried poor Jo in despair.

– Veiller sur vous-même et prier, ma chérie ; n'être jamais fatiguée de faire des efforts, et ne jamais penser qu'il vous est impossible de vaincre votre grand défaut, répondit M me Marsch eu attirant la tête de Jo sur son épaule, et en embrassant si tendrement sa joue humide de larmes que Jo pleura plus fort que jamais. - Look after yourself and pray, my darling; never be tired of striving, and never think it impossible to overcome your great defect," replied Mrs. Marsch, drawing Jo's head to her shoulder and kissing her tear-drenched cheek so tenderly that Jo cried harder than ever.

– Vous ne savez pas, vous ne pouvez pas deviner combien je suis méchante ! - You don't know, you can't guess how mean I am! - ¡No sabes, no puedes adivinar lo mala que soy! Je crois que je pourrais tout faire quand je suis en colère ; je deviens si sauvage ! I think I could do anything when I'm angry; I get so wild! J'ai peur de commettre un jour quelque action horrible, de gâter ma vie et de me faire haïr de tout le monde. I'm afraid that one day I'll do something horrible, ruin my life and make everyone hate me. Ô mère, aidez- moi ! O mother, help me! aidez-moi !

– Oui, mon enfant, oui ! Je vous aiderai, mais ne pleurez pas si amèrement ; souvenez-vous I will help you, but do not cry so bitterly; remember

toujours de ce qui vous est arrivé aujourd'hui, et prenez de tout votre coeur la résolution de ne jamais revoir un jour pareil. 194 always about what happened to you today, and resolve with all your heart never to see a day like this again. Nous avons, tous et toutes, nos tentations, Jo, ma chérie ; il y en a de bien plus grandes que les vôtres, et souvent il faut toute une vie pour les vaincre. We all have our temptations, Jo, my dear; some are much greater than yours, and often it takes a lifetime to overcome them. Vous pensez que vous avez le plus mauvais caractère du monde, mais le mien était autrefois tout pareil au vôtre. You think you have the worst temper in the world, but mine was once just like yours.

– Le vôtre, mère ! Comment ! Mais vous n'êtes jamais en colère ! But you're never angry! »

Et Jo oublia un moment ses remords dans sa surprise. And Jo forgot her remorse for a moment in her surprise.

« Il y a cependant quarante ans que j'essaie de corriger mon impatience naturelle, ma chérie, et je suis seulement arrivée à la contrôler. "However, I've been trying to correct my natural impatience for forty years, darling, and I've only managed to control it. Je me mets en colère presque tous les jours, Jo, mais j'ai appris à ne pas le laisser voir et à souffrir seule de mon défaut. I get angry almost every day, Jo, but I've learned not to let it show and to suffer alone for my shortcoming. »

L'humilité de la personne qu'elle aimait tant était une meilleure leçon pour Jo que les reproches les plus durs. The humility of the person she loved so much was a better lesson for Jo than the harshest of reproaches. Elle se sentit tout de suite soulagée par la confiance que lui montrait sa mère ; savoir que sa chère maman avait eu le même défaut qu'elle, et qu'elle croyait encore avoir des efforts à faire pour s'en corriger tout à fait, lui rendait le sien plus facile à supporter et augmentait sa résolution de devenir douce comme un agneau. She immediately felt relieved by the confidence her mother showed her; knowing that her dear mother had had the same defect as she, and that she still believed she had efforts to make to correct it completely, made hers easier to bear and increased her resolve to become as gentle as a lamb.

« Mère, est-ce que peut-être vous êtes en colère quand vous serrez vos lèvres l'une contre l'autre et que vous sortez ainsi sans rien dire de la chambre : par exemple, lorsque tante Marsch n'est pas juste ou qu'on vous a affligée ou fâchée ? "Mother, do you perhaps get angry when you press your lips together and go out of the room without saying anything: for instance, when Aunt Marsch is not fair or you have been distressed or angry? "Madre, ¿acaso te enfadas cuando aprietas los labios y sales de la habitación sin decir una palabra: por ejemplo, cuando la tía Marsch no está siendo justa, o cuando estás angustiada o enfadada? demanda Jo, qui se sentait plus rapprochée que jamais de sa mère. Jo asked, feeling closer than ever to her mother.

– Oui, mon enfant, je ne suis parvenue encore qu'à réprimer ainsi les paroles vives qui me viennent aux lèvres, et, quand je sens qu'elles veulent sortir contre ma volonté, je m'éloigne un instant et me gronde moi-même d'être toujours si faible et si méchante, répondit M me Marsch avec un soupir et un sourire, en se mettant à peigner les cheveux ébouriffés de Jo. - Yes, my child, I've only managed to suppress the strong words that come to my lips in this way, and when I feel they want to come out against my will, I step away for a moment and scold myself for always being so weak and mean," replied M me Marsch with a sigh and a smile, as she began to comb Jo's disheveled hair. - Sí, hija mía, sólo he conseguido reprimir así las palabras fuertes que acuden a mis labios, y cuando siento que quieren salir en contra de mi voluntad, me alejo un momento y me regaño por ser siempre tan débil y mezquina -respondió M. Marsch con un suspiro y una sonrisa, mientras empezaba a peinar los despeinados cabellos de Jo.

– Et comment avez-vous appris à ne rien dire ? - And how did you learn not to say anything? C'est ce qui me coûte le plus ; les paroles désagréables sortent à flots de ma bouche avant que j'y aie fait attention, et plus j'en dis, plus je suis en colère, jusqu'à ce que ce soit comme un vilain plaisir pour moi de faire de la peine aux autres et de dire des choses terribles. This is what costs me the most; unpleasant words come pouring out of my mouth before I've paid any attention to them, and the more I say, the angrier I get, until it's like a nasty pleasure for me to make other people feel sorry for me and say terrible things. Eso es lo que más me cuesta; las palabras desagradables salen a borbotones de mi boca antes de que les haya prestado atención, y cuanto más digo, más me enfado, hasta que para mí es como un placer desagradable herir los sentimientos de los demás y decir cosas terribles. Dites-moi comment vous avez fait, chère petite maman ? Tell me how you did it, dear little Mummy?

– Ma bonne mère m'aidait. - My good mother helped me.

– Comme vous m'aidez, interrompit Jo avec un baiser de reconnaissance. - How helpful you are," Jo interrupted with a kiss of gratitude.

– Mais je l'ai perdue lorsque j'étais à peine plus âgée que vous, et, pendant bien des années, il m'a fallu combattre seule, car j'étais trop orgueilleuse pour confesser ma faiblesse à d'autres après ma mère. - But I lost it when I was only a little older than you, and for many years I had to fight alone, because I was too proud to confess my weakness to anyone else after my mother. Cela a été un temps difficile, Jo, et j'ai versé bien des larmes sur mes défauts ; car, malgré mes efforts, il me semblait que je n'avançais pas. It's been a difficult time, Jo, and I've shed many a tear over my shortcomings; for, despite my best efforts, I seemed to be making no progress. C'est alors que j'ai épousé votre père, et j'ai, par lui, été si heureuse, que je trouvai facile de devenir meilleure ; mais, plus tard, lorsque j'ai eu quatre petites filles autour de moi et que nous sommes devenus pauvres, le vieil ennemi s'est réveillé. It was then that I married your father, and through him I was so happy that I found it easy to become better; but later, when I had four little girls around me and we became poor, the old enemy awoke. Fue entonces cuando me casé con tu padre, y gracias a él fui tan feliz que me resultó fácil ser mejor; pero más tarde, cuando tuve cuatro niñas a mi alrededor y nos empobrecimos, el viejo enemigo volvió a despertar. Je vous l'ai dit, je ne suis pas patiente par nature, et j'étais souvent irritée de voir mes enfants manquer du bien-être dont j'aurais voulu les entourer. I told you, I'm not patient by nature, and I was often irritated to see my children lacking the well-being I would have liked to surround them with. Como ya he dicho, no soy paciente por naturaleza, y a menudo me irritaba ver que mis hijos carecían del bienestar del que yo quería rodearlos.

– Pauvre mère ! Qui est-ce qui vous a aidée, alors ?

– La pensée de Dieu, Jo, et aussi l'exemple de votre père, de votre admirable père, chère fille. Que de fois il m'a fait comprendre que je devais essayer de pratiquer toutes les vertus que je voulais voir à mes filles, puisque je devais être, moi aussi, leur exemple vivant ! C'était plus facile d'essayer pour vous que pour moi ; le regard surpris de l'une de vous lorsque je disais une parole un peu vive me corrigeait plus que tous les reproches qu'on aurait pu me faire. Chère Jo, l'amour, le respect et la confiance de mes enfants sont la plus douce récompense que je puisse recevoir de mes efforts pour être la femme que je voudrais leur offrir comme modèle.

– Oh ! mère, s'écria Jo très touchée, que je serais fière si je pouvais jamais devenir la moitié aussi bonne que vous ! mother," cried Jo, very touched, "how proud I'd be if I could ever become half as good as you!

– J'espère que vous serez bien meilleure, ma chérie ; mais il faut que vous veilliez constamment sur votre ennemi intérieur, car sans cela vous assombrirez votre vie, si vous ne la gâtez pas complètement. - I hope you'll be much better, my dear; but you must keep a constant watch on your inner enemy, for without that you'll darken your life, if you don't spoil it completely. - Espero que estés mucho mejor, querida, pero debes vigilar constantemente a tu enemigo interior, porque sin eso oscurecerás tu vida, si es que no la estropeas del todo. Vous avez eu un avertissement, rappelez-vous-le. You've had a warning, remember that. Essayez donc de tout votre coeur et de toute votre âme à vous rendre maîtresse de votre caractère, avant qu'il vous ait apporté une plus grande douleur encore et un plus grand regret qu'aujourd'hui. Try, therefore, with all your heart and soul to make yourself master of your character, before it has brought you even greater pain and regret than today.

– J'essaierai, mère ; j'essaierai réellement ; mais il faut que vous m'aidiez et que vous me rappeliez de faire attention à ce que je vais dire. J'ai vu quelquefois papa mettre son doigt sur ses lèvres et vous regarder d'un air très bon, mais très sérieux, et toujours aussitôt vous serriez vos lèvres l'une contre l'autre ou vous vous en alliez. I've seen Dad put his finger to his lips and look at you with a very kind but serious look on his face, and you always immediately put your lips together or walk away. A veces he visto a papá llevarse el dedo a los labios y mirarte muy amablemente, pero muy serio, y tú siempre apretabas inmediatamente los labios o te alejabas. Vous avertissait-il alors ? Was he warning you then? ¿Te estaba avisando? demanda doucement Jo.

– Oui, je le lui avais demandé, et il ne l'a jamais oublié ; par ce petit geste et ce bon regard, il m'a empêchée de prononcer bien des paroles vives. »

Jo vit les yeux de sa mère se remplir de larmes et ses lèvres trembler en parlant ; et, craignant d'être allée trop loin, elle demanda anxieusement :

« Était-ce mal à moi de vous observer, mère bien-aimée, et est-ce mal encore de vous en parler aujourd'hui ? "Was it wrong of me to observe you, beloved mother, and is it wrong again to tell you about it today? Mais c'est si bon de vous dire tout ce que je pense et d'être si heureuse auprès de vous ! But it's so good to tell you everything I think and to be so happy with you!

– Ma chérie, vous pouvez tout dire à votre mère, et mon plus grand bonheur est de sentir que mes enfants ont confiance en moi et savent combien je les aime.

– Je craignais de vous avoir fait de la peine. - I was afraid I'd upset you.

– Non, ma chère Jo ; mais, en vous parlant de votre père, j'ai pensé combien il me manquait, combien je lui devais, et combien j'ai à travailler pour lui rendre à son retour ses petites filles aussi bonnes qu'il les désire. - No, my dear Jo; but, as I was telling you about your father, I thought how much I missed him, how much I owed him, and how much I have to work to make his little girls as good as he wants them when he returns.

– Cependant vous avez eu le courage de lui dire de partir, mère, et vous n'avez pas pleuré quand il nous a quittées ; vous ne vous plaignez jamais et vous ne paraissez jamais avoir besoin d'aide. - Yet you had the courage to tell him to go, mother, and you didn't cry when he left us; you never complain or seem to need help.

– J'ai donné à ma patrie ce que je lui devais, c'est-à-dire ce que j'avais de meilleur, et j'ai gardé mes larmes pour le moment où il ne serait plus là, Jo. - I gave my country what I owed it, that is to say, the best I had, and I saved my tears for the moment when it would no longer be there, Jo. - Le di a mi país lo que le debía, lo mejor que tenía, y guardé mis lágrimas para cuando ya no estuviera allí, Jo. Pourquoi me plaindrais-je quand nous avons fait seulement notre devoir ? Why should I complain when all we've done is our duty?

« Grâce à sa profession de médecin, plus heureux que d'autres, votre père n'est, lui, au milieu des combats que pour guérir, que pour secourir. "Thanks to his profession as a doctor, more fortunate than others, your father is in the midst of battle only to heal, only to help. Les blessés des deux camps peuvent compter sur lui. The wounded on both sides can count on him. Ah ! c'est un beau rôle que celui du médecin, ma fille, dans des temps comme ceux-ci, plus encore qu'en temps ordinaire, et je me sens forte de tout le bien que fait votre père en notre nom à tous. »

La seule réponse de Jo fut de tenir sa mère plus étroitement serrée, et, dans le silence qui suivit, elle pria du fond du coeur plus sincèrement qu'elle ne l'avait jamais fait. Jo's only response was to hold her mother tighter, and in the silence that followed, she prayed from the bottom of her heart more earnestly than she'd ever prayed before. La única respuesta de Jo fue abrazar más fuerte a su madre y, en el silencio que siguió, rezó desde el fondo de su corazón con más fervor del que había rezado nunca. Dans une heure triste et cependant heureuse, elle avait appris non seulement l'amertume du remords et du désespoir, mais encore la douceur de l'abnégation et du renoncement. In a sad yet happy hour, she had learned not only the bitterness of remorse and despair, but also the sweetness of self-sacrifice and renunciation.

Amy remua et soupira dans son sommeil, et Jo, comme si elle voulait réparer sans retard sa faute, la regarda avec une expression que personne n'avait jamais vue sur sa figure. Amy stirred and sighed in her sleep, and Jo, as if she wanted to make amends without delay, looked at her with an expression that no one had ever seen on her face.

« J'ai laissé le soleil se coucher sur ma colère, je n'ai pas voulu lui pardonner, et aujourd'hui, sans Laurie, il aurait pu être trop tard. "I let the sun go down on my anger, I didn't want to forgive her, and today, without Laurie, it might have been too late. "Dejé que se pusiera el sol sobre mi ira, no quería perdonarle, y hoy, sin Laurie, podría haber sido demasiado tarde. Comment ai-je pu être si méchante ? » dit à demi voix Jo en se penchant vers sa soeur et caressant doucement les cheveux encore un peu humides qui étaient épars sur l'oreiller.

Amy ouvrit les yeux comme si elle eût entendu ces bonnes paroles, et tendit les bras à sa soeur avec un sourire qui alla droit au coeur de Jo. Amy opened her eyes as if she'd heard the kind words, and held out her arms to her sister with a smile that went straight to Jo's heart. Amy abrió los ojos como si hubiera oído las amables palabras y tendió los brazos a su hermana con una sonrisa que llegó directamente al corazón de Jo. Aucune d'elles ne parla, mais tout fut pardonné et oublié dans un baiser plein d'affection.