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Little women ''Les quatre filles du docteur Marsch'', Des jours sombres XVIII

Des jours sombres XVIII

Elle ne pleurait plus, mais riait nerveusement et tremblait, et s'attachait à son ami, comme si cette nouvelle subite lui eût fait perdre la raison. Laurie, qui ne s'attendait pas à cette explosion, se conduisit avec une grande présence d'esprit ; il lui donna de petites tapes dans les mains et lui humecta les tempes avec de l'eau fraîche pour la remettre, et, voyant qu'elle redevenait elle-même, il l'embrassa. Cette preuve d'affection remit complètement Jo.

« C'est si bien à vous, Laurie, d'avoir prévenu maman malgré Hannah ! je vous aime cent fois plus pour l'avoir osé, Laurie. Racontez-moi tout, et ne me donnez plus de vin, cela me fortifie, mais aussi cela m'agite.

– Ce verre de madère vous a fait plus de bien que de mal, Jo. Quant au retour de M me Marsch, voici comment cela s'est passé. J'étais inquiet, ainsi que grand-père ; nous trouvions que Hannah outrepassait son droit, et que votre mère devait être informée de l'état de Beth, car elle ne nous aurait jamais pardonné si Beth... si quelque chose d'irréparable arrivait de ce côté. J'ai amené grand-père à dire qu'il était grand temps de faire quelque chose, et hier, voyant que le docteur avait l'air plus inquiet encore, j'ai, avec son aveu, envoyé une dépêche, dont déjà nous avons la réponse. Votre mère arrivera cette nuit même, vers deux heures du matin ; j'irai à sa rencontre. Vous n'avez, d'ici là, rien à faire que de mettre votre contentement au secret, tout en préparant Beth, et en la calmant jusqu'à ce que votre mère soit arrivée.

– Laurie, vous êtes un ange. Comment pourrons-nous jamais nous acquitter envers vous ?

– Vous vous jetterez l'une après l'autre à mon cou ; cela me plaît assez, dit Laurie d'un air taquin qu'il n'avait pas eu depuis quinze jours.

– Non, merci ; mais, par exemple, personne ne me retiendra d'embrasser votre grand-père quand il viendra ; et maintenant, Laurie, allez vous reposer, car vous serez debout la moitié de la nuit. Dieu vous bénisse ! Dieu vous bénisse ! »

Ceci dit, Jo s'enfuit dans la cuisine, et, s'asseyant par terre, dit aux chats assemblés autour d'elle, qu'elle était « si heureuse, oh ! si heureuse ! »

Au dernier moment, il fallut bien dire à Hannah que Mme Marsch allait arriver.

« Je n'ai jamais vu quelqu'un se mêler de tout comme ce jeune homme, mais je lui pardonne », dit Hannah d'un air de soulagement quand elle apprit la bonne nouvelle.

Meg, instruite à son tour, approuva fort les Laurentz. Jo passa la maison en revue, et mit la chambre de la malade en ordre pour que sa mère n'eût point à se plaindre. Hannah apprêtait quelque chose de chaud pour les voyageurs. Un souffle d'air frais semblait avoir passé sur la maison, et quelque chose de meilleur que le soleil semblait resplendir dans les chambres. Chacun comprit à sa façon qu'il y avait quelque chose de bon en l'air : l'oiseau de Beth commença à gazouiller, Meg découvrit sur le rosier d'Amy une rose à moitié ouverte ; les feux semblaient éclairer plus gaiement, et, chaque fois que Meg et Jo se rencontraient, leurs pâles figures s'éclairaient par un sourire et elles s'embrassaient en se disant : « Mère va arriver, mère va arriver ! » Tout le monde se réjouissait, excepté Beth, qui était dans un état de torpeur profonde et ne sentait ni l'espérance et la joie, ni le doute et le danger.

On avait envie de pleurer en la regardant ; sa figure, si fraîche, était blanche comme l'ivoire et si changée ! Ses doux yeux semblaient égarés, ses mains toujours agitées étaient faibles et maigres, ses lèvres, souriantes encore, demeuraient tout à fait muettes, et ses cheveux, si jolis et si lisses, étaient éparpillés, en désordre sur l'oreiller. Elle resta ainsi tout le jour, ne s'éveillant que de temps en temps pour demander « à boire ! » d'une voix si faible qu'on ne l'entendait qu'à peine. Tant que dura le jour, Meg et Jo restèrent à côté d'elle à la soigner, à attendre, à espérer, à se fier à Dieu et à leur mère. La neige tombait au dehors, le vent soufflait avec fureur et les heures se traînaient. La nuit arriva enfin, et les deux soeurs, assises de chaque côté du lit, se regardaient chaque fois que l'horloge sonnait, en pensant que chaque heure qui s'écoulait les rapprochait du moment où elles auraient de l'aide, l'aide suprême de leur mère chérie.

Le docteur avait dit qu'il y aurait peut-être, vers minuit, un changement dans l'état de Beth, et qu'il reviendrait vers cette heure-là. Hannah, à bout de forces, s'était couchée sur le canapé au pied du lit et s'était vite endormie. M. Laurentz arpentait le parloir à grands pas, et Laurie, couché sur le tapis, devant le feu, prétendait se reposer, mais regardait la flamme avec un regard pensif qui trahissait ses alarmes. Les jeunes filles n'oublièrent jamais cette nuit-là. Le sommeil ne les visita pas une minute pendant qu'elles veillaient avec ce sentiment terrible d'impuissance, qui nous possède à des moments comme ceux-là.

« Si Dieu épargne Beth, je ne me plaindrai plus jamais, je trouverai tout bien, dit Meg avec ferveur.

– Si Dieu épargne Beth, je la servirai toute ma vie », répondit Jo avec une ferveur égale.

Ici, l'horloge sonna minuit, et les deux soeurs s'absorbèrent dans la contemplation de Beth. Elles s'imaginèrent, à force de la regarder, qu'un changement s'était opéré sur sa pâle figure. La maison était tranquille comme la mort, et on n'entendait, dans le profond silence, que le gémissement lugubre du vent. Hannah continuait à dormir, les deux soeurs voyaient l'ombre s'épaissir, tomber sur le petit lit de Beth. Une heure s'écoula sans autre incident que le départ silencieux de Laurie pour la gare. Une heure encore se passa. Pourquoi Laurie, pourquoi leur mère n'étaient-ils pas encore là ? Les jeunes filles étaient hantées par la crainte que quelque accident ne fût arrivé au train qui devait leur rapporter Mme Marsch, ou encore que les nouvelles de Washington n'arrivassent pires que par le passé.

Il était plus de deux heures lorsque Jo, qui était debout devant la fenêtre et pensait que la terre avait un aspect effrayant dans son blanc linceul de neige, entendit un léger bruit près du lit. Se retournant vivement, elle aperçut Meg agenouillée devant le fauteuil de sa mère, la figure cachée dans les mains. Une terrible angoisse passa dans le coeur de Jo. Elle se dit : « Beth est morte, et Meg n'ose pas me le dire. »

En un instant, elle fut à son poste, les yeux sur le visage de Beth. Il lui sembla qu'une modification nouvelle avait passé sur les traits de la malade. La rougeur de la fièvre était partie, et la bien-aimée petite figure lui parut si calme et si paisible dans son profond repos, que Jo ne se sentit aucune envie de pleurer ou de se lamenter. Se baissant tendrement vers sa soeur chérie, elle embrassa son front humide en mettant tout son coeur dans son baiser et murmura doucement.

« Beth, ma Beth aimée ! Ne te sens-tu pas mieux ? »

Éveillée sans doute par le léger mouvement des deux soeurs, Hannah se leva, elle s'approcha de Beth, la regarda attentivement, lui tata le pouls et dit d'une voix brisée par l'émotion :

« Je crois... oui, je crois qu'elle est sauvée ! La fièvre est passée, elle dort naturellement, sa peau est moite et elle respire facilement. Dieu soit loué ! la pauvre dame peut arriver. »

Et elle s'assit par terre en pleurant.

Avant que Meg et Jo eussent pu croire tout à fait à cette heureuse nouvelle, le docteur vint la confirmer. Les deux jeunes filles trouvèrent sa figure céleste lorsqu'il leur dit en souriant d'un air paternel :

« Oui, mes chères enfants, je crois que la petite fille est sauvée. Tenez la maison tranquille, laissez-la dormir, et, quand elle s'éveillera, donnez-lui... »

Ce qu'elles devaient lui donner, ni l'une ni l'autre ne l'entendit. Toutes deux se glissèrent dans le corridor, et, s'asseyant sur l'escalier, se tinrent étroitement embrassées, sans parler, car leurs coeurs étaient trop pleins. Lorsqu'elles revinrent dans la chambre, après s'être soulagées par quelques larmes de bonheur, la fidèle Hannah les embrassa, les dorlota et leur montra Beth couchée, selon son ancienne habitude, avec sa tête sur sa main ; la terrible pâleur avait disparu, et elle respirait tranquillement comme si elle venait seulement de s'endormir.

« Si mère pouvait arriver maintenant ! dit Jo lorsque la nuit d'hiver commença à s'éclaircir. Quel retard ! Qu'est-il arrivé ?

– La neige retarde toujours les trains, dit Hannah.

– Voyez, Jo, dit Meg en apportant une jolie rose blanche à moitié ouverte. Je pensais hier qu'elle serait à peine assez éclose pour la mettre dans la main de Beth, si elle... nous avait été enlevée ; mais elle a fleuri dans la nuit, et maintenant, je vais la mettre dans mon petit vase, afin que, lorsque la petite chérie s'éveillera, la première chose qu'elle voie soit la petite rose et la figure de maman. »

Le soleil ne s'était jamais levé si brillant, et le monde n'avait jamais paru aussi beau à Meg et à Jo que ce matin-là, quand, leur longue et triste veillée étant finie, elles regardèrent ce spectacle avec des yeux appesantis par une nuit d'insomnie.

« On dirait un monde de fées, dit Meg en souriant, pendant que, cachée derrière, le rideau, elle regardait le soleil éblouissant. Ah ! si mère n'était pas en retard, comme ce serait complet !

– Écoutez ! » s'écria Jo en tressaillant.

Oui, on entendait un coup de sonnette, puis un cri de Hannah, puis la voix de Laurie, qui dit à demi-voix :

« Jo, Meg, la voici ! »


Des jours sombres XVIII Dark days XVIII Dias negros XVIII

Elle ne pleurait plus, mais riait nerveusement et tremblait, et s'attachait à son ami, comme si cette nouvelle subite lui eût fait perdre la raison. She no longer cried, but laughed nervously and trembled, and clung to her friend as if this sudden news had made her lose her mind. Ya no lloraba, sino que reía nerviosa y temblorosa, y se aferraba a su amiga como si aquella repentina noticia le hubiera hecho perder la cabeza. Laurie, qui ne s'attendait pas à cette explosion, se conduisit avec une grande présence d'esprit ; il lui donna de petites tapes dans les mains et lui humecta les tempes avec de l'eau fraîche pour la remettre, et, voyant qu'elle redevenait elle-même, il l'embrassa. Laurie, who hadn't expected this outburst, behaved with great presence of mind; he patted her hands and moistened her temples with cool water to restore her, and, seeing that she was becoming herself again, he kissed her. Laurie, que no había esperado aquel arrebato, se comportó con gran presencia de ánimo; le acarició las manos y le humedeció las sienes con agua fresca para que se sintiera mejor y, al ver que volvía a ser ella misma, la besó. Cette preuve d'affection remit complètement Jo. This proof of affection completely restored Jo. Esta prueba de afecto hizo cambiar completamente de opinión a Jo.

« C'est si bien à vous, Laurie, d'avoir prévenu maman malgré Hannah ! "It's so good of you, Laurie, to have warned Mom in spite of Hannah! je vous aime cent fois plus pour l'avoir osé, Laurie. I love you a hundred times over for daring, Laurie. Racontez-moi tout, et ne me donnez plus de vin, cela me fortifie, mais aussi cela m'agite. Tell me all about it, and don't give me any more wine; it strengthens me, but also agitates me.

– Ce verre de madère vous a fait plus de bien que de mal, Jo. - That glass of Madeira did you more good than harm, Jo. Quant au retour de M me Marsch, voici comment cela s'est passé. As for Mrs Marsch's return, here's how it went. J'étais inquiet, ainsi que grand-père ; nous trouvions que Hannah outrepassait son droit, et que votre mère devait être informée de l'état de Beth, car elle ne nous aurait jamais pardonné si Beth... si quelque chose d'irréparable arrivait de ce côté. I was worried, and so was Grandpa; we felt that Hannah was overstepping her right, and that your mother should be informed of Beth's condition, for she would never have forgiven us if Beth... if something irreparable happened on that side. Yo estaba preocupado, y el abuelo también; sentíamos que Hannah se estaba extralimitando en sus derechos, y que tu madre debía conocer el estado de Beth, porque nunca nos habría perdonado si Beth... si ocurría algo irreparable por ese lado. J'ai amené grand-père à dire qu'il était grand temps de faire quelque chose, et hier, voyant que le docteur avait l'air plus inquiet encore, j'ai, avec son aveu, envoyé une dépêche, dont déjà nous avons la réponse. I got Grandpa to say it was high time to do something, and yesterday, seeing that the doctor looked even more worried, I, with his admission, sent a dispatch, to which we already have the reply. Votre mère arrivera cette nuit même, vers deux heures du matin ; j'irai à sa rencontre. Your mother will arrive this very night, around two in the morning; I'll go and meet her. Vous n'avez, d'ici là, rien à faire que de mettre votre contentement au secret, tout en préparant Beth, et en la calmant jusqu'à ce que votre mère soit arrivée. Until then, you have nothing to do but keep your contentment secret, while preparing Beth, and calming her until your mother arrives.

– Laurie, vous êtes un ange. - Laurie, you're an angel. Comment pourrons-nous jamais nous acquitter envers vous ? How can we ever repay you? ¿Cómo podremos pagárselo?

– Vous vous jetterez l'une après l'autre à mon cou ; cela me plaît assez, dit Laurie d'un air taquin qu'il n'avait pas eu depuis quinze jours. - You'll be throwing yourselves around my neck one after the other; that pleases me enough," said Laurie with a teasing air he hadn't had for two weeks. - Os lanzaréis a mi cuello una tras otra; eso me complace bastante -dijo Laurie con un aire burlón que no tenía desde hacía quince días.

– Non, merci ; mais, par exemple, personne ne me retiendra d'embrasser votre grand-père quand il viendra ; et maintenant, Laurie, allez vous reposer, car vous serez debout la moitié de la nuit. - No, thank you; but, for instance, no one will keep me from kissing your grandfather when he comes; and now, Laurie, go and rest, for you'll be up half the night. Dieu vous bénisse ! God bless! ¡Que Dios te bendiga! Dieu vous bénisse ! »

Ceci dit, Jo s'enfuit dans la cuisine, et, s'asseyant par terre, dit aux chats assemblés autour d'elle, qu'elle était « si heureuse, oh ! That said, Jo fled into the kitchen, and, sitting down on the floor, told the cats gathered around her that she was "so happy, oh! si heureuse ! »

Au dernier moment, il fallut bien dire à Hannah que Mme Marsch allait arriver. At the last moment, Hannah had to be told that Mrs. Marsch was on her way.

« Je n'ai jamais vu quelqu'un se mêler de tout comme ce jeune homme, mais je lui pardonne », dit Hannah d'un air de soulagement quand elle apprit la bonne nouvelle. "I've never seen anyone meddle like that young man, but I forgive him," Hannah said with an air of relief when she heard the good news.

Meg, instruite à son tour, approuva fort les Laurentz. Meg, educated in her turn, approved strongly of the Laurentzs. Jo passa la maison en revue, et mit la chambre de la malade en ordre pour que sa mère n'eût point à se plaindre. Jo went through the house, and put the sick girl's room in order so that her mother would have nothing to complain about. Hannah apprêtait quelque chose de chaud pour les voyageurs. Hannah was preparing something hot for the travelers. Un souffle d'air frais semblait avoir passé sur la maison, et quelque chose de meilleur que le soleil semblait resplendir dans les chambres. A breath of fresh air seemed to have passed over the house, and something better than the sun seemed to shine in the rooms. Chacun comprit à sa façon qu'il y avait quelque chose de bon en l'air : l'oiseau de Beth commença à gazouiller, Meg découvrit sur le rosier d'Amy une rose à moitié ouverte ; les feux semblaient éclairer plus gaiement, et, chaque fois que Meg et Jo se rencontraient, leurs pâles figures s'éclairaient par un sourire et elles s'embrassaient en se disant : « Mère va arriver, mère va arriver ! Everyone understood in their own way that there was something good in the air: Beth's bird began to chirp, Meg discovered a half-opened rose on Amy's rosebush; the fires seemed to light up more cheerfully, and, whenever Meg and Jo met, their pale figures lit up with a smile and they kissed, saying to each other, "Mother's coming, mother's coming!". » Tout le monde se réjouissait, excepté Beth, qui était dans un état de torpeur profonde et ne sentait ni l'espérance et la joie, ni le doute et le danger. "Everyone rejoiced, except Beth, who was in a state of deep torpor and felt neither hope and joy, nor doubt and danger.

On avait envie de pleurer en la regardant ; sa figure, si fraîche, était blanche comme l'ivoire et si changée ! You wanted to cry looking at her; her face, so fresh, was white as ivory and so changed! Ses doux yeux semblaient égarés, ses mains toujours agitées étaient faibles et maigres, ses lèvres, souriantes encore, demeuraient tout à fait muettes, et ses cheveux, si jolis et si lisses, étaient éparpillés, en désordre sur l'oreiller. Her soft eyes seemed lost, her ever restless hands were weak and thin, her lips, still smiling, remained quite mute, and her hair, so pretty and smooth, was scattered, in disarray on the pillow. Elle resta ainsi tout le jour, ne s'éveillant que de temps en temps pour demander « à boire ! She stayed that way all day, waking only occasionally to ask for "a drink! » d'une voix si faible qu'on ne l'entendait qu'à peine. "in a voice so weak it was barely audible. Tant que dura le jour, Meg et Jo restèrent à côté d'elle à la soigner, à attendre, à espérer, à se fier à Dieu et à leur mère. For as long as the day lasted, Meg and Jo stayed by her side, caring for her, waiting, hoping, trusting in God and their mother. La neige tombait au dehors, le vent soufflait avec fureur et les heures se traînaient. Snow fell outside, the wind blew furiously and the hours dragged on. La nuit arriva enfin, et les deux soeurs, assises de chaque côté du lit, se regardaient chaque fois que l'horloge sonnait, en pensant que chaque heure qui s'écoulait les rapprochait du moment où elles auraient de l'aide, l'aide suprême de leur mère chérie. Night came at last, and the two sisters, sitting on either side of the bed, looked at each other each time the clock struck, thinking that each passing hour brought them closer to the moment when they would have help, the supreme help of their beloved mother.

Le docteur avait dit qu'il y aurait peut-être, vers minuit, un changement dans l'état de Beth, et qu'il reviendrait vers cette heure-là. The doctor had said that there might be a change in Beth's condition around midnight, and that he would return around that time. Hannah, à bout de forces, s'était couchée sur le canapé au pied du lit et s'était vite endormie. Hannah, exhausted, lay down on the sofa at the foot of the bed and fell fast asleep. M. Laurentz arpentait le parloir à grands pas, et Laurie, couché sur le tapis, devant le feu, prétendait se reposer, mais regardait la flamme avec un regard pensif qui trahissait ses alarmes. Mr. Laurentz paced up and down the hall, and Laurie, lying on the carpet in front of the fire, pretended to rest, but looked at the flame with a pensive gaze that betrayed his alarm. El señor Laurentz paseaba arriba y abajo por el vestíbulo, y Laurie, tumbado en la alfombra frente al fuego, fingía descansar, pero miraba la llama con una mirada pensativa que delataba su alarma. Les jeunes filles n'oublièrent jamais cette nuit-là. The girls never forgot that night. Le sommeil ne les visita pas une minute pendant qu'elles veillaient avec ce sentiment terrible d'impuissance, qui nous possède à des moments comme ceux-là. Sleep did not visit them for a minute, as they watched with that terrible feeling of helplessness that possesses us at times like these.

« Si Dieu épargne Beth, je ne me plaindrai plus jamais, je trouverai tout bien, dit Meg avec ferveur. "If God spares Beth, I'll never complain again, I'll find everything fine," Meg says fervently. Si Dios perdona a Beth, no volveré a quejarme, pensaré que todo va bien", dice Meg con fervor.

– Si Dieu épargne Beth, je la servirai toute ma vie », répondit Jo avec une ferveur égale. - If God spares Beth, I'll serve her all my life," Jo replied with equal fervor.

Ici, l'horloge sonna minuit, et les deux soeurs s'absorbèrent dans la contemplation de Beth. Here, the clock struck midnight, and the two sisters became absorbed in Beth's contemplation. Elles s'imaginèrent, à force de la regarder, qu'un changement s'était opéré sur sa pâle figure. As they stared at her, they imagined a change had taken place in her pale face. La maison était tranquille comme la mort, et on n'entendait, dans le profond silence, que le gémissement lugubre du vent. The house was quiet as death, and all that could be heard in the deep silence was the mournful moan of the wind. Hannah continuait à dormir, les deux soeurs voyaient l'ombre s'épaissir, tomber sur le petit lit de Beth. Hannah continued to sleep, the two sisters watching the shadow thicken, fall over Beth's little bed. Une heure s'écoula sans autre incident que le départ silencieux de Laurie pour la gare. An hour passed without incident other than Laurie's silent departure for the station. Une heure encore se passa. Another hour passed. Pourquoi Laurie, pourquoi leur mère n'étaient-ils pas encore là ? Why weren't Laurie and their mother here yet? Les jeunes filles étaient hantées par la crainte que quelque accident ne fût arrivé au train qui devait leur rapporter Mme Marsch, ou encore que les nouvelles de Washington n'arrivassent pires que par le passé. The girls were haunted by the fear that some accident had befallen the train that was to bring Mrs. Marsch back to them, or that the news from Washington would arrive worse than in the past. A las muchachas las atormentaba el temor de que hubiera ocurrido algún accidente con el tren que debía traer de vuelta a la señora Marsch, o que las noticias de Washington fueran peores que en el pasado.

Il était plus de deux heures lorsque Jo, qui était debout devant la fenêtre et pensait que la terre avait un aspect effrayant dans son blanc linceul de neige, entendit un léger bruit près du lit. It was past two o'clock when Jo, who was standing by the window and thought the earth looked frightening in its white shroud of snow, heard a slight noise near the bed. Se retournant vivement, elle aperçut Meg agenouillée devant le fauteuil de sa mère, la figure cachée dans les mains. Turning sharply, she saw Meg kneeling in front of her mother's armchair, her face hidden in her hands. Une terrible angoisse passa dans le coeur de Jo. A terrible anguish passed through Jo's heart. Elle se dit : « Beth est morte, et Meg n'ose pas me le dire. She says to herself, "Beth is dead, and Meg doesn't dare tell me. »

En un instant, elle fut à son poste, les yeux sur le visage de Beth. In an instant, she was at her post, her eyes on Beth's face. Il lui sembla qu'une modification nouvelle avait passé sur les traits de la malade. It seemed to him that a new change had passed over the patient's features. Le pareció que un nuevo cambio había pasado por las facciones del paciente. La rougeur de la fièvre était partie, et la bien-aimée petite figure lui parut si calme et si paisible dans son profond repos, que Jo ne se sentit aucune envie de pleurer ou de se lamenter. The redness of the fever was gone, and the beloved little face seemed so calm and peaceful in its deep repose, that Jo felt no desire to weep or lament. Se baissant tendrement vers sa soeur chérie, elle embrassa son front humide en mettant tout son coeur dans son baiser et murmura doucement. Bending tenderly toward her beloved sister, she kissed her wet forehead, putting her whole heart into her kiss, and murmured softly.

« Beth, ma Beth aimée ! "Beth, my beloved Beth! Ne te sens-tu pas mieux ? Don't you feel better? »

Éveillée sans doute par le léger mouvement des deux soeurs, Hannah se leva, elle s'approcha de Beth, la regarda attentivement, lui tata le pouls et dit d'une voix brisée par l'émotion : Awakened, no doubt, by the slight movement of the two sisters, Hannah stood up, approached Beth, looked at her attentively, tickled her pulse and said in a voice broken by emotion:

« Je crois... oui, je crois qu'elle est sauvée ! "I think... yes, I think she's saved! La fièvre est passée, elle dort naturellement, sa peau est moite et elle respire facilement. Her fever is gone, she sleeps naturally, her skin is moist and she breathes easily. Le ha bajado la fiebre, duerme con naturalidad, tiene la piel húmeda y respira con facilidad. Dieu soit loué ! Praise the Lord! la pauvre dame peut arriver. the poor lady may arrive. »

Et elle s'assit par terre en pleurant. And she sat on the floor crying.

Avant que Meg et Jo eussent pu croire tout à fait à cette heureuse nouvelle, le docteur vint la confirmer. Before Meg and Jo could quite believe this happy news, the doctor came to confirm it. Les deux jeunes filles trouvèrent sa figure céleste lorsqu'il leur dit en souriant d'un air paternel : The two girls found his face heavenly as he said, smiling paternally:

« Oui, mes chères enfants, je crois que la petite fille est sauvée. "Yes, my dear children, I think the little girl is safe. Tenez la maison tranquille, laissez-la dormir, et, quand elle s'éveillera, donnez-lui... » Keep the house quiet, let her sleep, and, when she wakes, give her..."

Ce qu'elles devaient lui donner, ni l'une ni l'autre ne l'entendit. What they had to give him, neither of them heard. Toutes deux se glissèrent dans le corridor, et, s'asseyant sur l'escalier, se tinrent étroitement embrassées, sans parler, car leurs coeurs étaient trop pleins. Both slipped into the corridor, and, sitting on the staircase, held each other tightly, without speaking, for their hearts were too full. Lorsqu'elles revinrent dans la chambre, après s'être soulagées par quelques larmes de bonheur, la fidèle Hannah les embrassa, les dorlota et leur montra Beth couchée, selon son ancienne habitude, avec sa tête sur sa main ; la terrible pâleur avait disparu, et elle respirait tranquillement comme si elle venait seulement de s'endormir. When they returned to the room, after relieving themselves with a few tears of happiness, the faithful Hannah kissed them, pampered them and showed them Beth lying, according to her old habit, with her head on her hand; the terrible pallor had disappeared, and she was breathing quietly as if she had only just fallen asleep.

« Si mère pouvait arriver maintenant ! "If only mother could come now! dit Jo lorsque la nuit d'hiver commença à s'éclaircir. said Jo as the winter night began to lighten. Quel retard ! Qu'est-il arrivé ?

– La neige retarde toujours les trains, dit Hannah. - Snow always delays trains," says Hannah.

– Voyez, Jo, dit Meg en apportant une jolie rose blanche à moitié ouverte. - See, Jo," said Meg, bringing in a pretty white rose, half-opened. Je pensais hier qu'elle serait à peine assez éclose pour la mettre dans la main de Beth, si elle... nous avait été enlevée ; mais elle a fleuri dans la nuit, et maintenant, je vais la mettre dans mon petit vase, afin que, lorsque la petite chérie s'éveillera, la première chose qu'elle voie soit la petite rose et la figure de maman. I thought yesterday that it would hardly have bloomed enough to put in Beth's hand, if it... had been taken away from us; but it bloomed in the night, and now I'm going to put it in my little vase, so that when the little darling wakes up, the first thing she'll see is the little rose and Mummy's face. »

Le soleil ne s'était jamais levé si brillant, et le monde n'avait jamais paru aussi beau à Meg et à Jo que ce matin-là, quand, leur longue et triste veillée étant finie, elles regardèrent ce spectacle avec des yeux appesantis par une nuit d'insomnie. The sun had never risen so brightly, and the world had never seemed so beautiful to Meg and Jo as it did that morning, when, their long, sad vigil over, they gazed at the spectacle with eyes weary from a sleepless night.

« On dirait un monde de fées, dit Meg en souriant, pendant que, cachée derrière, le rideau, elle regardait le soleil éblouissant. "It's like a fairy world," said Meg, smiling, as, hidden behind, the curtain, she gazed at the dazzling sun. Ah ! si mère n'était pas en retard, comme ce serait complet ! if mother wasn't late, how full it would be!

– Écoutez ! » s'écria Jo en tressaillant. "Jo exclaimed, shivering.

Oui, on entendait un coup de sonnette, puis un cri de Hannah, puis la voix de Laurie, qui dit à demi-voix : Yes, we could hear the doorbell ring, then Hannah's scream, then Laurie's voice, saying half aloud:

« Jo, Meg, la voici ! »