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Chronique de Gérard Leclerc. 1., 18. Verdun.

18. Verdun.

Verdun, il y a un siècle ! Le temps, certes, a fait son œuvre. Les nouvelles générations ne peuvent évidemment appréhender cet événement considérable, comme la mienne. J'ai connu des anciens combattants de Verdun, j'ai entendu leurs récits, je me souviens de leur présence auprès des monuments aux morts, lors des commémorations. À leur égard, je n'ai jamais éprouvé que respect et admiration. Ces hommes avaient vécu ce qu'un historien a appelé la « guerre d'enfer », celle qui ne connaît plus de limites, d'autant que désormais la puissance des armes meurtrières fait des milliers de morts quotidiens.

Aucune modération n'intervient plus pour limiter le carnage. À l'âge démocratique, c'est désormais peuple contre peuple, avec des millions de combattants. Même si la Seconde Guerre mondiale a été encore plus meurtrière que la Première, Stalingrad n'a pas effacé le souvenir de Verdun. Du moins chez nous.

Une image est venue s'interposer pour les nouvelles générations, qui a modifié la nature du souvenir et de la commémoration. C'est celle du président François Mitterrand saisissant la main du chancelier Helmut Kohl devant le mémorial de Douaumont.

La symbolique était saisissante : face à ces tombes innombrables où reposent ensemble, d'ailleurs, combattants français et allemands tués pendant la grande bataille, les deux nations signifiaient, de façon irrévocable, que l'inimitié était désormais derrière nous. France et Allemagne étaient non seulement réconciliées, mais solidaires. Solidairement responsables du destin de l'Europe.

Est-il sûr que nous ayons été au bout de cette symbolique des mains saisies ? C'est beaucoup plus qu'une poignée de main ! C'était le sceau d'une union d'autant plus profonde qu'elle avait lieu au cœur de la métropole militaire. Mais est-il avéré, aujourd'hui, que la solidarité franco-allemande implique la solidarité des armes ?

Nous n'en sommes pas encore là, parce que notre partenaire d'Outre-Rhin demeure marqué par les séquelles de l'héritage du nazisme. Et puis le fait que l'Europe se définisse d'abord comme un espace de paix n'invite pas à mettre en avant les responsabilités communes dans un monde dangereux, qui exige l'engagement. Celui qui conduit notre armée sur les théâtres d'opérations extérieures, où l'armée allemande ne l'a pas encore rejointe.

18. Verdun. 18\. Verdun. 18. Verdun. 18. Verdún. 18. Verdun. 18. Verdun. 18. Верден.

Verdun, il y a un siècle ! Verdun, vor einem Jahrhundert! Verdun, a century ago! Le temps, certes, a fait son œuvre. Die Zeit hat natürlich ihre Arbeit getan. Time, of course, has done its work. Les nouvelles générations ne peuvent évidemment appréhender cet événement considérable, comme la mienne. The new generations obviously cannot apprehend this considerable event, like mine. J’ai connu des anciens combattants de Verdun, j’ai entendu leurs récits, je me souviens de leur présence auprès des monuments aux morts, lors des commémorations. I have known Verdun veterans, I have heard their stories, I remember their presence near the war memorials, during commemorations. À leur égard, je n’ai jamais éprouvé que respect et admiration. Towards them, I have never felt anything but respect and admiration. Ces hommes avaient vécu ce qu’un historien a appelé la « guerre d’enfer », celle qui ne connaît plus de limites, d’autant que désormais la puissance des armes meurtrières fait des milliers de morts quotidiens. These men had lived what a historian called the "war of hell", one which knows no more limits, the more so as from now on the power of the lethal weapons makes thousands of deaths daily. Estos hombres habían vivido lo que un historiador llamó la “guerra del infierno”, esa que ya no conoce límites, sobre todo porque el poder de las armas letales ahora causa miles de muertos diariamente.

Aucune modération n’intervient plus pour limiter le carnage. No moderation intervenes to limit the carnage. À l’âge démocratique, c’est désormais peuple contre peuple, avec des millions de combattants. In the democratic age, it is now people against people, with millions of fighters. Même si la Seconde Guerre mondiale a été encore plus meurtrière que la Première, Stalingrad n’a pas effacé le souvenir de Verdun. Even though World War II was even more deadly than the First, Stalingrad did not erase the memory of Verdun. Du moins chez nous. At least with us.

Une image est venue s’interposer pour les nouvelles générations, qui a modifié la nature du souvenir et de la commémoration. An image came to intervene for the new generations, which changed the nature of remembrance and commemoration. C’est celle du président François Mitterrand saisissant la main du chancelier Helmut Kohl devant le mémorial de Douaumont. It is that of President François Mitterrand seizing the hand of Chancellor Helmut Kohl in front of the Douaumont memorial.

La symbolique était saisissante : face à ces tombes innombrables où reposent ensemble, d’ailleurs, combattants français et allemands tués pendant la grande bataille, les deux nations signifiaient, de façon irrévocable, que l’inimitié était désormais derrière nous. The symbolism was striking: faced with these innumerable graves where, moreover, French and German fighters killed during the great battle lie together, the two nations irrevocably signified that the enmity was now behind us. France et Allemagne étaient non seulement réconciliées, mais solidaires. France and Germany were not only reconciled, but united. Solidairement responsables du destin de l’Europe. Jointly responsible for the fate of Europe.

Est-il sûr que nous ayons été au bout de cette symbolique des mains saisies ? Is it sure that we have come to the end of this symbolism of gripped hands? ¿Es seguro que hemos llegado al final de este simbolismo de manos agarradas? C’est beaucoup plus qu’une poignée de main ! It's much more than a handshake! C’était le sceau d’une union d’autant plus profonde qu’elle avait lieu au cœur de la métropole militaire. It was the seal of a union all the more profound as it took place in the heart of the military metropolis. Mais est-il avéré, aujourd’hui, que la solidarité franco-allemande implique la solidarité des armes ? But is it true, today, that Franco-German solidarity implies solidarity of arms? Pero, ¿está probado hoy que la solidaridad franco-alemana implica la solidaridad de las armas?

Nous n’en sommes pas encore là, parce que notre partenaire d’Outre-Rhin demeure marqué par les séquelles de l’héritage du nazisme. We are not there yet, because our partner on the other side of the Rhine remains marked by the after-effects of the legacy of Nazism. Et puis le fait que l’Europe se définisse d’abord comme un espace de paix n’invite pas à mettre en avant les responsabilités communes dans un monde dangereux, qui exige l’engagement. And then the fact that Europe defines itself first and foremost as an area of peace does not encourage us to highlight common responsibilities in a dangerous world, which requires commitment. Celui qui conduit notre armée sur les théâtres d’opérations extérieures, où l’armée allemande ne l’a pas encore rejointe. The one who leads our army to foreign theaters of operations, where the German army has not yet joined it. El que conduce a nuestro ejército a los teatros de operaciones exteriores, donde aún no se ha incorporado el ejército alemán.