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innerFrench Podcast - Episodes #97 Onward, #98 – Pourquoi le pass sanitaire divise-t-il les Français ? (3)

#98 – Pourquoi le pass sanitaire divise-t-il les Français ? (3)

Mais en plus, ce qu'on n'a pas trop apprécié, c'est le fait qu'en avril, il me semble. Emmanuel Macron avait déclaré que non, il n'y aurait pas de pass sanitaire ou en tout cas que ça ne concernerait pas les restaurants, les cafés, etc. Et trois mois plus tard, un peu sorti de nulle part, il fait cette annonce le 12 juillet. Donc ça, ça a créé de la confusion. Et c'est vrai qu'on se demande comment faire confiance à notre président s'il change d'avis de manière aussi radicale tous les trois mois. Ingrid: [00:26:50] Et c'est un problème qu'on a eu tout au long de la gestion de la crise du covid. On a eu le problème des masques. Au début, il n'y avait pas de masques en France, donc le gouvernement disait que les masques n'étaient pas utiles. Après, il y a eu finalement une obligation à porter le masque avec des amendes très importantes et des contrôles policiers importants. Et tout le long de l'épidémie, ça a été le problème. C'est qu'il y a eu des affirmations, des promesses qui n'ont jamais été tenues et c'est vraiment ça qui a été qui a créé une défiance, en fait, de la part de certains Français envers les politiques. Hugo: [00:27:30] Après, si on veut essayer de défendre Emmanuel Macron, on peut voir ça en se disant qu'il est pragmatique et qu'il ne reste pas campé sur ses principes. Être campé sur ses principes, ça veut dire que vous avez pris une décision et que vous refusez totalement de changer d'avis. Au contraire, on peut se dire qu'il analyse l'évolution de la situation et qu'il adapte ses décisions politiques en fonction de ce qui se passe, du nouveau variant delta, etc. Donc, ça peut être vu soit comme un manque de cohérence, soit comme une forme de pragmatisme.

Ingrid: [00:28:10] Après, le problème, c'est qu'il ne dit pas qu'il s'est trompé et à aucun moment il y a une reconnaissance de « on s'est trompé ». Ni de la part de ses ministres. Et puis surtout, à aucun moment, ils disent « on ne sait pas », « on va voir ». Ils affirment des choses quand ils ne savent pas. Et je pense que c'est ce qui a participé aussi à faire que quand il dit que quelque chose doit être fait, ça ne donne pas envie de le faire. Hugo: [00:28:39] Effectivement. Et d'ailleurs, en ce qui concerne la pédagogie, je ne sais pas si t'as vu, mais il a un peu changé là aussi. Quand je dis « il », c'est Emmanuel Macron. Parce qu'il y a quelques jours, il a fait une annonce sur Instagram en invitant les jeunes, à… Bon, pas directement les jeunes, mais c'est vrai que c'était sur Instagram, TikTok… Ingrid: [00:29:04] Et TikTok aussi.

Hugo: [00:29:06] Ouais, et peut-être, Twitch, je sais plus. Donc plutôt des plateformes sur lesquelles on trouve essentiellement des jeunes. Il a invité les gens à lui poser toutes les questions qu'ils voulaient sur le vaccin. Et il se proposait d'y répondre directement. Et ce qui est drôle, c'est qu'il a repris vraiment tous les codes. Donc c'est lui qui se filmer en selfie. Il était en tee-shirt aussi parce qu'il est en vacances en ce moment, donc voilà. Voir le président en tee-shirt, je sais pas si dans l'histoire des Présidents, ça avait été fait. Mais forcément, le simple fait qu'il soit en tee-shirt, ça a fait le buzz. Et j'ai vu qu'il a déjà posté deux vidéos où il répond aux questions. Donc, voilà on voit qu'il essaye peut-être de faire un peu plus de pédagogie, et ce qu'on appelle le « aller vers ». Donc « aller vers », c'est une forme de politique, notamment avec les associations dans les quartiers, qui essaye d'aller vers les habitants pour leur donner des informations sur la vaccination, etc. Donc voilà, maintenant, j'ai l'impression qu'il essaye de faire un peu plus de pédagogie. Mais bon, je ne sais pas si ça va réussir à convaincre beaucoup de personnes.

Ingrid: [00:30:12] Je ne sais pas si le format TikTok, Instagram sont forcément les meilleurs formats pour la pédagogie, c'est beaucoup de communication. Emmanuel Macron a aussi été sur YouTube avec des youtubeurs rigolos, on va dire, pas du tout quelque chose de sérieux. Je pense que ça rentre plutôt dans cette ligne parce que jusqu'ici, le gouvernement a pas vraiment essayé de faire de la pédagogie scientifique entre guillemets sur le vaccin. Même les campagnes, je ne sais pas si tu avais vu, vu que tu n'étais pas en France, mais les campagnes où c'était « j'embrasse ma grand-mère », voilà des grands-mères et des petits-enfants qui étaient réunis. Hugo: [00:31:06] Non, j'avais pas vu ça. Ingrid: [00:31:06] Ils ont vraiment joué sur l'émotionnel en oubliant d'expliquer, en fait, voilà. Comme on vous disait, les Français ont des vrais doutes, des vraies questions scientifiques. Et voilà. Mais c'est vrai que je n'ai pas vu les Tik Tok. Je ne sais pas s'il répond vraiment de manière concrète, scientifique, aux questions. Donc je laisse un point d'interrogation. Hugo: [00:31:19] Non. Si. Il est assez pédagogue, mais c'est vrai qu'on peut se demander si c'est plus une opération de com, une opération de communication, que vraiment une campagne de pédagogie pour convaincre les jeunes de se faire vacciner. C'est sûrement un peu les deux. Mais en fait, cette défiance vis-à-vis du pass sanitaire, c'est aussi finalement une défiance vis-à-vis d'Emmanuel Macron et du gouvernement. Dans l'épisode sur « Pourquoi les Français sont ils anti-vaccin ? », je vous avais expliqué que jusqu'à la fin des années 90, les Français étaient majoritairement pro vaccins et que ça avait changé à cause d'une perte de confiance au niveau des.. vis-à-vis des dirigeants politiques et aussi de différents scandales qui concernaient des entreprises pharmaceutiques. Et cette défiance vis-à-vis du politique, on la retrouve aujourd'hui en ce qui concerne le sanitaire. Ingrid: [00:32:31] Ouais c'est vrai. Et puis en plus, là, on apprend beaucoup de scandales liés aux big pharmas, aux entreprises de l'industrie pharmaceutique qui ont gagné énormément d'argent avec les vaccins. Et donc, ça contribue aussi à créer encore plus de défiance vis-à-vis des élites, en fait, tout ce qui est politique, économique, et même donner une impression, voilà carrément les gens font dans le complotisme : c'est fait exprès, c'est que pour sortir de l'argent, pour nous manipuler, etc. Donc voilà. On peut aller très, très loin quand on part sur cette ligne, mais tout a un point de départ qui est ça : les politiques et les industries.

Hugo: [00:33:16] C'est vrai. Et une des principales critiques qui est faite au pass sanitaire, c'est son côté liberticide aussi. Mais bon, là aussi, si je me fais l'avocat du diable ou en tout cas l'avocat d'Emmanuel Macron. D'ailleurs, je vais le citer, il a dit récemment « La liberté où je ne dois rien à personne n'existe pas ». Donc ici, « devoir », « je ne dois rien à personne », ça veut dire « je n'ai pas de dettes vis-à-vis de qui que ce soit ». « La liberté où je ne dois rien à personne n'existe pas ». Autrement dit, pour être libre, on doit respecter certaines obligations, mais on doit respecter notamment la liberté des autres. Donc, se faire vacciner c'est pas seulement pour se protéger soi-même, mais aussi pour vacciner les autres. Ça peut être vu comme un acte de civisme. On a parlé de cette immunité collective et pour le variant Delta, il faut qu'elle soit de 90% pour être efficace. Donc, si on veut un retour à la vie normale, si on veut que tout le monde puisse profiter des cafés, des restaurants, des cinémas, des lieux sportifs, des festivals, etc. Bah, tout le monde doit jouer le jeu et tout le monde doit se faire vacciner.

Ingrid: [00:34:34] Euh oui, mais du coup, ça, c'est un argument qui est qui a tendance plutôt à énerver encore plus les antis pass sanitaire. D'ailleurs, parmi lesquels il y a des personnes vaccinées. Il y a des personnes qui sont vaccinées, mais qui ne sont pas pour le pass sanitaire et qui trouvent qu'il y a un discours moralisateur qui fait culpabiliser les personnes non vaccinées, qui donnent l'impression que c'est leur faute, qu'ils prennent consciemment la décision de mettre en danger les autres. Et donc disposer de leur corps comme ils veulent et prendre soin de leur santé comme ils veulent, c'est considéré comme une liberté individuelle fondamentale par ces personnes et cette liberté serait au-dessus de cette idée d'être disponible pour les autres et de se faire vacciner au nom de la communauté. Hugo: [00:35:30] Ouais, d'ailleurs, c'est pour ça qu'Emmanuel Macron et le gouvernement n'ont pas imposé l'obligation vaccinale. Mais ils ont plutôt choisi cette solution du pass sanitaire parce que cette obligation vaccinale, elle pourrait être contraire à ce droit fondamental de disposer de son corps librement. Mais bon, c'est un peu paradoxal parce qu'en France, il y a beaucoup de vaccins obligatoires et il y en a 11, dont 3 qui ont été ajoutés en 2018. Mais c'est une obligation qui… Enfin, ce sont des vaccins qui concernent plutôt les enfants. Et en fait, c'est assez facile de contrôler cette obligation vaccinale, tout simplement parce que les enfants qui n'ont pas été vaccinés ne peuvent pas avoir de place en crèche. Donc, les crèches, ce sont les endroits avant l'école maternelle, en fait, où on peut laisser les enfants en bas âge et où il y a des gens pour s'occuper d'eux. Donc c'est très facile de contrôler si les enfants ont été vaccinés ou pas, tout simplement parce qu'ils ne peuvent pas avoir de place dans ces crèches. Et ensuite, ils ne peuvent pas non plus s'inscrire à l'école. Mais si on imposait un vaccin maintenant à toutes les personnes adultes, ce serait un peu plus difficile à contrôler.

Ingrid: [00:36:46] Parce que oui, tu dis, tu dis que… Effectivement, c'est pas une obligation vaccinale, c'est une privation de lieu de vie, mais c'est tout comme. Puisque là aussi, je parle au nom des personnes qui sont contre le pass sanitaire, on prive en fait les citoyens de la liberté fondamentale de se rendre… d'avoir une vie de famille normale, d'avoir des loisirs de façon normale parce que finalement, la vie en société est aussi fondamentale pour la survie. Alors, c'est vrai qu'au niveau des magasins, il y a une possibilité. Mais alors imaginons en plus qu'on soit dans un département où les centres commerciaux sont interdits, sachant qu'en plus, on l'a pas dit, mais je pense que c'est le bon moment pour le dire, le président a aussi annoncé que les tests PCR allaient devenir payants au mois de septembre. Donc, on s'imagine quelqu'un qui n'est pas vacciné au mois de septembre, à chaque fois qu'il veut faire les courses pour manger, à chaque fois qu'il veut aller au restaurant, emmener ses enfants au cinéma ou que sais-je, même accéder à la culture, aux musées, va devoir payer un test. Donc là, on touche vraiment aux libertés fondamentales des personnes.

Hugo: [00:38:03] Ouais effectivement, et on accuse en fait le gouvernement, en tout cas cette décision, d'être assez hypocrite, dans le sens où c'est pas une obligation vaccinale, mais dans les faits, ça y ressemble beaucoup. Et en plus, le problème, c'est qu'avec l'obligation vaccinale, ça serait plus clair en fait : tout le monde doit se faire vacciner, il y a pas de questions. Mais là, avec le pass sanitaire, une autre critique, c'est que ça a tendance à créer deux catégories de citoyens. Les citoyens qui ont pas le pass sanitaire deviennent un peu des citoyens de seconde zone on pourrait dire, donc des citoyens qui n'ont pas les mêmes droits que les autres et qui ne peuvent pas effectivement profiter des lieux de culture des lieux de socialisation. Donc ça c'est une des grandes critiques aussi qui est faite au pas sanitaire, c'est qu'il est contraire à la valeur d'égalité, qui fait partie de la devise nationale. Ingrid: [00:39:02] D'autant plus qu'on sait, par les statistiques, qu'il y a une grosse différence sociale entre les personnes vaccinées et les personnes non vaccinées. Il y a beaucoup de personnes non vaccinées ou qui ont peur du vaccin. Il y en a une plus grande représentation parmi les classes plus populaires, les plus pauvres ou parmi… dans les campagnes. Aussi parce que c'est des endroits où peut-être il y a moins de contacts donc il y a moins eu d'urgence à se faire vacciner. Peut-être qu'il y a moins de contacts aussi avec certains scientifiques. Enfin, ça peut s'expliquer et là, ce serait carrément un autre sujet de fouiller la sociologie des personnes non vaccinées. Mais oui, c'est sûr que ce serait de la discrimination pour un groupe de personnes bien marqué. Hugo: [00:39:47] Et des personnes qui sont déjà relativement exclues, on pourrait dire, du reste de la société. Et ce qui est aussi problématique, c'est que leurs enfants vont se retrouver pénalisés parce que il va pas y avoir besoin de pass sanitaire pour les écoles, mais les enfants qui ont un pass sanitaire vont quand même avoir quelques droits supplémentaires. Donc j'ai lu notamment un article, je sais pas si ça a été encore validé, mais par exemple, s'il y a un cas de covid dans une classe, tous les élèves qui n'ont pas de pass sanitaire vont devoir rentrer chez eux et seuls les élèves qui ont un impact sanitaire vont pouvoir rester en classe et le professeur ne fera pas de cours en visioconférence. Donc autrement dit, tous les élèves qui n'ont pas de pass sanitaire seront considérés par défaut comme malades et ensuite, ils devront rattraper les cours à la maison, demander à leurs camarades, etc. Le problème, c'est que pour se faire vacciner, si on a moins de 16 ans, il faut l'autorisation de nos parents. Donc, si nos parents sont contre le vaccin, eh ben nous, on va avoir des problèmes à l'école. Donc là aussi, c'est problématique pour les enfants en général. Ingrid: [00:41:03] Surtout si c'est des enfants qui viennent de familles qui ont pas forcément les ressources pour les accueillir la journée à la maison, pour faire les devoirs avec eux, pour leur expliquer leur leçon. Donc c'est vraiment la double peine, voire la triple peine pour ces enfants-là. Et d'ailleurs, tu parlais de… Je voudrais juste revenir, parce que ça me fait penser, on parlait de l'obligation vaccinale pour les enfants qui existe déjà, et c'est sûr que l'obligation vaccinale, on est plus sur une idée qu'on protège les enfants qui ont des parents anti-vaccin alors qu'on peut pas vraiment protéger un adulte contre sa propre opinion. Si un adulte est anti-vaccins, c'est un peu son problème, en fait. Alors que les enfants, l'État se doit de les protéger. Mais là, ce n'est pas le cas avec cette loi, justement. Sur le pass sanitaire, là, on exclut certains enfants, donc on sort complètement de la logique des vaccins obligatoires pour les bébés.

Hugo: [00:42:03] C'est vrai. Et en plus, ce pass sanitaire, il prend pas vraiment en compte l'inégalité d'accès aux vaccins. L'objectif, c'est de vacciner 90% de la population pour obtenir l'immunité collective. Mais à l'heure actuelle, on a suffisamment de doses pour vacciner 70% de la population. Donc ça, déjà, c'est un peu problématique. Et si on pense aux banlieues et aux quartiers défavorisés, c'est déjà là que les taux de vaccination sont les plus faibles. Donc, encore une fois, c'est aussi la double ou la triple peine, c'est des personnes souvent, qui sont dans des situations économiques difficiles, qui sont au chômage. Dans ces quartiers, les écoles sont pas forcément très bonnes et en plus, les gens n'ont pas forcément accès au vaccin ou en tout cas aux informations pour avoir l'envie de se faire vacciner. Donc là, avec le pass sanitaire, en plus de tout ça, on va les exclure des lieux de culture, des lieux de socialisation. C'est vraiment ouais, c'est vraiment problématique. Ingrid: [00:43:20] On a parlé de liberté, d'égalité et alors vous devez connaître la devise de la France, il nous manque un mot, c'est la fraternité et en effet, le pass sanitaire, ça peut poser des questions par rapport à la fraternité. Hugo: [00:43:37] Donc, la fraternité, c'est un peu la solidarité entre les citoyens. Le fait de se considérer tous comme des frères et sœurs qui appartiennent à la même famille, grande famille des Français. Et c'est vrai que ce pass sanitaire peut remettre en cause la fraternité. J'ai lu un article assez intéressant sur ça, c'était dans Philosophie Magazine, sur en fait un changement de paradigme qui concerne l'État-Providence. L'État-Providence, c'est l'État qui s'occupe de toutes et de tous, notamment en ce qui concerne la santé, mais aussi la pauvreté. Donc, c'est toutes les mesures qui concernent l'aide pour retrouver un emploi, pour recevoir de l'argent quand on est au chômage, etc. L'État-Providence, c'est quelque chose de très important en France. Mais depuis quelques années, cet État-Providence devient de plus en plus libéral. En fait, au lieu d'aider tous les citoyens, maintenant, c'est un peu à la carte. Donc, l'État offre la possibilité d'être aidé. Mais si on ne saisit pas cette possibilité, c'est notre problème et l'État ne va pas venir à notre secours. Autrement dit, si une personne n'a pas envie d'être aidée, n'accepte pas l'aide proposée ou mise à disposition par l'État eh bien, tant pis pour elle, c'est son problème. Et c'est un peu ça, en fait, avec le pass sanitaire, au lieu d'imposer l'obligation vaccinale, où là en fait, ce serait la même chose pour tous les citoyens, on leur laisse le choix. Donc on leur offre le choix de se faire vacciner et en contrepartie, ce pass sanitaire. Mais si les personnes ne veulent pas se faire vacciner, c'est leur problème, c'est leur décision et on les exclus des espaces publics. Ingrid: [00:45:23] Oui, c'est vrai que du coup, on est très loin d'être solidaires les uns envers les autres quand on accepte que certains concitoyens aient accès à des services alors que d'autres n'en aient plus. Dans un pays comme la France, qui se vante d'avoir beaucoup de services sociaux et d'aides entre les citoyens, là, on est en train de faire quelque chose qui est complètement à l'envers par rapport à ça. Même pire, on demande en fait à des citoyens de faire le policier, surveiller, être dans l'observation de son prochain pour pouvoir le dénoncer. Hugo: [00:46:08] Effectivement, avec cette histoire d'accès au restaurant qui doit être contrôlé par une personne ou par le gérant du restaurant. Donc, ouais, c'est quelque chose d'assez problématique. Ingrid: [00:46:28] Et d'ailleurs, il y a aussi des questions qui sont plus d'ordre, carrément de modèle de société, puisque quand on demande à des citoyens de contrôler les autres ou quand on a toutes ces données qui doivent être accessibles puisque finalement, le pass sanitaire, c'est aussi lié à la Sécurité sociale, etc. Donc là, on rentre carrément dans des questions d'ordre philosophique, sur le modèle de société et quasiment quelque chose à la Big Brother où on serait dans une surveillance et où toutes nos données sont partagées et où là, pour le coup, au niveau de la fraternité, il y a certaines personnes malveillantes qui pourraient aussi avoir accès à nos données. Et les conséquences pourraient être dramatiques.

Hugo: [00:47:14] Oui, et en plus, le problème, c'est qu'une fois qu'on a mis en place ce dispositif, une fois que la logistique a été créée, c'est très facile ensuite de réactiver cette logistique, donc de mettre en place un nouveau pass pour une autre maladie ou voilà, une fois qu'on a les outils de contrôle et de surveillance, même s'ils ont été créés dans l'urgence et normalement de manière temporaire. En réalité, une fois que c'est créé, c'est difficile de revenir en arrière et c'est un outil qui peut être utilisé par le gouvernement ensuite. Hugo: [00:47:52] Bon, je pense qu'on a fait plus ou moins le tour de la question. En plus, on a été un peu long la dernière fois, donc là, on s'est dit qu'on allait essayer d'être concis. Tu as quelque chose à ajouter ou non ?

Ingrid: [00:48:32] Non, je pense qu'on est bien. Franchement, on a fait le tour. On a même réussi à caler liberté, égalité, fraternité donc franchement…

Hugo: [00:48:28] Bon, j'espère que ça vous a aidé à vous faire un avis sur la question. Si vous avez des commentaires bien sûr, on vous invite à les partager comme d'habitude sur le site Innerfrench.com. Vous pourrez aussi retrouver la transcription complète de l'épisode. Et pour finir, eh bien on vous dit à bientôt.

Ingrid: [00:48:51] À bientôt. Merci beaucoup de nous avoir écouté et promis. Hugo continuera quand même à faire des podcasts tout seul.

Hugo: [00:49:00] C'est promis. Mais quand même, il n'y aura plus de conversation à l'avenir. C'est un format qui plaît beaucoup, moi aussi. Donc voilà, on se retrouve bientôt pour un nouvel épisode.


#98 – Pourquoi le pass sanitaire divise-t-il les Français ? (3) #98 - Why does the health pass divide the French (3) #98 - ¿Por qué la tarjeta sanitaria divide a los franceses (3) #98 - Porque é que o passe de saúde divide os franceses (3)

Mais en plus, ce qu'on n'a pas trop apprécié, c'est le fait qu'en avril, il me semble. Emmanuel Macron avait déclaré que non, il n'y aurait pas de pass sanitaire ou en tout cas que ça ne concernerait pas les restaurants, les cafés, etc. Et trois mois plus tard, un peu sorti de nulle part, il fait cette annonce le 12 juillet. Donc ça, ça a créé de la confusion. Et c'est vrai qu'on se demande comment faire confiance à notre président s'il change d'avis de manière aussi radicale tous les trois mois. Ingrid: [00:26:50] Et c'est un problème qu'on a eu tout au long de la gestion de la crise du covid. On a eu le problème des masques. Au début, il n'y avait pas de masques en France, donc le gouvernement disait que les masques n'étaient pas utiles. Après, il y a eu finalement une obligation à porter le masque avec des amendes très importantes et des contrôles policiers importants. Et tout le long de l'épidémie, ça a été le problème. C'est qu'il y a eu des affirmations, des promesses qui n'ont jamais été tenues et c'est vraiment ça qui a été qui a créé une défiance, en fait, de la part de certains Français envers les politiques. Hugo: [00:27:30] Après, si on veut essayer de défendre Emmanuel Macron, on peut voir ça en se disant qu'il est pragmatique et qu'il ne reste pas campé sur ses principes. Être campé sur ses principes, ça veut dire que vous avez pris une décision et que vous refusez totalement de changer d'avis. Au contraire, on peut se dire qu'il analyse l'évolution de la situation et qu'il adapte ses décisions politiques en fonction de ce qui se passe, du nouveau variant delta, etc. Donc, ça peut être vu soit comme un manque de cohérence, soit comme une forme de pragmatisme.

Ingrid: [00:28:10] Après, le problème, c'est qu'il ne dit pas qu'il s'est trompé et à aucun moment il y a une reconnaissance de « on s'est trompé ». Ni de la part de ses ministres. Et puis surtout, à aucun moment, ils disent « on ne sait pas », « on va voir ». Ils affirment des choses quand ils ne savent pas. Et je pense que c'est ce qui a participé aussi à faire que quand il dit que quelque chose doit être fait, ça ne donne pas envie de le faire. Hugo: [00:28:39] Effectivement. Et d'ailleurs, en ce qui concerne la pédagogie, je ne sais pas si t'as vu, mais il a un peu changé là aussi. Quand je dis « il », c'est Emmanuel Macron. Parce qu'il y a quelques jours, il a fait une annonce sur Instagram en invitant les jeunes, à… Bon, pas directement les jeunes, mais c'est vrai que c'était sur Instagram, TikTok… Ingrid: [00:29:04] Et TikTok aussi.

Hugo: [00:29:06] Ouais, et peut-être, Twitch, je sais plus. Donc plutôt des plateformes sur lesquelles on trouve essentiellement des jeunes. Il a invité les gens à lui poser toutes les questions qu'ils voulaient sur le vaccin. Et il se proposait d'y répondre directement. Et ce qui est drôle, c'est qu'il a repris vraiment tous les codes. Donc c'est lui qui se filmer en selfie. Il était en tee-shirt aussi parce qu'il est en vacances en ce moment, donc voilà. Voir le président en tee-shirt, je sais pas si dans l'histoire des Présidents, ça avait été fait. Mais forcément, le simple fait qu'il soit en tee-shirt, ça a fait le buzz. Et j'ai vu qu'il a déjà posté deux vidéos où il répond aux questions. Donc, voilà on voit qu'il essaye peut-être de faire un peu plus de pédagogie, et ce qu'on appelle le « aller vers ». Donc « aller vers », c'est une forme de politique, notamment avec les associations dans les quartiers, qui essaye d'aller vers les habitants pour leur donner des informations sur la vaccination, etc. Donc voilà, maintenant, j'ai l'impression qu'il essaye de faire un peu plus de pédagogie. Mais bon, je ne sais pas si ça va réussir à convaincre beaucoup de personnes.

Ingrid: [00:30:12] Je ne sais pas si le format TikTok, Instagram sont forcément les meilleurs formats pour la pédagogie, c'est beaucoup de communication. Emmanuel Macron a aussi été sur YouTube avec des youtubeurs rigolos, on va dire, pas du tout quelque chose de sérieux. Je pense que ça rentre plutôt dans cette ligne parce que jusqu'ici, le gouvernement a pas vraiment essayé de faire de la pédagogie scientifique entre guillemets sur le vaccin. Même les campagnes, je ne sais pas si tu avais vu, vu que tu n'étais pas en France, mais les campagnes où c'était « j'embrasse ma grand-mère », voilà des grands-mères et des petits-enfants qui étaient réunis. Hugo: [00:31:06] Non, j'avais pas vu ça. Ingrid: [00:31:06] Ils ont vraiment joué sur l'émotionnel en oubliant d'expliquer, en fait, voilà. Comme on vous disait, les Français ont des vrais doutes, des vraies questions scientifiques. Et voilà. Mais c'est vrai que je n'ai pas vu les Tik Tok. Je ne sais pas s'il répond vraiment de manière concrète, scientifique, aux questions. Donc je laisse un point d'interrogation. Hugo: [00:31:19] Non. Si. Il est assez pédagogue, mais c'est vrai qu'on peut se demander si c'est plus une opération de com, une opération de communication, que vraiment une campagne de pédagogie pour convaincre les jeunes de se faire vacciner. C'est sûrement un peu les deux. Mais en fait, cette défiance vis-à-vis du pass sanitaire, c'est aussi finalement une défiance vis-à-vis d'Emmanuel Macron et du gouvernement. Dans l'épisode sur « Pourquoi les Français sont ils anti-vaccin ? », je vous avais expliqué que jusqu'à la fin des années 90, les Français étaient majoritairement pro vaccins et que ça avait changé à cause d'une perte de confiance au niveau des.. vis-à-vis des dirigeants politiques et aussi de différents scandales qui concernaient des entreprises pharmaceutiques. Et cette défiance vis-à-vis du politique, on la retrouve aujourd'hui en ce qui concerne le sanitaire. Ingrid: [00:32:31] Ouais c'est vrai. Et puis en plus, là, on apprend beaucoup de scandales liés aux big pharmas, aux entreprises de l'industrie pharmaceutique qui ont gagné énormément d'argent avec les vaccins. Et donc, ça contribue aussi à créer encore plus de défiance vis-à-vis des élites, en fait, tout ce qui est politique, économique, et même donner une impression, voilà carrément les gens font dans le complotisme : c'est fait exprès, c'est que pour sortir de l'argent, pour nous manipuler, etc. And so, it also contributes to creating even more distrust vis-à-vis the elites, in fact, everything that is political, economic, and even to give an impression, that's downright people are into conspiracy: it's done on purpose, it's just to get money out, to manipulate us, etc. Donc voilà. On peut aller très, très loin quand on part sur cette ligne, mais tout a un point de départ qui est ça : les politiques et les industries.

Hugo: [00:33:16] C'est vrai. Et une des principales critiques qui est faite au pass sanitaire, c'est son côté liberticide aussi. Mais bon, là aussi, si je me fais l'avocat du diable ou en tout cas l'avocat d'Emmanuel Macron. D'ailleurs, je vais le citer, il a dit récemment « La liberté où je ne dois rien à personne n'existe pas ». Donc ici, « devoir », « je ne dois rien à personne », ça veut dire « je n'ai pas de dettes vis-à-vis de qui que ce soit ». « La liberté où je ne dois rien à personne n'existe pas ». Autrement dit, pour être libre, on doit respecter certaines obligations, mais on doit respecter notamment la liberté des autres. Donc, se faire vacciner c'est pas seulement pour se protéger soi-même, mais aussi pour vacciner les autres. Ça peut être vu comme un acte de civisme. On a parlé de cette immunité collective et pour le variant Delta, il faut qu'elle soit de 90% pour être efficace. Donc, si on veut un retour à la vie normale, si on veut que tout le monde puisse profiter des cafés, des restaurants, des cinémas, des lieux sportifs, des festivals, etc. Bah, tout le monde doit jouer le jeu et tout le monde doit se faire vacciner.

Ingrid: [00:34:34] Euh oui, mais du coup, ça, c'est un argument qui est qui a tendance plutôt à énerver encore plus les antis pass sanitaire. D'ailleurs, parmi lesquels il y a des personnes vaccinées. Il y a des personnes qui sont vaccinées, mais qui ne sont pas pour le pass sanitaire et qui trouvent qu'il y a un discours moralisateur qui fait culpabiliser les personnes non vaccinées, qui donnent l'impression que c'est leur faute, qu'ils prennent consciemment la décision de mettre en danger les autres. Et donc disposer de leur corps comme ils veulent et prendre soin de leur santé comme ils veulent, c'est considéré comme une liberté individuelle fondamentale par ces personnes et cette liberté serait au-dessus de cette idée d'être disponible pour les autres et de se faire vacciner au nom de la communauté. Hugo: [00:35:30] Ouais, d'ailleurs, c'est pour ça qu'Emmanuel Macron et le gouvernement n'ont pas imposé l'obligation vaccinale. Mais ils ont plutôt choisi cette solution du pass sanitaire parce que cette obligation vaccinale, elle pourrait être contraire à ce droit fondamental de disposer de son corps librement. Mais bon, c'est un peu paradoxal parce qu'en France, il y a beaucoup de vaccins obligatoires et il y en a 11, dont 3 qui ont été ajoutés en 2018. Mais c'est une obligation qui… Enfin, ce sont des vaccins qui concernent plutôt les enfants. Et en fait, c'est assez facile de contrôler cette obligation vaccinale, tout simplement parce que les enfants qui n'ont pas été vaccinés ne peuvent pas avoir de place en crèche. Donc, les crèches, ce sont les endroits avant l'école maternelle, en fait, où on peut laisser les enfants en bas âge et où il y a des gens pour s'occuper d'eux. Donc c'est très facile de contrôler si les enfants ont été vaccinés ou pas, tout simplement parce qu'ils ne peuvent pas avoir de place dans ces crèches. Et ensuite, ils ne peuvent pas non plus s'inscrire à l'école. Mais si on imposait un vaccin maintenant à toutes les personnes adultes, ce serait un peu plus difficile à contrôler.

Ingrid: [00:36:46] Parce que oui, tu dis, tu dis que… Effectivement, c'est pas une obligation vaccinale, c'est une privation de lieu de vie, mais c'est tout comme. Puisque là aussi, je parle au nom des personnes qui sont contre le pass sanitaire, on prive en fait les citoyens de la liberté fondamentale de se rendre… d'avoir une vie de famille normale, d'avoir des loisirs de façon normale parce que finalement, la vie en société est aussi fondamentale pour la survie. Alors, c'est vrai qu'au niveau des magasins, il y a une possibilité. Mais alors imaginons en plus qu'on soit dans un département où les centres commerciaux sont interdits, sachant qu'en plus, on l'a pas dit, mais je pense que c'est le bon moment pour le dire, le président a aussi annoncé que les tests PCR allaient devenir payants au mois de septembre. But then let's also imagine that we are in a department where shopping centers are prohibited, knowing that in addition, we have not said it, but I think it is the right time to say it, the president has also announced that PCR tests would become chargeable in September. Donc, on s'imagine quelqu'un qui n'est pas vacciné au mois de septembre, à chaque fois qu'il veut faire les courses pour manger, à chaque fois qu'il veut aller au restaurant, emmener ses enfants au cinéma ou que sais-je, même accéder à la culture, aux musées, va devoir payer un test. So, we imagine someone who is not vaccinated in September, every time he wants to go shopping to eat, every time he wants to go to a restaurant, take his children to the cinema or what do I know, even access to culture, to museums, will have to pay a test. Donc là, on touche vraiment aux libertés fondamentales des personnes.

Hugo: [00:38:03] Ouais effectivement, et on accuse en fait le gouvernement, en tout cas cette décision, d'être assez hypocrite, dans le sens où c'est pas une obligation vaccinale, mais dans les faits, ça y ressemble beaucoup. Et en plus, le problème, c'est qu'avec l'obligation vaccinale, ça serait plus clair en fait : tout le monde doit se faire vacciner, il y a pas de questions. Mais là, avec le pass sanitaire, une autre critique, c'est que ça a tendance à créer deux catégories de citoyens. Les citoyens qui ont pas le pass sanitaire deviennent un peu des citoyens de seconde zone on pourrait dire, donc des citoyens qui n'ont pas les mêmes droits que les autres et qui ne peuvent pas effectivement profiter des lieux de culture des lieux de socialisation. Donc ça c'est une des grandes critiques aussi qui est faite au pas sanitaire, c'est qu'il est contraire à la valeur d'égalité, qui fait partie de la devise nationale. Ingrid: [00:39:02] D'autant plus qu'on sait, par les statistiques, qu'il y a une grosse différence sociale entre les personnes vaccinées et les personnes non vaccinées. Il y a beaucoup de personnes non vaccinées ou qui ont peur du vaccin. Il y en a une plus grande représentation parmi les classes plus populaires, les plus pauvres ou parmi… dans les campagnes. Aussi parce que c'est des endroits où peut-être il y a moins de contacts donc il y a moins eu d'urgence à se faire vacciner. Peut-être qu'il y a moins de contacts aussi avec certains scientifiques. Enfin, ça peut s'expliquer et là, ce serait carrément un autre sujet de fouiller la sociologie des personnes non vaccinées. Mais oui, c'est sûr que ce serait de la discrimination pour un groupe de personnes bien marqué. Hugo: [00:39:47] Et des personnes qui sont déjà relativement exclues, on pourrait dire, du reste de la société. Et ce qui est aussi problématique, c'est que leurs enfants vont se retrouver pénalisés parce que il va pas y avoir besoin de pass sanitaire pour les écoles, mais les enfants qui ont un pass sanitaire vont quand même avoir quelques droits supplémentaires. Donc j'ai lu notamment un article, je sais pas si ça a été encore validé, mais par exemple, s'il y a un cas de covid dans une classe, tous les élèves qui n'ont pas de pass sanitaire vont devoir rentrer chez eux et seuls les élèves qui ont un impact sanitaire vont pouvoir rester en classe et le professeur ne fera pas de cours en visioconférence. Donc autrement dit, tous les élèves qui n'ont pas de pass sanitaire seront considérés par défaut comme malades et ensuite, ils devront rattraper les cours à la maison, demander à leurs camarades, etc. Le problème, c'est que pour se faire vacciner, si on a moins de 16 ans, il faut l'autorisation de nos parents. Donc, si nos parents sont contre le vaccin, eh ben nous, on va avoir des problèmes à l'école. Donc là aussi, c'est problématique pour les enfants en général. Ingrid: [00:41:03] Surtout si c'est des enfants qui viennent de familles qui ont pas forcément les ressources pour les accueillir la journée à la maison, pour faire les devoirs avec eux, pour leur expliquer leur leçon. Donc c'est vraiment la double peine, voire la triple peine pour ces enfants-là. Et d'ailleurs, tu parlais de… Je voudrais juste revenir, parce que ça me fait penser, on parlait de l'obligation vaccinale pour les enfants qui existe déjà, et c'est sûr que l'obligation vaccinale, on est plus sur une idée qu'on protège les enfants qui ont des parents anti-vaccin alors qu'on peut pas vraiment protéger un adulte contre sa propre opinion. Si un adulte est anti-vaccins, c'est un peu son problème, en fait. Alors que les enfants, l'État se doit de les protéger. Mais là, ce n'est pas le cas avec cette loi, justement. Sur le pass sanitaire, là, on exclut certains enfants, donc on sort complètement de la logique des vaccins obligatoires pour les bébés.

Hugo: [00:42:03] C'est vrai. Et en plus, ce pass sanitaire, il prend pas vraiment en compte l'inégalité d'accès aux vaccins. L'objectif, c'est de vacciner 90% de la population pour obtenir l'immunité collective. Mais à l'heure actuelle, on a suffisamment de doses pour vacciner 70% de la population. Donc ça, déjà, c'est un peu problématique. Et si on pense aux banlieues et aux quartiers défavorisés, c'est déjà là que les taux de vaccination sont les plus faibles. Donc, encore une fois, c'est aussi la double ou la triple peine, c'est des personnes souvent, qui sont dans des situations économiques difficiles, qui sont au chômage. Dans ces quartiers, les écoles sont pas forcément très bonnes et en plus, les gens n'ont pas forcément accès au vaccin ou en tout cas aux informations pour avoir l'envie de se faire vacciner. Donc là, avec le pass sanitaire, en plus de tout ça, on va les exclure des lieux de culture, des lieux de socialisation. C'est vraiment ouais, c'est vraiment problématique. Ingrid: [00:43:20] On a parlé de liberté, d'égalité et alors vous devez connaître la devise de la France, il nous manque un mot, c'est la fraternité et en effet, le pass sanitaire, ça peut poser des questions par rapport à la fraternité. Ingrid: [00:43:20] We talked about freedom, equality and then you must know the motto of France, we are missing one word, it's fraternity and indeed, the health pass, it can ask questions about brotherhood. Hugo: [00:43:37] Donc, la fraternité, c'est un peu la solidarité entre les citoyens. Le fait de se considérer tous comme des frères et sœurs qui appartiennent à la même famille, grande famille des Français. Et c'est vrai que ce pass sanitaire peut remettre en cause la fraternité. J'ai lu un article assez intéressant sur ça, c'était dans Philosophie Magazine, sur en fait un changement de paradigme qui concerne l'État-Providence. L'État-Providence, c'est l'État qui s'occupe de toutes et de tous, notamment en ce qui concerne la santé, mais aussi la pauvreté. Donc, c'est toutes les mesures qui concernent l'aide pour retrouver un emploi, pour recevoir de l'argent quand on est au chômage, etc. L'État-Providence, c'est quelque chose de très important en France. Mais depuis quelques années, cet État-Providence devient de plus en plus libéral. En fait, au lieu d'aider tous les citoyens, maintenant, c'est un peu à la carte. Donc, l'État offre la possibilité d'être aidé. Mais si on ne saisit pas cette possibilité, c'est notre problème et l'État ne va pas venir à notre secours. Autrement dit, si une personne n'a pas envie d'être aidée, n'accepte pas l'aide proposée ou mise à disposition par l'État eh bien, tant pis pour elle, c'est son problème. Et c'est un peu ça, en fait, avec le pass sanitaire, au lieu d'imposer l'obligation vaccinale, où là en fait, ce serait la même chose pour tous les citoyens, on leur laisse le choix. Donc on leur offre le choix de se faire vacciner et en contrepartie, ce pass sanitaire. Mais si les personnes ne veulent pas se faire vacciner, c'est leur problème, c'est leur décision et on les exclus des espaces publics. Ingrid: [00:45:23] Oui, c'est vrai que du coup, on est très loin d'être solidaires les uns envers les autres quand on accepte que certains concitoyens aient accès à des services alors que d'autres n'en aient plus. Dans un pays comme la France, qui se vante d'avoir beaucoup de services sociaux et d'aides entre les citoyens, là, on est en train de faire quelque chose qui est complètement à l'envers par rapport à ça. Même pire, on demande en fait à des citoyens de faire le policier, surveiller, être dans l'observation de son prochain pour pouvoir le dénoncer. Hugo: [00:46:08] Effectivement, avec cette histoire d'accès au restaurant qui doit être contrôlé par une personne ou par le gérant du restaurant. Donc, ouais, c'est quelque chose d'assez problématique. Ingrid: [00:46:28] Et d'ailleurs, il y a aussi des questions qui sont plus d'ordre, carrément de modèle de société, puisque quand on demande à des citoyens de contrôler les autres ou quand on a toutes ces données qui doivent être accessibles puisque finalement, le pass sanitaire, c'est aussi lié à la Sécurité sociale, etc. Donc là, on rentre carrément dans des questions d'ordre philosophique, sur le modèle de société et quasiment quelque chose à la Big Brother où on serait dans une surveillance et où toutes nos données sont partagées et où là, pour le coup, au niveau de la fraternité, il y a certaines personnes malveillantes qui pourraient aussi avoir accès à nos données. Et les conséquences pourraient être dramatiques.

Hugo: [00:47:14] Oui, et en plus, le problème, c'est qu'une fois qu'on a mis en place ce dispositif, une fois que la logistique a été créée, c'est très facile ensuite de réactiver cette logistique, donc de mettre en place un nouveau pass pour une autre maladie ou voilà, une fois qu'on a les outils de contrôle et de surveillance, même s'ils ont été créés dans l'urgence et normalement de manière temporaire. En réalité, une fois que c'est créé, c'est difficile de revenir en arrière et c'est un outil qui peut être utilisé par le gouvernement ensuite. Hugo: [00:47:52] Bon, je pense qu'on a fait plus ou moins le tour de la question. En plus, on a été un peu long la dernière fois, donc là, on s'est dit qu'on allait essayer d'être concis. Tu as quelque chose à ajouter ou non ?

Ingrid: [00:48:32] Non, je pense qu'on est bien. Franchement, on a fait le tour. Frankly, we have done the trick. On a même réussi à caler liberté, égalité, fraternité donc franchement…

Hugo: [00:48:28] Bon, j'espère que ça vous a aidé à vous faire un avis sur la question. Si vous avez des commentaires bien sûr, on vous invite à les partager comme d'habitude sur le site Innerfrench.com. Vous pourrez aussi retrouver la transcription complète de l'épisode. Et pour finir, eh bien on vous dit à bientôt.

Ingrid: [00:48:51] À bientôt. Merci beaucoup de nous avoir écouté et promis. Hugo continuera quand même à faire des podcasts tout seul.

Hugo: [00:49:00] C'est promis. Mais quand même, il n'y aura plus de conversation à l'avenir. But still, there will be no more conversation in the future. C'est un format qui plaît beaucoup, moi aussi. Donc voilà, on se retrouve bientôt pour un nouvel épisode.