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Bram Stoker - Dracula, Part (78)

Part (78)

Maintenant, hommes, au Conseil de Guerre; car, ici et maintenant, nous devons planifier ce que tout un chacun fera. » « Je trouverai une chaloupe pour le poursuivre », dit Lord Godalming. « Et moi, je prendrai des chevaux pour le suivre sur la berge, au cas où il s'échapperait par la terre », dit Mr Morris. « Bien! dit le Professeur, « tous les deux, très bien. Mais aucun ne doit aller seul. Il doit y avoir de la puissance pour contrer la puissance, si nécessaire; le Slovaque est fort et brutal, et il a de rudes bras. » Tous les hommes sourirent, car ils avaient avec eux un véritable petit arsenal. Mr Morris dit : « J'ai apporté des Winchesters; elles sont assez pratiques contre des assaillants multiples; et il pourrait y avoir des loups. Le Comte, si vous vous souvenez, a pris d'autres précautions; il a demandé des choses à d'autres personnes, que Mrs Harker ne parvenait pas bien à entendre ou à comprendre. Nous devons parer à toutes les éventualités. » Le Dr Seward dit : « Je pense que je devrais aller avec Quincey. Nous avons l'habitude de chasser ensemble et nous deux, bien armés, nous formerons une bonne équipe pour recevoir tout ce qui peut se présenter. Vous ne devez pas être seul, Art. Il sera peut-être nécessaire de vous battre contre les Slovaques, et un hasard malheureux - car je ne pense pas que ces gars portent des armes à feu - pourrait défaire tous nos plans. Il ne doit pas y avoir de hasards, cette fois; nous ne devons pas prendre le moindre repos avant que la tête et le corps du Comte aient été séparés, et que nous soyons sûrs qu'il ne peut pas se réincarner. » Il regarda Jonathan tandis qu'il parlait, et Jonathan me regarda. Je pouvais voir mon pauvre chéri tout déchiré de l'intérieur. Bien sûr il désirait être avec moi; mais l'équipe qui serait sur le bateau serait, très probablement, celle qui abattrait le… le….. le… Vampire. (Pourquoi ai-je autant hésité à écrire le mot ?) Il demeura silencieux un moment, et durant ce silence, le Dr Van Helsing dit : « Ami Jonathan, c'est à vous de l'accompagner, pour deux raisons. D'abord, parce que vous êtes jeune et courageux, et que vous pouvez vous battre, et que toutes les énergies pourront être utiles à la fin ; et aussi parce que c'est votre droit de détruire celui - la chose - qui a jeté tant de souffrance sur vous et sur les vôtres. Ne craignez rien pour Madam Mina; je la surveillerai moi-même, si je le puis. Je suis vieux. Mes jambes ne sont plus aussi rapides qu'auparavant pour courir; et je n'ai pas

l'habitude de monter à cheval si longtemps, ou de donner la chasse si nécessaire, ou de me battre avec des armes létales. Mais je peux être utile d'une autre façon; je peux me battre avec d'autres armes. Et je peux mourir, s'il le faut, aussi bien qu'un homme plus jeune. Maintenant laissez-moi vous dire ce que je voudrais : pendant que vous, mon seigneur Godalming, et l'ami Jonathan, vous irez dans votre petite chaloupe si rapide pour remonter la rivière, tandis que John et Quincey surveilleront la berge où, d'aventure, il aurait pu accoster, j'emmènerai Madam Mina au coeur-même du pays ennemi. Tandis que le vieux renard est enfermé dans sa boîte, flottant sur les eaux vives qu'il ne peut pas traverser pour accoster - où il n'ose soulever le couvercle de son cercueil de peur que les Slovaques qui le transportent ne prennent peur et ne l'abandonnent à la mort - nous suivrons les pas de Jonathan, de Bristritz jusqu'à Borgo, et nous trouverons le chemin du château de Dracula. Là, le pouvoir de l'hypnose de Madam Mina nous aidera sûrement, et nous trouverons notre chemin - si sombre et si inconnu, autrement - après le premier lever de soleil, lorsque nous serons proches de ce lieu fatidique. Il y a beaucoup à faire, et d'autres lieux à sanctifier, afin que ce nid de vipères soit oblitéré. » Ici, Jonathan l'interrompit vivement : « Etes-vous en train de me dire, Professeur Van Helsing, que vous comptez emmener Mina, dans sa triste situation, contaminée comme elle l'est par la maladie de ce démon, tout droit dans les mâchoires de ce piège mortel ? Pour rien au monde ! Ni pour le Ciel, ni pour l'Enfer ! » Il resta presque interdit pendant une minute, puis poursuivit : « Savez-vous bien de quel lieu vous parlez ? Avez-vous vu cet affreux repaire d'infamie infernale - avec les rayons-mêmes de la lune grouillants d'ombres macabres, et chaque grain de poussière qui vole au vent, renfermant l'embryon d'un monstre dévorant ? Avez-vous senti les lèvres du vampire sur votre gorge ? » Ici il se tourna vers moi, et comme ses yeux remontèrent jusqu'à mon front, il jeta ses bras en l'air dans un sanglot « Oh mon dieu, qu'avons-nous fait pour mériter cette terreur sur nous ! » et il s'écroula dans le sofa, écrasé de souffrance. La voix du Professeur, comme elle s'élevait d'un ton clair et doux, qui semblait vibrer dans l'air, nous calma tous : « Oh mon ami, c'est parce que je veux sauver Madam Mina de ce lieu affreux, que je veux y aller. Dieu interdit que je l'emmène là-bas. Il y a un travail - un sombre travail - à faire là, que ses yeux ne doivent pas voir. Nous autres hommes, ici, tous à l'exemption de Jonathan, nous avons vu de nos propres yeux ce qu'il y a à faire pour que cet endroit soit purifié. Rappelez-vous que nous sommes en grande difficulté. Si le Comte nous échappe cette fois-ci - et il est fort, et subtil, et rusé - il peut choisir de dormir pendant cent ans, et alors avec le temps, notre chère Mina » - il prit ma main - « viendrait à lui pour lui tenir compagnie, et serait comme ces autres femmes que vous avez vues, Jonathan. Vous nous avez parlé de leurs sourires d'exultation malveillante, vous avez entendu leur rire grivois quand elles attrapaient le sac, agité de mouvements, que le Comte leur lançait. Vous frissonnez; et c'est tant mieux. Pardonnez-moi de vous faire autant de peine, mais cela est nécessaire. Mon ami, n'est-ce pas un devoir impérieux pour lequel je suis en train, peut-être de donner ma vie ? Si quelqu'un doit aller là-bas pour y rester, c'est à moi d'aller leur tenir compagnie. » « Faites comme vous voulez », dit Jonathan, avec un sanglot qui le secoua tout entier, « nous sommes entre les mains de Dieu. » Plus tard - Oh, cela m'a fait du bien de voir ces hommes courageux à l'oeuvre. Comment les femmes peuvent-elles aider des hommes aimants, quand ils sont déjà si passionnés, si sincères et si courageux ! Et, aussi, cela m'a fait penser au merveilleux pouvoir de l'argent ! Que ne peut-il faire lorsqu'il est employé à bon escient; et que peut-il faire lorsqu'il est utilisé pour le mal… Je me sentis si reconnaissante que Lord Godalming soit riche, et que lui et Mr Morris, qui possède également beaucoup d'argent, soient disposés à dépenser sans compter. Car si cela n'avait pas été le cas, notre petite expédition n'aurait pas pu être montée aussi vite, ni avec un aussi bon équipement, qu'elle va l'être dans l'heure qui vient. Cela ne fait pas trois heures que nous avons décidé quel rôle chacun de nous devait jouer; et maintenant Lord Godalming et Jonathan disposent d'un charmant steamer, qui se tient prête à démarrer en un instant. Dr Steward et Mr Morris ont une demi-douzaine de bons chevaux, bien chargés. Nous avons toutes les cartes et tout le matériel divers et varié qui se peuvent imaginer. Le Professeur Van Helsing et moi devons partir par le train de 11h40 ce soir pour Veresti, où nous devons prendre un attelage pour nous conduire à la passe de Borgo. Nous emmenons une bonne quantité d'argent, car nous devons acheter l'attelage et les chevaux. Nous les conduirons nous-mêmes, car nous n'avons personne de confiance pour le faire. Nous avons tous des armes, et il y a même pour moi un revolver à gros calibre; Jonathan n'a eu de cesse que je sois armée comme les autres. Hélas ! il y a une arme que je ne suis pas capable de porter comme les autres; la cicatrice sur mon front me l'interdit. Ce cher Dr Van Helsing me réconforte en me disant que je suis parfaitement équipée en cas de rencontre avec des loups; le temps se rafraîchit à chaque heure, et des tourbillons de neige vont et viennent comme des présages.

Plus tard - Cela m'a demandé tout mon courage de dire au-revoir à mon cher époux. Il se peut que nous ne nous revoyions jamais. Courage, Mina ! Le Professeur te regarde fixement; son regard est un avertissement. Il ne doit pas y avoir de larmes maintenant - pas avant que Dieu ne les transforme en larmes de joie. Journal de Jonathan Harker , 30 octobre, soir. J'écris à la lueur de la porte de la chaudière du bateau à vapeur. Lord Godalming entretient le feu. Il a l'habitude de ce travail : il a possédé pendant des années un steamer à lui sur la Tamise, et un autre dans le Norfolk Broads. Concernant nos plans, nous avons fini par décider que l'intuition de Mina était la bonne, et si une voie navigable devait être choisie par le Comte pour regagner son château, c'était certainement le Sereth puis la Bistritza après leur confluent. Nous pensons qu'il devrait traverser la région qui s'entend entre la rivière et les Carpathes aux environs du quarante-septième degré de latitude nord. Nous ne craignons pas de remonter la rivière de nuit à vive allure ; l'eau a une bonne profondeur, et les rives sont suffisamment éloignées l'une de l'autre pour que la navigation à vapeur, même de nuit, soit facile. Lord Godalming me dit de dormir un moment, car un seul suffit à veiller pour le moment. Mais je ne peux pas dormir – comment le pourrais-je, avec ce terrible danger suspendu au-dessus de celle que j'aime, et qui s'en vers ce lieu monstrueux… Mon seul réconfort, c'est que nous sommes entre les mains de Dieu. Sans cette foi, il serait plus simple de mourir que de vivre, afin d'être enfin libéré de toutes ces difficultés. Mr. Morris et le Dr. Seward sont partis avant notre départ pour leur longue chevauchée, ils doivent surveiller la rive droite, suffisamment en avance sur nous afin de pouvoir gagner des hauteurs d'où ils pourront voir une bonne portion de la rivière, et pour ne pas avoir à suivre toutes ses courbes. Pour leurs premières étapes, ils étaient accompagnés de deux hommes afin de monter et guider leurs chevaux de rechange – quatre au total, afin de ne pas exciter la curiosité. Quand ils renverront ces hommes, ce qui ne devrait pas tarder, ils devront s'occuper eux-mêmes des chevaux. Il sera peut-être utile que nous regroupions nos forces ; et dans ce cas, nous disposerons de chevaux pour chacun d'entre nous. L'une des selles a une corne amovible, et peut donc facilement être adaptée pour Mina, si nécessaire. C'est là une terrible aventure dans laquelle nous nous sommes lancés. Nous nous élançons dans les ténèbres, avec le froid de la rivière qui semble remonter et nous saisir, avec toutes ces voix mystérieuses dans la nuit autour de nous. Nous avons l'impression de dériver vers des lieux inconnus, par des voies inconnues, dans un monde empli de choses sombres et terribles. Godalming referme la porte de la chaudière. 31 octobre. Nous fonçons toujours. Le jour s'est levé, et Godalming dort. Je veille. Le matin est diablement froid ; la chaleur du fourneau apporte un certain réconfort, même si nous avons aussi de gros manteaux de fourrure. Jusqu'ici nous n'avons dépassé que peu de bateaux ouverts, mais aucun d'entre eux n'avait sur le pont une caisse, ou un paquet, ou quoi que ce soit de la taille de ce que nous cherchons. Les hommes étaient effrayés à chaque fois que nous dirigions vers eux notre lampe électrique, et ils tombaient à genoux et se mettaient à prier.

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Maintenant, hommes, au Conseil de Guerre; car, ici et maintenant, nous devons planifier ce que tout un chacun fera. » « Je trouverai une chaloupe pour le poursuivre », dit Lord Godalming. « Et moi, je prendrai des chevaux pour le suivre sur la berge, au cas où il s'échapperait par la terre », dit Mr Morris. « Bien! dit le Professeur, « tous les deux, très bien. Mais aucun ne doit aller seul. Il doit y avoir de la puissance pour contrer la puissance, si nécessaire; le Slovaque est fort et brutal, et il a de rudes bras. » Tous les hommes sourirent, car ils avaient avec eux un véritable petit arsenal. Mr Morris dit : « J'ai apporté des Winchesters; elles sont assez pratiques contre des assaillants multiples; et il pourrait y avoir des loups. Le Comte, si vous vous souvenez, a pris d'autres précautions; il a demandé des choses à d'autres personnes, que Mrs Harker ne parvenait pas bien à entendre ou à comprendre. Nous devons parer à toutes les éventualités. » Le Dr Seward dit : « Je pense que je devrais aller avec Quincey. Nous avons l'habitude de chasser ensemble et nous deux, bien armés, nous formerons une bonne équipe pour recevoir tout ce qui peut se présenter. Vous ne devez pas être seul, Art. Il sera peut-être nécessaire de vous battre contre les Slovaques, et un hasard malheureux - car je ne pense pas que ces gars portent des armes à feu - pourrait défaire tous nos plans. Il ne doit pas y avoir de hasards, cette fois; nous ne devons pas prendre le moindre repos avant que la tête et le corps du Comte aient été séparés, et que nous soyons sûrs qu'il ne peut pas se réincarner. » Il regarda Jonathan tandis qu'il parlait, et Jonathan me regarda. Je pouvais voir mon pauvre chéri tout déchiré de l'intérieur. Bien sûr il désirait être avec moi; mais l'équipe qui serait sur le bateau serait, très probablement, celle qui abattrait le… le….. le… Vampire. (Pourquoi ai-je autant hésité à écrire le mot ?) Il demeura silencieux un moment, et durant ce silence, le Dr Van Helsing dit : « Ami Jonathan, c'est à vous de l'accompagner, pour deux raisons. D'abord, parce que vous êtes jeune et courageux, et que vous pouvez vous battre, et que toutes les énergies pourront être utiles à la fin ; et aussi parce que c'est votre droit de détruire celui - la chose - qui a jeté tant de souffrance sur vous et sur les vôtres. Ne craignez rien pour Madam Mina; je la surveillerai moi-même, si je le puis. Je suis vieux. Mes jambes ne sont plus aussi rapides qu'auparavant pour courir; et je n'ai pas

l'habitude de monter à cheval si longtemps, ou de donner la chasse si nécessaire, ou de me battre avec des armes létales. Mais je peux être utile d'une autre façon; je peux me battre avec d'autres armes. Et je peux mourir, s'il le faut, aussi bien qu'un homme plus jeune. Maintenant laissez-moi vous dire ce que je voudrais : pendant que vous, mon seigneur Godalming, et l'ami Jonathan, vous irez dans votre petite chaloupe si rapide pour remonter la rivière, tandis que John et Quincey surveilleront la berge où, d'aventure, il aurait pu accoster, j'emmènerai Madam Mina au coeur-même du pays ennemi. Tandis que le vieux renard est enfermé dans sa boîte, flottant sur les eaux vives qu'il ne peut pas traverser pour accoster - où il n'ose soulever le couvercle de son cercueil de peur que les Slovaques qui le transportent ne prennent peur et ne l'abandonnent à la mort - nous suivrons les pas de Jonathan, de Bristritz jusqu'à Borgo, et nous trouverons le chemin du château de Dracula. While the old fox is locked in his box, floating on the white water he can't cross to land - where he dares not lift the lid of his coffin for fear that the Slovaks carrying him will take fright and abandon him to death - we follow Jonathan's footsteps, from Bristritz to Borgo, and find our way to Dracula's castle. Là, le pouvoir de l'hypnose de Madam Mina nous aidera sûrement, et nous trouverons notre chemin - si sombre et si inconnu, autrement - après le premier lever de soleil, lorsque nous serons proches de ce lieu fatidique. Il y a beaucoup à faire, et d'autres lieux à sanctifier, afin que ce nid de vipères soit oblitéré. » Ici, Jonathan l'interrompit vivement : « Etes-vous en train de me dire, Professeur Van Helsing, que vous comptez emmener Mina, dans sa triste situation, contaminée comme elle l'est par la maladie de ce démon, tout droit dans les mâchoires de ce piège mortel ? Pour rien au monde ! Ni pour le Ciel, ni pour l'Enfer ! » Il resta presque interdit pendant une minute, puis poursuivit : « Savez-vous bien de quel lieu vous parlez ? Avez-vous vu cet affreux repaire d'infamie infernale - avec les rayons-mêmes de la lune grouillants d'ombres macabres, et chaque grain de poussière qui vole au vent, renfermant l'embryon d'un monstre dévorant ? Avez-vous senti les lèvres du vampire sur votre gorge ? » Ici il se tourna vers moi, et comme ses yeux remontèrent jusqu'à mon front, il jeta ses bras en l'air dans un sanglot « Oh mon dieu, qu'avons-nous fait pour mériter cette terreur sur nous ! » et il s'écroula dans le sofa, écrasé de souffrance. La voix du Professeur, comme elle s'élevait d'un ton clair et doux, qui semblait vibrer dans l'air, nous calma tous : « Oh mon ami, c'est parce que je veux sauver Madam Mina de ce lieu affreux, que je veux y aller. Dieu interdit que je l'emmène là-bas. Il y a un travail - un sombre travail - à faire là, que ses yeux ne doivent pas voir. Nous autres hommes, ici, tous à l'exemption de Jonathan, nous avons vu de nos propres yeux ce qu'il y a à faire pour que cet endroit soit purifié. Rappelez-vous que nous sommes en grande difficulté. Si le Comte nous échappe cette fois-ci - et il est fort, et subtil, et rusé - il peut choisir de dormir pendant cent ans, et alors avec le temps, notre chère Mina » - il prit ma main - « viendrait à lui pour lui tenir compagnie, et serait comme ces autres femmes que vous avez vues, Jonathan. Vous nous avez parlé de leurs sourires d'exultation malveillante, vous avez entendu leur rire grivois quand elles attrapaient le sac, agité de mouvements, que le Comte leur lançait. Vous frissonnez; et c'est tant mieux. Pardonnez-moi de vous faire autant de peine, mais cela est nécessaire. Mon ami, n'est-ce pas un devoir impérieux pour lequel je suis en train, peut-être de donner ma vie ? Si quelqu'un doit aller là-bas pour y rester, c'est à moi d'aller leur tenir compagnie. » « Faites comme vous voulez », dit Jonathan, avec un sanglot qui le secoua tout entier, « nous sommes entre les mains de Dieu. » Plus tard - Oh, cela m'a fait du bien de voir ces hommes courageux à l'oeuvre. Comment les femmes peuvent-elles aider des hommes aimants, quand ils sont déjà si passionnés, si sincères et si courageux ! Et, aussi, cela m'a fait penser au merveilleux pouvoir de l'argent ! Que ne peut-il faire lorsqu'il est employé à bon escient; et que peut-il faire lorsqu'il est utilisé pour le mal… Je me sentis si reconnaissante que Lord Godalming soit riche, et que lui et Mr Morris, qui possède également beaucoup d'argent, soient disposés à dépenser sans compter. Car si cela n'avait pas été le cas, notre petite expédition n'aurait pas pu être montée aussi vite, ni avec un aussi bon équipement, qu'elle va l'être dans l'heure qui vient. Cela ne fait pas trois heures que nous avons décidé quel rôle chacun de nous devait jouer; et maintenant Lord Godalming et Jonathan disposent d'un charmant steamer, qui se tient prête à démarrer en un instant. Dr Steward et Mr Morris ont une demi-douzaine de bons chevaux, bien chargés. Nous avons toutes les cartes et tout le matériel divers et varié qui se peuvent imaginer. Le Professeur Van Helsing et moi devons partir par le train de 11h40 ce soir pour Veresti, où nous devons prendre un attelage pour nous conduire à la passe de Borgo. Nous emmenons une bonne quantité d'argent, car nous devons acheter l'attelage et les chevaux. Nous les conduirons nous-mêmes, car nous n'avons personne de confiance pour le faire. Nous avons tous des armes, et il y a même pour moi un revolver à gros calibre; Jonathan n'a eu de cesse que je sois armée comme les autres. Hélas ! il y a une arme que je ne suis pas capable de porter comme les autres; la cicatrice sur mon front me l'interdit. Ce cher Dr Van Helsing me réconforte en me disant que je suis parfaitement équipée en cas de rencontre avec des loups; le temps se rafraîchit à chaque heure, et des tourbillons de neige vont et viennent comme des présages.

Plus tard - Cela m'a demandé tout mon courage de dire au-revoir à mon cher époux. Il se peut que nous ne nous revoyions jamais. Courage, Mina ! Le Professeur te regarde fixement; son regard est un avertissement. Il ne doit pas y avoir de larmes maintenant - pas avant que Dieu ne les transforme en larmes de joie. Journal de Jonathan Harker , 30 octobre, soir. J'écris à la lueur de la porte de la chaudière du bateau à vapeur. Lord Godalming entretient le feu. Il a l'habitude de ce travail : il a possédé pendant des années un steamer à lui sur la Tamise, et un autre dans le Norfolk Broads. Concernant nos plans, nous avons fini par décider que l'intuition de Mina était la bonne, et si une voie navigable devait être choisie par le Comte pour regagner son château, c'était certainement le Sereth puis la Bistritza après leur confluent. Nous pensons qu'il devrait traverser la région qui s'entend entre la rivière et les Carpathes aux environs du quarante-septième degré de latitude nord. Nous ne craignons pas de remonter la rivière de nuit à vive allure ; l'eau a une bonne profondeur, et les rives sont suffisamment éloignées l'une de l'autre pour que la navigation à vapeur, même de nuit, soit facile. Lord Godalming me dit de dormir un moment, car un seul suffit à veiller pour le moment. Mais je ne peux pas dormir – comment le pourrais-je, avec ce terrible danger suspendu au-dessus de celle que j'aime, et qui s'en vers ce lieu monstrueux… Mon seul réconfort, c'est que nous sommes entre les mains de Dieu. Sans cette foi, il serait plus simple de mourir que de vivre, afin d'être enfin libéré de toutes ces difficultés. Mr. Morris et le Dr. Seward sont partis avant notre départ pour leur longue chevauchée, ils doivent surveiller la rive droite, suffisamment en avance sur nous afin de pouvoir gagner des hauteurs d'où ils pourront voir une bonne portion de la rivière, et pour ne pas avoir à suivre toutes ses courbes. Pour leurs premières étapes, ils étaient accompagnés de deux hommes afin de monter et guider leurs chevaux de rechange – quatre au total, afin de ne pas exciter la curiosité. Quand ils renverront ces hommes, ce qui ne devrait pas tarder, ils devront s'occuper eux-mêmes des chevaux. Il sera peut-être utile que nous regroupions nos forces ; et dans ce cas, nous disposerons de chevaux pour chacun d'entre nous. L'une des selles a une corne amovible, et peut donc facilement être adaptée pour Mina, si nécessaire. C'est là une terrible aventure dans laquelle nous nous sommes lancés. Nous nous élançons dans les ténèbres, avec le froid de la rivière qui semble remonter et nous saisir, avec toutes ces voix mystérieuses dans la nuit autour de nous. Nous avons l'impression de dériver vers des lieux inconnus, par des voies inconnues, dans un monde empli de choses sombres et terribles. Godalming referme la porte de la chaudière. 31 octobre. Nous fonçons toujours. Le jour s'est levé, et Godalming dort. Je veille. Le matin est diablement froid ; la chaleur du fourneau apporte un certain réconfort, même si nous avons aussi de gros manteaux de fourrure. Jusqu'ici nous n'avons dépassé que peu de bateaux ouverts, mais aucun d'entre eux n'avait sur le pont une caisse, ou un paquet, ou quoi que ce soit de la taille de ce que nous cherchons. Les hommes étaient effrayés à chaque fois que nous dirigions vers eux notre lampe électrique, et ils tombaient à genoux et se mettaient à prier.