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Bram Stoker - Dracula, Part (77)

Part (77)

Nous trouvâmes Hildesheim à son bureau, un juif comme on en voit à l'Adelphi Theatre, avec un nez aquilin . Il nous donna ses informations entre deux pièces de monnaie – et nous nous chargeâmes de cette ponctuation sonnante et trébuchante. Après un moment de négociation, nous parvînmes à obtenir toutes les informations en sa possession. Elles se révélèrent simples, mais importantes. Il avait reçu une lettre de Mr. De Ville, à Londres, lui demandant de prendre livraison , si possible avant le lever du soleil afin d'éviter la douane, d'une caisse qui devait arriver à Galatz à bord du Czarina Catherine. Il devait ensuite la remettre à un certain Petrof Skinsky, en relation avec les Slovaques qui commercent en descendant le fleuve vers le port. Il avait reçu pour ce travail un billet de banque anglais, qu'il avait pu changer contre de l'or à la Danube International Bank. Quand Skinsky était venu, le capitaine l'avait emmené au navire, et il avait lui-même emporté la caisse, afin d'éviter les frais de portage. C'était tout ce qu'il savait. Nous nous mîmes alors à la recherche de Skinsky, mais nous fûmes incapables de le trouver. L'un de ses voisins, qui ne semblait pas le porter dans son cœur, nous dit qu'il était parti deux jours plus tôt, nul ne savait où. Cette information fut confirmée par son propriétaire, qui avait reçu par un messager la clé de la maison, accompagnée du loyer qui lui était dû, en argent anglais. Cela s'était passé hier entre dix et onze heures du soir. Nous nous retrouvions bloqués une fois de plus. Tandis que nous parlions, un homme arriva en courant, hors d'haleine, et cria que le corps de Skinsky avait été retrouvé à l'intérieur du cimetière de St. Peter, la gorge ouverte comme par quelque animal sauvage. Ceux avec qui nous parlions se précipitèrent pour voir cet horrible spectacle, et les femmes se mirent à crier : « C'est encore un Slovaque qui a fait ça ! ». Nous battîmes en retraite afin de ne pas être impliqués dans cette affaire, et ainsi retardés. En rentrant à l'hôtel, nous n'étions en mesure de tirer aucune conclusion définitive. Nous étions tous convaincus que la boîte poursuivait sa route sur l'eau, mais nous allions devoir découvrir vers quelle destination. C'est le cœur lourd que nous sommes allés retrouver Mina. Une fois ensemble, la première chose à faire était de décider si nous allions ou non mettre Mina dans la confidence. Notre situation est de plus en plus désespérée, et au moins cela constituerait une chance, même très hasardeuse. Journal de Mina Harker , 30 octobre, soir Ils étaient si fatigués, épuisés et abattus qu'il n'y avait rien à faire pour eux avant qu'ils aient pris quelque repos; aussi leur ai-je demandé de s'allonger pendant une demi-heure pendant que je consignerais tout jusqu'au moment présent. J'éprouve une telle gratitude pour l'inventeur de la machine à écrire de voyage, et pour Mr Morris qui en a acheté une pour moi. Je me serais sentie complètement perdue si j'avais dû faire tout ce travail à la main… Tout est fini; pauvre cher, cher Jonathan, comme il a dû souffrir et comme il doit souffrir maintenant. Il repose sur le sofa, respirant difficilement, et tout son corps semble comme évanoui. Ses sourcils sont froncés, son visage est tiré par la douleur. Pauvre compagnon, peut-être est-il en train de réfléchir - et je peux voir son visage tout plissé par la concentration de ses pensées. Oh, si je pouvais lui être d'une aide quelconque… Je ferai ce que je peux. J'ai demandé au Dr Van Helsing, et il m'a donné tous les papiers que je n'ai pas encore vus. Pendant qu'ils se reposent, je

passerai tout minutieusement en revue, et peut-être arriverai-je à quelque conclusion. Je dois essayer de suivre l'exemple du Professeur, et penser sans préjugés à partir des faits qui s'offrent à moi. Je crois vraiment que, grâce à la Providence de Dieu, j'ai fait une découverte. Je vais chercher les cartes et m'y pencher… Je suis plus que jamais certaine d'être dans le vrai. Les conclusions que j'ai tirées sont prêtes, aussi je vais rassembler tout le monde pour en donner lecture. Ils pourront en juger; il est bon d'être exact, et chaque minute est précieuse . Memorandum de Mina Harker (inséré dans son Journal) Objet d'étude : le problème du Comte Dracula est de retourner chez lui. a. Il doit être y être ramené par quelqu'un. Ceci est évident; car s'il avait le pouvoir de se déplacer lui-même comme il l'entend, il pourrait y aller sous la forme d'un homme, ou d'un loup, ou d'une chauve-souris, ou sous une tout autre forme. Il craint manifestement d'être découvert, ou gêné par une interférence, dans l' état de faiblesse où il doit se trouver - lorsqu'il est confiné dans sa boîte de bois, entre le lever et le coucher du soleil. b. Comment doit-il être transporté ? Ici, procéder par élimination pourrait nous être utile. Par la route, par le train, ou par l'eau ? 1. Par la route - Il y a d'innombrables difficultés, particulièrement pour quitter la ville. (x) Il y a beaucoup de monde; et les gens sont curieux, et font des recherches. Un indice, une conjecture, un simple doute sur ce qui peut se trouver dans la boîte, pourrait le détruire. (y) Il y a, ou il peut y avoir, des officiers de la douane et de l'octroi à passer. (z) Ses poursuivants pourraient le suivre. C'est là sa plus grande peur; et à seule fin de ne pas être trahi, il a repoussé, aussi loin qu'il l'a pu, sa victime-même : moi ! 2. Par le rail - Il n'y a pas de personne chargée de la boîte; il lui faudrait prendre le risque de supporter un retard, et un retard pourrait lui être fatal, avec des ennemis à ses trousses. Il pourrait en vérité s'échapper la nuit, mais que deviendrait-il, perdu dans un lieu étranger, sans aucun refuge où se rendre ? Il n'a sans doute pas l'intention de s'exposer à une telle situation. 3. Par l'eau - Voici le moyen le plus sûr, d'un certain côté, mais présentant le plus grand danger, d'un autre point de vue. Sur l'eau il est dénué de pouvoir, sauf la nuit; même alors, il ne peut que convoquer le brouillard, la tempête, la neige et ses loups. Mais s'il coulait, les eaux vives l'engloutiraient, sans aucun moyen pour lui d'en sortir, et il serait définitivement perdu. Il pourrait faire en sorte de conduire le vaisseau vers un rivage; mais s'il s'agissait d'un rivage hostile, où il ne serait pas libre de se déplacer, sa position serait à nouveau désespérée. Nous savons par le registre qu'il était sur l'eau donc ce dont nous devons nous assurer, c'est sur quelle eau.

La première chose est de prendre connaissance exactement de ce qu'il a fait déjà, nous pourrons alors en tirer quelque lumière sur ce qu'il s'apprête à faire ensuite. Premièrement - Nous devons distinguer, parmi ses actions à Londres, celles qui appartenaient à son plan général, et celles qu'il a accomplies en parant au plus pressé, du mieux qu'il a pu. Deuxièmement - Nous devons découvrir, en conjecturant au mieux à partir des faits dont nous avons connaissance, ce qu'il a fait ici. En ce qui concerne la première partie, il est évident qu'il comptait arriver à Galatz, et qu'il a envoyé une facture à Varna pour nous tromper, dans le cas où nous aurions vent de la façon dont il quittait l'Angleterre; sa seule et immédiate intention, alors, était de fuir. La preuve en est la lettre d'instructions envoyée à Immanuel Hildesheim, lui demandant de dégager et d'enlever la caisse avant le lever du soleil. Il y a aussi l'instruction à Petrof Skinsky. Nous ne pouvons que deviner sa teneur, mais il doit y avoir eu une lettre ou un message, puisque Skinsky a rendu visite à Hildesheim. Jusque là, d'après nos informations, ses plans se sont déroulés comme prévus. Le Czarina Catherine fit un voyage extraordinairement rapide - à tel point d'ailleurs que cela éveilla les soupçons du capitaine Donelson, mais sa superstition, ajoutée à sa prudence, ne firent qu'aider le Comte, et il fila, avec un vent favorable, à travers les brouillards et tout le reste, jusqu'à ce qu'il arrive, sans aucune visibilité, à Galatz. Là, les dispositions du Comte étaient prises, comme la suite l'a prouvé. Hildesheim dégagea la boîte, la retira, et la donna à Skinsky. Skinsky la prit - et ici nous perdons sa trace. Nous savons seulement que la caisse est quelque part sur l'eau, et se déplace. Les douanes et l'octroi éventuels ont été évités. Maintenant, venons-en à ce que le Comte doit avoir fait après son arrivée - sur terre, à Galatz. La caisse a été donnée à Skinsky avant le lever du soleil. Au lever du soleil, le Comte pouvait apparaître sous sa propre forme. Ici, nous nous demandons pourquoi avoir choisi Skinsky pour l'aider dans ce travail ? Dans le journal de mon mari, Skinsky est mentionné pour avoir traité avec les Slovaques qui descendaient la rivière jusqu'au port; et la remarque de l'homme, disant que le meurtre était l'oeuvre d'un slovaque, montrait son préjugé général contre cette classe. Le Comte voulait la solitude. Mon hypothèse est la suivante : à Londres, le Comte a décidé de retourner à son château par l'eau, ce qui lui apparaissait comme le moyen le plus sûr et le plus discret. Il avait été emporté hors du château par les Tziganes, et probablement ceux-ci avaient livré leur cargaison aux Slovaques qui avaient eux-mêmes amené les caisses jusqu'à Varna, car elles étaient expédiées à Londres. Donc le Comte connaissait les personnes susceptibles de lui arranger cette affaire. Alors que la caisse était sur terre, avant le lever du soleil ou après son coucher, il sortit de sa caisse, rencontra Skinsky et l'instruisit de ce qui devait être fait pour transporter la caisse en remontant quelque rivière. Quand cela fut fait, et qu'il sut que tout était en bonne voie, il pensa effacer ses traces en assassinant son agent. J'ai examiné la carte et découvert que la rivière la plus commode à remonter pour les Slovaques est soit la Pruth, soit la Sereth. J'ai lu dans la transcription de ma transe que j'ai entendu des vaches au loin et le clapotis de l'eau à hauteur de mes oreilles et le craquement du bois. Le Comte, dans sa caisse, était donc sur une rivière, à bord d'un bateau ouvert - propulsé sans doute par des rames ou des perches, parce que les berges étaient toutes proches, et qu'il devait remonter le courant. Il n'y aurait pas eu de tels bruits en effet si le bateau allait dans le sens du courant. Bien sûr, il se peut que ce ne soit ni la Sereth ni la Pruth, mais cela mérite une plus ample investigation. Maintenant, de ces deux-là, la Pruth est certes la plus navigable, mais la Sereth est, à Fundu, rejointe par la Bistritza qui forme une boucle autour de la Passe de Borgo. Cette boucle est, sans nul doute, le lieu le plus proche du château de Dracula que l'on puisse atteindre par l'eau.

Journal de Mina Harker - Suite Quand j'eus fini de lire, Jonathan me prit dans ses bras et m'embrassa. Les autres ne cessèrent de me secouer les mains, et le Dr Van Helsing dit : « Notre chère Madam Mina est une fois de plus notre professeure. Ses yeux ont vu là où les nôtres étaient aveugles. Maintenant nous avons une nouvelle piste, et cette fois nous pourrions bien remporter la partie. Notre ennemi est plus démuni qu'il ne l'a jamais été; et si nous arrivons à l'atteindre pendant le jour, sur l'eau, notre tâche sera achevée. Il a de l'avance, mais il est incapable d'accélérer, puisqu'il ne peut pas quitter sa caisse sous peine d'alerter ceux qui le transportent; car un seul soupçon de leur part pourrait les pousser à le jeter rapidement par dessus-bord dans le courant, où il périrait. Ceci, il le sait, et il ne prendra pas ce risque.

Part (77) Anteil (77) Part (77) Parte (77) Deel (77) Parte (77)

Nous trouvâmes Hildesheim à son bureau, un juif comme on en voit à l'Adelphi Theatre, avec un nez aquilin . Il nous donna ses informations entre deux pièces de monnaie – et nous nous chargeâmes de cette ponctuation sonnante et trébuchante. Après un moment de négociation, nous parvînmes à obtenir toutes les informations en sa possession. Elles se révélèrent simples, mais importantes. Il avait reçu une lettre de Mr. De Ville, à Londres, lui demandant de prendre livraison , si possible avant le lever du soleil afin d'éviter la douane, d'une caisse qui devait arriver à Galatz à bord du Czarina Catherine. Il devait ensuite la remettre à un certain Petrof Skinsky, en relation avec les Slovaques qui commercent en descendant le fleuve vers le port. Il avait reçu pour ce travail un billet de banque anglais, qu'il avait pu changer contre de l'or à la Danube International Bank. Quand Skinsky était venu, le capitaine l'avait emmené au navire, et il avait lui-même emporté la caisse, afin d'éviter les frais de portage. C'était tout ce qu'il savait. Nous nous mîmes alors à la recherche de Skinsky, mais nous fûmes incapables de le trouver. L'un de ses voisins, qui ne semblait pas le porter dans son cœur, nous dit qu'il était parti deux jours plus tôt, nul ne savait où. Cette information fut confirmée par son propriétaire, qui avait reçu par un messager la clé de la maison, accompagnée du loyer qui lui était dû, en argent anglais. Cela s'était passé hier entre dix et onze heures du soir. Nous nous retrouvions bloqués une fois de plus. Tandis que nous parlions, un homme arriva en courant, hors d'haleine, et cria que le corps de Skinsky avait été retrouvé à l'intérieur du cimetière de St. Peter, la gorge ouverte comme par quelque animal sauvage. Ceux avec qui nous parlions se précipitèrent pour voir cet horrible spectacle, et les femmes se mirent à crier : « C'est encore un Slovaque qui a fait ça ! ». Nous battîmes en retraite afin de ne pas être impliqués dans cette affaire, et ainsi retardés. En rentrant à l'hôtel, nous n'étions en mesure de tirer aucune conclusion définitive. Nous étions tous convaincus que la boîte poursuivait sa route sur l'eau, mais nous allions devoir découvrir vers quelle destination. C'est le cœur lourd que nous sommes allés retrouver Mina. Une fois ensemble, la première chose à faire était de décider si nous allions ou non mettre Mina dans la confidence. Notre situation est de plus en plus désespérée, et au moins cela constituerait une chance, même très hasardeuse. Journal de Mina Harker , 30 octobre, soir Ils étaient si fatigués, épuisés et abattus qu'il n'y avait rien à faire pour eux avant qu'ils aient pris quelque repos; aussi leur ai-je demandé de s'allonger pendant une demi-heure pendant que je consignerais tout jusqu'au moment présent. J'éprouve une telle gratitude pour l'inventeur de la machine à écrire de voyage, et pour Mr Morris qui en a acheté une pour moi. Je me serais sentie complètement perdue si j'avais dû faire tout ce travail à la main… Tout est fini; pauvre cher, cher Jonathan, comme il a dû souffrir et comme il doit souffrir maintenant. Il repose sur le sofa, respirant difficilement, et tout son corps semble comme évanoui. Ses sourcils sont froncés, son visage est tiré par la douleur. Pauvre compagnon, peut-être est-il en train de réfléchir - et je peux voir son visage tout plissé par la concentration de ses pensées. Oh, si je pouvais lui être d'une aide quelconque… Je ferai ce que je peux. J'ai demandé au Dr Van Helsing, et il m'a donné tous les papiers que je n'ai pas encore vus. Pendant qu'ils se reposent, je

passerai tout minutieusement en revue, et peut-être arriverai-je à quelque conclusion. Je dois essayer de suivre l'exemple du Professeur, et penser sans préjugés à partir des faits qui s'offrent à moi. Je crois vraiment que, grâce à la Providence de Dieu, j'ai fait une découverte. Je vais chercher les cartes et m'y pencher… Je suis plus que jamais certaine d'être dans le vrai. Les conclusions que j'ai tirées sont prêtes, aussi je vais rassembler tout le monde pour en donner lecture. Ils pourront en juger; il est bon d'être exact, et chaque minute est précieuse . Memorandum de Mina Harker (inséré dans son Journal) Objet d'étude : le problème du Comte Dracula est de retourner chez lui. a. Il doit être y être ramené par quelqu'un. Ceci est évident; car s'il avait le pouvoir de se déplacer lui-même comme il l'entend, il pourrait y aller sous la forme d'un homme, ou d'un loup, ou d'une chauve-souris, ou sous une tout autre forme. Il craint manifestement d'être découvert, ou gêné par une interférence, dans l' état de faiblesse où il doit se trouver - lorsqu'il est confiné dans sa boîte de bois, entre le lever et le coucher du soleil. b. Comment doit-il être transporté ? Ici, procéder par élimination pourrait nous être utile. Par la route, par le train, ou par l'eau ? 1\\. Par la route - Il y a d'innombrables difficultés, particulièrement pour quitter la ville. (x) Il y a beaucoup de monde; et les gens sont curieux, et font des recherches. Un indice, une conjecture, un simple doute sur ce qui peut se trouver dans la boîte, pourrait le détruire. (y) Il y a, ou il peut y avoir, des officiers de la douane et de l'octroi à passer. (z) Ses poursuivants pourraient le suivre. C'est là sa plus grande peur; et à seule fin de ne pas être trahi, il a repoussé, aussi loin qu'il l'a pu, sa victime-même : moi ! 2\\. Par le rail - Il n'y a pas de personne chargée de la boîte; il lui faudrait prendre le risque de supporter un retard, et un retard pourrait lui être fatal, avec des ennemis à ses trousses. Il pourrait en vérité s'échapper la nuit, mais que deviendrait-il, perdu dans un lieu étranger, sans aucun refuge où se rendre ? Il n'a sans doute pas l'intention de s'exposer à une telle situation. 3\\. Par l'eau - Voici le moyen le plus sûr, d'un certain côté, mais présentant le plus grand danger, d'un autre point de vue. Sur l'eau il est dénué de pouvoir, sauf la nuit; même alors, il ne peut que convoquer le brouillard, la tempête, la neige et ses loups. Mais s'il coulait, les eaux vives l'engloutiraient, sans aucun moyen pour lui d'en sortir, et il serait définitivement perdu. Il pourrait faire en sorte de conduire le vaisseau vers un rivage; mais s'il s'agissait d'un rivage hostile, où il ne serait pas libre de se déplacer, sa position serait à nouveau désespérée. Nous savons par le registre qu'il était sur l'eau donc ce dont nous devons nous assurer, c'est sur quelle eau.

La première chose est de prendre connaissance exactement de ce qu'il a fait déjà, nous pourrons alors en tirer quelque lumière sur ce qu'il s'apprête à faire ensuite. Premièrement - Nous devons distinguer, parmi ses actions à Londres, celles qui appartenaient à son plan général, et celles qu'il a accomplies en parant au plus pressé, du mieux qu'il a pu. Deuxièmement - Nous devons découvrir, en conjecturant au mieux à partir des faits dont nous avons connaissance, ce qu'il a fait ici. En ce qui concerne la première partie, il est évident qu'il comptait arriver à Galatz, et qu'il a envoyé une facture à Varna pour nous tromper, dans le cas où nous aurions vent de la façon dont il quittait l'Angleterre; sa seule et immédiate intention, alors, était de fuir. La preuve en est la lettre d'instructions envoyée à Immanuel Hildesheim, lui demandant de dégager et d'enlever la caisse avant le lever du soleil. Il y a aussi l'instruction à Petrof Skinsky. Nous ne pouvons que deviner sa teneur, mais il doit y avoir eu une lettre ou un message, puisque Skinsky a rendu visite à Hildesheim. Jusque là, d'après nos informations, ses plans se sont déroulés comme prévus. Le Czarina Catherine fit un voyage extraordinairement rapide - à tel point d'ailleurs que cela éveilla les soupçons du capitaine Donelson, mais sa superstition, ajoutée à sa prudence, ne firent qu'aider le Comte, et il fila, avec un vent favorable, à travers les brouillards et tout le reste, jusqu'à ce qu'il arrive, sans aucune visibilité, à Galatz. Là, les dispositions du Comte étaient prises, comme la suite l'a prouvé. Hildesheim dégagea la boîte, la retira, et la donna à Skinsky. Skinsky la prit - et ici nous perdons sa trace. Nous savons seulement que la caisse est quelque part sur l'eau, et se déplace. Les douanes et l'octroi éventuels ont été évités. Maintenant, venons-en à ce que le Comte doit avoir fait après son arrivée - sur terre, à Galatz. La caisse a été donnée à Skinsky avant le lever du soleil. Au lever du soleil, le Comte pouvait apparaître sous sa propre forme. Ici, nous nous demandons pourquoi avoir choisi Skinsky pour l'aider dans ce travail ? Dans le journal de mon mari, Skinsky est mentionné pour avoir traité avec les Slovaques qui descendaient la rivière jusqu'au port; et la remarque de l'homme, disant que le meurtre était l'oeuvre d'un slovaque, montrait son préjugé général contre cette classe. Le Comte voulait la solitude. Mon hypothèse est la suivante : à Londres, le Comte a décidé de retourner à son château par l'eau, ce qui lui apparaissait comme le moyen le plus sûr et le plus discret. Il avait été emporté hors du château par les Tziganes, et probablement ceux-ci avaient livré leur cargaison aux Slovaques qui avaient eux-mêmes amené les caisses jusqu'à Varna, car elles étaient expédiées à Londres. Donc le Comte connaissait les personnes susceptibles de lui arranger cette affaire. Alors que la caisse était sur terre, avant le lever du soleil ou après son coucher, il sortit de sa caisse, rencontra Skinsky et l'instruisit de ce qui devait être fait pour transporter la caisse en remontant quelque rivière. Quand cela fut fait, et qu'il sut que tout était en bonne voie, il pensa effacer ses traces en assassinant son agent. J'ai examiné la carte et découvert que la rivière la plus commode à remonter pour les Slovaques est soit la Pruth, soit la Sereth. J'ai lu dans la transcription de ma transe que j'ai entendu des vaches au loin et le clapotis de l'eau à hauteur de mes oreilles et le craquement du bois. Le Comte, dans sa caisse, était donc sur une rivière, à bord d'un bateau ouvert - propulsé sans doute par des rames ou des perches, parce que les berges étaient toutes proches, et qu'il devait remonter le courant. Il n'y aurait pas eu de tels bruits en effet si le bateau allait dans le sens du courant. Bien sûr, il se peut que ce ne soit ni la Sereth ni la Pruth, mais cela mérite une plus ample investigation. Maintenant, de ces deux-là, la Pruth est certes la plus navigable, mais la Sereth est, à Fundu, rejointe par la Bistritza qui forme une boucle autour de la Passe de Borgo. Cette boucle est, sans nul doute, le lieu le plus proche du château de Dracula que l'on puisse atteindre par l'eau.

Journal de Mina Harker - Suite Quand j'eus fini de lire, Jonathan me prit dans ses bras et m'embrassa. Les autres ne cessèrent de me secouer les mains, et le Dr Van Helsing dit : « Notre chère Madam Mina est une fois de plus notre professeure. Ses yeux ont vu là où les nôtres étaient aveugles. Maintenant nous avons une nouvelle piste, et cette fois nous pourrions bien remporter la partie. Notre ennemi est plus démuni qu'il ne l'a jamais été; et si nous arrivons à l'atteindre pendant le jour, sur l'eau, notre tâche sera achevée. Il a de l'avance, mais il est incapable d'accélérer, puisqu'il ne peut pas quitter sa caisse sous peine d'alerter ceux qui le transportent; car un seul soupçon de leur part pourrait les pousser à le jeter rapidement par dessus-bord dans le courant, où il périrait. Ceci, il le sait, et il ne prendra pas ce risque.