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Bram Stoker - Dracula, Part (70)

Part (70)

La mer montait et montait, et il commença à craindre de rater aussi la marée. Il était d'une humeur assez peu affable, lorsque, pile à la marée haute, l'homme maigre réapparut à la passerelle et demanda à voir où sa caisse avait été stockée. Le capitaine répondit qu'il espérait que lui et sa vieille boîte - tous deux maudits - seraient stockés en enfer. Mais l'homme maigre ne parut pas se formaliser, il descendit avec le second pour voir si tout était en place, puis il remonta et resta un moment sur le pont, dans le brouillard. Il avait dû arriver à pied, car personne ne l'avait remarqué. En effet, il y avait d'autres sujets de préoccupation, puisque bientôt le brouillard se dissipa et que tout redevint clair. Mes compagnons, dont la soif et le langage étaient si maudits, riaient beaucoup en me racontant que les jurons du capitaine avaient dépassé leur nombre habituel de langues de référence, et n'avaient jamais été aussi pittoresques, lorsque, questionnant d'autres marins qu'il croisa le long de la rivière, il se rendit compte que la plupart d'entre eux n'avaient pas vu le moindre brouillard, sauf autour de l'embarcadère. Enfin, le navire sortit à marée descendante, et se trouvait sans aucun doute très loin de l'embouchure au matin. A ce qu'ils nous racontèrent, il se trouvait alors en pleine mer. « Aussi, chère Madam Mina, devons-nous nous reposer pendant un moment, car notre ennemi est en mer, avec le brouillard à sa disposition, en route pour l'embouchure du Danube. Naviguer à la voile prend du temps, même lorsqu'on file comme le vent, et nous irons beaucoup plus vite par la terre, quand nous partirons pour le retrouver. Notre meilleur espoir est d'arriver à le cueillir quand il sera dans sa boîte, entre le lever et le coucher du soleil; car il ne serait pas alors en position de lutter, et nous pourrions disposer de lui à loisir. Nous avons des jours entiers devant nous pour peaufiner notre plan. Nous savons exactement où il va; car nous avons vu le propriétaire du bateau, qui nous a montré tous les reçus et tous les papiers possibles. La boîte que nous cherchons doit être déchargée à Varna, et doit être remise à un agent, un certain Ristics qui prouvera son identité; et après cela, notre ami le marchand aura rempli sa part du contrat. Quand il a demandé si, puisqu'il semblait y avoir des irrégularités, il devait télégraphier pour demander une enquête à Varna, nous avons répondu « non »; car ce que nous avons à faire ne regarde pas la police ni la douane. Ce doit être fait par nous seuls, et à notre manière. » Quand le Dr Van Helsing eut fini de parler, je lui demandai s'il était absolument certain que le Comte fût resté à bord du bateau. Il répondit : « Nous avons la meilleure des preuves à ce sujet : votre propre témoignage, lors de la transe hypnotique de ce matin. » Je lui demandai à nouveau s'il était absolument nécessaire de poursuivre le Comte, car oh ! je redoutais le départ de Jonathan, et je savais qu'il partirait sans aucun doute si les autres y allaient. Il répondit avec une ardeur grandissante. Au début, il était calme. Quand il poursuivit, cependant, il devint de plus en plus animé et énergique, jusqu'à ce qu'à la fin, nous pussions faire l'expérience, au moins en partie, de cette supériorité personnelle qui l'avait conduit à occuper la place du maître, pendant si longtemps, parmi les hommes : « Oui, c'est nécessaire - nécessaire - nécessaire ! Pour votre bien tout d'abord, et aussi pour le bien de l'humanité. Ce monstre a déjà fait beaucoup de mal, dans le cadre étroit où il se trouvait, et dans le bref temps où il n'était qu'un corps tâtonnant, débile, dans l'obscurité, et un esprit ignorant. Tout ceci, je l'ai déjà dit aux autres; vous, ma chère Madam Mina, vous l'apprendrez par le phonographe de l'ami John, ou par votre mari. Je leur ai expliqué que le fait de quitter sa terre aride - déserte ! - pour venir sur une terre où la vie de l'homme coule à flots comme dans une corne d'abondance, était l'oeuvre de plusieurs siècles. Si un autre Non-Mort avait essayé ce qu'il a entrepris, peut-être que tous les siècles du monde n'y auraient pas suffi ! Dans son cas, il faut que toutes les forces naturelles, les plus profondes et les plus occultes, aient concouru d'une

manière extraordinaire. L'endroit même où il a vécu, en tant que Non-Mort, pendant tous ces siècles, est marqué par des anomalies géologiques et chimiques. Il y a des cavernes profondes et des fissures qui atteignent on ne sait quel fond. Il y a des volcans, dont les ouvertures laissent jaillir des sources aux propriétés étranges, et des gaz qui peuvent tuer ou vivifier. Sans aucun doute, il y a quelque chose de magnétique ou d'électrique dans certaines de ces combinaisons de forces occultes, qui affectent la vie physique d'une manière bizarre; et en lui-même, le Comte possédait déjà dès le départ d'immenses qualités. Dans un temps difficile et belliqueux, on le célébrait comme l'homme doté des nerfs les plus solides, du cerveau le plus subtil, et du coeur le plus courageux. En lui, des principes vitaux ont trouvé, d'une étrange manière, un aboutissement, et, de même que son corps reste fort, et se développe et lutte, son esprit aussi continue à se développer. Tout ceci sans l'aide du diable, dont il jouit certainement aussi, puisqu'il doit céder aux pouvoirs qui viennent du Bien ou qui portent son symbole. Et maintenant regardons ce qu'il est pour nous. Il vous a infectée - oh, pardonnez-moi ma chère de devoir dire de telles choses; mais il est bon pour vous que je le dise. Il vous a infectée de telle façon, que, même s'il s'arrête maintenant, il vous suffit maintenant de vivre - de vivre à votre ancienne et douce façon - afin que, à votre heure, la mort - car la mort est le lot commun des hommes - et le rejet de Dieu fassent de vous sa semblable. Cela ne doit pas se produire ! Nous avons juré, tous ensemble, que cela ne se produirait pas. Aussi nous sommes les ministres sacrés de la volonté divine ; afin que ce monde, et les hommes pour lesquels Son Fils est mort, ne soit pas livré aux monstres, dont l'existence-même est une infamie. Il nous a permis déjà de rédimer une âme, et nous partons, comme les anciens Croisés, pour en rédimer d'autres. Comme eux nous voyagerons vers le Soleil Levant; et comme eux, si nous tombons, nous tomberons pour une juste cause. » Il s'arrêta et je dis : « Mais le Comte ne tirera-t-il pas les leçons de sa rebuffade ? Puisqu'il a été bouté hors de l'Angleterre, ne va-t-il pas désormais l'éviter, tout comme un tigre évite le village dont il a été chassé ? » « Aha ! dit-il, votre analogie avec le tigre est excellente, et je vais l'utiliser. Votre mangeur d'hommes, comme ils appellent en Inde le tigre qui a une fois déjà goûté le sang humain, se désintéresse de toute autre proie, et ne cesse plus de rôder à la recherche des hommes. Non, de lui-même il n'est pas du genre à se retirer et à rester au loin. Dracula, dans sa vie - sa vie humaine - a traversé la frontière Turque pour attaquer l'ennemi sur son propre sol; il s'est fait repousser, mais en est-il resté là ? Non, il est revenu, et revenu encore, et encore. Admirez sa persévérance et son endurance. Cela fait longtemps que, avec son cerveau d'enfant, il a conçu l'idée de venir dans une grande cité. Que fait-il ? Il choisit l'endroit du monde qui concentre pour lui le plus de promesses. Ensuite, il se met délibérément en retrait pour se préparer à la tâche. Il découvre, à force de patience, l'étendue et la nature de son pouvoir. Il apprend de nouvelles langues. Il apprend de nouveaux codes sociaux; un nouvel environnement fait de multiples coutumes, en politique, dans la loi, la finance, la science, toutes les habitudes d'un pays nouveau et de gens nouveaux qui sont nés après sa propre mort. Le premier aperçu qu'il s'en fait ne fait que renforcer son désir et aiguiser son appétit. Plus encore, cela nourrit son intelligence, car cela prouve qu'il avait raison dès le début dans ses conjectures. Il a fait tout cela seul, tout seul ! depuis une tombe en ruines dans un pays oublié. Que n'est-il capable de faire, quand le vaste monde de la pensée s'ouvre à lui ? Lui qui se rit de la mort, comme nous le savons; qui peut prospérer parmi les maladies qui tuent toutes les autres personnes… Oh, si un tel être venait de Dieu, et non du Diable, quelle puissance bénéfique ne représenterait-il pas, dans notre vieux monde ? Mais nous nous sommes engagés à libérer le monde. Notre labeur doit se faire en silence, et nos efforts, se déployer en secret ; car en ces temps de Lumière, où l'homme ne croit plus même à ce qu'il voit, le scepticisme des hommes sages serait sa plus grande force. Ce serait tout ensemble sa protection et son armure, et ses armes pour nous détruire, nous, ses ennemis, qui sommes prêts à mettre en péril jusqu'à nos âmes pour assurer la sécurité de ce que nous aimons - pour le bien de l'humanité, et pour l'honneur et la gloire de Dieu. » Après une discussion générale, il fut décidé que, pour ce soir, rien ne serait fermement décidé, que nous devions tous laisser la nuit nous porter conseil, et essayer de tirer de tout cela les bonnes conclusions. Demain, au petit déjeuner, nous devons nous retrouver, et, après avoir échangé nos conclusions avec les autres, nous devons nous décider sur une ligne d'action définitive. …… Je ressens une paix merveilleuse, et une sorte de soulagement, ce soir. Comme si une présence malveillante s'était retirée. Peut-être…

Je n'ai pas réussi à tirer mes conclusions jusqu'au bout, cela m'était impossible - car j'ai surpris dans le miroir la marque rouge sur mon front; et j'ai su que j'étais toujours impure. Journal du Dr. Seward , 5 octobre Nous nous sommes tous levés tôt, et je pense que le sommeil a fait beaucoup de bien à chacun d'entre nous. Quand nous nous retrouvâmes très tôt pour prendre le petit déjeuner, nous étions tous de bonne humeur, d'une bonne humeur dont nous n'aurions pas pensé pouvoir faire montre à nouveau. La résistance dont peut faire preuve la nature humaine est vraiment formidable. Qu'un obstacle, quel qu'il soit, soit écarté du chemin d'une façon ou d'une autre (même par la mort), et nous revenons à nos principes premiers d'espoir et de plaisir. Plus d'une fois tandis que nous étions assis autour de la table, j'écarquillai les yeux en me demandant si les jours derniers n'avaient pas été un rêve. Ce ne fut que lorsque mes yeux se posèrent sur la marque rouge sur le front de Mrs. Harker que je fus ramené à la réalité. Même maintenant, tandis que j'y repense sérieusement, il m'est presque impossible de réaliser que la cause de tous nos ennuis existe toujours. Même Mrs. Harker semble oublier son trouble pendant de longues périodes, c'est seulement de temps en temps, lorsque quelque chose ravive sa mémoire, qu'elle pense à sa terrible cicatrice. Nous devons nous retrouver dans une demi-heure dans mon bureau afin de décider d'un plan d'action. Je ne vois qu'une seule difficulté dans l'immédiat, je le sais par instinct plus que par raisonnement : nous devrons tous nous exprimer avec franchise, et je crains que pour quelque mystérieuse raison, la langue de Mrs. Harker ne soit nouée. Je sais qu'elle tire ses propres conclusions, et je ne doute pas un instant qu'elles soient brillantes et pertinentes, mais je crains qu'elle ne veuille, ou ne puisse, les exprimer. J'en ai dit un mot à Van Helsing, et nous en parlerons lorsque nous serons seuls. Je suppose que cet horrible poison qui a pénétré dans ses veines commence à faire effet.

Part (70) Anteil (70) Part (70) Compartir (70) Quota (70) Ação (70)

La mer montait et montait, et il commença à craindre de rater aussi la marée. Il était d'une humeur assez peu affable, lorsque, pile à la marée haute, l'homme maigre réapparut à la passerelle et demanda à voir où sa caisse avait été stockée. Le capitaine répondit qu'il espérait que lui et sa vieille boîte - tous deux maudits - seraient stockés en enfer. Mais l'homme maigre ne parut pas se formaliser, il descendit avec le second pour voir si tout était en place, puis il remonta et resta un moment sur le pont, dans le brouillard. Il avait dû arriver à pied, car personne ne l'avait remarqué. En effet, il y avait d'autres sujets de préoccupation, puisque bientôt le brouillard se dissipa et que tout redevint clair. Mes compagnons, dont la soif et le langage étaient si maudits, riaient beaucoup en me racontant que les jurons du capitaine avaient dépassé leur nombre habituel de langues de référence, et n'avaient jamais été aussi pittoresques, lorsque, questionnant d'autres marins qu'il croisa le long de la rivière, il se rendit compte que la plupart d'entre eux n'avaient pas vu le moindre brouillard, sauf autour de l'embarcadère. Enfin, le navire sortit à marée descendante, et se trouvait sans aucun doute très loin de l'embouchure au matin. A ce qu'ils nous racontèrent, il se trouvait alors en pleine mer. « Aussi, chère Madam Mina, devons-nous nous reposer pendant un moment, car notre ennemi est en mer, avec le brouillard à sa disposition, en route pour l'embouchure du Danube. Naviguer à la voile prend du temps, même lorsqu'on file comme le vent, et nous irons beaucoup plus vite par la terre, quand nous partirons pour le retrouver. Notre meilleur espoir est d'arriver à le cueillir quand il sera dans sa boîte, entre le lever et le coucher du soleil; car il ne serait pas alors en position de lutter, et nous pourrions disposer de lui à loisir. Nous avons des jours entiers devant nous pour peaufiner notre plan. Nous savons exactement où il va; car nous avons vu le propriétaire du bateau, qui nous a montré tous les reçus et tous les papiers possibles. La boîte que nous cherchons doit être déchargée à Varna, et doit être remise à un agent, un certain Ristics qui prouvera son identité; et après cela, notre ami le marchand aura rempli sa part du contrat. Quand il a demandé si, puisqu'il semblait y avoir des irrégularités, il devait télégraphier pour demander une enquête à Varna, nous avons répondu « non »; car ce que nous avons à faire ne regarde pas la police ni la douane. Ce doit être fait par nous seuls, et à notre manière. » Quand le Dr Van Helsing eut fini de parler, je lui demandai s'il était absolument certain que le Comte fût resté à bord du bateau. Il répondit : « Nous avons la meilleure des preuves à ce sujet : votre propre témoignage, lors de la transe hypnotique de ce matin. » Je lui demandai à nouveau s'il était absolument nécessaire de poursuivre le Comte, car oh ! je redoutais le départ de Jonathan, et je savais qu'il partirait sans aucun doute si les autres y allaient. Il répondit avec une ardeur grandissante. Au début, il était calme. Quand il poursuivit, cependant, il devint de plus en plus animé et énergique, jusqu'à ce qu'à la fin, nous pussions faire l'expérience, au moins en partie, de cette supériorité personnelle qui l'avait conduit à occuper la place du maître, pendant si longtemps, parmi les hommes : « Oui, c'est nécessaire - nécessaire - nécessaire ! Pour votre bien tout d'abord, et aussi pour le bien de l'humanité. Ce monstre a déjà fait beaucoup de mal, dans le cadre étroit où il se trouvait, et dans le bref temps où il n'était qu'un corps tâtonnant, débile, dans l'obscurité, et un esprit ignorant. Tout ceci, je l'ai déjà dit aux autres; vous, ma chère Madam Mina, vous l'apprendrez par le phonographe de l'ami John, ou par votre mari. Je leur ai expliqué que le fait de quitter sa terre aride - déserte ! - pour venir sur une terre où la vie de l'homme coule à flots comme dans une corne d'abondance, était l'oeuvre de plusieurs siècles. Si un autre Non-Mort avait essayé ce qu'il a entrepris, peut-être que tous les siècles du monde n'y auraient pas suffi ! Dans son cas, il faut que toutes les forces naturelles, les plus profondes et les plus occultes, aient concouru d'une

manière extraordinaire. L'endroit même où il a vécu, en tant que Non-Mort, pendant tous ces siècles, est marqué par des anomalies géologiques et chimiques. Il y a des cavernes profondes et des fissures qui atteignent on ne sait quel fond. Il y a des volcans, dont les ouvertures laissent jaillir des sources aux propriétés étranges, et des gaz qui peuvent tuer ou vivifier. Sans aucun doute, il y a quelque chose de magnétique ou d'électrique dans certaines de ces combinaisons de forces occultes, qui affectent la vie physique d'une manière bizarre; et en lui-même, le Comte possédait déjà dès le départ d'immenses qualités. Dans un temps difficile et belliqueux, on le célébrait comme l'homme doté des nerfs les plus solides, du cerveau le plus subtil, et du coeur le plus courageux. En lui, des principes vitaux ont trouvé, d'une étrange manière, un aboutissement, et, de même que son corps reste fort, et se développe et lutte, son esprit aussi continue à se développer. Tout ceci sans l'aide du diable, dont il jouit certainement aussi, puisqu'il doit céder aux pouvoirs qui viennent du Bien ou qui portent son symbole. Et maintenant regardons ce qu'il est pour nous. Il vous a infectée - oh, pardonnez-moi ma chère de devoir dire de telles choses; mais il est bon pour vous que je le dise. Il vous a infectée de telle façon, que, même s'il s'arrête maintenant, il vous suffit maintenant de vivre - de vivre à votre ancienne et douce façon - afin que, à votre heure, la mort - car la mort est le lot commun des hommes - et le rejet de Dieu fassent de vous sa semblable. Cela ne doit pas se produire ! Nous avons juré, tous ensemble, que cela ne se produirait pas. Aussi nous sommes les ministres sacrés de la volonté divine ; afin que ce monde, et les hommes pour lesquels Son Fils est mort, ne soit pas livré aux monstres, dont l'existence-même est une infamie. Il nous a permis déjà de rédimer une âme, et nous partons, comme les anciens Croisés, pour en rédimer d'autres. Comme eux nous voyagerons vers le Soleil Levant; et comme eux, si nous tombons, nous tomberons pour une juste cause. » Il s'arrêta et je dis : « Mais le Comte ne tirera-t-il pas les leçons de sa rebuffade ? Puisqu'il a été bouté hors de l'Angleterre, ne va-t-il pas désormais l'éviter, tout comme un tigre évite le village dont il a été chassé ? » « Aha ! dit-il, votre analogie avec le tigre est excellente, et je vais l'utiliser. Votre mangeur d'hommes, comme ils appellent en Inde le tigre qui a une fois déjà goûté le sang humain, se désintéresse de toute autre proie, et ne cesse plus de rôder à la recherche des hommes. Non, de lui-même il n'est pas du genre à se retirer et à rester au loin. Dracula, dans sa vie - sa vie humaine - a traversé la frontière Turque pour attaquer l'ennemi sur son propre sol; il s'est fait repousser, mais en est-il resté là ? Non, il est revenu, et revenu encore, et encore. Admirez sa persévérance et son endurance. Cela fait longtemps que, avec son cerveau d'enfant, il a conçu l'idée de venir dans une grande cité. Que fait-il ? Il choisit l'endroit du monde qui concentre pour lui le plus de promesses. Ensuite, il se met délibérément en retrait pour se préparer à la tâche. Il découvre, à force de patience, l'étendue et la nature de son pouvoir. Il apprend de nouvelles langues. Il apprend de nouveaux codes sociaux; un nouvel environnement fait de multiples coutumes, en politique, dans la loi, la finance, la science, toutes les habitudes d'un pays nouveau et de gens nouveaux qui sont nés après sa propre mort. Le premier aperçu qu'il s'en fait ne fait que renforcer son désir et aiguiser son appétit. Plus encore, cela nourrit son intelligence, car cela prouve qu'il avait raison dès le début dans ses conjectures. Il a fait tout cela seul, tout seul ! depuis une tombe en ruines dans un pays oublié. Que n'est-il capable de faire, quand le vaste monde de la pensée s'ouvre à lui ? Lui qui se rit de la mort, comme nous le savons; qui peut prospérer parmi les maladies qui tuent toutes les autres personnes… Oh, si un tel être venait de Dieu, et non du Diable, quelle puissance bénéfique ne représenterait-il pas, dans notre vieux monde ? Mais nous nous sommes engagés à libérer le monde. Notre labeur doit se faire en silence, et nos efforts, se déployer en secret ; car en ces temps de Lumière, où l'homme ne croit plus même à ce qu'il voit, le scepticisme des hommes sages serait sa plus grande force. Ce serait tout ensemble sa protection et son armure, et ses armes pour nous détruire, nous, ses ennemis, qui sommes prêts à mettre en péril jusqu'à nos âmes pour assurer la sécurité de ce que nous aimons - pour le bien de l'humanité, et pour l'honneur et la gloire de Dieu. » Après une discussion générale, il fut décidé que, pour ce soir, rien ne serait fermement décidé, que nous devions tous laisser la nuit nous porter conseil, et essayer de tirer de tout cela les bonnes conclusions. Demain, au petit déjeuner, nous devons nous retrouver, et, après avoir échangé nos conclusions avec les autres, nous devons nous décider sur une ligne d'action définitive. …… Je ressens une paix merveilleuse, et une sorte de soulagement, ce soir. Comme si une présence malveillante s'était retirée. Peut-être…

Je n'ai pas réussi à tirer mes conclusions jusqu'au bout, cela m'était impossible - car j'ai surpris dans le miroir la marque rouge sur mon front; et j'ai su que j'étais toujours impure. Journal du Dr. Seward , 5 octobre Nous nous sommes tous levés tôt, et je pense que le sommeil a fait beaucoup de bien à chacun d'entre nous. Quand nous nous retrouvâmes très tôt pour prendre le petit déjeuner, nous étions tous de bonne humeur, d'une bonne humeur dont nous n'aurions pas pensé pouvoir faire montre à nouveau. La résistance dont peut faire preuve la nature humaine est vraiment formidable. Qu'un obstacle, quel qu'il soit, soit écarté du chemin d'une façon ou d'une autre (même par la mort), et nous revenons à nos principes premiers d'espoir et de plaisir. Plus d'une fois tandis que nous étions assis autour de la table, j'écarquillai les yeux en me demandant si les jours derniers n'avaient pas été un rêve. Ce ne fut que lorsque mes yeux se posèrent sur la marque rouge sur le front de Mrs. Harker que je fus ramené à la réalité. Même maintenant, tandis que j'y repense sérieusement, il m'est presque impossible de réaliser que la cause de tous nos ennuis existe toujours. Même Mrs. Harker semble oublier son trouble pendant de longues périodes, c'est seulement de temps en temps, lorsque quelque chose ravive sa mémoire, qu'elle pense à sa terrible cicatrice. Nous devons nous retrouver dans une demi-heure dans mon bureau afin de décider d'un plan d'action. Je ne vois qu'une seule difficulté dans l'immédiat, je le sais par instinct plus que par raisonnement : nous devrons tous nous exprimer avec franchise, et je crains que pour quelque mystérieuse raison, la langue de Mrs. Harker ne soit nouée. Je sais qu'elle tire ses propres conclusions, et je ne doute pas un instant qu'elles soient brillantes et pertinentes, mais je crains qu'elle ne veuille, ou ne puisse, les exprimer. J'en ai dit un mot à Van Helsing, et nous en parlerons lorsque nous serons seuls. Je suppose que cet horrible poison qui a pénétré dans ses veines commence à faire effet.