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Bram Stoker - Dracula, Part (7)

Part (7)

« Est-il étonnant que nous soyons une race de conquérants, que nous soyons fiers, que quand les Magyars, les Lombards, les Avars, les Bulgares et les Turcs déferlèrent par milliers à nos frontières, nous soyons parvenus à les repousser ? Faut-il s'étonner que quand Arpad et ses armées traversèrent la mère patrie hongroise, il nous trouva face à lui à la frontière, et que l'Honfoglalas, la conquête hongroise, se soit arrêtée ici ? Et quand la déferlante des hongrois submergea l'est, les Szekelys furent appelés frères par les Magyars victorieux, et on nous confia pendant des siècles la garde de la frontière du pays des Turcs, oui, nous montâmes la garde pour toujours, car, comme

le disent les Turcs : « Les eaux dorment, mais l'ennemi ne dort jamais. » Laquelle parmi les quatre nations, a plus que la nôtre accepté de payer le prix du sang, ou s'est assemblée plus vite sous la bannière du roi lorsqu'elle était appelée à la guerre ? Quand fut rachetée la grande honte de ma nation, la honte de Carsova, quand les drapeaux des Valaches et des Magyars s'inclinèrent devant le croissant ? Qui, sinon un Voïvode de ma propre race, traversa le Danube pour vaincre le Turc sur son propre terrain ? Un Dracula, bien sûr ! Maudit soit son frère indigne, qui après sa mort, vendit son peuple aux Turcs et le couvrit de la honte de l'esclavage. Et n'est-ce pas ce même Dracula qui en inspira plus tard d'autres de sa race, qui, encore et encore, firent passer à leurs troupes le grand fleuve pour envahir la Turquie, lui qui, une fois battu, revenait encore et encore et encore, même s'il devait laisser sur le champ de bataille ensanglanté ses troupes massacrées, car il savait qu'à la fin, même seul, il triompherait ! On disait qu'il ne pensait qu'à lui seul. Bah ! A quoi serviraient ces paysans sans chef ? A quoi bon la guerre sans un cerveau et un cœur pour la diriger ? A nouveau, quand, après la bataille de Mohacs, nous nous débarrassâmes du joug des Hongrois, nous les Dracula, étions parmi les chefs, car nous ne pouvions supporter de ne pas être libres. Ah, jeune homme, les Szekelys, et les Dracula qui leur donnèrent leur sang, leurs cerveaux et leurs épées, on fait ce que les Habsbourg et les Romanov ne sont jamais parvenus à faire. Mais le temps des guerres est révolu. Le sang est chose trop précieuse en ces temps de paix déshonorante, et la gloire des grands peuples de jadis n'est plus qu'une légende. » C'était alors presque le matin, et nous allâmes nous coucher. (Note : Ce journal ressemble de plus en plus aux Contes des Mille et Une Nuits, car le récit est sans cesse interrompu par le chant du coq ; cela m'évoque aussi l'apparition du fantôme du père de Hamlet). 12 mai Commençons par les faits : nus, simples, avérés, dont il est impossible de douter. Je ne dois pas me fier seulement à mes observation ou à mes souvenirs. Hier soir, lorsque le Comte est venu me trouver, il commença par m'interroger sur des questions de droit relativement à certaines affaires. J'avais justement passé la journée dans les livres, et, simplement pour m'occuper l'esprit, j'avais revu certains points que j'avais étudié à Lincoln's Inn. Il y avait une certaine logique dans les demandes du Comte ; je vais donc m'efforcer de les retranscrire dans l'ordre ; peut-être cela me sera-t-il utile d'une façon ou d'une autre. D'abord, il me demanda si à Londres un homme pouvait avoir deux solicitors ou plus. Je lui répondis qu'il pouvait en avoir une douzaine s'il ne voulait, mais qu'il n'était pas sage d'avoir plus d'un solicitor pour une affaire donnée, car un seul pouvait agir à la fois, sinon ce serait néfaste pour les intérêts du client. Il sembla m'avoir parfaitement compris, et me demanda alors s'il y avait quelque difficulté pratique à avoir un homme s'occupant, par exemple, de la banque, et un autre supervisant les expéditions de marchandises, dans le cas où un relai local serait nécessaire dans un port éloigné de la demeure du premier solicitor. Je lui demandai d'exprimer plus complètement sa pensée, afin que je sois certain de ne pas l'induire en erreur, et il me dit : « Je vais être plus explicite. Votre ami, mon ami, Mr. Peter Hawkins, à l'ombre de votre belle cathédrale d'Exeter, qui est très éloigné de Londres, fait l'acquisition en mon nom, et grâce à vos bons offices, de ma demeure de Londres. Bien ! Maintenant, je vous le dirai franchement, vous pourriez trouver étrange que j'aie requis les services d'un solicitor si éloigné de Londres, au lieu d'en choisir un qui résiderait dans la capitale. Mais mon but était qu'aucun intérêt local ne puisse l'emporter sur mon propre intérêt. Celui qui résiderait à Londres pourrait peut-être rechercher un profit personnel, pour lui-même ou pour un de ses amis. En conséquence, je suis allé chercher ailleurs un agent dont l'unique but sera de servir mes intérêts. Maintenant, supposons, qu'ayant de nombreuses affaires à traiter, je désire expédier des marchandises, disons, à Newcastle, à Durham, à Harwich ou à Douvres. Ne serait-il pas plus simple pour moi de m'adresser à un agent différent dans chaque port ? » Je lui répondis que, certainement, cela serait plus facile, mais que nous autres solicitors avions un système d'agences grâce auquel les affaires locales pouvaient être traitées localement sur instruction d'un autre solicitor, si bien que le client, sans aucun souci pour lui, ne s'adressera qu'à un seul homme, qui retransmettra toutes ses instructions. « Mais », dit-il, « J'aurais toute liberté pour conduire l'affaire moi-même, c'est bien cela ? » « Bien sûr », répondis-je, « Les hommes d'affaires qui ne souhaitent pas que leurs transactions soient connues de quiconque procèdent souvent ainsi. » « Bien ! » dit-il. Puis il s'informa sur les différents moyens d'expédier des marchandises, les formalités à accomplir, et sur toutes les difficultés qui pouvaient survenir, et les moyens de s'en prémunir. Je lui expliquai tout cela aussi clairement que possible, et, certainement, il me donna l'impression qu'il aurait pu lui-même faire un très bon solicitor, car il pensait à tout et prévoyait tout. Pour un homme qui n'avait jamais visité le pays, et qui ne connaissait pas grand-chose aux affaires, ses connaissances et sa perspicacité étaient formidables. Quand il eut obtenu toutes les informations demandées, et que je les eus vérifiées à

l'aide des livres dont je disposais, il se leva soudain et me dit : « Avez-vous écrit depuis votre première lettre, à notre ami Mr. Peter Hawkins, ou à qui que ce soit d'autre ? » C'est le cœur plein d'amertume que je lui répondis que je ne l'avais pas encore fait, que je n'avais pas encore trouvé l'occasion d'écrire la moindre lettre. « Alors, écrivez maintenant, mon jeune ami » dit-il, posant sa lourde main sur mon épaule. « Ecrivez à notre ami et à qui vous voudrez, s'il vous plaît, que vous resterez ici encore un mois à compter d'aujourd'hui. » « Voulez-vous que je reste si longtemps ? » demandai-je, car mon cœur se glaçait à cette seule pensée. « J'y tiens beaucoup ; non, je n'accepterai aucun refus. Quand votre maître, employeur, ou tout ce que vous voudrez, s'est engagé à m'envoyer quelqu'un en son nom, il était entendu que tout serait fait selon mes désirs. Je n'ai pas été avare de mon argent. N'est-ce pas exact ? » Que pouvais-je faire sinon m'incliner ? Il ne s'agissait pas de moi, mais des intérêts de Mr. Hawkins, et je devais penser à lui avant de penser à moi ; et par ailleurs, tandis que le Comte Dracula me parlait, il y avait dans ses yeux et dans son attitude quelque chose qui me rappelait que j'étais son prisonnier, et que même si je l'avais voulu, je n'aurais pas pu partir. Le Comte comprit sa victoire à la façon dont je m'inclinai ; il vit à mon visage troublé qu'il était mon maître. Il utilisa immédiatement cet ascendant qu'il avait sur moi, mais de la façon insidieuse et irrésistible qui était la sienne : « Je vous prierai, mon jeune ami, de ne pas aborder dans vos lettres de sujets autres que ceux qui concernent nos affaires. Certainement, vos amis seront heureux de savoir que vous allez bien, et que vous vous réjouissez de les retrouver bientôt. N'est-ce pas le cas ? » Tout en parlant, il me tendit trois feuilles de papier et trois enveloppes, de ce papier très fin utilisé pour les courriers envoyés à l'étranger. Je les examinai, puis le regardai lui. Je remarquai son sourire tranquille, les canines pointues dépassant sur sa lèvre inférieure très rouge, et je compris, aussi clairement que s'il me l'avait dit à haute voix, que je devais faire attention à ce que j'écrirais, car il serait capable de tout lire. Je décidai donc de n'écrire pour l'instant que de brèves notes, et de rédiger ensuite en secret des courriers beaucoup plus complets pour Mr. Hawkins, et aussi pour Mina : car, à elle, je pouvais écrire en sténographie, et le Comte, si d'aventure il ouvrait le courrier, ne pourrait me comprendre. Après avoir écrit les deux lettres, je restai assis à lire tranquillement, tandis que le Comte rédigeait quelques notes, se référant à des livres qui se trouvaient sur la table. Puis il prit mes deux lettres, et les rangea avec les siennes à côté de son nécessaire à écriture, et il sortit. Dès que la porte se referma sur lui, je me penchai pour examiner les lettres qu'il avait écrites, et qui étaient posées face contre la table. Je n'en éprouvai aucune honte : dans les circonstances présentes, il me semblait que je devais tout faire pour assurer ma protection. L'une des lettres était adressée à Samuel F. Billington, n°7, The Crescent, Whitby, une autre à Herr Leutner, à Varna ; la troisième à Coutts & Co, Londres, et enfin la quatrième aux Herren Klopstock & Billreuth, banquiers à Buda-Pesth. La deuxième et la quatrième lettres n'étaient pas cachetées. J'étais sur le point de les lire, lorsque je vis la poignée de la porte bouger ; je m'enfonçai alors dans mon siège, ayant juste eu le temps de replacer les lettres comme elles l'étaient et de reprendre mon livre, avant que le Comte, tenant une autre lettre à la main, ne pénétrât dans la pièce. Il prit les lettres qui se trouvaient sur la table, les timbra avec soin, puis se tournant vers moi, il me dit : « Vous voudrez bien m'excuser, mais j'ai beaucoup de travail à faire en privé ce soir. Vous trouverez, je l'espère, tout ce dont vous aurez besoin. » Une fois à la porte, il se retourna après une courte pause, et ajouta : « Laissez-moi vous donner un conseil, mon jeune ami, non, laissez-moi vous avertir très sérieusement, que si vous quittiez ces pièces, vous ne pourriez trouver le repos en aucune autre partie du château. Celui-ci est vieux, avec beaucoup de souvenirs, et de mauvais rêves attendent les dormeurs imprudents. Faîtes attention ! Si à un moment le sommeil semble vous gagner, alors hâtez-vous de regagner votre chambre ou ces pièces-ci, car là seulement vous pourrez dormir en paix. Mais si vous n'y prenez pas garde, alors… » Il finit sa phrase d'un ton proprement terrifiant, en faisant un geste comme pour indiquer qu'il s'en lavait les mains. Je le compris tout à fait, et je ne me posais qu'une question : comment un rêve pourrait-il être plus terrible que cette monstrueuse et surnaturelle nasse de ténèbres et de mystères qui semblait se refermer sur moi ? Plus tard – Je ne renie pas les derniers mots que j'ai écrits, mais maintenant je n'ai plus aucun doute. Je n'aurai pas peur de m'endormir où que ce soit, pourvu que le Comte n'y fût pas. J'ai placé le crucifix au-dessus de la tête de mon lit – j'espère que mon repos sera ainsi protégé des mauvais rêves, et le crucifix restera là. Quand le Comte me quitta, je retournai dans ma chambre. Après un moment, n'entendant aucun bruit, je sortis et gravis l'escalier de pierre, jusqu'à l'endroit où je pouvais avoir une vue sur le sud. Ces vastes étendues m'inspiraient un sentiment de liberté, même si elles m'étaient inaccessibles, lorsque je les comparais à la cour étroite et obscure, qui me donnait l'impression d'être véritablement en prison, lorsque j'y plongeais mes regards. Je n'avais qu'une envie, respirer l'air frais, bien

qu'il fît nuit. Cette existence nocturne commence à me peser, je le sens. Elle me porte sur les nerfs. Je sursaute rien qu'à voir mon ombre, et je suis assailli par toutes sortes de pensées horribles. Dieu sait que ce lieu maudit justifie toutes mes craintes !

Part (7) Teil (7) Part (7) Parte (7) Parte (7)

« Est-il étonnant que nous soyons une race de conquérants, que nous soyons fiers, que quand les Magyars, les Lombards, les Avars, les Bulgares et les Turcs déferlèrent par milliers à nos frontières, nous soyons parvenus à les repousser ? "Is it any wonder that we are a race of conquerors, that we are proud, that when Magyars, Lombards, Avars, Bulgars and Turks flooded our borders by the thousands, we managed to repel them? "C'è da meravigliarsi se siamo una razza conquistatrice, se siamo orgogliosi, se quando i Magiari, i Longobardi, gli Avari, i Bulgari e i Turchi sciamavano a migliaia verso i nostri confini, siamo riusciti a respingerli? Faut-il s'étonner que quand Arpad et ses armées traversèrent la mère patrie hongroise, il nous trouva face à lui à la frontière, et que l'Honfoglalas, la conquête hongroise, se soit arrêtée ici ? Is it any wonder that when Arpad and his armies crossed the Hungarian motherland, he found us facing him at the border, and that the Honfoglalas, the Hungarian conquest, stopped here? Et quand la déferlante des hongrois submergea l'est, les Szekelys furent appelés frères par les Magyars victorieux, et on nous confia pendant des siècles la garde de la frontière du pays des Turcs, oui, nous montâmes la garde pour toujours, car, comme And when the flood of Hungarians overwhelmed the east, the Szekelys were called brothers by the victorious Magyars, and for centuries we were entrusted with guarding the border of the country of the Turks.

le disent les Turcs : « Les eaux dorment, mais l'ennemi ne dort jamais. as the Turks say: "The waters sleep, but the enemy never sleeps. » Laquelle parmi les quatre nations, a plus que la nôtre accepté de payer le prix du sang, ou s'est assemblée plus vite sous la bannière du roi lorsqu'elle était appelée à la guerre ? "Which of the four nations has been more willing than ours to pay blood money, or has assembled more quickly under the king's banner when called to war? Quand fut rachetée la grande honte de ma nation, la honte de Carsova, quand les drapeaux des Valaches et des Magyars s'inclinèrent devant le croissant ? When was the great shame of my nation redeemed, the shame of Carsova, when the flags of the Wallachians and Magyars bowed to the crescent? Qui, sinon un Voïvode de ma propre race, traversa le Danube pour vaincre le Turc sur son propre terrain ? Who, if not a Voivode of my own race, crossed the Danube to defeat the Turk on his own turf? Un Dracula, bien sûr ! Un Dracula, naturalmente! Maudit soit son frère indigne, qui après sa mort, vendit son peuple aux Turcs et le couvrit de la honte de l'esclavage. Cursed be his unworthy brother, who after his death sold his people to the Turks and covered them with the shame of slavery. Et n'est-ce pas ce même Dracula qui en inspira plus tard d'autres de sa race, qui, encore et encore, firent passer à leurs troupes le grand fleuve pour envahir la Turquie, lui qui, une fois battu, revenait encore et encore et encore, même s'il devait laisser sur le champ de bataille ensanglanté ses troupes massacrées, car il savait qu'à la fin, même seul, il triompherait ! And was it not this same Dracula who later inspired others of his race, who again and again led their troops across the great river to invade Turkey, he who, once defeated, returned again and again and again, even if he had to leave his slaughtered troops on the bloody battlefield, for he knew that in the end, even alone, he would triumph! On disait qu'il ne pensait qu'à lui seul. It was said that he thought only of himself. Se decía que sólo pensaba en sí mismo. Bah ! A quoi serviraient ces paysans sans chef ? What use are peasants without a leader? ¿De qué servirían estos campesinos sin un líder? A quoi bon la guerre sans un cerveau et un cœur pour la diriger ? What good is war without a brain and a heart to lead it? ¿De qué sirve la guerra sin un cerebro y un corazón que la dirija? A nouveau, quand, après la bataille de Mohacs, nous nous débarrassâmes du joug des Hongrois, nous les Dracula, étions parmi les chefs, car nous ne pouvions supporter de ne pas être libres. Once again, after the battle of Mohacs, when we threw off the yoke of the Hungarians, we Draculas were among the leaders, because we couldn't bear not to be free. Ah, jeune homme, les Szekelys, et les Dracula qui leur donnèrent leur sang, leurs cerveaux et leurs épées, on fait ce que les Habsbourg et les Romanov ne sont jamais parvenus à faire. Ah, young man, the Szekelys, and the Draculas who gave them their blood, brains and swords, did what the Habsburgs and Romanovs never managed to do. Ah, giovanotto, gli Szekley, e i Dracula che hanno dato loro il sangue, il cervello e le spade, hanno fatto ciò che gli Asburgo e i Romanov non sono mai riusciti a fare. Mais le temps des guerres est révolu. But the time for war is over. Le sang est chose trop précieuse en ces temps de paix déshonorante, et la gloire des grands peuples de jadis n'est plus qu'une légende. Blood is too precious a thing in these times of dishonorable peace, and the glory of the great peoples of yore is but a legend. La sangre es un bien demasiado preciado en estos tiempos de paz deshonrosa, y la gloria de las grandes naciones de antaño no es más que una leyenda. Il sangue è un bene troppo prezioso in questi tempi di pace disonorevole, e la gloria delle grandi nazioni di un tempo non è più che una leggenda. » C'était alors presque le matin, et nous allâmes nous coucher. "It was then almost morning, and we went to bed. (Note : Ce journal ressemble de plus en plus aux Contes des Mille et Une Nuits, car le récit est sans cesse interrompu par le chant du coq ; cela m'évoque aussi l'apparition du fantôme du père de Hamlet). (Note: This diary is becoming more and more like the Tales from the Arabian Nights, as the narrative is constantly interrupted by the crowing of the rooster; it also reminds me of the appearance of Hamlet's father's ghost). (Nota: questo diario sta diventando sempre più simile ai Racconti delle Mille e una notte, poiché la narrazione è costantemente interrotta dal canto del gallo; mi ricorda anche l'apparizione del fantasma del padre di Amleto). 12 mai Commençons par les faits : nus, simples, avérés, dont il est impossible de douter. May 12 Let's start with the facts: bare, simple, proven, impossible to doubt. 12 maggio Partiamo dai fatti: nudi, semplici, provati, impossibili da mettere in dubbio. Je ne dois pas me fier seulement à mes observation ou à mes souvenirs. I don't have to rely on my observations or memories alone. Hier soir, lorsque le Comte est venu me trouver, il commença par m'interroger sur des questions de droit relativement à certaines affaires. Last night, when the Count came to see me, he began by asking me questions about the law relating to certain matters. J'avais justement passé la journée dans les livres, et, simplement pour m'occuper l'esprit, j'avais revu certains points que j'avais étudié à Lincoln's Inn. I'd just spent the day in the books, and, simply to occupy my mind, I'd reviewed some of the points I'd studied at Lincoln's Inn. Il y avait une certaine logique dans les demandes du Comte ; je vais donc m'efforcer de les retranscrire dans l'ordre ; peut-être cela me sera-t-il utile d'une façon ou d'une autre. There was a certain logic in the Count's requests, so I'll try to transcribe them in order; perhaps that will help me in some way. D'abord, il me demanda si à Londres un homme pouvait avoir deux solicitors ou plus. First, he asked me if in London a man could have two or more solicitors. Je lui répondis qu'il pouvait en avoir une douzaine s'il ne voulait, mais qu'il n'était pas sage d'avoir plus d'un solicitor pour une affaire donnée, car un seul pouvait agir à la fois, sinon ce serait néfaste pour les intérêts du client. I replied that he could have a dozen if he wanted, but that it was not wise to have more than one solicitor for a given case, as only one could act at a time, otherwise it would be detrimental to the client's interests. Il sembla m'avoir parfaitement compris, et me demanda alors s'il y avait quelque difficulté pratique à avoir un homme s'occupant, par exemple, de la banque, et un autre supervisant les expéditions de marchandises, dans le cas où un relai local serait nécessaire dans un port éloigné de la demeure du premier solicitor. He seemed to understand me perfectly, and then asked me if there was any practical difficulty in having one man looking after, say, the bank, and another supervising shipments of goods, should a local relay be needed in a port far from the first solicitor's home. Je lui demandai d'exprimer plus complètement sa pensée, afin que je sois certain de ne pas l'induire en erreur, et il me dit : « Je vais être plus explicite. I asked him to express his thoughts more fully, so that I could be sure not to mislead him, and he said: "I'll be more explicit. Votre ami, mon ami, Mr. Peter Hawkins, à l'ombre de votre belle cathédrale d'Exeter, qui est très éloigné de Londres, fait l'acquisition en mon nom, et grâce à vos bons offices, de ma demeure de Londres. Your friend, my friend, Mr. Peter Hawkins, in the shadow of your beautiful cathedral in Exeter, which is a long way from London, acquires in my name, and through your good offices, my London home. Bien ! Maintenant, je vous le dirai franchement, vous pourriez trouver étrange que j'aie requis les services d'un solicitor si éloigné de Londres, au lieu d'en choisir un qui résiderait dans la capitale. Now, I'll tell you frankly, you might find it strange that I should have required the services of a solicitor so far from London, instead of choosing one who would reside in the capital. Mais mon but était qu'aucun intérêt local ne puisse l'emporter sur mon propre intérêt. But my aim was that no local interest should override my own. Celui qui résiderait à Londres pourrait peut-être rechercher un profit personnel, pour lui-même ou pour un de ses amis. If you live in London, you may be looking for personal gain, either for yourself or for a friend. En conséquence, je suis allé chercher ailleurs un agent dont l'unique but sera de servir mes intérêts. As a result, I've gone elsewhere to find an agent whose sole purpose will be to serve my interests. Maintenant, supposons, qu'ayant de nombreuses affaires à traiter, je désire expédier des marchandises, disons, à Newcastle, à Durham, à Harwich ou à Douvres. Ne serait-il pas plus simple pour moi de m'adresser à un agent différent dans chaque port ? » Je lui répondis que, certainement, cela serait plus facile, mais que nous autres solicitors avions un système d'agences grâce auquel les affaires locales pouvaient être traitées localement sur instruction d'un autre solicitor, si bien que le client, sans aucun souci pour lui, ne s'adressera qu'à un seul homme, qui retransmettra toutes ses instructions. "I replied that, certainly, it would be easier, but that we solicitors had an agency system whereby local business could be handled locally on the instruction of another solicitor, so that the customer, with no worries for himself, would only go to one man, who would relay all his instructions. "Risposi che, certamente, sarebbe stato più facile, ma che noi avvocati avevamo un sistema di agenzie per cui le questioni locali potevano essere trattate a livello locale su istruzioni di un altro avvocato, in modo che il cliente, senza preoccuparsi, si rivolgesse a un solo uomo, che gli avrebbe trasmesso tutte le sue istruzioni. « Mais », dit-il, « J'aurais toute liberté pour conduire l'affaire moi-même, c'est bien cela ? "But", he said, "I'd have complete freedom to conduct the business myself, right? » « Bien sûr », répondis-je, « Les hommes d'affaires qui ne souhaitent pas que leurs transactions soient connues de quiconque procèdent souvent ainsi. " "Of course," I replied, "Businessmen who don't want their transactions to be known to anyone often proceed this way. "Certo", risposi, "gli uomini d'affari che non vogliono che le loro transazioni siano conosciute da nessuno spesso procedono in questo modo. » « Bien ! » dit-il. Puis il s'informa sur les différents moyens d'expédier des marchandises, les formalités à accomplir, et sur toutes les difficultés qui pouvaient survenir, et les moyens de s'en prémunir. Then he asked about the different ways of shipping goods, the formalities involved, any difficulties that might arise, and how to avoid them. Ha poi approfondito le diverse modalità di spedizione delle merci, le formalità necessarie, le eventuali difficoltà che potrebbero sorgere e come evitarle. Je lui expliquai tout cela aussi clairement que possible, et, certainement, il me donna l'impression qu'il aurait pu lui-même faire un très bon solicitor, car il pensait à tout et prévoyait tout. I explained all this to him as clearly as I could, and he certainly gave me the impression that he could have made a very good solicitor himself, because he thought of everything and foresaw everything. Gli spiegai tutto questo nel modo più chiaro possibile e lui mi diede l'impressione che avrebbe potuto essere un ottimo avvocato, perché pensava a tutto e prevedeva tutto. Pour un homme qui n'avait jamais visité le pays, et qui ne connaissait pas grand-chose aux affaires, ses connaissances et sa perspicacité étaient formidables. Quand il eut obtenu toutes les informations demandées, et que je les eus vérifiées à When he had obtained all the information requested, and I had checked it with

l'aide des livres dont je disposais, il se leva soudain et me dit : « Avez-vous écrit depuis votre première lettre, à notre ami Mr. Peter Hawkins, ou à qui que ce soit d'autre ? Using the books at my disposal, he suddenly stood up and said, "Have you written since your first letter, to our friend Mr. Peter Hawkins, or to anyone else? » C'est le cœur plein d'amertume que je lui répondis que je ne l'avais pas encore fait, que je n'avais pas encore trouvé l'occasion d'écrire la moindre lettre. "With a heart full of bitterness, I replied that I hadn't yet, that I hadn't yet found the opportunity to write a single letter. "Con il cuore amareggiato risposi che non l'avevo ancora fatto, che non avevo ancora trovato l'occasione di scrivere una sola lettera. « Alors, écrivez maintenant, mon jeune ami » dit-il, posant sa lourde main sur mon épaule. "So write now, my young friend," he said, placing his heavy hand on my shoulder. « Ecrivez à notre ami et à qui vous voudrez, s'il vous plaît, que vous resterez ici encore un mois à compter d'aujourd'hui. "Write to our friend and whomever you please that you will be staying here for another month from today. » « Voulez-vous que je reste si longtemps ? "Do you want me to stay that long? » demandai-je, car mon cœur se glaçait à cette seule pensée. « J'y tiens beaucoup ; non, je n'accepterai aucun refus. "No, I won't take no for an answer. Quand votre maître, employeur, ou tout ce que vous voudrez, s'est engagé à m'envoyer quelqu'un en son nom, il était entendu que tout serait fait selon mes désirs. When your master, employer, or whatever, undertook to send me someone on his behalf, it was understood that everything would be done according to my wishes. Je n'ai pas été avare de mon argent. I wasn't stingy with my money. N'est-ce pas exact ? » Que pouvais-je faire sinon m'incliner ? "What could I do but bow down? Il ne s'agissait pas de moi, mais des intérêts de Mr. Hawkins, et je devais penser à lui avant de penser à moi ; et par ailleurs, tandis que le Comte Dracula me parlait, il y avait dans ses yeux et dans son attitude quelque chose qui me rappelait que j'étais son prisonnier, et que même si je l'avais voulu, je n'aurais pas pu partir. It wasn't about me, it was about Mr. Hawkins' interests, and I had to think of him before I thought of myself; and besides, as Count Dracula spoke to me, there was something in his eyes and attitude that reminded me that I was his prisoner, and that even if I'd wanted to, I couldn't have left. Non si trattava di me, ma degli interessi del signor Hawkins, e dovevo pensare a lui prima che a me stesso; inoltre, mentre il conte Dracula mi parlava, c'era qualcosa nei suoi occhi e nel suo atteggiamento che mi ricordava che ero suo prigioniero e che, anche se avessi voluto, non avrei potuto andarmene. Le Comte comprit sa victoire à la façon dont je m'inclinai ; il vit à mon visage troublé qu'il était mon maître. The Count understood his victory by the way I bowed; he saw from my troubled face that he was my master. Il conte capì di aver vinto dal modo in cui mi inchinai; dal mio volto turbato capì che era lui il mio padrone. Il utilisa immédiatement cet ascendant qu'il avait sur moi, mais de la façon insidieuse et irrésistible qui était la sienne : « Je vous prierai, mon jeune ami, de ne pas aborder dans vos lettres de sujets autres que ceux qui concernent nos affaires. He immediately used this ascendancy he had over me, but in his insidious and irresistible way: "I beg you, my young friend, not to broach in your letters any subjects other than those which concern our business. Inmediatamente hizo uso de la influencia que tenía sobre mí, pero a su manera insidiosa e irresistible: "Le ruego, mi joven amigo, que no aborde en sus cartas otros temas que los que conciernen a nuestros negocios. Certainement, vos amis seront heureux de savoir que vous allez bien, et que vous vous réjouissez de les retrouver bientôt. Your friends will certainly be happy to know that you're doing well, and that you're looking forward to seeing them again soon. N'est-ce pas le cas ? » Tout en parlant, il me tendit trois feuilles de papier et trois enveloppes, de ce papier très fin utilisé pour les courriers envoyés à l'étranger. "As he spoke, he handed me three sheets of paper and three envelopes, of the very thin paper used for mail sent abroad. Je les examinai, puis le regardai lui. I looked at them, then at him. Je remarquai son sourire tranquille, les canines pointues dépassant sur sa lèvre inférieure très rouge, et je compris, aussi clairement que s'il me l'avait dit à haute voix, que je devais faire attention à ce que j'écrirais, car il serait capable de tout lire. I noticed his quiet smile, the pointed canines protruding over his very red lower lip, and I understood, as clearly as if he'd told me out loud, that I had to be careful what I wrote, because he'd be able to read everything. Je décidai donc de n'écrire pour l'instant que de brèves notes, et de rédiger ensuite en secret des courriers beaucoup plus complets pour Mr. Hawkins, et aussi pour Mina : car, à elle, je pouvais écrire en sténographie, et le Comte, si d'aventure il ouvrait le courrier, ne pourrait me comprendre. I therefore decided to write only brief notes for the time being, and then to write much fuller letters in secret to Mr. Hawkins, and also to Mina: for, to her, I could write in shorthand, and the Count, if he happened to open the letter, would not be able to understand me. Après avoir écrit les deux lettres, je restai assis à lire tranquillement, tandis que le Comte rédigeait quelques notes, se référant à des livres qui se trouvaient sur la table. After writing the two letters, I sat quietly reading, while the Count wrote a few notes, referring to some books on the table. Puis il prit mes deux lettres, et les rangea avec les siennes à côté de son nécessaire à écriture, et il sortit. Then he took my two letters, placed them with his own next to his writing case, and left. Dès que la porte se referma sur lui, je me penchai pour examiner les lettres qu'il avait écrites, et qui étaient posées face contre la table. As soon as the door closed on him, I leaned over to examine the letters he'd written, which lay face down on the table. Non appena la porta si chiuse su di lui, mi chinai per esaminare le lettere che aveva scritto, che giacevano a faccia in giù sul tavolo. Je n'en éprouvai aucune honte : dans les circonstances présentes, il me semblait que je devais tout faire pour assurer ma protection. I wasn't ashamed: in the present circumstances, I felt I had to do everything I could to protect myself. L'une des lettres était adressée à Samuel F. Billington, n°7, The Crescent, Whitby, une autre à Herr Leutner, à Varna ; la troisième à Coutts & Co, Londres, et enfin la quatrième aux Herren Klopstock & Billreuth, banquiers à Buda-Pesth. La deuxième et la quatrième lettres n'étaient pas cachetées. The second and fourth letters were not sealed. J'étais sur le point de les lire, lorsque je vis la poignée de la porte bouger ; je m'enfonçai alors dans mon siège, ayant juste eu le temps de replacer les lettres comme elles l'étaient et de reprendre mon livre, avant que le Comte, tenant une autre lettre à la main, ne pénétrât dans la pièce. I was about to read them, when I saw the door handle move; I then sank into my seat, having just had time to replace the letters as they were and pick up my book again, before the Count, holding another letter in his hand, entered the room. Il prit les lettres qui se trouvaient sur la table, les timbra avec soin, puis se tournant vers moi, il me dit : « Vous voudrez bien m'excuser, mais j'ai beaucoup de travail à faire en privé ce soir. He took the letters from the table, carefully stamped them, then turning to me, he said: "If you'll excuse me, I have a lot of work to do in private this evening. Vous trouverez, je l'espère, tout ce dont vous aurez besoin. I hope you'll find everything you need. Espero que encuentre todo lo que necesita. » Une fois à la porte, il se retourna après une courte pause, et ajouta : « Laissez-moi vous donner un conseil, mon jeune ami, non, laissez-moi vous avertir très sérieusement, que si vous quittiez ces pièces, vous ne pourriez trouver le repos en aucune autre partie du château. "Once at the door, he turned after a short pause, and added: "Let me give you some advice, my young friend, no, let me warn you very seriously, that if you left these rooms, you could not find rest in any other part of the castle. Celui-ci est vieux, avec beaucoup de souvenirs, et de mauvais rêves attendent les dormeurs imprudents. This one's old, with lots of memories, and bad dreams await unwary sleepers. Faîtes attention ! Si à un moment le sommeil semble vous gagner, alors hâtez-vous de regagner votre chambre ou ces pièces-ci, car là seulement vous pourrez dormir en paix. If at any time you feel sleepy, hurry back to your bedroom or these rooms, because only there will you be able to sleep in peace. Mais si vous n'y prenez pas garde, alors… » Il finit sa phrase d'un ton proprement terrifiant, en faisant un geste comme pour indiquer qu'il s'en lavait les mains. Je le compris tout à fait, et je ne me posais qu'une question : comment un rêve pourrait-il être plus terrible que cette monstrueuse et surnaturelle nasse de ténèbres et de mystères qui semblait se refermer sur moi ? I understood him completely, and asked myself just one question: how could a dream be more terrible than this monstrous, supernatural net of darkness and mystery that seemed to be closing in on me? Le comprendí perfectamente y sólo me hice una pregunta: ¿cómo podía ser más terrible un sueño que aquella monstruosa y sobrenatural red de oscuridad y misterio que parecía cercarme? Lo capii completamente e mi feci una sola domanda: come poteva un sogno essere più terribile di questa rete mostruosa e soprannaturale di oscurità e mistero che sembrava chiudersi su di me? Plus tard – Je ne renie pas les derniers mots que j'ai écrits, mais maintenant je n'ai plus aucun doute. Later - I'm not denying the last words I wrote, but now I have no doubts. Dopo - Non rinnego le ultime parole che ho scritto, ma ora non ho più dubbi. Je n'aurai pas peur de m'endormir où que ce soit, pourvu que le Comte n'y fût pas. I won't be afraid to fall asleep anywhere, as long as the Count isn't there. J'ai placé le crucifix au-dessus de la tête de mon lit – j'espère que mon repos sera ainsi protégé des mauvais rêves, et le crucifix restera là. I've placed the crucifix above the head of my bed - I hope it will protect my rest from bad dreams, and the crucifix will stay there. Quand le Comte me quitta, je retournai dans ma chambre. Après un moment, n'entendant aucun bruit, je sortis et gravis l'escalier de pierre, jusqu'à l'endroit où je pouvais avoir une vue sur le sud. After a while, hearing no sound, I went out and climbed the stone staircase to where I could get a view to the south. Ces vastes étendues m'inspiraient un sentiment de liberté, même si elles m'étaient inaccessibles, lorsque je les comparais à la cour étroite et obscure, qui me donnait l'impression d'être véritablement en prison, lorsque j'y plongeais mes regards. These vast expanses gave me a feeling of freedom, even though they were inaccessible to me, when I compared them to the narrow, dark courtyard, which made me feel like I was really in prison when I looked into it. Je n'avais qu'une envie, respirer l'air frais, bien All I wanted to do was breathe in the fresh air.

qu'il fît nuit. estaba oscuro. Cette existence nocturne commence à me peser, je le sens. This nocturnal existence is beginning to weigh on me, I can feel it. Elle me porte sur les nerfs. She gets on my nerves. Je sursaute rien qu'à voir mon ombre, et je suis assailli par toutes sortes de pensées horribles. I jump at the mere sight of my shadow, and am assailed by all sorts of horrible thoughts. Dieu sait que ce lieu maudit justifie toutes mes craintes !