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Bram Stoker - Dracula, Part (6)

Part (6)

Le Comte, à nouveau, s'excusa : il avait dîné lorsqu'il était dehors. Mais il s'assit comme la nuit précédente, et discuta avec moi tandis que je mangeais. Après le souper, je fumai, comme la veille, et le Comte resta avec moi, me posant des questions sur tous les sujets imaginables, heure après heure. Il se faisait vraiment très tard, mais je ne le lui fis pas remarquer, car je me sentais obligé d'exaucer tous les désirs de mon hôte. Je n'avais pas sommeil : mon repas de la veille m'avait revigoré. Toutefois je ne pus m'empêcher d'éprouver ce frisson que chacun ressent à l'approche de l'aube. L'aube est d'une certaine façon comme une marée nouvelle. On dit que ceux qui sont mourants expirent souvent à l'approche de l'aube, ou au changement de marée, et tous ceux qui, ayant dû rester à leur poste alors qu'ils étaient épuisés, ont vécu cette expérience, voudront bien me croire. Soudain, nous entendîmes le chant du coq déchirer l'air tranquille du matin d'une façon surnaturelle. Le Comte Dracula, se levant soudain, me dit : « Eh bien, voici le matin à nouveau ! Je suis impardonnable de vous faire veiller si longtemps. Vous devez vous efforcer de rendre moins intéressantes nos conversations sur mon nouveau pays, l'Angleterre, que je chéris déjà, afin que nous ne laissions pas ainsi filer le temps ! » Et, s'inclinant courtoisement, il me quitta sans attendre. Je retournai dans ma chambre et ouvris les rideaux, mais il y avait peu à voir : ma fenêtre donnait sur la cour, et je ne pouvais voir que le ciel gris qui pâlissait déjà. Alors je refermai les rideaux, et m'attelai au compte-rendu de cette journée. 8 mai Je commençais à penser qu'en écrivant ce journal, je m'étais trop dispersé, mais je suis heureux maintenant d'être entré dans le détail dès le début, car il y a en ce lieu, et en tout ce qu'il abrite, quelque chose de si étrange, que je ne puis m'empêcher d'être inquiet. J'aimerais en sortir sain et sauf, ou n'y être jamais entré. Peut-être cette étrange existence nocturne a-t-elle des effets sur moi, si seulement ce n'était que cela ! Si j'avais quelqu'un à qui parler, je pourrais tout supporter, mais il n'y a personne. Je ne peux parler qu'au Comte, et lui… ! J'ai bien peur d'être la seule âme vivante ici. Soyons prosaïque et factuel : cela m'aidera à tenir le choc, sans me laisser gouverner par mon imagination. Sinon, je suis perdu. Voici donc ce qui s'est passé, du moins me semble-t-il. Je ne dormis que quelques heures, après m'être mis au lit. Sentant que je ne pourrais plus dormir, je me levai. J'avais accroché mon miroir à la fenêtre, et je commençais juste à me raser. Soudain, je sentis une main sur mon épaule, et j'entendis la voix du Comte : « Bonjour. » Je sursautai : j'étais très surpris de ne pas l'avoir vu, car le miroir me permettait de voir l'intégralité de la pièce derrière moi. En sursautant, je me coupai légèrement, mais je ne m'en rendis pas compte sur le moment. Après avoir rendu au Comte son salut, je me retournai vers le miroir pour essayer de comprendre comment j'avais pu me tromper à ce point. Cette fois, il n'y avait pas d'erreur possible, puisque l'homme était tout près de moi : je pouvais le voir par-dessus mon épaule. Mais il n'y avait aucun reflet de lui dans le miroir ! Je pouvais voir toute la pièce derrière moi, mais aucun être humain, à part moi-même. C'était déconcertant, et après tant de choses étranges, cela renforçait encore ce vague sentiment de malaise que j'éprouvais toujours en présence du Comte. Mais à ce moment, je vis que la coupure avait quelque peu saigné : le sang coulait sur mon menton. Je posai le rasoir, et me retournai à la recherche de ce qui pourrait me servir de compresse. Quand le Comte vit mon visage, ses yeux se mirent à briller d'une fureur démoniaque, et soudain il me saisit à la gorge. Je me reculai, et ses mains touchèrent le chapelet auquel était suspendu le crucifix. Son attitude changea immédiatement, et sa fureur disparut si vite qu'il était difficile d'imaginer qu'il ait pu se mettre dans un tel état. « Prenez garde » dit-il, « Prenez garde à la façon dont vous vous coupez. C'est plus dangereux que vous ne le pensez dans ce pays. » Puis, saisissant le miroir, il poursuivit : « Et c'est à cet objet de malheur que vous le devez ! Hors de ma vue ! » Et, ouvrant la lourde fenêtre d'un seul geste de sa main puissante, il lança le miroir, qui se brisa en mille morceaux sur les pierres de la cour en contrebas. Puis il se retira sans un mot. C'est très ennuyeux, car je ne vois pas comment je vais pouvoir me raser, sauf si je puis utiliser le boitier de ma montre, ou le fond de mon nécessaire à barbe, qui, heureusement, est fait de métal. Quand je retournai dans la pièce où je prenais mes repas, le petit déjeuner était servi, mais je ne pus trouver le Comte nulle part. Je déjeunai donc seul. Il est étrange que je ne l'aie vu jusqu'ici ni manger, ni boire. Ce doit être un homme très particulier ! Après le petit déjeuner, j'ai exploré quelque peu le château. Je suis sorti dans l'escalier, et j'ai découvert une pièce orientée au sud. La vue était magnifique, et de là où j'étais, je pouvais en profiter pleinement. Le château se trouve juste au bord d'un

terrible précipice. Une pierre tombant par la fenêtre chuterait de mille pieds avant de toucher quoi que ce soit ! Aussi loin que le regard peut porter, il n'y a qu'un océan d'arbres, avec par endroits une rupture profonde là où se trouve un gouffre. Ca et là, on peut voir des rubans d'argent, là où les rivières serpentent au fond de gorges encaissées à travers les forêts. Mais je n'ai pas le cœur de décrire ces beautés, car après avoir contemplé cette vue, j'ai poursuivi mon exploration : des portes, des portes, des portes partout, et toutes fermées à clé ou au verrou. Il n'y a aucune sortie praticable, à part les fenêtres qui s'ouvrent dans les murs. Le château est une véritable prison, et j'y suis prisonnier !

Chapitre 3 Journal de Jonathan Harker - suite Lorsque je réalisai que j'étais prisonnier, je fus envahi par une sorte de frénésie. Je dévalai et remontai les marches, essayant toutes les portes, et regardant par toutes les fenêtres que je pus trouver, mais rapidement un sentiment d'impuissance me submergea. Quand j'y réfléchis quelques heures plus tard, je me dis que j'étais devenu réellement fou pendant un moment, car je me suis comporté comme un rat pris au piège. Toutefois, lorsque j'eus acquis la conviction qu'il n'y avait aucun espoir, je m'assis tranquillement – je n'avais jamais été aussi tranquille de toute ma vie – et je réfléchis à la meilleure conduite à adopter. Je réfléchis encore maintenant, et je ne suis arrivé à aucune conclusion définitive. Je ne suis sûr que d'une chose : il ne sert à rien de faire part au Comte de mes sentiments. Il sait mieux que personne que je suis prisonnier, et comme il en est responsable et a sans aucun doute ses propres motivations, il ne ferait que me mentir si je lui exposais simplement les faits. Jusqu'ici, mon seul plan sera de conserver pour moi ce que je sais et ce que je ressens, et de garder les yeux ouverts. Soit je suis trompé, comme un petit enfant, par mes propres peurs, soit je suis réellement dans une situation désespérée, et si tel est le cas, j'ai besoin, et je vais avoir besoin, de toute mon intelligence pour m'en sortir. Je venais à peine d'arriver à cette conclusion, quand j'entendis la grande porte d'entrée se refermer, et compris que le Comte était rentré. Il ne vint pas tout de suite à la bibliothèque, aussi je retournai prudemment dans ma chambre, où je le trouvai occupé à faire le lit. C'était étrange, mais cela ne faisait que confirmer ce que je pensais depuis longtemps : il n'y avait aucun domestique dans le château. Quand plus tard je le vis, par la porte entrouverte, dresser la table dans la salle à manger, j'en fus certain, car s'il exécute lui-même ces tâches, c'est bien la preuve qu'il n'y a personne d'autre pour le faire. Cette pensée me fit frissonner : s'il n'y avait personne d'autre dans le château, alors le cocher de la voiture qui m'avait amené ici ne pouvait être que le Comte lui-même. C'est terrible, car s'il en est ainsi, cela signifie qu'il peut contrôler les loups, comme il l'avait fait alors, d'un simple mouvement de la main. Et pourquoi tous ces gens à Bistritz et dans la diligence avaient-ils si peur pour moi ? Pourquoi m'avait-on donné le crucifix, l'ail, la rose sauvage, les cendres ? Bénie soit cette brave femme qui a pendu le crucifix à mon cou ! Car il m'est un réconfort et une force chaque fois que je le touche. Il est étrange de penser qu'un objet qu'on m'a appris à considérer avec méfiance, et même comme idolâtre, puisse m'être d'un tel secours dans ce moment de solitude et de trouble. Y a-t-il quelque chose dans l'essence de l'objet lui-même, ou est-il un medium qui m'aide à me remémorer ces témoignages de sympathie et de réconfort ? Plus tard, si j'en ai la possibilité, j'examinerai la question et essaierai de me faire une opinion. En attendant, il me faut apprendre tout ce que je peux sur le Comte Dracula ; cela me permettra peut-être de mieux le comprendre. Peut-être pourrai-je l'amener à parler de lui ce soir. Mais je dois être très prudent, pour ne pas éveiller ses soupçons. Minuit – J'ai eu une longue conversation avec le Comte. Je lui ai posé quelques questions sur la Transylvanie, et il s'est beaucoup animé en abordant ce sujet. Lorsqu'il parle des choses et des gens de ce pays, et tout particulièrement des batailles, il en parle comme s'il avait systématiquement été présent. Il m'a expliqué plus tard que pour un Boyar, la fierté de sa maison et de son nom est sa propre fierté, que leur gloire est sa gloire, et que leur destin est son destin. Chaque fois qu'il parle de sa maison, il dit toujours « nous » et s'exprime presque toujours au pluriel, comme le font les rois. J'aimerais pouvoir retranscrire ici tout ce qu'il m'a dit comme il me l'a dit, car j'ai trouvé cela fascinant. C'est toute l'histoire de son pays qu'il m'a racontée. Il s'excitait tandis qu'il me parlait, et marchait dans la pièce en tirant sur sa longue moustache blanche, et se saisissait de tous les objets qui lui tombaient sous la main, comme pour les écraser. Il y a une chose qu'il m'a dite et que je vais essayer de retranscrire aussi exactement que possible, car elle relate d'une certaine façon l'histoire de sa race : « Nous, les Szekelys, avons le droit d'être fiers, car dans nos veines coule le sang de nombreuses races d'hommes braves, qui ont combattu comme des lions pour le pouvoir. Ici, dans le maelstrom des nations d'Europe, la tribu des Ugric amena d'Islande l'esprit combattif que Thor et Odin lui avaient donné. Leurs pillards se déchaînèrent avec une telle férocité sur les côtes de l'Europe, oui, et de l'Asie et de l'Afrique aussi, que les habitants se croyaient envahis par des loups. Là, ils trouvèrent à leur arrivé les Huns, dont la frénésie guerrière avait balayé toute la terre comme une flamme vive, jusqu'à ce que les peuples agonisants croient que dans leurs veines coulait le sang de ces anciennes sorcières qui, expulsées du pays des Scythes, avaient procréé avec les démons du désert. Les imbéciles, les imbéciles ! Quel démon ou quelle sorcière sera jamais aussi puissant qu'Attila, dont le sang coule dans ces veines-ci ? » Il montra ses bras.

Part (6) Teil (6) Part (6) Parte (6) Parte (6) Parte (6)

Le Comte, à nouveau, s'excusa : il avait dîné lorsqu'il était dehors. Mais il s'assit comme la nuit précédente, et discuta avec moi tandis que je mangeais. But he sat down as he had the night before, and chatted with me while I ate. Après le souper, je fumai, comme la veille, et le Comte resta avec moi, me posant des questions sur tous les sujets imaginables, heure après heure. Il se faisait vraiment très tard, mais je ne le lui fis pas remarquer, car je me sentais obligé d'exaucer tous les désirs de mon hôte. It was getting very late indeed, but I didn't point it out, as I felt obliged to fulfill my host's every wish. Je n'avais pas sommeil : mon repas de la veille m'avait revigoré. I wasn't sleepy: my meal the night before had invigorated me. Toutefois je ne pus m'empêcher d'éprouver ce frisson que chacun ressent à l'approche de l'aube. But I couldn't help feeling that chill that everyone feels as dawn approaches. L'aube est d'une certaine façon comme une marée nouvelle. In a way, dawn is like a new tide. On dit que ceux qui sont mourants expirent souvent à l'approche de l'aube, ou au changement de marée, et tous ceux qui, ayant dû rester à leur poste alors qu'ils étaient épuisés, ont vécu cette expérience, voudront bien me croire. It is said that those who are dying often expire at the approach of dawn, or at the change of the tide, and all those who, having had to stay at their post while exhausted, have had this experience, will please me. to believe. Se dice que los moribundos expiran a menudo al acercarse el alba, o al cambiar la marea, y todos aquellos que, habiendo tenido que permanecer en su puesto cuando estaban agotados, han tenido esta experiencia, me creerán, por favor. Soudain, nous entendîmes le chant du coq déchirer l'air tranquille du matin d'une façon surnaturelle. Suddenly we heard the rooster crow tear the quiet morning air in a supernatural way. Le Comte Dracula, se levant soudain, me dit : « Eh bien, voici le matin à nouveau ! Je suis impardonnable de vous faire veiller si longtemps. I'm unforgivable for keeping you up so long. Vous devez vous efforcer de rendre moins intéressantes nos conversations sur mon nouveau pays, l'Angleterre, que je chéris déjà, afin que nous ne laissions pas ainsi filer le temps ! You must endeavor to make our conversations about my new country, England, which I already cherish, less interesting so that we don't let time slip away! Devi cercare di rendere meno interessanti le nostre conversazioni sul mio nuovo paese, l'Inghilterra, che già mi sta a cuore, in modo da non lasciarci sfuggire il tempo! » Et, s'inclinant courtoisement, il me quitta sans attendre. Je retournai dans ma chambre et ouvris les rideaux, mais il y avait peu à voir : ma fenêtre donnait sur la cour, et je ne pouvais voir que le ciel gris qui pâlissait déjà. I returned to my room and opened the curtains, but there was little to see: my window looked out onto the courtyard, and all I could see was the gray sky, which was already fading. Alors je refermai les rideaux, et m'attelai au compte-rendu de cette journée. So I closed the curtains, and set to work on my account of the day. Así que volví a cerrar las cortinas y me dispuse a escribir mi relato del día. 8 mai Je commençais à penser qu'en écrivant ce journal, je m'étais trop dispersé, mais je suis heureux maintenant d'être entré dans le détail dès le début, car il y a en ce lieu, et en tout ce qu'il abrite, quelque chose de si étrange, que je ne puis m'empêcher d'être inquiet. May 8 I was beginning to think that in writing this diary I'd spread myself too thin, but I'm glad now that I've gone into detail from the start, because there's something so strange about this place, and everything in it, that I can't help but be worried. J'aimerais en sortir sain et sauf, ou n'y être jamais entré. I'd like to come out of it safe and sound, or never have gone in at all. Me gustaría salir sano y salvo, o no haber entrado nunca. Peut-être cette étrange existence nocturne a-t-elle des effets sur moi, si seulement ce n'était que cela ! Perhaps this strange nocturnal existence is having an effect on me, if only that were all it was! Quizá esta extraña existencia nocturna esté teniendo algún efecto en mí, ¡ojalá sólo fuera eso! Si j'avais quelqu'un à qui parler, je pourrais tout supporter, mais il n'y a personne. If I had someone to talk to, I could put up with anything, but there's no one. Je ne peux parler qu'au Comte, et lui… ! I can only talk to the Count, and he...! J'ai bien peur d'être la seule âme vivante ici. I'm afraid I'm the only living soul here. Soyons prosaïque et factuel : cela m'aidera à tenir le choc, sans me laisser gouverner par mon imagination. Let's be prosaic and factual: it'll help me get through the shock, without letting my imagination rule me. Sinon, je suis perdu. Voici donc ce qui s'est passé, du moins me semble-t-il. So here's what happened, or so it seems to me. Je ne dormis que quelques heures, après m'être mis au lit. I slept for only a few hours after getting into bed. Sentant que je ne pourrais plus dormir, je me levai. Feeling I couldn't sleep any more, I got up. J'avais accroché mon miroir à la fenêtre, et je commençais juste à me raser. I'd hung my mirror in the window and was just starting to shave. Soudain, je sentis une main sur mon épaule, et j'entendis la voix du Comte : « Bonjour. » Je sursautai : j'étais très surpris de ne pas l'avoir vu, car le miroir me permettait de voir l'intégralité de la pièce derrière moi. "I gasped: I was very surprised not to have seen him, as the mirror allowed me to see the entire room behind me. En sursautant, je me coupai légèrement, mais je ne m'en rendis pas compte sur le moment. With a start, I cut myself slightly, but I didn't realize it at the time. Après avoir rendu au Comte son salut, je me retournai vers le miroir pour essayer de comprendre comment j'avais pu me tromper à ce point. After returning the Count's salute, I turned back to the mirror to try and understand how I could have been so wrong. Cette fois, il n'y avait pas d'erreur possible, puisque l'homme était tout près de moi : je pouvais le voir par-dessus mon épaule. This time, there was no room for error, as the man was right next to me: I could see him over my shoulder. Mais il n'y avait aucun reflet de lui dans le miroir ! Je pouvais voir toute la pièce derrière moi, mais aucun être humain, à part moi-même. I could see the whole room behind me, but not a single human being except myself. C'était déconcertant, et après tant de choses étranges, cela renforçait encore ce vague sentiment de malaise que j'éprouvais toujours en présence du Comte. It was disconcerting, and after so many strange things, it reinforced that vague feeling of unease I always felt in the presence of the Count. Mais à ce moment, je vis que la coupure avait quelque peu saigné : le sang coulait sur mon menton. But then I saw that the cut had bled a little: blood was running down my chin. Je posai le rasoir, et me retournai à la recherche de ce qui pourrait me servir de compresse. I put the razor down and turned around to look for something I could use as a compress. Quand le Comte vit mon visage, ses yeux se mirent à briller d'une fureur démoniaque, et soudain il me saisit à la gorge. When the Count saw my face, his eyes flashed with demonic fury, and he suddenly grabbed me by the throat. Je me reculai, et ses mains touchèrent le chapelet auquel était suspendu le crucifix. I stepped back, and his hands touched the rosary from which the crucifix hung. Di un paso atrás y sus manos tocaron el rosario del que colgaba el crucifijo. Son attitude changea immédiatement, et sa fureur disparut si vite qu'il était difficile d'imaginer qu'il ait pu se mettre dans un tel état. His attitude changed immediately, and his fury disappeared so quickly that it was hard to imagine he could have put himself in such a state. « Prenez garde » dit-il, « Prenez garde à la façon dont vous vous coupez. "Take care," he says, "Take care how you cut yourself. "Fai attenzione", dice, "fai attenzione a come ti tagli". C'est plus dangereux que vous ne le pensez dans ce pays. It's more dangerous than you think in this country. » Puis, saisissant le miroir, il poursuivit : « Et c'est à cet objet de malheur que vous le devez ! "Then, grabbing the mirror, he continued: "And it's to this object of misfortune that you owe it! " Luego, agarrando el espejo, continuó: "¡Y es a este objeto de la desgracia a quien se lo debes! Hors de ma vue ! Get out of my sight! » Et, ouvrant la lourde fenêtre d'un seul geste de sa main puissante, il lança le miroir, qui se brisa en mille morceaux sur les pierres de la cour en contrebas. "And, opening the heavy window with a single gesture of his powerful hand, he threw the mirror, which shattered into a thousand pieces on the stones of the courtyard below. "E, aprendo la pesante finestra con un solo gesto della sua potente mano, lanciò lo specchio, che si frantumò in mille pezzi sulle pietre del cortile sottostante. Puis il se retira sans un mot. C'est très ennuyeux, car je ne vois pas comment je vais pouvoir me raser, sauf si je puis utiliser le boitier de ma montre, ou le fond de mon nécessaire à barbe, qui, heureusement, est fait de métal. It's very annoying, because I don't see how I'm going to be able to shave, unless I can use the case of my watch, or the bottom of my beard kit, which, fortunately, is made of metal. Quand je retournai dans la pièce où je prenais mes repas, le petit déjeuner était servi, mais je ne pus trouver le Comte nulle part. When I returned to my dining room, breakfast was being served, but I couldn't find the Count anywhere. Je déjeunai donc seul. Il est étrange que je ne l'aie vu jusqu'ici ni manger, ni boire. It's strange that I haven't seen him eat or drink yet. Ce doit être un homme très particulier ! Après le petit déjeuner, j'ai exploré quelque peu le château. Je suis sorti dans l'escalier, et j'ai découvert une pièce orientée au sud. I went out on the stairs, and discovered a south-facing room. La vue était magnifique, et de là où j'étais, je pouvais en profiter pleinement. The view was magnificent, and from where I was, I could enjoy it to the full. Le château se trouve juste au bord d'un The château is located on the edge of a Il castello si trova ai margini di una

terrible précipice. Une pierre tombant par la fenêtre chuterait de mille pieds avant de toucher quoi que ce soit ! A stone falling through the window would drop a thousand feet before hitting anything! Aussi loin que le regard peut porter, il n'y a qu'un océan d'arbres, avec par endroits une rupture profonde là où se trouve un gouffre. As far as the eye can see, there's nothing but an ocean of trees, with a deep break in places where there's a chasm. Hasta donde alcanza la vista, no hay más que un océano de árboles, con una profunda ruptura en algunos lugares donde hay un abismo. Ca et là, on peut voir des rubans d'argent, là où les rivières serpentent au fond de gorges encaissées à travers les forêts. Silver ribbons can be seen here and there, where rivers meander through forests in deep gorges. Mais je n'ai pas le cœur de décrire ces beautés, car après avoir contemplé cette vue, j'ai poursuivi mon exploration : des portes, des portes, des portes partout, et toutes fermées à clé ou au verrou. But I don't have the heart to describe these beauties, because after contemplating this view, I continued my exploration: doors, doors, doors everywhere, and all locked or bolted. Il n'y a aucune sortie praticable, à part les fenêtres qui s'ouvrent dans les murs. There are no practicable exits, apart from the windows that open into the walls. Le château est une véritable prison, et j'y suis prisonnier !

Chapitre 3 Journal de Jonathan Harker - suite Lorsque je réalisai que j'étais prisonnier, je fus envahi par une sorte de frénésie. Chapter 3 Jonathan Harker's Diary - continued When I realized I was a prisoner, I was overcome by a kind of frenzy. Je dévalai et remontai les marches, essayant toutes les portes, et regardant par toutes les fenêtres que je pus trouver, mais rapidement un sentiment d'impuissance me submergea. I ran down and up the stairs, trying every door and looking out every window I could find, but soon a feeling of helplessness overwhelmed me. Quand j'y réfléchis quelques heures plus tard, je me dis que j'étais devenu réellement fou pendant un moment, car je me suis comporté comme un rat pris au piège. When I think about it a few hours later, I realize that I had really gone mad for a while, because I behaved like a trapped rat. Toutefois, lorsque j'eus acquis la conviction qu'il n'y avait aucun espoir, je m'assis tranquillement – je n'avais jamais été aussi tranquille de toute ma vie – et je réfléchis à la meilleure conduite à adopter. However, when I was convinced that there was no hope, I sat down quietly - I'd never been so quiet in my life - and thought about the best course of action. Je réfléchis encore maintenant, et je ne suis arrivé à aucune conclusion définitive. Je ne suis sûr que d'une chose : il ne sert à rien de faire part au Comte de mes sentiments. Sólo estoy seguro de una cosa: no tiene sentido decirle al Conde lo que siento. Il sait mieux que personne que je suis prisonnier, et comme il en est responsable et a sans aucun doute ses propres motivations, il ne ferait que me mentir si je lui exposais simplement les faits. He knows better than anyone that I'm a prisoner, and since he's responsible for it and undoubtedly has his own motivations, he'd only be lying to me if I simply told him the facts. Sa meglio di chiunque altro che sono un prigioniero e, poiché è lui il responsabile di tutto questo e ha indubbiamente i suoi motivi, non farebbe altro che mentirmi se gli raccontassi semplicemente i fatti. Jusqu'ici, mon seul plan sera de conserver pour moi ce que je sais et ce que je ressens, et de garder les yeux ouverts. So far, my only plan is to keep what I know and feel to myself, and to keep my eyes open. Hasta ahora, mi único plan es guardarme para mí lo que sé y lo que siento, y mantener los ojos abiertos. Soit je suis trompé, comme un petit enfant, par mes propres peurs, soit je suis réellement dans une situation désespérée, et si tel est le cas, j'ai besoin, et je vais avoir besoin, de toute mon intelligence pour m'en sortir. Either I'm being deceived, like a little child, by my own fears, or I'm really in a desperate situation, and if that's the case, I need, and will need, all my intelligence to get out of it. Je venais à peine d'arriver à cette conclusion, quand j'entendis la grande porte d'entrée se refermer, et compris que le Comte était rentré. Il ne vint pas tout de suite à la bibliothèque, aussi je retournai prudemment dans ma chambre, où je le trouvai occupé à faire le lit. He didn't come immediately to the library, so I cautiously returned to my room, where I found him busy making the bed. No vino a la biblioteca enseguida, así que volví cautelosamente a mi habitación, donde lo encontré ocupado haciendo la cama. C'était étrange, mais cela ne faisait que confirmer ce que je pensais depuis longtemps : il n'y avait aucun domestique dans le château. Quand plus tard je le vis, par la porte entrouverte, dresser la table dans la salle à manger, j'en fus certain, car s'il exécute lui-même ces tâches, c'est bien la preuve qu'il n'y a personne d'autre pour le faire. When I later saw him, through the half-open door, setting the table in the dining room, I was sure of it, because if he does it himself, it's proof that there's no one else to do it. Cuando más tarde le vi, a través de la puerta entreabierta, poniendo la mesa en el comedor, estaba segura de ello, porque si lo hace él mismo, es la prueba de que no hay nadie más que lo haga. Cette pensée me fit frissonner : s'il n'y avait personne d'autre dans le château, alors le cocher de la voiture qui m'avait amené ici ne pouvait être que le Comte lui-même. The thought made me shudder: if there was no one else in the castle, then the coachman who had brought me here could only be the Count himself. C'est terrible, car s'il en est ainsi, cela signifie qu'il peut contrôler les loups, comme il l'avait fait alors, d'un simple mouvement de la main. This is terrible, because if it's so, it means he can control the wolves, as he had done then, with a simple wave of his hand. Et pourquoi tous ces gens à Bistritz et dans la diligence avaient-ils si peur pour moi ? Pourquoi m'avait-on donné le crucifix, l'ail, la rose sauvage, les cendres ? Why had I been given the crucifix, the garlic, the wild rose, the ashes? Bénie soit cette brave femme qui a pendu le crucifix à mon cou ! Blessed be the good woman who hung the crucifix around my neck! Car il m'est un réconfort et une force chaque fois que je le touche. Il est étrange de penser qu'un objet qu'on m'a appris à considérer avec méfiance, et même comme idolâtre, puisse m'être d'un tel secours dans ce moment de solitude et de trouble. Y a-t-il quelque chose dans l'essence de l'objet lui-même, ou est-il un medium qui m'aide à me remémorer ces témoignages de sympathie et de réconfort ? Is there something in the essence of the object itself, or is it a medium that helps me remember these tokens of sympathy and comfort? Plus tard, si j'en ai la possibilité, j'examinerai la question et essaierai de me faire une opinion. Later, if I get the chance, I'll look into the matter and try to make up my own mind. En attendant, il me faut apprendre tout ce que je peux sur le Comte Dracula ; cela me permettra peut-être de mieux le comprendre. In the meantime, I need to learn as much as I can about Count Dracula; perhaps that will help me understand him better. Peut-être pourrai-je l'amener à parler de lui ce soir. Maybe I can get her to talk about him tonight. Mais je dois être très prudent, pour ne pas éveiller ses soupçons. Minuit – J'ai eu une longue conversation avec le Comte. Je lui ai posé quelques questions sur la Transylvanie, et il s'est beaucoup animé en abordant ce sujet. Lorsqu'il parle des choses et des gens de ce pays, et tout particulièrement des batailles, il en parle comme s'il avait systématiquement été présent. When he speaks of the things and people of this country, and especially of the battles, he talks about them as if he had been there every time. Il m'a expliqué plus tard que pour un Boyar, la fierté de sa maison et de son nom est sa propre fierté, que leur gloire est sa gloire, et que leur destin est son destin. He later explained to me that for a Boyar, the pride of his house and name is his own pride, that their glory is his glory, and that their destiny is his destiny. Chaque fois qu'il parle de sa maison, il dit toujours « nous » et s'exprime presque toujours au pluriel, comme le font les rois. Whenever he speaks of his home, he always says "we" and almost always expresses himself in the plural, as kings do. J'aimerais pouvoir retranscrire ici tout ce qu'il m'a dit comme il me l'a dit, car j'ai trouvé cela fascinant. I wish I could transcribe here everything he said to me as he said it to me, because I found it fascinating. C'est toute l'histoire de son pays qu'il m'a racontée. He told me the whole story of his country. Il s'excitait tandis qu'il me parlait, et marchait dans la pièce en tirant sur sa longue moustache blanche, et se saisissait de tous les objets qui lui tombaient sous la main, comme pour les écraser. He would get excited as he talked to me, and walk around the room tugging at his long white moustache, and grabbing at any object that came into his hand, as if to crush it. Mentre mi parlava si eccitava e camminava per la stanza tirandosi i lunghi baffi bianchi e afferrando qualsiasi oggetto gli capitasse sotto mano, come se volesse schiacciarlo. Il y a une chose qu'il m'a dite et que je vais essayer de retranscrire aussi exactement que possible, car elle relate d'une certaine façon l'histoire de sa race : « Nous, les Szekelys, avons le droit d'être fiers, car dans nos veines coule le sang de nombreuses races d'hommes braves, qui ont combattu comme des lions pour le pouvoir. C'è una cosa che mi ha detto e che cercherò di trascrivere nel modo più accurato possibile, perché in un certo senso racconta la storia della sua razza: "Noi Szekley abbiamo il diritto di essere orgogliosi, perché nelle nostre vene scorre il sangue di molte razze di uomini coraggiosi, che hanno combattuto come leoni per il potere. Ici, dans le maelstrom des nations d'Europe, la tribu des Ugric amena d'Islande l'esprit combattif que Thor et Odin lui avaient donné. Here, in the maelstrom of European nations, the Ugric tribe brought from Iceland the fighting spirit that Thor and Odin had given them. Leurs pillards se déchaînèrent avec une telle férocité sur les côtes de l'Europe, oui, et de l'Asie et de l'Afrique aussi, que les habitants se croyaient envahis par des loups. Their plunderers unleashed such ferocity on the coasts of Europe, yes, and Asia and Africa too, that the inhabitants thought they were being invaded by wolves. Là, ils trouvèrent à leur arrivé les Huns, dont la frénésie guerrière avait balayé toute la terre comme une flamme vive, jusqu'à ce que les peuples agonisants croient que dans leurs veines coulait le sang de ces anciennes sorcières qui, expulsées du pays des Scythes, avaient procréé avec les démons du désert. There, on arrival, they found the Huns, whose warlike frenzy had swept across the land like a living flame, until the dying peoples believed that in their veins flowed the blood of those ancient witches who, expelled from the land of the Scythians, had procreated with the demons of the desert. Les imbéciles, les imbéciles ! Quel démon ou quelle sorcière sera jamais aussi puissant qu'Attila, dont le sang coule dans ces veines-ci ? What demon or witch will ever be as powerful as Attila, whose blood runs through these veins? ¿Qué demonio o bruja será alguna vez tan poderoso como Atila, cuya sangre corre por estas venas? » Il montra ses bras. "He held up his arms.