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Bram Stoker - Dracula, Part (49)

Part (49)

Nous devons êtres prêt pour le retour du Dr Van Helsing. J'ai envoyé un télégramme à Jonathan pour lui dire de venir ici dès qu'il sera parvenu de Whitby à Londres. Dans cette affaire, rien n'a autant d'importance que les dates, et je crois que si nous avons bien préparé tout notre matériel, et que nous avons classé tous les éléments dans leur ordre chronologique, alors nous aurons déjà accompli beaucoup. Vous me dites que Lord Godalming et Mr Morris arrivent aussi. Toutes ces informations doivent être prêtes à leur arrivée. » Obéissant, il fit tourner le phonographe au ralenti, et je commençai à procéder à la retranscription depuis le début du septième cylindre. J'utilisai, comme je l'avais déjà fait pour les autres transcriptions, du carbone, qui me permettait de réaliser trois copies du journal. Cette tache m'occupa longtemps, mais le Dr Seward se livra à son travail habituel, faisant la tournée de ses patients; quand il avait terminé, il revenait s'asseoir à côté de moi, avec un livre, de sorte que je ne me sentis pas trop seule pendant ce long travail. Cet homme me paraît vraiment bon et réfléchi; le monde semble rempli d'hommes de valeur - même s'il contient aussi, de fait, des monstres. Avant de le quitter je me souvins d'un détail que Jonathan avait rapporté dans son journal : le fait que le Professeur

avait été perturbé en lisant quelque chose dans l'édition du soir à la gare d'Exeter; aussi, voyant que le Dr Seward conserve tous ses journaux, je lui empruntai les exemplaires de la Gazette de Wesminster et du Pall Mall Gazette, et les emportai dans ma chambre. Je me souvenais combien les coupures du Daily Telegraph et de la Gazette de Whitby nous avaient aidés à comprendre les terribles événements de Whitby, quand le Comte Dracula avait accosté, aussi je décidai d'éplucher tous les journaux du soir parus depuis cette période, afin d'en tirer quelques éclaircissements éventuels. Je n'ai pas sommeil, et le travail m'aidera à me tenir tranquille. Journal du Dr. Seward 30 septembre Mr. Harker est arrivé à neuf heures. Il avait reçu le câble de sa femme juste avant son départ. Il est extrêmement intelligent, si on en juge par son visage, et plein d'énergie. Si les faits rapportés dans ce journal sont réels – et si j'en juge d'après les expériences extraordinaires que je viens de vivre, ils doivent l'être – alors, c'est un homme aux nerfs d'acier. Descendre une seconde fois dans ce caveau était une grande preuve de courage. Après avoir lu son compte-rendu de cet évènement, je m'étais attendu à rencontrer un spécimen typique de l'homme fort et viril, mais certainement pas ce gentleman calme, aux allures d'homme d'affaires, qui est venu aujourd'hui. Plus tard Après le repas, Harker et sa femme retournèrent dans leur chambre, et un moment après en passant devant, j'entendis le bruit de la machine à écrire. Ils sont opiniâtres : Mrs. Harker dit qu'ils sont en train de rassembler dans l'ordre chronologique les moindres preuves dont ils disposent. Harker a pu se procurer les lettres échangées entres les consignataires des caisses à Whitby et les transporteurs de Londres qui les ont prises en charge. Il est maintenant occupé à lire la retranscription qu'a faite sa femme de mon journal. Je me demande ce qu'ils pourront bien en tirer. Ah, nous y voici. Il est étrange que le fait que la maison qui jouxte l'asile puisse être le repaire du Comte ne me soit jamais venu à l'esprit ! Dieu sait pourtant que nous avions suffisamment d'indices avec le comportement du patient Renfield ! Les lettres relatives à l'achat de la maison étaient jointes au tapuscrit. Oh, si seulement nous les avions eues plus tôt, nous aurions pu sauver la pauvre Lucy ! Mais assez, c'est folie de penser ainsi. Harker est reparti, et s'est remis à compiler ses informations. Il m'a dit que pour le dîner il serait en mesure de présenter une narration cohérente. Il pense qu'en attendant, je devrais aller voir Renfield, puisque celui-ci a jusqu'ici était une sorte d'indicateur des allées et venues du Comte. J'ai du mal à y croire, mais lorsque je comparerai les dates cela sera peut-être évident. Quelle bonne idée a eue Mrs. Harker de dactylographier mes cylindres ! Nous n'aurions jamais pu retrouver les dates ! Je trouvai Renfield assis calmement dans sa chambre, les bras croisés, souriant aimablement. A ce moment il me sembla aussi sain d'esprit qu'il est possible. Je m'assis et discutai avec lui de divers sujets, et il me répondit le plus normalement du monde. Alors, de sa propre initiative, il me parla de son retour à la maison, sujet auquel il n'avait à ma connaissance jamais fait référence depuis le début de son séjour ici. En fait, il me parla comme d'une évidence de son départ prochain. Je crois que si je n'avais pas discuté avec Harker, lu les lettres et vérifié les dates de ses crises, j'aurais accepté de valider sa sortie après une brève période d'observation. Mais dans les conditions actuelles, j'ai de sombres soupçons. Toutes ces crises étaient, d'une façon ou d'une autre, liées à la proximité du Comte. Pourquoi semble-t-il aussi parfaitement satisfait ? Est-il d'instinct convaincu du triomphe final du vampire ? Voyons, il est lui-même zoophage, et lors de ses divagations à la porte de la chapelle de la maison abandonnée, il parlait toujours du « maître ». Tout ceci semble confirmer notre idée. Toutefois, après un moment, je le quittai : mon ami est un peu trop sain d'esprit en ce moment pour que je puisse le questionner trop en profondeur. Il pourrait commencer à réfléchir, et alors… C'est pourquoi je partis. Je n'ai pas confiance en ces périodes de calme. J'ai ordonné au gardien de le surveiller de près, et de garder une camisole de force à portée de main en cas de besoin.

Journal de Jonathan Harker 29 septembre, dans le train pour Londres Quand je reçus l'aimable message de Mr. Billington où il m'indiquait qu'il me donnerait volontiers toutes les informations en sa possession, je pensai qu'il valait mieux descendre à Whitby afin de pouvoir mener sur les lieux toutes les investigations que je pourrais juger nécessaires. Mon but était maintenant de retracer le parcours de cette horrible cargaison du Comte vers sa destination à Londres. Plus tard, nous pourrions avoir besoin de cette information. Le fils Billington, un charmant garçon, passa me prendre à la gare et m'amena chez son père, où ils avaient décidé que je devais passer la nuit. C'est bien là la vieille hospitalité du Yorkshire : fournir à son hôte tout ce dont il peut avoir besoin, et le laisser faire ce qu'il veut. Ils savaient tous que j'étais très occupé, et que mon séjour serait court : Mr. Billington avait donc préparé dans son bureau tous les papiers concernant l'expédition des caisses. Ce fut un choc pour moi de revoir l'une des lettres que j'avais vues sur la table du Comte avant que je ne sache quoi que ce soit de ses plans diaboliques. Tout avait été prévu avec soin, tout avait été exécuté avec méthode et précision. Il semblait avoir anticipé tous les évènements qui auraient pu faire obstacle à l'accomplissement de ses volontés. Pour user d'un américanisme, il « n'avait rien laissé au hasard », et la précision exacte avec laquelle ses instructions furent exécutées, ne fut que la conséquence logique du soin qu'il y avait mis. Je vis la facture, et je remarquai qu'il était écrit : « Cinquante caisses de terre ordinaire, destinées à des expériences ». Je pus aussi lire la lettre adressée à Carter, Paterson & Company, et la réponse ; j'obtins une copie des deux. C'étaient là toutes les informations que pouvait me donner Mr. Billington, alors je redescendis au port pour y rencontrer les garde-côtes, les agents des douanes, et le capitaine du port. Chacun avait quelque chose à dire à propos de l'étrange arrivée du navire, qui à vrai dire a déjà trouvé sa place dans la tradition locale, mais personne ne put ajouter quelque précision que ce fût à la description des « cinquante caisses de terre ordinaire ». Je rencontrai alors le chef de gare, qui fut assez aimable pour me mettre en relation avec les hommes qui avaient effectivement reçu les caisses. Leur registre était tout à fait conforme à la liste, et ils n'avaient rien à ajouter, si ce n'est que « les caisses étaient énormes et mortellement lourdes », et que les déplacer leur avait donné une soif de tous les diables. L'un des hommes ajouta que ce qui était difficile aussi, c'est qu'il n'y avait alors aucun gentleman « comme vous-même, sir », pour montrer sa reconnaissance pour le travail accompli, sous une forme liquide ; un autre ajouta que la soif qu'il avaient éprouvée à ce moment-là était telle que depuis tout ce temps elle n'était pas encore véritablement apaisée. Inutile de dire qu'avant mon départ, je pris soin de tarir de la façon la plus appropriée cette source de reproches. 30 septembre Le chef de gare fut assez bon pour m'écrire un mot destiné à son vieux camarade le chef de gare de King's Cross, si bien que lorsque j'arrivai là-bas au matin, je pus lui poser des questions à propos de l'arrivée des caisses. A son tour, il me mit en communication avec les fonctionnaires concernés, et je pus constater que leur registre correspondait bien à la facture originale. A cet endroit, personne n'avait eu de raisons d'éprouver une soif particulière, mais on y fit quand même référence, ce qui m'amena une fois de plus à pallier comme je le pouvais à ses conséquences. Je gagnai ensuite le bureau central de Carter & Paterson, où je fus reçu avec la plus extrême courtoisie. Ils recherchèrent les traces de la transaction dans leurs agendas et leurs dossiers, puis téléphonèrent à leur bureau de King's Cross pour plus de détails. Par chance, les hommes qui avaient effectué le travail étaient là, et le responsable nous les envoya sans attendre, leur confiant par la même occasion le bordereau d'envoi et tous les papiers relatifs à cette livraison des caisses à Carfax. Là encore, je pus constater que ces pièces étaient rigoureusement exactes, et les transporteurs purent ajouter force détails à l'aridité des termes portés sur les documents. Je me rendis compte rapidement que ces détails avaient surtout trait à la poussière, et à la très grande soif qu'ils avaient éprouvée en conséquence. Lorsque je leur proposai de compenser avec un peu de retard cet inconvénient, par des espèces sonnantes et trébuchantes, l'un des hommes remarqua : « C'te maison, votre honneur, c'est la plus poussiéreuse qu'j'ai jamais vue. Nom de nom ! Personne y avait touché d'puis des centaines d'années. Y avait tant d'poussière qu'vous auriez pu vous y coucher sans vous faire mal aux os ! Et c'était si à l'abandon qu'vous auriez cru sentir l'odeur d'la vieille Jérusalem. Mais la vieille chapelle, c'était l'pire, ça oui ! Moi et mes gars, on pensait qu'on n'arriverait jamais à sortir d'là assez vite. Bon Dieu, j'aurais pas voulu rester là un moment d'plus à la tombée d'la nuit. » Ayant vu la maison, je voulais bien le croire, mais s'il avait su ce que je savais, je crois bien qu'il aurait employé des mots encore bien plus forts.

Je suis satisfait d'une chose : toutes les caisses qui sont arrivées à Whitby depuis Varna à bord du Demeter sont entreposées en sûreté dans la vieille chapelle de Carfax. Il devrait y en avoir cinquante là-bas, à moins que certaines en aient été retirées – ce que je crains, après avoir lu le journal du Dr. Seward. Je vais essayer de trouver les transporteurs qui ont emporté des caisses de Carfax quand Renfield les a attaqués. En suivant cette piste, nous pouvons apprendre beaucoup de choses. Plus tard Mina et moi avons travaillé toute la journée, et nous avons remis tous les papiers en ordre. Journal de Mina Harker 30 septembre Je suis si contente que j'arrive à peine à me contenir.

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Nous devons êtres prêt pour le retour du Dr Van Helsing. J'ai envoyé un télégramme à Jonathan pour lui dire de venir ici dès qu'il sera parvenu de Whitby à Londres. Dans cette affaire, rien n'a autant d'importance que les dates, et je crois que si nous avons bien préparé tout notre matériel, et que nous avons classé tous les éléments dans leur ordre chronologique, alors nous aurons déjà accompli beaucoup. Vous me dites que Lord Godalming et Mr Morris arrivent aussi. Toutes ces informations doivent être prêtes à leur arrivée. » Obéissant, il fit tourner le phonographe au ralenti, et je commençai à procéder à la retranscription depuis le début du septième cylindre. J'utilisai, comme je l'avais déjà fait pour les autres transcriptions, du carbone, qui me permettait de réaliser trois copies du journal. Cette tache m'occupa longtemps, mais le Dr Seward se livra à son travail habituel, faisant la tournée de ses patients; quand il avait terminé, il revenait s'asseoir à côté de moi, avec un livre, de sorte que je ne me sentis pas trop seule pendant ce long travail. Cet homme me paraît vraiment bon et réfléchi; le monde semble rempli d'hommes de valeur - même s'il contient aussi, de fait, des monstres. Avant de le quitter je me souvins d'un détail que Jonathan avait rapporté dans son journal : le fait que le Professeur

avait été perturbé en lisant quelque chose dans l'édition du soir à la gare d'Exeter; aussi, voyant que le Dr Seward conserve tous ses journaux, je lui empruntai les exemplaires de la Gazette de Wesminster et du Pall Mall Gazette, et les emportai dans ma chambre. Je me souvenais combien les coupures du Daily Telegraph et de la Gazette de Whitby nous avaient aidés à comprendre les terribles événements de Whitby, quand le Comte Dracula avait accosté, aussi je décidai d'éplucher tous les journaux du soir parus depuis cette période, afin d'en tirer quelques éclaircissements éventuels. Je n'ai pas sommeil, et le travail m'aidera à me tenir tranquille. Journal du Dr. Seward 30 septembre Mr. Harker est arrivé à neuf heures. Il avait reçu le câble de sa femme juste avant son départ. Il est extrêmement intelligent, si on en juge par son visage, et plein d'énergie. Si les faits rapportés dans ce journal sont réels – et si j'en juge d'après les expériences extraordinaires que je viens de vivre, ils doivent l'être – alors, c'est un homme aux nerfs d'acier. Descendre une seconde fois dans ce caveau était une grande preuve de courage. Après avoir lu son compte-rendu de cet évènement, je m'étais attendu à rencontrer un spécimen typique de l'homme fort et viril, mais certainement pas ce gentleman calme, aux allures d'homme d'affaires, qui est venu aujourd'hui. Plus tard Après le repas, Harker et sa femme retournèrent dans leur chambre, et un moment après en passant devant, j'entendis le bruit de la machine à écrire. Ils sont opiniâtres : Mrs. Harker dit qu'ils sont en train de rassembler dans l'ordre chronologique les moindres preuves dont ils disposent. Harker a pu se procurer les lettres échangées entres les consignataires des caisses à Whitby et les transporteurs de Londres qui les ont prises en charge. Il est maintenant occupé à lire la retranscription qu'a faite sa femme de mon journal. Je me demande ce qu'ils pourront bien en tirer. Ah, nous y voici. Il est étrange que le fait que la maison qui jouxte l'asile puisse être le repaire du Comte ne me soit jamais venu à l'esprit ! Dieu sait pourtant que nous avions suffisamment d'indices avec le comportement du patient Renfield ! Les lettres relatives à l'achat de la maison étaient jointes au tapuscrit. Oh, si seulement nous les avions eues plus tôt, nous aurions pu sauver la pauvre Lucy ! Mais assez, c'est folie de penser ainsi. Harker est reparti, et s'est remis à compiler ses informations. Il m'a dit que pour le dîner il serait en mesure de présenter une narration cohérente. Il pense qu'en attendant, je devrais aller voir Renfield, puisque celui-ci a jusqu'ici était une sorte d'indicateur des allées et venues du Comte. J'ai du mal à y croire, mais lorsque je comparerai les dates cela sera peut-être évident. Quelle bonne idée a eue Mrs. Harker de dactylographier mes cylindres ! Nous n'aurions jamais pu retrouver les dates ! Je trouvai Renfield assis calmement dans sa chambre, les bras croisés, souriant aimablement. A ce moment il me sembla aussi sain d'esprit qu'il est possible. Je m'assis et discutai avec lui de divers sujets, et il me répondit le plus normalement du monde. Alors, de sa propre initiative, il me parla de son retour à la maison, sujet auquel il n'avait à ma connaissance jamais fait référence depuis le début de son séjour ici. En fait, il me parla comme d'une évidence de son départ prochain. Je crois que si je n'avais pas discuté avec Harker, lu les lettres et vérifié les dates de ses crises, j'aurais accepté de valider sa sortie après une brève période d'observation. Mais dans les conditions actuelles, j'ai de sombres soupçons. Toutes ces crises étaient, d'une façon ou d'une autre, liées à la proximité du Comte. Pourquoi semble-t-il aussi parfaitement satisfait ? Est-il d'instinct convaincu du triomphe final du vampire ? Voyons, il est lui-même zoophage, et lors de ses divagations à la porte de la chapelle de la maison abandonnée, il parlait toujours du « maître ». Tout ceci semble confirmer notre idée. Toutefois, après un moment, je le quittai : mon ami est un peu trop sain d'esprit en ce moment pour que je puisse le questionner trop en profondeur. Il pourrait commencer à réfléchir, et alors… C'est pourquoi je partis. Je n'ai pas confiance en ces périodes de calme. J'ai ordonné au gardien de le surveiller de près, et de garder une camisole de force à portée de main en cas de besoin.

Journal de Jonathan Harker 29 septembre, dans le train pour Londres Quand je reçus l'aimable message de Mr. Billington où il m'indiquait qu'il me donnerait volontiers toutes les informations en sa possession, je pensai qu'il valait mieux descendre à Whitby afin de pouvoir mener sur les lieux toutes les investigations que je pourrais juger nécessaires. Mon but était maintenant de retracer le parcours de cette horrible cargaison du Comte vers sa destination à Londres. Plus tard, nous pourrions avoir besoin de cette information. Le fils Billington, un charmant garçon, passa me prendre à la gare et m'amena chez son père, où ils avaient décidé que je devais passer la nuit. C'est bien là la vieille hospitalité du Yorkshire : fournir à son hôte tout ce dont il peut avoir besoin, et le laisser faire ce qu'il veut. Ils savaient tous que j'étais très occupé, et que mon séjour serait court : Mr. Billington avait donc préparé dans son bureau tous les papiers concernant l'expédition des caisses. Ce fut un choc pour moi de revoir l'une des lettres que j'avais vues sur la table du Comte avant que je ne sache quoi que ce soit de ses plans diaboliques. Tout avait été prévu avec soin, tout avait été exécuté avec méthode et précision. Il semblait avoir anticipé tous les évènements qui auraient pu faire obstacle à l'accomplissement de ses volontés. Pour user d'un américanisme, il « n'avait rien laissé au hasard », et la précision exacte avec laquelle ses instructions furent exécutées, ne fut que la conséquence logique du soin qu'il y avait mis. Je vis la facture, et je remarquai qu'il était écrit : « Cinquante caisses de terre ordinaire, destinées à des expériences ». Je pus aussi lire la lettre adressée à Carter, Paterson & Company, et la réponse ; j'obtins une copie des deux. C'étaient là toutes les informations que pouvait me donner Mr. Billington, alors je redescendis au port pour y rencontrer les garde-côtes, les agents des douanes, et le capitaine du port. Chacun avait quelque chose à dire à propos de l'étrange arrivée du navire, qui à vrai dire a déjà trouvé sa place dans la tradition locale, mais personne ne put ajouter quelque précision que ce fût à la description des « cinquante caisses de terre ordinaire ». Je rencontrai alors le chef de gare, qui fut assez aimable pour me mettre en relation avec les hommes qui avaient effectivement reçu les caisses. Leur registre était tout à fait conforme à la liste, et ils n'avaient rien à ajouter, si ce n'est que « les caisses étaient énormes et mortellement lourdes », et que les déplacer leur avait donné une soif de tous les diables. L'un des hommes ajouta que ce qui était difficile aussi, c'est qu'il n'y avait alors aucun gentleman « comme vous-même, sir », pour montrer sa reconnaissance pour le travail accompli, sous une forme liquide ; un autre ajouta que la soif qu'il avaient éprouvée à ce moment-là était telle que depuis tout ce temps elle n'était pas encore véritablement apaisée. Inutile de dire qu'avant mon départ, je pris soin de tarir de la façon la plus appropriée cette source de reproches. 30 septembre Le chef de gare fut assez bon pour m'écrire un mot destiné à son vieux camarade le chef de gare de King's Cross, si bien que lorsque j'arrivai là-bas au matin, je pus lui poser des questions à propos de l'arrivée des caisses. A son tour, il me mit en communication avec les fonctionnaires concernés, et je pus constater que leur registre correspondait bien à la facture originale. A cet endroit, personne n'avait eu de raisons d'éprouver une soif particulière, mais on y fit quand même référence, ce qui m'amena une fois de plus à pallier comme je le pouvais à ses conséquences. Je gagnai ensuite le bureau central de Carter & Paterson, où je fus reçu avec la plus extrême courtoisie. Ils recherchèrent les traces de la transaction dans leurs agendas et leurs dossiers, puis téléphonèrent à leur bureau de King's Cross pour plus de détails. Par chance, les hommes qui avaient effectué le travail étaient là, et le responsable nous les envoya sans attendre, leur confiant par la même occasion le bordereau d'envoi et tous les papiers relatifs à cette livraison des caisses à Carfax. Là encore, je pus constater que ces pièces étaient rigoureusement exactes, et les transporteurs purent ajouter force détails à l'aridité des termes portés sur les documents. Je me rendis compte rapidement que ces détails avaient surtout trait à la poussière, et à la très grande soif qu'ils avaient éprouvée en conséquence. Lorsque je leur proposai de compenser avec un peu de retard cet inconvénient, par des espèces sonnantes et trébuchantes, l'un des hommes remarqua : « C'te maison, votre honneur, c'est la plus poussiéreuse qu'j'ai jamais vue. When I offered to compensate them for this inconvenience with some hard cash, one of the men remarked: "This house, your honor, is the dustiest I've ever seen. Nom de nom ! Personne y avait touché d'puis des centaines d'années. Y avait tant d'poussière qu'vous auriez pu vous y coucher sans vous faire mal aux os ! Et c'était si à l'abandon qu'vous auriez cru sentir l'odeur d'la vieille Jérusalem. Mais la vieille chapelle, c'était l'pire, ça oui ! Moi et mes gars, on pensait qu'on n'arriverait jamais à sortir d'là assez vite. Bon Dieu, j'aurais pas voulu rester là un moment d'plus à la tombée d'la nuit. » Ayant vu la maison, je voulais bien le croire, mais s'il avait su ce que je savais, je crois bien qu'il aurait employé des mots encore bien plus forts.

Je suis satisfait d'une chose : toutes les caisses qui sont arrivées à Whitby depuis Varna à bord du Demeter sont entreposées en sûreté dans la vieille chapelle de Carfax. Il devrait y en avoir cinquante là-bas, à moins que certaines en aient été retirées – ce que je crains, après avoir lu le journal du Dr. Seward. Je vais essayer de trouver les transporteurs qui ont emporté des caisses de Carfax quand Renfield les a attaqués. En suivant cette piste, nous pouvons apprendre beaucoup de choses. Plus tard Mina et moi avons travaillé toute la journée, et nous avons remis tous les papiers en ordre. Journal de Mina Harker 30 septembre Je suis si contente que j'arrive à peine à me contenir.