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Bram Stoker - Dracula, Part (47)

Part (47)

Ainsi le cercle se poursuit toujours en s'élargissant, comme les ronds dans l'eau. Ami Arthur, si vous aviez embrassé Lucy au moment que vous savez, avant sa mort; ou encore la nuit dernière quand vous lui avez ouvert les bras, vous aussi seriez devenu, le moment venu, à votre mort, un nosferatu, comme ils les appellent en Europe de l'Est, et vous auriez fait nombre de ces Non-Morts qui nous inspirent une telle horreur. La carrière de cette si infortunée jeune femme ne fait que commencer. Ces enfants dont elle a sucé le sang n'ont pas encore atteint le pire; mais si elle continue à vivre, Non-Morte, elle leur prendra de plus en plus de sang - et par leur pouvoir sur eux, ils viendront à elle - et elle prendra leur sang avec cette bouche infernale. Mais si elle meurt pour de bon, alors tout cessera, les minuscules blessures sur leurs gorges disparaîtront, et ils retourneront à leurs jeux en ne sachant jamais ce qui leur est arrivé. Mais le plus important est que, quand cette Non-Morte sera forcée de se reposer dans la vraie mort, alors l'âme de la pauvre femme que nous aimons sera libérée. Au lieu d'accomplir le mal nuitamment, et de se dégrader de plus en plus en assimilant ce mal pendant le jour, elle pourra prendre sa place parmi les Anges. Alors, mon ami, c'est une main bénie pour elle qui donnera le coup qui la libérera. Je consens à le faire; mais n'y a-t-il pas parmi nous quelqu'un qui en a davantage le droit ? Ne sera-ce pas une joie, plus tard, dans le silence de la nuit, quand le sommeil se dérobera, de penser : « C'est par ma main qu'elle est retournée aux étoiles ; c'était la main de celui qui l'aimait le plus au monde; la main qu'elle-même aurait choisie, si on lui avait laissé le choix ? » Dites-moi, y a-t-il un tel homme parmi nous ? » Nous regardâmes tous Arthur. Il voyait comme nous l'infinie délicatesse qui consistait à suggérer que c'était sa main qui devait laver la mémoire de Lucy, et nous la rendre à nouveau sacrée, et non plus démoniaque. Il s'avança et dit courageusement, malgré le tremblement de sa main, et la pâleur neigeuse de son visage : « Mon véritable ami, du fond du coeur je vous remercie. Dites-moi ce que je dois faire, et je ne faiblirai pas. » Van Helsing lui mit la main sur l'épaule et dit : « Brave garçon ! Un moment de courage, et ce sera fait. Ce pieu doit être enfoncé en elle. Ce sera une effrayante ordalie - ne vous y trompez pas - mais cela sera bref, et vous vous réjouirez d'autant plus que votre peine aura été grande; de cette tombe sinistre, vous émergerez comme si vous marchiez sur les airs. Mais vous ne devrez pas faillir une fois que vous aurez commencé. Pensez à nous, vos amis sincères, qui vous entourerons, et prierons pour vous pendant tout le temps. » « Allons-y », dit Arthur d'une voix rauque. « Dites-moi quoi faire. » « Prenez ce pieu dans votre main gauche, placez-en la pointe au niveau du coeur, et le marteau dans la main droite. Ensuite quand nous commencerons notre prière pour les morts - je la lirai, car j'ai ici le livre, et les autres répéteront - frappez au nom de Dieu, afin que la morte que nous aimons trouve la paix et que la Non-Morte disparaisse. » Arthur prit le pieu et le marteau, et une fois qu'il passa résolument à l'action, ses mains cessèrent de trembler et même de frémir. Van Helsing ouvrit son missel et commença à lire, et Quincey et moi le suivîmes comme nous pûmes. Arthur plaça la pointe au-dessus du coeur, et, comme je regardais, je pus voir entamer la chair blanche. Alors il frappa de toutes ses forces. La Chose dans le cercueil se tordit; et un cri hideux, strident à vous retourner les sangs, sortit des lèvres rouges. Le corps se mit à trembler et à se contorsionner dans de sauvages convulsions; les dents blanches et aiguisées s'entrechoquèrent jusqu'à couper les lèvres, et la bouche fut envahie d'une écume écarlate. Mais Arthur ne faiblit à aucun moment. Il ressemblait à Thor, comme son bras ferme s'élevait et s'abattait, enfonçant de plus en plus profondément le pieu miséricordieux, tandis que le

sang qui giclait du coeur percé sourdait et jaillissait tout autour. Son visage était fermé, rayonnant d'un devoir supérieur; sa vue nous emplit de courage et nos voix sonnèrent sous la petite voûte. Alors les convulsions du corps se calmèrent, les dents claquèrent, le visage frissonna. Enfin il s'immobilisa. La tâche terrible était achevée. Le marteau retomba des mains d'Arthur. Il chancela et serait tombé si nous ne l'avions pas retenu. De grosses gouttes de sueur dégoulinaient de son front, et son souffle sortait de sa poitrine par saccades. Cela avait été sans nul doute une horrible épreuve pour lui, et, s'il n'avait été forcé de la supporter pour des considérations plus qu'humaines, il n'eût pas été capable d'en venir à bout. Pendant quelques minutes nous fûmes tellement inquiets pour son état que nous ne regardâmes pas dans la direction du cercueil. Quand nous le fîmes, cependant, un murmure d'extrême surprise parcourut notre petite assemblée. Nous fixions le cercueil avec une telle énergie qu'Arthur se leva du sol où il s'était assis, et s'approcha pour regarder aussi; et alors une lumière étrange et joyeuse se répandit sur son visage et dissipa l'ombre de l'horreur qui y était imprimée. Là, dans le cercueil, ne gisait plus la Chose immonde qui nous inspirait tant de terreur et que nous avions fini par haïr à tel point que sa destruction nous apparaissait comme un privilège pour celui qui l'avait le plus mérité, mais Lucy, telle que nous l'avions vue pendant sa vie, avec son visage d'une douceur et d'une pureté inégalables. Ce visage portait, bien sûr, comme de son vivant, les traces de la douleur et du mal qu'elle avait endurés; mais ces traces nous étaient chères, car elles rendaient Lucy fidèle à ce que nous connaissions d'elle. Tous à l'unisson, nous sentîmes que le calme sacré qui s'épandait comme la lumière du soleil sur son visage dévasté était seulement la marque terrestre et le symbole du calme éternel qui devait régner sur elle. Van Helsing vint à Arthur et posa sa main sur son épaule, en lui disant : « Et maintenant, Arthur, mon ami, cher compagnon, ne suis-je pas pardonné ? » La réaction à cette terrible épreuve se fit sentir quand Arthur prit la main du vieil homme dans la sienne, et, la portant jusqu'à ses lèvres, l'y pressa, et dit : « Pardonné ! Que Dieu vous bénisse pour avoir rendu son âme à ma bien-aimée, et à moi, la paix. » Il mit les mains sur les épaules du Professeur, et penchant la tête contre sa poitrine, pleura un moment silencieusement, tandis que nous n'osions bouger. Quand il releva la tête Van Helsing lui dit : « Et maintenant, mon enfant, vous pouvez l'embrasser. Embrassez ses lèvres mortes, comme elle aurait voulu que vous le fassiez, si elle avait eu le choix. Car elle n'est plus un démon grimaçant - elle n'est plus une Chose abominable pour toute l'éternité. Elle n'est plus la Non-Morte du Diable. Elle est la vraie morte de Dieu, et son âme repose en Lui ! » Arthur se pencha et l'embrassa, et nous renvoyâmes Quincey et lui à l'extérieur du tombeau; le Professeur et moi nous sciâmes le pieu, en laissant sa pointe dans le corps. Ensuite nous coupâmes la tête et remplîmes la bouche d'ail. Puis nous fîmes couler du plomb pour sceller le cercueil, nous revissâmes le couvercle, nous rassemblâmes nos affaires et partîmes. Lorsque le Professeur verrouilla la porte, il donna la clé à Arthur. Au dehors, l'air était doux, le soleil brillait, et les oiseaux chantaient - il semblait que toute la nature s'était subtilement métamorphosée. La joie et la paix régnaient partout, car nous étions en paix nous-mêmes, sur un point, et nous étions joyeux, même si cette joie était mitigée. Avant que nous partions, Van Helsing dit : « Maintenant, mes amis, une étape de notre travail est accomplie, et c'était l'une des plus éprouvantes pour nous. Mais il nous reste une tâche plus grande encore : trouver l'auteur de tout ce chagrin et l'éliminer. Je dispose d'indices que nous pouvons suivre; mais c'est un travail long, et difficile, qui comporte autant de danger que de souffrance. Ne m'aiderez-vous pas ? Notre

expérience commune nous a donné la foi - tous autant que nous sommes - n'est-ce pas ? Et, de ce fait, ne voyons-nous pas où se trouve notre devoir ? Si ! Et ne promettons-nous pas d'accomplir ce devoir, quoi qu'il en coûte ? » Chacun notre tour, nous primes sa main pour prêter serment. Puis, en partant, le Professeur dit : « Dans deux jours, vous me retrouverez et nous dinerons tous ensemble à 19h00 avec l'ami John. Je vous présenterai deux autres personnes, que vous ne connaissez pas encore; et alors je serai prêt pour dévoiler le travail qui nous attend et vous exposer un plan. Ami John, venez à la maison avec moi, car j'ai beaucoup de recherches à faire, et vous pouvez m'aider. Ce soir je pars pour Amsterdam, mais je reviendrai demain soir. Et alors commencera notre grande quête. Mais avant cela j'aurai beaucoup à vous apprendre, afin que vous sachiez ce qui doit être fait, et les risques que nous courons. Ensuite notre promesse devra être renouvelée; car la tâche qui se trouve devant nous est terrible, et une fois que nos pieds auront emprunté ce sillon, nous ne devrons en aucun cas reculer. » Chapitre 17 Journal du Dr. Seward – suite Quand nous arrivâmes au Berkeley Hotel, Van Helsing y trouva un télégramme à son attention : « Arrive par le train. Jonathan à Whitby. Importantes nouvelles. Mina Harker. » Le professeur était ravi. « Ah, cette formidable Madam Mina. » dit-il, « La perle des femmes ! Elle arrive, mais je ne puis rester. Elle devra aller chez vous, ami John. Vous devez aller l'accueillir à la gare. Télégraphiez-lui, afin de l'avertir. » Une fois le télégramme envoyé, le Professeur prit une tasse de thé, puis me parla du journal qu'avait tenu Jonathan Harker quand il était à l'étranger, et m'en remit une copie dactylographiée, ainsi qu'une copie du journal que Mrs. Harker avait tenu à Whitby. « Prenez-les » dit-il, « et étudiez-les attentivement. Quand je serai de retour, vous serez en possession de tous les éléments, et nous pourrons d'autant mieux commencer nos investigations. Gardez précieusement ces documents, car ils renferment des trésors. Vous aurez besoin de toute votre foi, même avec l'expérience qui est la vôtre aujourd'hui. Ce qui est rapporté ici » et il posa gravement sa lourde main sur les feuillets tandis qu'il parlait « pourrait être le début de la fin pour vous et moi, et pour beaucoup d'autres encore, ou bien pourrait sonner le glas des non-morts qui parcourent la terre. Lisez tout, je vous prie, en gardant l'esprit ouvert, et si vous pouvez ajouter quoi que ce soit aux évènements qui sont rapportés là, faites- le : tout est important. Vous avez tenu un journal de tous ces évènements étranges, n'est-ce pas ? Bien ! Alors nous reparlerons de tout ceci à nouveau quand nous nous reverrons. » Puis il se prépara pour son départ, et peu après partait pour Liverpool Street. Pour ma part j'allai à Paddington, où j'arrivai quinze minutes avant le train. La foule se dispersait, après l'affluence habituelle des quais d'arrivée, et je commençais à craindre d'avoir manqué ceux que j'étais venu chercher, quand une jolie et délicate jeune femme se dirigea vers moi, et après m'avoir examiné rapidement, me dit : « Dr. Seward, n'est-ce pas ? » « Et vous êtes Mrs. Harker », répondis-je à mon tour, sur quoi, elle me tendit la main. « Je vous ai reconnu à la description qu'avait faite de vous la pauvre chère Lucy, mais… » Elle s'arrêta soudain, en rougissant.

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Ainsi le cercle se poursuit toujours en s'élargissant, comme les ronds dans l'eau. Ami Arthur, si vous aviez embrassé Lucy au moment que vous savez, avant sa mort; ou encore la nuit dernière quand vous lui avez ouvert les bras, vous aussi seriez devenu, le moment venu, à votre mort, un nosferatu, comme ils les appellent en Europe de l'Est, et vous auriez fait nombre de ces Non-Morts qui nous inspirent une telle horreur. La carrière de cette si infortunée jeune femme ne fait que commencer. Ces enfants dont elle a sucé le sang n'ont pas encore atteint le pire; mais si elle continue à vivre, Non-Morte, elle leur prendra de plus en plus de sang - et par leur pouvoir sur eux, ils viendront à elle - et elle prendra leur sang avec cette bouche infernale. Mais si elle meurt pour de bon, alors tout cessera, les minuscules blessures sur leurs gorges disparaîtront, et ils retourneront à leurs jeux en ne sachant jamais ce qui leur est arrivé. Mais le plus important est que, quand cette Non-Morte sera forcée de se reposer dans la vraie mort, alors l'âme de la pauvre femme que nous aimons sera libérée. Au lieu d'accomplir le mal nuitamment, et de se dégrader de plus en plus en assimilant ce mal pendant le jour, elle pourra prendre sa place parmi les Anges. Alors, mon ami, c'est une main bénie pour elle qui donnera le coup qui la libérera. Je consens à le faire; mais n'y a-t-il pas parmi nous quelqu'un qui en a davantage le droit ? Ne sera-ce pas une joie, plus tard, dans le silence de la nuit, quand le sommeil se dérobera, de penser : « C'est par ma main qu'elle est retournée aux étoiles ; c'était la main de celui qui l'aimait le plus au monde; la main qu'elle-même aurait choisie, si on lui avait laissé le choix ? » Dites-moi, y a-t-il un tel homme parmi nous ? » Nous regardâmes tous Arthur. Il voyait comme nous l'infinie délicatesse qui consistait à suggérer que c'était sa main qui devait laver la mémoire de Lucy, et nous la rendre à nouveau sacrée, et non plus démoniaque. Il s'avança et dit courageusement, malgré le tremblement de sa main, et la pâleur neigeuse de son visage : « Mon véritable ami, du fond du coeur je vous remercie. Dites-moi ce que je dois faire, et je ne faiblirai pas. » Van Helsing lui mit la main sur l'épaule et dit : « Brave garçon ! Un moment de courage, et ce sera fait. Ce pieu doit être enfoncé en elle. Ce sera une effrayante ordalie - ne vous y trompez pas - mais cela sera bref, et vous vous réjouirez d'autant plus que votre peine aura été grande; de cette tombe sinistre, vous émergerez comme si vous marchiez sur les airs. Mais vous ne devrez pas faillir une fois que vous aurez commencé. Pensez à nous, vos amis sincères, qui vous entourerons, et prierons pour vous pendant tout le temps. » « Allons-y », dit Arthur d'une voix rauque. « Dites-moi quoi faire. » « Prenez ce pieu dans votre main gauche, placez-en la pointe au niveau du coeur, et le marteau dans la main droite. Ensuite quand nous commencerons notre prière pour les morts - je la lirai, car j'ai ici le livre, et les autres répéteront - frappez au nom de Dieu, afin que la morte que nous aimons trouve la paix et que la Non-Morte disparaisse. » Arthur prit le pieu et le marteau, et une fois qu'il passa résolument à l'action, ses mains cessèrent de trembler et même de frémir. Van Helsing ouvrit son missel et commença à lire, et Quincey et moi le suivîmes comme nous pûmes. Arthur plaça la pointe au-dessus du coeur, et, comme je regardais, je pus voir entamer la chair blanche. Alors il frappa de toutes ses forces. La Chose dans le cercueil se tordit; et un cri hideux, strident à vous retourner les sangs, sortit des lèvres rouges. Le corps se mit à trembler et à se contorsionner dans de sauvages convulsions; les dents blanches et aiguisées s'entrechoquèrent jusqu'à couper les lèvres, et la bouche fut envahie d'une écume écarlate. Mais Arthur ne faiblit à aucun moment. Il ressemblait à Thor, comme son bras ferme s'élevait et s'abattait, enfonçant de plus en plus profondément le pieu miséricordieux, tandis que le

sang qui giclait du coeur percé sourdait et jaillissait tout autour. Son visage était fermé, rayonnant d'un devoir supérieur; sa vue nous emplit de courage et nos voix sonnèrent sous la petite voûte. Alors les convulsions du corps se calmèrent, les dents claquèrent, le visage frissonna. Enfin il s'immobilisa. La tâche terrible était achevée. Le marteau retomba des mains d'Arthur. Il chancela et serait tombé si nous ne l'avions pas retenu. De grosses gouttes de sueur dégoulinaient de son front, et son souffle sortait de sa poitrine par saccades. Cela avait été sans nul doute une horrible épreuve pour lui, et, s'il n'avait été forcé de la supporter pour des considérations plus qu'humaines, il n'eût pas été capable d'en venir à bout. Pendant quelques minutes nous fûmes tellement inquiets pour son état que nous ne regardâmes pas dans la direction du cercueil. Quand nous le fîmes, cependant, un murmure d'extrême surprise parcourut notre petite assemblée. Nous fixions le cercueil avec une telle énergie qu'Arthur se leva du sol où il s'était assis, et s'approcha pour regarder aussi; et alors une lumière étrange et joyeuse se répandit sur son visage et dissipa l'ombre de l'horreur qui y était imprimée. Là, dans le cercueil, ne gisait plus la Chose immonde qui nous inspirait tant de terreur et que nous avions fini par haïr à tel point que sa destruction nous apparaissait comme un privilège pour celui qui l'avait le plus mérité, mais Lucy, telle que nous l'avions vue pendant sa vie, avec son visage d'une douceur et d'une pureté inégalables. Ce visage portait, bien sûr, comme de son vivant, les traces de la douleur et du mal qu'elle avait endurés; mais ces traces nous étaient chères, car elles rendaient Lucy fidèle à ce que nous connaissions d'elle. Tous à l'unisson, nous sentîmes que le calme sacré qui s'épandait comme la lumière du soleil sur son visage dévasté était seulement la marque terrestre et le symbole du calme éternel qui devait régner sur elle. Van Helsing vint à Arthur et posa sa main sur son épaule, en lui disant : « Et maintenant, Arthur, mon ami, cher compagnon, ne suis-je pas pardonné ? » La réaction à cette terrible épreuve se fit sentir quand Arthur prit la main du vieil homme dans la sienne, et, la portant jusqu'à ses lèvres, l'y pressa, et dit : « Pardonné ! Que Dieu vous bénisse pour avoir rendu son âme à ma bien-aimée, et à moi, la paix. » Il mit les mains sur les épaules du Professeur, et penchant la tête contre sa poitrine, pleura un moment silencieusement, tandis que nous n'osions bouger. Quand il releva la tête Van Helsing lui dit : « Et maintenant, mon enfant, vous pouvez l'embrasser. Embrassez ses lèvres mortes, comme elle aurait voulu que vous le fassiez, si elle avait eu le choix. Car elle n'est plus un démon grimaçant - elle n'est plus une Chose abominable pour toute l'éternité. Elle n'est plus la Non-Morte du Diable. Elle est la vraie morte de Dieu, et son âme repose en Lui ! » Arthur se pencha et l'embrassa, et nous renvoyâmes Quincey et lui à l'extérieur du tombeau; le Professeur et moi nous sciâmes le pieu, en laissant sa pointe dans le corps. Ensuite nous coupâmes la tête et remplîmes la bouche d'ail. Puis nous fîmes couler du plomb pour sceller le cercueil, nous revissâmes le couvercle, nous rassemblâmes nos affaires et partîmes. Lorsque le Professeur verrouilla la porte, il donna la clé à Arthur. Au dehors, l'air était doux, le soleil brillait, et les oiseaux chantaient - il semblait que toute la nature s'était subtilement métamorphosée. La joie et la paix régnaient partout, car nous étions en paix nous-mêmes, sur un point, et nous étions joyeux, même si cette joie était mitigée. Avant que nous partions, Van Helsing dit : « Maintenant, mes amis, une étape de notre travail est accomplie, et c'était l'une des plus éprouvantes pour nous. Mais il nous reste une tâche plus grande encore : trouver l'auteur de tout ce chagrin et l'éliminer. Je dispose d'indices que nous pouvons suivre; mais c'est un travail long, et difficile, qui comporte autant de danger que de souffrance. Ne m'aiderez-vous pas ? Notre

expérience commune nous a donné la foi - tous autant que nous sommes - n'est-ce pas ? Et, de ce fait, ne voyons-nous pas où se trouve notre devoir ? Si ! Et ne promettons-nous pas d'accomplir ce devoir, quoi qu'il en coûte ? » Chacun notre tour, nous primes sa main pour prêter serment. Puis, en partant, le Professeur dit : « Dans deux jours, vous me retrouverez et nous dinerons tous ensemble à 19h00 avec l'ami John. Je vous présenterai deux autres personnes, que vous ne connaissez pas encore; et alors je serai prêt pour dévoiler le travail qui nous attend et vous exposer un plan. Ami John, venez à la maison avec moi, car j'ai beaucoup de recherches à faire, et vous pouvez m'aider. Ce soir je pars pour Amsterdam, mais je reviendrai demain soir. Et alors commencera notre grande quête. Mais avant cela j'aurai beaucoup à vous apprendre, afin que vous sachiez ce qui doit être fait, et les risques que nous courons. Ensuite notre promesse devra être renouvelée; car la tâche qui se trouve devant nous est terrible, et une fois que nos pieds auront emprunté ce sillon, nous ne devrons en aucun cas reculer. » Chapitre 17 Journal du Dr. Seward – suite Quand nous arrivâmes au Berkeley Hotel, Van Helsing y trouva un télégramme à son attention : « Arrive par le train. Jonathan à Whitby. Importantes nouvelles. Mina Harker. » Le professeur était ravi. « Ah, cette formidable Madam Mina. » dit-il, « La perle des femmes ! Elle arrive, mais je ne puis rester. Elle devra aller chez vous, ami John. Vous devez aller l'accueillir à la gare. Télégraphiez-lui, afin de l'avertir. » Une fois le télégramme envoyé, le Professeur prit une tasse de thé, puis me parla du journal qu'avait tenu Jonathan Harker quand il était à l'étranger, et m'en remit une copie dactylographiée, ainsi qu'une copie du journal que Mrs. Harker avait tenu à Whitby. « Prenez-les » dit-il, « et étudiez-les attentivement. Quand je serai de retour, vous serez en possession de tous les éléments, et nous pourrons d'autant mieux commencer nos investigations. Gardez précieusement ces documents, car ils renferment des trésors. Vous aurez besoin de toute votre foi, même avec l'expérience qui est la vôtre aujourd'hui. Ce qui est rapporté ici » et il posa gravement sa lourde main sur les feuillets tandis qu'il parlait « pourrait être le début de la fin pour vous et moi, et pour beaucoup d'autres encore, ou bien pourrait sonner le glas des non-morts qui parcourent la terre. Lisez tout, je vous prie, en gardant l'esprit ouvert, et si vous pouvez ajouter quoi que ce soit aux évènements qui sont rapportés là, faites- le : tout est important. Vous avez tenu un journal de tous ces évènements étranges, n'est-ce pas ? Bien ! Alors nous reparlerons de tout ceci à nouveau quand nous nous reverrons. » Puis il se prépara pour son départ, et peu après partait pour Liverpool Street. Pour ma part j'allai à Paddington, où j'arrivai quinze minutes avant le train. La foule se dispersait, après l'affluence habituelle des quais d'arrivée, et je commençais à craindre d'avoir manqué ceux que j'étais venu chercher, quand une jolie et délicate jeune femme se dirigea vers moi, et après m'avoir examiné rapidement, me dit : « Dr. Seward, n'est-ce pas ? » « Et vous êtes Mrs. Harker », répondis-je à mon tour, sur quoi, elle me tendit la main. « Je vous ai reconnu à la description qu'avait faite de vous la pauvre chère Lucy, mais… » Elle s'arrêta soudain, en rougissant.