×

Utilizziamo i cookies per contribuire a migliorare LingQ. Visitando il sito, acconsenti alla nostra politica dei cookie.


image

Bram Stoker - Dracula, Part (45)

Part (45)

» « J'accepte ces conditions » dit Van Helsing, « et tout ce que je vous demanderai, si vous êtes tenté de condamner l'un ou l'autre de mes actes, c'est de bien y réfléchir, et de bien vérifier qu'il ne viole pas les limitations que vous venez d'évoquer. » « C'est d'accord ! » dit Arthur. « C'est parfait. Et à présent que les pourparlers sont terminés, puis-je vous demander ce que nous devons faire ? » « Je veux que vous veniez avec moi, secrètement, au cimetière de Kingstead. » Le visage d'Arthur se décomposa tandis qu'il demandait, abasourdi : « Là où la pauvre Lucy est enterrée ? » Le professeur acquiesça ; Arthur poursuivit : « Et une fois là-bas ? » « Nous entrerons dans le tombeau ! » Arthur se leva. « Professeur, êtes-vous sérieux, ou est-ce quelque monstrueuse farce ? Pardonnez-moi ; je vois que vous êtes sérieux. » Il se rassit, mais je puis voir que son attitude était ferme et fière, comme un homme touché dans sa dignité. Il y eut un silence, puis il demanda à nouveau :

« Et une fois dans la tombe ? » « Nous ouvrirons le cercueil. » « C'en est trop ! » dit-il, se levant à nouveau avec colère. « J'essaie de me montrer patient tant que nous parlons de choses raisonnables, mais cela – la profanation de la tombe – de celle qui – » Il frémissait d'indignation. Le Professeur le regarda avec pitié. « Si je pouvais vous éviter ne serait-ce qu'un seul chagrin, mon pauvre ami » dit-il, « Dieu sait que je le ferais. Mais cette nuit nous devrons emprunter un chemin parsemé d'épines, ou sinon, et pour l'éternité, c'est celle que vous aimez qui devra emprunter un chemin de feu ! » Arthur, le visage pâle, leva les yeux vers lui, et lui dit : « Prenez garde, Sir, prenez garde ! » « Ne préféreriez-vous pas écouter ce que j'ai à dire ? » dit Van Helsing. « Alors vous saurez jusqu'où je me propose d'aller. Puis-je continuer ? » « Ça paraît correct », intervint Morris. Et après une pause, Van Helsing reprit, avec un effort visible : « Miss Lucy est morte, n'est-ce pas ? Bien. Alors, nous ne pouvons lui faire de mal. Mais si elle n'est pas morte – » Arthur bondit sur ses pieds. « Grand Dieu ! » cria-t-il. « Que voulez-vous dire ? Y a-t-il eu une erreur, a-t-elle été enterrée vivante ? » Il brûlait d'une impatience que même l'espoir ne pouvait adoucir. « Je n'ai pas dit qu'elle était vivante, mon enfant ; je ne le pense pas. Je voulais seulement dire qu'elle était peut-être une Non- Morte. » « Non-Morte ? Et pas en vie ? Que voulez-vous dire ? Est-ce donc un cauchemar ? » « Il est des mystères que les hommes ne peuvent qu'entrevoir, et qu'au fil des siècles ils ne peuvent résoudre qu'en partie. Croyez-moi, c'est l'un de ces mystères auquel nous faisons face. Mais je n'ai pas terminé. Puis-je couper la tête de Feue Miss Lucy ? » « Par le ciel, non ! » cria Arthur dans un déchaînement d'émotion. « Pour rien au monde je ne consentirai à une telle mutilation sur sa dépouille ! Dr. Van Helsing, vous me poussez à bout ! Que vous ai-je fait, que vous me torturiez ainsi ? Que vous a fait cette pauvre, cette douce jeune fille, pour que vous vouliez jeter un tel déshonneur sur sa tombe ? Etes-vous fou, pour dire de telles choses, ou est-ce moi qui suis fou de vous écouter ? Ne pensez même pas à une telle profanation, je ne donnerai jamais mon consentement. Il est de mon devoir de protéger sa tombe de tels outrages, et par Dieu, j'accomplirai ce devoir ! » Van Helsing, qui était resté assis durant toute la discussion, se leva, et dit, d'un ton grave et sévère : « Lord Godalming, j'ai moi aussi un devoir à accomplir, un devoir envers les autres, un devoir envers vous, un devoir envers la morte, et, au nom de Dieu, je l'accomplirai ! Je ne vous demande que de venir avec moi, de regarder et d'écouter. Et si plus tard je vous fais à nouveau la même requête et que vous vous vous y opposez toujours, alors – alors je ferai mon devoir, quoi

qu'il arrive. Et ensuite, afin de suivre les volontés de votre Seigneurie, je me tiendrai à votre disposition pour vous rendre des comptes, où vous voudrez, et quand vous voudrez. » Sa voix se brisa quelque peu, puis il poursuivit, avec un accent de pitié : « Mais, je vous en conjure, ne soyez plus en colère contre moi. Au cours d'une longue vie, durant laquelle j'ai souvent fait bien des choses déplaisantes, et qui m'ont parfois brisé le cœur, je n'ai jamais eu à accomplir un acte aussi terrible qu'aujourd'hui. Soyez sûr que si un jour vous changez d'opinion à mon sujet, alors un seul regard de vous effacera pour toujours ces instants si tristes, car je ferais tout ce qu'un homme peut faire pour vous éviter le chagrin. Réfléchissez ! Pourquoi me donnerais-je autant de mal et autant de soucis ? Je suis venu ici depuis mon pays pour faire ce que je crois être juste, au début, pour plaire à mon ami John, puis, pour venir en aide à cette douce jeune fille, que j'en suis venu à aimer elle aussi. Pour elle – je suis honteux de le dire, mais c'est avec les meilleures intentions du monde – j'ai donné ce que vous-même avez donné, le sang de mes veines, je l'ai fait, moi qui n'étais pas, comme vous, son fiancé, mais seulement son médecin et son ami. Je lui ai donné mes nuits et mes jours – avant la mort, après la mort, et si ma mort pouvait aujourd'hui lui être de quelque secours, elle qui est maintenant une Non-Morte, je la lui accorderais volontiers. » Il avait parlé avec une grave et douce fierté, et Arthur en fut très ému. Il prit la main du vieil homme et lui dit, d'une voix brisée : « Oh, il est trop difficile de penser à tout cela, et je n'y comprends rien, mais au moins, je vous accompagnerai là-bas, et je verrai bien.

CHAPITRE 16 Journal du Dr Seward - Suite Il était juste un quart d'heure avant minuit lorsque nous pénétrâmes dans le cimetière en enjambant le muret. La nuit était noire, avec de rares rayons de lune perçant parfois les lourds nuages qui filaient à travers le ciel. Instinctivement, nous ne nous éloignions pas les uns des autres, avec Van Helsing légèrement en avant pour montrer le chemin. Quand nous fûmes tout près de la tombe, je regardai Arthur, car je craignais que la proximité d'un lieu chargé de tant de souvenirs douloureux ne le perturbât, mais il ne flanchait pas. Je pensai que le mystère qui entourait notre opération agissait comme une sorte d'antidote à sa peine. Le Professeur déverrouilla la porte, et, remarquant une hésitation naturelle parmi nous, pour différentes raisons, il trancha cette difficulté en entrant lui-même le premier. Le reste de la troupe le suivit, et il referma la porte. Il alluma ensuite une lanterne sourde, et désigna le cercueil. Arthur fit un pas hésitant en avant; Van Helsing me dit : « Vous étiez avec moi hier. Est-ce que le corps de Lucy était dans son cercueil ? » « Oui, il y était. » Le Professeur se tourna vers les autres en disant : « Vous avez entendu, et pourtant il n'y en a pas un qui croie en moi. » Il prit son tournevis et à nouveau retira le couvercle du cercueil. Arthur le regardait, très pâle mais silencieux; quand le couvercle fut retiré, il s'avança. Il ne savait pas, manifestement, qu'il y avait un cercueil de plomb, ou, à tout le moins, il n'y avait pas songé. Quand il vit la trace de la scie sur le plomb, le sang afflua à son visage pendant un instant, mais s'en retira tout de suite, de sorte qu'il demeura d'une blancheur spectrale. Toujours silencieux, Van Helsing força le panneau de plomb, et tous, nous regardâmes, et reculâmes. Le cercueil était vide ! Pendant plusieurs minutes, personne ne dit un mot. Le silence fut enfin brisé par Quincey Morris : « Professeur, je vous fais une entière confiance. Votre parole est tout ce que je demande, et je ne me permettrais pas de la mettre en doute en temps ordinaire - mais c'est un mystère qui va bien au-delà de l'honneur et du déshonneur. Est-ce votre oeuvre ? » « Je vous jure, par tout ce que j'ai de plus sacré, que je n'ai pas retiré ni même touché Lucy. Voici les faits : il y a deux nuits, mon ami Seward et moi, nous sommes venus ici, non sans d'excellentes raisons, croyez-moi. J'ai ouvert ce cercueil, qui était alors scellé, et nous l'avons trouvé, comme maintenant, vide. Nous avons alors attendu, et nous avons vu quelque chose de blanc qui venait à travers les arbres. Le jour suivant nous sommes venus pendant la journée, et elle reposait ici. N'est-ce pas, ami John ? » « Oui. » « Cette nuit-là nous sommes arrivés juste à temps. Un nouveau petit enfant était porté disparu, et nous l'avons trouvé, grâce à Dieu, intact, parmi les tombes. Hier je suis venu ici juste avant le crépuscule, car c'est après le coucher du soleil que les Non- Morts peuvent se déplacer. J'ai attendu ici toute la nuit, jusqu'à l'aube, mais je n'ai rien vu. Il est plus que probable que c'est parce que j'avais accroché aux gonds de cette porte de l'ail, que les vampires ne supportent pas, et d'autres choses qui les font fuir. La nuit dernière, il n'y eut donc pas de sortie. Ce soir, avant le crépuscule, j'ai enlevé mon ail et les autres objets. Et c'est ainsi que nous avons trouvé le cercueil vide. Mais restez avec moi. Tout ceci est déjà très étrange. Attendez avec moi

dehors, invisibles et silencieux, et des choses bien plus étranges encore vont se produire. Allez » - ici il referma le cache de sa lanterne « maintenant, dehors. » Il ouvrit la porte, et nous filâmes à l'extérieur, lui sortant le dernier et verrouillant la porte derrière lui. Oh ! L'air de la nuit paraissait pur et frais après la terreur de ce sépulcre. Il était bien doux de contempler la course des nuages, et les lueurs dansantes de la lune qui perçait à travers leurs mouvements - comme la joie et la tristesse dans la vie d'un homme; il était bien doux de respirer l'air frais, sans aucun relent de mort et de décomposition; bien réconfortant de voir les lueurs rouges du ciel au-dessus de la colline, et d'entendre, au loin, la rumeur étouffée caractéristique des grandes cités humaines. Chacun à sa manière était maître de lui et solennel. Arthur gardait le silence, et tentait, je le voyais bien, de percer la signification profonde et le sens de ce mystère. J'étais moi-même raisonnablement patient, à mi-chemin entre le doute et l'acceptation des conclusions de Van Helsing. Quincey Morris avait le flegme des hommes prêts à tout accepter, avec sang- froid et courage, prêts à courir tous les risques. Comme il ne pouvait fumer, il se coupa un bon morceau de tabac et se mit à le chiquer. Quant à Van Helsing, il s'employait à des tâches très précises. D'abord il sortit de son sac un paquet de ce qui ressemblait à des sortes de fines gaufres, soigneusement enroulées dans une serviette blanche; puis il sortit une bonne poignée d'une matière blanchâtre, qui ressemblait à du mastic. Il émietta soigneusement les gaufres dans cette pâte et la pétrit entre ses mains. Puis il en découpa d'étroites bandes, et commença à les déposer, préalablement roulées, dans les interstices entre la porte de la tombe et son encadrement. J'étais plutôt intrigué par tout ceci, et comme j'étais tout près de lui, je lui demandai ce qu'il faisait. Arthur et Quincey s'approchèrent, car ils partageaient ma curiosité. Van Helsing répondit : « Je ferme la tombe, afin que la Non-Morte ne puisse plus rentrer. » « Et vous la fermez avec cette chose que vous avez mise là ? » demanda Quincey. «Bonté divine ! Est-ce une sorte de jeu ? » « En effet. » « Qu'est-ce donc que vous utilisez ? » demanda cette fois Arthur. Van Helsing souleva son chapeau courtoisement et répondit : « De l'Hostie. Je l'ai ramenée d'Amserdam. Je dispose d'une Indulgence.

Part (45) Anteil (45) Part (45) اشتراک گذاری (45) Parte (45)

» « J'accepte ces conditions » dit Van Helsing, « et tout ce que je vous demanderai, si vous êtes tenté de condamner l'un ou l'autre de mes actes, c'est de bien y réfléchir, et de bien vérifier qu'il ne viole pas les limitations que vous venez d'évoquer. » « C'est d'accord ! » dit Arthur. « C'est parfait. Et à présent que les pourparlers sont terminés, puis-je vous demander ce que nous devons faire ? » « Je veux que vous veniez avec moi, secrètement, au cimetière de Kingstead. » Le visage d'Arthur se décomposa tandis qu'il demandait, abasourdi : « Là où la pauvre Lucy est enterrée ? » Le professeur acquiesça ; Arthur poursuivit : « Et une fois là-bas ? » « Nous entrerons dans le tombeau ! » Arthur se leva. « Professeur, êtes-vous sérieux, ou est-ce quelque monstrueuse farce ? Pardonnez-moi ; je vois que vous êtes sérieux. » Il se rassit, mais je puis voir que son attitude était ferme et fière, comme un homme touché dans sa dignité. Il y eut un silence, puis il demanda à nouveau :

« Et une fois dans la tombe ? » « Nous ouvrirons le cercueil. » « C'en est trop ! » dit-il, se levant à nouveau avec colère. « J'essaie de me montrer patient tant que nous parlons de choses raisonnables, mais cela – la profanation de la tombe – de celle qui – » Il frémissait d'indignation. Le Professeur le regarda avec pitié. « Si je pouvais vous éviter ne serait-ce qu'un seul chagrin, mon pauvre ami » dit-il, « Dieu sait que je le ferais. Mais cette nuit nous devrons emprunter un chemin parsemé d'épines, ou sinon, et pour l'éternité, c'est celle que vous aimez qui devra emprunter un chemin de feu ! » Arthur, le visage pâle, leva les yeux vers lui, et lui dit : « Prenez garde, Sir, prenez garde ! » « Ne préféreriez-vous pas écouter ce que j'ai à dire ? » dit Van Helsing. « Alors vous saurez jusqu'où je me propose d'aller. Puis-je continuer ? » « Ça paraît correct », intervint Morris. Et après une pause, Van Helsing reprit, avec un effort visible : « Miss Lucy est morte, n'est-ce pas ? Bien. Alors, nous ne pouvons lui faire de mal. Mais si elle n'est pas morte – » Arthur bondit sur ses pieds. « Grand Dieu ! » cria-t-il. « Que voulez-vous dire ? Y a-t-il eu une erreur, a-t-elle été enterrée vivante ? » Il brûlait d'une impatience que même l'espoir ne pouvait adoucir. « Je n'ai pas dit qu'elle était vivante, mon enfant ; je ne le pense pas. Je voulais seulement dire qu'elle était peut-être une Non- Morte. » « Non-Morte ? Et pas en vie ? Que voulez-vous dire ? Est-ce donc un cauchemar ? » « Il est des mystères que les hommes ne peuvent qu'entrevoir, et qu'au fil des siècles ils ne peuvent résoudre qu'en partie. Croyez-moi, c'est l'un de ces mystères auquel nous faisons face. Mais je n'ai pas terminé. Puis-je couper la tête de Feue Miss Lucy ? » « Par le ciel, non ! » cria Arthur dans un déchaînement d'émotion. « Pour rien au monde je ne consentirai à une telle mutilation sur sa dépouille ! Dr. Van Helsing, vous me poussez à bout ! Que vous ai-je fait, que vous me torturiez ainsi ? Que vous a fait cette pauvre, cette douce jeune fille, pour que vous vouliez jeter un tel déshonneur sur sa tombe ? Etes-vous fou, pour dire de telles choses, ou est-ce moi qui suis fou de vous écouter ? Ne pensez même pas à une telle profanation, je ne donnerai jamais mon consentement. Il est de mon devoir de protéger sa tombe de tels outrages, et par Dieu, j'accomplirai ce devoir ! » Van Helsing, qui était resté assis durant toute la discussion, se leva, et dit, d'un ton grave et sévère : « Lord Godalming, j'ai moi aussi un devoir à accomplir, un devoir envers les autres, un devoir envers vous, un devoir envers la morte, et, au nom de Dieu, je l'accomplirai ! Je ne vous demande que de venir avec moi, de regarder et d'écouter. Et si plus tard je vous fais à nouveau la même requête et que vous vous vous y opposez toujours, alors – alors je ferai mon devoir, quoi

qu'il arrive. Et ensuite, afin de suivre les volontés de votre Seigneurie, je me tiendrai à votre disposition pour vous rendre des comptes, où vous voudrez, et quand vous voudrez. » Sa voix se brisa quelque peu, puis il poursuivit, avec un accent de pitié : « Mais, je vous en conjure, ne soyez plus en colère contre moi. Au cours d'une longue vie, durant laquelle j'ai souvent fait bien des choses déplaisantes, et qui m'ont parfois brisé le cœur, je n'ai jamais eu à accomplir un acte aussi terrible qu'aujourd'hui. Soyez sûr que si un jour vous changez d'opinion à mon sujet, alors un seul regard de vous effacera pour toujours ces instants si tristes, car je ferais tout ce qu'un homme peut faire pour vous éviter le chagrin. Réfléchissez ! Pourquoi me donnerais-je autant de mal et autant de soucis ? Je suis venu ici depuis mon pays pour faire ce que je crois être juste, au début, pour plaire à mon ami John, puis, pour venir en aide à cette douce jeune fille, que j'en suis venu à aimer elle aussi. Pour elle – je suis honteux de le dire, mais c'est avec les meilleures intentions du monde – j'ai donné ce que vous-même avez donné, le sang de mes veines, je l'ai fait, moi qui n'étais pas, comme vous, son fiancé, mais seulement son médecin et son ami. Je lui ai donné mes nuits et mes jours – avant la mort, après la mort, et si ma mort pouvait aujourd'hui lui être de quelque secours, elle qui est maintenant une Non-Morte, je la lui accorderais volontiers. » Il avait parlé avec une grave et douce fierté, et Arthur en fut très ému. Il prit la main du vieil homme et lui dit, d'une voix brisée : « Oh, il est trop difficile de penser à tout cela, et je n'y comprends rien, mais au moins, je vous accompagnerai là-bas, et je verrai bien.

CHAPITRE 16 Journal du Dr Seward - Suite Il était juste un quart d'heure avant minuit lorsque nous pénétrâmes dans le cimetière en enjambant le muret. La nuit était noire, avec de rares rayons de lune perçant parfois les lourds nuages qui filaient à travers le ciel. Instinctivement, nous ne nous éloignions pas les uns des autres, avec Van Helsing légèrement en avant pour montrer le chemin. Quand nous fûmes tout près de la tombe, je regardai Arthur, car je craignais que la proximité d'un lieu chargé de tant de souvenirs douloureux ne le perturbât, mais il ne flanchait pas. Je pensai que le mystère qui entourait notre opération agissait comme une sorte d'antidote à sa peine. Le Professeur déverrouilla la porte, et, remarquant une hésitation naturelle parmi nous, pour différentes raisons, il trancha cette difficulté en entrant lui-même le premier. Le reste de la troupe le suivit, et il referma la porte. Il alluma ensuite une lanterne sourde, et désigna le cercueil. Arthur fit un pas hésitant en avant; Van Helsing me dit : « Vous étiez avec moi hier. Est-ce que le corps de Lucy était dans son cercueil ? » « Oui, il y était. » Le Professeur se tourna vers les autres en disant : « Vous avez entendu, et pourtant il n'y en a pas un qui croie en moi. » Il prit son tournevis et à nouveau retira le couvercle du cercueil. Arthur le regardait, très pâle mais silencieux; quand le couvercle fut retiré, il s'avança. Il ne savait pas, manifestement, qu'il y avait un cercueil de plomb, ou, à tout le moins, il n'y avait pas songé. Quand il vit la trace de la scie sur le plomb, le sang afflua à son visage pendant un instant, mais s'en retira tout de suite, de sorte qu'il demeura d'une blancheur spectrale. Toujours silencieux, Van Helsing força le panneau de plomb, et tous, nous regardâmes, et reculâmes. Le cercueil était vide ! Pendant plusieurs minutes, personne ne dit un mot. Le silence fut enfin brisé par Quincey Morris : « Professeur, je vous fais une entière confiance. Votre parole est tout ce que je demande, et je ne me permettrais pas de la mettre en doute en temps ordinaire - mais c'est un mystère qui va bien au-delà de l'honneur et du déshonneur. Est-ce votre oeuvre ? » « Je vous jure, par tout ce que j'ai de plus sacré, que je n'ai pas retiré ni même touché Lucy. Voici les faits : il y a deux nuits, mon ami Seward et moi, nous sommes venus ici, non sans d'excellentes raisons, croyez-moi. J'ai ouvert ce cercueil, qui était alors scellé, et nous l'avons trouvé, comme maintenant, vide. Nous avons alors attendu, et nous avons vu quelque chose de blanc qui venait à travers les arbres. Le jour suivant nous sommes venus pendant la journée, et elle reposait ici. N'est-ce pas, ami John ? » « Oui. » « Cette nuit-là nous sommes arrivés juste à temps. Un nouveau petit enfant était porté disparu, et nous l'avons trouvé, grâce à Dieu, intact, parmi les tombes. Hier je suis venu ici juste avant le crépuscule, car c'est après le coucher du soleil que les Non- Morts peuvent se déplacer. J'ai attendu ici toute la nuit, jusqu'à l'aube, mais je n'ai rien vu. Il est plus que probable que c'est parce que j'avais accroché aux gonds de cette porte de l'ail, que les vampires ne supportent pas, et d'autres choses qui les font fuir. La nuit dernière, il n'y eut donc pas de sortie. Ce soir, avant le crépuscule, j'ai enlevé mon ail et les autres objets. Et c'est ainsi que nous avons trouvé le cercueil vide. Mais restez avec moi. Tout ceci est déjà très étrange. Attendez avec moi

dehors, invisibles et silencieux, et des choses bien plus étranges encore vont se produire. Allez » - ici il referma le cache de sa lanterne « maintenant, dehors. » Il ouvrit la porte, et nous filâmes à l'extérieur, lui sortant le dernier et verrouillant la porte derrière lui. Oh ! L'air de la nuit paraissait pur et frais après la terreur de ce sépulcre. Il était bien doux de contempler la course des nuages, et les lueurs dansantes de la lune qui perçait à travers leurs mouvements - comme la joie et la tristesse dans la vie d'un homme; il était bien doux de respirer l'air frais, sans aucun relent de mort et de décomposition; bien réconfortant de voir les lueurs rouges du ciel au-dessus de la colline, et d'entendre, au loin, la rumeur étouffée caractéristique des grandes cités humaines. Chacun à sa manière était maître de lui et solennel. Arthur gardait le silence, et tentait, je le voyais bien, de percer la signification profonde et le sens de ce mystère. J'étais moi-même raisonnablement patient, à mi-chemin entre le doute et l'acceptation des conclusions de Van Helsing. Quincey Morris avait le flegme des hommes prêts à tout accepter, avec sang- froid et courage, prêts à courir tous les risques. Comme il ne pouvait fumer, il se coupa un bon morceau de tabac et se mit à le chiquer. Quant à Van Helsing, il s'employait à des tâches très précises. D'abord il sortit de son sac un paquet de ce qui ressemblait à des sortes de fines gaufres, soigneusement enroulées dans une serviette blanche; puis il sortit une bonne poignée d'une matière blanchâtre, qui ressemblait à du mastic. Il émietta soigneusement les gaufres dans cette pâte et la pétrit entre ses mains. Puis il en découpa d'étroites bandes, et commença à les déposer, préalablement roulées, dans les interstices entre la porte de la tombe et son encadrement. J'étais plutôt intrigué par tout ceci, et comme j'étais tout près de lui, je lui demandai ce qu'il faisait. Arthur et Quincey s'approchèrent, car ils partageaient ma curiosité. Van Helsing répondit : « Je ferme la tombe, afin que la Non-Morte ne puisse plus rentrer. » « Et vous la fermez avec cette chose que vous avez mise là ? » demanda Quincey. «Bonté divine ! Est-ce une sorte de jeu ? » « En effet. » « Qu'est-ce donc que vous utilisez ? » demanda cette fois Arthur. Van Helsing souleva son chapeau courtoisement et répondit : « De l'Hostie. Je l'ai ramenée d'Amserdam. Je dispose d'une Indulgence.