×

Utilizziamo i cookies per contribuire a migliorare LingQ. Visitando il sito, acconsenti alla nostra politica dei cookie.


image

Bram Stoker - Dracula, Part (44)

Part (44)

Me croyez-vous, maintenant, ami John ? » Une fois de plus, mes tendances à la contestation se réveillèrent : je ne pouvais tout simplement pas accepter cette terrible évidence, et, dans une dernière tentative qui même sur le moment m'emplissait de honte, je lui dis : « On peut l'avoir replacée ici depuis la nuit dernière. » « Vraiment ? Mais alors qui ? » « Je ne sais pas. Quelqu'un. » « Et pourtant elle est morte depuis une semaine. La plupart des gens après tout ce temps ne ressembleraient pas à ça. » Je n'avais rien à répondre, et je gardai le silence. Van Helsing ne sembla pas s'en rendre compte, et à vrai dire, il ne montrait ni chagrin, ni sentiment de triomphe. Il regardait intensément le visage de la morte, lui soulevant les paupières et examinant ses yeux, puis entrouvrant à nouveau les lèvres pour regarder les dents. Puis il se tourna vers moi et dit : « Voici quelque chose qui est différent de tout ce qui a été rapporté jusqu'ici. Il y a là une sorte de vie dédoublée qui n'est pas commune. Elle a été mordue par le vampire alors qu'elle était en état de transe somnambulique. Oh, vous sursautez, vous ignorez cela, ami John, mais vous saurez tout bientôt – et c'est quand elle était dans cet état de transe qu'il pouvait le plus facilement lui prendre plus de sang encore. Elle était en transe quand elle est morte, et c'est aussi en transe qu'elle est devenue une non-morte. C'est en cela qu'elle diffère de tous les autres. Habituellement, lorsque les non-morts reposent « chez eux » - et tandis qu'il parlait, il faisait de la main des gestes explicites pour indiquer ce qu'il entendait par « chez eux » - leur visage montre leur vraie nature, mais celle-ci était si pure avant qu'elle ne devienne une non-morte, qu'elle retourne alors à l'état de néant qui est notre destin à tous. Il n'y a rien de maléfique ici, c'est pourquoi il est si difficile pour moi de la tuer dans son sommeil. A ces mots, mon sang se glaça, et c'était le signe que je commençais à accepter les théories de Van Helsing. Mais si elle était vraiment morte, pourquoi avoir aussi peur de la tuer ? Il me lança un regard, et il avait évidemment remarqué le changement qui s'était opéré sur mon visage, car il me dit, presque joyeusement : « Ah, vous me croyez maintenant ? » Je répondis : « Ne me pressez pas trop. Je m'efforce d'accepter cette idée. Comment allez-vous faire ? » « Je vais lui couper la tête, et remplir sa bouche d'ail, et j'enfoncerai un pieu à travers son corps. » Je frémis à l'idée de mutiler ainsi le corps de la femme que j'avais aimée. Et pourtant, ce sentiment n'était pas aussi fort que ce que j'aurais pu craindre. En fait, je commençais à éprouver de la crainte en présence de cet être, de ce non-mort, comme l'appelait Van Helsing, et il me faisait horreur. J'attendis un temps considérable que Van Helsing se mît au travail, mais il se leva, comme enveloppé dans ses pensées. Il referma sa sacoche avec un bruit sec, et dit : « J'ai beaucoup réfléchi, et me suis décidé à faire pour le mieux. Si je suivais simplement mon inclination, je ferais maintenant ce qui doit être fait. Mais d'autres choses sont à venir, et qui seront mille fois plus difficiles, et que nous ne pouvons même pas encore imaginer. C'est simple. Elle n'a encore pris aucune vie, même si ce n'est qu'une question de temps. Agir maintenant, ce serait la mettre hors de danger pour toujours. Mais nous devons songer à Arthur ; comment lui parler de tout ceci ? Si vous, qui avez vu les blessures sur la gorge de Lucy, vous, qui avez vu des blessures similaires sur l'enfant à l'hôpital, vous qui avez vu le cercueil vide la nuit dernière, et occupé aujourd'hui par une femme qui en une semaine, ne s'est transformée que pour devenir plus rose et plus belle après sa mort, vous qui savez cela, et qui avez vu la silhouette blanche qui a ramené l'enfant la nuit dernière au cimetière, si vous n'arrivez toujours pas à en croire vos sens, comment, alors, pourrait-on espérer qu'Arthur, qui ne sait rien de tout cela, puisse y croire ? Il doutait de moi-même quand j'empêchai Lucy de l'embrasser alors qu'elle était mourante. Je sais qu'il m'a pardonné, parce qu'il croit que je me trompais lorsque je l'empêchai de dire adieu à sa bien-aimée comme il l'aurait voulu, et il pourrait tout aussi bien croire que suite à une erreur similaire, elle aurait pu être enterrée vivante, et même que persévérant dans l'erreur, c'est nous qui l'aurions tuée. Il dirait alors que nous l'avons tuée par nos folles idées ; et alors il sera malheureux pour le restant de ses jours. Et pourtant il ne sera jamais certain, c'est là le pire de tout. Il pensera parfois que celle qu'il aimait a été enterrée vivante, et il sera hanté, dans ses rêves, par le fantasme horrible de ses souffrances, et d'autres fois, il pensera que nous avions peut-être raison, que sa bien-aimée était bien après tout, un non- mort. Non ! Je le lui ai déjà dit, et maintenant j'en sais beaucoup plus. Maintenant que je sais ce qu'il en est, j'en suis plus certain que jamais : il doit affronter la souffrance pour trouver le réconfort. Le pauvre garçon devra vivre une heure qui verra le ciel s'assombrir pour lui, et alors nous pourrons agir pour le mieux afin qu'il retrouve la paix. Je me suis décidé. Allons-y. Vous retournez cette nuit dans votre établissement. Quant à moi, je passerai toute la nuit ici au cimetière comme je l'entends. Demain soir vous viendrez me rejoindre au Berkeley à dix heures. J'enverrai chercher Arthur également, et aussi ce brillant jeune américain qui a donné son sang. Ensuite, nous aurons du travail. Je viens avec vous dîner à Picadilly, et ensuite, je veux être de retour ici avant le coucher du soleil. » Nous refermâmes donc le tombeau, puis nous franchîmes le mur du cimetière, ce qui ne fut pas bien difficile, et nous nous dirigeâmes vers Picadilly.

Note laissée par Van Helsing dans ses bagages, hôtel Berkeley, et adressée à John Seward, M.D. Non remise, 27 septembre Ami John, Je vous écris ceci au cas où quelque chose m'arriverait. Je pars seul, pour surveiller le cimetière. J'aimerais que la Non-Morte, Miss Lucy, ne sorte pas ce soir, afin qu'elle soit encore plus désireuse de sortir la nuit prochaine. A cet effet, je vais sceller la porte du tombeau en y attachant de l'ail et un crucifix, qu'elle déteste. Cela ne fait pas longtemps qu'elle est une Non-Morte, et cela l'arrêtera. Qui plus est, cela l'empêchera seulement de sortir, mais pas de rentrer ; en effet dans ce cas un Non-Mort n'a pas le choix et doit rentrer quoi qu'il arrive. Je serai là-bas toute la nuit depuis le coucher jusqu'après le lever du soleil, et s'il y a quelque chose à apprendre, je l'apprendrai. En ce qui concerne Miss Lucy, je n'ai pas peur pour elle, pas plus que je n'ai peur d'elle, mais il n'en est pas de même pour celui qui a fait d'elle une Non-Morte, et qui a maintenant le pouvoir de trouver sa tombe et de s'y réfugier. Il est rusé, je le sais par le récit de Mr. Jonathan, et aussi par la façon dont il nous a joués lorsqu'il s'agissait de sauver la vie de Miss Lucy, et que nous avons échoué. Un Non-Mort est toujours très puissant. Dans sa main, il a la force de vingt hommes ; et nous avons eu beau donner tous les quatre notre force à Miss Lucy, ce fut en vain. Par ailleurs, il peut appeler ses loups, et Dieu seul sait quoi encore. Alors, s'il venait par là ce soir, il m'y trouverait, mais il se pourrait qu'il ne vienne pas. Il n'a pas de raison particulière de se rendre là-bas : son terrain de chasse regorge de gibier, beaucoup plus que ce cimetière où repose la Non-Morte, et où veille, seul, un vieil homme. C'est pourquoi j'écris ceci, au cas où… Prenez les papiers ci-joints, le journal de Harker et tout le reste, et lisez-les, trouvez ce Non-Mort, et coupez-lui la tête, brûlez son cœur ou transpercez-le d'un pieu, afin que le monde soit débarrassé de lui. Qu'il en soit ainsi, et Adieu. Van Helsing. Journal du Dr. Seward 28 septembre C'est formidable ce que peut faire une bonne nuit de sommeil. Hier, j'étais presque prêt à accepter les idées monstrueuses de Van Helsing, et maintenant il me paraît évident qu'elles sont un outrage au bon sens. Mais je ne doute pas qu'il y croie réellement. Je me demande si son esprit pourrait être dérangé d'une façon ou d'une autre. Sans aucun doute, il doit y avoir une explication rationnelle à tous ces évènements mystérieux. Se pourrait-il que le Professeur lui-même soit à l'origine de tout ? Il est si extraordinairement intelligent que s'il perdait l'esprit, il serait capable de faire des merveilles pour suivre son idée fixe. Je répugne à cette idée, et vraiment, ce serait extraordinaire de découvrir que Van Helsing est fou, mais en tout cas je vais le surveiller étroitement : peut-être cela me permettra-t-il d'éclaircir ce mystère. 29 septembre, matin. Hier soir, un peu avant dix heures, Arthur, Quincey et moi sommes entrés dans la chambre de Van Helsing ; il nous a dit tout ce qu'il attendait de nous, mais il s'adressait surtout à Arthur, comme si toutes nos volontés dépendaient de la sienne. Il

commença par nous dire qu'il espérait que nous viendrions tous avec lui, « car », dit-il, « nous devons accomplir là-bas un devoir pénible. Vous avez certainement été surpris par ma lettre ? » Il s'adressait directement à Lord Godalming. « En effet, je dois dire qu'elle m'a quelque peu perturbé. Ma vie a été tellement troublée ces derniers temps, que j'espérais que cela finirait par cesser. Je ne suis pas certain, de plus, de vous avoir bien compris. J'en ai parlé avec Quincey, mais plus nous en discutions, plus nous étions perplexes, si bien qu'en ce qui me concerne, je n'y comprends rien du tout. » « Moi non plus », dit Quincey Morris, laconique. « Oh », dit le Professeur, « alors vous êtes tous deux plus proches de la compréhension que notre ami John, que voici, qui a encore un très long chemin à parcourir pour ne serait-ce que commencer à comprendre. » Il était évident qu'il avait deviné que j'étais à nouveau assailli par mes premiers doutes, et cela, sans que j'aie prononcé un mot. Alors, se tournant vers les deux autres, il leur dit avec gravité : « Il me faut votre permission pour accomplir cette nuit ce que je crois être juste. Je sais que c'est beaucoup demander, mais vous ne saurez à quel point que lorsque je vous aurai exposé ce que je me propose de faire. C'est pourquoi je vous demande de me faire cette promesse sans en savoir plus, afin que plus tard, même si vous m'en voulez pendant un certain temps – je dois avouer qu'il est fort possible que ce soit le cas – vous n'ayez rien à vous reprocher. » « En tout cas, voilà qui est parler franchement », interrompit Quincey. « Je réponds du Professeur. Je ne vois pas où il veut en venir, mais je suis certain que c'est un honnête homme, et pour moi, cela suffit. » « Je vous remercie, Sir », répondit fièrement Van Helsing. « J'ai l'honneur d'avoir en vous un ami de confiance, et un tel soutien m'est très précieux. » Et i lui tendit la main, que Quincey accepta. Alors Arthur intervint : « Dr. Van Helsing, je n'aime pas beaucoup accorder ma confiance à l'aveuglette, et s'il y a le moindre risque d'entacher mon honneur de gentleman, ou ma foi de Chrétien, alors je ne puis faire une telle promesse. Si vous pouvez m'assurer que vos projets ne sont contraires ni à l'un, ni à l'autre, alors je peux vous donner mon consentement sur l'heure, même si, sur ma vie, je ne puis comprendre quelles sont vos motivations.

Part (44) Anteil (44) Part (44) Parte (44) Parte (44)

Me croyez-vous, maintenant, ami John ? » Une fois de plus, mes tendances à la contestation se réveillèrent : je ne pouvais tout simplement pas accepter cette terrible évidence, et, dans une dernière tentative qui même sur le moment m'emplissait de honte, je lui dis : « On peut l'avoir replacée ici depuis la nuit dernière. » « Vraiment ? Mais alors qui ? » « Je ne sais pas. Quelqu'un. » « Et pourtant elle est morte depuis une semaine. La plupart des gens après tout ce temps ne ressembleraient pas à ça. » Je n'avais rien à répondre, et je gardai le silence. Van Helsing ne sembla pas s'en rendre compte, et à vrai dire, il ne montrait ni chagrin, ni sentiment de triomphe. Il regardait intensément le visage de la morte, lui soulevant les paupières et examinant ses yeux, puis entrouvrant à nouveau les lèvres pour regarder les dents. Puis il se tourna vers moi et dit : « Voici quelque chose qui est différent de tout ce qui a été rapporté jusqu'ici. Il y a là une sorte de vie dédoublée qui n'est pas commune. Elle a été mordue par le vampire alors qu'elle était en état de transe somnambulique. Oh, vous sursautez, vous ignorez cela, ami John, mais vous saurez tout bientôt – et c'est quand elle était dans cet état de transe qu'il pouvait le plus facilement lui prendre plus de sang encore. Elle était en transe quand elle est morte, et c'est aussi en transe qu'elle est devenue une non-morte. C'est en cela qu'elle diffère de tous les autres. Habituellement, lorsque les non-morts reposent « chez eux » - et tandis qu'il parlait, il faisait de la main des gestes explicites pour indiquer ce qu'il entendait par « chez eux » - leur visage montre leur vraie nature, mais celle-ci était si pure avant qu'elle ne devienne une non-morte, qu'elle retourne alors à l'état de néant qui est notre destin à tous. Il n'y a rien de maléfique ici, c'est pourquoi il est si difficile pour moi de la tuer dans son sommeil. A ces mots, mon sang se glaça, et c'était le signe que je commençais à accepter les théories de Van Helsing. Mais si elle était vraiment morte, pourquoi avoir aussi peur de la tuer ? Il me lança un regard, et il avait évidemment remarqué le changement qui s'était opéré sur mon visage, car il me dit, presque joyeusement : « Ah, vous me croyez maintenant ? » Je répondis : « Ne me pressez pas trop. Je m'efforce d'accepter cette idée. Comment allez-vous faire ? » « Je vais lui couper la tête, et remplir sa bouche d'ail, et j'enfoncerai un pieu à travers son corps. » Je frémis à l'idée de mutiler ainsi le corps de la femme que j'avais aimée. Et pourtant, ce sentiment n'était pas aussi fort que ce que j'aurais pu craindre. En fait, je commençais à éprouver de la crainte en présence de cet être, de ce non-mort, comme l'appelait Van Helsing, et il me faisait horreur. J'attendis un temps considérable que Van Helsing se mît au travail, mais il se leva, comme enveloppé dans ses pensées. Il referma sa sacoche avec un bruit sec, et dit : « J'ai beaucoup réfléchi, et me suis décidé à faire pour le mieux. Si je suivais simplement mon inclination, je ferais maintenant ce qui doit être fait. Mais d'autres choses sont à venir, et qui seront mille fois plus difficiles, et que nous ne pouvons même pas encore imaginer. C'est simple. Elle n'a encore pris aucune vie, même si ce n'est qu'une question de temps. Agir maintenant, ce serait la mettre hors de danger pour toujours. Mais nous devons songer à Arthur ; comment lui parler de tout ceci ? Si vous, qui avez vu les blessures sur la gorge de Lucy, vous, qui avez vu des blessures similaires sur l'enfant à l'hôpital, vous qui avez vu le cercueil vide la nuit dernière, et occupé aujourd'hui par une femme qui en une semaine, ne s'est transformée que pour devenir plus rose et plus belle après sa mort, vous qui savez cela, et qui avez vu la silhouette blanche qui a ramené l'enfant la nuit dernière au cimetière, si vous n'arrivez toujours pas à en croire vos sens, comment, alors, pourrait-on espérer qu'Arthur, qui ne sait rien de tout cela, puisse y croire ? Il doutait de moi-même quand j'empêchai Lucy de l'embrasser alors qu'elle était mourante. Je sais qu'il m'a pardonné, parce qu'il croit que je me trompais lorsque je l'empêchai de dire adieu à sa bien-aimée comme il l'aurait voulu, et il pourrait tout aussi bien croire que suite à une erreur similaire, elle aurait pu être enterrée vivante, et même que persévérant dans l'erreur, c'est nous qui l'aurions tuée. Il dirait alors que nous l'avons tuée par nos folles idées ; et alors il sera malheureux pour le restant de ses jours. Et pourtant il ne sera jamais certain, c'est là le pire de tout. Il pensera parfois que celle qu'il aimait a été enterrée vivante, et il sera hanté, dans ses rêves, par le fantasme horrible de ses souffrances, et d'autres fois, il pensera que nous avions peut-être raison, que sa bien-aimée était bien après tout, un non- mort. Non ! Je le lui ai déjà dit, et maintenant j'en sais beaucoup plus. Maintenant que je sais ce qu'il en est, j'en suis plus certain que jamais : il doit affronter la souffrance pour trouver le réconfort. Le pauvre garçon devra vivre une heure qui verra le ciel s'assombrir pour lui, et alors nous pourrons agir pour le mieux afin qu'il retrouve la paix. Je me suis décidé. Allons-y. Vous retournez cette nuit dans votre établissement. Quant à moi, je passerai toute la nuit ici au cimetière comme je l'entends. Demain soir vous viendrez me rejoindre au Berkeley à dix heures. J'enverrai chercher Arthur également, et aussi ce brillant jeune américain qui a donné son sang. Ensuite, nous aurons du travail. Je viens avec vous dîner à Picadilly, et ensuite, je veux être de retour ici avant le coucher du soleil. » Nous refermâmes donc le tombeau, puis nous franchîmes le mur du cimetière, ce qui ne fut pas bien difficile, et nous nous dirigeâmes vers Picadilly.

Note laissée par Van Helsing dans ses bagages, hôtel Berkeley, et adressée à John Seward, M.D. Non remise, 27 septembre Ami John, Je vous écris ceci au cas où quelque chose m'arriverait. Je pars seul, pour surveiller le cimetière. J'aimerais que la Non-Morte, Miss Lucy, ne sorte pas ce soir, afin qu'elle soit encore plus désireuse de sortir la nuit prochaine. A cet effet, je vais sceller la porte du tombeau en y attachant de l'ail et un crucifix, qu'elle déteste. Cela ne fait pas longtemps qu'elle est une Non-Morte, et cela l'arrêtera. Qui plus est, cela l'empêchera seulement de sortir, mais pas de rentrer ; en effet dans ce cas un Non-Mort n'a pas le choix et doit rentrer quoi qu'il arrive. Je serai là-bas toute la nuit depuis le coucher jusqu'après le lever du soleil, et s'il y a quelque chose à apprendre, je l'apprendrai. En ce qui concerne Miss Lucy, je n'ai pas peur pour elle, pas plus que je n'ai peur d'elle, mais il n'en est pas de même pour celui qui a fait d'elle une Non-Morte, et qui a maintenant le pouvoir de trouver sa tombe et de s'y réfugier. Il est rusé, je le sais par le récit de Mr. Jonathan, et aussi par la façon dont il nous a joués lorsqu'il s'agissait de sauver la vie de Miss Lucy, et que nous avons échoué. Un Non-Mort est toujours très puissant. Dans sa main, il a la force de vingt hommes ; et nous avons eu beau donner tous les quatre notre force à Miss Lucy, ce fut en vain. Par ailleurs, il peut appeler ses loups, et Dieu seul sait quoi encore. Alors, s'il venait par là ce soir, il m'y trouverait, mais il se pourrait qu'il ne vienne pas. Il n'a pas de raison particulière de se rendre là-bas : son terrain de chasse regorge de gibier, beaucoup plus que ce cimetière où repose la Non-Morte, et où veille, seul, un vieil homme. C'est pourquoi j'écris ceci, au cas où… Prenez les papiers ci-joints, le journal de Harker et tout le reste, et lisez-les, trouvez ce Non-Mort, et coupez-lui la tête, brûlez son cœur ou transpercez-le d'un pieu, afin que le monde soit débarrassé de lui. Qu'il en soit ainsi, et Adieu. Van Helsing. Journal du Dr. Seward 28 septembre C'est formidable ce que peut faire une bonne nuit de sommeil. Hier, j'étais presque prêt à accepter les idées monstrueuses de Van Helsing, et maintenant il me paraît évident qu'elles sont un outrage au bon sens. Mais je ne doute pas qu'il y croie réellement. Je me demande si son esprit pourrait être dérangé d'une façon ou d'une autre. Sans aucun doute, il doit y avoir une explication rationnelle à tous ces évènements mystérieux. Se pourrait-il que le Professeur lui-même soit à l'origine de tout ? Il est si extraordinairement intelligent que s'il perdait l'esprit, il serait capable de faire des merveilles pour suivre son idée fixe. Je répugne à cette idée, et vraiment, ce serait extraordinaire de découvrir que Van Helsing est fou, mais en tout cas je vais le surveiller étroitement : peut-être cela me permettra-t-il d'éclaircir ce mystère. 29 septembre, matin. Hier soir, un peu avant dix heures, Arthur, Quincey et moi sommes entrés dans la chambre de Van Helsing ; il nous a dit tout ce qu'il attendait de nous, mais il s'adressait surtout à Arthur, comme si toutes nos volontés dépendaient de la sienne. Il

commença par nous dire qu'il espérait que nous viendrions tous avec lui, « car », dit-il, « nous devons accomplir là-bas un devoir pénible. Vous avez certainement été surpris par ma lettre ? » Il s'adressait directement à Lord Godalming. « En effet, je dois dire qu'elle m'a quelque peu perturbé. Ma vie a été tellement troublée ces derniers temps, que j'espérais que cela finirait par cesser. Je ne suis pas certain, de plus, de vous avoir bien compris. J'en ai parlé avec Quincey, mais plus nous en discutions, plus nous étions perplexes, si bien qu'en ce qui me concerne, je n'y comprends rien du tout. » « Moi non plus », dit Quincey Morris, laconique. « Oh », dit le Professeur, « alors vous êtes tous deux plus proches de la compréhension que notre ami John, que voici, qui a encore un très long chemin à parcourir pour ne serait-ce que commencer à comprendre. » Il était évident qu'il avait deviné que j'étais à nouveau assailli par mes premiers doutes, et cela, sans que j'aie prononcé un mot. Alors, se tournant vers les deux autres, il leur dit avec gravité : « Il me faut votre permission pour accomplir cette nuit ce que je crois être juste. Je sais que c'est beaucoup demander, mais vous ne saurez à quel point que lorsque je vous aurai exposé ce que je me propose de faire. C'est pourquoi je vous demande de me faire cette promesse sans en savoir plus, afin que plus tard, même si vous m'en voulez pendant un certain temps – je dois avouer qu'il est fort possible que ce soit le cas – vous n'ayez rien à vous reprocher. » « En tout cas, voilà qui est parler franchement », interrompit Quincey. « Je réponds du Professeur. Je ne vois pas où il veut en venir, mais je suis certain que c'est un honnête homme, et pour moi, cela suffit. » « Je vous remercie, Sir », répondit fièrement Van Helsing. « J'ai l'honneur d'avoir en vous un ami de confiance, et un tel soutien m'est très précieux. » Et i lui tendit la main, que Quincey accepta. Alors Arthur intervint : « Dr. Van Helsing, je n'aime pas beaucoup accorder ma confiance à l'aveuglette, et s'il y a le moindre risque d'entacher mon honneur de gentleman, ou ma foi de Chrétien, alors je ne puis faire une telle promesse. Si vous pouvez m'assurer que vos projets ne sont contraires ni à l'un, ni à l'autre, alors je peux vous donner mon consentement sur l'heure, même si, sur ma vie, je ne puis comprendre quelles sont vos motivations.