×

Utilizziamo i cookies per contribuire a migliorare LingQ. Visitando il sito, acconsenti alla nostra politica dei cookie.


image

Bram Stoker - Dracula, Part (4)

Part (4)

Je commençais à me frotter les yeux et à me pincer pour voir si j'étais bien éveillé. Tout cela me semblait être un horrible cauchemar, et je m'attendais à m'éveiller soudain, à me retrouver à la maison, l'aurore éclairant la fenêtre, comme cela m'arrivait parfois au petit matin après une journée de travail excessif. Mais ma chair réagissait au pincement, et mes yeux ne me trompaient pas. J'étais bel et bien éveillé et au milieu des Carpathes. Tout ce que je pouvais faire, c'était patienter, et attendre le matin. Au moment précis où j'arrivai à cette conclusion, j'entendis un pas lourd s'approcher derrière la lourde porte, et je vis, à travers une fente du bois, un rayon de lumière. Puis il y eut un bruit de chaînes, et de gros verrous que l'on tirait. On tourna une clé dans la serrure, avec un grincement qui indiquait qu'elle n'avait pas servi depuis longtemps, puis la porte fut ouverte. A l'intérieur se tenait un grand vieillard, soigneusement rasé, à part une longue moustache blanche, et habillé de noir de la tête aux pieds, sans la moindre tache de couleur sur sa personne. Il tenait à la main une antique lampe d'argent, dans laquelle la flamme brûlait sans protection aucune, projetant de grandes ombres frémissantes tandis qu'elle vacillait dans le courant d'air. Le vieil homme me fit de sa main droite un geste plein de courtoisie, disant dans un anglais excellent, mais avec une étrange intonation : « Soyez le bienvenue dans ma demeure ! Entrez librement et de votre plein gré ! » Il ne fit pas un pas dans ma direction, mais resta là debout comme une statue, comme si son geste de bienvenue l'avait changé en pierre. Mais à l'instant précis où j'eus franchi le seuil, il bondit vers moi, et, me tendant la main, saisit la mienne avec une force qui me fit grimacer de douleur. Sa main était aussi froide que la glace – c'était plus la main d'un mort que celle d'un homme vivant. Puis il répéta : « Bienvenue dans ma demeure. Entrez librement, soyez sans crainte, et laissez ici un peu du bonheur que vous amènerez avec vous ! » La force de sa poignée de main me rappelait tellement celle du cocher, dont je n'avais pas vu le visage, que pendant un moment je me demandai si je ne parlais pas à la même personne. Pour m'en assurer, je lui demandai :

« Comte Dracula ? » et il s'inclina courtoisement en me répondant : « Je suis Dracula, et je vous souhaite la bienvenue en ma maison, Mister Harker. Entrez, l'air de la nuit est froid, et vous devez avoir besoin de dîner et de vous reposer ». Tandis qu'il parlait, il pendit la lampe à un crochet fixé au mur, et sortit chercher mes bagages. Il les avait posés dans l'entrée avant que j'aie pu l'en empêcher. Je protestai, mais il insista : « Non, Sir, vous êtes mon invité. Il est tard, et mes serviteurs sont couchés. Laissez-moi veiller moi-même à votre confort. » Il insista pour porter mes valises le long du couloir, puis prit un grand escalier en colimaçon, puis à nouveau un large passage. Nos pas résonnaient lourdement sur le sol de pierre. Une fois arrivé au bout, il ouvrit une lourde porte, et je fus heureux de voir une chambre bien éclairée, où une table était dressée pour le souper, avec un grand feu de rondins qui flamboyait et pétillait dans la vaste cheminée. Le Comte s'arrêta, posa mes bagages, ferma la porte, puis, traversant la pièce, ouvrit une autre porte qui menait dans une petite pièce octogonale éclairée par une simple lampe, et visiblement sans la moindre fenêtre d'aucune sorte. La traversant, il ouvrit une autre porte, et me fit signe d'entrer. C'était une vue bien réconfortante, car il s'agissait d'une grande chambre à coucher, bien éclairée, et chauffée par un autre feu de bois, allumé depuis peu, mais qui ronflait déjà dans la grande cheminée. Ce fut encore le Comte lui-même qui amena mes bagages dans la chambre, puis il se retira, me disant au moment de fermer la porte : « Après votre voyage, vous aurez certainement besoin de vous rafraîchir et de faire votre toilette. Je pense que vous trouverez tout ce dont vous avez besoin. Quand vous serez prêt, venez dans l'autre pièce, où vous attend votre souper. La lumière, la chaleur, ainsi que l'accueil courtois du Comte, avaient dissipé tous mes doutes et toutes mes peurs. Ayant retrouvé mon état normal, je m'aperçus que je mourais littéralement de faim, et donc, après une rapide toilette, je passai dans l'autre pièce. J'y trouvai le souper déjà servi. Mon hôte, qui se tenait à côté de la grande cheminée, s'appuyant contre la pierre, désigna la table d'un geste courtois, et me dit : « Je vous en prie, asseyez-vous et soupez comme vous l'entendez. Vous m'excuserez de ne pas me joindre à vous, mais j'ai déjà dîné, et je ne soupe point. » Je lui tendis la lettre cachetée de Mr. Hawkins, qui devait me servir d'introduction. Il l'ouvrit et la lut attentivement, puis, avec un charmant sourire, il me la donna pour que je la lise à mon tour. Un passage au moins, me procura un intense plaisir : « Je suis au regret de vous informer qu'une attaque de goutte, maladie dont je souffre constamment, m'empêche absolument d'entreprendre le moindre voyage pendant un certain temps, mais je suis heureux de pouvoir vous envoyer un remplaçant efficace, en qui je mets toute ma confiance. C'est un homme jeune, plein d'énergie et de talent à sa façon, et tout à fait digne de confiance. Il est calme et discret, et a pour ainsi dire atteint l'âge d'homme à mon service. Il sera là pour vous assister durant son séjour, et suivra vos instructions en toutes matières. » Le Comte lui-même s'approcha, et souleva le couvercle d'un plat, où je découvris un excellent poulet rôti, qui, avec quelque fromage et salade, et une bouteille de vieux Tokay, dont je bus deux verres, constitua mon souper. Pendant que je mangeais, le Comte me posa beaucoup de questions sur mon voyage, et au fur et à mesure, je lui narrai toutes mes expériences. Ce faisant, je terminai mon souper, et, à la demande de mon hôte, je tirai un fauteuil auprès du feu, et commençai à fumer un cigare qu'il m'offrit, s'excusant lui-même de ne pas fumer. J'avais maintenant une occasion de l'observer, et lui trouvai une physionomie vraiment extraordinaire. Son visage était aquilin, très aquilin – le nez fin saillant au-dessus de narines particulièrement arquées, un front haut et bombé, les cheveux rares aux tempes, mais abondants partout ailleurs. Ses sourcils étaient très épais, se rejoignant presque au-

dessus du nez, et tellement broussailleux qu'ils semblaient presque boucler. La bouche, du moins ce que je pouvais en voir sous l'abondante moustache, arborait une expression plutôt cruelle, avec des dents blanches étonnamment pointues, qui s'avançaient au-dessus de ses lèvres. La rougeur remarquable de celles-ci dénotait une étonnante vitalité pour un homme de cet âge. Quant au reste, ses oreilles étaient très pâles, et extrêmement pointues ; le menton était large et fort, et les joues fermes bien que fines. Toute sa personne donnait une impression d'extraordinaire pâleur. Jusqu'ici j'avais pu observer le dos de ses mains tandis qu'elles reposaient sur ses genoux à la lueur du feu, et elles m'avaient semblé plutôt fines et blanches, mais les voyant de plus près, je ne pus manquer de remarquer qu'elles étaient plutôt grossières, larges, avec des doigts courts. Chose étrange, il y avait des poils au milieu de ses paumes. Les ongles étaient longs et fins, et taillés en pointe. Quand le Comte se pencha vers moi et que ses mains me touchèrent, je ne pus réprimer un frisson. Peut-être avait-il mauvaise haleine, mais je fus envahi par une horrible sensation de malaise, qu'il me fut absolument impossible de cacher. Le Comte, s'en étant évidemment aperçu, se retira, et, avec une sorte de sombre sourire, qui montra plus que jamais ses dents protubérantes, alla regagner sa place au coin du feu. Nous restâmes tous deux sans parler pendant un moment, et tandis que je regardais la fenêtre, je vis les premières lueurs de l'aube. C'était comme si un lourd silence pesait sur toute chose. Pourtant en tendant l'oreille, j'entendis les hurlements de nombreux loups qui venaient du fond de la vallée. Les yeux du Comte s'illuminèrent, et il dit : « Ecoutez-les – les enfants de la nuit. Quelle musique ils font ! » Et voyant, je suppose, quelque étonnement sur mon visage, il ajouta : « Ah, Sir, vous autres citadins ne pouvez pas ressentir les émotions du chasseur. Puis il se leva et ajouta : « Mais vous devez être fatigué. Votre chambre est prête, et demain vous pourrez dormir aussi longtemps que vous le souhaiterez. Je serai sorti jusque dans l'après-midi, alors dormez bien et faites de beaux rêves ! » Et avec une courtoise révérence, il ouvrit lui-même la porte de la pièce octogonale, et j'entrai dans ma chambre… Je suis environné de prodiges. Je doute, j'ai peur, d'étranges pensées me viennent, que je n'ose confier à mon âme. Dieu me garde, ne serait-ce que pour le salut de ceux qui me sont chers ! 7 mai A nouveau, c'est le petit matin, mais je me suis reposé et ai profité des dernières vingt-quatre heures. J'ai dormi tard aujourd'hui, et ne me suis levé que lorsque je l'ai décidé. Après m'être habillé, je me suis rendu dans la pièce où nous avions soupé, et y ai trouvé un petit déjeuner qui m'attendait, le café posé sur l'âtre pour rester au chaud. Il y avait sur la table une carte sur laquelle je pus lire : « Je dois m'absenter pour un temps. Ne m'attendez pas. D. ». Je m'installai donc et profitai de cet agréable repas. Cela fait, je cherchai une sonnette, afin de faire savoir aux serviteurs que j'avais terminé, mais je n'en trouvai aucune. Il y a des déficiences certaines dans l'organisation de la maison, compte tenu de la richesse extraordinaire dont je suis entouré. Le service de table est en or, et si délicatement travaillé qu'il doit avoir une valeur immense. Les rideaux, les tissus qui couvent les fauteuils et les sofas, et les penderies de mon lit, proviennent des fabriques les plus chères et les plus réputées, et ils devaient avoir une valeur fabuleuse lorsqu'ils étaient neufs, car ils sont vieux de plusieurs siècles, même s'ils sont encore en excellent état. J'en ai vu de semblables à Hampton Court, mais ils étaient usés et miteux. Mais dans aucune des pièces je ne trouvai de miroir. Il n'y avait même pas de miroir de toilette sur ma table, et je dus utiliser celui qui se trouvait dans mon nécessaire à barbe dans mon sac afin de me raser et de me coiffer. Je n'ai pas encore vu de serviteur, ni entendu le moindre bruit aux environs du château, à part le hurlement des loups. Un peu après avoir terminé mon repas (je ne saurais dire s'il s'agissait d'un petit déjeuner ou d'un dîner, car je le pris entre cinq et six heures), je cherchai quelque chose à lire, car je ne voulais pas déambuler dans le château avant d'en avoir demandé la permission au Comte. Il n'y avait absolument rien dans la pièce, ni livre, ni journal, ni même de quoi écrire ; alors j'ouvris une autre porte, et me trouvai dans une sorte de bibliothèque. J'essayai la porte qui se trouvait de l'autre côté de la pièce, mais elle était fermée. Dans la bibliothèque, je trouvai, à mon grand étonnement, un grand nombre de livres anglais ; certaines étagères en étaient pleines, ainsi que des journaux et magazines en volumes reliés. Au milieu de la pièce, une table était couverte de journaux anglais, même si aucun n'était récent. Les livres traitaient de sujets variés : histoire, géographie, politique, économie politique, botanique, géologie,

droit – tous relatifs à l'Angleterre, et à la vie, aux coutumes et aux manières anglaises.

Part (4) Teil (4) Part (4) Parte (4) Parte (4) 第(4)部分

Je commençais à me frotter les yeux et à me pincer pour voir si j'étais bien éveillé. I started rubbing my eyes and pinching myself to see if I was awake. Tout cela me semblait être un horrible cauchemar, et je m'attendais à m'éveiller soudain, à me retrouver à la maison, l'aurore éclairant la fenêtre, comme cela m'arrivait parfois au petit matin après une journée de travail excessif. It all seemed like a horrible nightmare, and I expected to wake up suddenly, to find myself at home, dawn lighting up the window, as sometimes happened to me in the early hours of the morning after a day of excessive work. Mi sembrava un orribile incubo e mi aspettavo di svegliarmi all'improvviso e di ritrovarmi a casa con l'alba che illuminava la finestra, come mi capitava a volte nelle prime ore del mattino dopo una giornata di eccessivo lavoro. Mais ma chair réagissait au pincement, et mes yeux ne me trompaient pas. But my flesh reacted to the pinch, and my eyes didn't deceive me. Pero mi carne reaccionó al pellizco y mis ojos no me engañaron. J'étais bel et bien éveillé et au milieu des Carpathes. Tout ce que je pouvais faire, c'était patienter, et attendre le matin. Au moment précis où j'arrivai à cette conclusion, j'entendis un pas lourd s'approcher derrière la lourde porte, et je vis, à travers une fente du bois, un rayon de lumière. Just as I reached this conclusion, I heard a heavy footstep approaching from behind the heavy door, and saw, through a crack in the wood, a ray of light. Puis il y eut un bruit de chaînes, et de gros verrous que l'on tirait. Then there was the sound of chains and heavy bolts being pulled. On tourna une clé dans la serrure, avec un grincement qui indiquait qu'elle n'avait pas servi depuis longtemps, puis la porte fut ouverte. A l'intérieur se tenait un grand vieillard, soigneusement rasé, à part une longue moustache blanche, et habillé de noir de la tête aux pieds, sans la moindre tache de couleur sur sa personne. Il tenait à la main une antique lampe d'argent, dans laquelle la flamme brûlait sans protection aucune, projetant de grandes ombres frémissantes tandis qu'elle vacillait dans le courant d'air. He held in his hand an antique silver lamp, in which the flame burned unprotected, casting great quivering shadows as it flickered in the draught. Le vieil homme me fit de sa main droite un geste plein de courtoisie, disant dans un anglais excellent, mais avec une étrange intonation : « Soyez le bienvenue dans ma demeure ! The old man made a courteous gesture with his right hand, saying in excellent English, but with a strange intonation: "Welcome to my home! Entrez librement et de votre plein gré ! » Il ne fit pas un pas dans ma direction, mais resta là debout comme une statue, comme si son geste de bienvenue l'avait changé en pierre. "He didn't take a step in my direction, but stood there like a statue, as if his gesture of welcome had turned him to stone. Mais à l'instant précis où j'eus franchi le seuil, il bondit vers moi, et, me tendant la main, saisit la mienne avec une force qui me fit grimacer de douleur. Ma nel momento in cui varcai la soglia, egli si slanciò verso di me e, allungando la mano, afferrò la mia con una forza che mi fece trasalire dal dolore. Sa main était aussi froide que la glace – c'était plus la main d'un mort que celle d'un homme vivant. Puis il répéta : « Bienvenue dans ma demeure. Entrez librement, soyez sans crainte, et laissez ici un peu du bonheur que vous amènerez avec vous ! Enter freely, without fear, and leave here a little of the happiness you'll be bringing with you! Entra libremente, sin miedo, y deja aquí un poco de la felicidad que llevarás contigo. » La force de sa poignée de main me rappelait tellement celle du cocher, dont je n'avais pas vu le visage, que pendant un moment je me demandai si je ne parlais pas à la même personne. "The strength of his handshake reminded me so much of that of the coachman, whose face I hadn't seen, that for a moment I wondered if I wasn't talking to the same person. Pour m'en assurer, je lui demandai :

« Comte Dracula ? » et il s'inclina courtoisement en me répondant : « Je suis Dracula, et je vous souhaite la bienvenue en ma maison, Mister Harker. "Si inchinò cortesemente e rispose: "Sono Dracula e le do il benvenuto nella mia casa, signor Harker. Entrez, l'air de la nuit est froid, et vous devez avoir besoin de dîner et de vous reposer ». Tandis qu'il parlait, il pendit la lampe à un crochet fixé au mur, et sortit chercher mes bagages. As he spoke, he hung the lamp from a hook on the wall, and went out to fetch my luggage. Il les avait posés dans l'entrée avant que j'aie pu l'en empêcher. He'd put them in the hall before I could stop him. Je protestai, mais il insista : « Non, Sir, vous êtes mon invité. Il est tard, et mes serviteurs sont couchés. Laissez-moi veiller moi-même à votre confort. Let me see to your comfort myself. » Il insista pour porter mes valises le long du couloir, puis prit un grand escalier en colimaçon, puis à nouveau un large passage. "He insisted on carrying my suitcases down the corridor, then took a large spiral staircase, then a wide passageway again. Nos pas résonnaient lourdement sur le sol de pierre. Nuestros pasos resonaron con fuerza en el suelo de piedra. Une fois arrivé au bout, il ouvrit une lourde porte, et je fus heureux de voir une chambre bien éclairée, où une table était dressée pour le souper, avec un grand feu de rondins qui flamboyait et pétillait dans la vaste cheminée. Le Comte s'arrêta, posa mes bagages, ferma la porte, puis, traversant la pièce, ouvrit une autre porte qui menait dans une petite pièce octogonale éclairée par une simple lampe, et visiblement sans la moindre fenêtre d'aucune sorte. La traversant, il ouvrit une autre porte, et me fit signe d'entrer. C'était une vue bien réconfortante, car il s'agissait d'une grande chambre à coucher, bien éclairée, et chauffée par un autre feu de bois, allumé depuis peu, mais qui ronflait déjà dans la grande cheminée. It was a comforting sight, for it was a large bedroom, well lit, and warmed by another wood fire, only recently lit, but already humming in the large fireplace. Ce fut encore le Comte lui-même qui amena mes bagages dans la chambre, puis il se retira, me disant au moment de fermer la porte : « Après votre voyage, vous aurez certainement besoin de vous rafraîchir et de faire votre toilette. Je pense que vous trouverez tout ce dont vous avez besoin. Creo que encontrarás todo lo que necesitas. Quand vous serez prêt, venez dans l'autre pièce, où vous attend votre souper. La lumière, la chaleur, ainsi que l'accueil courtois du Comte, avaient dissipé tous mes doutes et toutes mes peurs. The light, the warmth and the Count's courteous welcome had dispelled all my doubts and fears. La luz, el calor y la cortés acogida del Conde habían disipado todas mis dudas y temores. La luce, il calore e la cortese accoglienza del conte avevano dissipato tutti i miei dubbi e le mie paure. Ayant retrouvé mon état normal, je m'aperçus que je mourais littéralement de faim, et donc, après une rapide toilette, je passai dans l'autre pièce. J'y trouvai le souper déjà servi. I found supper already served. Mon hôte, qui se tenait à côté de la grande cheminée, s'appuyant contre la pierre, désigna la table d'un geste courtois, et me dit : « Je vous en prie, asseyez-vous et soupez comme vous l'entendez. My host, who was standing beside the large fireplace, leaning against the stone, pointed to the table with a courteous gesture, and said: "Please, sit down and have your supper as you wish. Vous m'excuserez de ne pas me joindre à vous, mais j'ai déjà dîné, et je ne soupe point. You will excuse me for not joining you, but I have already dined, and I am not supper. Me disculparás si no te acompaño, pero ya he cenado y no voy a comer. » Je lui tendis la lettre cachetée de Mr. Hawkins, qui devait me servir d'introduction. "I handed him Mr. Hawkins' sealed letter, which was to serve as my introduction. "Gli ho consegnato la lettera sigillata del signor Hawkins, che doveva servire come presentazione. Il l'ouvrit et la lut attentivement, puis, avec un charmant sourire, il me la donna pour que je la lise à mon tour. He opened it and read it carefully, then, with a charming smile, gave it to me to read in turn. Lo aprì e lo lesse con attenzione, poi, con un sorriso affascinante, me lo diede da leggere a sua volta. Un passage au moins, me procura un intense plaisir : « Je suis au regret de vous informer qu'une attaque de goutte, maladie dont je souffre constamment, m'empêche absolument d'entreprendre le moindre voyage pendant un certain temps, mais je suis heureux de pouvoir vous envoyer un remplaçant efficace, en qui je mets toute ma confiance. One passage at least, gave me intense pleasure: "I regret to inform you that an attack of gout, a disease from which I suffer constantly, absolutely prevents me from undertaking the slightest journey for some time, but I am happy to be able to send you an efficient replacement, in whom I have every confidence. Almeno un passaggio mi ha fatto molto piacere: "Mi dispiace informarvi che un attacco di gotta, malattia di cui soffro costantemente, mi impedisce assolutamente di intraprendere il minimo viaggio per qualche tempo, ma sono felice di potervi inviare un efficiente sostituto, in cui ho piena fiducia. C'est un homme jeune, plein d'énergie et de talent à sa façon, et tout à fait digne de confiance. He's a young man, full of energy and talent in his own way, and completely trustworthy. È un giovane uomo, pieno di energia e talento a modo suo, e completamente affidabile. Il est calme et discret, et a pour ainsi dire atteint l'âge d'homme à mon service. He's quiet and discreet, and has practically reached manhood in my service. Il sera là pour vous assister durant son séjour, et suivra vos instructions en toutes matières. » Le Comte lui-même s'approcha, et souleva le couvercle d'un plat, où je découvris un excellent poulet rôti, qui, avec quelque fromage et salade, et une bouteille de vieux Tokay, dont je bus deux verres, constitua mon souper. "The Count himself approached, and lifted the lid of a dish, where I discovered an excellent roast chicken, which, with some cheese and salad, and a bottle of old Tokay, of which I drank two glasses, constituted my supper. Pendant que je mangeais, le Comte me posa beaucoup de questions sur mon voyage, et au fur et à mesure, je lui narrai toutes mes expériences. While I ate, the Count asked me many questions about my trip, and as I went along, I told him all about my experiences. Ce faisant, je terminai mon souper, et, à la demande de mon hôte, je tirai un fauteuil auprès du feu, et commençai à fumer un cigare qu'il m'offrit, s'excusant lui-même de ne pas fumer. J'avais maintenant une occasion de l'observer, et lui trouvai une physionomie vraiment extraordinaire. I now had an opportunity to observe him, and found him to have a truly extraordinary physiognomy. Son visage était aquilin, très aquilin – le nez fin saillant au-dessus de narines particulièrement arquées, un front haut et bombé, les cheveux rares aux tempes, mais abondants partout ailleurs. His face was aquiline, very aquiline - the fine nose protruding above particularly arched nostrils, a high, rounded forehead, hair sparse at the temples, but abundant everywhere else. Ses sourcils étaient très épais, se rejoignant presque au- His eyebrows were very thick, meeting almost at the-

dessus du nez, et tellement broussailleux qu'ils semblaient presque boucler. above the nose, and so bushy that they almost seemed to curl. por encima de la nariz, y tan tupidas que casi parecían rizarse. La bouche, du moins ce que je pouvais en voir sous l'abondante moustache, arborait une expression plutôt cruelle, avec des dents blanches étonnamment pointues, qui s'avançaient au-dessus de ses lèvres. The mouth, at least what I could see of it beneath the abundant moustache, sported a rather cruel expression, with surprisingly sharp white teeth jutting out above his lips. La bocca, o almeno quello che riuscivo a vedere sotto gli abbondanti baffi, aveva un'espressione piuttosto crudele, con denti bianchi sorprendentemente affilati che sporgevano dalle labbra. La rougeur remarquable de celles-ci dénotait une étonnante vitalité pour un homme de cet âge. The remarkable redness of these denoted an astonishing vitality for a man of his age. Quant au reste, ses oreilles étaient très pâles, et extrêmement pointues ; le menton était large et fort, et les joues fermes bien que fines. As for the rest, his ears were very pale, and extremely pointed; the chin was broad and strong, and the cheeks firm though thin. Por lo demás, sus orejas eran muy pálidas y extremadamente puntiagudas; su mentón era ancho y fuerte, y sus mejillas firmes pero delgadas. Toute sa personne donnait une impression d'extraordinaire pâleur. Jusqu'ici j'avais pu observer le dos de ses mains tandis qu'elles reposaient sur ses genoux à la lueur du feu, et elles m'avaient semblé plutôt fines et blanches, mais les voyant de plus près, je ne pus manquer de remarquer qu'elles étaient plutôt grossières, larges, avec des doigts courts. So far I had been able to observe the backs of his hands as they rested on his knees in the firelight, and they had seemed rather fine and white, but seeing them more closely, I couldn't fail to notice that they were rather coarse, broad, with short fingers. Chose étrange, il y avait des poils au milieu de ses paumes. Les ongles étaient longs et fins, et taillés en pointe. Las uñas eran largas, finas y puntiagudas. Quand le Comte se pencha vers moi et que ses mains me touchèrent, je ne pus réprimer un frisson. When the Count leaned over and his hands touched me, I couldn't suppress a shiver. Peut-être avait-il mauvaise haleine, mais je fus envahi par une horrible sensation de malaise, qu'il me fut absolument impossible de cacher. Perhaps he had bad breath, but I was overcome by a horrible feeling of unease, which I found absolutely impossible to hide. Le Comte, s'en étant évidemment aperçu, se retira, et, avec une sorte de sombre sourire, qui montra plus que jamais ses dents protubérantes, alla regagner sa place au coin du feu. The Count, evidently noticing this, withdrew, and, with a sort of somber smile, which showed more than ever its protruding teeth, returned to his place by the fireside. Nous restâmes tous deux sans parler pendant un moment, et tandis que je regardais la fenêtre, je vis les premières lueurs de l'aube. The two of us remained silent for a while, and as I looked out the window, I saw the first light of dawn. C'était comme si un lourd silence pesait sur toute chose. It was as if a heavy silence hung over everything. Pourtant en tendant l'oreille, j'entendis les hurlements de nombreux loups qui venaient du fond de la vallée. Yet as I listened, I heard the howling of many wolves coming from the valley floor. Les yeux du Comte s'illuminèrent, et il dit : « Ecoutez-les – les enfants de la nuit. The Count's eyes lit up, and he said: "Listen to them - the children of the night. Al conde se le iluminaron los ojos y dijo: "Escúchenlos, los niños de la noche. Quelle musique ils font ! » Et voyant, je suppose, quelque étonnement sur mon visage, il ajouta : « Ah, Sir, vous autres citadins ne pouvez pas ressentir les émotions du chasseur. "And seeing, I suppose, some astonishment on my face, he added: "Ah, Sir, you city folk can't feel the hunter's emotions. Puis il se leva et ajouta : « Mais vous devez être fatigué. Votre chambre est prête, et demain vous pourrez dormir aussi longtemps que vous le souhaiterez. Je serai sorti jusque dans l'après-midi, alors dormez bien et faites de beaux rêves ! I'll be out until the afternoon, so sleep well and sweet dreams! » Et avec une courtoise révérence, il ouvrit lui-même la porte de la pièce octogonale, et j'entrai dans ma chambre… Je suis environné de prodiges. And with a courteous bow, he himself opened the door to the octagonal room, and I entered my room… I am surrounded by wonders. Je doute, j'ai peur, d'étranges pensées me viennent, que je n'ose confier à mon âme. I doubt, I fear, strange thoughts come to me, which I dare not confide to my soul. Dieu me garde, ne serait-ce que pour le salut de ceux qui me sont chers ! God save me, if only for the sake of my loved ones! 7 mai A nouveau, c'est le petit matin, mais je me suis reposé et ai profité des dernières vingt-quatre heures. May 7 It's early morning again, but I've rested and enjoyed the last twenty-four hours. J'ai dormi tard aujourd'hui, et ne me suis levé que lorsque je l'ai décidé. I slept late today, and didn't get up until I decided to. Après m'être habillé, je me suis rendu dans la pièce où nous avions soupé, et y ai trouvé un petit déjeuner qui m'attendait, le café posé sur l'âtre pour rester au chaud. After getting dressed, I made my way to the room where we'd had dinner, and found breakfast waiting for me there, coffee sitting on the hearth to keep warm. Il y avait sur la table une carte sur laquelle je pus lire : « Je dois m'absenter pour un temps. Ne m'attendez pas. D. ». Je m'installai donc et profitai de cet agréable repas. Cela fait, je cherchai une sonnette, afin de faire savoir aux serviteurs que j'avais terminé, mais je n'en trouvai aucune. Il y a des déficiences certaines dans l'organisation de la maison, compte tenu de la richesse extraordinaire dont je suis entouré. There are definite deficiencies in the organization of the house, given the extraordinary wealth I'm surrounded by. No cabe duda de que la organización de la casa es deficiente, dada la extraordinaria riqueza de la que estoy rodeado. Le service de table est en or, et si délicatement travaillé qu'il doit avoir une valeur immense. The dinner service is in gold, and so delicately crafted that it must be of immense value. Les rideaux, les tissus qui couvent les fauteuils et les sofas, et les penderies de mon lit, proviennent des fabriques les plus chères et les plus réputées, et ils devaient avoir une valeur fabuleuse lorsqu'ils étaient neufs, car ils sont vieux de plusieurs siècles, même s'ils sont encore en excellent état. The curtains, the fabrics that cover the armchairs and sofas, and the closets on my bed, come from the most expensive and reputable mills, and they must have been fabulously valuable when new, because they are centuries old, even though they are still in excellent condition. J'en ai vu de semblables à Hampton Court, mais ils étaient usés et miteux. Mais dans aucune des pièces je ne trouvai de miroir. Il n'y avait même pas de miroir de toilette sur ma table, et je dus utiliser celui qui se trouvait dans mon nécessaire à barbe dans mon sac afin de me raser et de me coiffer. There wasn't even a dressing mirror on my table, and I had to use the one in my beard kit in my bag to shave and style my hair. Je n'ai pas encore vu de serviteur, ni entendu le moindre bruit aux environs du château, à part le hurlement des loups. I haven't seen a servant yet, nor have I heard the slightest noise around the castle, apart from the howling of the wolves. Non ho ancora visto un servitore, né ho sentito il minimo rumore nelle vicinanze del castello, a parte l'ululato dei lupi. Un peu après avoir terminé mon repas (je ne saurais dire s'il s'agissait d'un petit déjeuner ou d'un dîner, car je le pris entre cinq et six heures), je cherchai quelque chose à lire, car je ne voulais pas déambuler dans le château avant d'en avoir demandé la permission au Comte. A little after I'd finished my meal (I couldn't tell whether it was breakfast or dinner, as I had it between five and six o'clock), I looked for something to read, as I didn't want to wander around the castle until I'd asked the Count's permission. Il n'y avait absolument rien dans la pièce, ni livre, ni journal, ni même de quoi écrire ; alors j'ouvris une autre porte, et me trouvai dans une sorte de bibliothèque. There was absolutely nothing in the room, no book, no newspaper, not even anything to write with; so I opened another door, and found myself in a sort of library. J'essayai la porte qui se trouvait de l'autre côté de la pièce, mais elle était fermée. I tried the door on the other side of the room, but it was locked. Dans la bibliothèque, je trouvai, à mon grand étonnement, un grand nombre de livres anglais ; certaines étagères en étaient pleines, ainsi que des journaux et magazines en volumes reliés. In the library, I found, to my astonishment, a large number of English books; some shelves were full of them, as well as newspapers and magazines in bound volumes. Au milieu de la pièce, une table était couverte de journaux anglais, même si aucun n'était récent. In the middle of the room, a table was covered with English newspapers, although none of them were recent. Les livres traitaient de sujets variés : histoire, géographie, politique, économie politique, botanique, géologie,

droit – tous relatifs à l'Angleterre, et à la vie, aux coutumes et aux manières anglaises. law - all relating to England, and English life, customs and manners.