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Bram Stoker - Dracula, Part (39)

Part (39)

Si je le fais, ou si je rouvre celui- ci, il traitera d'autres personnes et d'autres sujets; car pour l'heure, à la fin, au dernier mot de la romance de ma vie, je vais reprendre le cours de mon travail, en disant tristement, et sans espoir : « FIN ». LA GAZETTE DE WESTMINSTER, 25 septembre Mystère à Hamptstead Les environs de Hampstead sont secoués en ce moment-même par une série d'événements qui semblent comparables à ceux que les auteurs des gros titres connaissent sous le nom de « L'horreur de Kensington », « La Femme Poignardée » ou « La Dame en Noir ». Au cours des deux ou trois derniers jours, on rapporte plusieurs cas de jeunes enfants enlevés de leur domicile ou ne revenant pas après avoir joué dans le parc. Dans tous les cas, les enfants étaient trop jeunes pour rendre compte de manière claire et intelligible ce qui était arrivé, mais il semble y avoir un consensus, dans leurs histoires, sur une « dame sanglante ». Ils ont toujours disparu assez tard dans la soirée, et à deux reprises les enfants n'ont été retrouvés que tard le lendemain matin. On admet dans le voisinage que, comme le premier enfant a expliqué sa disparition par « une dame sanglante » qui lui aurait demandé de faire une promenade avec elle, les autres se sont contentés de répéter cette phrase et de l'utiliser quand l'occasion s'en est trouvée. Cela semble l'explication la plus naturelle, étant donné que le jeu favori des enfants, maintenant, est de s'entrainer les uns les autres par des ruses. Un correspondant nous rapporte que certains des petits bambins prétendant être « la Dame Sanglante » sont extrêmement amusants. Nos caricaturistes, selon lui, seraient bien inspirés de prendre auprès d'eux des leçons d'ironie et de grotesque. Il est dans la nature des choses que la Dame Sanglante soit le rôle vedette de ces représentations de plein air. Notre correspondant dit naïvement que même Ellen Terry n'arriverait pas à la cheville de certains de ces petits enfants crasseux.

Il y a, malgré tout, possiblement quelque chose de sérieux dans cette affaire, car certains enfants - en fait, tous ceux qui ont été portés disparus toute la nuit, ont été légèrement déchirés ou blessés à la gorge. Les blessures semblent similaires à celles que pourrait causer un rat ou un petit chien, et bien qu'assez insignifiantes en elles-mêmes, leur répétition semble montrer que l'animal en question appliquerait une sorte de méthode. La police du secteur a reçu pour consigne de veiller activement sur les enfants qui vagabondent, surtout les plus jeunes, à Hampstead Heath et dans les environs, ainsi que sur les éventuels chiens errants. LA GAZETTE DE WESTMINSTER, 25 septembre, EDITION SPECIALE Horreur à Hampstead - un nouvel enfant blessé «La Dame Sanglante » On vient juste de nous rapporter qu'un autre enfant, disparu la nuit dernière, a été découvert tard dans la matinée, sous un buisson d'ajonc du côté de Shooter's Hill à Hampstead Heath, qui est, peut-être, un peu moins fréquenté que les autres côtés. L'enfant a la même minuscule blessure à la gorge que les autres victimes. Il était terriblement faible, et semblait absolument décharné. Lui aussi, lorsqu'il fut un peu remis, a raconté la même histoire, déjà racontée par les autres : il aurait été attiré au loin par la « dame sanglante ».

CHAPITRE 14 Journal de Mina Harker, 23 Septembre Jonathan se sent mieux après une mauvaise nuit. Je suis très contente qu'il ait énormément de travail, car cela éloigne son esprit des sombres sujets qui l'agitent; et je me réjouis vraiment qu'il croule maintenant sous les responsabilités de sa nouvelle position. Je savais qu'il serait fidèle à lui-même, et maintenant j'exulte de fierté de voir mon Jonathan s'élever vers le sommet de sa carrière et rester à la hauteur des devoirs qui lui incombent. Il sera dehors aujourd'hui, jusqu'à une heure tardive, car il a dit qu'il ne pourrait déjeuner à la maison. Mes travaux domestiques sont terminés, aussi vais-je prendre son carnet de voyage, et m'enfermer dans ma chambre pour le lire… 24 septembre - Je n'avais pas le cœur à écrire, hier soir : le carnet tenu par Jonathan m'a fortement ébranlée. Pauvre amour ! Comme il a dû souffrir, que tout ceci soit vrai, ou le fruit de son imagination. Je me demande s'il y a quoi que ce soit de réel dans tout ce récit. A-t-il contracté sa fièvre cérébrale d'abord, et ensuite seulement, écrit toutes ces choses horribles, ou y a-t- il une cause à tout ceci ? Je suppose que je ne le saurai jamais, car je n'ose aborder ce sujet avec lui… Et pourtant, cet homme que nous avons vu hier ! Il avait l'air bien sûr de lui…. Pauvre garçon ! Je crois que les funérailles l'ont bouleversé et ont ramené son esprit à des pensées anciennes… Il croit à tout ceci lui-même. Je me souviens, que, le jour de notre mariage, il a dit : « à moins que, vraiment, quelque devoir impérieux ne m'oblige à retourner aux heures amères qui sont consignées ici - que ce soit le produit de la raison ou de la folie, de la veille ou du songe. » Il semble y avoir à travers tout ceci une sorte de fil conducteur… Ce comte épouvantable devait venir à Londres… Si c'était le cas, et s'il était à Londres, avec tous ses millions…. Il pourrait y avoir un « devoir impérieux », et nous ne devrions pas nous y dérober. Je m'y préparerai. Je vais chercher ma machine à écrire à l'instant même et commencer la transcription. Ainsi nous serons prêts à partager cela avec d'autres yeux si nécessaire. Et alors, s'il en était besoin, peut-être, si j'y suis prête, pourrais-je répondre pour Jonathan et lui éviter qu'on le dérange à ce sujet. Et si jamais un jour Jonathan surmonte sa nervosité, il aura peut-être envie de tout me raconter, et je pourrai alors lui poser des questions, résoudre certaines choses, et voir quel réconfort je puis lui apporter. Lettre de Van Helsing à Mrs. Harker 24 septembre Confidentielle Chère Madame, Je vous prie de bien vouloir m'excuser de vous écrire, mais je suis déjà en quelque sorte un ami, puisque je vous ai fait parvenir la triste nouvelle de la mort de Miss Lucy Westenra. Avec l'aimable autorisation de Lord Godalming, je suis autorisé à lire ses lettres et documents, car je suis concerné par certaines affaires d'un intérêt vital. Dans ces papiers, j'ai trouvé des lettres de vous, qui montrent à quel point vous étiez amies, et combien vous l'aimiez. Oh, Madame Mina, au nom de cet amour, je vous en supplie, aidez-moi. C'est pour le bien des autres que je vous le demande, pour réparer un grand mal, et pour mettre fin à des troubles plus terribles que tout ce que vous pouvez imaginer. Me serait-il possible de vous rencontrer ? Vous pouvez me faire confiance, je suis un ami du Dr. Seward et de Lord Godalming (le Arthur de Miss Lucy). Tout cela doit rester secret pour eux pour le moment. Je me rendrai sur l'heure à Exeter pour vous y rencontrer si vous avez la bonté de m'y autoriser, à l'heure et au lieu qui vous plairont. J'implore votre pardon, Madame. J'ai lu vos lettres à la pauvre Lucy ; je sais combien vous êtes bonne et à quel point votre mari a souffert, alors je vous en prie, si possible ne l'informez pas de ma démarche, cela pourrait nuire à sa santé. A nouveau, pardonnez-moi. Van Helsing.

TELEGRAMME de MRS Harker à VAN HELSING, 25 septembre Venez aujourd'hui par le train de dix heures et quart si vous arrivez à l'attraper. Je suis disponible à n'importe quel moment. Wilhelmina Harker. Journal de MINA HARKER, 25 septembre Alors que le moment s'approche de rencontrer le Docteur Van Helsing, je ne peux m'empêcher de ressentir une vive excitation - je ne sais trop pourquoi, j'ai l'impression que cet entretien va m'éclairer sur la triste expérience de Jonathan; et puisque le Docteur s'est occupé de ma pauvre Lucy dans son dernier combat, il pourra aussi tout me raconter à ce sujet. C'est d'ailleurs la raison de sa venue; il souhaite me parler de Lucy et de son somnambulisme, et non de Jonathan. Ah… je ne connaîtrai donc jamais la vérité ! Comme je suis sotte. Cet affreux journal a porté sur mon imagination et déteint sur tout le reste. Bien sûr qu'il s'agit de Lucy, de cette étrange habitude qui lui était revenue, et de cette affreuse nuit sur la falaise qui a dû la rendre malade. J'en suis presque venue à oublier à quel point elle était souffrante, par la suite, plongée que j'étais dans mes propres problèmes. Elle doit lui avoir parlé de son somnambulisme sur la falaise, et doit lui avoir confié que j'étais au courant; et maintenant il souhaite que je lui dise tout ce que je sais, afin de l'aider à comprendre. J'espère avoir bien fait de ne rien dire à Mrs Westenra, je ne me le pardonnerais jamais si la moindre action, ou omission, de ma part, avait porté préjudice à cette pauvre chère Lucy. J'espère aussi que le Dr Van Helsing ne m'accusera pas ; j'ai eu tant d'inquiétudes et de problèmes ces derniers temps que je sens que je ne pourrais rien supporter de plus à présent. Je pense que pleurer nous fait du bien à tous, quelquefois - cela rafraîchit l'air comme le fait la pluie. Peut-être que c'était la lecture du journal, hier, qui m'a bouleversée, et voilà que Jonathan est parti ce matin pour rester loin de moi une longue journée et toute une nuit - la première où nous serons séparés depuis notre mariage. J'espère vraiment que mon cher compagnon saura prendre soin de lui-même, et que rien de fâcheux ne lui arrivera. Il est deux heures, et le docteur ne devrait pas tarder maintenant. Je ne dirai rien du journal de Jonathan, à moins qu'il ne me pose la question. Je suis si heureuse d'avoir dactylographié mon propre journal - ainsi, au cas où il me demande des détails à propos de Lucy, je pourrai le lui tendre, et cela m'épargnera la peine de répondre à bien des questions. Plus tard - Il est venu et reparti. Oh, quel étrange entretien, cela me donne le vertige ! Je me sens comme dans un rêve. Est-ce que tout cela, et même une infime partie de tout cela, est possible ? Si je n'avais pas lu d'abord le journal de Jonathan, je n'y aurais même pas songé. Pauvre, pauvre cher Jonathan ! Comme il a dû souffrir. Qu'il plaise à Dieu que tout ceci ne le perturbe pas davantage. J'essaierai de l'épargner; mais cela pourrait aussi constituer une consolation et une aide pour lui - quelque difficile et lourd de conséquences que ce soit - de savoir avec certitude que ses yeux, ses oreilles et son cerveau ne l'ont pas trompé, et que tout ce qu'il a écrit est vrai. C'est peut-être le doute qui le ronge, et il est possible qu'une fois le doute levé, dans un sens ou dans l'autre - que l'on prouve que c'était bien vrai, ou que c'était juste un rêve - il se sentirait mieux et plus fort pour surmonter le choc. Le Dr Van Helsing doit être un homme bon, en plus d'être un savant, s'il est un ami d'Arthur et du Dr Seward, et s'ils l'ont fait venir de Hollande exprès pour s'occuper de Lucy. J'ai eu l'impression, en le voyant, qu'il était plein de bonté et de noblesse. Quand il viendra demain je lui poserai des questions à propos de Jonathan, et alors, avec l'aide de Dieu, tout ce chagrin et cette angoisse s'achèveront peut-être en une fin heureuse. J'avais pour projet d'écrire quelques interviews; l'ami de Jonathan qui travaille à Exeter News lui a dit que la mémoire était capitale dans un tel travail - que vous deviez être capable de retranscrire exactement chaque mot prononcé, même si vous deviez peaufiner certaines choses par la suite. Cet entretien était une interview exceptionnelle; aussi j'essaierai de la retranscrire verbatim.

Il était deux heures trente lorsque j'entendis toquer à la porte. Je pris mon courage à deux mains et attendis. Quelques instants plus tard, Mary ouvrit la porte et annonça « Docteur Van Helsing ».

Part (39) Anteil (39) Part (39) Parte (39) Część (39)

Si je le fais, ou si je rouvre celui- ci, il traitera d'autres personnes et d'autres sujets; car pour l'heure, à la fin, au dernier mot de la romance de ma vie, je vais reprendre le cours de mon travail, en disant tristement, et sans espoir : « FIN ». LA GAZETTE DE WESTMINSTER, 25 septembre Mystère à Hamptstead Les environs de Hampstead sont secoués en ce moment-même par une série d'événements qui semblent comparables à ceux que les auteurs des gros titres connaissent sous le nom de « L'horreur de Kensington », « La Femme Poignardée » ou « La Dame en Noir ». Au cours des deux ou trois derniers jours, on rapporte plusieurs cas de jeunes enfants enlevés de leur domicile ou ne revenant pas après avoir joué dans le parc. Dans tous les cas, les enfants étaient trop jeunes pour rendre compte de manière claire et intelligible ce qui était arrivé, mais il semble y avoir un consensus, dans leurs histoires, sur une « dame sanglante ». Ils ont toujours disparu assez tard dans la soirée, et à deux reprises les enfants n'ont été retrouvés que tard le lendemain matin. On admet dans le voisinage que, comme le premier enfant a expliqué sa disparition par « une dame sanglante » qui lui aurait demandé de faire une promenade avec elle, les autres se sont contentés de répéter cette phrase et de l'utiliser quand l'occasion s'en est trouvée. Cela semble l'explication la plus naturelle, étant donné que le jeu favori des enfants, maintenant, est de s'entrainer les uns les autres par des ruses. Un correspondant nous rapporte que certains des petits bambins prétendant être « la Dame Sanglante » sont extrêmement amusants. Nos caricaturistes, selon lui, seraient bien inspirés de prendre auprès d'eux des leçons d'ironie et de grotesque. Il est dans la nature des choses que la Dame Sanglante soit le rôle vedette de ces représentations de plein air. Notre correspondant dit naïvement que même Ellen Terry n'arriverait pas à la cheville de certains de ces petits enfants crasseux. Our correspondent naively says that not even Ellen Terry could keep up with some of these filthy little kids.

Il y a, malgré tout, possiblement quelque chose de sérieux dans cette affaire, car certains enfants - en fait, tous ceux qui ont été portés disparus toute la nuit, ont été légèrement déchirés ou blessés à la gorge. Les blessures semblent similaires à celles que pourrait causer un rat ou un petit chien, et bien qu'assez insignifiantes en elles-mêmes, leur répétition semble montrer que l'animal en question appliquerait une sorte de méthode. La police du secteur a reçu pour consigne de veiller activement sur les enfants qui vagabondent, surtout les plus jeunes, à Hampstead Heath et dans les environs, ainsi que sur les éventuels chiens errants. LA GAZETTE DE WESTMINSTER, 25 septembre, EDITION SPECIALE Horreur à Hampstead - un nouvel enfant blessé «La Dame Sanglante » On vient juste de nous rapporter qu'un autre enfant, disparu la nuit dernière, a été découvert tard dans la matinée, sous un buisson d'ajonc du côté de Shooter's Hill à Hampstead Heath, qui est, peut-être, un peu moins fréquenté que les autres côtés. L'enfant a la même minuscule blessure à la gorge que les autres victimes. Il était terriblement faible, et semblait absolument décharné. Lui aussi, lorsqu'il fut un peu remis, a raconté la même histoire, déjà racontée par les autres : il aurait été attiré au loin par la « dame sanglante ».

CHAPITRE 14 Journal de Mina Harker, 23 Septembre Jonathan se sent mieux après une mauvaise nuit. Je suis très contente qu'il ait énormément de travail, car cela éloigne son esprit des sombres sujets qui l'agitent; et je me réjouis vraiment qu'il croule maintenant sous les responsabilités de sa nouvelle position. Je savais qu'il serait fidèle à lui-même, et maintenant j'exulte de fierté de voir mon Jonathan s'élever vers le sommet de sa carrière et rester à la hauteur des devoirs qui lui incombent. Il sera dehors aujourd'hui, jusqu'à une heure tardive, car il a dit qu'il ne pourrait déjeuner à la maison. Mes travaux domestiques sont terminés, aussi vais-je prendre son carnet de voyage, et m'enfermer dans ma chambre pour le lire… 24 septembre - Je n'avais pas le cœur à écrire, hier soir : le carnet tenu par Jonathan m'a fortement ébranlée. Pauvre amour ! Comme il a dû souffrir, que tout ceci soit vrai, ou le fruit de son imagination. Je me demande s'il y a quoi que ce soit de réel dans tout ce récit. A-t-il contracté sa fièvre cérébrale d'abord, et ensuite seulement, écrit toutes ces choses horribles, ou y a-t- il une cause à tout ceci ? Je suppose que je ne le saurai jamais, car je n'ose aborder ce sujet avec lui… Et pourtant, cet homme que nous avons vu hier ! Il avait l'air bien sûr de lui…. Pauvre garçon ! Je crois que les funérailles l'ont bouleversé et ont ramené son esprit à des pensées anciennes… Il croit à tout ceci lui-même. Je me souviens, que, le jour de notre mariage, il a dit : « à moins que, vraiment, quelque devoir impérieux ne m'oblige à retourner aux heures amères qui sont consignées ici - que ce soit le produit de la raison ou de la folie, de la veille ou du songe. » Il semble y avoir à travers tout ceci une sorte de fil conducteur… Ce comte épouvantable devait venir à Londres… Si c'était le cas, et s'il était à Londres, avec tous ses millions…. Il pourrait y avoir un « devoir impérieux », et nous ne devrions pas nous y dérober. Je m'y préparerai. Je vais chercher ma machine à écrire à l'instant même et commencer la transcription. Ainsi nous serons prêts à partager cela avec d'autres yeux si nécessaire. Et alors, s'il en était besoin, peut-être, si j'y suis prête, pourrais-je répondre pour Jonathan et lui éviter qu'on le dérange à ce sujet. Et si jamais un jour Jonathan surmonte sa nervosité, il aura peut-être envie de tout me raconter, et je pourrai alors lui poser des questions, résoudre certaines choses, et voir quel réconfort je puis lui apporter. Lettre de Van Helsing à Mrs. Harker 24 septembre Confidentielle Chère Madame, Je vous prie de bien vouloir m'excuser de vous écrire, mais je suis déjà en quelque sorte un ami, puisque je vous ai fait parvenir la triste nouvelle de la mort de Miss Lucy Westenra. Avec l'aimable autorisation de Lord Godalming, je suis autorisé à lire ses lettres et documents, car je suis concerné par certaines affaires d'un intérêt vital. Dans ces papiers, j'ai trouvé des lettres de vous, qui montrent à quel point vous étiez amies, et combien vous l'aimiez. Oh, Madame Mina, au nom de cet amour, je vous en supplie, aidez-moi. C'est pour le bien des autres que je vous le demande, pour réparer un grand mal, et pour mettre fin à des troubles plus terribles que tout ce que vous pouvez imaginer. Me serait-il possible de vous rencontrer ? Vous pouvez me faire confiance, je suis un ami du Dr. Seward et de Lord Godalming (le Arthur de Miss Lucy). Tout cela doit rester secret pour eux pour le moment. Je me rendrai sur l'heure à Exeter pour vous y rencontrer si vous avez la bonté de m'y autoriser, à l'heure et au lieu qui vous plairont. J'implore votre pardon, Madame. J'ai lu vos lettres à la pauvre Lucy ; je sais combien vous êtes bonne et à quel point votre mari a souffert, alors je vous en prie, si possible ne l'informez pas de ma démarche, cela pourrait nuire à sa santé. A nouveau, pardonnez-moi. Van Helsing.

TELEGRAMME de MRS Harker à VAN HELSING, 25 septembre Venez aujourd'hui par le train de dix heures et quart si vous arrivez à l'attraper. Je suis disponible à n'importe quel moment. Wilhelmina Harker. Journal de MINA HARKER, 25 septembre Alors que le moment s'approche de rencontrer le Docteur Van Helsing, je ne peux m'empêcher de ressentir une vive excitation - je ne sais trop pourquoi, j'ai l'impression que cet entretien va m'éclairer sur la triste expérience de Jonathan; et puisque le Docteur s'est occupé de ma pauvre Lucy dans son dernier combat, il pourra aussi tout me raconter à ce sujet. C'est d'ailleurs la raison de sa venue; il souhaite me parler de Lucy et de son somnambulisme, et non de Jonathan. Ah… je ne connaîtrai donc jamais la vérité ! Comme je suis sotte. Cet affreux journal a porté sur mon imagination et déteint sur tout le reste. Bien sûr qu'il s'agit de Lucy, de cette étrange habitude qui lui était revenue, et de cette affreuse nuit sur la falaise qui a dû la rendre malade. J'en suis presque venue à oublier à quel point elle était souffrante, par la suite, plongée que j'étais dans mes propres problèmes. Elle doit lui avoir parlé de son somnambulisme sur la falaise, et doit lui avoir confié que j'étais au courant; et maintenant il souhaite que je lui dise tout ce que je sais, afin de l'aider à comprendre. J'espère avoir bien fait de ne rien dire à Mrs Westenra, je ne me le pardonnerais jamais si la moindre action, ou omission, de ma part, avait porté préjudice à cette pauvre chère Lucy. J'espère aussi que le Dr Van Helsing ne m'accusera pas ; j'ai eu tant d'inquiétudes et de problèmes ces derniers temps que je sens que je ne pourrais rien supporter de plus à présent. Je pense que pleurer nous fait du bien à tous, quelquefois - cela rafraîchit l'air comme le fait la pluie. Peut-être que c'était la lecture du journal, hier, qui m'a bouleversée, et voilà que Jonathan est parti ce matin pour rester loin de moi une longue journée et toute une nuit - la première où nous serons séparés depuis notre mariage. J'espère vraiment que mon cher compagnon saura prendre soin de lui-même, et que rien de fâcheux ne lui arrivera. Il est deux heures, et le docteur ne devrait pas tarder maintenant. Je ne dirai rien du journal de Jonathan, à moins qu'il ne me pose la question. Je suis si heureuse d'avoir dactylographié mon propre journal - ainsi, au cas où il me demande des détails à propos de Lucy, je pourrai le lui tendre, et cela m'épargnera la peine de répondre à bien des questions. Plus tard - Il est venu et reparti. Oh, quel étrange entretien, cela me donne le vertige ! Je me sens comme dans un rêve. Est-ce que tout cela, et même une infime partie de tout cela, est possible ? Si je n'avais pas lu d'abord le journal de Jonathan, je n'y aurais même pas songé. Pauvre, pauvre cher Jonathan ! Comme il a dû souffrir. Qu'il plaise à Dieu que tout ceci ne le perturbe pas davantage. J'essaierai de l'épargner; mais cela pourrait aussi constituer une consolation et une aide pour lui - quelque difficile et lourd de conséquences que ce soit - de savoir avec certitude que ses yeux, ses oreilles et son cerveau ne l'ont pas trompé, et que tout ce qu'il a écrit est vrai. C'est peut-être le doute qui le ronge, et il est possible qu'une fois le doute levé, dans un sens ou dans l'autre - que l'on prouve que c'était bien vrai, ou que c'était juste un rêve - il se sentirait mieux et plus fort pour surmonter le choc. Le Dr Van Helsing doit être un homme bon, en plus d'être un savant, s'il est un ami d'Arthur et du Dr Seward, et s'ils l'ont fait venir de Hollande exprès pour s'occuper de Lucy. J'ai eu l'impression, en le voyant, qu'il était plein de bonté et de noblesse. Quand il viendra demain je lui poserai des questions à propos de Jonathan, et alors, avec l'aide de Dieu, tout ce chagrin et cette angoisse s'achèveront peut-être en une fin heureuse. J'avais pour projet d'écrire quelques interviews; l'ami de Jonathan qui travaille à Exeter News lui a dit que la mémoire était capitale dans un tel travail - que vous deviez être capable de retranscrire exactement chaque mot prononcé, même si vous deviez peaufiner certaines choses par la suite. Cet entretien était une interview exceptionnelle; aussi j'essaierai de la retranscrire verbatim.

Il était deux heures trente lorsque j'entendis toquer à la porte. Je pris mon courage à deux mains et attendis. Quelques instants plus tard, Mary ouvrit la porte et annonça « Docteur Van Helsing ».