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Bram Stoker - Dracula, Part (28)

Part (28)

Mais par le ciel, que voulez-vous dire ? » « Je ne sais pas, oh, je ne sais pas. Et c'est pour cela que c'est si terrible ! Cette faiblesse m'envahit quand je dors. Aussi, je tremble à la seule pensée de m'endormir ! » « Mais, ma chère enfant, vous pouvez dormir cette nuit. Je veille sur vous, et je peux vous promettre qu'il n'arrivera rien de fâcheux. » « Ah, je vous fais confiance. » Je saisis l'opportunité et lui répondis : « Je vous promets que si je vois le moindre signe d'un mauvais rêve, je vous réveillerai sans attendre. » « Vraiment ? Oh, vous le ferez vraiment ? Comme vous êtes bon pour moi. Alors, c'est entendu, je dormirai. » Et en prononçant ces mots, elle poussa un long soupir de soulagement, et sombra dans le sommeil. Toute la nuit, je la veillai. Elle resta immobile et dormit d'un long sommeil profond et réparateur, les lèvres légèrement entrouvertes, sa poitrine se soulevant et s'abaissant avec la régularité d'une horloge. Elle souriait en dormant : il était évident qu'aucun mauvais rêve ne venait troubler sa tranquillité d'esprit. Tôt le matin, la femme de chambre entra ; je confiai Lucy à ses soins et rentrai chez moi, où j'avais à m'occuper de nombreuses choses. J'envoyai un court télégramme à Van Helsing et à Arthur, pour leur faire part des excellents résultats qu'avait donnés l'opération. Mon propre travail, avec tout le retard accumulé, m'occupa toute la journée, et il faisait nuit noire quand je trouvai le temps de m'enquérir de mon patient zoophage. Les nouvelles étaient bonnes : il était resté calme toute la journée et toute la nuit. Pendant mon dîner, je reçus un télégramme de Van Helsing en provenance d'Amsterdam, qui me recommandait de me rendre à Hillingham pour être prêt à le recevoir : en effet, il partait par la malle-poste du soir, et me rejoindrait là-bas tôt le lendemain matin. Journal du Dr. Seward

9 septembre. J'étais très fatigué lorsque j'arrivai à Hillingham. Depuis deux nuits, j'avais à peine dormi, et mon esprit commençait à ressentir cet engourdissement qui est le signe de l'épuisement cérébral. Lucy était levée, et d'excellente humeur. Quand elle me serra la main, elle me regarda droit dans les yeux, et me dit : « Pas de veillée pour vous ce soir. Vous êtes épuisé. Quant à moi, je vais mieux, réellement, et s'il faut encore veiller, alors ce sera moi qui vous veillerai ! » Je ne voulus pas le contredire et allai me restaurer. Lucy m'accompagna, et, égayé par sa charmante présence, je fis un délicieux repas, et bus quelques verres d'un porto vraiment excellent. Puis Lucy m'emmena à l'étage dans une pièce attenante à sa chambre, où brûlait un feu très agréable. « Et maintenant » dit-elle, vous restez ici. Je vais laisser cette porte ouverte, et la mienne également. Vous pouvez vous étendre sur le sofa ; je sais bien que vous autres médecins êtes incapables d'aller au lit tant qu'il y a un malade à l'horizon. Si j'ai besoin de quoi que ce soit, j'appellerai, et vous viendrez immédiatement. » Je ne pus qu'accepter, car j'étais brisé de fatigue, et n'aurais pu rester assis si j'avais essayé. Et ainsi, tandis qu'elle renouvelait sa promesse de m'appeler si elle avait besoin de quoi que ce soit, je m'étendis sur le sofa, et oubliai tout. Journal de Lucy Westenra, 9 septembre Je me sens très heureuse ce soir. Ma faiblesse a été si terrible, que le simple fait d'être capable de penser et de bouger est exactement comme de sentir la caresse du soleil après une longue période de vent sur un ciel d'acier. En tout cas, je sens Arthur vraiment, vraiment proche de moi. Sa présence chaleureuse est là qui m'enveloppe. Peut-être est-ce parce que la faiblesse et la maladie sont des choses égoïstes, qui nous empêchent de nous intéresser à autre chose qu'à nous-mêmes, tandis que la santé et la force donnent libre cours à l'Amour. Je connais mes pensées. Si seulement Arthur les connaissait aussi ! Mon chéri, mon chéri, vos oreilles doivent tinter pendant votre sommeil, comme les miennes pendant la veille. Oh, le repos béni de la nuit dernière ! Comme j'ai bien dormi, avec le bon Dr Seward qui veillait sur moi. Et cette nuit je n'aurai pas peur de dormir, puisqu'il est à portée de main et de voix. Merci à tout le monde d'être si bon pour moi ! Merci à Dieu ! Bonne nuit, Arthur. Journal du Dr. Seward 10 septembre. Je pris conscience de la main du Professeur posée sur ma tête, et fus réveillé dans l'instant : voilà au moins une chose que l'on apprend, quand on travaille dans un asile. « Et comment va notre patiente ? » « Bien, quand je l'ai quittée – ou plutôt quand elle m'a quitté » répondis-je. « Venez, allons voir » dit-il. Et nous entrâmes ensemble dans la chambre de la jeune fille. Le store était baissé, et j'allai le lever tout doucement, tandis que Van Helsing s'avançait de sa démarche de chat vers le lit. Quand je levai le store, la lumière du matin inonda la chambre. J'entendis la fameuse inspiration sifflante du Professeur, et sachant combien elle était rare, une terreur mortelle envahit mon cœur. Tandis que j'arrivais, il se recula, poussant une exclamation d'horreur « Gott im Himmel ! » qui aurait suffi à me faire comprendre la situation si je n'avais vu son visage tourmenté. Il leva la main, et me désigna le lit, et son visage était tiré et d'une pâleur de cendres. Mes genoux se mirent à trembler.

Là sur le lit, la pauvre Lucy était étendue apparemment sans connaissance, plus horriblement pâle et affaiblie que jamais. Même ses lèvres étaient blanches, et ses gencives semblaient s'être rétractées, comme on peut parfois le voir sur un cadavre après une très longue maladie. Van Helsing leva un pied rageur pour frapper le sol, mais un instinct issu de longues années d'habitude l'arrêta, et il le reposa doucement au sol. « Vite ! » dit-il. « Amenez le brandy ! » Je filai à la salle à manger, et revins avec la carafe. Il en humecta les pauvres lèvres blanchâtres de Lucy, puis nous lui en frottâmes les mains, les poignets et le cœur. Il prit son pouls, et après quelques moments d'insoutenable angoisse, il dit : « Il n'est pas trop tard. Il bat, bien que faiblement. Tout est à refaire, nous devons recommencer. Le jeune Arthur n'est pas ici, je dois faire appel à vous-même, mon ami John. » Tandis qu'il parlait, il sortait de sa sacoche les instruments nécessaires à la transfusion ; de mon côté j'avais ôté ma veste et relevé ma manche de chemise. Il n'y avait pas la possibilité d'utiliser un opiacé, et, à vrai dire, ce n'était pas nécessaire, et nous commençâmes donc l'opération sans délai. Après un moment – qui ne me sembla pas court en tout cas, car tirer son sang, même si on le fait de son plein gré, est une expérience terrible – Van Helsing leva un doigt pour me mettre en garde : « Ne bougez pas » dit-il, « J'ai peur qu'en recouvrant ses forces elle ne s'éveille, et cela pourrait être dangereux, oh, tellement dangereux. Mais je vais prendre mes précautions. Je vais lui faire une injection hypodermique de morphine. » Ce qu'il fit, avec rapidité et dextérité. L'effet de la drogue sur Lucy ne fut pas mauvais ; l'évanouissement sembla se transformer graduellement en un sommeil dû au narcotique. Ce ne fut pas sans une certaine fierté que je pus voir les joues et les lèvres pâles reprendre de légères teintes de couleur. Aucun homme ne peut imaginer, tant qu'il n'en a pas fait l'expérience, ce qu'on éprouve quand on sent son sang quitter son propre corps pour celui de la femme qu'on aime. Le Professeur me regarda d'un œil critique. « Cela ira », dit-il. « Déjà ? » protestai-je. « Vous en avez pris beaucoup plus à Art. » Sur quoi il sourit tristement et répliqua : « Il est son fiancé. Vous avez du travail, beaucoup de travail à faire, pour elle et pour les autres ; et pour l'instant, cela suffira. » Après avoir interrompu l'opération, il s'occupa de Lucy, tandis que je pressais avec le doigt ma propre incision. Je m'étendis en attendant que le Professeur veuille bien s'occuper de moi, car je me sentais faible et vaguement malade. Puis il vint me faire un pansement, et m'envoya en bas boire un verre de vin. Tandis que je quittais la pièce, il me suivit un instant et me murmura à l'oreille : « Souvenez-vous, ne parlez de ceci à personne. Si notre jeune fiancé revenait à l'improviste, ne lui dites pas un mot. Cela ne manquerait pas de l'effrayer, et de le rendre jaloux, aussi. Il ne le faut pas. Allez ! » Quand je revins, il me regarda avec attention, puis me dit : « Vous n'êtes pas si mal en point. Allez dans la chambre à côté et étendez-vous sur le sofa ; reposez-vous un moment. Puis prenez un petit déjeuner et venez me rejoindre. » J'exécutai ses ordres, car je savais qu'ils étaient sages et pertinents. J'avais fait ma part, et maintenant, mon devoir était de recouvrer mes forces. Je me sentais très faible, et cette faiblesse m'empêchait de m'étonner de ce qui venait de se passer. Toutefois, en m'endormant sur le sofa, je me demandais encore et toujours comment l'état de Lucy avait pu s'aggraver à ce point, et comment elle avait pu perdre autant de sang sans qu'on n'en ait pu voir nulle part la moindre trace. Je pense que cette question me poursuivit jusque dans mes rêves, car, éveillé ou endormi, ma pensée revenait toujours à ces deux petites piqûres sur sa gorge, et à leurs bordures déchiquetées, bien qu'elles fussent minuscules. Lucy dormit bien toute la journée, et lorsqu'elle se réveilla elle avait quelque peu retrouvé sa santé et sa force, quoique pas autant que le jour précédent. Van Helsing l'examina, puis il sortit faire quelques pas, me la confiant, en me recommandant strictement de ne pas la quitter un seul instant. J'entendis sa voix dans le hall : il demandait comment se rendre au plus proche bureau de télégraphe.

Lucy bavarda tranquillement avec moi, et ne semblait pas consciente de ce qui s'était passé. J'essayai de l'amuser et de l'occuper. Quand sa mère monta la voir, elle ne sembla pas non plus s'apercevoir du moindre changement, mais elle me dit avec gratitude : « Nous vous devons tant, Dr. Seward, pour tout ce que vous avez fait, mais vous devez vraiment faire attention à ne pas vous surmener. Vous avez l'air très pâle vous aussi maintenant. Vous devriez vous trouver une femme pour s'occuper de vous et vous entourer de ses soins, croyez-moi ! » Tandis qu'elle parlait, Lucy devint écarlate, même si ce ne fut que momentané, car ses pauvres veines ne purent soutenir bien longtemps cet afflux de sang vers son visage. En réaction, elle redevint d'une extrême pâleur quand elle tourna vers moi un regard implorant. Je souris en lui faisant un petit signe de connivence, et mis un doigt sur mes lèvres, et avec un soupir, elle s'abandonna au milieu de ses oreillers. Van Helsing revint au bout de deux heures et me dit : « Maintenant, vous rentrez chez vous, vous buvez et vous mangez bien. Retrouvez vos forces. Je resterai cette nuit au chevet de notre jeune miss. Vous et moi devons étudier ce cas, mais personne d'autre ne doit savoir. J'ai de très graves raisons pour cela. Non, ne me demandez rien et pensez ce que vous voudrez. Ne craignez même pas d'imaginer ce qui pourrait vous sembler le moins probable. Bonne nuit. » Dans le hall, deux servantes vinrent me demander si elles ne pourraient pas veiller Miss Lucy, ou au moins l'une d'entre elles. Elles m'implorèrent même, et quand je leur eus expliqué que c'était le désir du Dr. Van Helsing que Lucy ne soit veillée que par lui ou par moi-même, elles me demandèrent piteusement d'intercéder auprès du « gentleman étranger ». J'étais très touché par leur gentillesse, peut-être parce que je me sens faible, et peut-être aussi parce que c'était envers Lucy qu'elles manifestaient ainsi leur dévouement. J'ai souvent vu des occasions où les femmes faisaient preuve d'une telle bonté.

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Mais par le ciel, que voulez-vous dire ? » « Je ne sais pas, oh, je ne sais pas. Et c'est pour cela que c'est si terrible ! Cette faiblesse m'envahit quand je dors. Aussi, je tremble à la seule pensée de m'endormir ! Quindi rabbrividisco al pensiero di addormentarmi! » « Mais, ma chère enfant, vous pouvez dormir cette nuit. Je veille sur vous, et je peux vous promettre qu'il n'arrivera rien de fâcheux. Io veglio su di voi e posso assicurarvi che non accadrà nulla di spiacevole. » « Ah, je vous fais confiance. » Je saisis l'opportunité et lui répondis : « Je vous promets que si je vois le moindre signe d'un mauvais rêve, je vous réveillerai sans attendre. "Ho colto l'occasione e ho risposto: "Ti prometto che se vedrò il minimo segno di un brutto sogno, ti sveglierò immediatamente". » « Vraiment ? Oh, vous le ferez vraiment ? Comme vous êtes bon pour moi. Alors, c'est entendu, je dormirai. » Et en prononçant ces mots, elle poussa un long soupir de soulagement, et sombra dans le sommeil. Toute la nuit, je la veillai. Elle resta immobile et dormit d'un long sommeil profond et réparateur, les lèvres légèrement entrouvertes, sa poitrine se soulevant et s'abaissant avec la régularité d'une horloge. Elle souriait en dormant : il était évident qu'aucun mauvais rêve ne venait troubler sa tranquillité d'esprit. Tôt le matin, la femme de chambre entra ; je confiai Lucy à ses soins et rentrai chez moi, où j'avais à m'occuper de nombreuses choses. J'envoyai un court télégramme à Van Helsing et à Arthur, pour leur faire part des excellents résultats qu'avait donnés l'opération. Mon propre travail, avec tout le retard accumulé, m'occupa toute la journée, et il faisait nuit noire quand je trouvai le temps de m'enquérir de mon patient zoophage. Les nouvelles étaient bonnes : il était resté calme toute la journée et toute la nuit. Pendant mon dîner, je reçus un télégramme de Van Helsing en provenance d'Amsterdam, qui me recommandait de me rendre à Hillingham pour être prêt à le recevoir : en effet, il partait par la malle-poste du soir, et me rejoindrait là-bas tôt le lendemain matin. Journal du Dr. Seward

9 septembre. J'étais très fatigué lorsque j'arrivai à Hillingham. Depuis deux nuits, j'avais à peine dormi, et mon esprit commençait à ressentir cet engourdissement qui est le signe de l'épuisement cérébral. Lucy était levée, et d'excellente humeur. Quand elle me serra la main, elle me regarda droit dans les yeux, et me dit : « Pas de veillée pour vous ce soir. Vous êtes épuisé. Quant à moi, je vais mieux, réellement, et s'il faut encore veiller, alors ce sera moi qui vous veillerai ! » Je ne voulus pas le contredire et allai me restaurer. "I didn't want to contradict him and went to get something to eat. Lucy m'accompagna, et, égayé par sa charmante présence, je fis un délicieux repas, et bus quelques verres d'un porto vraiment excellent. Puis Lucy m'emmena à l'étage dans une pièce attenante à sa chambre, où brûlait un feu très agréable. « Et maintenant » dit-elle, vous restez ici. Je vais laisser cette porte ouverte, et la mienne également. Vous pouvez vous étendre sur le sofa ; je sais bien que vous autres médecins êtes incapables d'aller au lit tant qu'il y a un malade à l'horizon. Si j'ai besoin de quoi que ce soit, j'appellerai, et vous viendrez immédiatement. » Je ne pus qu'accepter, car j'étais brisé de fatigue, et n'aurais pu rester assis si j'avais essayé. "Non potevo che essere d'accordo, perché ero esausta e non sarei riuscita a stare seduta nemmeno se ci avessi provato. Et ainsi, tandis qu'elle renouvelait sa promesse de m'appeler si elle avait besoin de quoi que ce soit, je m'étendis sur le sofa, et oubliai tout. Journal de Lucy Westenra, 9 septembre Je me sens très heureuse ce soir. Ma faiblesse a été si terrible, que le simple fait d'être capable de penser et de bouger est exactement comme de sentir la caresse du soleil après une longue période de vent sur un ciel d'acier. En tout cas, je sens Arthur vraiment, vraiment proche de moi. Sa présence chaleureuse est là qui m'enveloppe. Peut-être est-ce parce que la faiblesse et la maladie sont des choses égoïstes, qui nous empêchent de nous intéresser à autre chose qu'à nous-mêmes, tandis que la santé et la force donnent libre cours à l'Amour. Je connais mes pensées. Si seulement Arthur les connaissait aussi ! Mon chéri, mon chéri, vos oreilles doivent tinter pendant votre sommeil, comme les miennes pendant la veille. Oh, le repos béni de la nuit dernière ! Comme j'ai bien dormi, avec le bon Dr Seward qui veillait sur moi. Et cette nuit je n'aurai pas peur de dormir, puisqu'il est à portée de main et de voix. Merci à tout le monde d'être si bon pour moi ! Merci à Dieu ! Bonne nuit, Arthur. Journal du Dr. Seward 10 septembre. Je pris conscience de la main du Professeur posée sur ma tête, et fus réveillé dans l'instant : voilà au moins une chose que l'on apprend, quand on travaille dans un asile. « Et comment va notre patiente ? » « Bien, quand je l'ai quittée – ou plutôt quand elle m'a quitté » répondis-je. « Venez, allons voir » dit-il. Et nous entrâmes ensemble dans la chambre de la jeune fille. Le store était baissé, et j'allai le lever tout doucement, tandis que Van Helsing s'avançait de sa démarche de chat vers le lit. La tenda era abbassata e sono andato a sollevarla lentamente, mentre Van Helsing camminava come un gatto verso il letto. Quand je levai le store, la lumière du matin inonda la chambre. J'entendis la fameuse inspiration sifflante du Professeur, et sachant combien elle était rare, une terreur mortelle envahit mon cœur. Tandis que j'arrivais, il se recula, poussant une exclamation d'horreur « Gott im Himmel ! » qui aurait suffi à me faire comprendre la situation si je n'avais vu son visage tourmenté. Il leva la main, et me désigna le lit, et son visage était tiré et d'une pâleur de cendres. Mes genoux se mirent à trembler.

Là sur le lit, la pauvre Lucy était étendue apparemment sans connaissance, plus horriblement pâle et affaiblie que jamais. Même ses lèvres étaient blanches, et ses gencives semblaient s'être rétractées, comme on peut parfois le voir sur un cadavre après une très longue maladie. Van Helsing leva un pied rageur pour frapper le sol, mais un instinct issu de longues années d'habitude l'arrêta, et il le reposa doucement au sol. « Vite ! » dit-il. « Amenez le brandy ! » Je filai à la salle à manger, et revins avec la carafe. Il en humecta les pauvres lèvres blanchâtres de Lucy, puis nous lui en frottâmes les mains, les poignets et le cœur. Il prit son pouls, et après quelques moments d'insoutenable angoisse, il dit : « Il n'est pas trop tard. Il bat, bien que faiblement. Tout est à refaire, nous devons recommencer. Le jeune Arthur n'est pas ici, je dois faire appel à vous-même, mon ami John. » Tandis qu'il parlait, il sortait de sa sacoche les instruments nécessaires à la transfusion ; de mon côté j'avais ôté ma veste et relevé ma manche de chemise. Il n'y avait pas la possibilité d'utiliser un opiacé, et, à vrai dire, ce n'était pas nécessaire, et nous commençâmes donc l'opération sans délai. Après un moment – qui ne me sembla pas court en tout cas, car tirer son sang, même si on le fait de son plein gré, est une expérience terrible – Van Helsing leva un doigt pour me mettre en garde : « Ne bougez pas » dit-il, « J'ai peur qu'en recouvrant ses forces elle ne s'éveille, et cela pourrait être dangereux, oh, tellement dangereux. Mais je vais prendre mes précautions. Je vais lui faire une injection hypodermique de morphine. » Ce qu'il fit, avec rapidité et dextérité. L'effet de la drogue sur Lucy ne fut pas mauvais ; l'évanouissement sembla se transformer graduellement en un sommeil dû au narcotique. Ce ne fut pas sans une certaine fierté que je pus voir les joues et les lèvres pâles reprendre de légères teintes de couleur. Aucun homme ne peut imaginer, tant qu'il n'en a pas fait l'expérience, ce qu'on éprouve quand on sent son sang quitter son propre corps pour celui de la femme qu'on aime. Nessun uomo può immaginare, finché non l'ha provato, cosa si prova a sentire il proprio sangue lasciare il proprio corpo per quello della donna che si ama. Le Professeur me regarda d'un œil critique. « Cela ira », dit-il. « Déjà ? » protestai-je. « Vous en avez pris beaucoup plus à Art. » Sur quoi il sourit tristement et répliqua : « Il est son fiancé. Vous avez du travail, beaucoup de travail à faire, pour elle et pour les autres ; et pour l'instant, cela suffira. » Après avoir interrompu l'opération, il s'occupa de Lucy, tandis que je pressais avec le doigt ma propre incision. Je m'étendis en attendant que le Professeur veuille bien s'occuper de moi, car je me sentais faible et vaguement malade. Puis il vint me faire un pansement, et m'envoya en bas boire un verre de vin. Tandis que je quittais la pièce, il me suivit un instant et me murmura à l'oreille : « Souvenez-vous, ne parlez de ceci à personne. Si notre jeune fiancé revenait à l'improviste, ne lui dites pas un mot. Cela ne manquerait pas de l'effrayer, et de le rendre jaloux, aussi. Il ne le faut pas. Allez ! » Quand je revins, il me regarda avec attention, puis me dit : « Vous n'êtes pas si mal en point. Allez dans la chambre à côté et étendez-vous sur le sofa ; reposez-vous un moment. Puis prenez un petit déjeuner et venez me rejoindre. » J'exécutai ses ordres, car je savais qu'ils étaient sages et pertinents. J'avais fait ma part, et maintenant, mon devoir était de recouvrer mes forces. Je me sentais très faible, et cette faiblesse m'empêchait de m'étonner de ce qui venait de se passer. Toutefois, en m'endormant sur le sofa, je me demandais encore et toujours comment l'état de Lucy avait pu s'aggraver à ce point, et comment elle avait pu perdre autant de sang sans qu'on n'en ait pu voir nulle part la moindre trace. Je pense que cette question me poursuivit jusque dans mes rêves, car, éveillé ou endormi, ma pensée revenait toujours à ces deux petites piqûres sur sa gorge, et à leurs bordures déchiquetées, bien qu'elles fussent minuscules. Lucy dormit bien toute la journée, et lorsqu'elle se réveilla elle avait quelque peu retrouvé sa santé et sa force, quoique pas autant que le jour précédent. Van Helsing l'examina, puis il sortit faire quelques pas, me la confiant, en me recommandant strictement de ne pas la quitter un seul instant. J'entendis sa voix dans le hall : il demandait comment se rendre au plus proche bureau de télégraphe.

Lucy bavarda tranquillement avec moi, et ne semblait pas consciente de ce qui s'était passé. J'essayai de l'amuser et de l'occuper. Quand sa mère monta la voir, elle ne sembla pas non plus s'apercevoir du moindre changement, mais elle me dit avec gratitude : « Nous vous devons tant, Dr. Seward, pour tout ce que vous avez fait, mais vous devez vraiment faire attention à ne pas vous surmener. Quando la madre andò a trovarla, non sembrò notare alcun cambiamento, ma disse con gratitudine: "Le dobbiamo molto, dottor Seward, per tutto quello che ha fatto, ma deve stare attento a non sovraccaricarsi. Vous avez l'air très pâle vous aussi maintenant. Vous devriez vous trouver une femme pour s'occuper de vous et vous entourer de ses soins, croyez-moi ! » Tandis qu'elle parlait, Lucy devint écarlate, même si ce ne fut que momentané, car ses pauvres veines ne purent soutenir bien longtemps cet afflux de sang vers son visage. "Mentre parlava, Lucy divenne scarlatta, anche se solo momentaneamente, perché le sue povere vene non potevano sostenere a lungo l'afflusso di sangue al viso. En réaction, elle redevint d'une extrême pâleur quand elle tourna vers moi un regard implorant. Je souris en lui faisant un petit signe de connivence, et mis un doigt sur mes lèvres, et avec un soupir, elle s'abandonna au milieu de ses oreillers. Van Helsing revint au bout de deux heures et me dit : « Maintenant, vous rentrez chez vous, vous buvez et vous mangez bien. Retrouvez vos forces. Je resterai cette nuit au chevet de notre jeune miss. Vous et moi devons étudier ce cas, mais personne d'autre ne doit savoir. J'ai de très graves raisons pour cela. Non, ne me demandez rien et pensez ce que vous voudrez. Ne craignez même pas d'imaginer ce qui pourrait vous sembler le moins probable. Non abbiate nemmeno paura di immaginare ciò che potrebbe sembrare meno probabile. Bonne nuit. » Dans le hall, deux servantes vinrent me demander si elles ne pourraient pas veiller Miss Lucy, ou au moins l'une d'entre elles. Elles m'implorèrent même, et quand je leur eus expliqué que c'était le désir du Dr. Van Helsing que Lucy ne soit veillée que par lui ou par moi-même, elles me demandèrent piteusement d'intercéder auprès du « gentleman étranger ». They even implored me, and when I explained that it was Dr. Van Helsing's wish that Lucy should be watched over only by him or myself, they piteously asked me to intercede with the "foreign gentleman". J'étais très touché par leur gentillesse, peut-être parce que je me sens faible, et peut-être aussi parce que c'était envers Lucy qu'elles manifestaient ainsi leur dévouement. J'ai souvent vu des occasions où les femmes faisaient preuve d'une telle bonté.