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Bram Stoker - Dracula, Part (20)

Part (20)

A la

fin l'homme s'est mis vraiment en colère, a sauté à terre et lui a donné un coup de pied, et ensuite il l'a attrapé par la peau du cou, et l'a à moitié tiré, et à moitié jeté sur la pierre tombale sur laquelle le banc est fixé. A l'instant où il a touché la pierre, le pauvre animal s'est brutalement tu et s'est mis à trembler. Il n'a pas essayé de s'enfuir, mais s'est recroquevillé, frémissant de terreur, et son attitude était si pitoyable que j'ai essayé, sans succès, de le réconforter. Lucy était emplie de pitié également, mais elle n'a pas essayé de toucher le chien, se contentant de le regarder avec des yeux pleins de souffrance. J'ai grand peur qu'elle soit le genre de nature hyper-sensible qui n'est pas capable de traverser le monde sans encombre. Je suis sûre qu'elle rêvera du chien, cette nuit. L'ensemble de ces événements - le navire ramené au port par un mort; sa silhouette enchaînée à la barre avec un crucifix et un chapelet; les funérailles si touchantes; le chien, passant de la rage à la terreur - tout cela va fournir un sombre matériau à ses cauchemars. Je pense qu'il serait préférable pour elle de se coucher bien fatiguée physiquement, aussi je vais l'emmener faire une longue promenade dans les falaises, l'aller et retour jusqu'à Robin Hood's Bay. Après cela, elle ne devrait pas avoir beaucoup d'inclination pour une promenade somnambulique.

CHAPITRE 8 Journal de MIna Murray Même jour, 23 heures Oh, que je suis fatiguée ! Si je ne me faisais pas un devoir de tenir ce journal, je ne l'ouvrirais pas ce soir. Nous avons fait une charmante promenade. Lucy, au bout d'un moment, était d'humeur plutôt gaie - grâce à l'intervention de ces chères vaches qui sont venues nous flairer dans un champ, tout près du phare, et qui nous ont flanqué une peur bleue. Je crois que nous avons à cet instant absolument tout oublié, en dehors de notre peur, et cela a fait place nette dans nos esprits, et nous a donné un nouveau départ. Nous nous sommes arrêtées dans un petit établissement vieillot, à Robin Hood's Bay, pour prendre un thé extrêmement copieux, devant une baie vitrée qui dominait les rochers du rivage recouverts par la marée. Je pense que nous aurions choqué le « New Woman » avec notre appétit ! Bénis soient les hommes qui sont plus tolérants à cet égard ! Ensuite nous avons fait le chemin du retour, entrecoupé de quelques - non, de nombreux - arrêts pour se reposer, nos coeurs toujours serrés sous la menace constante des taureaux sauvages. Lucy était vraiment fatiguée, et nous avons décidé de nous coucher le plus tôt possible. Le jeune curé a cependant eu la mauvaise idée de faire une visite, et Mrs Westenra, de le prier à souper. Lucy et moi avons mené un rude combat pour rester éveillées - je sais que de mon côté, c'était une bataille épique, et je suis assez héroïque. Je pense qu'un jour les évêques devraient se rassembler et réfléchir à la manière de former une nouvelle génération de curés qui n'acceptent pas de rester dîner, même lorsqu'on les en presse, et qui devinent lorsque les jeunes filles sont fatiguées. Lucy est à présent endormie et respire doucement. Elle a les joues plus colorées que d'habitude, et a un air si doux. Si Mister Holmwood est tombé amoureux d'elle alors qu'il ne l'a vue que dans un salon, je me demande bien ce qu'il dirait s'il la voyait maintenant. Les femmes qui écrivent pour « New Women » pondront peut-être un jour l'idée que les hommes et les femmes devraient être autorisés à se voir mutuellement pendant leur sommeil avant de faire leur demande en mariage ou de l'accepter. Mais je suppose que les femmes du futur ne se rabaisseront pas à accepter une proposition - elles feront leur demande elles-mêmes ! Et je suis sûre qu'elles le feront de manière charmante. Il y a une certaine consolation à cette idée. Je suis si heureuse ce soir, parce que ma chère Lucy semble mieux. Je suis persuadée qu'elle a passé le cap le plus difficile, et que c'en est fini de ses problèmes de rêves. Je serais vraiment heureuse si je savais si Jonathan… Que Dieu le bénisse et le garde. 11 août, 3h du matin Me revoilà. Pas moyen de trouver le sommeil, aussi autant me mettre à écrire. Je suis trop agitée pour dormir après avoir vécu une telle aventure, une expérience si épouvantable. Je m'endormis presque tout de suite après avoir refermé mon journal… Tout à coup je me trouvai parfaitement éveillée, et m'assis, avec une terrible impression de peur en moi, et une sensation de vide tout autour. La chambre était trop sombre pour que je puisse distinguer le lit de Lucy; je me précipitai donc à son chevet. Le lit était vide. Je frottai une allumette et constatai qu'elle n'était pas dans la chambre. La porte était fermée, mais pas verrouillée, comme je l'avais laissée. Je craignais d'éveiller sa mère, qui a eu de nombreux ennuis de santé ces derniers temps, aussi je m'habillai à la hâte et m'apprêtai à aller à sa recherche. Comme je quittais la pièce, l'idée me vint que les habits qu'elle portait me donneraient peut-être un indice sur ses intentions somnambuliques. Une robe de chambre signifierait l'intérieur; une robe, l'extérieur. Mais la robe de chambre comme la robe étaient toutes deux rangées à leur place. « Dieu merci », me dis-je à moi-même, « elle ne peut être loin, puisqu'elle ne porte que sa chemise de nuit. » Je courus en bas et

regardai dans le salon. Personne ! Alors je regardai dans toutes les autres pièces ouvertes de la maison, avec une peur grandissante qui glaçait mon coeur. Finalement j'arrivai à la porte d'entrée, que je trouvai ouverte. Elle n'était pas grande ouverte, mais le pène n'était pas enclenché dans la serrure. Les gens de la maison font très attention à fermer à clé la porte chaque nuit, aussi je me mis à craindre que Lucy ne fût sortie dehors dans le simple vêtement qui était le sien. Je n'eus pas le temps de réfléchir à ce qui pouvait lui être arrivé, car une terreur vague prenait possession de moi et obscurcissait tous les détails. Je pris un châle épais et m'élançai dehors. La pendule sonnait une heure lorsque je fus au Crescent, et il n'y avait pas âme qui vive. Je courus le long de North Terrace, mais ne pus voir aucun signe de la blanche silhouette que je guettais. Au bout de West Cliff, au-dessus du quai, je regardai vers East-Cliff, au-delà du port, dans l'espoir ou la crainte - je ne sais lequel des deux - d'apercevoir Lucy sur notre banc favori. Il y avait un brillant clair de lune, avec de lourds nuages noirs, qui plongeaient, à leur passage, la scène entière dans un diorama changeant d'ombre et de lumière. Pendant quelques instants je ne pus rien voir, parce que l'ombre d'un nuage obscurcissait l'Eglise St Mary et ses environs. Puis le nuage passa et je pus discerner les ruines de l'abbaye qui émergeaient, et, comme un rayon de lumière aussi fin qu'une épée se déplaçait, l'Église et le cimetière émergèrent de l'ombre à leur tour. Quel que fût l'objet de mon attente, elle ne fut pas déçue, car là, sur notre banc favori, la lumière argentée de la lune frappait une silhouette à demi-allongée, d'un blanc neigeux. Le passage du nuage était trop rapide pour que je puisse bien voir, car l'ombre chassa la lumière presque aussitôt; mais il me sembla que quelque chose de sombre se tenait derrière le banc où j'avais vu la silhouette blanche, et se penchait vers elle. Ce que c'était, homme ou bête, je ne pourrais le dire; je n'attendis pas l'occasion d'un second coup d'oeil, mais je franchis presque en volant les marches qui menaient au quai, et allai le long du marché aux poissons jusqu'au pont, car c'était là le seul moyen d'atteindre East Cliff. La ville paraissait morte, car je ne rencontrai pas une âme; et je me réjouis qu'il en fût ainsi, car je ne voulais pas que quelqu'un fût témoin de l'état de ma pauvre Lucy. Le temps, la distance me paraissaient infinis, et mes genoux tremblaient, et j'avais perdu mon souffle lorsque je gravis l'interminable escalier qui mène à l'abbaye. Je dus être rapide, et pourtant il me semblait que mes pieds étaient lestés de plomb, et que chaque articulation de mon corps était rouillée. Quand j'arrivai près du sommet, je pus voir le banc et la silhouette blanche, car j'étais maintenant assez près pour distinguer les choses, même dans l'ombre des nuages. Il y avait indubitablement quelque chose, une chose longue et noire, penchée au-dessus de la silhouette blanche à demi couchée. J'appelai, terrifiée : « Lucy! Lucy! » et quelque chose leva une tête, et d'où j'étais je pus voir une face blanche percée de deux yeux rouges et brillants. Lucy ne répondit pas, et je courus à l'entrée du cimetière. Lorsque je passai par là, l'église me cacha la vue du banc, et pendant une minute je perdis le contact visuel. Quand je le retrouvai, le nuage était passé, et la lune était si claire que je pus voir Lucy, affaissée, sa tête renversée sur le dossier du siège. Elle était toute seule, et il n'y avait pas âme qui vive à ses côtés. Lorsque je me penchai au-dessus d'elle, je pus voir qu'elle dormait toujours. Ses lèvres étaient ouvertes, et elle respirait - pas doucement, comme elle le fait d'ordinaire, mais en haletant profondément, comme si elle luttait pour remplir ses poumons à chaque souffle. Quand je m'approchai, elle leva la main dans son sommeil et remonta le col de sa chemise de nuit sur son cou. Alors qu'elle faisait ce geste, elle fut parcourue d'un petit frisson, comme si elle avait froid. Je jetai le châle chaud sur elle, et lui en fis une écharpe, car j'avais très peur qu'elle attrape un froid mortel avec l'air de la nuit, dévêtue comme elle l'était. J'eus peur de la réveiller tout de suite, aussi, dans le but d'avoir mes mains libres pour pouvoir l'aider, j'accrochai le châle autour de son cou avec une grosse épingle à nourrice; mais je dus être maladroite, dans mon angoisse, et la piquer ou la blesser avec, car de loin en loin, lorsque son souffle s'apaisait, elle portait la main à son cou et gémissait. Quand je l'eus soigneusement emmitouflée, je lui enfilai mes chaussures, et alors je commençai très doucement à la réveiller. Au début, elle ne répondit pas, mais peu à peu elle commença à manifester un malaise grandissant dans son sommeil, gémissant et soupirant par intermittences. A la fin, comme le temps passait vite, et que, pour de multiples raisons, je souhaitais la ramener sans tarder à la maison, je la secouai avec plus de véhémence, jusqu'à ce qu'elle finisse par ouvrir les yeux et s'éveiller. Elle ne sembla pas surprise de me voir, bien sûr, car elle ne réalisa pas immédiatement où elle était. Lucy se réveille toujours en beauté, et même dans ces circonstances, avec le corps réfrigéré, et l' esprit épouvanté par ce réveil, à demi-nue, dans un cimetière, la nuit, elle ne perdit rien de sa grâce. Elle tremblait un peu, et s'accrocha à moi; quand je lui dis de venir tout de

suite avec moi à la maison, elle se leva sans un mot, docile comme une enfant. Comme nous marchions, le gravier me blessait les pieds, et Lucy le remarqua. Elle s'arrêta et insista pour que je remette mes chaussures, mais je refusai. Lorsque nous regagnâmes le chemin à l'extérieur du cimetière, il y avait une flaque d'eau qui restait de la tempête, et je couvris mes pieds de boue, utilisant chaque pied pour couvrir l'autre, de façon à ce que, en rentrant à la maison, dans le cas où nous rencontrerions quelqu'un, personne ne puisse remarquer mes pieds nus. Nous eûmes de la chance cependant, et rentrâmes presque sans voir personne. A un moment nous croisâmes un homme, qui ne paraissait pas très sobre.

Part (20) Anteil (20) Part (20) Parte (20) Deel (20) Parte (20)

A la

fin l'homme s'est mis vraiment en colère, a sauté à terre et lui a donné un coup de pied, et ensuite il l'a attrapé par la peau du cou, et l'a à moitié tiré, et à moitié jeté sur la pierre tombale sur laquelle le banc est fixé. Alla fine l'uomo si arrabbiò molto, saltò giù e lo prese a calci, poi lo afferrò per la collottola e per metà lo tirò e per metà lo gettò sulla lapide su cui è fissata la panchina. A l'instant où il a touché la pierre, le pauvre animal s'est brutalement tu et s'est mis à trembler. Nel momento in cui toccò la pietra, il povero animale si ammutolì brutalmente e cominciò a tremare. Il n'a pas essayé de s'enfuir, mais s'est recroquevillé, frémissant de terreur, et son attitude était si pitoyable que j'ai essayé, sans succès, de le réconforter. Lucy était emplie de pitié également, mais elle n'a pas essayé de toucher le chien, se contentant de le regarder avec des yeux pleins de souffrance. Anche Lucy era piena di pietà, ma non cercò di toccare il cane, si limitò a guardarlo con occhi pieni di dolore. J'ai grand peur qu'elle soit le genre de nature hyper-sensible qui n'est pas capable de traverser le monde sans encombre. Je suis sûre qu'elle rêvera du chien, cette nuit. L'ensemble de ces événements - le navire ramené au port par un mort; sa silhouette enchaînée à la barre avec un crucifix et un chapelet; les funérailles si touchantes; le chien, passant de la rage à la terreur - tout cela va fournir un sombre matériau à ses cauchemars. Je pense qu'il serait préférable pour elle de se coucher bien fatiguée physiquement, aussi je vais l'emmener faire une longue promenade dans les falaises, l'aller et retour jusqu'à Robin Hood's Bay. Penso che sarebbe meglio che andasse a letto fisicamente stanca, quindi la porterò a fare una lunga passeggiata sulle scogliere fino a Robin Hood's Bay e ritorno. Après cela, elle ne devrait pas avoir beaucoup d'inclination pour une promenade somnambulique. Dopodiché, non dovrebbe avere molta voglia di sonnambulare.

CHAPITRE 8 Journal de MIna Murray Même jour, 23 heures Oh, que je suis fatiguée ! Si je ne me faisais pas un devoir de tenir ce journal, je ne l'ouvrirais pas ce soir. Nous avons fait une charmante promenade. Lucy, au bout d'un moment, était d'humeur plutôt gaie - grâce à l'intervention de ces chères vaches qui sont venues nous flairer dans un champ, tout près du phare, et qui nous ont flanqué une peur bleue. Lucy, dopo un po', era di umore piuttosto allegro - grazie all'intervento di quelle care mucche che sono venute ad annusarci in un campo, molto vicino al faro, e ci hanno spaventato a morte. Je crois que nous avons à cet instant absolument tout oublié, en dehors de notre peur, et cela a fait place nette dans nos esprits, et nous a donné un nouveau départ. Credo che in quel momento abbiamo dimenticato tutto, a parte la paura, e questo ha fatto piazza pulita nella nostra mente e ci ha permesso di ricominciare da capo. Nous nous sommes arrêtées dans un petit établissement vieillot, à Robin Hood's Bay, pour prendre un thé extrêmement copieux, devant une baie vitrée qui dominait les rochers du rivage recouverts par la marée. Je pense que nous aurions choqué le « New Woman » avec notre appétit ! Bénis soient les hommes qui sont plus tolérants à cet égard ! Ensuite nous avons fait le chemin du retour, entrecoupé de quelques - non, de nombreux - arrêts pour se reposer, nos coeurs toujours serrés sous la menace constante des taureaux sauvages. Lucy était vraiment fatiguée, et nous avons décidé de nous coucher le plus tôt possible. Le jeune curé a cependant eu la mauvaise idée de faire une visite, et Mrs Westenra, de le prier à souper. Lucy et moi avons mené un rude combat pour rester éveillées - je sais que de mon côté, c'était une bataille épique, et je suis assez héroïque. Lucy e io abbiamo combattuto una battaglia in salita per rimanere svegli - so che da parte mia è stata una battaglia epica, e sono piuttosto eroico. Je pense qu'un jour les évêques devraient se rassembler et réfléchir à la manière de former une nouvelle génération de curés qui n'acceptent pas de rester dîner, même lorsqu'on les en presse, et qui devinent lorsque les jeunes filles sont fatiguées. Lucy est à présent endormie et respire doucement. Elle a les joues plus colorées que d'habitude, et a un air si doux. Si Mister Holmwood est tombé amoureux d'elle alors qu'il ne l'a vue que dans un salon, je me demande bien ce qu'il dirait s'il la voyait maintenant. Les femmes qui écrivent pour « New Women » pondront peut-être un jour l'idée que les hommes et les femmes devraient être autorisés à se voir mutuellement pendant leur sommeil avant de faire leur demande en mariage ou de l'accepter. Mais je suppose que les femmes du futur ne se rabaisseront pas à accepter une proposition - elles feront leur demande elles-mêmes ! Et je suis sûre qu'elles le feront de manière charmante. Il y a une certaine consolation à cette idée. Je suis si heureuse ce soir, parce que ma chère Lucy semble mieux. Je suis persuadée qu'elle a passé le cap le plus difficile, et que c'en est fini de ses problèmes de rêves. Je serais vraiment heureuse si je savais si Jonathan… Que Dieu le bénisse et le garde. 11 août, 3h du matin Me revoilà. Pas moyen de trouver le sommeil, aussi autant me mettre à écrire. Je suis trop agitée pour dormir après avoir vécu une telle aventure, une expérience si épouvantable. Je m'endormis presque tout de suite après avoir refermé mon journal… Tout à coup je me trouvai parfaitement éveillée, et m'assis, avec une terrible impression de peur en moi, et une sensation de vide tout autour. La chambre était trop sombre pour que je puisse distinguer le lit de Lucy; je me précipitai donc à son chevet. Le lit était vide. Je frottai une allumette et constatai qu'elle n'était pas dans la chambre. Accesi un fiammifero e vidi che non era nella stanza. La porte était fermée, mais pas verrouillée, comme je l'avais laissée. Je craignais d'éveiller sa mère, qui a eu de nombreux ennuis de santé ces derniers temps, aussi je m'habillai à la hâte et m'apprêtai à aller à sa recherche. Comme je quittais la pièce, l'idée me vint que les habits qu'elle portait me donneraient peut-être un indice sur ses intentions somnambuliques. Une robe de chambre signifierait l'intérieur; une robe, l'extérieur. Mais la robe de chambre comme la robe étaient toutes deux rangées à leur place. « Dieu merci », me dis-je à moi-même, « elle ne peut être loin, puisqu'elle ne porte que sa chemise de nuit. » Je courus en bas et

regardai dans le salon. Personne ! Alors je regardai dans toutes les autres pièces ouvertes de la maison, avec une peur grandissante qui glaçait mon coeur. Finalement j'arrivai à la porte d'entrée, que je trouvai ouverte. Elle n'était pas grande ouverte, mais le pène n'était pas enclenché dans la serrure. Les gens de la maison font très attention à fermer à clé la porte chaque nuit, aussi je me mis à craindre que Lucy ne fût sortie dehors dans le simple vêtement qui était le sien. Je n'eus pas le temps de réfléchir à ce qui pouvait lui être arrivé, car une terreur vague prenait possession de moi et obscurcissait tous les détails. Je pris un châle épais et m'élançai dehors. La pendule sonnait une heure lorsque je fus au Crescent, et il n'y avait pas âme qui vive. The clock struck one when I got to the Crescent, and there wasn't a soul in sight. Je courus le long de North Terrace, mais ne pus voir aucun signe de la blanche silhouette que je guettais. Au bout de West Cliff, au-dessus du quai, je regardai vers East-Cliff, au-delà du port, dans l'espoir ou la crainte - je ne sais lequel des deux - d'apercevoir Lucy sur notre banc favori. Il y avait un brillant clair de lune, avec de lourds nuages noirs, qui plongeaient, à leur passage, la scène entière dans un diorama changeant d'ombre et de lumière. Pendant quelques instants je ne pus rien voir, parce que l'ombre d'un nuage obscurcissait l'Eglise St Mary et ses environs. Puis le nuage passa et je pus discerner les ruines de l'abbaye qui émergeaient, et, comme un rayon de lumière aussi fin qu'une épée se déplaçait, l'Église et le cimetière émergèrent de l'ombre à leur tour. Quel que fût l'objet de mon attente, elle ne fut pas déçue, car là, sur notre banc favori, la lumière argentée de la lune frappait une silhouette à demi-allongée, d'un blanc neigeux. Le passage du nuage était trop rapide pour que je puisse bien voir, car l'ombre chassa la lumière presque aussitôt; mais il me sembla que quelque chose de sombre se tenait derrière le banc où j'avais vu la silhouette blanche, et se penchait vers elle. Il passaggio della nuvola fu troppo rapido perché potessi vedere bene, poiché l'ombra scacciò la luce quasi subito; ma mi sembrò che qualcosa di scuro si trovasse dietro la panchina dove avevo visto la figura bianca, e si stesse sporgendo verso di essa. Ce que c'était, homme ou bête, je ne pourrais le dire; je n'attendis pas l'occasion d'un second coup d'oeil, mais je franchis presque en volant les marches qui menaient au quai, et allai le long du marché aux poissons jusqu'au pont, car c'était là le seul moyen d'atteindre East Cliff. La ville paraissait morte, car je ne rencontrai pas une âme; et je me réjouis qu'il en fût ainsi, car je ne voulais pas que quelqu'un fût témoin de l'état de ma pauvre Lucy. Le temps, la distance me paraissaient infinis, et mes genoux tremblaient, et j'avais perdu mon souffle lorsque je gravis l'interminable escalier qui mène à l'abbaye. Je dus être rapide, et pourtant il me semblait que mes pieds étaient lestés de plomb, et que chaque articulation de mon corps était rouillée. Quand j'arrivai près du sommet, je pus voir le banc et la silhouette blanche, car j'étais maintenant assez près pour distinguer les choses, même dans l'ombre des nuages. Il y avait indubitablement quelque chose, une chose longue et noire, penchée au-dessus de la silhouette blanche à demi couchée. J'appelai, terrifiée : « Lucy! Lucy! » et quelque chose leva une tête, et d'où j'étais je pus voir une face blanche percée de deux yeux rouges et brillants. Lucy ne répondit pas, et je courus à l'entrée du cimetière. Lorsque je passai par là, l'église me cacha la vue du banc, et pendant une minute je perdis le contact visuel. Quand je le retrouvai, le nuage était passé, et la lune était si claire que je pus voir Lucy, affaissée, sa tête renversée sur le dossier du siège. Elle était toute seule, et il n'y avait pas âme qui vive à ses côtés. Lorsque je me penchai au-dessus d'elle, je pus voir qu'elle dormait toujours. Ses lèvres étaient ouvertes, et elle respirait - pas doucement, comme elle le fait d'ordinaire, mais en haletant profondément, comme si elle luttait pour remplir ses poumons à chaque souffle. Quand je m'approchai, elle leva la main dans son sommeil et remonta le col de sa chemise de nuit sur son cou. Alors qu'elle faisait ce geste, elle fut parcourue d'un petit frisson, comme si elle avait froid. Je jetai le châle chaud sur elle, et lui en fis une écharpe, car j'avais très peur qu'elle attrape un froid mortel avec l'air de la nuit, dévêtue comme elle l'était. J'eus peur de la réveiller tout de suite, aussi, dans le but d'avoir mes mains libres pour pouvoir l'aider, j'accrochai le châle autour de son cou avec une grosse épingle à nourrice; mais je dus être maladroite, dans mon angoisse, et la piquer ou la blesser avec, car de loin en loin, lorsque son souffle s'apaisait, elle portait la main à son cou et gémissait. Avevo paura di svegliarla subito, così, per avere le mani libere per aiutarla, le agganciai lo scialle al collo con una grossa spilla da balia; ma devo essere stata maldestra, nella mia ansia, e averla punta o ferita con essa, perché di tanto in tanto, quando il suo respiro si affievoliva, si portava la mano al collo e gemeva. Quand je l'eus soigneusement emmitouflée, je lui enfilai mes chaussures, et alors je commençai très doucement à la réveiller. Au début, elle ne répondit pas, mais peu à peu elle commença à manifester un malaise grandissant dans son sommeil, gémissant et soupirant par intermittences. A la fin, comme le temps passait vite, et que, pour de multiples raisons, je souhaitais la ramener sans tarder à la maison, je la secouai avec plus de véhémence, jusqu'à ce qu'elle finisse par ouvrir les yeux et s'éveiller. Elle ne sembla pas surprise de me voir, bien sûr, car elle ne réalisa pas immédiatement où elle était. Lucy se réveille toujours en beauté, et même dans ces circonstances, avec le corps réfrigéré, et l' esprit épouvanté par ce réveil, à demi-nue, dans un cimetière, la nuit, elle ne perdit rien de sa grâce. Elle tremblait un peu, et s'accrocha à moi; quand je lui dis de venir tout de

suite avec moi à la maison, elle se leva sans un mot, docile comme une enfant. Comme nous marchions, le gravier me blessait les pieds, et Lucy le remarqua. Elle s'arrêta et insista pour que je remette mes chaussures, mais je refusai. Lorsque nous regagnâmes le chemin à l'extérieur du cimetière, il y avait une flaque d'eau qui restait de la tempête, et je couvris mes pieds de boue, utilisant chaque pied pour couvrir l'autre, de façon à ce que, en rentrant à la maison, dans le cas où nous rencontrerions quelqu'un, personne ne puisse remarquer mes pieds nus. Nous eûmes de la chance cependant, et rentrâmes presque sans voir personne. A un moment nous croisâmes un homme, qui ne paraissait pas très sobre.