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Bram Stoker - Dracula, Part (12)

Part (12)

C'était là l'être que j'avais aidé à se transporter à Londres, où, peut- être pour les siècles à venir, il pourrait étancher sa soif de sang avec cette fourmilière humaine, et créer puis élargir un cercle de demi-démons qui se repaîtraient des faibles. Cette seule pensée me rendit malade. Je fus pris d'un désir irrépressible de débarrasser le monde d'un tel monstre. Je n'avais aucune arme à la main, mais je saisis une pelle que les ouvriers avaient utilisée pour remplir les caisses, et la levant bien haut, je frappai, la lame vers le bas, ce visage détesté. Mais à ce moment, la tête se tourna, et les yeux me lancèrent un regard démoniaque qui me paralysa, et la pelle m'échappa des mains et ne fit qu'effleurer le visage, laissant une marque profonde sur le front. La pelle tomba sur la boîte, et comme je voulais la récupérer, le coin de la lame accrocha le couvercle qui retomba sur la boîte, et me cacha la chose horrible qui s'y trouvait. Le dernier aperçu que j'en eus, ce fut le visage boursouflé et souillé de sang, avec ce sourire malveillant qui semblait venir du plus profond des enfers. Je réfléchis et réfléchis encore à ce que je devais faire maintenant, mais mon cerveau était en feu, et j'attendis, sentant croître en moi le désespoir. Tandis que j'attendais, j'entendis au loin un chant de Tziganes, entonné par des voix joyeuses qui se rapprochaient, et le bruit de grosses roues et le claquement des fouets : les Tziganes et les Slovaques dont avait parlé le Comte arrivaient. Après avoir jeté un dernier regard autour de moi, puis à la caisse où se trouvait ce corps infâme, je quittai l'endroit et courus vers la chambre du Comte, déterminé à me précipiter dehors quand la porte s'ouvrirait. Je tendis l'oreille, et j'entendis en bas le grincement de la clé dans l'imposante serrure, et la lourde porte qui s'ouvrait. Il devait y avoir d'autres moyens d'accéder au château, ou alors quelqu'un avait la clé d'une des portes. Puis j'entendis le bruit de nombreux pas lourds, qui s'évanouirent en passant dans quelque passage en renvoyant un écho métallique. Je me retournais pour descendre à nouveau dans les caveaux, où je pourrais peut-être trouver une sortie, mais à ce moment il y eut un violent coup de vent, et la porte qui menait à l'escalier en colimaçon claqua violemment, et fit voler la poussière qui était sur le linteau ; et quand je me précipitai pour l'ouvrir, je vis que c'était sans espoir. J'étais à nouveau prisonnier, et le destin resserrait ses filets autour de moi toujours plus étroitement.

Tandis que j'écris, j'entends dans le passage en-dessous le bruit de nombreux pas, et le fracas de lourdes charges qu'on pose au sol, sans aucun doute les caisses avec leur chargement de terre. Puis il y a un bruit de marteau : c'est la boite que l'on cloue. Maintenant j'entends les bruits de pas lourds dans le hall, suivis d'autres pas plus légers. J'entends la porte qui se referme, puis le bruit des chaînes, puis le grincement de la clé dans la serrure, puis j'entends qu'on la retire ; enfin une autre porte s'ouvre puis se referme ; et on la ferme à clé et au verrou. J'entends dans la cour, et plus bas sur le sentier rocheux, le bruit des lourdes roues, le claquement des fouets, et le chœur des Tziganes qui peu à peu disparaît dans le lointain. Je suis seul dans le château avec ces horribles femmes. Mais non ! Mina est une femme, et elle n'a rien en commun avec elles. Ce sont des démons des abymes ! Je ne resterai pas ici avec elles. Je vais essayer d'escalader le mur du château plus loin que je ne l'ai fait jusqu'ici. Je vais prendre de l'or avec moi, au cas où j'en aie besoin plus tard. Peut-être trouverai-je le moyen de quitter ce terrible endroit. Et ensuite, en route pour retrouver les miens, vers le train le plus proche et le plus rapide ! Je fuirai ce lieu maudit, ce pays maudit, où le diable et ses enfants parcourent encore la surface de la terre ! La miséricorde de Dieu est préférable à celle de ces monstres. Le précipice est haut et escarpé, mais à son pied, un homme peut dormir – comme un homme. Adieu à tous ! Mina !

Chapitre 5 Lettre de Miss Mina Murray à Miss Lucy Westenra. 9 mai. Ma très chère Lucy, Il faut que tu me pardonnes le temps que j'ai pris pour t'écrire, mais j'ai été tout simplement submergée de travail. La vie d'une maîtresse d'école est parfois éprouvante. Je me languis d'être avec toi, au bord de la mer, où nous pourrons causer ensemble librement et construire nos châteaux en Espagne. J'ai travaillé très dur ces temps derniers, pour Jonathan, et j'ai pratiqué la sténographie avec beaucoup d'assiduité. Quand nous serons mariés, je serai utile à Jonathan si je suis capable de sténographier correctement : je pourrai noter ce qu'il veut dire, et le coucher par écrit sur une machine à écrire. Je m'entraîne très dur aussi à la dactylographie. Lui et moi nous nous écrivons parfois en sténo, et il tient un journal de bord sténographié de ses voyages à l'étranger. Quand je serai avec toi je tiendrai aussi le même genre de journal. Je ne veux pas dire l'un de ces journaux que l'on tient « deux-pages-par-semaine-avec-la-page-du-dimanche-cornée", mais un journal où je pourrais écrire à chaque fois que j'en ai envie. Je ne pense pas qu'il puisse être d'un grand intérêt pour les autres, mais il ne leur est pas destiné. Je le montrerai peut-être à Jonathan un jour s'il y a dedans quelque chose qui soit digne d'être partagé, mais ce sera plutôt un cahier d'exercices. J'essaierai de faire ce que je vois faire les femmes journalistes : interviewer et écrire des descriptions, et essayer de retenir les conversations. On m'a dit qu'avec un peu de pratique, on pouvait se souvenir de tout ce qui arrive et de tout ce qu'on entend dans une journée. Enfin, nous verrons bien. Je te parlerai de mes petits projets quand nous nous verrons. Je viens de recevoir quelques lignes rapides de Jonathan, de Transylvanie. Il va bien, et reviendra dans une semaine environ. J'ai hâte d'entendre toutes ses nouvelles. Ce doit être si agréable de découvrir des pays étrangers… Je me demande si nous - je veux dire Jonathan et moi - irons là-bas un jour ensemble. La pendule sonne dix heures. Au-revoir. Affectueusement, Ta Mina PS : Raconte-moi tout quand tu écriras. Tu ne m'as rien raconté depuis longtemps. J'entends des rumeurs, et particulièrement à propos d'un homme grand, beau, aux cheveux bouclés ? Lettre de Lucy Westenra à Mina Murray. 17 Chattam Street. Mercredi. Laisse-moi te dire que je te trouve très injuste quand tu m'accuses de négligence dans notre correspondance. Je t'ai écrit deux fois depuis que nous nous sommes vues, et ta dernière lettre n'était que la seconde. De plus, je n'ai rien à te raconter. Il n'y a vraiment rien d'intéressant pour toi. La ville est très agréable en ce moment, et nous allons beaucoup visiter les galeries d'art, nous promener à pied ou à cheval dans le parc. En ce qui concerne le grand homme aux cheveux bouclés, je suppose qu'il s'agit de l'homme qui m'accompagnait au dernier concert. Quelqu'un a manifestement inventé des histoires. C'était Mister Holmwood. Il vient souvent nous voir, et il s'entend très bien avec Maman; ils ont beaucoup de sujets d'intérêt en

commun. Nous avons rencontré il y a quelque temps un homme qui aurait été parfait pour toi, si tu n'étais pas déjà fiancée à Jonathan. C'est un excellent parti, étant donné qu'il est beau, riche et de haute naissance. C'est un docteur, et des plus intelligents. Imagine-toi qu'il n'a que 29 ans, et il a un immense asile psychiatrique entièrement sous sa responsabilité. Il nous a été présenté par Mister Holmwood, puis il a appelé pour nous voir, et nous rend de fréquentes visites depuis. Je trouve que c'est l'un des hommes les plus déterminés que j'aie jamais vus, et malgré tout d'un calme extrême. Il paraît absolument imperturbable. Je peux imaginer quel merveilleux pouvoir il doit avoir sur ses patients. Il a la curieuse habitude de vous regarder droit dans les yeux comme s'il essayait de lire dans vos pensées. Il le fait beaucoup avec moi, mais je me flatte d'être une dure-à-cuire. Je le sais grâce à mon miroir. Essaies-tu parfois de lire ton propre visage ? Moi je le fais, et je peux te dire que ce n'est pas du tout un exercice inutile, et beaucoup plus difficile que ce que tu pourrais croire sans l'avoir jamais essayé. Il dit que je lui offre un cas curieux d'étude psychologique, et je pense humblement que c'est vrai. Tu sais que je ne m'intéresse pas assez à l'habillement pour être capable de décrire les nouvelles modes. L'habillement est une purge. Voici une expression argotique, mais qu'importe ? (Arthur dit souvent : « qu'importe »). Voilà, tout est là. Mina, nous nous sommes toujours confié tous nos secrets depuis que nous sommes enfants; nous avons dormi et mangé ensemble, et ri et pleuré; et maintenant, alors que j'ai fini de parler, je voudrais parler encore. Oh Mina, ne peux-tu le deviner ? Je l'aime. J'en rougis alors que j'écris, parce que bien que je pense qu'il m'aime, il ne me l'a jamais formulé. Mais oh, Mina, je l'aime, je l'aime, je l'aime ! Voilà, cela me fait du bien. J'aimerais être avec toi, ma chère, assise près du feu, en chemise de nuit, comme nous en avions l'habitude; et j'essaierais de t'expliquer ce que je ressens. Je ne sais pas comment j'ose écrire ceci, même à toi. J'ai peur de m'arrêter, de crainte de déchirer la lettre, et je ne veux pas m'arrêter, car j'ai une folle envie de tout te raconter. Fais-moi signe immédiatement, et dis-moi ce que tu en penses. Mina, je dois m'arrêter. Bonne nuit. Bénis-moi dans tes prières, et, Mina, prie pour mon bonheur. Lucy PS Je n'ai pas besoin de préciser qu'il s'agit d'un secret. A nouveau, bonne nuit ! Lettre de Lucy Westenra à Mina Murray 24 mai Merci, merci, et merci encore pour ta douce réponse ! C'était si agréable de pouvoir tout te dire et d'obtenir ta sympathie. Mon amie, un bonheur n'arrive jamais seul. Combien de vérité contiennent ces anciens proverbes… Eh bien voilà que moi, qui aurai vingt ans en Septembre, et qui n'ai jamais reçu de véritable proposition de mariage avant aujourd'hui, aujourd'hui j'en ai reçu trois. T'imagines-tu ? Trois demandes en mariage le même jour ! N'est-ce pas abominable ? Je me sens désolée, vraiment sincèrement désolée, pour deux de ces pauvres garçons. Oh, Mina, je suis si heureuse que je ne sais pas quoi faire de moi. Et trois demandes ! Mais, bonté divine, ne le rapporte pas aux filles, ou elles vont développer toutes sortes d'idées extravagantes, et s'imaginer offensées et humiliées si dès leur arrivée à la maison elles n'en reçoivent pas six au minimum. Certaines filles sont si pleines de vanité. Toi et moi, Mina, qui sommes fiancées et qui allons nous établir très bientôt, décemment, comme de vieilles épouses, nous pouvons mépriser la vanité. Bon, il faut quand même que je te raconte ces trois demandes, mais tu dois garder cela secret, pour tout le monde, à l'exception de Jonathan. Tu le lui diras, parce que moi, à ta place, je le dirais certainement à Arthur. Une femme ne devrait-elle pas tout dire à son mari ? Et je dois être honnête. Les hommes aiment, surtout quand il s'agit de leurs épouses, retrouver chez

les femmes leur propre honnêteté - et les femmes, j'en ai bien peur, ne sont pas toujours tout à fait aussi honnêtes qu'elles le devraient. Enfin, ma chère, le numéro un est arrivé juste avant le déjeuner. Je t'en ai déjà parlé, John Seward, l'homme de l'asile d'aliénés, avec la mâchoire carrée et un beau front. Il avait des dehors très calmes, mais était malgré tout nerveux.

Part (12) Teil (12) Part (12) Parte (12) Parte (12) Del (12)

C'était là l'être que j'avais aidé à se transporter à Londres, où, peut- être pour les siècles à venir, il pourrait étancher sa soif de sang avec cette fourmilière humaine, et créer puis élargir un cercle de demi-démons qui se repaîtraient des faibles. This was the being I'd helped transport to London, where, perhaps for centuries to come, he could quench his thirst for blood with this human anthill, and create and expand a circle of half-demons who would prey on the weak. Este era el ser que había ayudado a transportar a Londres, donde, tal vez durante siglos, podría saciar su sed de sangre con este hormiguero humano, y crear y luego ampliar un círculo de semidemonios que depredarían a los débiles. Questo era l'essere che avevo aiutato a trasportare a Londra, dove, forse per i secoli a venire, avrebbe potuto placare la sua sete di sangue con questo formicaio umano, e creare e poi espandere una cerchia di mezzi-demoni che avrebbero predato i deboli. Cette seule pensée me rendit malade. Je fus pris d'un désir irrépressible de débarrasser le monde d'un tel monstre. Me invadió un deseo irrefrenable de librar al mundo de semejante monstruo. Je n'avais aucune arme à la main, mais je saisis une pelle que les ouvriers avaient utilisée pour remplir les caisses, et la levant bien haut, je frappai, la lame vers le bas, ce visage détesté. I had no weapon in my hand, but I grabbed a shovel that the workers had used to fill the crates, and raising it high, I struck, blade down, that hated face. Mais à ce moment, la tête se tourna, et les yeux me lancèrent un regard démoniaque qui me paralysa, et la pelle m'échappa des mains et ne fit qu'effleurer le visage, laissant une marque profonde sur le front. But at that moment, the head turned, and the eyes gave me a demonic look that paralyzed me, and the shovel slipped out of my hand and only grazed my face, leaving a deep mark on my forehead. Pero entonces giré la cabeza y los ojos me dirigieron una mirada demoníaca que me paralizó, y la pala salió volando de mi mano y sólo me rozó la cara, dejándome una profunda marca en la frente. Ma poi la testa si girò e gli occhi mi lanciarono uno sguardo demoniaco che mi paralizzò, e la pala mi volò via dalla mano e mi sfiorò solo il viso, lasciandomi un segno profondo sulla fronte. La pelle tomba sur la boîte, et comme je voulais la récupérer, le coin de la lame accrocha le couvercle qui retomba sur la boîte, et me cacha la chose horrible qui s'y trouvait. The shovel fell onto the box, and as I tried to retrieve it, the corner of the blade caught the lid, which fell back onto the box, hiding the horrible thing inside from me. Le dernier aperçu que j'en eus, ce fut le visage boursouflé et souillé de sang, avec ce sourire malveillant qui semblait venir du plus profond des enfers. The last glimpse I had of him was his bloated, blood-stained face, with that malevolent smile that seemed to come from the depths of the underworld. Je réfléchis et réfléchis encore à ce que je devais faire maintenant, mais mon cerveau était en feu, et j'attendis, sentant croître en moi le désespoir. I thought and thought about what I should do now, but my brain was on fire, and I waited, feeling despair growing inside me. Tandis que j'attendais, j'entendis au loin un chant de Tziganes, entonné par des voix joyeuses qui se rapprochaient, et le bruit de grosses roues et le claquement des fouets : les Tziganes et les Slovaques dont avait parlé le Comte arrivaient. Après avoir jeté un dernier regard autour de moi, puis à la caisse où se trouvait ce corps infâme, je quittai l'endroit et courus vers la chambre du Comte, déterminé à me précipiter dehors quand la porte s'ouvrirait. After taking one last look around me, and then at the crate where that infamous body lay, I left the place and ran towards the Count's room, determined to rush out when the door opened. Je tendis l'oreille, et j'entendis en bas le grincement de la clé dans l'imposante serrure, et la lourde porte qui s'ouvrait. I reached down and heard the creak of the key in the massive lock, and the heavy door opening. Il devait y avoir d'autres moyens d'accéder au château, ou alors quelqu'un avait la clé d'une des portes. There had to be other ways into the castle, or someone had the key to one of the doors. Puis j'entendis le bruit de nombreux pas lourds, qui s'évanouirent en passant dans quelque passage en renvoyant un écho métallique. Then I heard the sound of many heavy footsteps, which faded away as they passed through some passageway, sending back a metallic echo. Je me retournais pour descendre à nouveau dans les caveaux, où je pourrais peut-être trouver une sortie, mais à ce moment il y eut un violent coup de vent, et la porte qui menait à l'escalier en colimaçon claqua violemment, et fit voler la poussière qui était sur le linteau ; et quand je me précipitai pour l'ouvrir, je vis que c'était sans espoir. I turned to go down into the cellars again, where I might find a way out, but just then there was a violent gust of wind, and the door leading to the spiral staircase slammed violently, sending the dust on the lintel flying; and when I rushed to open it, I saw that it was hopeless. Me volví para bajar de nuevo a los sótanos, donde podría encontrar una salida, pero justo en ese momento hubo una violenta ráfaga de viento, y la puerta que daba a la escalera de caracol dio un violento portazo, levantando el polvo del dintel; y cuando me apresuré a abrirla, vi que era inútil. Mi voltai per scendere di nuovo nelle cantine, dove avrei potuto trovare una via d'uscita, ma proprio in quel momento ci fu una violenta folata di vento, e la porta che conduceva alla scala a chiocciola sbatté violentemente, spazzando via la polvere dall'architrave; e quando mi affrettai ad aprirla, vidi che non c'era speranza. J'étais à nouveau prisonnier, et le destin resserrait ses filets autour de moi toujours plus étroitement.

Tandis que j'écris, j'entends dans le passage en-dessous le bruit de nombreux pas, et le fracas de lourdes charges qu'on pose au sol, sans aucun doute les caisses avec leur chargement de terre. As I write, I can hear the sound of many footsteps in the passageway below, and the clatter of heavy loads being placed on the ground, undoubtedly crates with their loads of earth. Puis il y a un bruit de marteau : c'est la boite que l'on cloue. Entonces se oye el sonido de un martillo: están clavando la caja. Maintenant j'entends les bruits de pas lourds dans le hall, suivis d'autres pas plus légers. Now I hear heavy footsteps in the hall, followed by lighter ones. Ahora oigo pasos pesados en el pasillo, seguidos de otros más ligeros. J'entends la porte qui se referme, puis le bruit des chaînes, puis le grincement de la clé dans la serrure, puis j'entends qu'on la retire ; enfin une autre porte s'ouvre puis se referme ; et on la ferme à clé et au verrou. I hear the door closing, then the sound of chains, then the squeak of the key in the lock, then I hear it being removed; finally another door opens and then closes again; and it's locked and bolted. Oigo cerrarse la puerta, luego el ruido de las cadenas, luego el chirrido de la llave en la cerradura, luego oigo que se la llevan; finalmente se abre otra puerta y luego se vuelve a cerrar; y está cerrada con llave y cerrojo. J'entends dans la cour, et plus bas sur le sentier rocheux, le bruit des lourdes roues, le claquement des fouets, et le chœur des Tziganes qui peu à peu disparaît dans le lointain. In the courtyard, and further down the rocky path, I hear the clatter of heavy wheels, the crack of whips, and the chorus of gypsies gradually fading into the distance. Je suis seul dans le château avec ces horribles femmes. Mais non ! ¡Pero no! Mina est une femme, et elle n'a rien en commun avec elles. Ce sont des démons des abymes ! Je ne resterai pas ici avec elles. Je vais essayer d'escalader le mur du château plus loin que je ne l'ai fait jusqu'ici. I'm going to try and climb the castle wall further than I have so far. Je vais prendre de l'or avec moi, au cas où j'en aie besoin plus tard. Peut-être trouverai-je le moyen de quitter ce terrible endroit. Maybe I'll find a way out of this terrible place. Et ensuite, en route pour retrouver les miens, vers le train le plus proche et le plus rapide ! And then it's off to join my family on the nearest, fastest train! E poi si parte per raggiungere la mia famiglia con il treno più vicino e più veloce! Je fuirai ce lieu maudit, ce pays maudit, où le diable et ses enfants parcourent encore la surface de la terre ! La miséricorde de Dieu est préférable à celle de ces monstres. Le précipice est haut et escarpé, mais à son pied, un homme peut dormir – comme un homme. The precipice is high and steep, but at its foot a man can sleep - like a man. Adieu à tous ! ¡Adiós a todos! Mina !

Chapitre 5 Lettre de Miss Mina Murray à Miss Lucy Westenra. 9 mai. Ma très chère Lucy, Il faut que tu me pardonnes le temps que j'ai pris pour t'écrire, mais j'ai été tout simplement submergée de travail. My dearest Lucy, You'll have to forgive me for the time I've taken to write to you, but I've simply been overwhelmed with work. La vie d'une maîtresse d'école est parfois éprouvante. Je me languis d'être avec toi, au bord de la mer, où nous pourrons causer ensemble librement et construire nos châteaux en Espagne. I long to be with you, by the sea, where we can chat freely and build our castles in Spain. J'ai travaillé très dur ces temps derniers, pour Jonathan, et j'ai pratiqué la sténographie avec beaucoup d'assiduité. Últimamente he trabajado mucho para Jonathan y he practicado taquigrafía con mucha diligencia. Quand nous serons mariés, je serai utile à Jonathan si je suis capable de sténographier correctement : je pourrai noter ce qu'il veut dire, et le coucher par écrit sur une machine à écrire. When we're married, I'll be useful to Jonathan if I'm able to shorthand properly: I'll be able to write down what he wants to say, and put it in writing on a typewriter. Je m'entraîne très dur aussi à la dactylographie. Lui et moi nous nous écrivons parfois en sténo, et il tient un journal de bord sténographié de ses voyages à l'étranger. He and I sometimes write to each other in shorthand, and he keeps a shorthand diary of his travels abroad. Quand je serai avec toi je tiendrai aussi le même genre de journal. When I'm with you, I'll keep the same kind of diary. Je ne veux pas dire l'un de ces journaux que l'on tient « deux-pages-par-semaine-avec-la-page-du-dimanche-cornée", mais un journal où je pourrais écrire à chaque fois que j'en ai envie. I don't mean one of those "two-pages-a-week-with-the-Sunday-page-horned" journals, but one where I could write whenever I felt like it. Je ne pense pas qu'il puisse être d'un grand intérêt pour les autres, mais il ne leur est pas destiné. I don't think it would be of much interest to others, but it's not aimed at them. Je le montrerai peut-être à Jonathan un jour s'il y a dedans quelque chose qui soit digne d'être partagé, mais ce sera plutôt un cahier d'exercices. Maybe I'll show it to Jonathan one day if there's something in it worth sharing, but it'll be more of a workbook. J'essaierai de faire ce que je vois faire les femmes journalistes : interviewer et écrire des descriptions, et essayer de retenir les conversations. On m'a dit qu'avec un peu de pratique, on pouvait se souvenir de tout ce qui arrive et de tout ce qu'on entend dans une journée. I've been told that with a little practice, you can remember everything that happens and everything you hear in a day. Enfin, nous verrons bien. Well, we'll see. Je te parlerai de mes petits projets quand nous nous verrons. I'll tell you about my little plans when we meet. Je viens de recevoir quelques lignes rapides de Jonathan, de Transylvanie. Il va bien, et reviendra dans une semaine environ. J'ai hâte d'entendre toutes ses nouvelles. Non vedo l'ora di sentire tutte le sue novità. Ce doit être si agréable de découvrir des pays étrangers… Je me demande si nous - je veux dire Jonathan et moi - irons là-bas un jour ensemble. It must be so nice to discover foreign countries... I wonder if we - I mean Jonathan and I - will ever go there together. La pendule sonne dix heures. Au-revoir. Affectueusement, Ta Mina PS : Raconte-moi tout quand tu écriras. Affectionately, Ta Mina PS: Tell me all about it when you write. Tu ne m'as rien raconté depuis longtemps. You haven't told me anything in a long time. J'entends des rumeurs, et particulièrement à propos d'un homme grand, beau, aux cheveux bouclés ? Lettre de Lucy Westenra à Mina Murray. 17 Chattam Street. Mercredi. Laisse-moi te dire que je te trouve très injuste quand tu m'accuses de négligence dans notre correspondance. Je t'ai écrit deux fois depuis que nous nous sommes vues, et ta dernière lettre n'était que la seconde. I've written to you twice since we met, and your last letter was only the second. De plus, je n'ai rien à te raconter. Besides, I have nothing to tell you. Il n'y a vraiment rien d'intéressant pour toi. La ville est très agréable en ce moment, et nous allons beaucoup visiter les galeries d'art, nous promener à pied ou à cheval dans le parc. The city is very pleasant at the moment, and we're very keen to visit the art galleries and walk or ride in the park. En ce qui concerne le grand homme aux cheveux bouclés, je suppose qu'il s'agit de l'homme qui m'accompagnait au dernier concert. As for the tall man with the curly hair, I assume he's the man who accompanied me to the last concert. Per quanto riguarda l'uomo alto con i capelli ricci, suppongo che sia l'uomo che mi ha accompagnato all'ultimo concerto. Quelqu'un a manifestement inventé des histoires. Someone has obviously been making up stories. C'était Mister Holmwood. Il vient souvent nous voir, et il s'entend très bien avec Maman; ils ont beaucoup de sujets d'intérêt en

commun. Nous avons rencontré il y a quelque temps un homme qui aurait été parfait pour toi, si tu n'étais pas déjà fiancée à Jonathan. Some time ago we met a man who would have been perfect for you, if you weren't already engaged to Jonathan. C'est un excellent parti, étant donné qu'il est beau, riche et de haute naissance. C'est un docteur, et des plus intelligents. Imagine-toi qu'il n'a que 29 ans, et il a un immense asile psychiatrique entièrement sous sa responsabilité. Immaginate che abbia solo 29 anni e che abbia un enorme manicomio psichiatrico interamente sotto il suo controllo. Il nous a été présenté par Mister Holmwood, puis il a appelé pour nous voir, et nous rend de fréquentes visites depuis. He was introduced to us by Mister Holmwood, then called to see us, and has been visiting us frequently ever since. Je trouve que c'est l'un des hommes les plus déterminés que j'aie jamais vus, et malgré tout d'un calme extrême. I think he's one of the most determined men I've ever seen, and yet extremely calm. Il paraît absolument imperturbable. Je peux imaginer quel merveilleux pouvoir il doit avoir sur ses patients. I can imagine what wonderful power he must have over his patients. Il a la curieuse habitude de vous regarder droit dans les yeux comme s'il essayait de lire dans vos pensées. He has a curious habit of looking straight into your eyes, as if trying to read your mind. Il le fait beaucoup avec moi, mais je me flatte d'être une dure-à-cuire. He does it a lot with me, but I pride myself on being a tough cookie. Je le sais grâce à mon miroir. Essaies-tu parfois de lire ton propre visage ? Do you ever try to read your own face? Moi je le fais, et je peux te dire que ce n'est pas du tout un exercice inutile, et beaucoup plus difficile que ce que tu pourrais croire sans l'avoir jamais essayé. I do it, and I can tell you that it's not a pointless exercise at all, and much more difficult than you might think without ever having tried it. Il dit que je lui offre un cas curieux d'étude psychologique, et je pense humblement que c'est vrai. He says I offer him a curious case of psychological study, and I humbly think it's true. Tu sais que je ne m'intéresse pas assez à l'habillement pour être capable de décrire les nouvelles modes. You know I'm not interested enough in clothing to be able to describe new fashions. L'habillement est une purge. Clothing is a purge. Voici une expression argotique, mais qu'importe ? Here's a slang expression, but who cares? (Arthur dit souvent : « qu'importe »). Voilà, tout est là. Mina, nous nous sommes toujours confié tous nos secrets depuis que nous sommes enfants; nous avons dormi et mangé ensemble, et ri et pleuré; et maintenant, alors que j'ai fini de parler, je voudrais parler encore. Mina, ci siamo sempre raccontati tutti i nostri segreti fin da bambini; abbiamo dormito e mangiato insieme, riso e pianto; e ora, quando ho finito di parlare, vorrei parlare ancora un po'. Oh Mina, ne peux-tu le deviner ? Je l'aime. J'en rougis alors que j'écris, parce que bien que je pense qu'il m'aime, il ne me l'a jamais formulé. I'm blushing as I write, because although I think he loves me, he's never said it to me. Mais oh, Mina, je l'aime, je l'aime, je l'aime ! Voilà, cela me fait du bien. There, that makes me feel better. J'aimerais être avec toi, ma chère, assise près du feu, en chemise de nuit, comme nous en avions l'habitude; et j'essaierais de t'expliquer ce que je ressens. I'd like to be with you, my dear, sitting by the fire, in my nightgown, as we used to; and I'd try to explain to you how I feel. Je ne sais pas comment j'ose écrire ceci, même à toi. I don't know how I dare write this, even to you. Non so come osare scriverlo, nemmeno a te. J'ai peur de m'arrêter, de crainte de déchirer la lettre, et je ne veux pas m'arrêter, car j'ai une folle envie de tout te raconter. Fais-moi signe immédiatement, et dis-moi ce que tu en penses. Mina, je dois m'arrêter. Bonne nuit. Bénis-moi dans tes prières, et, Mina, prie pour mon bonheur. Lucy PS Je n'ai pas besoin de préciser qu'il s'agit d'un secret. Lucy PS I don't need to tell you that this is a secret. A nouveau, bonne nuit ! Lettre de Lucy Westenra à Mina Murray 24 mai Merci, merci, et merci encore pour ta douce réponse ! C'était si agréable de pouvoir tout te dire et d'obtenir ta sympathie. Mon amie, un bonheur n'arrive jamais seul. My friend, happiness never comes alone. Combien de vérité contiennent ces anciens proverbes… Eh bien voilà que moi, qui aurai vingt ans en Septembre, et qui n'ai jamais reçu de véritable proposition de mariage avant aujourd'hui, aujourd'hui j'en ai reçu trois. How much truth there is in these ancient proverbs... Well, I, who will be twenty in September, and who have never received a real proposal of marriage before today, today I received three. T'imagines-tu ? Trois demandes en mariage le même jour ! N'est-ce pas abominable ? Je me sens désolée, vraiment sincèrement désolée, pour deux de ces pauvres garçons. Oh, Mina, je suis si heureuse que je ne sais pas quoi faire de moi. Oh, Mina, I'm so happy I don't know what to do with myself. Et trois demandes ! Mais, bonté divine, ne le rapporte pas aux filles, ou elles vont développer toutes sortes d'idées extravagantes, et s'imaginer offensées et humiliées si dès leur arrivée à la maison elles n'en reçoivent pas six au minimum. But, goodness gracious, don't bring it home to the girls, or they'll develop all sorts of extravagant ideas, and imagine themselves offended and humiliated if as soon as they arrive home they don't get at least six. Certaines filles sont si pleines de vanité. Toi et moi, Mina, qui sommes fiancées et qui allons nous établir très bientôt, décemment, comme de vieilles épouses, nous pouvons mépriser la vanité. You and I, Mina, who are engaged to be married and will soon be settling down decently as old wives, can despise vanity. Bon, il faut quand même que je te raconte ces trois demandes, mais tu dois garder cela secret, pour tout le monde, à l'exception de Jonathan. Well, I still have to tell you about these three requests, but you have to keep it a secret from everyone except Jonathan. Beh, devo ancora parlarvi di queste tre richieste, ma dovete tenerle nascoste a tutti tranne che a Jonathan. Tu le lui diras, parce que moi, à ta place, je le dirais certainement à Arthur. You tell him, because if I were you, I'd certainly tell Arthur. Une femme ne devrait-elle pas tout dire à son mari ? Shouldn't a wife tell her husband everything? Et je dois être honnête. And I have to be honest. Les hommes aiment, surtout quand il s'agit de leurs épouses, retrouver chez Men, especially when it comes to their wives, like to find their home

les femmes leur propre honnêteté - et les femmes, j'en ai bien peur, ne sont pas toujours tout à fait aussi honnêtes qu'elles le devraient. women their own honesty - and women, I'm afraid, aren't always quite as honest as they should be. Enfin, ma chère, le numéro un est arrivé juste avant le déjeuner. Finally, my dear, number one arrived just before lunch. Ebbene, mia cara, il numero uno è arrivato poco prima di pranzo. Je t'en ai déjà parlé, John Seward, l'homme de l'asile d'aliénés, avec la mâchoire carrée et un beau front. I already told you about him, John Seward, the man from the insane asylum, with the square jaw and handsome forehead. Il avait des dehors très calmes, mais était malgré tout nerveux.