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Bram Stoker - Dracula, Part (11)

Part (11)

La seule chose que je trouvai, ce fut un grand tas de pièces d'or dans un coin – de l'or de toutes sortes, roumain, britannique, autrichien et hongrois, grec et turc, recouvert d'une pellicule de poussière, comme s'il reposait depuis longtemps sur le sol. Je ne vis aucune pièce qui avait moins de trois cents ans. Il y avait également des chaînes et des bijoux, certains sertis de pierres précieuses, mais pour la plupart, vieux et ternis. A l'un des coins de la pièce se trouvait une lourde porte. J'essayai de l'ouvrir, car, si je ne pouvais pas trouver la clé de la chambre ou la clé de la porte d'entrée, ce qui était l'objet principal de mes recherches, je devais continuer mon exploration, sinon tous les efforts auraient été vains. Elle était ouverte, et menait, par un passage de pierre, à un escalier circulaire, qui descendait abruptement. Je l'empruntai avec précaution, car il était sombre, n'étant éclairé que par deux meurtrières taillées dans l'épaisse maçonnerie. En bas se trouvait un passage enténébré, comme un tunnel, qui exhalait une odeur pestilentielle qui évoquait la mort, une odeur de vieille terre fraîchement retournée. Tandis que j'avançais dans le passage, l'odeur se fit plus forte et plus proche. Enfin, je poussai une lourde porte qui était entrouverte, et je me retrouvai dans une vieille chapelle en ruines, qui avait à l'évidence été utilisée comme un cimetière. Le toit était brisé, et à deux endroits, des escaliers menaient à des caveaux, mais le sol avait été récemment retourné, et la terre placée dans de grandes boites de bois, manifestement celles qui avaient été apportées par les Slovaques. Il n'y avait personne, et je cherchai s'il existait une autre sortie, mais je n'en trouvai aucune. J'inspectai alors chaque pouce du sol, afin de ne rien laisser au hasard. Je descendis même dans les caveaux, où la faible lumière entrait à peine, bien que mon âme dût se faire violence pour que j'ose y pénétrer. J'en visitai deux sans rien y trouver à part des fragments de vieux cercueils et des montagnes de poussière ; toutefois, dans le troisième, je fis une découverte. Là, dans l'une des grandes boîtes (il y en avait cinquante en tout), sur de la terre fraîchement remuée, était étendu le Comte ! Il était mort ou endormi, je n'aurais su le dire, car ses yeux étaient ouverts et fixes, mais sans la froideur de la mort – et ses joues arboraient la chaleur de la vie malgré leur pâleur, et ses lèvres étaient aussi rouges que d'habitude. Mais il n'y avait aucun signe de mouvement, pas de pouls, pas de souffle, pas de battements de cœur. Je me penchai sur lui, et tentai de percevoir quelque signe de vie, mais en vain. Il ne pouvait être étendu là depuis longtemps, car l'odeur de la terre fraîche aurait disparu en quelques heures. A côté de la boite se trouvait son couvercle, percé de trous çà et là. Je pensai qu'il pouvait très bien avoir les clés sur lui, mais quad je me mis à leur recherche, je vis ses yeux morts, et malgré leur absence de vie, j'y lus une telle haine, bien qu'il fût inconscient de ma présence, que je m'enfuis de cet endroit, puis, quittant la chambre du Comte par la fenêtre, escaladai à nouveau le mur du château. Regagnant ma chambre, je me jetai haletant sur mon lit, et essayai de réfléchir… 29 juin Aujourd'hui est le jour de ma dernière lettre, et le Comte me l'a lui-même confirmé : je l'ai vu quitter le château par la même fenêtre, et avec mes vêtements. Tandis qu'il descendait le mur comme un lézard, j'aurais aimé disposer d'un pistolet ou de n'importe quelle arme mortelle, afin de pouvoir le détruire, mais je crains qu'aucune arme forgée par des mains humaines ne puisse avoir un effet quelconque sur lui. Je n'osai pas attendre son retour, car je craignais de voir les trois sœurs maléfiques. Je retournai à la bibliothèque, et lus jusqu'à ce que je m'endorme. Je fus réveillé par le Comte, qui me regardait d'un air grave et me dit : « Demain, nous devons nous quitter, mon ami. Vous retournez vers votre belle Angleterre, et moi vers une tâche dont l'issue pourrait faire que nous ne puissions plus jamais nous voir. Votre lettre a été expédiée ; demain je ne serai pas là, mais tout sera prêt pour votre voyage. Au matin viendront les Tziganes, qui ont quelques travaux à effectuer ici ; il y aura aussi quelques Slovaques. Quand ils seront partis, ma voiture viendra vous chercher, et vous conduira à la Passe de Borgo où vous retrouverez la diligence qui va de la Bucovine à Bistritz. Mais j'ai l'espoir de vous revoir un jour au Château Dracula. » Suspicieux, je décidai de tester sa sincérité. Sincérité ! Cela semble presque une profanation que d'utiliser ce mot à propos d'un tel monstre. Je lui répondis de but en blanc : « Pourquoi ne puis-je partir ce soir ? » « Parce que, mon cher Monsieur, mon cocher et mes chevaux sont sortis pour une autre mission. » « Mais je marcherais volontiers. Je veux partir tout de suite. » Il sourit, et c'était un sourire si suave et si diabolique, que je savais que quelque stratagème se cachait derrière cette douceur. Il dit : « Et vos bagages ? » « Peu importe. Je pourrai les envoyer chercher plus tard. » Le Comte se leva et me dit, avec une telle courtoisie que je faillis me frotter les yeux, tant elle semblait réelle : « Vous autres anglais avez cette formule qui est chère à mon cœur, car elle est proche de l'esprit des Boyars : ‘Bienvenue à ceux qui arrivent, bon voyage à ceux qui repartent.' Venez avec moi, mon cher jeune ami. Vous n'attendrez pas une seule heure dans ma maison contre votre gré, aussi triste que je sois de vous voir partir, et que vous en ayez un si soudain désir. Venez ! ». Et avec une gravité solennelle, il me précéda avec la lampe dans l'escalier, et dans le hall d'entrée. Puis soudain, il s'arrêta. « Ecoutez ! » Tout près, j'entendis le hurlement de nombreux loups. C'était comme si le bruit était apparu au moment même où il avait levé la main, comme la musique d'un grand orchestre qui semblerait jaillir de la baguette du chef d'orchestre. Après une courte pause, il se remit en marche, toujours de son pas majestueux, vers la porte ; il enleva les lourdes barres de fer, décrocha les énormes chaînes, et commença à ouvrir. A mon grand étonnement, je constatai qu'elle n'était pas verrouillée. Soupçonneux, je regardai autour de moi, mais je ne pus voir aucune clé d'aucune sorte. Tandis que la porte commençait à s'ouvrir, le hurlement des loups au-dehors se fit plus fort et plus agressif ; je pouvais voir leurs mâchoires rouges, leurs dents acérées et leurs griffes tandis qu'ils bondissaient sur place. Je savais bien que me battre avec le Comte à ce moment-là n'aurait servi à rien. Avec de tels alliés à ses ordres, je ne pouvais rien faire. Mais les portes continuaient à s'ouvrir tout doucement, et seul le corps du Comte me séparait de l'extérieur. Soudain, je fus frappé par l'idée que c'était peut-être pour moi le moment de la fin : j'allais être livré aux loups, et à ma demande qui plus est. Il y avait dans cette idée une perversité qui devait plaire beaucoup au Comte, et, désespéré, je criai : « Fermez la porte, j'attendrai demain matin ! » Et je couvris mon visage de mes mains afin de cacher mes larmes et mon amère déception. D'un mouvement de son bras puissant, le Comte referma violemment la porte, et les grands verrous en se remettant en place firent un vacarme métallique qui résonna dans tout le hall. Nous retournâmes en silence dans la bibliothèque, et après une minute ou deux, je regagnai ma propre chambre. La dernière fois que je vis le Comte, il m'envoyait un baiser de la main, avec une lueur de triomphe dans les yeux, et un sourire dont Judas aux enfers eût été fier. Quand je fus dans ma chambre et sur le point de me coucher, je crus entendre un murmure à ma porte. Je m'y rendis sans bruit et écoutai. A moins que mes oreilles ne m'aient trompé, j'entendis la voix du Comte : « Arrière, arrière, retournez d'où vous venez ! Votre temps n'est pas encore venu. Attendez ! Prenez patience ! Cette nuit est à moi. La nuit prochaine sera à vous ! » Il y eut ensuite des rires étouffés, et pris d'une rage soudaine, j'ouvris la porte à la volée, et vis les trois terribles femmes qui se léchaient les lèvres. Quand elles me virent, elles partirent d'un rire monstrueux et s'enfuirent. Je retournai dans ma chambre et me mis à genoux. La fin était-elle donc si proche ? Demain ! Demain ! Dieu, aide-moi, et tous ceux qui me sont chers !

30 juin, matin Ce sont peut-être les derniers mots que j'écrirai dans ce journal. J'ai dormi jusque peu avant l'aube, et dès mon réveil, j'ai prié, car j'avais décidé que si la mort devait venir me prendre, elle me trouverait prêt. Enfin, je sentis un subtil changement dans l'air, et je sus que le matin était venu. Puis ce fut le bienvenu chant du coq, et je sus que j'étais sauvé. Le cœur léger, j'ouvris ma porte et dévalai l'escalier jusqu'au hall. J'avais vu que la porte n'était pas verrouillée, et je pouvais donc m'évader. Les mains tremblantes d'impatience, j'enlevai les chaînes et je tirai les lourds verrous. Mais la porte ne bougea pas. Je fus envahi par le désespoir. Je tirai sur la porte encore et encore, je la secouai tant que, bien qu'elle fût massive, elle fut ébranlée dans ses huisseries. Je comprenais qu'elle avait été fermée à clé lorsque j'avais quitté le Comte. Alors, je fus pris d'un vif désir de m'emparer de la clé, quel que soit le risque, et je décidai sans plus attendre d'escalader le mur, et de gagner la chambre du Comte. Il me tuerait peut-être, mais la mort me semblait à ce moment le moindre des maux qui pouvaient m'arriver. Je me précipitai à la fenêtre est, et descendis le mur, comme je l'avais déjà fait, jusqu'à la chambre du Comte. Elle était vide, mais je m'y attendais. Je ne trouvai aucune clé ; toutefois l'amoncellement d'or était toujours là. J'empruntai l'escalier en colimaçon au coin de la chambre, puis le sombre passage qui menait à la vieille chapelle. Je savais bien maintenant où trouver le monstre que je cherchais. La grande boite était encore au même endroit, contre le mur ; le couvercle était posé dessus. Il n'était pas fermé, mais les clous étaient dans leur logement, prêts à être enfoncés d'un coup de marteau. Je savais que je devais atteindre le corps pour trouver les clés ; je soulevai donc le couvercle, le posai contre le mur, et alors, je vis une chose qui m'emplit d'effroi. Le Comte était étendu là, mais c'était comme s'il avait retrouvé sa jeunesse, car sa moustache et ses cheveux blancs avaient retrouvé une couleur gris fer, ses joues étaient pleines, et sous sa peau blanche perçait une teinte d'incarnat ; la bouche était plus rouge que jamais, car sur ses lèvres, il y avait des gouttes de sang frais, qui coulait des commissures des lèvres sur le menton et le cou. Même ses yeux brillants et profonds semblaient sertis dans une chair et des paupières gonflées. C'était comme si cette abominable créature était tout simplement gorgée de sang. Il était étendu là, comme une horrible goule repue. Je frissonnai tandis que je me penchai pour le toucher, et tous mes sens se révoltèrent à ce contact, mais je devais chercher, sinon j'étais perdu. A la tombée de la nuit, mon propre corps servirait de festin de la même façon aux trois horribles femmes. Je fouillai tout le corps, mais je ne trouvai nulle trace de la clé. Alors je m'arrêtai, et regardai le Comte. Son visage boursouflé arborait un sourire moqueur qui aurait pu me rendre fou.

Part (11) Teil (11) Part (11) Parte (11) Parte (11)

La seule chose que je trouvai, ce fut un grand tas de pièces d'or dans un coin – de l'or de toutes sortes, roumain, britannique, autrichien et hongrois, grec et turc, recouvert d'une pellicule de poussière, comme s'il reposait depuis longtemps sur le sol. Je ne vis aucune pièce qui avait moins de trois cents ans. No vi ni una sola pieza que tuviera menos de trescientos años. Il y avait également des chaînes et des bijoux, certains sertis de pierres précieuses, mais pour la plupart, vieux et ternis. C'erano anche catene e gioielli, alcuni incastonati con pietre preziose, ma la maggior parte vecchi e appannati. A l'un des coins de la pièce se trouvait une lourde porte. At one corner of the room was a heavy door. J'essayai de l'ouvrir, car, si je ne pouvais pas trouver la clé de la chambre ou la clé de la porte d'entrée, ce qui était l'objet principal de mes recherches, je devais continuer mon exploration, sinon tous les efforts auraient été vains. I tried to open it, because, if I couldn't find the room key or the key to the front door, which was the main object of my search, I had to continue my exploration, otherwise all efforts would have been in vain. Elle était ouverte, et menait, par un passage de pierre, à un escalier circulaire, qui descendait abruptement. Je l'empruntai avec précaution, car il était sombre, n'étant éclairé que par deux meurtrières taillées dans l'épaisse maçonnerie. I took it carefully, for it was dark, lit only by two loopholes cut into the thick masonry. En bas se trouvait un passage enténébré, comme un tunnel, qui exhalait une odeur pestilentielle qui évoquait la mort, une odeur de vieille terre fraîchement retournée. Tandis que j'avançais dans le passage, l'odeur se fit plus forte et plus proche. As I made my way through the passage, the smell grew stronger and closer. Enfin, je poussai une lourde porte qui était entrouverte, et je me retrouvai dans une vieille chapelle en ruines, qui avait à l'évidence été utilisée comme un cimetière. Finally, I pushed open a heavy door and found myself in an old ruined chapel, which had obviously been used as a cemetery. Le toit était brisé, et à deux endroits, des escaliers menaient à des caveaux, mais le sol avait été récemment retourné, et la terre placée dans de grandes boites de bois, manifestement celles qui avaient été apportées par les Slovaques. The roof was broken, and in two places staircases led to vaults, but the ground had recently been turned over, and the earth placed in large wooden boxes, evidently those brought by the Slovaks. Il tetto era rotto e in due punti c'erano delle scale che portavano a delle volte, ma il terreno era stato recentemente rivoltato e la terra messa in grandi casse di legno, evidentemente quelle portate dagli slovacchi. Il n'y avait personne, et je cherchai s'il existait une autre sortie, mais je n'en trouvai aucune. There was no one there, and I looked to see if there was another way out, but found none. J'inspectai alors chaque pouce du sol, afin de ne rien laisser au hasard. I then inspected every inch of the floor, leaving nothing to chance. Je descendis même dans les caveaux, où la faible lumière entrait à peine, bien que mon âme dût se faire violence pour que j'ose y pénétrer. I even went down into the cellars, where the faint light could barely penetrate, although my soul had to do violence to itself for me to dare enter. J'en visitai deux sans rien y trouver à part des fragments de vieux cercueils et des montagnes de poussière ; toutefois, dans le troisième, je fis une découverte. I visited two of them without finding anything except fragments of old coffins and mountains of dust; however, in the third, I made a discovery. Ne ho visitati due senza trovare nulla, se non frammenti di vecchie bare e montagne di polvere; nel terzo, invece, ho fatto una scoperta. Là, dans l'une des grandes boîtes (il y en avait cinquante en tout), sur de la terre fraîchement remuée, était étendu le Comte ! There, in one of the large boxes (there were fifty in all), on freshly disturbed earth, lay the Count! Lì, in una delle grandi casse (erano cinquanta in tutto), sulla terra appena smossa, giaceva il Conte! Il était mort ou endormi, je n'aurais su le dire, car ses yeux étaient ouverts et fixes, mais sans la froideur de la mort – et ses joues arboraient la chaleur de la vie malgré leur pâleur, et ses lèvres étaient aussi rouges que d'habitude. He was dead or asleep, I couldn't tell, for his eyes were open and fixed, but without the coldness of death - and his cheeks bore the warmth of life despite their pallor, and his lips were as red as usual. Mais il n'y avait aucun signe de mouvement, pas de pouls, pas de souffle, pas de battements de cœur. But there was no sign of movement, no pulse, no breath, no heartbeat. Je me penchai sur lui, et tentai de percevoir quelque signe de vie, mais en vain. Il ne pouvait être étendu là depuis longtemps, car l'odeur de la terre fraîche aurait disparu en quelques heures. He couldn't have been lying there for long, because the smell of fresh earth would have disappeared in a few hours. A côté de la boite se trouvait son couvercle, percé de trous çà et là. Next to the box was its lid, pierced with holes here and there. Je pensai qu'il pouvait très bien avoir les clés sur lui, mais quad je me mis à leur recherche, je vis ses yeux morts, et malgré leur absence de vie, j'y lus une telle haine, bien qu'il fût inconscient de ma présence, que je m'enfuis de cet endroit, puis, quittant la chambre du Comte par la fenêtre, escaladai à nouveau le mur du château. Regagnant ma chambre, je me jetai haletant sur mon lit, et essayai de réfléchir… 29 juin Aujourd'hui est le jour de ma dernière lettre, et le Comte me l'a lui-même confirmé : je l'ai vu quitter le château par la même fenêtre, et avec mes vêtements. Returning to my room, I threw myself breathlessly on my bed, and tried to think... June 29 Today is the day of my last letter, and the Count himself confirmed it to me: I saw him leave the castle through the same window, and with my clothes on. Tandis qu'il descendait le mur comme un lézard, j'aurais aimé disposer d'un pistolet ou de n'importe quelle arme mortelle, afin de pouvoir le détruire, mais je crains qu'aucune arme forgée par des mains humaines ne puisse avoir un effet quelconque sur lui. As he descended the wall like a lizard, I wished I had a pistol or any deadly weapon at my disposal, so I could have destroyed him, but I'm afraid no weapon forged by human hands could have any effect on him. Je n'osai pas attendre son retour, car je craignais de voir les trois sœurs maléfiques. I didn't dare wait for him to return, as I was afraid of seeing the three evil sisters. No me atreví a esperar a que volviera, pues temía ver a las tres malvadas hermanas. Je retournai à la bibliothèque, et lus jusqu'à ce que je m'endorme. I went back to the library and read until I fell asleep. Je fus réveillé par le Comte, qui me regardait d'un air grave et me dit : « Demain, nous devons nous quitter, mon ami. Vous retournez vers votre belle Angleterre, et moi vers une tâche dont l'issue pourrait faire que nous ne puissions plus jamais nous voir. You return to your beautiful England, and I to a task whose outcome may mean we never see each other again. Votre lettre a été expédiée ; demain je ne serai pas là, mais tout sera prêt pour votre voyage. Your letter has been sent; I won't be here tomorrow, but everything will be ready for your trip. Au matin viendront les Tziganes, qui ont quelques travaux à effectuer ici ; il y aura aussi quelques Slovaques. Quand ils seront partis, ma voiture viendra vous chercher, et vous conduira à la Passe de Borgo où vous retrouverez la diligence qui va de la Bucovine à Bistritz. Mais j'ai l'espoir de vous revoir un jour au Château Dracula. Pero espero volver a verte algún día en el Castillo de Drácula. » Suspicieux, je décidai de tester sa sincérité. Sincérité ! Cela semble presque une profanation que d'utiliser ce mot à propos d'un tel monstre. Je lui répondis de but en blanc : « Pourquoi ne puis-je partir ce soir ? I replied matter-of-factly: "Why can't I leave tonight? » « Parce que, mon cher Monsieur, mon cocher et mes chevaux sont sortis pour une autre mission. » « Mais je marcherais volontiers. "But I'd gladly walk. Je veux partir tout de suite. » Il sourit, et c'était un sourire si suave et si diabolique, que je savais que quelque stratagème se cachait derrière cette douceur. "He smiled, and it was a smile so suave and devilish, I knew there was some stratagem behind the sweetness. Il dit : « Et vos bagages ? » « Peu importe. Je pourrai les envoyer chercher plus tard. I can send for them later. » Le Comte se leva et me dit, avec une telle courtoisie que je faillis me frotter les yeux, tant elle semblait réelle : « Vous autres anglais avez cette formule qui est chère à mon cœur, car elle est proche de l'esprit des Boyars : ‘Bienvenue à ceux qui arrivent, bon voyage à ceux qui repartent.' "The Earl rose and said to me, with such courtesy that I almost rubbed my eyes, so real did it seem: 'You English have this formula which is dear to my heart, for it is close to the spirit of the Boyars: 'Welcome to those who arrive, bon voyage to those who depart.' Venez avec moi, mon cher jeune ami. Vous n'attendrez pas une seule heure dans ma maison contre votre gré, aussi triste que je sois de vous voir partir, et que vous en ayez un si soudain désir. You will not wait a single hour in my house against your will, sad as I am to see you go, and that you have such a sudden desire to do so. Venez ! ». Et avec une gravité solennelle, il me précéda avec la lampe dans l'escalier, et dans le hall d'entrée. Puis soudain, il s'arrêta. « Ecoutez ! » Tout près, j'entendis le hurlement de nombreux loups. "Nelle vicinanze ho sentito l'ululato di molti lupi. C'était comme si le bruit était apparu au moment même où il avait levé la main, comme la musique d'un grand orchestre qui semblerait jaillir de la baguette du chef d'orchestre. Après une courte pause, il se remit en marche, toujours de son pas majestueux, vers la porte ; il enleva les lourdes barres de fer, décrocha les énormes chaînes, et commença à ouvrir. After a short pause, he set off again, still with his majestic stride, towards the door; he removed the heavy iron bars, unhooked the huge chains, and began to open it. A mon grand étonnement, je constatai qu'elle n'était pas verrouillée. To my astonishment, I found it unlocked. Soupçonneux, je regardai autour de moi, mais je ne pus voir aucune clé d'aucune sorte. Suspicious, I looked around, but couldn't see a key of any kind. Tandis que la porte commençait à s'ouvrir, le hurlement des loups au-dehors se fit plus fort et plus agressif ; je pouvais voir leurs mâchoires rouges, leurs dents acérées et leurs griffes tandis qu'ils bondissaient sur place. Quando la porta cominciò ad aprirsi, l'ululato dei lupi all'esterno si fece più forte e aggressivo; potevo vedere le loro fauci rosse, i denti affilati e gli artigli mentre si avventavano. Je savais bien que me battre avec le Comte à ce moment-là n'aurait servi à rien. I knew that fighting the Count at the time would have been pointless. Avec de tels alliés à ses ordres, je ne pouvais rien faire. With such allies at his command, there was nothing I could do. Mais les portes continuaient à s'ouvrir tout doucement, et seul le corps du Comte me séparait de l'extérieur. But the doors continued to open slowly, and only the Count's body separated me from the outside world. Soudain, je fus frappé par l'idée que c'était peut-être pour moi le moment de la fin : j'allais être livré aux loups, et à ma demande qui plus est. Suddenly, I was struck by the idea that this could be the moment of the end for me: I was about to be handed over to the wolves, and at my request no less. Il y avait dans cette idée une perversité qui devait plaire beaucoup au Comte, et, désespéré, je criai : « Fermez la porte, j'attendrai demain matin ! » Et je couvris mon visage de mes mains afin de cacher mes larmes et mon amère déception. "And I covered my face with my hands to hide my tears and my bitter disappointment. D'un mouvement de son bras puissant, le Comte referma violemment la porte, et les grands verrous en se remettant en place firent un vacarme métallique qui résonna dans tout le hall. With a sweep of his powerful arm, the Count slammed the door shut, and the large bolts snapped back into place with a metallic clang that echoed throughout the hall. Nous retournâmes en silence dans la bibliothèque, et après une minute ou deux, je regagnai ma propre chambre. We returned to the library in silence, and after a minute or two, I went back to my own room. La dernière fois que je vis le Comte, il m'envoyait un baiser de la main, avec une lueur de triomphe dans les yeux, et un sourire dont Judas aux enfers eût été fier. The last time I saw the Count, he blew me a kiss with his hand, a triumphant gleam in his eyes, and a smile that would have made Judas proud in the underworld. Quand je fus dans ma chambre et sur le point de me coucher, je crus entendre un murmure à ma porte. When I was in my room and about to go to bed, I thought I heard a whisper at my door. Cuando estaba en mi habitación y a punto de acostarme, me pareció oír un susurro en mi puerta. Je m'y rendis sans bruit et écoutai. A moins que mes oreilles ne m'aient trompé, j'entendis la voix du Comte : « Arrière, arrière, retournez d'où vous venez ! Votre temps n'est pas encore venu. Attendez ! ¡Un momento! Prenez patience ! Cette nuit est à moi. La nuit prochaine sera à vous ! » Il y eut ensuite des rires étouffés, et pris d'une rage soudaine, j'ouvris la porte à la volée, et vis les trois terribles femmes qui se léchaient les lèvres. "Then there was muffled laughter, and caught up in a sudden rage, I flung open the door, and saw the three terrible women licking their lips. "Poi ci fu una risata soffocata, e in preda a una rabbia improvvisa aprii la porta e vidi le tre terribili donne che si leccavano le labbra. Quand elles me virent, elles partirent d'un rire monstrueux et s'enfuirent. When they saw me, they let out a monstrous laugh and fled. Je retournai dans ma chambre et me mis à genoux. I went back to my room and knelt down. La fin était-elle donc si proche ? Was the end so near? Demain ! Demain ! Dieu, aide-moi, et tous ceux qui me sont chers !

30 juin, matin Ce sont peut-être les derniers mots que j'écrirai dans ce journal. J'ai dormi jusque peu avant l'aube, et dès mon réveil, j'ai prié, car j'avais décidé que si la mort devait venir me prendre, elle me trouverait prêt. Enfin, je sentis un subtil changement dans l'air, et je sus que le matin était venu. Finally, I felt a subtle change in the air, and knew that morning had come. Puis ce fut le bienvenu chant du coq, et je sus que j'étais sauvé. Le cœur léger, j'ouvris ma porte et dévalai l'escalier jusqu'au hall. J'avais vu que la porte n'était pas verrouillée, et je pouvais donc m'évader. I could see that the door was unlocked, so I could escape. Les mains tremblantes d'impatience, j'enlevai les chaînes et je tirai les lourds verrous. Mais la porte ne bougea pas. Je fus envahi par le désespoir. Je tirai sur la porte encore et encore, je la secouai tant que, bien qu'elle fût massive, elle fut ébranlée dans ses huisseries. I pulled at the door again and again, shaking it so hard that, although it was massive, its frames were shaken. Je comprenais qu'elle avait été fermée à clé lorsque j'avais quitté le Comte. I understood that it had been locked when I left the Count. Entendí que se había cerrado con llave cuando dejé al Conde. Alors, je fus pris d'un vif désir de m'emparer de la clé, quel que soit le risque, et je décidai sans plus attendre d'escalader le mur, et de gagner la chambre du Comte. I was seized with a strong desire to get hold of the key, whatever the risk, and decided without further ado to scale the wall and gain access to the Count's room. Il me tuerait peut-être, mais la mort me semblait à ce moment le moindre des maux qui pouvaient m'arriver. He might kill me, but death seemed to me at the time the least of the evils that could befall me. Je me précipitai à la fenêtre est, et descendis le mur, comme je l'avais déjà fait, jusqu'à la chambre du Comte. I rushed to the east window and climbed down the wall, as I had done before, to the Count's room. Elle était vide, mais je m'y attendais. It was empty, but that was to be expected. Je ne trouvai aucune clé ; toutefois l'amoncellement d'or était toujours là. I couldn't find a key, but the pile of gold was still there. J'empruntai l'escalier en colimaçon au coin de la chambre, puis le sombre passage qui menait à la vieille chapelle. I took the spiral staircase at the corner of the room, then the dark passage that led to the old chapel. Tomé la escalera de caracol de la esquina de la sala y luego el oscuro pasadizo que conducía a la antigua capilla. Je savais bien maintenant où trouver le monstre que je cherchais. Now I knew where to find the monster I was looking for. La grande boite était encore au même endroit, contre le mur ; le couvercle était posé dessus. Il n'était pas fermé, mais les clous étaient dans leur logement, prêts à être enfoncés d'un coup de marteau. It wasn't closed, but the nails were in their slots, ready to be hammered in. No estaba cerrada, pero los clavos estaban en sus ranuras, listos para ser clavados. Je savais que je devais atteindre le corps pour trouver les clés ; je soulevai donc le couvercle, le posai contre le mur, et alors, je vis une chose qui m'emplit d'effroi. I knew I had to get to the body to find the keys, so I lifted the lid, placed it against the wall, and then saw something that filled me with dread. Le Comte était étendu là, mais c'était comme s'il avait retrouvé sa jeunesse, car sa moustache et ses cheveux blancs avaient retrouvé une couleur gris fer, ses joues étaient pleines, et sous sa peau blanche perçait une teinte d'incarnat ; la bouche était plus rouge que jamais, car sur ses lèvres, il y avait des gouttes de sang frais, qui coulait des commissures des lèvres sur le menton et le cou. The Count lay there, but it was as if he had regained his youth, for his moustache and white hair had returned to an iron-gray color, his cheeks were full, and beneath his white skin pierced a tinge of incarnate; his mouth was redder than ever, for on his lips were drops of fresh blood, running from the corners of his mouth down his chin and neck. El conde yacía allí, pero era como si hubiera recuperado su juventud, pues su bigote y su pelo blanco habían vuelto a un color gris hierro, sus mejillas estaban llenas y bajo su piel blanca había un atisbo de encarnación; su boca estaba más roja que nunca, pues en sus labios había gotas de sangre fresca, que le corrían desde las comisuras de los labios hasta la barbilla y el cuello. Même ses yeux brillants et profonds semblaient sertis dans une chair et des paupières gonflées. Even his brilliant, deep-set eyes seemed set in swollen flesh and eyelids. C'était comme si cette abominable créature était tout simplement gorgée de sang. Il était étendu là, comme une horrible goule repue. He lay there like a horrible, sated ghoul. Je frissonnai tandis que je me penchai pour le toucher, et tous mes sens se révoltèrent à ce contact, mais je devais chercher, sinon j'étais perdu. I shivered as I bent down to touch it, and all my senses revolted at the contact, but I had to look, or I was lost. A la tombée de la nuit, mon propre corps servirait de festin de la même façon aux trois horribles femmes. By nightfall, my own body would serve as a feast for the three horrible women in the same way. Je fouillai tout le corps, mais je ne trouvai nulle trace de la clé. Alors je m'arrêtai, et regardai le Comte. Entonces me detuve y miré al Conde. Son visage boursouflé arborait un sourire moqueur qui aurait pu me rendre fou. Il suo volto gonfio portava un sorriso beffardo che avrebbe potuto farmi impazzire.