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innerFrench (YouTube Videos), Un Français comprend-il une Québécoise ? (1)

Un Français comprend-il une Québécoise ? (1)

Salut Gen !

Salut ! Comment ça va ?

Ça va, ça va et toi ?

Ça va bien, merci.

Alors, merci d'avoir accepté mon invitation.

Mais avec grand plaisir.

Ça me fait très plaisir de t'avoir sur la chaîne

pour pouvoir parler un peu des différences

entre le français de métropole et le français québécois.

Donc toi, t'es un peu l'experte sur YouTube sur cette question.

Est-ce que tu peux te présenter

pour les personnes qui ne te connaissent pas encore ?

Oui, certainement.

Je m'appelle Geneviève Breton.

Ma chaîne s'appelle Ma prof de français.

Et puis moi, je me spécialise sur l'enseignement de la langue française

mais du point de vue québécois,

donc, le québécois informel,

comment on parle dans la vie de tous les jours, comment on parle normalement.

J'ai enseigné en francisation à l'université,

donc pour les étudiants étrangers qui doivent apprendre le français.

Et on me disait souvent :

« je comprends très bien dans la classe,

je comprend les profs quand vous me parlez,

mais quand j'arrive dans la vraie vie, c'est une autre histoire.

J'ai de la difficulté à communiquer.»

Donc, en cherchant des ressources pour aider mes élèves,

je me suis rendu compte qu'il y avait pas grand-chose

qui était fait sur le français québécois,

ou ce qui était fait, c'était très anecdotique.

Beaucoup, j'explique, je sais pas,

une expression ou une prononciation sans trop de contexte

ou sans trop expliquer d'où ça vient.

Donc, quand la pandémie est arrivée, j'ai décidé de lancer la chaîne

pour pallier ce manque de ressources sur le français québécois informel.

Pour commencer, j'aimerais qu'on...

parce que nous, en France, on a beaucoup de stéréotypes,

d'idées préconçues sur le français québécois

et au final, on le connait assez mal.

Donc, on va essayer resituer un peu les choses dans leur contexte.

Alors, est-ce que le Québec est la seule province au Canada

dans laquelle on parle le français?

Ce n'est pas la seule province où on parle français.

C'est la seule province qui a le français comme unique langue officielle.

Donc, il y a beaucoup de francophones au Nouveau-Brunswick,

dans les Maritimes, en Acadie.

Le Nouveau-Brunswick est la seule province canadienne

qui a le français et l'anglais comme deux langues officielles.

Mais sinon, on retrouve des francophones en Ontario, au Manitoba

et jusque sur la côte ouest aussi et dans le nord.

Les territoires en haut ont souvent le français, l'anglais

et des langues autochtones aussi comme langues officielles.

Mais le Québec, c'est la seule province

qui a le français comme unique langue officielle

Et est-ce qu'il y a des différences ?

Est-ce qu'il y a des accents régionaux, justement,

entre le français québécois et le français parlé dans ces provinces ?

Oui, il y a deux grands groupes :

les Acadiens, dont je viens de vous parler,

qui sont un autre groupe de français de colons français.

En fait, ces colons là venaient plus de la région du Poitou, en grande majorité.

Donc eux, ils se sont installés dans les Maritimes,

donc Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse,

un peu sur l'Île du Prince Édouard aussi.

Il y a des Acadiens qui vont aussi jusque dans la péninsule gaspésienne, au Québec.

Donc eux, c'est un groupe linguistique qui ont certaines particularités de leur langue.

Sinon, il y a les Québécois.

Donc c'est sûr qu'on est les francophones majoritaires au Canada.

Et puis, ce sont des gens de la Nouvelle-France,

donc du Québec, du territoire du Québec,

qui sont allés s'installer plus vers l'Ouest.

Donc, oui, il y a des différences.

Je pense que les francophones minoritaires au Canada

ont plus d'influence de l'anglais dans leur langue et dans la prononciation.

Mais sinon, c'est pas mal le même vocabulaire qu'au Québec.

Ok.

Et t'as parlé justement des différences entre

le français québécois formel et informel.

Et dis-moi si je me trompe, mais moi, j'ai l'impression que

le français québécois formel, il est plus proche du français de métropole,

du français formel, en tout cas de métropole,

que le français québécois informel.

Est-ce que c'est mon impression est vraie ou ..?

Tu as tout à fait raison.

Plus on monte dans les registres de langue soutenu, soigné,

moins les différences régionales sont perceptibles.

Je pense que ça doit être vrai avec d'autres langues aussi.

Si on regarde l'espagnol,

par exemple l'espagnol formel d'Espagne et formel du Mexique,

ça doit être beaucoup plus proche que

si les deux parlent en langue populaire, en langue informelle.

Donc, c'est sûr que c'est la prononciation.

En langue formelle,

la grammaire est exactement pareille en France et au Québec.

Le vocabulaire va différencier un peu,

peut-être plus pour les réalités culturelles,

donc une façon de nommer

les différents hôpitaux ou le système d'éducation,

bien sûr, ça va être différent.

Mais sinon, la langue, le vocabulaire est semblable.

C'est vraiment la prononciation où est-ce qu'on reste

avec des différences plus marquées.

Ouais et puis toutes les références au hockey, aussi.

Au hockey !

Il faut pas prononcer le « h » au hockey

Ok, ok.

Justement, donc maintenant,

j'aimerais qu'on s'intéresse un peu aux différences de prononciation.

Toi, tu parles un français québécois.

Mais est-ce qu'il existe un seul français québécois ou

ou est-ce que là aussi, il y a des différences de prononciation

selon l'endroit où on se trouve ?

Il y a des différences, bien entendu, selon les régions du Québec.

Dans ma chaîne, moi je parle, comme tu dis,

souvent du français québécois.

Je fais une espèce de généralisation.

Je m'attarde beaucoup aux traits qui sont communs à toutes les régions.

Mais plus une région est éloignée de Montréal

ou des grands centres de Montréal, de Québec...

Mais déjà, entre Montréal et Québec, on note certaines différences d'accent.

Puis là, dans les régions un peu plus éloignées

(Saguenay, Lac-Saint-Jean),

ils ont un accent bien reconnaissable,

en Gaspésie...

Donc, c'est ça, chaque région a ses particularités

au niveau du vocabulaire, beaucoup.

Puis certaines régions ont des traits de prononciation plus marqués.

Ok ok.

Donc on va essayer de comparer un peu ton accent et le mien.

Donc voilà, moi je peux pas prétendre

représenter tout le français de métropole puisque moi aussi j'ai un accent,

l'accent de région centre

(je ne sais pas s'il s'appelle comme ça, mais voilà).

Donc, je crois qu'une première différence,

c'est au niveau de la prononciation des « a ».

Donc ce que je te propose, c'est que moi, je vais lire certaines phrases.

Et puis toi, tu vas les répéter comme ça, on va essayer d'écouter les différences.

Ok ?

Allons-y !

C'est pour ça.

Hmm, ok.

La base.

Le climat.

Le regard.

Arrête !

Hmm hmm, ok.

Donc là, c'est intéressant aussi sur « arrête »

parce qu'il y a une différence

au niveau de la prononciation de l'accent circonflexe, du « ê ».

Tout à fait.

On parlait tout à l'heure des distinctions Montréal-Québec.

Ça, c'est un mot,

il y a comme une frontière quelque part entre Montréal et Québec.

Je ne me rappelle pas laquelle qui est lequel.

Je pense qu'à Québec, c'est « arrête », on prononce comme toi, « arrête ».

Et à Montréal, c'est « arrête », « arrête » avec un « ê » plus long.

Au Québec, on a gardé la distinction...

ben là, on parlait des « a » tout à l'heure.

Donc il y a deux types de « a » : le « a » de pattes et le « a » de « pâtes »,

qui est plus long, qui est plus à l'arrière de la bouche.

On a gardé deux « è » :

le « è » de « mettre »

et le « aî » de « maître » ou de « arrête »

que on entend le circonflexe.

Ouais, justement,

ça, ça vous permet de

distinguer des mots qui sont des homonymes en français,

par exemple, le verbe « mettre » et le nom « maître », « un maître.»

En français, c'est la même prononciation, alors que vous, le verbe, c'est :.

« Mettre. »

Et le nom :

« Maître.»

Donc, c'est assez pratique d'avoir cette... de prononcer cet accent circonflexe.

Tout à fait.

Et d'ailleurs, quand ils ont décidé de réformer l'orthographe

dans les années 90,

qu'ils ont fait disparaître, « disparaître » ce circonflexe-là sur le « î »,

je trouvais ça dommage parce qu'au Québec, on l'entend :

donc « prochaine », « une prochaine »,

mais « une chaîne », « ma chaîne YouTube.»

Donc moi, je l'entends, le circonflexe, mais bon, on n'est plus obligé de l'écrire.

Ok, ok.

Ensuite, il y a des différences au niveau des voyelles nasales, aussi.

Alors là aussi, je te propose de faire le même exercice.

Allons-y.

Le pain.

Le train.

Un enfant.

Celui-là, on va le répéter parce que justement, il y en a deux.

Il y a le « en » de... le premier « enfant ». Un enfant.

Un enfant.

Moi j'ai deux « en » différents.

Ouais.

Alors que nous, en métropole, c'est exactement le même en : en et an.

Un parent.

L'adjectif « brun ».

Brun.

Et le dernier : une princesse.

Une princesse.

Donc nous, la prononciation de nos voyelles nasales,

c'est un peu plus derrière, à l'arrière de la bouche,

et vous, c'est plus sur le bord des lèvres.

Je pense qu'en général, effectivement,

les voyelles nasales françaises sont plus postérieures et sont plus ouvertes :

enfant, un enfant, un enfant.

Notre « in » est plus fermé que le vôtre.

Donc, quand tu dis « princesse », moi c'est « princesse »,

ma bouche est moins ouverte.

Et effectivement, c'est un peu plus à l'avant de la bouche, plus vers le nez.

C'est vrai.

D'ailleurs ce trait-là, de trait nasal,

quand un Européen veut imiter un Québécois,

c'est souvent une des premières choses que vous remarquez,

qui vous saute aux oreilles

et que vous allez tenter d'exagérer.

Donc, ça devient vite très caricatural si on ne maîtrise pas bien ce trait-là.

C'est vrai, c'est vrai.

Justement, qu'est-ce que vous pensez...

parce que les Français, souvent, ont, comme sur beaucoup de sujets,

un avis très tranché sur l'accent québécois.

Alors, il y en a qui trouvent ça mignon, cute, adorable, etc.

Et d'autres, au contraire, qui trouvent cet accent horrible.

Qu'est-ce que vous pensez au Québec, justement...

Parce qu'il y a beaucoup de Français qui déménagent, notamment à Montréal...

Qu'est-ce que vous pensez

quand les Français ont ce genre d'avis sur votre façon de parler français ?

Ben, je ne peux pas me prononcer pour tous les Québécois.

Mais personnellement, quand j'entends des adjectifs comme

« pittoresque » ou des choses comme ça,

bon, c'est à la limite un peu condescendant parfois.

Mais je pense que c'est juste une question d'exposition, encore une fois.

Tu sais, la première fois, moi, que j'ai entendu un accent de la Provence,

j'ai trouvé ça dont joli et dont chantant.

Tu sais, c'est tellement cliché.

Alors probablement que quelqu'un de Marseille

qui m'entendrait dire ça, il ferait comme :

«revenez-en, là,

c'est comme ça qu'on parle, pis c'est pas plus pittoresque qu'un autre accent.»

Donc, je pense que c'est normal d'avoir une réaction au début,

la première fois qu'on est exposé à quelque chose.

Mais il faut juste rester conscient que...

On peut garder nos commentaires pour nous, des fois.

C'est vrai, c'est vrai.

Et pour finir, sur cette question de prononciation,

il y a aussi la façon, justement, de prononcer les pronoms personnels,

notamment la troisième personne du singulier.

Donc, « il » « elle », en tout cas dans le français québécois informel,

vous, comment vous le prononcez ?

Donc, les « l » ont tendance à disparaître.

Le « l », c'est une consonne liquide,

puis dans mes formations, c'est quelque chose que j'explique là

pour que les gens arrivent à systématiser un peu ces prononciations-là.

Il y a des raisons pourquoi que le « l » disparaît.

Puis c'est pas vrai juste au Québec.

C'est vrai en France aussi, je pense, dans le français informel.

Donc « il vient » par exemple, «i vient », le « l » disparait simplement :

« i vient».

Et pour le « elle » aussi.

Donc mes deux « l » vont avoir tendance à disparaître.

Vous, en France, vous dites « e vient », si je ne m'abuse.

Hmm hmm, ouais, ouais.

« E vient », « e peut », j'entends souvent ça en français européen.

C'est vrai.

Nous, notre « e » est devenu un peu plus ouvert, donc « a vient ».

Un Français comprend-il une Québécoise ? (1) Does a Frenchman understand a Québécoise? (1) フランス人はケベック人を理解できるか (1)

Salut Gen !

Salut ! Comment ça va ?

Ça va, ça va et toi ? How are you?

Ça va bien, merci. I'm fine, thanks.

Alors, merci d'avoir accepté mon invitation.

Mais avec grand plaisir.

Ça me fait très plaisir de t'avoir sur la chaîne

pour pouvoir parler un peu des différences to talk a little about the differences

entre le français de métropole et le français québécois.

Donc toi, t'es un peu l'experte sur YouTube sur cette question.

Est-ce que tu peux te présenter Can you introduce yourself

pour les personnes qui ne te connaissent pas encore ? for people who don't know you yet?

Oui, certainement.

Je m'appelle Geneviève Breton.

Ma chaîne s'appelle Ma prof de français.

Et puis moi, je me spécialise sur l'enseignement de la langue française

mais du point de vue québécois,

donc, le québécois informel,

comment on parle dans la vie de tous les jours, comment on parle normalement.

J'ai enseigné en francisation à l'université,

donc pour les étudiants étrangers qui doivent apprendre le français.

Et on me disait souvent : And I was often told:

« je comprends très bien dans la classe,

je comprend les profs quand vous me parlez, I understand teachers when you talk to me,

mais quand j'arrive dans la vraie vie, c'est une autre histoire. but when I get to real life, it's a different story.

J'ai de la difficulté  à communiquer.»

Donc, en cherchant des ressources pour aider mes élèves,

je me suis rendu compte  qu'il y avait pas grand-chose

qui était fait sur le français québécois,

ou ce qui était fait, c'était très anecdotique.

Beaucoup,  j'explique, je sais pas,

une expression ou une prononciation sans trop de contexte

ou sans trop expliquer d'où ça vient.

Donc, quand la pandémie est arrivée, j'ai décidé de lancer la chaîne

pour pallier ce manque de ressources sur le français québécois informel.

Pour commencer, j'aimerais qu'on...

parce que nous, en France, on a beaucoup de stéréotypes,

d'idées préconçues sur le français québécois

et au final, on le connait assez mal.

Donc, on va essayer resituer un peu les choses dans leur contexte.

Alors, est-ce que le Québec est la seule province au Canada

dans laquelle on parle le français?

Ce n'est pas la seule province où on parle français.

C'est la seule province qui a le français comme unique langue officielle.

Donc, il y a beaucoup de francophones au Nouveau-Brunswick,

dans les Maritimes, en Acadie.

Le Nouveau-Brunswick est la seule province canadienne

qui a le français et l'anglais  comme deux langues officielles.

Mais sinon, on retrouve des francophones en Ontario, au Manitoba

et jusque sur la côte ouest aussi et dans le nord.

Les territoires en haut ont souvent le français, l'anglais

et des langues autochtones aussi  comme langues officielles.

Mais le Québec, c'est la seule province

qui a le français comme unique langue officielle

Et est-ce qu'il y a des différences ?

Est-ce qu'il y a des accents régionaux, justement,

entre le français québécois  et le français parlé dans ces provinces ?

Oui, il y a deux grands groupes :

les Acadiens, dont je viens de vous parler,

qui sont un autre groupe de français de colons français.

En fait, ces colons là venaient plus de la région du Poitou, en grande majorité.

Donc eux, ils se sont installés dans les Maritimes,

donc Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse,

un peu sur l'Île du Prince Édouard aussi.

Il y a des Acadiens qui vont aussi jusque dans la péninsule gaspésienne, au Québec.

Donc eux, c'est un groupe linguistique qui ont certaines particularités de leur langue.

Sinon, il y a les Québécois.

Donc c'est sûr qu'on est  les francophones majoritaires au Canada.

Et puis, ce sont des gens de la Nouvelle-France,

donc du Québec, du territoire du Québec,

qui sont allés s'installer plus vers l'Ouest.

Donc, oui, il y a des différences.

Je pense que les francophones minoritaires au Canada

ont plus d'influence de l'anglais dans leur langue et dans la prononciation.

Mais sinon, c'est pas mal le même vocabulaire qu'au Québec.

Ok.

Et t'as parlé justement des différences entre

le français québécois formel et informel.

Et dis-moi si je me trompe, mais moi, j'ai l'impression que

le français québécois formel, il est plus proche du français de métropole,

du français formel, en tout cas de métropole,

que le français québécois informel.

Est-ce que c'est mon impression est vraie ou ..?

Tu as tout à fait raison. You're absolutely right.

Plus on monte dans les  registres de langue soutenu, soigné,

moins les différences régionales sont perceptibles.

Je pense que ça doit être vrai avec d'autres langues aussi.

Si on regarde l'espagnol,

par exemple l'espagnol formel d'Espagne et formel du Mexique,

ça doit être beaucoup plus proche que

si les deux parlent en langue populaire, en langue informelle.

Donc, c'est sûr que c'est la prononciation.

En langue formelle,

la grammaire est exactement pareille en France et au Québec.

Le vocabulaire va  différencier un peu,

peut-être plus pour les réalités culturelles,

donc une façon de nommer

les différents hôpitaux ou le système d'éducation,

bien sûr, ça va être différent.

Mais sinon, la langue, le vocabulaire est semblable.

C'est vraiment la prononciation où est-ce qu'on reste

avec des différences plus marquées.

Ouais et puis toutes les  références au hockey, aussi.

Au hockey !

Il faut pas prononcer le « h » au hockey

Ok, ok.

Justement, donc maintenant,

j'aimerais qu'on s'intéresse un peu  aux différences de prononciation.

Toi, tu parles un français québécois.

Mais est-ce qu'il existe un seul français québécois ou

ou est-ce que là aussi, il y a des différences de prononciation

selon l'endroit où on se trouve ?

Il y a des différences, bien entendu, selon les régions du Québec.

Dans ma chaîne, moi je parle, comme tu dis,

souvent du français québécois.

Je fais une espèce de généralisation.

Je m'attarde beaucoup aux traits qui sont communs à toutes les régions.

Mais plus une région est éloignée de Montréal

ou des grands centres  de Montréal, de Québec...

Mais déjà, entre Montréal et Québec, on note certaines différences d'accent.

Puis là, dans les régions un peu plus éloignées

(Saguenay, Lac-Saint-Jean),

ils ont un accent bien reconnaissable,

en Gaspésie...

Donc, c'est ça, chaque région a ses particularités

au niveau du vocabulaire, beaucoup.

Puis certaines régions ont des  traits de prononciation plus marqués.

Ok ok.

Donc on va essayer de comparer un peu  ton accent et le mien.

Donc voilà, moi je peux pas prétendre

représenter tout le français de métropole puisque moi aussi j'ai un accent,

l'accent de région centre

(je ne sais pas s'il s'appelle comme ça, mais voilà).

Donc, je crois qu'une première différence,

c'est au niveau de la prononciation des « a ».

Donc ce que je te propose, c'est que moi,  je vais lire certaines phrases.

Et puis toi, tu vas les répéter comme ça, on va essayer d'écouter les différences.

Ok ?

Allons-y !

C'est pour ça.

Hmm, ok.

La base.

Le climat.

Le regard.

Arrête !

Hmm hmm, ok.

Donc là, c'est intéressant aussi sur « arrête »

parce qu'il y a une différence

au niveau de la prononciation de l'accent circonflexe, du « ê ».

Tout à fait.

On parlait tout à l'heure  des distinctions Montréal-Québec.

Ça, c'est un mot,

il y a comme une frontière quelque  part entre Montréal et Québec.

Je ne me rappelle pas laquelle qui est lequel.

Je pense qu'à Québec, c'est « arrête », on prononce comme toi, « arrête ».

Et à Montréal, c'est « arrête », « arrête » avec un « ê » plus long.

Au Québec, on a gardé la distinction...

ben là, on parlait  des « a » tout à l'heure.

Donc il y a deux types  de « a » : le « a » de pattes et le « a » de « pâtes »,

qui est plus long, qui est plus à l'arrière de la bouche.

On a gardé deux « è » :

le « è » de « mettre  »

et le « aî » de « maître » ou de « arrête »

que on entend le circonflexe.

Ouais, justement,

ça, ça vous permet de

distinguer des mots qui sont des homonymes en français,

par exemple, le verbe « mettre » et le nom « maître », « un maître.»

En français, c'est la même prononciation,  alors que vous, le verbe, c'est :.

« Mettre. »

Et le nom :

« Maître.»

Donc, c'est assez pratique d'avoir cette...  de prononcer cet accent circonflexe.

Tout à fait.

Et d'ailleurs, quand ils ont décidé  de réformer l'orthographe

dans les années 90,

qu'ils ont fait disparaître, « disparaître » ce circonflexe-là sur le « î »,

je trouvais ça dommage  parce qu'au Québec, on l'entend :

donc  « prochaine », « une prochaine »,

mais « une chaîne », « ma chaîne YouTube.»

Donc moi, je l'entends, le circonflexe, mais bon, on n'est plus obligé de l'écrire.

Ok, ok.

Ensuite, il y a des différences  au niveau des voyelles nasales, aussi.

Alors là aussi, je te propose de faire le même exercice.

Allons-y.

Le pain.

Le train.

Un enfant.

Celui-là, on va le répéter parce que justement, il y en a deux.

Il y a le « en » de...  le premier « enfant ». Un enfant.

Un enfant.

Moi j'ai deux « en » différents.

Ouais.

Alors que nous, en métropole, c'est exactement le même en : en et an.

Un parent.

L'adjectif « brun ».

Brun.

Et le dernier : une princesse.

Une princesse.

Donc nous, la prononciation de nos voyelles nasales,

c'est un peu plus derrière, à l'arrière de la bouche,

et vous, c'est plus sur le bord des lèvres.

Je pense qu'en général, effectivement,

les voyelles nasales françaises sont plus postérieures et sont plus ouvertes :

enfant, un  enfant, un enfant.

Notre « in » est plus fermé que le vôtre.

Donc, quand tu dis « princesse », moi c'est « princesse »,

ma bouche est moins ouverte.

Et effectivement, c'est un peu plus à l'avant de la bouche, plus vers le nez.

C'est vrai.

D'ailleurs ce trait-là, de trait nasal,

quand un Européen veut imiter un Québécois,

c'est souvent une des premières choses que vous remarquez,

qui vous saute aux oreilles

et que vous allez tenter d'exagérer.

Donc, ça devient vite très caricatural  si on ne maîtrise pas bien ce trait-là.

C'est vrai, c'est vrai.

Justement, qu'est-ce que  vous pensez...

parce que les Français, souvent, ont, comme sur beaucoup de sujets,

un avis très tranché sur l'accent québécois.

Alors, il y en a qui trouvent ça mignon, cute, adorable, etc.

Et d'autres, au contraire, qui trouvent cet accent horrible.

Qu'est-ce que vous pensez au Québec, justement...

Parce qu'il y a beaucoup de Français  qui déménagent, notamment à Montréal...

Qu'est-ce que vous pensez

quand les Français ont ce genre  d'avis sur votre façon de parler français ?

Ben, je ne peux pas me prononcer pour tous les Québécois.

Mais personnellement, quand j'entends des adjectifs comme

« pittoresque » ou des choses comme ça,

bon, c'est à la limite un peu condescendant parfois.

Mais je pense que c'est juste une question d'exposition, encore une fois.

Tu sais, la première fois, moi, que j'ai entendu un accent de la Provence,

j'ai trouvé ça dont joli et dont chantant.

Tu sais, c'est tellement cliché.

Alors probablement que quelqu'un de Marseille

qui m'entendrait  dire ça, il ferait comme :

«revenez-en, là,

c'est comme ça qu'on parle, pis c'est pas plus pittoresque qu'un autre accent.»

Donc, je pense que c'est normal d'avoir une réaction au début,

la première fois qu'on est exposé à quelque chose.

Mais il faut juste rester conscient que...

On peut garder nos commentaires pour nous, des fois.

C'est vrai, c'est vrai.

Et pour finir, sur cette question de prononciation,

il y a aussi la façon, justement,  de prononcer les pronoms personnels,

notamment la troisième personne du singulier.

Donc, « il » « elle », en tout cas dans le français québécois informel,

vous, comment vous le prononcez ?

Donc, les « l » ont tendance à disparaître.

Le « l », c'est une consonne liquide,

puis dans mes formations, c'est quelque chose que j'explique là

pour que les gens arrivent à systématiser un peu ces prononciations-là.

Il y a des raisons pourquoi que le « l » disparaît.

Puis c'est pas vrai juste au Québec.

C'est vrai en France aussi, je pense, dans le français informel.

Donc « il vient » par exemple, «i vient », le « l » disparait simplement :

« i vient».

Et pour le « elle » aussi.

Donc mes deux « l » vont avoir tendance à disparaître.

Vous, en France, vous dites « e vient », si je ne m'abuse.

Hmm hmm, ouais, ouais.

« E vient », « e peut », j'entends  souvent ça en français européen.

C'est vrai.

Nous, notre « e » est devenu un peu plus ouvert, donc « a vient ».