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InnerFrench - Vol. 1, #89 - La liberté de la presse française est-elle menacée? (2)

#89 - La liberté de la presse française est-elle menacée? (2)

D'abord, revenons sur cette loi Sécurité Globale, celle qui a provoqué des manifestations en début d'année.

De manière générale, cette loi a pour objectif de réorganiser les services de police : police nationale, police municipale, agents de sécurité… Elle renforce ou transfère les pouvoirs de chaque service. A priori, ça ne concerne pas vraiment la presse. Mais en fait, si. Dans cette loi, il y a trois articles, les articles 21, 22 et 24, qui pourraient modifier la loi de 1881. Souvenez-vous, c'est la loi protégeant la liberté de la presse.

Concrètement, ces articles ont pour objectif d'empêcher les gens de filmer les policiers. Eh oui parce qu'avec la démocratisation du smartphone et des réseaux sociaux, il est devenu très facile d'avoir des preuves des exactions commises par certains policiers. Depuis quelques années, on voit ce genre de vidéos apparaître régulièrement sur les réseaux sociaux. Du coup, maintenant, l'opinion publique a conscience que ce ne sont pas des cas isolés, qu'il y a vraiment un problème de violence endémique au sein de la police française.

Alors, dans la loi Sécurité Globale, il n'est pas dit qu'il est totalement interdit de filmer les policiers. C'est un peu plus subtil que ça. Les articles en question prévoient de pénaliser la diffusion d'images d'un policier pendant l'exercice de ses fonctions, si cette diffusion est faite de manière «malveillante». («Malveillant», ça veut dire «avec une mauvaise intention, avec l'objectif de faire du mal, de nuire à la personne.»)

Le problème, évidemment, c'est que cet adjectif, «malveillant», il est très subjectif. Si vous filmez et publiez une vidéo d'un policier en train de tabasser un manifestant, de le frapper sans raison, ça sera mauvais pour sa carrière (enfin, ça, c'est même pas sûr dans le contexte actuel). Mais est-ce que ça veut dire que vous l'avez fait «d'une manière malveillante» ? Non, mais peut-être que vous serez quand même arrêté et qu'un juge dira le contraire.

Donc face à cette menace, un collectif a été créé le 8 novembre 2020 à l'initiative de quatre syndicats de journalistes et de la Ligue des droits de l'Homme. Il a organisé des manifestations contre cette loi Sécurité Globale, des manifestations qu'ils ont appelées «Marche des Libertés», comme celle du 16 janvier dont je vous ai parlé en introduction.

Trois jours plus tôt, le 13 janvier, Amnesty International et une quarantaine d'autres organisations ont publié une tribune pour encourager les gens à y participer. Dans la tribune en question, on peut lire, je cite : «ce projet porte de graves menaces à la liberté d'informer et d'être informé».

Eh oui parce que cette loi, elle donnerait carte blanche aux policiers pour agir comme ils veulent, en toute impunité.

Pour le moment, leur méthode pour ne pas être filmés, c'est tout simplement de détruire les smartphones des gens. Quand quelqu'un filme des policiers en train d'abuser de leur autorité, par exemple dans une manifestation, il est pas rare qu'un des policiers prenne le téléphone et le jette par terre pour le casser. Mais si la loi est adoptée, les policiers n'auront même plus besoin de faire ça. Ils auront une arme judiciaire. Ils pourront attaquer en justice les gens qui les auront filmés.

Personnellement, je trouve ça assez choquant. Au lieu de protéger les citoyens et les journalistes des violences policières, le gouvernement actuel préfère protéger les policiers en les laissant agir en toute impunité.

Beaucoup de personnes s'inquiètent de cette proposition de loi, et pas uniquement en France. Au niveau international, elle a aussi été dénoncée par la commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe et plusieurs membres des Nations unies.

Et quand on voit les évènements d'actualité, il y a de quoi s'inquiéter vu que plusieurs bavures policières ont eu lieu récemment. Une bavure policière, ou juste «une bavure», c'est quand un policier ou un militaire commet une grosse faute, une erreur regrettable. On va voir quatre bavures dont des journalistes ont été victimes et qui ont toutes eu lieu en novembre 2020.

Le 17 novembre 2020, plusieurs personnes se sont rassemblées près de l'Assemblée nationale pour manifester contre la loi Sécurité globale. Pendant ce rassemblement, les policiers ont arrêté plusieurs journalistes qui étaient sur place pour filmer l'évènement. Comme si la loi avait déjà été acceptée ! Ça aurait pu être drôle si ça s'était passé dans une comédie avec Louis de Funès, mais là, ça s'est passé dans la vraie vie.

Quelques jours plus tard, le 21 novembre, pendant une autre manifestation contre la loi, une soixantaine de journalistes ont été nassés au centre de la place du Trocadéro à Paris. Nassés, ça veut dire qu'ils ont été encerclés et qu'on les a empêchés de se déplacer. Ils ne pouvaient plus filmer la manifestation. C'est une technique que la police utilise déjà depuis un certain temps pour limiter la diffusion de l'information.

Une semaine après, le 28 novembre, encore pendant une manifestation contre cette loi, un photographe d'origine syrienne a été attaqué par la police. Les photos de son visage tuméfié ont choqué l'opinion publique (quand une partie du corps est tuméfiée, ça veut dire qu'elle est très gonflée à cause d'une blessure). Ce jeune photographe s'appelle Ameer Al-Halbi et il est réfugié politique en France. Il est devenu photographe en Syrie pour filmer les horreurs du conflit. Depuis, il a gagné plusieurs prix, par exemple celui du World Press Photo.

Ce jour-là, il était en train de couvrir la manifestation avec un groupe de journalistes quand les CRS ont chargé (CRS, c'est les initiales de Compagnie républicaine de sécurité, c'est la brigade de police qui s'occupe des manifestations). Ameer Al-Halbi a reçu un coup de matraque au visage. Il a eu l'arcade sourcilière ouverte, au-dessus de l'œil, et le nez cassé. Après cet incident, il a déclaré que cette attaque lui avait fait revivre le traumatisme de la guerre et que ça lui avait «plus fait mal à l'intérieur, moralement».

Enfin, la dernière bavure que je voudrais mentionner, c'est l'agression de Rémy Buisine par un policier le 23 novembre 2020. Rémy Buisine est reporter chez Brut, un média d'information que je vous ai déjà recommandé il me semble. Depuis plusieurs années, Rémy Buisine est présent à presque toutes les manifestations pour diffuser des images en direct sur les réseaux sociaux. Les policiers le connaissent bien. Ce 23 novembre, il est allé avec d'autres journalistes à la place de la République, une place centrale de Paris.

Pour comprendre ce qui s'est passé, je dois vous situer un peu le contexte. En France, il y a un problème de place pour les réfugiés. Il n'y a pas assez d'hébergements pour les loger. Alors, ils font des camps et ils dorment dans la rue. C'est un phénomène très visible à Paris. Mais officiellement, c'est interdit. On n'a pas le droit de dormir dans la rue en France.

Donc dès que les réfugiés trouvent un endroit pour s'installer, des policiers viennent les déloger, les forcer de partir. Et en général, ils n'y vont pas de main morte, autrement dit, leurs interventions sont assez brutales, ils ne sont pas tendres avec les réfugiés.

Alors pour attirer l'attention de l'opinion publique et pousser le gouvernement à trouver une solution, des associations d'aide aux réfugiés ont organisé une opération choc. Elles ont demandé aux réfugiés d'installer leur camp directement sur la place de la République, un endroit très visible. Les associations savaient que la police arriverait rapidement pour les déloger, et que tout le monde pourrait voir comment les réfugiés sont traités.

Les réfugiés étaient accompagnés par des militants de ces associations et des journalistes se sont rendus sur place, dont Rémy Buisine. Les CRS ont reçu l'ordre de les évacuer. Ils sont arrivés sur place et ils ont commencé à sortir violemment les réfugiés de leurs tentes. Les journalistes ont filmé tout ça. Et un policier a attaqué Rémy Buisine à plusieurs reprises. La troisième fois, la scène a été filmée par une autre journaliste et postée sur Twitter. Grâce à cette vidéo, Rémy Buisine a pu porter plainte contre le policier.

Ces quatre événements ont eu lieu en l'espace d'à peine 10 jours ! Si on remonte plus loin, on pourrait citer plein d'autres cas. Par exemple, pendant les manifestations des Gilets jaunes, dont je vous ai déjà parlé dans l'épisode 55. Selon Reporters sans frontières, 90 journalistes ont été victimes de violence policière quand ils couvraient ces manifestations. Et ce n'est rien comparé au nombre de manifestants qui ont été blessés par des policiers.

Je m'arrête là avec ces exemples. Je pense que maintenant, vous comprenez pourquoi la France a perdu des points dans le classement de Reporters sans frontières.

Malheureusement, la répression policière n'est pas la seule menace pour la liberté de la presse. Selon Christophe Deloire, le secrétaire général de Reporters sans frontières, beaucoup d'éléments entravent, limitent les médias en France. Par exemple, le fait que 80% des médias français appartiennent à des grands groupes industriels ou financiers, des groupes qui peuvent faire pression sur les rédactions pour servir leurs intérêts économiques. Mais ce n'est pas tout ! Il y a aussi l'antagonisme croissant des politiciens qui n'hésitent plus à critiquer publiquement les journalistes, le manque de protection des sources et l'intolérance religieuse.

Pour mieux comprendre ça, on va revenir sur un événement tragique qui a eu lieu l'année dernière en France. Le 16 octobre 2020, un professeur d'histoire a été tué sauvagement par un jeune terroriste de 18 ans. Il a été décapité, autrement dit le terroriste lui a coupé la tête. Ce professeur s'appelait Samuel Paty. Il est mort parce qu'il avait montré des caricatures du journal satirique Charlie Hebdo pendant un cours sur la liberté de la presse, dont les caricatures du prophète Mahomet, les caricatures qui avaient déjà coûté la vie à plusieurs journalistes en 2015. C'est donc parce qu'il a voulu enseigner à ses élèves l'importance de la liberté de la presse que ce professeur a été assassiné sauvagement.

Cet événement, ainsi que les attentats contre la rédaction de Charlie hebdo en 2015, illustrent bien la menace que l'extrémisme religieux peut représenter pour la liberté de la presse.

L'assassinat de Samuel Paty a été un véritable choc dans tout le pays. Les hommes politiques, le président Emmanuel Macron en premier, ont affirmé haut et fort que la France ne reculerait jamais devant le terrorisme et que la liberté d'expression resterait une valeur fondamentale du pays. Le problème, c'est que ces politiciens eux-mêmes sont loin d'être exemplaires dans ce domaine.

Et ça, c'est une autre menace pour la liberté de la presse : la façon dont certains hommes politiques traitent les journalistes. Alors bon, ça n'est pas aussi catastrophique qu'avec l'ancien Président américain dont je tairai le nom, mais il y a quand même quelques signes inquiétants, même chez notre Président à nous.

Bien sûr, ça n'a rien de nouveau. Emmanuel Macron n'est pas le premier politicien français à vouloir influencer ce qui est dit dans la presse. D'autres l'ont fait avant lui, et il ne sera sûrement pas le dernier non plus. Mais comme il est au sommet de l'État, c'est un exemple assez parlant.

Il n'a pas attendu longtemps pour s'y mettre. Dès le début de son mandat, des journalistes l'ont accusé de vouloir les contrôler. En mai 2017, juste après l'élection présidentielle, une vingtaine de rédactions avaient publié conjointement une lettre ouverte intitulée “Monsieur le Président, il n'appartient pas à l'Élysée de choisir les journalistes”. (L'Elysée, c'est un surnom utilisé pour parler du pouvoir présidentiel, en référence au Palais de l'Elysée où vit et travaille le Président.) Cette lettre a été publiée au moment du premier voyage présidentiel d'Emmanuel Macron, car il avait été demandé aux rédactions d'envoyer certains journalistes en particulier, suivant les préférences du Président, ce qui est complètement contraire au principe de neutralité de la presse.

Donc vous voyez, dès son arrivée au pouvoir, Emmanuel Macron a donné le ton : c'est lui qui décide, les médias sont seulement là pour transmettre le message, pas pour poser des questions gênantes, des questions qui pourraient le mettre en difficulté.

Plus récemment, il s'est mis en colère à cause de deux articles publiés dans des journaux de langue anglaise, le Financial Times et Politico. Son équipe a contacté les rédactions de ces journaux… et les deux articles ont été supprimés ! Il s'agissait de deux tribunes sur le thème du terrorisme en France, après l'attentat contre Samuel Paty. L'une avait été écrite par un sociologue, ancien professeur dans une grande école parisienne, et l'autre par une journaliste correspondante. Les deux auteurs critiquaient le système d'intégration français, et le principe de laïcité à la française, en les accusant de diviser le pays et d'être donc responsable de la montée de l'islamisme.

Finalement, à la place, une tribune d'un ministre français a été publiée dans Politico, et le Financial Times a publié une lettre de réponse du Président lui-même ! Bien sûr, Emmanuel Macron assure qu'il n'a pas demandé à ce que les articles soient supprimés. Et les deux journaux affirment que les articles ont été retirés parce qu'ils contenaient des contre-vérités. Mais on peut facilement voir ces retraits comme de l'auto-censure.

À cause de cette attitude, le Président français est régulièrement critiqué dans la presse étrangère. Si ça vous intéresse, vous pouvez aller sur le site de Médiapart. Médiapart, c'est un des rares médias français qui soit totalement indépendant. Il n'appartient pas à un grand groupe comme les principaux autres journaux. Grâce à cette indépendance, Médiapart publie régulièrement des enquêtes pour dénoncer les abus du pouvoir politique et des grandes entreprises.

Justement, en novembre 2020, deux journalistes de Médiapart ont publié un article intitulé «La presse étrangère s'inquiète du virage autoritaire d'Emmanuel Macron», autrement dit, les médias étrangers commencent à avoir peur de la direction autoritaire que prend Emmanuel Macron. Dedans, ils ont listé de nombreux articles de la presse étrangère qui dénoncent notamment la pression du pouvoir politique sur les médias. Si vous voulez le lire, je mettrai le lien sur la page de l'épisode, avec toutes les autres sources.

Mais ce qui est encore plus alarmant, c'est que ce «virage autoritaire» n'attaque pas uniquement la liberté de la presse.

Dans son rapport de 2019, l'organisation Amnesty International présentait la France en écrivant, je cite : «Les autorités ont restreint de manière disproportionnée le droit à la liberté de réunion pacifique. Plusieurs milliers de manifestants et manifestantes ont été blessés par la police ou arrêtés et poursuivis en justice pour de piètres motifs [autrement dit, pour des raisons absurdes] ou pour des faits pourtant protégés par le droit et les normes en matière de droits humains.»

Bien sûr, à cette époque, Amnesty International faisait référence aux manifestations des Gilets Jaunes qui ont été réprimées de manière très violente. 3 000 personnes ont été blessées et 11 000 ont été placées en garde à vue (la garde à vue, c'est quand on est arrêté et qu'on passe une nuit ou plus en prison, sans jugement.) Donc la police n'est pas seulement violente avec les journalistes, elle l'est aussi avec les civils.

D'ailleurs, ces derniers mois, les affaires de violences policières se sont multipliées. Une de celles qui a été le plus médiatisée, c'est l'agression de Michel Zecler.

Michel Zecler, c'est un producteur de musique noir de 41 ans.

Le 21 novembre 2020, vers 20h, Michel Zecler marche vers son studio d'enregistrement situé dans le 17e arrondissement de Paris. Avant d'entrer dans l'immeuble, il est interpellé par des policiers parce qu'il ne porte pas de masque. Ils le suivent dans l'immeuble jusqu'à son studio parce que, d'après leur version, Michel Zecler refuse de se soumettre à ce contrôle. Ils entrent avec lui dans son studio, ils ferment la porte et là, ils le passent à tabac. «Passer à tabac», c'est une expression pour dire «frapper violemment quelqu'un», en général sans que la personne puisse se défendre. On utilise aussi le verbe «tabasser». Après plusieurs minutes passées à frapper Michel Zecler, les policiers l'arrêtent et l'emmènent au commissariat pour motifs de «rébellion» et «violence sur un policier».

Malheureusement pour eux, et heureusement pour Michel Zecler, le studio d'enregistrement était équipé de caméras de surveillance. Sur les images, on voit clairement les policiers agresser Michel Zecler sans raison. Lui, il essaye juste de se protéger et d'appeler à l'aide, mais il n'a pas un seul geste violent, il ne résiste pas du tout. La vidéo a été diffusée sur les réseaux sociaux, puis dans tous les médias, et elle a vraiment choqué l'opinion publique. Deux des trois policiers ont été arrêtés mais ils ont été relâchés ensuite. De son côté, Michel Zecler a déclaré que sans la vidéo, il est sûr qu'il aurait été reconnu coupable et envoyé en prison.

Cette histoire est d'autant plus choquante qu'elle s'est produite au moment des débats sur la loi Sécurité Globale. Si cette loi avait déjà été votée, peut-être que Michel Zecler n'aurait pas eu le droit de diffuser la vidéo de son agression.

La bonne nouvelle, c'est que finalement, il semble que cette loi va être modifiée en faisant disparaître l'article 24, le plus controversé. On attend pour ça le vote des sénateurs en mars qui sont censés prendre en compte toutes les critiques dont je vous ai parlé.

Pour conclure, j'aimerais relativiser un peu la situation. Évidemment, il faut être très prudent sur cette question de liberté d'expression et de liberté de la presse. Mais le cas français est loin d'être aussi grave que celui d'autres pays, en particulier les pays non-démocratiques. En France, la liberté de la presse a été déclarée comme fondamentale il y a plus d'un siècle. Les journalistes sont libres, ils peuvent réaliser des enquêtes sur les personnes au pouvoir sans être menacés de finir en prison. Il y a une grande diversité de points de vue exprimés car il existe des médias de tous bords politiques. Les journalistes ne craignent pas pour leur vie au quotidien, contrairement à leurs confrères d'autres pays. Parce que dans de nombreux pays, la liberté de la presse n'existe pas du tout. Simplement, il faut rester vigilant. Comme on l'a vu avec la loi Sécurité Globale, même un gouvernement élu démocratiquement peut prendre des décisions qui vont à l'encontre de la démocratie.

Voilà, on va s'arrêter là. Merci à Ingrid de m'avoir aidé à préparer cet épisode. J'espère que ça vous a plu et que vous avez appris plein de nouvelles expressions. Merci de m'avoir écouté et en attendant le prochain épisode, n'oubliez pas de faire un peu de français tous les jours ! À bientôt.

#89 - La liberté de la presse française est-elle menacée? (2) #89 - Ist die Pressefreiheit in Frankreich bedroht? (2) #89 - Is French press freedom under threat? (2) #89 - La libertad de prensa en Francia, amenazada (2) #89 - La libertà di stampa francese è in pericolo (2) #89 - フランスの報道の自由は脅かされているのか (2) #89 - Is de Franse persvrijheid in gevaar (2) #89 - A liberdade de imprensa francesa está ameaçada (2) #89 - Под угрозой ли свобода французской прессы (2) #89 - Fransız basın özgürlüğü tehdit altında mı (2) #89 - 法国新闻自由受到威胁吗? (2) #89 - 法國新聞自由受到威脅嗎? (2)

D'abord, revenons sur cette loi Sécurité Globale, celle qui a provoqué des manifestations en début d'année. First, let's come back to this Global Security law, the one that provoked demonstrations at the start of the year. Em primeiro lugar, voltemos a esta lei de Segurança Global, aquela que provocou manifestações no início do ano. 首先,讓我們回到今年年初引發示威活動的《全球安全法》。

De manière générale, cette loi a pour objectif de réorganiser les services de police : police nationale, police municipale, agents de sécurité… Elle renforce ou transfère les pouvoirs de chaque service. In general, the objective of this law is to reorganize the police services: national police, municipal police, security agents, etc. It strengthens or transfers the powers of each service. A priori, ça ne concerne pas vraiment la presse. A priori, it does not really concern the press. Mais en fait, si. But in fact, it is. Dans cette loi, il y a trois articles, les articles 21, 22 et 24, qui pourraient modifier la loi de 1881. In this law, there are three articles, articles 21, 22 and 24, which could modify the law of 1881. Souvenez-vous, c'est la loi protégeant la liberté de la presse. Remember, this is the law protecting freedom of the press.

Concrètement, ces articles ont pour objectif d'empêcher les gens de filmer les policiers. Concretely, these articles aim to prevent people from filming the police. Eh oui parce qu'avec la démocratisation du smartphone et des réseaux sociaux, il est devenu très facile d'avoir des preuves des exactions commises par certains policiers. Yes, because with the democratization of smartphones and social networks, it has become very easy to have proof of the atrocities committed by certain police officers. Sim, porque com a democratização dos smartphones e das redes sociais, ficou muito fácil ter a prova das atrocidades cometidas por determinados policiais. Depuis quelques années, on voit ce genre de vidéos apparaître régulièrement sur les réseaux sociaux. In recent years, we have seen this kind of videos appear regularly on social networks. Du coup, maintenant, l'opinion publique a conscience que ce ne sont pas des cas isolés, qu'il y a vraiment un problème de violence endémique au sein de la police française. Suddenly, now, public opinion is aware that these are not isolated cases, that there is really a problem of endemic violence within the French police. De repente, agora, a opinião pública está ciente de que não se trata de casos isolados, de que existe realmente um problema de violência endêmica dentro da polícia francesa.

Alors, dans la loi Sécurité Globale, il n'est pas dit qu'il est totalement interdit de filmer les policiers. So, in the Global Security law, it does not say that it is totally forbidden to film the police. C'est un peu plus subtil que ça. It's a little more subtle than that. Les articles en question prévoient de pénaliser la diffusion d'images d'un policier pendant l'exercice de ses fonctions, si cette diffusion est faite de manière «malveillante». The articles in question provide for penalizing the dissemination of images of a police officer during the performance of his duties, if this dissemination is done in a “malicious” manner. («Malveillant», ça veut dire «avec une mauvaise intention, avec l'objectif de faire du mal, de nuire à la personne.») ("Malicious" means "with a bad intention, with the objective of doing harm, of harming the person.")

Le problème, évidemment, c'est que cet adjectif, «malveillant», il est très subjectif. The problem, of course, is that this adjective, "malicious", is very subjective. Si vous filmez et publiez une vidéo d'un policier en train de tabasser un manifestant, de le frapper sans raison, ça sera mauvais pour sa carrière (enfin, ça, c'est même pas sûr dans le contexte actuel). If you shoot and post a video of a policeman beating up a protester, hitting him for no reason, that will be bad for his career (well, that's not even safe in the current context). Mais est-ce que ça veut dire que vous l'avez fait «d'une manière malveillante» ? But does that mean you did it "in a malicious way"? Non, mais peut-être que vous serez quand même arrêté et qu'un juge dira le contraire. No, but maybe you will still be arrested and a judge will say otherwise.

Donc face à cette menace, un collectif a été créé le 8 novembre 2020 à l'initiative de quatre syndicats de journalistes et de la Ligue des droits de l'Homme. So faced with this threat, a collective was created on November 8, 2020 at the initiative of four journalists' unions and the Human Rights League. Il a organisé des manifestations contre cette loi Sécurité Globale, des manifestations qu'ils ont appelées «Marche des Libertés», comme celle du 16 janvier dont je vous ai parlé en introduction. He organized demonstrations against this Global Security law, demonstrations that they called "March of Freedoms", like that of January 16 which I told you about in the introduction.

Trois jours plus tôt, le 13 janvier, Amnesty International et une quarantaine d'autres organisations ont publié une tribune pour encourager les gens à y participer. Three days earlier, on January 13, Amnesty International and around 40 other organizations published a column to encourage people to participate. Três dias antes, em 13 de janeiro, a Anistia Internacional e cerca de 40 outras organizações publicaram uma coluna para incentivar as pessoas a participarem. Dans la tribune en question, on peut lire, je cite : «ce projet porte de graves menaces à la liberté d'informer et d'être informé». In the forum in question, we can read, and I quote: “this project poses serious threats to the freedom to inform and to be informed”.

Eh oui parce que cette loi, elle donnerait carte blanche aux policiers pour agir comme ils veulent, en toute impunité. Yes, because this law would give the police carte blanche to act as they want, with complete impunity.

Pour le moment, leur méthode pour ne pas être filmés, c'est tout simplement de détruire les smartphones des gens. For now, their method of not being filmed is simply to destroy people's smartphones. Quand quelqu'un filme des policiers en train d'abuser de leur autorité, par exemple dans une manifestation, il est pas rare qu'un des policiers prenne le téléphone et le jette par terre pour le casser. When someone films police officers abusing their authority, for example in a demonstration, it is not uncommon for one of the police to pick up the phone and throw it on the ground to break it. Mais si la loi est adoptée, les policiers n'auront même plus besoin de faire ça. But if the law is passed, the police won't even need to do that. Ils auront une arme judiciaire. They will have a judicial weapon. Ils pourront attaquer en justice les gens qui les auront filmés. They will be able to sue the people who have filmed them. Eles poderão processar as pessoas que os filmaram.

Personnellement, je trouve ça assez choquant. Personally, I find that quite shocking. Au lieu de protéger les citoyens et les journalistes des violences policières, le gouvernement actuel préfère protéger les policiers en les laissant agir en toute impunité. Instead of protecting citizens and journalists from police violence, the current government prefers to protect the police by letting them act with impunity.

Beaucoup de personnes s'inquiètent de cette proposition de loi, et pas uniquement en France. Many people are worried about this bill, and not only in France. Au niveau international, elle a aussi été dénoncée par la commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe et plusieurs membres des Nations unies. At the international level, it has also been denounced by the Council of Europe Commissioner for Human Rights and several members of the United Nations.

Et quand on voit les évènements d'actualité, il y a de quoi s'inquiéter vu que plusieurs bavures policières ont eu lieu récemment. And when we see the current events, there is something to worry about since several police blunders have taken place recently. Une bavure policière, ou juste «une bavure», c'est quand un policier ou un militaire commet une grosse faute, une erreur regrettable. A police blunder, or just "a blunder", is when a police officer or a soldier commits a big mistake, a regrettable mistake. Uma asneira policial, ou apenas "uma asneira", é quando um policial ou um soldado comete um grande erro, um erro lamentável. On va voir quatre bavures dont des journalistes ont été victimes et qui ont toutes eu lieu en novembre 2020. We will see four burrs of which journalists were victims and which all took place in November 2020. Veremos quatro rebarbas das quais jornalistas foram vítimas e que ocorreram em novembro de 2020.

Le 17 novembre 2020, plusieurs personnes se sont rassemblées près de l'Assemblée nationale pour manifester contre la loi Sécurité globale. On November 17, 2020, several people gathered near the National Assembly to demonstrate against the Comprehensive Security Law. Pendant ce rassemblement, les policiers ont arrêté plusieurs journalistes qui étaient sur place pour filmer l'évènement. During this rally, the police arrested several journalists who were on site to film the event. Comme si la loi avait déjà été acceptée ! As if the law had already been accepted! Como se a lei já tivesse sido aceita! Ça aurait pu être drôle si ça s'était passé dans une comédie avec Louis de Funès, mais là, ça s'est passé dans la vraie vie. It could have been funny if it had happened in a comedy with Louis de Funès, but there, it happened in real life.

Quelques jours plus tard, le 21 novembre, pendant une autre manifestation contre la loi, une soixantaine de journalistes ont été nassés au centre de la place du Trocadéro à Paris. A few days later, on November 21, during another demonstration against the law, around sixty journalists were killed in the center of the Place du Trocadéro in Paris. Een paar dagen later, op 21 november, tijdens een andere demonstratie tegen de wet, werden ongeveer zestig journalisten opgepakt in het centrum van de Place du Trocadéro in Parijs. Nassés, ça veut dire qu'ils ont été encerclés et qu'on les a empêchés de se déplacer. Nassés, that means that they were surrounded and that they were prevented from moving. Ils ne pouvaient plus filmer la manifestation. They could no longer film the demonstration. C'est une technique que la police utilise déjà depuis un certain temps pour limiter la diffusion de l'information. This is a technique that the police have used for some time to limit the dissemination of information.

Une semaine après, le 28 novembre, encore pendant une manifestation contre cette loi, un photographe d'origine syrienne a été attaqué par la police. A week later, on November 28, again during a demonstration against this law, a photographer of Syrian origin was attacked by the police. Uma semana depois, em 28 de novembro, novamente durante uma manifestação contra a lei, um fotógrafo de origem síria foi agredido pela polícia. Les photos de son visage tuméfié ont choqué l'opinion publique (quand une partie du corps est tuméfiée, ça veut dire qu'elle est très gonflée à cause d'une blessure). The photos of her swollen face have shocked public opinion (when a part of the body is swollen, it means it is very swollen from an injury). Ce jeune photographe s'appelle Ameer Al-Halbi et il est réfugié politique en France. This young photographer is called Ameer Al-Halbi and he is a political refugee in France. Il est devenu photographe en Syrie pour filmer les horreurs du conflit. He became a photographer in Syria to film the horrors of the conflict. Depuis, il a gagné plusieurs prix, par exemple celui du World Press Photo. Since then, he has won several awards, for example that of the World Press Photo.

Ce jour-là, il était en train de couvrir la manifestation avec un groupe de journalistes quand les CRS ont chargé (CRS, c'est les initiales de Compagnie républicaine de sécurité, c'est la brigade de police qui s'occupe des manifestations). That day, he was covering the demonstration with a group of journalists when the CRS charged ). Ameer Al-Halbi a reçu un coup de matraque au visage. Ameer Al-Halbi was hit with a baton in the face. Ameer Al-Halbi werd in zijn gezicht geslagen met een wapenstok. Il a eu l'arcade sourcilière ouverte, au-dessus de l'œil, et le nez cassé. He had an open brow bone, above his eye, and a broken nose. Zijn wenkbrauwen waren boven het oog opengespleten en zijn neus was gebroken. Ele tinha uma sobrancelha aberta, acima do olho, e um nariz quebrado. Après cet incident, il a déclaré que cette attaque lui avait fait revivre le traumatisme de la guerre et que ça lui avait «plus fait mal à l'intérieur, moralement». After this incident, he said that the attack made him relive the trauma of the war and that it "hurt him more inside, morally".

Enfin, la dernière bavure que je voudrais mentionner, c'est l'agression de Rémy Buisine par un policier le 23 novembre 2020. Finally, the last blunder I would like to mention is the assault on Rémy Buisine by a police officer on November 23, 2020. Rémy Buisine est reporter chez Brut, un média d'information que je vous ai déjà recommandé il me semble. Rémy Buisine is a reporter at Brut, an information medium that I have already recommended to you. Rémy Buisine é repórter da Brut, meio de informação que já recomendei a vocês. Depuis plusieurs années, Rémy Buisine est présent à presque toutes les manifestations pour diffuser des images en direct sur les réseaux sociaux. For several years, Rémy Buisine has been present at almost all events to broadcast live images on social networks. Les policiers le connaissent bien. The police know him well. Ce 23 novembre, il est allé avec d'autres journalistes à la place de la République, une place centrale de Paris. On November 23, he went with other journalists to Place de la République, a central square in Paris.

Pour comprendre ce qui s'est passé, je dois vous situer un peu le contexte. To understand what happened, I need to give you a bit of context. En France, il y a un problème de place pour les réfugiés. In France, there is a problem of space for refugees. Il n'y a pas assez d'hébergements pour les loger. There is not enough accommodation to accommodate them. Alors, ils font des camps et ils dorment dans la rue. So, they make camps and they sleep in the streets. C'est un phénomène très visible à Paris. It is a very visible phenomenon in Paris. Mais officiellement, c'est interdit. But officially, it is prohibited. On n'a pas le droit de dormir dans la rue en France. We are not allowed to sleep in the street in France.

Donc dès que les réfugiés trouvent un endroit pour s'installer, des policiers viennent les déloger, les forcer de partir. So as soon as the refugees find a place to settle, the police come to dislodge them, to force them to leave. Assim que os refugiados encontram um lugar para se instalar, a polícia vem para desalojá-los, para forçá-los a sair. Et en général, ils n'y vont pas de main morte, autrement dit, leurs interventions sont assez brutales, ils ne sont pas tendres avec les réfugiés. And in general, they do not go dead hand, in other words, their interventions are quite brutal, they are not kind to the refugees. Met andere woorden, hun interventies zijn behoorlijk wreed en ze zijn niet vriendelijk voor vluchtelingen.

Alors pour attirer l'attention de l'opinion publique et pousser le gouvernement à trouver une solution, des associations d'aide aux réfugiés ont organisé une opération choc. So to attract the attention of public opinion and push the government to find a solution, refugee aid associations organized a shock operation. Elles ont demandé aux réfugiés d'installer leur camp directement sur la place de la République, un endroit très visible. They asked the refugees to set up their camp directly on Republic Square, a very visible place. Les associations savaient que la police arriverait rapidement pour les déloger, et que tout le monde pourrait voir comment les réfugiés sont traités. The associations knew that the police would arrive quickly to dislodge them, and that everyone could see how the refugees were being treated. De verenigingen wisten dat de politie snel zou komen om hen te verwijderen en dat iedereen zou kunnen zien hoe de vluchtelingen werden behandeld.

Les réfugiés étaient accompagnés par des militants de ces associations et des journalistes se sont rendus sur place, dont Rémy Buisine. The refugees were accompanied by activists from these associations and journalists went there, including Rémy Buisine. De vluchtelingen werden vergezeld door activisten van deze verenigingen en journalisten, waaronder Rémy Buisine, bezochten de locatie. Os refugiados foram acompanhados por ativistas dessas associações e jornalistas foram para lá, incluindo Rémy Buisine. Les CRS ont reçu l'ordre de les évacuer. The CRS were ordered to evacuate them. Ils sont arrivés sur place et ils ont commencé à sortir violemment les réfugiés de leurs tentes. They got there and started to force the refugees out of their tents. Les journalistes ont filmé tout ça. The journalists filmed it all. Et un policier a attaqué Rémy Buisine à plusieurs reprises. And a police officer attacked Rémy Buisine on several occasions. La troisième fois, la scène a été filmée par une autre journaliste et postée sur Twitter. The third time, the scene was filmed by another reporter and posted on Twitter. Grâce à cette vidéo, Rémy Buisine a pu porter plainte contre le policier. Thanks to this video, Rémy Buisine was able to file a complaint against the police officer. Graças a este vídeo, Rémy Buisine pôde registrar uma queixa contra o policial.

Ces quatre événements ont eu lieu en l'espace d'à peine 10 jours ! These four events took place in just 10 days! Esses quatro eventos aconteceram em apenas 10 dias! Si on remonte plus loin, on pourrait citer plein d'autres cas. If we go back further, we could cite many other cases. Par exemple, pendant les manifestations des Gilets jaunes, dont je vous ai déjà parlé dans l'épisode 55. For example, during the demonstrations of the yellow vests, which I already told you about in episode 55. Selon Reporters sans frontières, 90 journalistes ont été victimes de violence policière quand ils couvraient ces manifestations. According to Reporters Without Borders, 90 journalists were victims of police violence while covering these protests. Et ce n'est rien comparé au nombre de manifestants qui ont été blessés par des policiers. And that is nothing compared to the number of protesters who were injured by police officers.

Je m'arrête là avec ces exemples. I stop there with these examples. Je pense que maintenant, vous comprenez pourquoi la France a perdu des points dans le classement de Reporters sans frontières. I think that now you understand why France has lost points in the Reporters Without Borders ranking. Ik denk dat je nu begrijpt waarom Frankrijk punten heeft verloren in de ranglijst van Verslaggevers zonder Grenzen.

Malheureusement, la répression policière n'est pas la seule menace pour la liberté de la presse. Unfortunately, police repression is not the only threat to press freedom. Selon Christophe Deloire, le secrétaire général de Reporters sans frontières, beaucoup d'éléments entravent, limitent les médias en France. According to Christophe Deloire, the secretary general of Reporters Without Borders, many elements hinder, limit the media in France. Par exemple, le fait que 80% des médias français appartiennent à des grands groupes industriels ou financiers, des groupes qui peuvent faire pression sur les rédactions pour servir leurs intérêts économiques. For example, the fact that 80% of French media belong to large industrial or financial groups, groups that can put pressure on editorial staff to serve their economic interests. Bijvoorbeeld het feit dat 80% van de Franse media in handen is van grote industriële of financiële groepen, groepen die druk kunnen uitoefenen op redacties om hun economische belangen te dienen. Mais ce n'est pas tout ! But that's not all ! Il y a aussi l'antagonisme croissant des politiciens qui n'hésitent plus à critiquer publiquement les journalistes, le manque de protection des sources et l'intolérance religieuse. There is also the growing antagonism of politicians who no longer hesitate to publicly criticize journalists, the lack of protection of sources and religious intolerance. Er is ook het groeiende antagonisme van politici die niet langer aarzelen om journalisten publiekelijk te bekritiseren, het gebrek aan bescherming van bronnen en religieuze intolerantie.

Pour mieux comprendre ça, on va revenir sur un événement tragique qui a eu lieu l'année dernière en France. To better understand this, we will come back to a tragic event that took place last year in France. Le 16 octobre 2020, un professeur d'histoire a été tué sauvagement par un jeune terroriste de 18 ans. On October 16, 2020, a history professor was brutally killed by an 18-year-old terrorist. Il a été décapité, autrement dit le terroriste lui a coupé la tête. He was beheaded, in other words the terrorist cut off his head. Ce professeur s'appelait Samuel Paty. This professor was called Samuel Paty. Il est mort parce qu'il avait montré des caricatures du journal satirique Charlie Hebdo pendant un cours sur la liberté de la presse, dont les caricatures du prophète Mahomet, les caricatures qui avaient déjà coûté la vie à plusieurs journalistes en 2015. He died because he had shown cartoons from the satirical Charlie Hebdo newspaper during a press freedom class, including cartoons of the Prophet Muhammad, the cartoons that had already claimed the lives of several journalists in 2015. Ele morreu porque havia mostrado cartuns do jornal satírico Charlie Hebdo durante uma aula de liberdade de imprensa, incluindo cartuns do Profeta Muhammad, os cartuns que já haviam ceifado a vida de vários jornalistas em 2015. C'est donc parce qu'il a voulu enseigner à ses élèves l'importance de la liberté de la presse que ce professeur a été assassiné sauvagement. It was therefore because he wanted to teach his students the importance of freedom of the press that this professor was brutally murdered. Portanto, foi porque ele queria ensinar a seus alunos a importância da liberdade de imprensa que esse professor foi brutalmente assassinado.

Cet événement, ainsi que les attentats contre la rédaction de Charlie hebdo en 2015, illustrent bien la menace que l'extrémisme religieux peut représenter pour la liberté de la presse. This event, as well as the attacks against the editorial staff of Charlie Hebdo in 2015, illustrate the threat that religious extremism can represent for press freedom.

L'assassinat de Samuel Paty a été un véritable choc dans tout le pays. The assassination of Samuel Paty was a real shock across the country. Les hommes politiques, le président Emmanuel Macron en premier, ont affirmé haut et fort que la France ne reculerait jamais devant le terrorisme et que la liberté d'expression resterait une valeur fondamentale du pays. Politicians, President Emmanuel Macron first, have said loud and clear that France will never back down from terrorism and that freedom of expression will remain a fundamental value of the country. Os políticos, primeiro o presidente Emmanuel Macron, disseram alto e bom som que a França nunca desistirá do terrorismo e que a liberdade de expressão continuará sendo um valor fundamental do país. Le problème, c'est que ces politiciens eux-mêmes sont loin d'être exemplaires dans ce domaine. The problem is, these politicians themselves are far from exemplary in this area.

Et ça, c'est une autre menace pour la liberté de la presse : la façon dont certains hommes politiques traitent les journalistes. And that is another threat to press freedom: the way some politicians treat journalists. Alors bon, ça n'est pas aussi catastrophique qu'avec l'ancien Président américain dont je tairai le nom, mais il y a quand même quelques signes inquiétants, même chez notre Président à nous. So, well, it is not as catastrophic as with the former American President whose name I will not mention, but there are still some worrying signs, even from our President. Het is niet zo rampzalig als met de vorige Amerikaanse president wiens naam ik niet zal noemen, maar er zijn nog steeds enkele verontrustende tekenen, zelfs met onze eigen president. Então, bem, não é tão catastrófico como com o ex-presidente americano cujo nome não vou mencionar, mas ainda há alguns sinais preocupantes, até mesmo do nosso presidente.

Bien sûr, ça n'a rien de nouveau. Of course, this is nothing new. Emmanuel Macron n'est pas le premier politicien français à vouloir influencer ce qui est dit dans la presse. Emmanuel Macron is not the first French politician to want to influence what is said in the press. Emmanuel Macron is niet de eerste Franse politicus die invloed wil uitoefenen op wat er in de pers wordt gezegd. D'autres l'ont fait avant lui, et il ne sera sûrement pas le dernier non plus. Others have done it before him, and he surely won't be the last either. Mais comme il est au sommet de l'État, c'est un exemple assez parlant. But since he's at the top of the state, that's a pretty telling example. Maar omdat hij aan de top van de staat staat, is het een duidelijk voorbeeld.

Il n'a pas attendu longtemps pour s'y mettre. He didn't wait long to get started. Hij wachtte niet lang om te beginnen. Dès le début de son mandat, des journalistes l'ont accusé de vouloir les contrôler. From the start of his mandate, journalists accused him of wanting to control them. En mai 2017, juste après l'élection présidentielle, une vingtaine de rédactions avaient publié conjointement une lettre ouverte intitulée “Monsieur le Président, il n'appartient pas à l'Élysée de choisir les journalistes”. In May 2017, just after the presidential election, around twenty editorial staff jointly published an open letter entitled “Mr. President, it is not up to the Elysee to choose journalists”. In mei 2017, net na de presidentsverkiezingen, publiceerden een twintigtal redactiekantoren samen een open brief met de titel "Mijnheer de Voorzitter, het is niet aan het Élysée om journalisten te kiezen". Em maio de 2017, logo após a eleição presidencial, cerca de vinte redações publicaram em conjunto uma carta aberta intitulada “Senhor Presidente, não cabe ao Eliseu escolher jornalistas”. (L'Elysée, c'est un surnom utilisé pour parler du pouvoir présidentiel, en référence au Palais de l'Elysée où vit et travaille le Président.) (The Elysée is a nickname used to talk about presidential power, in reference to the Elysée Palace where the President lives and works.) (O Eliseu é um apelido usado para falar sobre o poder presidencial, em referência ao Palácio do Eliseu, onde o presidente vive e trabalha.) Cette lettre a été publiée au moment du premier voyage présidentiel d'Emmanuel Macron, car il avait été demandé aux rédactions d'envoyer certains journalistes en particulier, suivant les préférences du Président, ce qui est complètement contraire au principe de neutralité de la presse. This letter was published at the time of Emmanuel Macron's first presidential trip, because the editorial staff had been asked to send certain journalists in particular, according to the President's preferences, which is completely contrary to the principle of press neutrality.

Donc vous voyez, dès son arrivée au pouvoir, Emmanuel Macron a donné le ton : c'est lui qui décide, les médias sont seulement là pour transmettre le message, pas pour poser des questions gênantes, des questions qui pourraient le mettre en difficulté. So you see, as soon as he came to power, Emmanuel Macron set the tone: it is he who decides, the media are only there to convey the message, not to ask embarrassing questions, questions that could put him in difficulty. Então você vê, logo que chegou ao poder, Emmanuel Macron deu o tom: é ele quem decide, a mídia só está lá para passar a mensagem, não para fazer perguntas embaraçosas, que poderiam colocá-lo em dificuldades.

Plus récemment, il s'est mis en colère à cause de deux articles publiés dans des journaux de langue anglaise, le Financial Times et Politico. More recently, he got angry over two articles published in English-language newspapers, the Financial Times and Politico. Son équipe a contacté les rédactions de ces journaux… et les deux articles ont été supprimés ! His team contacted the editorial staff of these newspapers… and both articles were deleted! Il s'agissait de deux tribunes sur le thème du terrorisme en France, après l'attentat contre Samuel Paty. These were two forums on the theme of terrorism in France, after the attack against Samuel Paty. L'une avait été écrite par un sociologue, ancien professeur dans une grande école parisienne, et l'autre par une journaliste correspondante. One had been written by a sociologist, former professor in a large Parisian school, and the other by a corresponding journalist. Les deux auteurs critiquaient le système d'intégration français, et le principe de laïcité à la française, en les accusant de diviser le pays et d'être donc responsable de la montée de l'islamisme. The two authors criticized the French integration system, and the principle of French-style secularism, accusing them of dividing the country and therefore being responsible for the rise of Islamism.

Finalement, à la place, une tribune d'un ministre français a été publiée dans Politico, et le Financial Times a publié une lettre de réponse du Président lui-même ! Eventually, instead, a column by a French minister was published in Politico, and the Financial Times published a response letter from the President himself! Finalmente, en cambio, se publicó un artículo de opinión de un ministro francés en Politico, ¡y el Financial Times publicó una carta de respuesta del propio Presidente! Bien sûr, Emmanuel Macron assure qu'il n'a pas demandé à ce que les articles soient supprimés. Of course, Emmanuel Macron ensures that he did not ask that the articles be deleted. Et les deux journaux affirment que les articles ont été retirés parce qu'ils contenaient des contre-vérités. And both newspapers say the articles were removed because they contained untruths. En beide kranten beweren dat de artikelen zijn teruggetrokken omdat ze onwaarheden bevatten. Mais on peut facilement voir ces retraits comme de l'auto-censure. But one can easily see these withdrawals as self-censorship.

À cause de cette attitude, le Président français est régulièrement critiqué dans la presse étrangère. Because of this attitude, the French President is regularly criticized in the foreign press. Si ça vous intéresse, vous pouvez aller sur le site de Médiapart. If you are interested, you can go to the Médiapart website. Médiapart, c'est un des rares médias français qui soit totalement indépendant. Médiapart is one of the few French media that is completely independent. Il n'appartient pas à un grand groupe comme les principaux autres journaux. It does not belong to a large group like the other major newspapers. Grâce à cette indépendance, Médiapart publie régulièrement des enquêtes pour dénoncer les abus du pouvoir politique et des grandes entreprises. Thanks to this independence, Médiapart regularly publishes surveys to denounce the abuses of political power and large companies. Graças a esta independência, a Médiapart publica regularmente inquéritos para denunciar os abusos de poder político e de grandes empresas.

Justement, en novembre 2020, deux journalistes de Médiapart ont publié un article intitulé «La presse étrangère s'inquiète du virage autoritaire d'Emmanuel Macron», autrement dit, les médias étrangers commencent à avoir peur de la direction autoritaire que prend Emmanuel Macron. Precisely, in November 2020, two journalists from Médiapart published an article entitled "The foreign press is worried about the authoritarian turn of Emmanuel Macron", in other words, the foreign media are beginning to be afraid of the authoritarian direction taken by Emmanuel Macron. Precisamente em novembro de 2020, dois jornalistas do Médiapart publicaram um artigo intitulado “A imprensa estrangeira está preocupada com o giro autoritário de Emmanuel Macron”, ou seja, os meios de comunicação estrangeiros começam a temer a direção autoritária de Emmanuel Macron. Dedans, ils ont listé de nombreux articles de la presse étrangère qui dénoncent notamment la pression du pouvoir politique sur les médias. In it, they listed numerous articles from the foreign press which notably denounce the pressure of political power on the media. Si vous voulez le lire, je mettrai le lien sur la page de l'épisode, avec toutes les autres sources. If you want to read it, I'll put the link on the episode's page, along with all the other sources.

Mais ce qui est encore plus alarmant, c'est que ce «virage autoritaire» n'attaque pas uniquement la liberté de la presse. But what is even more alarming is that this “authoritarian turn” does not only attack press freedom.

Dans son rapport de 2019, l'organisation Amnesty International présentait la France en écrivant, je cite : «Les autorités ont restreint de manière disproportionnée le droit à la liberté de réunion pacifique. In its 2019 report, Amnesty International presented France by writing, and I quote: “The authorities have disproportionately restricted the right to freedom of peaceful assembly. Em seu relatório de 2019, a Amnistia Internacional apresentou a França por escrito, e passo a citar: “As autoridades restringiram desproporcionalmente o direito à liberdade de reunião pacífica. Plusieurs milliers de manifestants et manifestantes ont été blessés par la police ou arrêtés et poursuivis en justice pour de piètres motifs [autrement dit, pour des raisons absurdes] ou pour des faits pourtant protégés par le droit et les normes en matière de droits humains.» Several thousand demonstrators have been injured by the police or arrested and prosecuted on poor grounds [in other words, for absurd reasons] or for facts protected by human rights law and standards. " Duizenden demonstranten zijn gewond geraakt door de politie of gearresteerd en vervolgd op zwakke gronden [met andere woorden, om absurde redenen] of voor daden die beschermd worden door mensenrechtenwetgeving en -normen". Vários milhares de manifestantes foram feridos pela polícia ou presos e processados por motivos errôneos [em outras palavras, por motivos absurdos] ou por fatos protegidos pelas leis e normas de direitos humanos ”.

Bien sûr, à cette époque, Amnesty International faisait référence aux manifestations des Gilets Jaunes qui ont été réprimées de manière très violente. Of course, at that time, Amnesty International was referring to the demonstrations of the Yellow Vests which were repressed in a very violent way. 3 000 personnes ont été blessées et 11 000 ont été placées en garde à vue (la garde à vue, c'est quand on est arrêté et qu'on passe une nuit ou plus en prison, sans jugement.) 3,000 people were injured and 11,000 were taken into police custody (custody is when you are arrested and spend a night or more in prison, without trial.) Donc la police n'est pas seulement violente avec les journalistes, elle l'est aussi avec les civils. So the police are not only violent with journalists, they are also violent with civilians.

D'ailleurs, ces derniers mois, les affaires de violences policières se sont multipliées. Moreover, in recent months, cases of police violence have multiplied. Une de celles qui a été le plus médiatisée, c'est l'agression de Michel Zecler. One of those that has received the most media coverage is the assault on Michel Zecler.

Michel Zecler, c'est un producteur de musique noir de 41 ans. Michel Zecler is a 41-year-old black music producer.

Le 21 novembre 2020, vers 20h, Michel Zecler marche vers son studio d'enregistrement situé dans le 17e arrondissement de Paris. On November 21, 2020, around 8 p.m., Michel Zecler walks towards his recording studio located in the 17th arrondissement of Paris. Em 21 de novembro de 2020, por volta das 20h, Michel Zecler caminha em direção ao seu estúdio de gravação localizado no 17º arrondissement de Paris. Avant d'entrer dans l'immeuble, il est interpellé par des policiers parce qu'il ne porte pas de masque. Before entering the building, he was stopped by the police because he was not wearing a mask. Ils le suivent dans l'immeuble jusqu'à son studio parce que, d'après leur version, Michel Zecler refuse de se soumettre à ce contrôle. They follow him in the building to his studio because, according to their version, Michel Zecler refuses to submit to this control. Eles o seguem no prédio até seu ateliê porque, segundo sua versão, Michel Zecler se recusa a se submeter a esse controle. Ils entrent avec lui dans son studio, ils ferment la porte et là, ils le passent à tabac. They enter his studio with him, they close the door and there they beat him. Ze gingen met hem zijn studio binnen, sloten de deur en sloegen hem toen in elkaar. «Passer à tabac», c'est une expression pour dire «frapper violemment quelqu'un», en général sans que la personne puisse se défendre. "To beat up" is an expression for "to hit someone violently", in general without the person being able to defend himself. On utilise aussi le verbe «tabasser». We also use the verb "to beat up". Après plusieurs minutes passées à frapper Michel Zecler, les policiers l'arrêtent et l'emmènent au commissariat pour motifs de «rébellion» et «violence sur un policier». After several minutes spent hitting Michel Zecler, the police arrested him and took him to the police station for reasons of “rebellion” and “violence on a police officer”. Após vários minutos batendo em Michel Zecler, a polícia o prendeu e o levou para a delegacia por motivos de “rebelião” e “violência contra um policial”.

Malheureusement pour eux, et heureusement pour Michel Zecler, le studio d'enregistrement était équipé de caméras de surveillance. Unfortunately for them, and fortunately for Michel Zecler, the recording studio was equipped with surveillance cameras. Sur les images, on voit clairement les policiers agresser Michel Zecler sans raison. On the images, we can clearly see the police attacking Michel Zecler for no reason. Lui, il essaye juste de se protéger et d'appeler à l'aide, mais il n'a pas un seul geste violent, il ne résiste pas du tout. Him, he's just trying to protect himself and call for help, but he doesn't have a single violent gesture, he doesn't resist at all. La vidéo a été diffusée sur les réseaux sociaux, puis dans tous les médias, et elle a vraiment choqué l'opinion publique. The video was released on social media and then all over the media, and it really shocked public opinion. Deux des trois policiers ont été arrêtés mais ils ont été relâchés ensuite. Two of the three policemen were arrested but were later released. Twee van de drie politieagenten werden gearresteerd maar later vrijgelaten. De son côté, Michel Zecler a déclaré que sans la vidéo, il est sûr qu'il aurait été reconnu coupable et envoyé en prison. For his part, Michel Zecler said that without the video, he is sure he would have been found guilty and sent to prison. Michel Zecler zei op zijn beurt dat hij zonder de video zeker schuldig zou zijn bevonden en naar de gevangenis zou zijn gestuurd.

Cette histoire est d'autant plus choquante qu'elle s'est produite au moment des débats sur la loi Sécurité Globale. This story is all the more shocking as it occurred during the debates on the Global Security Act. Si cette loi avait déjà été votée, peut-être que Michel Zecler n'aurait pas eu le droit de diffuser la vidéo de son agression. If this law had already been voted, perhaps Michel Zecler would not have had the right to broadcast the video of his assault.

La bonne nouvelle, c'est que finalement, il semble que cette loi va être modifiée en faisant disparaître l'article 24, le plus controversé. The good news is that ultimately it looks like this law will be amended by removing the most controversial section 24. On attend pour ça le vote des sénateurs en mars qui sont censés prendre en compte toutes les critiques dont je vous ai parlé. We are waiting for that the vote of the senators in March who are supposed to take into account all the criticisms of which I spoke to you. We wachten op de stemming van de senatoren in maart, die rekening moet houden met alle kritiek die ik heb genoemd. Estamos aguardando a votação dos senadores em março, que devem levar em consideração todas as críticas que já fiz.

Pour conclure, j'aimerais relativiser un peu la situation. To conclude, I would like to put the situation in perspective. Évidemment, il faut être très prudent sur cette question de liberté d'expression et de liberté de la presse. Obviously, we have to be very careful on this issue of freedom of expression and freedom of the press. Natuurlijk moeten we heel voorzichtig zijn als het gaat om de vrijheid van meningsuiting en de persvrijheid. Mais le cas français est loin d'être aussi grave que celui d'autres pays, en particulier les pays non-démocratiques. But the French case is far from being as serious as that of other countries, in particular non-democratic countries. Maar het Franse geval is lang niet zo ernstig als dat van andere landen, vooral niet-democratische landen. En France, la liberté de la presse a été déclarée comme fondamentale il y a plus d'un siècle. In France, the freedom of the press was declared as fundamental more than a century ago. Les journalistes sont libres, ils peuvent réaliser des enquêtes sur les personnes au pouvoir sans être menacés de finir en prison. Journalists are free, they can carry out investigations on those in power without being threatened with ending up in prison. Il y a une grande diversité de points de vue exprimés car il existe des médias de tous bords politiques. There is a great diversity of views expressed because there is media from all political stripes. Les journalistes ne craignent pas pour leur vie au quotidien, contrairement à leurs confrères d'autres pays. Journalists do not fear for their daily lives, unlike their colleagues in other countries. Os jornalistas não temem por seu dia a dia, ao contrário de seus colegas de outros países. Parce que dans de nombreux pays, la liberté de la presse n'existe pas du tout. Because in many countries freedom of the press does not exist at all. Simplement, il faut rester vigilant. Simply, we must remain vigilant. We moeten gewoon waakzaam blijven. Comme on l'a vu avec la loi Sécurité Globale, même un gouvernement élu démocratiquement peut prendre des décisions qui vont à l'encontre de la démocratie. As we have seen with the Global Security Act, even a democratically elected government can make decisions that go against democracy. Zoals we zagen met de Global Security Act, kan zelfs een democratisch gekozen regering beslissingen nemen die tegen de democratie ingaan. Como vimos com a Lei de Segurança Global, mesmo um governo eleito democraticamente pode tomar decisões que vão contra a democracia.

Voilà, on va s'arrêter là. Here we are, we will stop there. Merci à Ingrid de m'avoir aidé à préparer cet épisode. Thanks to Ingrid for helping me prepare this episode. J'espère que ça vous a plu et que vous avez appris plein de nouvelles expressions. Hope you enjoyed it and learned lots of new expressions. Merci de m'avoir écouté et en attendant le prochain épisode, n'oubliez pas de faire un peu de français tous les jours ! Thank you for listening to me and while waiting for the next episode, don't forget to do a little French every day! À bientôt.