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Adolphe, Benjamin Constant, CHAPITRE IV

Charme de l'amour ! qui pourrait vous peindre ? Cette persuasion que nous avons trouvé l'être que la nature avait destiné pour nous, ce jour subit répandu sur la vie, et qui nous semble en expliquer le mystère, cette valeur inconnue attachée aux moindres circonstances, ces heures rapides, dont tous les détails échappent au souvenir par leur douceur même, et qui ne laissent dans notre âme qu'une longue trace de bonheur, cette gaieté folâtre qui se mêle quelquefois sans cause à un attendrissement habituel, tant de plaisir dans la présence, et dans l'absence tant d'espoir, ce détachement de tous les soins vulgaires, cette supériorité sur tout ce qui nous entoure, cette certitude que désormais le monde ne peut nous atteindre où nous vivons, cette intelligence mutuelle qui devine chaque pensée et qui répond à chaque émotion, charme de l'amour, qui vous éprouva ne saurait vous décrire ! M. de P* fut obligé, pour des affaires pressantes, de s'absenter pendant six semaines. Je passai ce temps chez Ellénore presque sans interruption. Son attachement semblait s'être accru du sacrifice qu'elle m'avait fait. Elle ne me laissait jamais la quitter sans essayer de me retenir. Lorsque je sortais, elle me demandait quand je reviendrais. Deux heures de séparation lui étaient insupportables. Elle fixait avec une précision inquiète l'instant de mon retour. J'y souscrivais avec joie, j'étais reconnaissant, j'étais heureux du sentiment qu'elle me témoignait. Mais cependant les intérêts de la vie commune ne se laissent pas plier arbitrairement à tous nos désirs. Il m'était quelquefois incommode d'avoir tous mes pas marqués d'avance, et tous mes moments ainsi comptés. J'étais forcé de précipiter toutes mes démarches, de rompre avec la plupart de mes relations. Je ne savais que répondre à mes connaissances lorsqu'on me proposait quelque partie que, dans une situation naturelle, je n'aurais point eu de motif pour refuser. Je ne regrettais point auprès d'Ellénore ces plaisirs de la vie sociale, pour lesquels je n'avais jamais eu beaucoup d'intérêt, mais j'aurais voulu qu'elle me permît d'y renoncer plus librement. J'aurais éprouvé plus de douceur à retourner auprès d'elle de ma propre volonté, sans me dire que l'heure était arrivée, qu'elle m'attendait avec anxiété, et sans que l'idée de sa peine vînt se mêler à celle du bonheur que j'allais goûter en la retrouvant. Ellénore était sans doute un vif plaisir dans mon existence, mais elle n'était plus un but : elle était devenue un lien. Je craignais d'ailleurs de la compromettre. Ma présence continuelle devait étonner ses gens, ses enfants, qui pouvaient m'observer. Je tremblais de l'idée de déranger son existence. Je sentais que nous ne pouvions être unis pour toujours, et que c'était un devoir sacré pour moi de respecter son repos : je lui donnais donc des conseils de prudence, tout en l'assurant de mon amour. Mais plus je lui donnais des conseils de ce genre, moins elle était disposée à m'écouter. En même temps je craignais horriblement de l'affliger. Dès que je voyais sur son visage une expression de douleur, sa volonté devenait la mienne : je n'étais à mon aise que lorsqu'elle était contente de moi. Lorsqu'en insistant sur la nécessité de m'éloigner pour quelques instants, j'étais parvenu à la quitter, l'image de la peine que je lui avais causée me suivait partout. Il me prenait une fièvre de remords qui redoublait à chaque minute, et qui enfin devenait irrésistible ; je volais vers elle, je me faisais une fête de la consoler, de l'apaiser. Mais à mesure que je m'approchais de sa demeure, un sentiment d'humeur contre cet empire bizarre se mêlait à mes autres sentiments. Ellénore elle-même était violente. Elle éprouvait, je le crois, pour moi ce qu'elle n'avait éprouvé pour personne. Dans ses relations précédentes, son cœur avait été froissé par une dépendance pénible ; elle était avec moi dans une parfaite aisance, parce que nous étions dans une parfaite égalité ; elle s'était relevée à ses propres yeux, par un amour pur de tout calcul, de tout intérêt ; elle savait que j'étais bien sûr qu'elle ne m'aimait que pour moi-même. Mais il résultait de son abandon complet avec moi qu'elle ne me déguisait aucun de ses mouvements ; et lorsque je rentrais dans sa chambre, impatienté d'y rentrer plus tôt que je ne l'aurais voulu, je la trouvais triste ou irritée. J'avais souffert deux heures loin d'elle de l'idée qu'elle souffrait loin de moi : je souffrais deux heures près d'elle avant de pouvoir l'apaiser. Cependant je n'étais pas malheureux ; je me disais qu'il était doux d'être aimé, même avec exigence ; je sentais que je lui faisais du bien : son bonheur m'était nécessaire, et je me savais nécessaire à son bonheur. D'ailleurs, l'idée confuse que, par la seule nature des choses, cette liaison ne pouvait durer, idée triste sous bien des rapports, servait néanmoins à me calmer dans mes accès de fatigue ou d'impatience. Les liens d'Ellénore avec le comte de P*, la disproportion de nos âges, la différence de nos situations, mon départ que déjà diverses circonstances avaient retardé, mais dont l'époque était prochaine, toutes ces considérations m'engageaient à donner et à recevoir encore le plus de bonheur qu'il était possible : je me croyais sûr des années, je ne disputais pas les jours. Le comte de P* revint. Il ne tarda pas à soupçonner mes relations avec Ellénore ; il me reçut chaque jour d'un air plus froid et plus sombre. Je parlai vivement à Ellénore des dangers qu'elle courait ; je la suppliai de permettre que j'interrompisse pour quelques jours mes visites ; je lui représentai l'intérêt de sa réputation, de sa fortune, de ses enfants. Elle m'écouta longtemps en silence ; elle était pâle comme la mort. De manière ou d'autre, me dit-elle enfin, vous partirez bientôt ; ne devançons pas ce moment ; ne vous mettez pas en peine de moi. Gagnons des jours, gagnons des heures : des jours, des heures, c'est tout ce qu'il me faut. Je ne sais quel pressentiment me dit, Adolphe, que je mourrai dans vos bras.

Nous continuâmes donc à vivre comme auparavant, moi toujours inquiet, Ellénore toujours triste, le comte de P* taciturne et soucieux. Enfin la lettre que j'attendais arriva : mon père m'ordonnait de me rendre auprès de lui. Je portai cette lettre à Ellénore. Déjà ! me dit-elle après l'avoir lue ; je ne croyais pas que ce fût si tôt. Puis, fondant en larmes, elle me prit la main et elle me dit : Adolphe, vous voyez que je ne puis vivre sans vous ; je ne sais ce qui arrivera de mon avenir, mais je vous conjure de ne pas partir encore : trouvez des prétextes pour rester. Demandez à votre père de vous laisser prolonger votre séjour encore six mois. Six mois, est-ce donc si long ? Je voulus combattre sa résolution ; mais elle pleurait si amèrement, et elle était si tremblante, ses traits portaient l'empreinte d'une souffrance si déchirante que je ne pus continuer. Je me jetai à ses pieds, je la serrai dans mes bras, je l'assurai de mon amour, et je sortis pour aller écrire à mon père. J'écrivis en effet avec le mouvement que la douleur d'Ellénore m'avait inspiré. J'alléguai mille causes de retard ; je fis ressortir l'utilité de continuer à D* quelques cours que je n'avais pu suivre à Gottingue ; et lorsque j'envoyai ma lettre à la poste, c'était avec ardeur que je désirais obtenir le consentement que je demandais. Je retournai le soir chez Ellénore. Elle était assise sur un sofa ; le comte de P* était près de la cheminée, et assez loin d'elle ; les deux enfants étaient au fond de la chambre, ne jouant pas, et portant sur leurs visages cet étonnement de l'enfance lorsqu'elle remarque une agitation dont elle ne soupçonne pas la cause. J'instruisis Ellénore par un geste que j'avais fait ce qu'elle voulait. Un rayon de joie brilla dans ses yeux, mais ne tarda pas à disparaître. Nous ne disions rien. Le silence devenait embarrassant pour tous trois. On m'assure, monsieur, me dit enfin le comte, que vous êtes prêt à partir. Je lui répondis que je l'ignorais. Il me semble, répliqua-t-il, qu'à votre âge on ne doit pas tarder à entrer dans une carrière ; au reste, ajouta-t-il en regardant Ellénore tout le monde peut-être ne pense pas ici comme moi. La réponse de mon père ne se fit pas attendre. Je tremblais, en ouvrant sa lettre, de la douleur qu'un refus causerait à Ellénore. Il me semblait même que j'aurais partagé cette douleur avec une égale amertume ; mais en lisant le consentement qu'il m'accordait, tous les inconvénients d'une prolongation du séjour se présentèrent tout à coup à mon esprit. Encore six mois de gêne et de contrainte ! m'écriai-je ; six mois pendant lesquels j'offense un homme qui m'avait témoigné de l'amitié, j'expose une femme qui m'aime ; je cours le risque de lui ravir la seule situation où elle puisse vivre tranquille et considérée ; je trompe mon père ; et pourquoi ? Pour ne pas braver un instant une douleur qui, tôt ou tard, est inévitable ! Ne l'éprouvons-nous pas chaque jour en détail et goutte à goutte, cette douleur ? Je ne fais que du mal à Ellénore ; mon sentiment, tel qu'il est, ne peut la satisfaire. Je me sacrifie pour elle sans fruit pour son bonheur ; et moi, je vis ici sans utilité, sans indépendance, n'ayant pas un instant de libre, ne pouvant respirer une heure en paix. J'entrai chez Ellénore tout occupé de ces réflexions. Je la trouvai seule. Je reste encore six mois, lui dis-je. — Vous m'annoncez cette nouvelle bien sèchement. — C'est que je crains beaucoup, je l'avoue, les conséquences de ce retard pour l'un et pour l'autre. — Il me semble que pour vous du moins elles ne sauraient être bien fâcheuses. — Vous savez fort bien, Ellénore, que ce n'est jamais de moi que je m'occupe le plus. — Ce n'est guère non plus du bonheur des autres. — La conversation avait pris une direction orageuse. Ellénore était blessée de mes regrets dans une circonstance où elle croyait que je devais partager sa joie : je l'étais du triomphe qu'elle avait remporté sur mes résolutions précédentes. La scène devint violente. Nous éclatâmes en reproches mutuels. Ellénore m'accusa de l'avoir trompée, de n'avoir eu pour elle qu'un goût passager ; d'avoir aliéné d'elle l'affection du comte ; de l'avoir remise, aux yeux du public, dans la situation équivoque dont elle avait cherché toute sa vie à sortir. Je m'irritai de voir qu'elle tournât contre moi ce que je n'avais fait que par obéissance pour elle et par crainte de l'affliger. Je me plaignis de ma vive contrainte, de ma jeunesse consumée dans l'inaction, du despotisme qu'elle exerçait sur toutes mes démarches. En parlant ainsi, je vis son visage couvert tout à coup de pleurs : je m'arrêtai, je revins sur mes pas, je désavouai, j'expliquai. Nous nous embrassâmes : mais un premier coup était porté, une première barrière était franchie. Nous avions prononcé tous deux des mots irréparables ; nous pouvions nous taire, mais non les oublier. Il y a des choses qu'on est longtemps sans se dire, mais quand une fois elles sont dites, on ne cesse jamais de les répéter. Nous vécûmes ainsi quatre mois dans des rapports forcés, quelquefois doux, jamais complètement libres, y rencontrant encore du plaisir, mais n'y trouvant plus de charme. Ellénore, cependant, ne se détachait pas de moi. Après nos querelles les plus vives, elle était aussi empressée à me revoir, elle fixait aussi soigneusement l'heure de nos entrevues que si notre union eût été la plus paisible et la plus tendre. J'ai souvent pensé que ma conduite même contribuait à entretenir Ellénore dans cette disposition. Si je l'avais aimée comme elle m'aimait, elle aurait eu plus de calme ; elle aurait réfléchi de son côté sur les dangers qu'elle bravait. Mais toute prudence lui était odieuse, parce que la prudence venait de moi ; elle ne calculait point ses sacrifices, parce qu'elle était occupée à me les faire accepter ; elle n'avait pas le temps de se refroidir à mon égard, parce que tout son temps et toutes ses forces étaient employés à me conserver. L'époque fixée de nouveau pour mon départ approchait ; et j'éprouvais, en y pensant, un mélange de plaisir et de regret ; semblable à ce que ressent un homme qui doit acheter une guérison certaine par une opération douloureuse. Un matin, Ellénore m'écrivit de passer chez elle à l'instant. Le comte, me dit-elle, me défend de vous recevoir : je ne veux point obéir à cet ordre tyrannique. J'ai suivi cet homme dans la proscription, j'ai sauvé sa fortune ; je l'ai servi dans tous ses intérêts. Il peut se passer de moi maintenant : moi, je ne puis me passer de vous. On devine facilement quelles furent mes instances pour la détourner d'un projet que je ne concevais pas. Je lui parlai de l'opinion du public. Cette opinion, me répondit-elle, n'a jamais été juste pour moi. J'ai rempli pendant dix ans mes devoirs mieux qu'aucune femme, et cette opinion ne m'en a pas moins repoussée du rang que je méritais. Je lui rappelai ses enfants. — Mes enfants sont ceux de M. de P*. Il les a reconnus : il en aura soin. Ils seront trop heureux d'oublier une mère dont ils n'ont à partager que la honte. — Je redoublai mes prières. Écoutez, me dit-elle, si je romps avec le comte, refuserez-vous de me voir ? Le refuserez-vous ? reprit-elle en saisissant mon bras avec une violence qui me fit frémir. Non, assurément, lui répondis-je ; et plus vous serez malheureuse, plus je vous serai dévoué. Mais considérez… — Tout est considéré, interrompit-elle. Il va rentrer, retirez-vous maintenant ; ne revenez plus ici.

Je passai le reste de la journée dans une angoisse inexprimable. Deux jours s'écoulèrent sans que j'entendisse parler d'Ellénore. Je souffrais d'ignorer son sort ; je souffrais même de ne pas la voir, et j'étais étonné de la peine que cette privation me causait. Je désirais cependant qu'elle eût renoncé à la résolution que je craignais tant pour elle, et je commençais à m'en flatter, lorsqu'une femme me remit un billet par lequel Ellénore me priait d'aller la voir dans telle rue, dans telle maison, au troisième étage. J'y courus, espérant encore que, ne pouvant me recevoir chez M. de P*, elle avait voulu m'entretenir ailleurs une dernière fois. Je la trouvai faisant les aprêts d'un établissement durable. Elle vint à moi, d'un air à la fois content, et timide, cherchant à lire dans mes yeux mon impression. Tout est rompu, me dit-elle, je suis parfaitement libre. J'ai de ma fortune particulière soixante-quinze louis de rente ; c'est assez pour moi. Vous restez encore ici six semaines. Quand vous partirez, je pourrai peut-être me rapprocher de vous ; vous reviendrez peut-être me voir. Et, comme si elle eût redouté une réponse, elle entra dans une foule de détails relatifs à ses projets. Elle chercha de mille manières à me persuader qu'elle serait heureuse ; qu'elle ne m'avait rien sacrifié ; que le parti qu'elle avait pris lui convenait, indépendamment de moi. Il était visible qu'elle se faisait un grand effort, et qu'elle ne croyait qu'à moitié ce qu'elle me disait. Elle s'étourdissait de ses paroles, de peur d'entendre les miennes ; elle prolongeait son discours avec activité pour retarder le moment où mes objections la replongeraient dans le désespoir. Je ne pus trouver dans mon cœur de lui en faire aucune. J'acceptai son sacrifice, je l'en remerciai ; je lui dis que j'en étais heureux : je lui dis bien plus encore ; je l'assurai que j'avais toujours désiré qu'une détermination irréparable me fît un devoir de ne jamais la quitter ; j'attribuai mes indécisions à un sentiment de délicatesse qui me défendait de consentir à ce qui bouleversait sa situation. Je n'eus, en un mot, d'autre pensée que de chasser loin d'elle toute peine, toute crainte, tout regret, toute incertitude sur mon sentiment. Pendant que je lui parlais, je n'envisageais rien au-delà de ce but, et j'étais sincère dans mes promesses.

Charme de l'amour ! charm|of|love Charm of love! qui pourrait vous peindre ? who|could|you|to paint Who could paint you? Cette persuasion que nous avons trouvé l'être que la nature avait destiné pour nous, ce jour subit répandu sur la vie, et qui nous semble en expliquer le mystère, cette valeur inconnue attachée aux moindres circonstances, ces heures rapides, dont tous les détails échappent au souvenir par leur douceur même, et qui ne laissent dans notre âme qu'une longue trace de bonheur, cette gaieté folâtre qui se mêle quelquefois sans cause à un attendrissement habituel, tant de plaisir dans la présence, et dans l'absence tant d'espoir, ce détachement de tous les soins vulgaires, cette supériorité sur tout ce qui nous entoure, cette certitude que désormais le monde ne peut nous atteindre où nous vivons, cette intelligence mutuelle qui devine chaque pensée et qui répond à chaque émotion, charme de l'amour, qui vous éprouva ne saurait vous décrire ! ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||окружает||||||||||достигнуть|||||||||||||||||||||||||| this|persuasion|that|we|we have|found|the being|that|the|nature|had|destined|for|us|this|day|sudden|spread|on|the|life|and|which|us|it seems|to|explain|the|mystery|this|value|unknown|attached|to the|slightest|circumstances|these|hours|rapid|of which|all|the|details|escape|to|memory|by|their|sweetness|even|and|which|not|they leave|in|our|soul|only a|long|trace|of|happiness|this|gaiety|playful|which|itself|mixes|sometimes|without|cause|to|a|tenderness|habitual|so much|of|pleasure|in|the|presence|and|in|absence|so much|of hope|this|detachment|from|all|the|cares|mundane|this|superiority|over|everything|that|which|us|surrounds|this|certainty|that|henceforth|the|world|not|can|us|reach|where|we|we live|this|intelligence|mutual|who|guesses|each|thought|and|who|responds|to|each|emotion|charm|of|love|which|you|it tested|not|could|you|describe This persuasion that we have found the being that nature destined for us, this sudden day spread over life, which seems to explain its mystery, this unknown value attached to the slightest circumstances, these fleeting hours, of which all the details escape memory by their very sweetness, and which leave in our soul only a long trace of happiness, this playful gaiety that sometimes mingles without cause with a habitual tenderness, so much pleasure in presence, and in absence so much hope, this detachment from all mundane cares, this superiority over everything that surrounds us, this certainty that henceforth the world cannot reach us where we live, this mutual understanding that guesses every thought and responds to every emotion, charm of love, who has experienced you cannot describe you! M. de P*** fut obligé, pour des affaires pressantes, de s'absenter pendant six semaines. Mr|of|P|he was|obliged|for|some|affairs|pressing|to|be absent|for|six|weeks Mr. de P* was obliged, due to pressing business, to be absent for six weeks. Je passai ce temps chez Ellénore presque sans interruption. I|I spent|that|time|at|Ellénore|almost|without|interruption I spent this time at Ellénore's almost without interruption. Son attachement semblait s'être accru du sacrifice qu'elle m'avait fait. ||||увеличился||||| her|attachment|it seemed|to have|increased|from|sacrifice|that she|she had made|done Her attachment seemed to have increased from the sacrifice she had made for me. Elle ne me laissait jamais la quitter sans essayer de me retenir. she|not|me|||her|to leave|without|to try|to|me|to hold back She never let me leave without trying to hold me back. Lorsque je sortais, elle me demandait quand je reviendrais. ||выходил|||||| when|I|I was going out|she|to me|she was asking|when|I|I would come back When I went out, she would ask me when I would return. Deux heures de séparation lui étaient insupportables. ||||||невыносимыми two|hours|of|separation|to him|they were|unbearable Two hours of separation were unbearable for her. Elle fixait avec une précision inquiète l'instant de mon retour. she|she was fixing|with|a|precision|worried|the moment|of|my|return She was watching with anxious precision the moment of my return. J'y souscrivais avec joie, j'étais reconnaissant, j'étais heureux du sentiment qu'elle me témoignait. |подписывался||||||||||| I to it|I was subscribing|with|joy|I was|grateful|I was|happy|of the|feeling|that she|to me|she was showing I gladly agreed, I was grateful, I was happy for the feeling she showed me. Mais cependant les intérêts de la vie commune ne se laissent pas plier arbitrairement à tous nos désirs. ||||||||||||подчиняться|произвольно|||| but|however|the|interests|of|the|life|common|not|themselves|they let|not|to bend|arbitrarily|to|all|our|desires However, the interests of common life cannot be arbitrarily bent to all our desires. Il m'était quelquefois incommode d'avoir tous mes pas marqués d'avance, et tous mes moments ainsi comptés. it|it was to me|sometimes|inconvenient|to have|all|my|steps|marked|in advance|and|all|my|moments|thus|counted It was sometimes inconvenient for me to have all my steps marked out in advance, and all my moments thus counted. J'étais forcé de précipiter toutes mes démarches, de rompre avec la plupart de mes relations. I was|forced|to|to hasten|all|my|steps|to|to break|with|the|most|of|my|relationships I was forced to hasten all my actions, to break off with most of my relationships. Je ne savais que répondre à mes connaissances lorsqu'on me proposait quelque partie que, dans une situation naturelle, je n'aurais point eu de motif pour refuser. I|not|I knew|that|to respond|to|my|acquaintances|when one|to me|he/she/they proposed|some|part|that|in|a|situation|natural|I|I would not have|any|had|of|reason|to|to refuse I didn't know how to respond to my acquaintances when they proposed some outing that, in a natural situation, I would have had no reason to refuse. Je ne regrettais point auprès d'Ellénore ces plaisirs de la vie sociale, pour lesquels je n'avais jamais eu beaucoup d'intérêt, mais j'aurais voulu qu'elle me permît d'y renoncer plus librement. I|not|I regretted|at all|with|of Ellénore|these|pleasures|of|the|life|social|for|which|I|I had not|ever|had|much|interest|but|I would have|wanted|that she|me|she would allow|to it|to renounce|more|freely I did not regret to Ellénore those pleasures of social life, for which I had never had much interest, but I would have liked her to allow me to renounce them more freely. J'aurais éprouvé plus de douceur à retourner auprès d'elle de ma propre volonté, sans me dire que l'heure était arrivée, qu'elle m'attendait avec anxiété, et sans que l'idée de sa peine vînt se mêler à celle du bonheur que j'allais goûter en la retrouvant. |||||||||||||||||||||||||||||||||смешиваться||||||||||воссоединяясь I would have|experienced|more|of|sweetness|to|to return|with|her|of|my|own|will|without|me|to say|that|the hour|it was|arrived|that she|she was waiting for me|with|anxiety|and|without|that|the idea|of|her|pain|it came|to|to mix|with|that|of|happiness|that|I was going to|to taste|in|her|finding her again I would have felt more tenderness in returning to her of my own accord, without telling myself that the time had come, that she was waiting for me anxiously, and without the thought of her pain mingling with the happiness I was about to experience in finding her again. Ellénore était sans doute un vif plaisir dans mon existence, mais elle n'était plus un but : elle était devenue un lien. Ellénore|was|without|doubt|a|lively|pleasure|in|my|existence|but|she|she was not|anymore|a|goal|she|she was|become|a|link Ellénore was undoubtedly a vivid pleasure in my existence, but she was no longer a goal: she had become a bond. Je craignais d'ailleurs de la compromettre. |боялся||||скомпрометировать I|I was fearing|moreover|to|her|to compromise Moreover, I was afraid of compromising her. Ma présence continuelle devait étonner ses gens, ses enfants, qui pouvaient m'observer. ||постоянная||удивлять||||||| my|presence|continuous|it must have|to astonish|his|people|his|children|who|they could|observe me My constant presence must have astonished her people, her children, who could observe me. Je tremblais de l'idée de déranger son existence. I|I was trembling|of|the idea|to|to disturb|her|existence I trembled at the thought of disturbing her existence. Je sentais que nous ne pouvions être unis pour toujours, et que c'était un devoir sacré pour moi de respecter son repos : je lui donnais donc des conseils de prudence, tout en l'assurant de mon amour. I|I felt|that|we|not|we could|to be|united|for|always|and|that|it was|a|duty|sacred|for|me|to|to respect|his|rest|I|to him|I gave|therefore|some|advice|of|caution|all|while|assuring him|of|my|love I felt that we could not be united forever, and that it was a sacred duty for me to respect her rest: I therefore gave her advice on caution, while assuring her of my love. Mais plus je lui donnais des conseils de ce genre, moins elle était disposée à m'écouter. but|more|I|to her|I was giving|some|advice|of|this|kind|less|she|she was|willing|to|to listen to me But the more I gave her such advice, the less she was willing to listen to me. En même temps je craignais horriblement de l'affliger. |||||||огорчить его at the same time|even|time|I|I feared|horribly|to|to afflict her At the same time, I was horribly afraid of upsetting her. Dès que je voyais sur son visage une expression de douleur, sa volonté devenait la mienne : je n'étais à mon aise que lorsqu'elle était contente de moi. as soon as|that|I|I saw|on|her|face|an|expression|of|pain|her|will|it became|the|mine|I|I was|at|my|ease|only|when she|she was|happy|with|me As soon as I saw a look of pain on her face, her will became mine: I was only at ease when she was pleased with me. Lorsqu'en insistant sur la nécessité de m'éloigner pour quelques instants, j'étais parvenu à la quitter, l'image de la peine que je lui avais causée me suivait partout. |настаивая||||||||||достигнув этого||||||||||||причина||| when in|insisting|on|the|necessity|to|to distance myself|for|some|moments|I was|managed|to|her|to leave|the image|of|the|pain|that|I|to her|I had|caused|me|it followed|everywhere When, by insisting on the necessity of distancing myself for a few moments, I managed to leave her, the image of the pain I had caused her followed me everywhere. Il me prenait une fièvre de remords qui redoublait à chaque minute, et qui enfin devenait irrésistible ; je volais vers elle, je me faisais une fête de la consoler, de l'apaiser. ||||лихорадка||угрызения||усиливалась||||||||||летел||||||||||успокоить|| it|me|he was taking|a|fever|of|remorse|which|it was increasing|at|each|minute|and|which|finally|it was becoming|irresistible|I|I was flying|towards|her|I|I|I was making|a|celebration|to|her|to console|to|to calm her I was seized by a fever of remorse that intensified with each passing minute, and which finally became irresistible; I rushed back to her, making it a celebration to console her, to soothe her. Mais à mesure que je m'approchais de sa demeure, un sentiment d'humeur contre cet empire bizarre se mêlait à mes autres sentiments. ||||||||жилище||||||империи|||смешивался|||| but|at|measure|that|I|I was approaching|of|his|dwelling|a|feeling|of mood|against|this|empire|strange|it|it mixed|with|my|other|feelings But as I approached her home, a feeling of resentment against this strange power mixed with my other feelings. Ellénore elle-même était violente. Ellénore|||was|violent Ellénore herself was violent. Elle éprouvait, je le crois, pour moi ce qu'elle n'avait éprouvé pour personne. she|she felt|I|it|I believe|for|me|what|that she|she had not|felt|for|anyone I believe she felt for me what she had not felt for anyone. Dans ses relations précédentes, son cœur avait été froissé par une dépendance pénible ; elle était avec moi dans une parfaite aisance, parce que nous étions dans une parfaite égalité ; elle s'était relevée à ses propres yeux, par un amour pur de tout calcul, de tout intérêt ; elle savait que j'étais bien sûr qu'elle ne m'aimait que pour moi-même. |||предыдущих отношениях|||||помятый||||||||||||легкость общения||||||||равенство|||восстановилась||||||||||||||||||||||||||| in|her|relationships|previous|her||had|been|crushed|by|a|dependence|painful|she|she was|with|me|in|a|perfect|ease|because|that|we|we were|in|a|perfect|equality|she|she had|lifted|to|her|own|eyes|by|a|love|pure|of|all|calculation|of|all|interest|she|she knew|that|I was|quite|sure|that she|not|she loved me|only|for|| In her previous relationships, her heart had been bruised by a painful dependency; she was with me in perfect ease, because we were in perfect equality; she had raised herself in her own eyes, through a pure love free from any calculation or interest; she knew that I was quite sure she loved me only for myself. Mais il résultait de son abandon complet avec moi qu'elle ne me déguisait aucun de ses mouvements ; et lorsque je rentrais dans sa chambre, impatienté d'y rentrer plus tôt que je ne l'aurais voulu, je la trouvais triste ou irritée. |||||абсолютном отказе|||||||скрывала||||||||возвращался||||||||||||||||||| but|it|it resulted|from|her|abandonment|complete|with|me|that she|not|me|she disguised|any|of|her|movements|and|when|I||in|her|room|impatient|to it|to return|more|early|than|I|I|I would have|wanted|I|her|I found|sad|or|irritated But it resulted from her complete abandonment with me that she did not disguise any of her movements from me; and when I returned to her room, impatient to return earlier than I would have liked, I found her sad or irritated. J'avais souffert deux heures loin d'elle de l'idée qu'elle souffrait loin de moi : je souffrais deux heures près d'elle avant de pouvoir l'apaiser. I had|suffered|two|hours|far|from her|of|the idea|that she|she was suffering|far|from|me|I|I was suffering|two|hours|near|her|before|to|to be able|to calm her I had suffered for two hours away from her with the thought that she was suffering away from me: I suffered for two hours near her before I could soothe her. Cependant je n'étais pas malheureux ; je me disais qu'il était doux d'être aimé, même avec exigence ; je sentais que je lui faisais du bien : son bonheur m'était nécessaire, et je me savais nécessaire à son bonheur. |||||||||||||||требование|||||||||||||||||||| however|I|I was not|not|unhappy|I|to myself|I was saying|that it|it was|sweet|to be|loved|even|with|demand|I|I felt|that|I|to him|I was doing|some|good|his|happiness|it was to me|necessary|and|I|to myself|I knew|necessary|to|his|happiness However, I was not unhappy; I told myself that it was sweet to be loved, even with demands; I felt that I was doing her good: her happiness was necessary to me, and I knew that I was necessary to her happiness. D'ailleurs, l'idée confuse que, par la seule nature des choses, cette liaison ne pouvait durer, idée triste sous bien des rapports, servait néanmoins à me calmer dans mes accès de fatigue ou d'impatience. ||неясная||||||||||||длиться||||||||тем не менее|||||||||| moreover|the idea|confused|that|by|the|sole|nature|of|things|this|connection|not|it could|to last|idea|sad|under|many|some|aspects|it served|nevertheless|to|me|to calm|in|my|bouts|of|fatigue|or|of impatience Moreover, the vague idea that, by the very nature of things, this relationship could not last, a sad thought in many respects, nevertheless helped to calm me in my moments of fatigue or impatience. Les liens d'Ellénore avec le comte de P***, la disproportion de nos âges, la différence de nos situations, mon départ que déjà diverses circonstances avaient retardé, mais dont l'époque était prochaine, toutes ces considérations m'engageaient à donner et à recevoir encore le plus de bonheur qu'il était possible : je me croyais sûr des années, je ne disputais pas les jours. |||||||||диспропорция|||возрастов|||||обстоятельства||||||||отложенный||||||||соображения|вовлекали меня||||||||||||||||||||||не оспаривал||| the|links|of Ellénore|with|the|count|of|P|the|disproportion|of|our|ages|the|difference|of|our|situations|my|departure|that|already|various|circumstances|they had|delayed|but|of which|the time|it was|near|all|these|considerations|they engaged me|to|to give|and|to|to receive|still|the|most|of|happiness|that it|it was|possible|I|I|I believed|sure|of|years|I|not|I disputed|not|the|days Ellénore's ties with Count P*, the disparity in our ages, the difference in our situations, my departure which various circumstances had already delayed, but whose time was approaching, all these considerations urged me to give and receive as much happiness as possible: I believed I was sure of the years, I did not dispute the days. Le comte de P*** revint. the|count|of|P|he returned Count P* returned. Il ne tarda pas à soupçonner mes relations avec Ellénore ; il me reçut chaque jour d'un air plus froid et plus sombre. he|not|he took|not|to|to suspect|my|relations|with|Ellénore|he|me|he received|each|day|with a|air|more|cold|and|more|dark He soon began to suspect my relationship with Ellénore; he received me each day with a colder and darker demeanor. Je parlai vivement à Ellénore des dangers qu'elle courait ; je la suppliai de permettre que j'interrompisse pour quelques jours mes visites ; je lui représentai l'intérêt de sa réputation, de sa fortune, de ses enfants. ||||||||бегала|||||||я прервал бы||||||||представил|||||||||| I|I spoke|vividly|to|Ellénore|some|dangers|that she|she was running|I|her|I begged|to|to allow|that|I interrupt|for|some|days|my|visits|I|I|I represented|the interest|of|her|reputation|of|her|fortune|of|her|children I spoke passionately to Ellénore about the dangers she was facing; I begged her to allow me to interrupt my visits for a few days; I pointed out the importance of her reputation, her fortune, and her children. Elle m'écouta longtemps en silence ; elle était pâle comme la mort. |меня слушала||||||||| she|she listened to me|for a long time|in|silence|she|she was|pale|like|the|death She listened to me in silence for a long time; she was as pale as death. De manière ou d'autre, me dit-elle enfin, vous partirez bientôt ; ne devançons pas ce moment ; ne vous mettez pas en peine de moi. |||||||||уедете|||опережаем||||||||||| in|way|or|another|to me|||finally|you|you will leave|soon|not|let us anticipate|not|that|moment|not|you|put|not|in|trouble|of|me One way or another, she finally said to me, you will leave soon; let's not rush this moment; don't trouble yourself about me. Gagnons des jours, gagnons des heures : des jours, des heures, c'est tout ce qu'il me faut. |||||||дни|||||||| let's win|some|days|let's win|some|hours|||||it's|all|that|that it|me|it takes Let's gain days, let's gain hours: days, hours, that's all I need. Je ne sais quel pressentiment me dit, Adolphe, que je mourrai dans vos bras. ||||предчувствие||||||||| I|not|I know|what|premonition|to me|it tells|Adolphe|that|I|I will die|in|your|arms I don't know what premonition tells me, Adolphe, that I will die in your arms.

Nous continuâmes donc à vivre comme auparavant, moi toujours inquiet, Ellénore toujours triste, le comte de P*** taciturne et soucieux. |||||||||||||||||молчаливый|| we|we continued|therefore|to|to live|as|before|me|always|worried|Ellénore|always|sad|the|count|of|P|taciturn|and|worried So we continued to live as before, I always anxious, Ellénore always sad, Count P* taciturn and worried. Enfin la lettre que j'attendais arriva : mon père m'ordonnait de me rendre auprès de lui. ||||я ждал||||приказывал мне|||||| finally|the|letter|that|I was waiting for|it arrived|my|father|he was ordering me|to|me|to go|near|of|him Finally, the letter I was waiting for arrived: my father ordered me to come to him. Je portai cette lettre à Ellénore. I|I carried|this|letter|to|Ellénore I took this letter to Ellénore. Déjà ! already Already! me dit-elle après l'avoir lue ; je ne croyais pas que ce fût si tôt. to me|||after|having read it|read|I|not|I believed|not|that|it|it was|so|early she said after reading it; I didn't think it would be so soon. Puis, fondant en larmes, elle me prit la main et elle me dit : Adolphe, vous voyez que je ne puis vivre sans vous ; je ne sais ce qui arrivera de mon avenir, mais je vous conjure de ne pas partir encore : trouvez des prétextes pour rester. then|melting|in|tears|she|me|she took|the|hand|and|she|me|she said|Adolphe|you|you see|that|I|not|I can|to live|without|you|I|not|I know|what|what|will happen|of|my|future|but|I|you|I beg|to|not|to|to leave|yet|find|some|pretexts|to|stay Then, breaking down in tears, she took my hand and said to me: Adolphe, you see that I cannot live without you; I do not know what will happen to my future, but I beg you not to leave yet: find excuses to stay. Demandez à votre père de vous laisser prolonger votre séjour encore six mois. |||||||||пребывание||| ask|to|your|father|to|you|to let|to extend|your|stay|another|six|months Ask your father to let you extend your stay for another six months. Six mois, est-ce donc si long ? six|months|||so|so|long Six months, is that really so long? Je voulus combattre sa résolution ; mais elle pleurait si amèrement, et elle était si tremblante, ses traits portaient l'empreinte d'une souffrance si déchirante que je ne pus continuer. |хотел|||||||||||||||||следы||||раздирающая душу||||| I|I wanted|to fight|her|resolution|but|she|she was crying|so|bitterly|and|she|she was|so|trembling|her|features|they bore|the imprint|of a|suffering|so|heartbreaking|that|I|not|I could|to continue I wanted to fight against her resolution; but she was crying so bitterly, and she was so trembling, her features bore the mark of such heartbreaking suffering that I could not continue. Je me jetai à ses pieds, je la serrai dans mes bras, je l'assurai de mon amour, et je sortis pour aller écrire à mon père. ||бросился||||||обнял|||||я уверял её||||||вышел|||||| I|me|I threw|at|her|feet|I|her|I held|in|my|arms|I|I assured her|of|my|love|and|I|I went out|to|go|to write|to|my|father I threw myself at her feet, I held her in my arms, I assured her of my love, and I went out to write to my father. J'écrivis en effet avec le mouvement que la douleur d'Ellénore m'avait inspiré. Я писал||||||||||| I wrote|in|effect|with|the|movement|that|the|pain|of Ellénore|it had inspired me|inspired I indeed wrote with the emotion that Ellénore's pain had inspired in me. J'alléguai mille causes de retard ; je fis ressortir l'utilité de continuer à D*** quelques cours que je n'avais pu suivre à Gottingue ; et lorsque j'envoyai ma lettre à la poste, c'était avec ardeur que je désirais obtenir le consentement que je demandais. я заявил||||||||пользу||||||||||||||||||||||||пылкость||||||согласие||| I alleged|a thousand|causes|of|delay|I|I made|to highlight|the usefulness|to|to continue|at|D|some|courses|that|I|I had not|been able to|to attend|in|Göttingen|and|when|I sent|my|letter|to|the|post|it was|with|eagerness|that|I|I desired|to obtain|the|consent|that|I|I was asking I alleged a thousand reasons for the delay; I emphasized the usefulness of continuing at D* some courses that I had not been able to attend in Göttingen; and when I sent my letter to the post, it was with eagerness that I wished to obtain the consent I was asking for. Je retournai le soir chez Ellénore. I|I returned|the|evening|at|Ellénore I returned in the evening to Ellénore. Elle était assise sur un sofa ; le comte de P*** était près de la cheminée, et assez loin d'elle ; les deux enfants étaient au fond de la chambre, ne jouant pas, et portant sur leurs visages cet étonnement de l'enfance lorsqu'elle remarque une agitation dont elle ne soupçonne pas la cause. she|she was|sitting|on|a|sofa|the|count|of|P|he was|near|of|the|fireplace|and|quite|far|from her|the|two|children|they were|at|bottom|of|the|room|not|playing|not|and|wearing|on|their|faces|that|astonishment|of|childhood|when she|she notices|a|agitation|of which|she|not|she suspects|not|the|cause She was sitting on a sofa; Count P* was near the fireplace, and quite far from her; the two children were at the back of the room, not playing, and wearing on their faces that astonishment of childhood when it notices a commotion of which it does not suspect the cause. J'instruisis Ellénore par un geste que j'avais fait ce qu'elle voulait. я научила|||||||||| I instructed|Ellénore|by|a|gesture|that|I had|made|what|that she|she wanted I instructed Ellénore with a gesture that I had done what she wanted. Un rayon de joie brilla dans ses yeux, mais ne tarda pas à disparaître. a|ray|of|joy|shone|in|his|eyes|but|not|it took|not|to|disappear A ray of joy shone in her eyes, but soon faded away. Nous ne disions rien. ||говорили| we|not|we were saying|nothing We said nothing. Le silence devenait embarrassant pour tous trois. |||неловким||| the|silence|it was becoming|embarrassing|for|all|three The silence was becoming awkward for all three. On m'assure, monsieur, me dit enfin le comte, que vous êtes prêt à partir. we|he assures me|sir|to me|he says|finally|the|count|that|you|you are|ready|to|to leave I am assured, sir, the count finally said to me, that you are ready to leave. Je lui répondis que je l'ignorais. I|to him/her|I replied|that|I|I did not know it I replied that I did not know. Il me semble, répliqua-t-il, qu'à votre âge on ne doit pas tarder à entrer dans une carrière ; au reste, ajouta-t-il en regardant Ellénore tout le monde peut-être ne pense pas ici comme moi. it|me|it seems||||that at|your|age|one|not|must|not|||||||||||||||||||||||here|like|me It seems to me, he replied, that at your age one should not delay entering a career; besides, he added while looking at Ellénore, not everyone may think here as I do. La réponse de mon père ne se fit pas attendre. the|response|of|my|father|not|it|it was|not|to wait My father's response did not take long. Je tremblais, en ouvrant sa lettre, de la douleur qu'un refus causerait à Ellénore. |||||||||||вызывал бы|| I|I was trembling|while|opening|her|letter|of|the|pain|that a|refusal|it would cause|to|Ellénore I trembled, opening his letter, at the pain that a refusal would cause Ellénore. Il me semblait même que j'aurais partagé cette douleur avec une égale amertume ; mais en lisant le consentement qu'il m'accordait, tous les inconvénients d'une prolongation du séjour se présentèrent tout à coup à mon esprit. ||||||||||||||||||||||недостатки||продлении||||представились|||||| it|to me|it seemed|even|that|I would have|shared|this|pain|with|a|equal|bitterness|but|in|reading|the|consent|that he|he granted me|all|the|disadvantages|of a|prolongation|of the|stay|themselves|they presented|all|to|once|to|my|mind It even seemed to me that I would have shared this pain with equal bitterness; but upon reading the consent he granted me, all the disadvantages of prolonging the stay suddenly came to my mind. Encore six mois de gêne et de contrainte ! |||||||ограничение still|six|months|of|discomfort|and|of|constraint Another six months of discomfort and constraint! m'écriai-je ; six mois pendant lesquels j'offense un homme qui m'avait témoigné de l'amitié, j'expose une femme qui m'aime ; je cours le risque de lui ravir la seule situation où elle puisse vivre tranquille et considérée ; je trompe mon père ; et pourquoi ? воскликнул||||||я оскорбляю|||||показал дружбу|||подвергаю риску||||любит меня|||||||потерять|||||||||||||||| ||six|months|during|which|I offend|a|man|who|he had shown me|shown|of|friendship|I expose|a|woman|who|loves me|||the|risk|to|her|to take away|the|only|situation|where|she|she can|to live|peacefully|and|considered|||my|father|and|why I exclaimed; six months during which I offend a man who showed me friendship, I expose a woman who loves me; I run the risk of taking away from her the only situation where she can live peacefully and be respected; I deceive my father; and why? Pour ne pas braver un instant une douleur qui, tôt ou tard, est inévitable ! for|not|not|to brave|a|moment|a|pain|which|soon|or|later|is|inevitable To not face for a moment a pain that, sooner or later, is inevitable! Ne l'éprouvons-nous pas chaque jour en détail et goutte à goutte, cette douleur ? not|we feel it|we|not|each|day|in|detail|and|drop|to|drop|this|pain Do we not experience this pain every day in detail and drop by drop? Je ne fais que du mal à Ellénore ; mon sentiment, tel qu'il est, ne peut la satisfaire. I|not|I do|only|some|harm|to|Ellénore|my|feeling|such|as it is|it is|not|it can|her|to satisfy I am only doing harm to Ellénore; my feelings, as they are, cannot satisfy her. Je me sacrifie pour elle sans fruit pour son bonheur ; et moi, je vis ici sans utilité, sans indépendance, n'ayant pas un instant de libre, ne pouvant respirer une heure en paix. I|myself|I sacrifice|for|her|without|fruit|for|her|happiness|and|me|I|I live|here|without|utility|without|independence|not having|not|a|moment|of|free|not|being able|to breathe|an|hour|in|peace I sacrifice myself for her without reward for her happiness; and I live here without purpose, without independence, not having a moment of freedom, unable to breathe for an hour in peace. J'entrai chez Ellénore tout occupé de ces réflexions. I entered|at|Ellénore|all|occupied|with|these|reflections I entered Ellénore's house, preoccupied with these thoughts. Je la trouvai seule. I|her|I found|alone I found her alone. Je reste encore six mois, lui dis-je. I|I stay|still|six|months|to him|I say|I I will stay another six months, I said to her. — Vous m'annoncez cette nouvelle bien sèchement. you|you announce to me|this|news|quite|dryly — You are announcing this news to me quite dryly. — C'est que je crains beaucoup, je l'avoue, les conséquences de ce retard pour l'un et pour l'autre. it is|that|I|I fear|a lot|I|I admit|the|consequences|of|this|delay|for|one|and|for|the other — It is that I am very much afraid, I admit, of the consequences of this delay for both parties. — Il me semble que pour vous du moins elles ne sauraient être bien fâcheuses. it|to me|it seems|that|for|you|at least|less|they|not|they could be|to be|very|troublesome — It seems to me that for you at least they cannot be very troublesome. — Vous savez fort bien, Ellénore, que ce n'est jamais de moi que je m'occupe le plus. you|you know|very|well|Ellénore|that|it|it is not|ever|of|me|that|I|I take care|the|more — You know very well, Ellénore, that I never concern myself the most with myself. — Ce n'est guère non plus du bonheur des autres. ||едва ли|||||| it|it is not|hardly|not|more|of the|happiness|of the|others — It is hardly about the happiness of others either. — La conversation avait pris une direction orageuse. ||||||бурная the|conversation|had|taken|a|direction|stormy — The conversation had taken a stormy turn. Ellénore était blessée de mes regrets dans une circonstance où elle croyait que je devais partager sa joie : je l'étais du triomphe qu'elle avait remporté sur mes résolutions précédentes. |||||регреты||||||||||||||||||||||| Ellénore|was|hurt|of|my|regrets|in|a|circumstance|where|she|she believed|that|I|I should|to share|her|joy|I|I was|of the|triumph|that she|she had|won|on|my|resolutions|previous Ellénore was hurt by my regrets in a situation where she believed I should share her joy: I was hurt by the triumph she had achieved over my previous resolutions. La scène devint violente. the|scene|became|violent The scene became violent. Nous éclatâmes en reproches mutuels. |взрывели|||взаимных we|we burst|in|reproaches|mutual We burst into mutual reproaches. Ellénore m'accusa de l'avoir trompée, de n'avoir eu pour elle qu'un goût passager ; d'avoir aliéné d'elle l'affection du comte ; de l'avoir remise, aux yeux du public, dans la situation équivoque dont elle avait cherché toute sa vie à sortir. |обвинила меня|||||||||||||отчуждённый||привязанность|||||поставить обратно||||||||двусмысленное положение||||||||| Ellénore|she accused me|of|having|deceived her|of|having|had|for|her|only a|taste|fleeting|of having|alienated|from her|the affection|of the|count|of|having|put back|in the|eyes|of the|public|in|the|situation|ambiguous|from which|she|she had|sought|all|her|life|to|get out Ellénore accused me of having betrayed her, of having had only a fleeting affection for her; of having alienated the count's affection from her; of having placed her, in the eyes of the public, back into the ambiguous situation she had sought to escape her whole life. Je m'irritai de voir qu'elle tournât contre moi ce que je n'avais fait que par obéissance pour elle et par crainte de l'affliger. |раздражился||||||||||||||||||||| I|I became irritated|of|to see|that she|she turned|against|me|that|that|I|I had not|done|only|by|obedience|for|her|and|by|fear|of|to upset her I was irritated to see her turn against me what I had only done out of obedience to her and out of fear of upsetting her. Je me plaignis de ma vive contrainte, de ma jeunesse consumée dans l'inaction, du despotisme qu'elle exerçait sur toutes mes démarches. ||жалуюсь||моей||||||потраченной||бездеятельности||деспотизм|||||| I|me|I complained|of|my|vivid|constraint|of|my|youth|consumed|in|inactivity|of|despotism|that it|it exercised|on|all|my|steps I complained about my intense constraint, about my youth wasted in inaction, about the despotism she exercised over all my actions. En parlant ainsi, je vis son visage couvert tout à coup de pleurs : je m'arrêtai, je revins sur mes pas, je désavouai, j'expliquai. ||||||||||||||остановился||вернулся|||||отказался|я объяснил in|speaking|thus|I|I saw|her|face|covered|all|at|once|of|tears|I|I stopped|I|I came back|on|my|steps|I|I disavowed|I explained As I spoke like this, I suddenly saw her face covered in tears: I stopped, I turned back, I disavowed, I explained. Nous nous embrassâmes : mais un premier coup était porté, une première barrière était franchie. ||обнялись|||||||||||преодолена we|us|we kissed|but|a|first|blow|it was|struck|a|first|barrier|it was|crossed We embraced: but a first blow had been struck, a first barrier had been crossed. Nous avions prononcé tous deux des mots irréparables ; nous pouvions nous taire, mais non les oublier. we|we had|pronounced|all|two|some|words|irreparable|we|we could|us|to be silent|but|not|them|to forget We had both uttered irreparable words; we could remain silent, but we could not forget them. Il y a des choses qu'on est longtemps sans se dire, mais quand une fois elles sont dites, on ne cesse jamais de les répéter. there|there|there is|some|things|that we|we are|a long time|without|each other|to say|but|when|once|time|they|they are|said|we|never|we stop|ever|to|them|to repeat There are things that one goes a long time without saying, but once they are said, one never stops repeating them. Nous vécûmes ainsi quatre mois dans des rapports forcés, quelquefois doux, jamais complètement libres, y rencontrant encore du plaisir, mais n'y trouvant plus de charme. we|we lived|thus|four|months|in|some|relationships|forced|sometimes|sweet|never|completely|free|there|encountering|still|some|pleasure|but|we did not|finding|more|of|charm We lived like this for four months in forced relationships, sometimes sweet, never completely free, still finding pleasure in it, but no longer finding charm. Ellénore, cependant, ne se détachait pas de moi. Ellénore|however|not|herself|she detached|not|from|me Ellénore, however, did not detach herself from me. Après nos querelles les plus vives, elle était aussi empressée à me revoir, elle fixait aussi soigneusement l'heure de nos entrevues que si notre union eût été la plus paisible et la plus tendre. ||ссоры|||||||старательная||||||||время|||встречи||||союз|||||мирной|||| after|our|quarrels|the|more|lively|she|she was|also|eager|to|me|to see again|she|she fixed|also|carefully|the time|of|our|meetings|as|if|our|union|it had been|been|the|more|peaceful|and|the|more|tender After our most heated arguments, she was just as eager to see me again, she carefully set the time for our meetings as if our union had been the most peaceful and tender. J'ai souvent pensé que ma conduite même contribuait à entretenir Ellénore dans cette disposition. |||||||способствовала||поддерживать|||| I have|often|thought|that|my|conduct|even|it contributed|to|maintain|Ellénore|in|this|disposition I often thought that my own behavior contributed to keeping Ellénore in this state. Si je l'avais aimée comme elle m'aimait, elle aurait eu plus de calme ; elle aurait réfléchi de son côté sur les dangers qu'elle bravait. |||||||||||||||||||||||бросала if|I|I had her|loved|as|she|she loved me|she|she would have|had|more|of|calm|she|she would have|thought|on|her|side|on|the|dangers|that she|she faced If I had loved her as she loved me, she would have been calmer; she would have reflected on the dangers she was facing. Mais toute prudence lui était odieuse, parce que la prudence venait de moi ; elle ne calculait point ses sacrifices, parce qu'elle était occupée à me les faire accepter ; elle n'avait pas le temps de se refroidir à mon égard, parce que tout son temps et toutes ses forces étaient employés à me conserver. |вся||||омерзительная||||||||||||||||||||||||||||||остыть||||||||||||||||| but|all|prudence|to her|she was|odious|||the|prudence|it came|from|me|she|not|she calculated|at all|her|sacrifices|||she was|occupied|to|me|them|to make|to accept|she|she did not have|not|the|time|to|herself|to cool down|towards|my|regard|||all|her|time|and|all|her|forces|they were|employed|to|to me|to keep But all caution was hateful to her, because caution came from me; she did not calculate her sacrifices, because she was busy making me accept them; she did not have time to cool down towards me, because all her time and all her strength were spent on keeping me. L'époque fixée de nouveau pour mon départ approchait ; et j'éprouvais, en y pensant, un mélange de plaisir et de regret ; semblable à ce que ressent un homme qui doit acheter une guérison certaine par une opération douloureuse. |||||||||||||||||||||||||||||||исцеление||||| the time|fixed|of|again|for|my|departure|it was approaching|and|I felt|in|it|thinking|a|mixture|of|pleasure|and|of|regret|similar|to|what|that|he feels|a|man|who|must|to buy|a|healing|certain|by|a|operation|painful The set time for my departure was approaching again; and I felt, thinking about it, a mix of pleasure and regret; similar to what a man feels who must buy a certain healing through a painful operation. Un matin, Ellénore m'écrivit de passer chez elle à l'instant. a|morning|Ellénore|she wrote to me|to|to pass|at|her|at|the moment One morning, Ellénore wrote to me to come to her immediately. Le comte, me dit-elle, me défend de vous recevoir : je ne veux point obéir à cet ordre tyrannique. the|count|me|||me|he forbids|to|you|to receive|I|not|I want|at all|to obey|to|this|order|tyrannical The count, she told me, forbids me to receive you: I do not want to obey this tyrannical order. J'ai suivi cet homme dans la proscription, j'ai sauvé sa fortune ; je l'ai servi dans tous ses intérêts. ||||||изгнание||||||||||| I have|followed|this|man|in|the|proscription|I have|saved|his|fortune|||served|in|all|his|interests I followed this man during the proscription, I saved his fortune; I served him in all his interests. Il peut se passer de moi maintenant : moi, je ne puis me passer de vous. it|he can|himself|to pass|of|me|now|me|I|not|I can|myself|to pass|of|you He can do without me now: I, I cannot do without you. On devine facilement quelles furent mes instances pour la détourner d'un projet que je ne concevais pas. |||||||||отвратить||||||представлял себе| we|we guess|easily|what|they were|my|instances|to|her|to divert|from a|project|that|I|not|I conceived|not It is easy to guess what my pleas were to dissuade her from a plan that I could not conceive. Je lui parlai de l'opinion du public. I|to him/her|I spoke|about|the opinion|of the|public I spoke to her about public opinion. Cette opinion, me répondit-elle, n'a jamais été juste pour moi. this|opinion|to me|||has not|ever|been|fair|for|me This opinion, she replied to me, has never been fair to me. J'ai rempli pendant dix ans mes devoirs mieux qu'aucune femme, et cette opinion ne m'en a pas moins repoussée du rang que je méritais. I have|filled|for|ten|years|my|duties|better|than any|woman|and|this|opinion|not|it from me|has|not|less|pushed away|from the|rank|that|I|I deserved For ten years, I fulfilled my duties better than any woman, and this opinion did not prevent me from being pushed away from the rank I deserved. Je lui rappelai ses enfants. I|to him/her|I reminded|his/her|children I reminded her of her children. — Mes enfants sont ceux de M. de P***. my|children|they are|those|of|Mr|of|P — My children are those of Mr. de P*. Il les a reconnus : il en aura soin. he|them|he has|recognized|he|of it|he will have|care He has recognized them: he will take care of them. Ils seront trop heureux d'oublier une mère dont ils n'ont à partager que la honte. they|they will be|too|happy|to forget|a|mother|of whom|they|they have not|to|to share|only|the|shame They will be too happy to forget a mother with whom they share only shame. — Je redoublai mes prières. I|I repeated|my|prayers — I redoubled my prayers. Écoutez, me dit-elle, si je romps avec le comte, refuserez-vous de me voir ? listen|to me|||if|I|I break up|with|the|count|||to|to see|to see Listen, she said to me, if I break up with the count, will you refuse to see me? Le refuserez-vous ? the|you will refuse|you Will you refuse me? reprit-elle en saisissant mon bras avec une violence qui me fit frémir. ||in|seizing|my|arm|with|a|violence|that|me|it made|to shudder she repeated, grabbing my arm with a force that made me shiver. Non, assurément, lui répondis-je ; et plus vous serez malheureuse, plus je vous serai dévoué. no|certainly|to her||I|||you|||||||devoted No, certainly not, I replied; and the more unhappy you are, the more devoted I will be to you. Mais considérez… — Tout est considéré, interrompit-elle. but|consider|everything|is|considered|she interrupted|her But consider... — Everything is considered, she interrupted. Il va rentrer, retirez-vous maintenant ; ne revenez plus ici. he|he is going to|to come back|||now|not|come back|more|here He will come back, leave now; do not come back here.

Je passai le reste de la journée dans une angoisse inexprimable. I|I spent|the|rest|of|the|day|in|a|anxiety|unexpressible I spent the rest of the day in an inexpressible anguish. Deux jours s'écoulèrent sans que j'entendisse parler d'Ellénore. two|days|they passed|without|that|I heard|to speak|of Ellénore Two days passed without me hearing about Ellénore. Je souffrais d'ignorer son sort ; je souffrais même de ne pas la voir, et j'étais étonné de la peine que cette privation me causait. I|I was suffering|from not knowing|her|fate|I|I was suffering|even|from|not|not|her|to see|and|I was|surprised|by|the|pain|that|this|deprivation|to me|it was causing I was suffering from not knowing her fate; I was even suffering from not seeing her, and I was surprised by the pain that this deprivation caused me. Je désirais cependant qu'elle eût renoncé à la résolution que je craignais tant pour elle, et je commençais à m'en flatter, lorsqu'une femme me remit un billet par lequel Ellénore me priait d'aller la voir dans telle rue, dans telle maison, au troisième étage. I|I desired|however|that she|she had|given up|to|the|resolution|that|I|I feared|so much|for|her|and|I|I began|to|to flatter myself|to flatter|when a|woman|to me|she handed|a|note|by|which|Ellénore|to me|she asked|to go|her|to see|in|such|street|in|such|house|on the|third|floor I still wished that she had given up the resolution that I feared so much for her, and I began to flatter myself with that thought, when a woman handed me a note in which Ellénore asked me to come see her in such street, in such house, on the third floor. J'y courus, espérant encore que, ne pouvant me recevoir chez M. de P***, elle avait voulu m'entretenir ailleurs une dernière fois. I there|I ran|hoping|still|that|not|being able to|me|to receive|at|Mr|of|P|she|she had|wanted|to talk to me|elsewhere|a|last|time I ran there, still hoping that, unable to receive me at Mr. de P*, she had wanted to meet me elsewhere one last time. Je la trouvai faisant les aprêts d'un établissement durable. I|her|I found|making|the|preparations|of a|establishment|sustainable I found her preparing for a lasting establishment. Elle vint à moi, d'un air à la fois content, et timide, cherchant à lire dans mes yeux mon impression. she|she came|to|me|with a|air|at|the|time|happy|and|shy|seeking|to|to read|in|my|eyes|my|impression She came to me, with a look that was both happy and shy, trying to read my impression in my eyes. Tout est rompu, me dit-elle, je suis parfaitement libre. everything|is|broken|to me|||I|I am|perfectly|free Everything is broken, she said to me, I am perfectly free. J'ai de ma fortune particulière soixante-quinze louis de rente ; c'est assez pour moi. I have|of|my|fortune|particular|||louis|of|rent|it's|enough|for|me I have a personal fortune of seventy-five louis of income; it's enough for me. Vous restez encore ici six semaines. you|you stay|still|here|six|weeks You still have six weeks here. Quand vous partirez, je pourrai peut-être me rapprocher de vous ; vous reviendrez peut-être me voir. when|you|you will leave|I|I will be able to|||me|to get closer|to|you|you|you will come back|||to see|to see When you leave, I might be able to get closer to you; you might come back to see me. Et, comme si elle eût redouté une réponse, elle entra dans une foule de détails relatifs à ses projets. and|as|if|she|she had|feared|a|response|she|she entered|in|a|crowd|of|details|related|to|her|projects And, as if she feared an answer, she went into a multitude of details regarding her plans. Elle chercha de mille manières à me persuader qu'elle serait heureuse ; qu'elle ne m'avait rien sacrifié ; que le parti qu'elle avait pris lui convenait, indépendamment de moi. she|she sought|in|a thousand|ways|to|me|to persuade|that she|she would be|happy|that she|not|she had|anything|sacrificed|that|the|party|that she|she had|taken|it|it suited|independently|of|me She tried in a thousand ways to persuade me that she would be happy; that she had sacrificed nothing for me; that the choice she had made suited her, regardless of me. Il était visible qu'elle se faisait un grand effort, et qu'elle ne croyait qu'à moitié ce qu'elle me disait. it|he was|visible|that she|herself|she was making|a|great|effort|and|that she|not|she believed|only|half|what|that she|to me|she was saying It was clear that she was making a great effort, and that she only half believed what she was telling me. Elle s'étourdissait de ses paroles, de peur d'entendre les miennes ; elle prolongeait son discours avec activité pour retarder le moment où mes objections la replongeraient dans le désespoir. she|she was getting dizzy|from|her|words|of|fear|of hearing|the|mine|she|she prolonged|her|speech|with|activity|to|to delay|the|moment|where|my|objections|her|they would plunge her back|into|the|despair She was dizzy from her words, afraid to hear mine; she prolonged her speech with activity to delay the moment when my objections would plunge her back into despair. Je ne pus trouver dans mon cœur de lui en faire aucune. I|not|I could|to find|in|my||to|him|to|to make|any I could not find it in my heart to make any. J'acceptai son sacrifice, je l'en remerciai ; je lui dis que j'en étais heureux : je lui dis bien plus encore ; je l'assurai que j'avais toujours désiré qu'une détermination irréparable me fît un devoir de ne jamais la quitter ; j'attribuai mes indécisions à un sentiment de délicatesse qui me défendait de consentir à ce qui bouleversait sa situation. |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||неопределенности|||||||||||||||| I accepted|his|sacrifice|I|I thanked him|I thanked|I|him|I said|that|I was|I was|happy|I|I told him|I said|much|more|even|I|I assured him|that|I had|always|desired|that a|determination|irreparable|to me|it made|a|duty|to|not|ever|her|to leave|I attributed|my|indecisions|to|a|feeling|of|delicacy|which|me|it prevented|from|consenting|to|||it upset|her|situation I accepted her sacrifice, I thanked her for it; I told her that I was happy about it: I said much more; I assured her that I had always wished for an irreparable decision to make it my duty to never leave her; I attributed my indecisions to a feeling of delicacy that prevented me from consenting to what upset her situation. Je n'eus, en un mot, d'autre pensée que de chasser loin d'elle toute peine, toute crainte, tout regret, toute incertitude sur mon sentiment. |||||||||||||||||||неопределенность||| I|I had|in|a|word|other|thought|than|to|to chase|far|from her|all|pain|all|fear|all|regret|all|uncertainty|on|my|feeling In short, I had no other thought than to chase away from her all pain, all fear, all regret, all uncertainty about my feelings. Pendant que je lui parlais, je n'envisageais rien au-delà de ce but, et j'étais sincère dans mes promesses. while|that|I|to him|I was talking|I|I was not considering|anything|||of|that|goal|and|I was|sincere|in|my|promises While I was talking to him, I was not considering anything beyond that goal, and I was sincere in my promises.

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