Journal en français facile 06/10/2022 20h00 GMT
Anne Cantener : Le Journal en français facile, présenté ce soir avec Sylvie Berruet. Bonsoir !
Sylvie Berruet : Bonsoir Anne Cantener, bonsoir à tous.
AC : La Chine savoure sa victoire, victoire symbolique face aux pays occidentaux. Le Conseil des droits de l'homme de l'Onu a refusé de débattre d'un texte qui dénonçait les exactions contre la minorité Ouïghour.
SB : L'Ukraine donne des détails sur ces victoires militaires : 400 km² ont été repris aux Russes dans la région de Kherson, selon les autorités. Et en Russie, la répression se poursuit contre tous ceux qui critiquent la guerre en Ukraine et l'armée russe.
AC : Annie Ernaux promet de continuer le combat pour les femmes, pour les dominés. Réaction de l'auteure française, quelques heures après avoir remporté le prix Nobel de littérature.
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SB : Et la Chine, elle, a remporté une victoire diplomatique importante.
AC : Le pays a réussi à éviter que le Conseil des droits de l'homme des Nations unies parle du sort des Ouïghours. Pékin est accusé de nombreuses exactions contre cette minorité chinoise. Un projet de déclaration visant la Chine était présenté pour la première fois devant la plus haute instance des droits humains. Mais le Conseil a refusé d'en débattre. Jérémy Lanche.
Ni fleurs, ni couronnes. Cela pourrait être le sous-titre du rapport de l'ONU sur le Xinjiang. Il a désormais très peu de chances de refaire surface au Conseil des droits de l'homme. Par 19 voix contre et 17 pour, ses membres ont refusé d'évoquer le traitement de la minorité Ouïghour par Pékin lors de la prochaine session du Conseil. C'est une défaite historique pour les pays occidentaux, désormais minoritaires à mettre en avant le caractère universel des droits de l'homme. Même si l'ambassadeur britannique, Simon Manley, refuse de parler d'un échec : « il faut se rappeler que c'est la première fois dans l'histoire du Conseil des droits de l'homme qu'on a mis sur la table une décision en ce qui concerne la Chine. Ce rapport n'est pas du tout enterré, nous n'avons pas abandonné, et nous allons continuer pour mettre la lumière sur les violations massives des droits de l'homme au Xinjiang. » Les Occidentaux n'ont donc pas réussi à convaincre les autres États que la gravité de la situation imposait de parler du Xinjiang. Même si cela n'entrait pas formellement, dans le mandat du Conseil. Ou bien est-ce la Chine qui a su exercer une pression suffisamment intense sur les États, notamment africains, pour les dissuader de voter le texte ? Human Rights Watch dénonce ce soir une « trahison pour les victimes ouïghours ».
AC : La Chine, elle, se félicite ce soir de cette décision. Elle parle d'une victoire pour les pays en développé. Selon Pékin, les droits de l'homme ne doivent pas être utilisés pour s'ingérer, c'est-à-dire pour s'immiscer dans les affaires intérieures d'autres pays.
SB : Le Président iranien ordonne une enquête sur les violences dans la ville de Zahedan.
AB : Selon Amnesty International, au moins 82 personnes ont été tuées dans cette ville du sud-est, depuis le début de manifestations vendredi dernier. D'après les défenseurs des droits de l'homme, les protestations ont commencé après des accusations de viol contre une adolescente par un chef de la police locale d'une ville voisine. Le contexte est déjà très tendu en Iran depuis plus de deux semaines, des manifestations sont organisées chaque jour depuis la mort d'une jeune femme arrêtée par la police, qui lui reprochait de mal porter son voile.
SB : En Birmanie, la junte maintient la pression sur les journalistes.
AC : Le réalisateur de documentaires japonais Toru Kubota a été condamné à 10 ans de prison. Il avait été arrêté alors qu'il couvrait une manifestation contre les militaires au pouvoir et était accusé d'avoir encouragé la dissidence, la révolte contre l'armée.
SB : Lui aussi est en prison. Vladimir Kara-Mourza, l'un des derniers représentants de l'opposition à être resté en Russie.
AC : Comme tous les autres, il est détenu, on lui reproche d'avoir critiqué la guerre en Ukraine et d'avoir discrédité l'armée, d'avoir porté atteinte à sa réputation. Et une nouvelle accusation est venue s'ajouter à la liste aujourd'hui, Anissa El Jabri.
Certains l'appellent le « prisonnier politique numéro deux en Russie », après Alexeï Navalny. Comme lui, il voit s'accumuler les accusations à son encontre et s'allonger le temps à passer en prison. Incarcéré au printemps dernier pour discrédit des forces armées, l'ex-journaliste avait plusieurs fois critiqué sur les réseaux sociaux la présence de soldats russes en Ukraine. Vladimir Kara-Mourza, déjà qualifié d'agent de l'étranger, avait vu en juillet dernier son dossier s'alourdir une première fois. Il lui avait été reproché d'avoir apporté son concours à une organisation classée indésirable. Aujourd'hui l'agence Tass a annoncé que l'ancien compagnon de route de Boris Nemtsov, homme politique assassiné en 2015, est cette fois accusé de haute trahison. Selon les enquêteurs, rapportent d'autres médias, Vladimir Kara Mourza aurait « fourni de l'aide à des organisations de pays membres de l'Otan pendant plusieurs années. » Il aurait même, toujours selon l'enquête, reçu pour cela 30 000 dollars par mois. Son avocat ne s'est pas exprimé. Vladimir Kara-Mourza encourt désormais vingt ans de prison supplémentaires.
AC : Sur le terrain, les troupes ukrainiennes assurent avoir repris 400 km² de territoire aux Russes dans la région de Kherson, et elles demandent aux Occidentaux de leur livrer plus d'armes.
SB : L'Ukraine, qui a participé au lancement aujourd'hui de la communauté politique européenne.
AC : Les 27 pays de l'Union européenne, plus 17 pays invités, se sont retrouvés à Prague, à l'initiative du président français. « Une grande innovation », a dit le chancelier allemand, mais cette structure suscite encore beaucoup de questions, on ne sait pas encore très bien comment elle va fonctionner. À cette occasion, tout à l'heure, Emmanuel Macron a demandé au président turc de lutter contre tout contournement des sanctions visant la Russie.
SB : Des milliers de Serbes de Bosnie dans les rues pour contester les résultats des élections de dimanche.
AC : Pour eux, l'élection de Milorad Dodik à la tête de l'entité des Serbes de Bosnie est frauduleuse, élections dimanche dernier, Milorad Dodik est un admirateur de Vladimir Poutine et il domine la scène politique depuis plus de 15 ans.
SB : L'une des plus grandes auteures françaises remporte le prix Nobel.
AC : Annie Ernaux, 82 ans, elle a écrit une vingtaine de livres dans lesquels l'intime se mêle à la sociologie et au féminisme. Son succès a grandi au fil des années, mais Annie Ernaux est toujours restée exigeante avec elle-même, comme elle le racontait il y a quelques années sur notre antenne :
« Vous savez, je n'aime pas du tout, du tout m'écouter. Je n'aime pas me voir et en revanche, c'est vrai, la vraie forme pour moi, c'est l'écriture. Je ne peux penser qu'un stylo à la main ou à la rigueur devant mon ordinateur, toute seule, mais je ne peux pas penser devant une caméra. J'ai l'impression que je me livre à des pensées que j'ai déjà eues. Or, c'est ça que je n'aime pas. J'aime bien que chaque chose que j'écris, que je dis, ce soit un peu nouveau. Voilà, que ce soit pour moi-même, presque une découverte de ce que je sens. »
AC : Annie Ernaux, prix Nobel de littérature.
SB : Allez, on va éteindre les lumières, le gouvernement français a présenté son plan de sobriété énergétique aujourd'hui.
AC : Paris souhaite faire 10% d'économies d'énergie en deux ans et pour y parvenir, il prévoit de baisser le chauffage chez les particuliers et dans les bureaux, de préférer le vélo ou le covoiturage à la voiture pour se déplacer, ou encore de diminuer l'éclairage à certaines heures et dans certains lieux. Mais tout sur la base du volontariat, pas de contrainte, mais cela n'empêche pas la Première ministre, Élisabeth Borne de parler de mobilisation générale :
« Il y a quelques mois à peine, peu d'entre nous étions familiers de ce concept, mais avec la guerre, avec l'urgence de la transition énergétique, puis l'appel du président de la République, la sobriété s'est imposée comme une nécessité, la sobriété énergétique, ce n'est pas produire moins et faire le choix de la décroissance, c'est éviter les consommations inutiles et ne pas consommer tous au même moment, ce sont des gestes parfois anodins mais qui, à grande échelle, ont un impact considérable, des gestes qui allègent nos factures, des gestes qui réduisent notre empreinte sur le climat, car la sobriété, c'est une affaire de collectif. Nous jouons sur toute la gamme des économies d'énergie, qu'il s'agisse du chauffage, de l'éclairage ou du numérique. Nous actionnons tous les leviers, nous publierons chaque semaine l'évolution de notre consommation d'électricité et de gaz. »
AC : La Première ministre française Élisabeth Borne, qui a présenté son plan de sobriété énergétique aujourd'hui.
SB : On va parler de de football à présent : après la Ligue des Champions, la Ligue Europa se poursuit ce soir.
AC : 3e journée de phase de groupe : un partout, entre Rennes et le Dynamo Kiev en début de 2e mi-temps, Fribourg mène, un partout face à Nantes un peu plus tôt, Monaco avait remporté une victoire importante en battant Trabzonspor trois buts à un.